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Editorial 27-07-2010 - La retraite à 60 ans, c’est fini ?

mardi 27 juillet 2010

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx

La retraite à soixante ans, c’est fini ?

En plein milieu des vacances, les parlementaires viennent de donner le feu vert à un vote début septembre du projet de loi instituant la fin de la retraite à 60 ans que leur proposait le gouvernement. Fillon en profite pour annoncer qu’il ne pourra plus renégocier cette mesure.

A sa proposition d’imposer la retraite à 62 ans, il rajoute que, même à 62 ans, on ne pourra pas avoir une pension complète, même si on a travaillé tout au long de ces années d’activité. Il faudra travailler jusqu’à ... 67 ans pour avoir une retraite complète ! Autant dire que d’ici là ils auront trouvé d’autres raisons de retarder encore la retraite et que les générations suivantes plus frappées par la précarité et le chômage étudieront la retraite dans les livres d’histoire. Si on ne met pas le holà aux projets du gouvernement.

Ce dernier annonce dores et déjà qu’il ne cède pas aux mobilisations. Il entend que les travailleurs considèrent ce projet comme irréversible ! Facile de jouer les fiers à bras alors qu’une grande partie de la classe ouvrière est en vacances et qu’une autre s’apprête à en faire autant. La stratégie des centrales consistant à remettre à chaque fois à plus tard la poursuite de la lutte a montré ses limites, même si ces centrales appellent dès maintenant à reprendre la mobilisation dès le début septembre. Qui peut croire qu’une succession de promenades des journées d’action qui a été si inefficace en 2009 suffira à faire reculer le gouvernement : même pas les dirigeants syndicaux qui ne proposent pourtant rien d’autre.

Quant à la stratégie socialiste, si on peut appeler socialiste le parti qui vise à sauver le système dans la crise, elle consiste à se mobiliser contre … le ministre des retraites accusé de multiples fautes, notamment dans ses relations avec une milliardaire. Comme s’il s’agissait dans la question des retraites que d’une affaire personnelle à un ministre, à un gouvernement, à une méthode spécifique à Sarkozy, ou seulement d’une politique de la droite.

Comme s’il s’agissait seulement d’une attaque concernant les travailleurs français. C’est faux : il s’agit des intérêts d’une classe dirigeante, la classe capitaliste, non seulement en France mais dans le monde… Et, en face, il s’agit de la classe ouvrière mondiale, que ces dirigeants syndicaux et socialistes ignorent ainsi superbement.

Présentée par le dirigeants réformistes, la suppression de la retraite à soixante ans apparaît seulement comme une lubie propre à Sarkozy et à son courant politique, alors que l’on voit partout en Europe, et même dans le monde, la même politique être menée au nom de la rigueur et des sacrifices pour les travailleurs du fait de la crise. Il s’agit donc d’un mensonge du gouvernement qui se cache derrière la soi-disant question démographique, mais aussi d’un mensonge des dirigeants de gauche qui ne montrent pas davantage les buts de cette attaque antisociale. S’ils attaquent Sarkozy, c’est pour mieux cacher qu’ils n’attaquent pas la classe capitaliste, en tant que telle. Et même la milliardaire Bettencourt, ils ne lui reprochent que des pécadilles et pas l’essentiel : d’avoir accumulé des milliards sur le dos des travailleurs et de continuer à les exploiter.

Quel intérêt pour la gauche et les centrales syndicales de minimiser ainsi l’ampleur de l’attaque et la réalité des enjeux ? Il s’agit de faire croire que l’on n’a affaire qu’à des excès de quelques hommes politiques, d’une tendance libérale et non à une politique internationale de la classe dirigeante en crise. Car le courant réformiste qui dirige l’opinion populaire ne veut surtout pas des conclusions sociales qui découleraient de la compréhension d’une telle situation : la nécessité absolue et urgente d’une révolte sociale des travailleurs. Les dirigeants réformistes n’entendent nullement sortir du cadre des institutions de la bourgeoisie, ni du cadre du système dominant : celui du capitalisme. C’est pourtant la seule solution face à la profondeur de la crise qui frappe le système social tout entier, à l’échelle mondiale.

Il est indispensable, en effet, de connaître les enjeux de cette lutte. S’attaquer aux retraites, c’est favoriser les retraites par capitalisation comme s’attaquer à la santé, aux services publics, c’est favoriser la santé privée et les entreprises privées d’énergie, de transport et de bien d’autres secteurs.

Faut-il croire les arguments selon lesquels l’Etat va manquer d’argent pour payer les retraites comme il va manquer d’argent pour payer les hôpitaux ou les médicaments, car il est trop endetté ? Mais alors pourquoi s’endette-t-il de nouveau avec le grand emprunt ? pourquoi fait-il cadeau de nouveaux milliards aux entreprises du nucléaire, du bâtiment, de l’industrie sous prétexte d’aide à la recherche et à l’emploi ?

Mais, faut-il pour autant croire qu’avec un gouvernement de gauche il en serait autrement ? Car a-t-on vu, que ce soit en France ou ailleurs, que des gouvernement de gauche sont moins au service des intérêts du capital ? Mitterrand, Blair, Schroeder, Prodi et autres Zapatero n’ont-ils pas démontré le contraire. D’ailleurs est-il possible que l’Etat des patrons se mette à servir les intérêts du monde du travail ?
Paradoxalement le fait d’avoir eu à lutter pour défendre l’école, la santé, les services publics et les retraites a pu renforcer cette idée que la défense des acquis sociaux passait par la défense de l’Etat-social, et donc de l’Etat capitaliste tout court. Les réformistes laissent croire que, « normalement », l’Etat devrait aider les classes populaires dans la crise ! Ben voyons ! Ils aimeraient faire comme si le capitalisme devait être réformé pour passer en douceur cette « période difficile »… Autre mensonge !

En période de crise, on nous dit qu’il faut mettre en avant l’intérêt national, commun aux riches et aux pauvres, et opposé à celui des travailleurs des autres pays. C’est exactement le contraire ! En période de crise, il faut, plus que jamais, défendre des intérêts de classe. Qu’importe si ce système a atteint ses limites de capitalisation et subit une crise de suraccumulation qui l’amène à s’auto-détruire. Nous n’avons pas besoin du capitalisme pour travailler et vivre.

Que meure le capitalisme, s’il n’est plus capable d’offrir des retraites, une santé, des services publics, des logements, des emplois et des salaires ! Mais que vive l’humanité, parce qu’elle a encore bien des capacités de construire qui ne sont nullement limitées par les incapacités du système d’exploitation.

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