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La négation, de Freud

samedi 29 juillet 2017

Psychanalyse et dialectique

Sigmund Freud La négation (1925)[I] (Traduit par Thierry Simonelli){}

La façon dont nos patients apportent les idées qui leur viennent[II] [Einfälle] pendant le travail analytique nous offre l’occasion de quelques observations intéressantes. « Vous allez maintenant penser que je veux dire quelque chose d’insultant, mais je n’ai vraiment pas cette intention. » Nous comprenons, il s’agit là du refus [Abweisung] d’une idée qui surgit à l’instant par projection. Ou bien : « Vous demandez qui peut être cette personne dans le rêve. Ce n’est pas la mère. » Nous rectifions : c’est donc la mère. Nous prenons la liberté de faire abstraction de la négation dans l’interprétation [Deutung] et d’extraire [herausgreifen] le pur contenu de l’idée. C’est comme si le patient avait dit : « C’est bien la mère qui m’est venu à l’idée [eingefallen], mais je n’ai pas envie [Lust] d’accepter cette idée. »

De temps en temps, on peut se procurer une élucidation [Aufklärung] recherchée sur le refoulé inconscient d’une manière très commode. On demande : que considéreriez-vous comme le plus improbable dans telle situation ? Qu’est-ce qui, à votre avis, vous semblait le plus éloigné à ce moment-là ? Si le patient se laisse prendre au piège et désigne ce à quoi il peut croire le moins, il en a presque toujours admis la vérité [Richtige[III]]. Un joli pendant à cet essai se produit chez le névrotique obsessionnel qui a déjà été introduit à la compréhension [Verständnis] de ses symptômes. « Il m’est venu une nouvelle représentation compulsive [Zwangsvorstellung]. Il m’en est immédiatement venu à l’idée qu’elle pourrait signifier ceci de déterminé. Mais non, ce ne peut être vrai, sinon cela n’aurait pu me venir à l’idée. » Ce qu’il rejette [verwirft] par cette explication recopiée de la cure est naturellement le vrai sens de la nouvelle idée compulsive.

Un contenu de représentation ou de pensée peut donc percer jusqu’à la conscience à condition qu’il se laisse nier. La négation est une manière de prendre connaissance du refoulé, à vrai dire déjà une annulation [Aufhebung] du refoulement, mais évidemment pas une acceptation du refoulé. On voit comment la fonction intellectuelle se sépare ici du processus affectif. À l’aide de la négation une seule des conséquences du processus de refoulement est annulée ; celle que son contenu de représentation n’atteint pas la conscience. Il en résulte une sorte d’acceptation intellectuelle du refoulé avec maintien de l’essentiel quant au refoulement[*]. Au cours du travail analytique, nous créons souvent une modification [Abänderung] différente, très importante et assez déconcertante [befremdend] de la même situation. Nous parvenons également à vaincre la négation et à faire prévaloir l’acceptation intellectuelle complète du refoulé, - le processus de refoulement lui-même n’en est pas encore annulé. Comme c’est la tâche de la fonction intellectuelle du jugement [Urteil] d’affirmer [bejahen] ou de nier des contenus de pensée, les remarques qui précèdent nous ont conduit à l’origine psychologique de cette fonction. Nier quelque chose dans le jugement signifie en fait : c’est quelque chose que je préférerais plutôt refouler. La condamnation [Verurteilung] est le substitut [Ersatz] intellectuel du refoulement, son non en est un insigne, un certificat d’origine à peu près comme le « made in Germany »[IV]. Au moyen du symbole de négation, la pensée s’affranchit des restrictions du refoulement et s’enrichit de contenus dont elle ne peut se priver pour son travail [Leistung].

La fonction de jugement a essentiellement deux décisions à prendre. Elle doit attribuer [zusprechen] ou dénier [absprechen] la propriété à une chose [Ding] et elle doit admettre ou contester l’existence d’une représentation dans la réalité. La propriété dont il doit être décidé pourrait originellement avoir été bonne ou mauvaise, utile ou nocive. Exprimé dans le langage des motions pulsionnelles les plus anciennes, orales : ça, je veux le manger ou je veux le recracher et dans une traduction [Übertragung] plus large : ça, je veux l’introduire en moi et ça, l’exclure de moi. Donc : ça doit être en moi ou en dehors de moi. Le moi-plaisir originel veut, ainsi que je l’ai expliqué ailleurs, introjecter en soi tout ce qui est bon [Gute] et rejeter de soi tout ce qui est mauvais [Schlechte]. Le mauvais, l’étranger au moi, l’extérieur, lui est d’abord identique[**]. L’autre décision de la fonction de jugement, celle qui porte sur l’existence réelle d’une chose représentée, constitue un intérêt du moi-réel définitif qui se développe à partir du moi-plaisir premier. (Contrôle de réalité [Realitätsprüfung].) Maintenant, il ne s’agit plus de savoir si quelque chose de perçu (une chose) doit être intégré ou non dans le moi, mais si quelque chose de présent dans le moi comme représentation peut également être retrouvé dans la perception (réalité). Il s’agit, comme on peut le voir, à nouveau d’une question d’extérieur et d’intérieur. Le non-réel, le seulement représenté, subjectif, est seulement intérieur ; l’autre, réel [Reale], est aussi présent dans le dehors. Dans ce développement, la prise en compte du principe de plaisir été laissée de coté[V]. L’expérience a enseigné qu’il n’est pas seulement important qu’une chose (objet de satisfaction) possède la « bonne » propriété, qu’elle mérite donc l’intégration dans le moi, mais également qu’elle soit là, dans le monde extérieur, de manière à ce que l’on puisse s’emparer [bemächtigen] d’elle à souhait [nach Bedürfnis]. Afin de comprendre ce progrès, il faut se rappeler que toutes les représentations sont issues de perceptions, en sont des répétitions. À l’origine l’existence de la représentation est donc déjà une caution pour la réalité du représenté. L’opposition entre subjectif et objectif n’existe pas dès le début. Il se produit seulement parce que la pensée possède la capacité de rendre présent ce qui une fois a été perçu par la reproduction dans la représentation, tandis que l’objet au dehors n’a plus besoin d’être présent. Le premier et le plus proche but du contrôle de réalité n’est donc pas de trouver un objet correspondant à la représentation dans la perception réelle [reale], mais de le retrouver, de se convaincre qu’il est toujours présent. Une autre contribution à l’aliénation [Entfremdung] entre le subjectif et l’objectif vient d’une autre capacité de la faculté de penser. La reproduction de la perception dans la représentation n’est pas toujours une répétition fidèle ; elle peut également être modifiée par des omissions, changée par des fusions d’éléments divers. Le contrôle de la réalité doit alors contrôler jusqu’où vont ces déformations [Entstellungen]. On reconnaît toutefois comme condition de l’utilisation du contrôle de réalité que des objets ont été perdus qui, jadis, apportaient une satisfaction réelle.

Le juger est l’action intellectuelle qui décide de l’action motrice, qui met fin à l’ajournement par la pensée [Denkaufschub] et qui fait transiter du penser à l’agir. J’ai également déjà traité de l’ajournement par la pensée ailleurs. Il est à considérer comme une action-essai [Probeaktion], un tâter moteur avec de faibles efforts d’évacuation. Rappelons-nous[VI] : où le moi s’était-il d’abord exercé à un tel tâter, à quel endroit avait-il appris la technique qu’il applique maintenant aux processus de pensée ? Ceci avait lieu au bout sensoriel de l’appareil psychique, lors des perceptions sensibles. À notre avis, la perception n’est pas un processus purement passif, mais le moi envoie périodiquement de petites quantités d’investissement dans le système de perception au moyen desquels il goûte [vorkosten] aux excitations extérieures pour, à la suite de chacune de ces percées tâtantes, se retirer de nouveau. L’étude du jugement nous ouvre, peut-être pour la première fois, la vision [Einsicht[VII]] de la genèse [Entstehung] d’une fonction intellectuelle à partir des motions pulsionnelles primaires. Le juger est le développement approprié au but [zweckmäßig[VIII]] de l’inclusion originelle dans le moi opéré au moyen du principe de plaisir ou de l’expulsion du moi. Sa polarité semble correspondre à l’opposition des deux groupes de pulsions que nous admettons. L’affirmation – comme substitut de l’union – appartient à l’Éros, la négation – suite de l’expulsion – à la pulsion de destruction. L’envie générale de nier[IX], le négativisme de certains psychotiques doit probablement s’entendre comme un démêlage pulsionnel [Triebentmischung] par retrait des composantes libidinales. Le travail de la fonction de jugement est néanmoins seulement rendu possible parce que la création d’un symbole de négation a permis un premier degré d’indépendance des succès du refoulement et par-là aussi de la contrainte du principe de plaisir. À cette conception de la négation correspond très bien le fait que dans l’analyse, on ne trouve pas de « non » en provenance de l’inconscient et que la reconnaissance de l’inconscient du côté du moi s’exprime par une formule négative. Il n’est pas de preuve plus forte pour la découverte [Aufdeckung [X]] réussie de l’inconscient que quand l’analysé y réagit avec la phrase : je n’ai pas pensé ça ou : je n’ai pas (jamais) pensé à ça.

[I] Ndt : Sigmund Freud, Gesammelte Werke Bd. XIV, pp.9-15. Je remercie chaleureusement Micheline Weinstein pour sa relecture de cette traduction. Ses remarques et propositions m’ont permis d’arrondir quelques angles. Les inélégances qui subsistent sont de ma propre responsabilité. J’aimerais par ailleurs renvoyer à l’intéressante traduction commentée de J.-C. Capèle & D. Mercadier que j’ai découverte un peu trop tard, mais avec d’autant plus de plaisir, étant donné son étonnante proximité de la mienne. La première version de leur traduction est parue à Paris en 1982, dans Le Discours psychanalytique. Une version revue (1999) de cette traduction peut être consultée sur Internet : http://www.khristophoros.net/vernei... . De même, Angèle Kremer Marietti m’a rappelé, après-coup, la traduction qu’elle avait publiée, également en 1982, dans son livre La Symbolicité, Paris, Puf. Le livre a été réédité chez l’Harmattan en 2001, dans la collection « Épistémologie et Philosophie des Sciences ». Je remercie Angèle Kremer Marietti et Joël Bernat pour leur relecture. Leurs nombreuses remarques et suggestions m’ont été d’une aide irremplaçable. Un merci enfin à J.C. Capèle pour sa relecture et ses remarques intéressantes. Elles m’ont permis de mieux mesurer l’écart de nos deux approches. Ma traduction repose sur l’idée suivante (« aus Neugierde, wohin dies führen wird » ; Freud) : transposer en français le texte original de Freud en reproduisant le plus fidèlement possible ses choix terminologiques et ses structures syntaxiques. Je voulais savoir dans quelle mesure il était possible de rendre transparent le texte français par rapport à l’original allemand. Le texte original était conçu pour primer sur la compréhension du sens par un destinataire imaginaire. C’est le texte seul qui devrait apparaître au travers de la langue d’accueil. L’idée, expérimentale, était donc de tenter une traduction du texte freudien selon la conception de la traduction poétique de Walter Benjamin (Die Aufgabe des Übersetzers). À ce propos, j’aimerais rappeler la réflexion de Goethe, citée par Benjamin : « unsere übertragungen auch die besten gehn von einem falschen grundsatz aus sie wollen das indische griechische englische verdeutschen anstatt das deutsche zu verindischen vergriechischen verenglischen. sie haben eine viel bedeutendere ehrfurcht vor den eigenen sprachgebräuchen als vor dem geiste des fremden werks... ». (« Nos traductions, même les meilleures, partent d’un mauvais principe. Elles veulent germaniser l’indien, le grec, l’anglais au lieu d’indianiser, de gréciser, d’angliciser l’allemand. Elles témoignent d’une vénération bien plus importante des propres coutumes langagières que de l’esprit de l’œuvre étrangère […] ») Malgré la proximité des textes, mon approche est donc radicalement différente de celle de J.-C. Capèle & D. Mercadier. Alors que pour ces traducteurs, il s’agissait de « rendre le message avec toute l’objectivité que permet une lecture qui demeure toujours subjective », j’ai refusé aussi bien l’idée du "message" que leur conception de la subjectivité et de l’objectivité. À mon sens, les principes de la traduction de Capèle & Mercadier correspondent quasi exactement à ce que Benjamin, dans son article Über Sprache überhaupt und über die Sprache des Menschen (1916), appelle une « conception bourgeoise du langage ». Je préférerais, dans le même sens, plutôt parler d’une conception utilitariste de la traduction : le traducteur se saisit d’un message objectif et le transmet tel quel à un destinataire, censé comprendre le message originel. Bien que ce principe corresponde aux évidences du bon sens, il me semble négliger toute réflexion philosophique sérieuse sur le langage. Je ne saurais, par ailleurs, souscrire au critère d’objectivité mis en avant par ces traducteurs. À mon avis, cette objectivité participe des mêmes préjugés que la notion de message : le préjugé d’une signification fixée et pouvant être objectivement saisie ou isolée. Je vois mal, également, dans quelle mesure une traduction pourrait être subjective, à moins de commettre des erreurs. Une traduction est certes irrémédiablement subjective, mais seulement là où elle s’égare. À mon avis, une telle démarche viserait à réduire ce que je tente de maintenir : la lecture, par opposition à la compréhension d’une signification, voire d’un ’message’. Mon intention a été d’interpréter le texte de Freud en éliminant autant que possible la subjectivité (à situer du côté de la signification ou du ’message’) face à l’intention objective du texte. Bien évidemment, je ne prétends pas y avoir réussi ; juste m’y être essayé. Ma motivation n’a pas été l’ambition de corriger une prétendue « inaptitude » des traducteurs précédents, mais la curiosité de voir ce à quoi pouvait bien mener une conception philosophique du langage appliquée à la traduction. Dans le sens de Benjamin, il me suffirait d’avoir fourni une contribution, parmi bien d’autres, à la traduction de la Verneinung. À l’exception de la note V, toutes les notes témoignent de cette différence de visée. Concernant la traduction de Verneinung, Freud ne laisse aucun doute dans son article qu’il s’agit bien du sens logique de négation. Selon Le Robert, « dénier » signifie : « Refuser de reconnaître comme sien ». L’idée du refus de reconnaître comme sien est intéressante et quelque part la traduction de Verneinung par dénégation apporte une interprétation intéressante. Toutefois, dans le texte original, il n’est pas question de reconnaître comme sien un énoncé, mais bien plus simplement de le nier. Pour cette raison, j’ai préféré traduire par Négation. Toutefois, dans une certaine mesure, la négation est également une dénégation. [II] Ndt : Capèle & Mercadier et Micheline Weinstein proposent : « qui leur viennent à l’esprit. » L’expression est certainement plus compréhensible, n’y était l’esprit. Car l’esprit ne figure certainement pas parmi les notions utilisées par Freud, et l’on chercherait en vain sa place dans la topique freudienne. De même qu’Angèle Kremer Marietti, j’ai choisi de laisser ouvert ce lieu. Freud ne précise pas où ces idées viennent, ne le précisons pas à notre tour. [III] Ndt : Das Richtige pourrait se traduire de nombreuses façons. Capèle & Mercadier traduisent par : le juste. La traduction est sans aucun doute très fidèle, mais elle me semblait un peu trop ambiguë en français. Il n’est évidemment pas question de dire ce qui est juste, au premier sens du terme, mais d’avouer une vérité malgré soi. Angèle Kremer Marietti avait sans doute le même sentiment que moi ; elle traduisait de la même manière. [*] Le même processus est au fondement du processus connu du « référer » [Berufen]. « Comme c’est bien que je n’ai plus eu ma migraine depuis si longtemps ! » Mais c’est là la première annonce de l’attaque dont on sent déjà l’approche mais qu’on ne veut pas croire encore. [IV] Ndt : en anglais dans le texte. [**] Cf. à ce propos les explications dans Pulsions et destins de pulsions. [V] Ndt : Sur ce point, ma traduction s’oppose à celle de Capèle & Mercadier. Il se pourrait qu’il y ait un malentendu sur le sens de la phrase freudienne. Freud n’affirme pas du tout avoir provisoirement laissé de côté ou avoir mis de côté la considération du principe de plaisir. Sa remarque ne se réfère nullement à sa manière d’aborder ou d’articuler la problématique dont il traite. Ce n’est pas Freud qui, dans sa présentation de l’idée, aurait laissé de côté le principe plaisir pour y revenir par la suite. C’est le moi-réel lui-même qui a suspendu le principe de plaisir dans sa fonction de jugement. Freud semble donc plutôt affirmer : le jugement d’existence ne peut pas se fier au principe de plaisir, mais il doit juger la représentation exclusivement par comparaison avec la réalité. Le jugement d’existence doit donc suspendre le principe de plaisir pour mener à bien sa tâche : le contrôle de la réalité. Grâce à cette suspension momentanée, il parvient assurément à fournir une autre assise au principe de plaisir. Mais ce dernier pourrait également se satisfaire de la représentation ou de l’hallucination. La phrase suivante indique clairement cette idée du détour, de la suspension momentanée du principe de plaisir, développée dans les Formulations sur les deux principes des événements psychiques de 1911 (GW VIII, p.229-238). Micheline Weinstein et Joël Bernat m’ont confirmé cette lecture, et Angèle Kremer Marietti en a fait de même par sa propre traduction. [VI] Ndt : Capèle & Mercadier traduisent par « réfléchissons », qui rend bien l’une des deux significations de « Besinnen ». J’avais préféré l’autre, car Freud nous invite moins à une réflexion originale qu’au souvenir d’une idée développée à plusieurs reprises dans d’autres textes et dans les paragraphes précédents. En fait, il s’agit d’un rappel de réflexions qui datent de l’Esquisse de 1895 (parties I.14-18, GW Nachlassband, pp. 416-430). [VII] Ndt : Capèle & Mercadier traduisent par compréhension, qui rend bien le sens du mot allemand. Micheline Weinstein m’a proposé « idée », qui me semble un peu plus loin du sens de l’Einsicht. La construction du mot allemand est identique la composition latine du terme d’introspection : voir à l’intérieur, au sens figuré : voir le noyau des choses (hypokeimenon, subjectus), voir l’essentiel. Le terme de « vision » m’a semblé rassembler le mieux ces différents sens : idée, compréhension et saisie intuitive soudaine. Angèle Kremer Marietti avait une idée tout à fait similaire : elle traduit Einsicht par « vue ». [VIII] Ndt : Capèle & Mercadier traduisent par « finaliser », ce qui est juste mais me semblait trop ambigu. Il ne serait pas faux de penser à un développement finalisé de la faculté de juger, mais dans ce cas, Freud aurait certainement choisi « endgültig » (définitif, abouti, etc.). Le texte allemand semble clair : le jugement représente une évolution orientée par un but (télos) de l’introjection primitive. J’avais d’abord traduit par téléologique, qui tient compte de l’idée de la finalité tout en évitant le double sens du verbe finaliser (« présenter sous sa forme quasi définitive », Le Robert). Toutefois, j’ai préféré la traduction d’Angèle Kremer Marietti - « approprié au but » - plus précise et plus claire. Elle permet d’éviter la nuance de « déterminé par un but », comprise dans le terme de téléologique. [IX] Ndt : Capèle & Mercadier traduisent « allgemeine Verneinungslust » par « plaisir général de nier ». L’expression allemande rappelle plutôt « Lust haben, zu… », avoir envie de… Que l’on puisse ressentir du plaisir à nier systématiquement, nul n’en douterait. Mais l’envie me semble introduire une autre nuance, notamment en rapport avec le négativisme : le caractère compulsif. Je puis me sentir attiré par le plaisir, mais je me sens poussé par l’envie de… L’envie a un accent pulsionnel plus marqué. [X] Ndt : La traduction de l’Aufdeckung par découverte m’a semblé incontournable. Traduire par « constitue la preuve la plus réussie de l’existence de l’inconscient » semble rater le point de la phrase freudienne. Il n’est pas question de prouver l’existence de l’inconscient, mais de dévoiler ses contenus. Freud parle du travail analytique, de ce qui se passe dans la cure. Il ne s’y agit pas de démontrer l’existence de l’inconscient, mais de saisir les représentations inconscientes qui, grâce à la négation ont, dans une certaine mesure, pu déjouer la barrière du refoulement.

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