Le cerveau, ou le pilotage par le chaos déterministe

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• 1. Le cerveau, ou le pilotage par le chaos déterministe, 13 septembre 2012, 15:17, par Robert Paris

  « On a longtemps pensé que les neurones ont une réponse cohérente, régulière, prévisible lorsqu’on les excite avec un stimulus. Cette vision des choses est pour beaucoup dans l’idée d’un système nerveux « câblé » correspond à une disposition d’esprit très naturelle : la recherche de l’ordre, de grandes lois. Pourtant les choses ne sont pas si simples. J’ai étudié, il y a quelques années, le neurone qui commande la réaction de fuite chez les poissons. Nous avons constaté que la transmission de la communication entre ce neurone et les neurones de son voisinage via les synapses est « quantique » et loin d’être garantie. Tout se passe comme si chacune de ces jonctions (pour chaque cellule du cerveau, il y en a des milliers !) jouait aux dés le fait qu’elle relie ou non, après un influx, l’information au neurone qui lui fait face. Retrouvé dans toute la phylogenèse, ce caractère probabiliste et donc incertain des interactions entre neurones peut être modulé par l’apprentissage… La combinatoire qui en résulte est d’une richesse infinie, et elle a une valeur adaptative : le comportement qui en découle (fuite, etc.) est hautement variable. Un autre aspect du « désordre neuronal » a été mis en évidence. L’activité de fond (« le bruit ») de certains neurones ainsi que leurs décharges cachent sous un désordre apparent, stochastique, une forme d’ordre dont les propriétés sont semblables à celles du chaos déterministe. Ainsi, les structures cérébrales seraient normalement dans un état dynamique sensible à toute perturbation externe, ce qui signifie que leur évolution dans le temps est hautement imprévisible. »

  Le neurobiologiste Henri Korn dans La Recherche – novembre-décembre 2002