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L’extermination des Juifs

mercredi 28 juillet 2010

Messages

  • L’extermination des Juifs par les nazis : les alliés savaient, bien entendu. Le 12 septembre 1941, les services secrets britanniques écrivaient que les faits constatés constituaient « une preuve décisive d’une politique d’intimidation sauvage sinon d’extermination définitive des Juifs », comme le cite l’ouvrage de Richard Breitman, « Ce que les nazis planifiaient, ce que les Britanniques et les Américains savaient ». Le même jour, le Secret Intelligence Service écrit : « le fait que la police exécute tous les Juifs qui lui tombent entre les mains devrait être suffisamment connu désormais. » Cela n’empêchait pas les Etats et la presse de faire comme si de rien n’était, comme s’il y avait des racontars, des exagérations et, à l’automne 1943, la position officielle du Département d’Etat américain continuait à affirmer que ce sont des récits « parfois confus et contradictoires, et intégrant des histoires qui étaient manifestement des reliquats des récits horrifiques de la Première guerre ». Pourtant, le 8 août 1942, Gerhart Riegner, représentant du Congrès juif mondial à Genève recevant des informations sur la mise en place à Auschwitz de l’extermination industrielle par Himmler, en rendait compte ainsi aux consulats américain et britannique : « Au quartier général du Führer discussion et examen d’un plan selon lequel après déportation et concentration à l’Est de tous les juifs des pays occupés ou contrôlés par l’Allemagne représentant 3,5 à 4 millions de personnes doivent être exterminées d’un seul coup pour résoudre définitivement la question juive en Europe. » Il rajoutait à cette information la distance que prenait le congrès juif de manière systématique : « Transmettons information sous toutes réserves, son exactitude ne pouvant être confirmée. » Summer Welles, sous secrétaire d’Etat américain, demanda au rabbin Stephen Wise, président du Congrès juif américain, de garder le silence, ce que le rabbin accepta….

  • C’est en 1935 (pas en 1945 !) qu’est publié un premier livre sur les camps de concentrations nazis : « Sous la schlague des nazis », de Wolfgang Langhoff .

  • En 1940, Trotsky prévenait du massacre des Juifs d’Europe de l’Est qui se préparait :

    « La période de la disparition du commerce mondial et du déclin du commerce national est en même temps celle d’une intensification monstrueuse du chauvinisme et particulièrement de l’antisémitisme. A l’époque de sa montée, le capitalisme a sorti le peuple juif du ghetto et en a fait l’instrument de son expansion commerciale. Aujourd’hui, la société capitaliste en déclin essaie de presser le peuple juif par tous ses pores : dix sept millions d’individus sur les deux milliards qui habitent la terre, c’est à-dire moins de 1 %, ne peuvent plus trouver de place sur notre planète ! Au milieu des vastes étendues de terres et des merveilles de la technique qui a conquis pour l’homme le ciel comme la terre, la bourgeoisie s’est arrangée pour faire de notre planète une abominable prison. »

    Léon Trotsky, Manifeste d’alarme de la IV° Internationale

  • Le 22 décembre 1938, Léon Trotsky prévenait dans « La bourgeoisie juive et la lutte révolutionnaire » :

    « Le nombre de pays qui expulsent les Juifs ne cesse de croître. Le nombre de pays capables de les accueillir diminue. En même temps la lutte ne fait que s’exacerber. Il est possible d’imaginer sans difficulté ce qui attend les Juifs dès le début de la future guerre mondiale. Mais, même sans guerre, le prochain développement de la réaction mondiale signifie presque avec certitude l’extermination physique des Juifs. »

  • Les bourgeoisies ont estimé que les Juifs avaient joué un rôle crucial dans la révolution prolétarienne en Europe.

    Un exemple : celui de la révolution hongroise :

    « Un frappant récit de la révolution hongroise de 1918-1919 attribue aux Juifs de Budapest l’influence décisive. »

    Journal français Le Temps du 20 octobre 1921

  • On pourrait penser qu’il s’agit simplement d’antisémites mais cet article de La Tribune juive, non taxable d’antisémitisme, confirme le fait.

    "Pourquoi nier la participation des Juifs à la révolution ?" dit cet article à propos de la révolution russe.

  • Soit dit en passant, cette même revue déclare en 1924 : " La révolution d’Octobre a réussi en six ans à faire entrer dans les moeurs l’égalité des droits"

  • Oui, c’est en tant que fauteurs de révolution communiste que les Juifs ont été massacrés par le nazisme : voir ici

  • Diffusant publiquement la thèse du « complot juif » qui expliquerait la vague révolutionnaire en Russie et en Europe, Winston Churchill, dirigeant politique anglais, dans un discours à la chambre des Communes le 5 Novembre 1919, paru dans le Illustrated Sunday Herald du 8 février 1920 et dans un article intitulé « Sionisme contre Bolchévisme », cité dans le London Press, en 1922 :

    « Depuis l’époque des Spartacus-Weishaupt* jusqu’à ceux de Karl Marx, en passant par Trotski (Russie), Bela Kun (Hongrie), Rosa Luxembourg (Allemagne) et Ema Goldman (Etats-Unis)* *, cette conspiration mondiale a connu une croissance constante. Cette conspiration a joué un rôle décisif et identifiable dans la Révolution Française. Elle a été le berceau de tous les mouvements subversifs pendant le 19e siècle. Et finalement, ce groupe de personnalités extraordinaires du monde secret des grandes villes d’Europe et d’Amérique ont saisi le peuple Russe par les cheveux, et sont maintenant devenus les maîtres incontestables de cet énorme empire. »

    * « Spartacus » est le nom de code qu’Adam Weishaupt s’est donné au sein de la secte des « Illuminés de Bavière »

    ** Tous ces noms font référence à des personnages historiques d’origine juive.

    « This movement among the Jews is not new. From the days of Spartacus-Weishaupt to those of Karl Marx, and down to Trotsky (Russia), Bela Kun (Hungary), Rosa Luxembourg (Germany), and Emma Goldman (United States), this world-wide conspiracy for the overthrow of civilization and for the reconstitution of society on the basis of arrested development, of envious malevolence, and impossible equality, has been steadily growing. It played, as a modern writer, Mrs. Webster, has so ably shown, a definitely recognizable part in the tragedy of the French Revolution. It has been the mainspring of every subversive movement during the Nineteenth Century ; and now at last this band of extraordinary personalities from the underworld of the great cities of Europe and America have gripped the Russian people by the hair of their heads and have become practically the undisputed masters of that enormous empire.
    There is no need to exaggerate the part played in the creation of Bolshevism and in the actual bringing about of the Russian Revolution, by these international and for the most part atheistical Jews, it is certainly a very great one ; it probably outweighs all others. With the notable exception of Lenin, the majority of the leading figures are Jews. Moreover, the principal inspiration and driving power comes from the Jewish leaders. Thus Tchitcherin, a pure Russian, is eclipsed by his nominal subordinate Litvinoff, and the influence of Russians like Bukharin or Lunacharski cannot be compared with the power of Trotsky, or of Zinovieff, the Dictator of the Red Citadel (Petrograd) or of Krassin or Radek — all Jews. In the Soviet institutions the predominance of Jews is even more astonishing. And the prominent, if not indeed the principal, part in the system of terrorism applied by the Extraordinary Commissions for Combating Counter-Revolution [the Cheka] has been taken by Jews, and in some notable cases by Jewesses. The same evil prominence was obtained by Jews in the brief period of terror during which Bela Kun ruled in Hungary. The same phenomenon has been presented in Germany (especially in Bavaria), so far as this madness has been allowed to prey upon the temporary prostration of the German people. Although in all these countries there are many non-Jews every whit as bad as the worst of the Jewish revolutionaries, the part played by the latter in proportion to their numbers in the population is astonishing. »

  • N’est-ce pas exagéré et non prouvé d’affirmer que les Alliés étaient au courant du massacre des Juifs et n’ont rien fait contre ?

  • Non, cela n’a rien d’exagéré ni d’étonnant. Pourquoi des nations qui écrasent les peuples coloniaux devraient-elles s’indigner qu’on écrase un peuple, quelle que soit son origine ou sa religion ?

    Les preuves sont nombreuses. Un exemple parmi tant d’autres : le discours du 17 décembre 1942 de Mr Eden à la Chambre des Communes anglaise qui a rapporté précisément et froidement comment les nazis massacraient les Juifs dans les camps de la mort et n’a jamais proposé de faire quoique ce soit contre cela...

  • Paul Hanebrink : Un spectre qui hante l’Europe. Le mythe du judéo-bolchevisme, Harvard University Press 2018. (Sauf indication contraire, toutes les citations sont tirées de ce livre.) La deuxième partie de cette critique sera affichée dans les prochains jours.

    Le nouveau livre de l’historien Paul Hanebrink (Rutgers University) se concentre sur la relation entre la peur du « spectre du communisme » qui hante l’Europe, auquel se référaient Marx et Engels dans leur Manifeste communiste de 1847, et l’antisémitisme.

    Dans une grande partie du livre Hanebrink analyse le rôle que le mythe judéo-bolchevique a joué dans l’idéologie et les crimes de l’extrême droite européenne au cours de la première moitié du XXe siècle, pour aboutir au génocide de 6 millions de Juifs européens dirigé par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Pendant la guerre civile de 1918-1922, déclenchée par l’invasion de 19 armées étrangères contre le régime bolchevique naissant, entre 50 000 et 200 000 Juifs furent tués en Ukraine seulement, la plupart par les forces nationalistes contre-révolutionnaires blanches et ukrainiennes. Les forces armées polonaises, qui combattaient l’Armée rouge, ont également commis des massacres anti-juifs, dont le notoire pogrom de Pinsk, au cours duquel 35 Juifs furent assassinés. Le premier ministre et ministre des Affaires étrangères polonais, Ignacy Paderewski, allait justifier ce massacre en disant qu’il s’agissait d’une « question de bolchevisme pur. Nous avons exécuté les responsables du crime, et il se trouve que ce sont des Juifs ».

    En fusion avec les objectifs géostratégiques et la machinerie militaire et économique de l’impérialisme allemand, le mythe du judéo-bolchevisme est devenu une base idéologique centrale de la guerre contre l’Union soviétique – qui, faisant entre 27 et 40 millions de victimes soviétiques, fut la guerre la plus meurtrière et la plus violente de l’histoire humaine – et du génocide des juifs européens. Il contribua à mobiliser les régimes fascistes et les forces d’extrême droite dans toute l’Europe de l’Est, dont les gouvernements de Roumanie, de Hongrie et l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN-B), pour ce que les nazis qualifièrent de croisade anti-bolchévique et anti-juive.

    En Ukraine, l’OUN-B a commis d’horribles pogroms contre la population juive, de la facon la plus infâme à Lviv. La Roumanie, sous la dictature d’Ion Antonescu et de sa Garde de fer fasciste, a perpétré les plus grands massacres et pogroms anti-juifs commandités par l’État en dehors des pays occupés par les nazis. Alors que l’extrême droite polonaise était elle-même ciblée par les nazis, la Pologne est devenue le site principal de la destruction industrielle des Juifs européens par les nazis ; elle fut le théâtre de plusieurs pogroms horribles perpétrés par les forces nationalistes et les couches rurales. Des pans importants de la bourgeoisie polonaise et du gouvernement en exil à Londres étaient farouchement antisémites. Hanebrink souligne que le gouvernement en exil recevait des rapports « s’attardant longuement sur le problème de la participation juive au nouveau régime communiste...[et] qualifiant collectivement les Juifs de traîtres ».

    Hanebrink fournit une abondance de preuves empiriques pour démontrer la relation étroite entre l’antisémitisme et la contre-révolution dans la première moitié du XXe siècle. Toutefois, malgré l’accent mis sur le lien entre antisémitisme et anticommunisme, il évite délibérément de définir l’antisémitisme comme idéologie de la contre-révolution. Il insiste bien plutôt pour le considérer comme un « code culturel » prenant différentes formes dans différents contextes culturels et politiques. Pour Hanebrink, le judéo-bolchevisme n’est qu’une version spécifique et contemporaine des tropes antisémites antérieurs de la « conspiration juive » et du « diable juif ».

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