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Le Programme de transition de Léon Trotsky

jeudi 22 octobre 2009

Les prémisses objectives de la révolution socialiste

La situation politique mondiale dans son ensemble se caractérise avant tout par la crise historique de la direction du prolétariat.

La prémisse économique de la révolution prolétarienne est arrivée depuis longtemps au point le plus élevé qui puisse être atteint sous le capitalisme. Les forces productives de l’humanité ont cessé de croître. Les nouvelles inventions et les nouveaux progrès techniques ne conduisent plus à un accroissement de la richesse matérielle. Les crises conjoncturelles, dans les conditions de la crise sociale de tout le système capitaliste, accablent les masses de privations et de souffrances toujours plus grandes. La croissance du chômage approfondit, à son tour, la crise financière de l’État et sape les systèmes monétaires ébranlés. Les gouvernements, tant démocratiques que fascistes, vont d’une banqueroute à l’autre.

La bourgeoisie elle-même ne voit pas d’issue. Dans les pays où elle s’est déjà trouvée contrainte de miser son dernier enjeu sur la carte du fascisme, elle marche maintenant les yeux fermés à la catastrophe économique et militaire. Dans les pays historiquement privilégiés, c’est-à-dire ceux où elle peut encore se permettre, pendant quelque temps, le luxe de la démocratie aux dépens de l’accumulation nationale antérieure (Grande-Bretagne, France, États-Unis, etc.), tous les partis traditionnels du capital se trouvent dans une situation de désarroi qui frise, par moments, la paralysie de la volonté. Le New Deal, malgré le caractère résolu dont il faisait étalage dans la première période, ne représente qu’une forme particulière de désarroi, possible seulement dans un pays où la bourgeoisie a pu accumuler des richesses sans nombre. La crise actuelle, qui est encore loin d’avoir dit son dernier mot, a pu déjà montrer que la politique du New Deal aux États-Unis, pas plus que la politique du Front populaire en France, n’ouvre aucune issue dans l’impasse économique.

Le tableau des relations internationales n’a pas meilleur aspect. Sous la pression croissante du déclin capitaliste, les antagonismes impérialistes ont atteint la limite au-delà de laquelle les divers conflits et explosions sanglantes (Éthiopie, Espagne, Extrême-Orient, Europe Centrale...), doivent infailliblement se confondre en un incendie mondial. Bien entendu, la bourgeoisie se rend compte du danger mortel qu’une nouvelle guerre représente pour sa domination. Mais elle est actuellement infiniment moins capable de prévenir la guerre qu’à la veille de 1914.

Les bavardages de toutes sortes selon lesquels les conditions historiques ne seraient pas encore "mûres" pour le socialisme ne sont que le produit de l’ignorance ou d’une tromperie consciente. Les prémisses objectives de la révolution prolétarienne ne sont pas seulement mûres ; elles ont même commencé à pourrir. Sans révolution socialiste, et cela dans la prochaine période historique, la civilisation humaine tout entière est menacée d’être emportée dans une catastrophe. Tout dépend du prolétariat, c’est-à-dire au premier chef de son avant-garde révolutionnaire. La crise historique de l’humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire.

Lire le Programme de transition

Messages

  • Programme de Transition :
    « La tâche stratégique de la prochaine période — période prérévolutionnaire d’agitation, de propagande et d’organisation — consiste à surmonter la contradiction entre la maturité des conditions objectives de la révolution et la non-maturité du prolétariat et de son avant-garde (désarroi et découragement de la vieille génération, manque d’expérience de la jeune). Il faut aider les masses dans le processus de leurs luttes quotidiennes, à trouver le pont entre leurs revendications actuelles et le programme de la révolution socialiste. Ce pont doit consister en un système de REVENDICATIONS TRANSITOIRES, partant des conditions actuelles et de la conscience actuelle de larges couches de la population et conduisant invariablement à une seule et même conclusion : la conquête du pouvoir par le prolétariat. »

    Mais quelles revendications transitoires adopter aujourd’hui ?

  • "l y a deux dangers dans l’élaboration du programme. Le premier est de s’en tenir à des lignes générales abstraites et de répéter les mots d’ordre généraux sans aucune relation avec les syndicats locaux. Ceci est la direction du sectarisme abstrait. L’autre danger est l’opposé, celui de trop adapter aux conditions spécifiques, de relacher la ligne révolutionnaire générale. Je pense qu’aux Etats-Unis le deuxième danger est le plus immédiat. Je me souviens à ce sujet tout particulièrement du cas de l’armement des piquets de grèves, etc. Quelques camarades avaient peur que ce ne soit pas approprié aux ouvriers, etc... (...)

    Partout je demande : que devrions-nous faire ? Adapter notre programme à la situation objective ou à la mentalité des ouvriers ? Et je pense que cette question doit être posée à tous les camarades qui disent que notre programme n’est pas adapté à la situation en Amérique. Ce programme est un programme scientifique. Il est basé sur une analyse objective de la situation objective. Il ne peut être compris dans son ensemble par les ouvriers. Il serait très bien que l’avant garde le comprenne dans la prochaine période et qu’alors elle s’adres se aux ouvriers : « Vous devez vous défendre du fascisme » Que voulons-nous dire par situation objective ? Ici nous devons analyser les conditions objectives pour une révolution sociale. Ces conditions sont exposées dans les œuvres de Marx-Engels et demeurent inchangées dans leur essence aujourd’hui. D’abord, disait Marx, aucune société ne disparait avant d’avoir épuisé toutes ses possibilités. Qu’est-ce que cela signifie ? Que nous ne pouvons éliminer une société par une volonté subjective, que nous ne pouvons organiser une insurrection comme le firent les Blanquistes. Que signifient les « possibilités » ? Q’une « société ne peut disparaître » ? Tant que la société est capable de développer les forces productives et d’enrichir la nation elle demeure forte et stable. Ce fut la condition de la société basée sur l’esclavage, sur la féodalité, et de la Société capitaliste." citation de LTrotsky Discussion sur le programme de transition (juin 1938 - extraits)

    un pont doit nous servir à enjamber un obstacle ou plusieurs. Hors aujourd hui la situation est effectivement assez différente de 1938 (date du programme de transition) car il n y a eu aucun affrontement sur le terrain de la LDC au point ou la question du pouvoir des travailleurs s’est posée. Il n’y a eu aucun mouvement politique pour représenter cette aspiration embryonnaire mais nécessaire dans des situations de lutte comme en 2011 dans les pays arabes ou les dictatures ont été contestées .Les révolutions sont restées sur un terrain nationaliste car le prolétariat n’avait ni soviet ni parti prolétarien. Pourquoi ? parce que la bourgeoisie a retenu les leçons de la LDC et disposer partout des barrages sérieux à ce type d’organisation et que les centrales syndicales comme les partis réformateurs inculquent la culture de la défaite au prolétariat. Pire ils ont réussi à faire croire que nous aurions des intérêts communs avec les exploiteurs . Avant même de construire ce fameux pont , nous devons nous débarrasser de cette peur contagieuse qui nous paralyse devant l’obstacle. Envoyer les professionnels , les bureaucrates, les experts et autres "je sais tout des luttes" au néant . Couper les ponts déjà moralement avec ces idées qui ne mènent que dans le mur. Combattre ces idées de réformisme au jour le jour même si les travailleurs n’admettent pas, ne sont pas d’accord : quoi de plus logique quand toute la propagande est sur le standard opposé. Le risque actuellement le plus grand est un nouvel éffondrement économique menant à l’arrêt économique mondial (qui a été évité 1 fois en 2008 aux USA, 1 fois en 2011 en Europe et 1 fois en chine en 2015) et qui ne pourra plus être relancé par aucune banque centrale. Cela voudra dire fermetures massives d’entreprises, de banques, pillage des finances publiques et réquisition des épargnes privés des particuliers. Se préparer à un tel évènement ou ne pas le faire n’est pas un choix anodin. Que faire face à un tsunami ? fermer les yeux ou dire qu’en France jamais cela n’arrivera.... Cela ne veut pas dire qu’en attendant ce fameux krak, il n y ait rien à faire.... des revendications contre les privatisations des secteurs publiques ou pour la hausse des salaires sont encadrées syndicalement secteur par secteur. Ainsi réclamer leurs élargissements à d’autres secteur et la direction de la lutte par un comité de lutte ou de grève, indépendant des syndicats , paraissent un bon début pour franchir à petite échelle de sérieux obstacles.

    Plus question d’admettre qu’un patron déclare que les caisses de l’entreprise sont vides. Il faut prendre sur ses revenus et biens personnels. Plus question d’admettre qu’un patron nous dise qu’il n’y a plus de travail. Du boulot ou pas, c’est une question de choix du grand capital en fonction de la rentabilité. Ce n’est pas notre problème. Nous exigeons, dans tous les cas, d’être payés. Plus question d’allocations chômage impayées. Plus question d’électricité coupée, de téléphone coupé, de crédits coupés, de compte fermé, d’emplois supprimés. Quand un capitaliste, un banquier, une assurance sont en difficulté, la société trouve des milliards pour le sauver. Imposons qu’il en soit de même quand il s’agit des travailleurs.

    Il faut aussi en finir avec la logique des directions des centrales syndicales qui quémandent des petits accommodements, signent des contre-réformes, divisent les luttes, les lâchent en cours de route et organisent des journées d’action sans lendemain.

    Il faut unir les travailleurs précaires, les chômeurs et ceux qui ont un emploi, les travailleurs du public et du privé, les travailleurs de l’Automobile et ceux de l’Audiovisuel, ceux de la Recherche et ceux de la Construction, ceux de l’Enseignement et ceux des grands magasins. C’est à nous de défendre notre avenir. Personne ne le fera à notre place ! Il ne s’agit pas de défendre chacun notre entreprise mais de défendre collectivement le sort de la classe ouvrière.

    Les travailleurs, s’ils ne veulent pas subir de plein fouet le chômage, la misère, et aussi les dictatures et les guerres, conséquences inévitables de la crise, comme le fascisme et la guerre mondiale ont été des conséquences de la crise de 1929, doivent diriger eux-mêmes leurs luttes aujourd’hui et devront diriger demain la société.

  • Prenons un exemple : la dernière lutte des cheminots. Nous avons mis en avant une défense du rail public qui n’est pas liée à la conception réformiste. Tout d’abord cela a consisté à remettre en question la revendication des réformistes et opportunistes : reprise par l’Etat de la dette de la SNCF. Nous avons rappelé que cette dette s’est creusé en enrichissant le grand capital et ainsi démontré que c’est lui qui devait payer. Ensuite nous avons démontré que la privatisation qui frappe la SNCF ne la concerne pas elle seule mais l’ensemble du service public et que les cheminots ne pouvaient vaincre seuls pour une attaque qui concerne en fait toute la classe ouvrière. Nous en avons déduit que les cheminots ne pouvaient suivre les faux bergers qui les menaient à l’abattoir et devaient s’organiser eux-mêmes, point crucial de toute revendication transitoire. Et je passe sur la suite du raisonnement. Est transitoire un programme revendicatif qui mène à l’idée que la classe ouvrière devra gouverner et virer la bourgeoisie du pouvoir, ce qui a été notre raisonnement.

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