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Ce que nous voulons et ce dont nous ne voulons plus

dimanche 21 août 2011, par Robert Paris

"Les ouvriers n’ont pas de patrie. (...) Abolissez l’exploitation de l’homme par l’homme, et vous abolirez l’exploitation d’une nation par une autre nation. (...) Que les classes dominantes tremblent devant une révolution communiste. Les prolétaires n’ont rien à y perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !"

Karl Marx (1848), Le Manifeste communiste

"Nous nous assignons comme but final la suppression de l’État, c’est-à-dire de toute violence organisée et systématique, de toute violence exercée sur les hommes, en général. Nous n’attendons pas l’avènement d’un ordre social où le principe de la soumission de la minorité à la majorité ne serait pas observé. Mais, aspirant au socialisme, nous sommes convaincus que dans son évolution il aboutira au communisme et que, par suite, disparaîtra toute nécessité de recourir en général à la violence contre les hommes, toute nécessité de la soumission d’un homme à un autre, d’une partie de la population à une autre ; car les hommes s’habitueront à observer les conditions élémentaires de la vie en société, sans violence et sans soumission."

L’État et la Révolution (1917), Lénine

« Comprendre clairement la nature sociale de la société moderne, de son Etat, de son droit, de son idéologie constitue le fondement théorique de la politique révolutionnaire. La bourgeoisie opère par abstraction (« nation », « patrie », « démocratie ») pour camoufler l’exploitation qui est à la base de sa domination. (…) Le premier acte de la politique révolutionnaire consiste à démasquer les fictions bourgeoises qui intoxiquent les masses populaires. Ces fictions deviennent particulièrement malfaisantes quand elles s’amalgament avec les idées de « socialisme » et de « révolution ». Aujourd’hui plus qu’à n’importe quel moment, ce sont les fabricants de ce genre d’amalgames qui donnent le ton dans les organisations ouvrières françaises. »

Extraits de Léon Trotsky dans « La France à un tournant » (28 mars 1936)

A l’opposé de tous les responsables politiques, dirigeants religieux, chefs militaires et autres démagogues qui veulent cacher leur engagement aux côtés des classes exploiteuses et du système d’exploitation sous un verbiage mensonger, nous ne revendiquons jamais la neutralité, la prétendue objectivité, l’égalité des points de vue, la prétention mensongère de trouver un terrain d’entente entre des classes, oppresseurs et opprimés, qui ont des intérêts diamétralement opposés. La classe dont nous nous revendiquons est celle des opprimés, c’est-à-dire des ouvriers, des salariés, des travailleurs des villes et des champs, y compris les chômeurs, les petits boulots, les ménagères, les jeunes révoltés par le système. Nous l’appelons le prolétariat. C’est, selon nous, la classe qui est amenée à remplacer à la tête du monde la classe capitaliste dont le règne est terminé. Clarté et courage, voilà où se situent l’audace de classe.

CE QUE NOUS VOULONS :

L’ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ PAR LES EXPLOITES EUX-MÊMES

Ce que nous voulons :

 Nous instruire des luttes du passé afin que ces combats des opprimés n’aient pas eu lieu inutilement et pour que ceux de demain ne tombent pas dans les mêmes pièges ou les mêmes erreurs. Notre étude de l’histoire n’a rien de scolaire. Nous considérons que ces combats sont les nôtres même s’ils n’ont pas eu lieu dans "notre" pays ni à notre époque : qu’il s’agisse des travailleurs de la Commune de Paris en 1871, des travailleurs révolutionnaires russes de 1917, des travailleurs chinois de 1925-27, ou, plus près de nous, des travailleurs algériens de 1945, des travailleurs vietnamiens de 1946, des travailleurs malgaches de 1947, des "bouts de bois de dieu" africains de 1947, des travailleurs boliviens de 1952, des travailleurs hongrois de 1956, des noirs américains de 1964, des travailleurs tchécoslovaques de 1968, des travailleurs chiliens de 1973, des travailleurs libanais de 1975, des travailleurs iraniens de 1979, etc, etc ... Ce passé de luttes révolutionnaires de la classe ouvrière et de tous les prolétaires doit éclairer notre chemin. La classe ouvrière vit et se bat tous les jours et ces luttes ne sont pas à minimiser, mais il ne faut pas non plus effacer les éclairs impressionnants que sont les soulèvements révolutionnaires des masses, épisodes rares mais très éclairants des capacités des opprimés.

 Développer la compréhension des causes des oppressions que connaît la planète et de la situation de plus en plus catastrophique actuelle pour les masses populaires.

 Rendre clair que la base première du maintien de l’oppression sous toutes ses formes et dans toutes les régions du monde est la division entre une classe d’exploiteurs possédant tous les moyens de production et tous les capitaux et une classe d’exploités n’en possédant aucun, la mainmise des exploiteurs sur la totalité du pouvoir politique et sur les Etats (armée, police, justice, gouvernement, administration, diplomatie, parlements, etc). Enfin, la mainmise de la bourgeoisie la plus riche sur l’ensemble du monde par des moyens économiques, financiers, politiques et militaires : l’impérialisme.

 Soutenir tous les efforts permettant de faire progresser la conscience des exploités et de tous ceux qui se considèrent dans leur camp contre l’exploitation et en particulier la conscience de leurs intérêts communs et de leur capacité à diriger le monde de demain. Cette conscience nécessite le combat contre toutes les formes de division, de mépris, de rejet qu’ils soient fondés sur le sexe, la nationalité, la région, l’ethnie, la religion, les origines, la race, la couleur de la peau, l’âge…

 Faire en sorte que la lutte des opprimés et des exploités mène à des succès et permette à ces derniers de prendre confiance en leurs capacité de s’unir, de s’organiser et, demain, de définir de nouvelles bases à la société en la dirigeant par eux-mêmes.

 Combattre les illusions réformistes qui cherchent à faire croire en la possibilité d’améliorer le monde actuel sans changement radical dans lequel les opprimés enlèvent le pouvoir à la classe dominante pour le prendre eux-mêmes en mains.

 Refuser toutes les idéologies fatalistes selon lesquelles l’homme est fait pour souffrir sur la terre et la classe dominante est faite pour dominer, la classe opprimée faite pour être exploitée, et aussi tous les fatalismes sociaux selon lesquels les exploités sont incapables de savoir diriger la société.

 Récuser l’idée fausse selon laquelle le monde capitaliste est le seul monde possible et qui prétend que l’effondrement du stalinisme aurait démontré l’impossibilité du pouvoir communiste des travailleurs. Rappeler ainsi que le stalinisme ne s’est pas développé contre le capitalisme mais, au contraire, sur la base de l’échec de la tentative révolutionnaire et audacieuse des travailleurs russes et européens en 1917-1920.

 Permettre aux travailleurs, aux jeunes, à tous ceux qui se placent aux côtés de la révolution d’accéder aux connaissances indispensables à la révolution, sur tous les plans : politique, social, économique, philosophique et scientifique.

 Aider à la construction d’organisations des travailleurs communistes et révolutionnaires, qui soient regroupées pour mener le combat dans le monde entier, qui se donnent comme objectif la fin définitive du système d’exploitation à l’échelle mondiale et son remplacement par une société fondée sur la satisfaction des besoins individuels et collectifs des peuples.

 Rendre clair le fait que ces objectifs socialistes et communistes n’ont rien à voir avec les caricatures anti-ouvrières que sont et qu’ont été les partis social-démocrates et staliniens et les régimes qu’ils dirigent et ont dirigé.

 Faire en sorte qu’au cours de leurs luttes actuelles, même celles qui ont une ampleur et des objectifs limitée, les exploités, les salariés, les prolétaires et les jeunes acquièrent le maximum de conscience des nécessités de la société et de leur capacité à s’organiser en vue d’atteindre leurs objectifs. Apprendre des luttes nécessite que les exploités et les jeunes s’organisent eux-mêmes ce que la plupart des bureaucraties syndicales et des directions politiques ne souhaitent pas, désirant garder la mainmise sur les mouvements.

 Œuvrer afin que les travailleurs les plus conscients comprennent que la lutte des classes est le moteur de l’histoire de la société humaine et qu’ils ne doivent pas craindre de défendre des intérêts de classe car la défense des intérêts des opprimés rejoint les intérêts de toute l’humanité. Instruire les travailleurs de leurs tâches visant à la libération de l’ensemble de l’humanité nécessite que la conscience de classe se détache du magma que constitue l’opinion : esprit dit « citoyen », conscience nationale, ethnique, culturelle, traditions, intérêts corporatifs, conceptions régionales, etc…

 Nous efforcer que les travailleurs soient instruits du rôle de l’Etat bourgeois au service de la classe dirigeante. Même quand cet Etat semble respecter quelques règles démocratiques, il n’est rien d’autre qu’un instrument de guerre au service de la classe dirigeante et contre les exploités. La démocratisation de cet Etat ne peut qu’être une tromperie. L’existence d’élections, leur soi-disant transparence, le droit de vote général, ne change rien à un fait fondamental : tant que le pouvoir économique appartient à quelques personnes d’une seule classe dominante, tant que les travailleurs ne sont pas organisés afin de prendre les décisions, aucun pouvoir d’Etat ne peut être autre chose qu’un mode de domination politique de la classe dirigeante. L’objectif de toute lutte radicale des opprimés doit être clairement la destruction définitive et complète de l’Etat bourgeois et tout particulièrement son armée, sa police, sa justice, ses assemblées bourgeoises, son administration. l’Etat que mettront en place les travailleurs, les prolétaires avec la population pauvre n’aura rien à voir avec l’ancien Etat bourgeois.

 Faire en sorte que les travailleurs aient conscience que les horreurs des guerres, des guerres civiles, des conflits ethniques ou religieux sont directement dues au fait que des dirigeants bourgeois et petits-bourgeois ont pris la tête des mécontentements des milieux populaires. C’est aux travailleurs de prendre la tête de toutes les couches sociales opprimées car eux et eux seuls sont capable de donner une orientation à la lutte vers la fondation d’une société d’où sera bannie définitivement l’exploitation de l’homme par l’homme.

 Agir afin que les travailleurs suscitent en leur propre sein la formation de militants et de dirigeants capables de donner cette orientation à leur combat et de le mener à la victoire en s’instruisant soigneusement des lois sociales et politiques. Ces militants devront viser à former une organisation qui ne cherche pas à défendre ses propres intérêts de groupe mais les intérêts généraux des opprimés. Elle ne vise pas à prendre une place dans l’ordre social existant. Elle ne cherche pas à remplacer les gouvernements en place par des hommes à elle. Elle vise au renversement par les travailleurs eux-mêmes de tout l’ordre social et politique. Elle est donc bien différente de la plupart des organisations politiques et syndicales qui ne veulent que gagner des positions au sein de la société actuelle.

 Faire en sorte que les travailleurs ne se laissent pas tromper par des politiciens bourgeois professionnels tenant un langage de gauche, par des démagogues, militaires ou religieux, apparemment radicaux. Ils ne doivent donner aucune confiance à tous ceux qui prétendent que les travailleurs ne devraient pas s’organiser eux-mêmes, sous prétexte de ne pas diviser la lutte. Ils ne doivent nullement accorder leur confiance à tous ceux qui disent être capables d’améliorer la situation sans l’intervention des travailleurs par la lutte de masse.

 Agir pour que les travailleurs et les jeunes aient conscience que leur combat dépasse les frontières nationales et que les luttes de leurs frères du reste du monde font partie du même combat que le leur. Ceux qui leur disent que leur combat est national, que tous les nationaux sont leurs frères, qu’ils ne doivent pas étudier les luttes des autres pays car ce ne serait pas la même situation, sont de faux frères. Il n’y a qu’une planète. Il n’y a qu’un système capitaliste qui domine le monde, même si celui-ci a produit des situations sociales et politiques très diverses du fait notamment du partage mondial du travail par les impérialistes. Nous ne pourrons gagner qu’en abattant le capitalisme et l’impérialisme et cela n’est possible qu’à l’échelle internationale. C’est indispensable si nous ne voulons pas retomber dans les travers des nationalismes, les illusions des indépendances, les tromperies du réformisme et celles du stalinisme. Dans les frontières nationales, il n’est pas possible de bâtir une société plus juste que le capitalisme. La crise du capitalisme ne fait que rappeler que c’est à l’échelle mondiale que se pose le problème et que c’est à cette échelle qu’il faut le résoudre. La seule classe qui existe partout dans le monde, qui a la possibilité de s’unir au niveau international, c’est la classe des travailleurs, des chômeurs et de tous les opprimés. Il faut qu’au cours de la lutte, elle prenne le pouvoir en détruisant le pouvoir des classes dirigeantes. Pour cela, elle devra détruire tous les organismes que les classes dirigeantes ont mis en place pour opprimer la majorité de la population et, en particulier, il faut qu’elle désarme les classes dominantes, en enlevant aux officiers la mainmise sur les soldats. Le pouvoir aux travailleurs est indispensable pour ôter aux exploiteurs leur capacité de tuer, de soumettre et donc de maintenir le régime d’exploitation.

 Faire savoir que la société capitaliste est arrivée à une limite qu’elle ne pourra franchir , qu’elle est incapable de se réformer et que les travailleurs devront en finir avec ce système pour libérer tous les opprimés. Quand l’Histoire arrive à un point où les oppresseurs eux-mêmes ne voient plus comment diriger la société il arrive ce qui s’est passé en 1789 en France : la révolution sociale et le renversement de l’ancienne classe dirigeante. C’est la seule manière de dépasser la crise actuelle en faisant en sorte que l’Humanité continue d’aller de l’avant.

 Faire connaitre les idées véritablement socialistes et communistes que certains militants ont défendu durant toute leur existence : des révolutionnaires comme Auguste Blanqui, Karl Marx, Friedrich Engels, Lénine, Rosa Luxemburg et Léon Trotsky. Mettre en avant leur combat et étudier leurs écrits ne signifie pas, contrairement à la méthode stalinienne ou maoïste, fabriquer une idéologie de type religieux mais étudier le monde de manière scientifique en vue de le comprendre et de le transformer. Nous ne renions pas les idées révolutionnaires sous prétexte qu’elles seraient anciennes, mais nous ne les considérons pas comme des écrits bibliques et nous ne considérons pas les anciens dirigeants révolutionnaires comme des prophètes.

 Construire une organisation, capable de donner un point de vue prolétarien sur les situations, d’intervenir dans les grèves et des mouvements sociaux, de leur donner un caractère de classe et non corporatiste contrairement à ce que font en ce moment les syndicats, d’aider les travailleurs à mettre en place des formes d’organisation indépendantes des travailleurs, doit rester une préoccupation centrale des militants révolutionnaires. Effectivement, nous n’avons pas d’intérêts de boutique à défendre, ni à développer un esprit fermé de groupe, mais seulement à regrouper des travailleurs et des jeunes sur la base des idées communistes, révolutionnaires, et internationalistes ! La concurrence de boutique entre les différents groupes d’extrême gauche existants reste l’un des obstacles à franchir. Mais le principal obstacle reste le manque d’audace révolutionnaire de ces groupes qui préfèrent accompagner les illusions des travailleurs ou de la population, craignant de s’en isoler, au lieu de se faire les portes-voix d’un prolétariat révolutionnaire pour le moment très minoritaire mais qui a des perspectives claires à offrir. Bien sûr, le débat avec les militants de ces groupes doit continuer mais la divergence sur le rôle des organisations et sur la capacité de la classe ouvrière est fondamentale.

EN RÉSUME, NOUS VOULONS

 que les opprimés n’aient confiance qu’en leur propre force et en leur capacité de diriger la société

 que les travailleurs et tous les exploités mènent une révolution socialiste pour en finir avec la dictature des capitalistes sur le monde

 que la révolution socialiste l’emporte sur la barbarie capitaliste et mène au pouvoir aux travailleurs

"L’émancipation des ouvriers ne peut être l’oeuvre que des ouvriers eux-mêmes. Il n’y a donc pas de plus grand crime que de tromper les masses, de faire passer des défaites pour des victoires, des amis pour des ennemis, d’acheter des chefs, de fabriquer des légendes, de monter des procès d’imposture, — de faire en un mot ce que font les staliniens. Ces moyens ne peuvent servir qu’à une fin : prolonger la domination d’une coterie déjà condamnée par l’histoire. Ils ne peuvent pas servir à l’émancipation des masses. Voilà pourquoi la IVe Internationale soutient contre le stalinisme une lutte à mort."

Léon Trotsky dans "Leur morale et la nôtre"

Ce dont nous ne voulons plus :

 Qu’une classe exploiteuse monopolise les moyens de production, les capitaux et impose au reste de la population de se faire exploiter pour vivre, que cette classe dominante se permette de s’arroger le droit de décider de la vie et de la mort du reste de la population en la jetant dans la misère, en la réprimant ou en la licenciant, parce qu’elle détient en plus le monopole du pouvoir politique.

 Que le capitalisme soit présenté comme le seul moyen de développer l’économie, d’enrichir un pays, alors qu’aujourd’hui l’époque où le capitalisme développait le monde est depuis longtemps révolue. Même aux USA, le capitalisme ne développe plus que la misère. Nous ne voulons plus qu’on nous affirme qu’une autre société n’est pas possible. Il y a eu bien de sociétés humaines avant le capitalisme et il y en aura d’autres après. Les travailleurs sont indispensables au capitalisme et il craint leurs révolutions mais le capitalisme n’est pas indispensable aux travailleurs. Ils peuvent fonder, sur la base des techniques modernes, une société bien plus humaine fondée sur la satisfaction des besoins des hommes.

 Que la classe exploitée se voie refuser ce qui est nécessaire pour vivre correctement et aussi le droit de s’organiser politiquement, syndicalement et localement pour défendre ses intérêts et ceux de la population des quartiers populaires, que les travailleurs, la jeunesse et les milieux pauvres se voient interdire de donner leurs avis sur tous les sujets qui concernent la société.

 Que la classe exploitée soit opprimée également de mille manières, en fonction du sexe, de la région, de la religion, des origines ou de la couleur de la peau.

 Que l’Etat soit au service des exploiteurs, de toutes les manières possibles, en faisant intervenir ses forces de l’ordre (police, armée, justice, administration) contre les travailleurs et pour les exploiteurs, qu’il prenne toutes les décisions en fonction des seuls intérêts des riches et des puissants, en servant le système qui domine le monde, le système capitaliste, lui-même entièrement déterminé par les intérêts du grand capital qui ne s’enrichit que de l’exploitation des travailleurs du monde.

 Que la démocratie soit confondue avec la pseudo-démocratie bourgeoise. La démocratie dont les travailleurs et les peuples ont besoin nécessite qu’ils puissent se réunir librement pour discuter de leurs problèmes et se donner les moyens de les résoudre, notamment en organisant des luttes, mais aussi en décidant définitivement d’organiser eux-mêmes le fonctionnement social en le retirant des mains des exploiteurs. Il ne s’agit pas du seul droit de vote dans les institutions bourgeoises (parlements, présidence) mais du droit de décider des choix à tous les niveau : local, régional, national, aussi bien au plan économique, social et politique. Il s’agit de retirer aux forces armées leurs armes et leur organisation et donc la possibilité de prendre le pouvoir à tout moment en faisant un coup d’état ou d’intervenir pour écraser les mobilisations des masses. Il s’agit de retirer aux classes possédantes leur mainmise sur toute l’organisation de la société en ne leur permettant plus de garder pour elles le pouvoir social, politique, médiatique, militaire ou juridique. Il n’y aura jamais de démocratie là où les besoins des masses populaires ne sont pas satisfaits. Il n’y aura jamais de démocratie là où un patron peut jeter à la rue mille salariés. Il n’y aura jamais de démocratie là où une armée peut prendre en otage une population en instaurant la dictature. Il n’y aura jamais de démocratie là où les généraux, les commissaires, les patrons, les hauts fonctionnaires n’ont aucun compte à rendre à la population. Il n’y aura jamais de démocratie tant que les travailleurs n’auront pas pris le pouvoir politique.

 Que le socialisme et le communisme, représentés notamment par les efforts des travailleurs français en 1871 lors de la Commune de Paris et par ceux des travailleurs russes et européens lors de la révolution de 1917-1920, soient confondus avec des régimes dictatoriaux sous l’égide de Staline, Mao, Castro, Kim Il Sung, et autres Pol Pot. Il n’y a pas plus de communisme dans le stalinisme, qui a été le principal soutien de l’impérialisme en l’aidant à écraser les révolutions prolétariennes, que de socialisme dans l’indien Nehru, dans la social-démocratie de Mitterrand, Blair et Schroeder. Le parti unique, le syndicat unique, le « socialisme dans un seul pays », le régime policier où les travailleurs n’ont aucun droit, n’ont rien à voir avec l’Etat-Commune comme l’appelait Lénine et que défendait Trotsky contre les staliniens. Le socialisme et le communisme, sociétés où les plus larges masses ont un accès direct à toutes les décisions, à tous les niveaux, n’a rien de commun avec le centralisme policier du stalinisme.

 Que le réformisme soit confondu avec la transformation nécessaire de la société. Il ne fait que diffuser des mensonges en cherchant à faire croire que l’on peut éviter la révolution sociale. Il est indispensable qu’il soit clairement dit que sont des menteurs dangereux tous les dirigeants politiques qui prétendent que l’on peut arranger ensemble l’intérêt des exploiteurs et celui des exploités, que la lutte des classes est due à une incompréhension qui peut se résoudre dans un dialogue, que les riches et les pauvres d’un même pays sont du même camp, que le nationalisme défend les intérêts des peuples, que le capitalisme ne doit pas être renversé.

 Que la démocratie soit présentée comme une solution suffisante parce qu’il y a des démocraties bourgeoises et des démocraties prolétariennes, ce qui est très différent. Nous ne défendons qu’une seule sorte de démocratie : le pouvoir de tous ceux qui ne vivent que de leur travail sans exploiter personne. Nous ne défendons qu’une seule société d’avenir : celle où il n’y aura plus de classes, plus d’exploiteurs, plus d’oppression et plus d’Etat parce qu’il n’y aura plus besoin de diviser les peuples.

N’acceptons pas la logique destructrice du capitalisme en crise

Patrons et gouvernants nous baratinent. Les chefs d’Etat prétendent nous sortir de la crise en inondant le monde de milliers de milliards qu’ils tirent des caisses des Etats et des banques centrales. Chaque mois, ils en balancent d’autres. Sarkozy annonce encore dix milliards et demi pour les banques et d’autres milliards pour les capitalistes, notamment ceux de l’Automobile. Malgré cela, le capital privé refuse de reprendre ses investissements. Les banques refusent de reprendre leurs crédits. Les industriels, comme ceux de l’Automobile, déclarent manquer de capital et désinvestissent, supprimant massivement des emplois.

Le grand capital refuse de croire à l’avenir du capitalisme. Pourquoi les travailleurs devraient-ils être les seuls à se fier au système, à en accepter les règles ? Pourquoi accepteraient-ils le chantage : pas de travail égale pas d’emploi ? Pourquoi accepteraient-ils d’être licenciés comme les mille intérimaires de Renault-Flins, les 900 de PSA Sochaux, ou les 1200 prestataires renvoyés de Renault-Guyancourt ? Pourquoi devraient-ils attendre comme une catastrophe inévitable des fermetures et des licenciements comme à Renault et PSA ?

Mais, comment se défendre s’il s’agit d’une crise mondiale, demandent les salariés ? C’est comme si une fatalité s’abattait sur nous, disent-ils. C’est comme le froid : il faut attendre que ça passe en se protégeant tant bien que mal. C’est faux. Le printemps ne suivra pas l’hiver du capitalisme. Car il ne s’agit pas d’un refroidissement passager. Les milliers de milliards jetés par les Etats ne peuvent pas restaurer la rentabilité du capital.

Le capitalisme a atteint ses limites. Ses capitalistes n’ont jamais été aussi riches. Mais, justement, c’est là qu’est la cause de la crise. Le capitalisme, ne trouvant pas assez d’investissements rentables, ne peut que s’effondrer. Et nous, travailleurs, n’avons pas intérêt à rester les bras ballants dans une maison qui s’effondre. Les dépenses mirifiques des Etats ne peuvent, en retardant un peu cet effondrement, qu’aggraver la situation des travailleurs. Ils mènent notamment à la suppression des emplois publics, à la dégradation de l’hôpital public, des chemins de fer, de la poste et de l’électricité. Les subsides d’Etat n’empêcheront pas les entreprises bénéficiaires de ces sommes de licencier ou d’imposer du chômage partiel.

S’il n’y a rien de bon à attendre des Etats et des patrons, les travailleurs ne doivent s’en remettre qu’à eux-mêmes pour se défendre dans la crise. Pour cela, il ne faut plus accepter la logique et les lois d’un capitalisme qui se propose de détruire nos emplois, nos logements, notre santé, nos vies.

Plus question d’admettre qu’un patron déclare que les caisses de l’entreprise sont vides. Il faut prendre sur ses revenus et biens personnels. Plus question d’admettre qu’un patron nous dise qu’il n’y a plus de travail. Du boulot ou pas, c’est une question de choix du grand capital en fonction de la rentabilité. Ce n’est pas notre problème. Nous exigeons, dans tous les cas, d’être payés. Plus question d’allocations chômage impayées. Plus question d’électricité coupée, de téléphone coupé, de crédits coupés, de compte fermé, d’emplois supprimés. Quand un capitaliste, un banquier, une assurance sont en difficulté, la société trouve des milliards pour le sauver. Imposons qu’il en soit de même quand il s’agit des travailleurs.

Il faut aussi en finir avec la logique des directions des centrales syndicales qui quémandent des petits accommodements, signent des contre-réformes, divisent les luttes, les lâchent en cours de route et organisent des journées d’action sans lendemain.

Il faut unir les travailleurs précaires, les chômeurs et ceux qui ont un emploi, les travailleurs du public et du privé, les travailleurs de l’Automobile et ceux de l’Audiovisuel, ceux de la Recherche et ceux de la Construction, ceux de l’Enseignement et ceux des grands magasins. C’est à nous de défendre notre avenir. Personne ne le fera à notre place ! Il ne s’agit pas de défendre chacun notre entreprise mais de défendre collectivement le sort de la classe ouvrière.

Les travailleurs, s’ils ne veulent pas subir de plein fouet le chômage, la misère, et aussi les dictatures et les guerres, conséquences inévitables de la crise, comme le fascisme et la guerre mondiale ont été des conséquences de la crise de 1929, doivent diriger eux-mêmes leurs luttes aujourd’hui et devront diriger demain la société.


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Messages

  • Réponse au message de Paul Auster : http://www.matierevolution.fr/spip.php?article842#forum6868

    Merci à toi, Paul Auster, de ce message. Merci de livrer tes réflexions concernant la révolution. Je trouve que ta définition de la révolution serait à revoir. Tu dis à la fin de ton message vouloir une "vraie révolution", alors que pour toi, une révolution, c’est, (et tu cites le Larousse pour donner la définition que tu retiens) le retour à un point fixe.

    Effectivement, avec une telle définition de la révolution, il me semble difficile de ne voir dans l’histoire qu’un perpétuel recommencement. Ta définition de la révolution te fait tourner en rond. Car à mon avis, ce n’est pas l’histoire qui tourne en rond, mais ta définition elle-même fait tourner en rond tes raisonnements.

    Cette définition du retour à un point fixe est complètement liée à ce que tu donnes comme analyse : du temps des pharaons, des rois, des empires, ou du capitalisme tous ont eu le même but... et rien n’a changé, dis-tu en substance.

    Mais alors pourquoi a-t-il fallu une révolution pour que les bourgeois coupent la tête de leurs rois (en Angleterre au 17e siècle, et en France au 18e, par exemple) ?

    Pourquoi, si la révolution est un retour au même point, les classes dirigeantes sont démises ?
    Pourquoi ce ne sont pas toujours les mêmes qui restent au pouvoir ?

    Mon point de vue est très différent du tiens, et même opposé, quoique je t’accorde qu’il serait nécessaire qu’une révolution ait lieu aujourd’hui.

    Pour moi, si les classes dirigeantes se sont succédées, c’est précisément qu’aucun système social n’est stable en soi. Aucune société ne dure éternellement. Une société naît, bâtit son système, vit de ce système, vieillit, cherche des solutions pour perdurer, et finit par mourir.

    Soit en son sein, une classe émerge pour proposer un autre système et une autre organisation sociale, et s’impose (le plus souvent par la violence) à l’ensemble de la société, c’est ce qu’on a vu au 18e siècle quand la bourgeoisie a renversé le système féodal et les rois qui étaient à sa tête.

    Soit un système social s’écroule, et personne ne propose quoi que ce soit pour le remplacer, et la société vit dans une barbarie, c’est à dire une lutte de classe qui n’en finit pas parce qu’elle n’arrive pas à déterminer qui s’imposera pour une forme de stabilité sociale avec une classe incontestée au pouvoir. Cela mène globalement la société à un recul énorme, comme après la fin de la chute de l’empire romain, 10 siècles de barbaries et de guerres en Europe se sont succédées avec le régime féodal. Une lutte de classes permanente qui n’en finit pas de s’exprimer par des guerres, des pillages, des massacres...

    Il me semble que cette deuxième solution est la plus courante dans l’histoire des civilisations et des sociétés. Des hittites aux incas, en passant par la Mésopotamie ou Canaan, beaucoup de sociétés se sont effondrées d’elles-mêmes, faute d’avoir su trouver une force sociale capable de réorganiser leur société sur d’autres bases.

    C’est peut-être cela qui va nous arriver, à moins qu’une classe sociale se propose à s’organiser et préparer un avenir pour le capitalisme mort de lui-même en 2008.

    Pour approfondir tes réflexions, voici une définition de la révolution qui sort de celle que tu cite... et qui permet d’éviter de revenir toujours au même point :

    « Même dans le calme d’une nuit d’été, nous sommes traversés par les échos électromagnétiques du big bang, du rayonnement thermique de l’Univers, des collisions de galaxies et d’étoiles, des explosions de supernovae, des éruptions solaires, des tremblements de terre, des explosions de noyaux radioactifs, des sauts quantiques à petite échelle et des multiples particules virtuelles qui s’échangent à grande vitesse au sein du vide quantique. Tous ces événements sont discontinus, et, à leur échelle, brutaux et même dramatiques. Ils sont le produit de changements qualitatifs, de transitions de phase et de sauts. Nous vivons au sein des révolutions de la matière comme au sein des révolutions sociales, politiques et économiques.

    Nous appelons « révolution » tout état transitoire dans lequel l’ordre établi peut basculer qualitativement et brutalement. Mais, surtout, nous appellerons révolution une situation qui mène à l’émergence brutale d’une structure, qualitativement nouvelle, issue de l’agitation et des contradictions à l’échelon hiérarchique inférieur, encore appelée auto-organisation. Du coup, ce processus concerne aussi bien les différents domaines des sciences. La politique est particulièrement concernée par la question de l’auto-organisation des prolétaires. Rappelons l’expression qu’en donnait Karl Marx : « Le socialisme sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. » Pour se préparer à devenir un nouveau pouvoir, les exploités ont besoin de retrouver le sens de l’organisation collective et la confiance dans leurs propres forces. »

    Cette citation vient de la page suivante qui propose une réflexion sur ce que nous entendons par révolution.

    • "Une révolution est un renversement brusque d’un régime politique par la force. Elle est aussi définie par le Larousse comme un « changement brusque et violent dans la structure politique et sociale d’un État, qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place, prend le pouvoir et réussit à le garder " cette définition peut constituer une pierre de base aux réflexions portant sur les révoltes aux systèmes en place (voir, révoltes tout court), mais l’adage suivant "Toute conversation absolue est impossible, il n’est pas un seul mot qui ait pour 2 individus la même compréhension, la même extension ni la même puissance d’émotivité" devrait nous inciter à faire preuve d’analyses détachées des dogmes.
      Il faut bien reconnaître qu’il est communément admis qu’une bonne révolution est celle qui met en place une nouvelle tête pour le trône du ou des pouvoirs, peu importe les têtes coupées. C’est là que l’adage cité plus haut prend son sens. Que veut dire révolution ? Dans son sens politique, tout porte à croire que le pouvoir jouit des nouveaux prétendants mégalomanes qu’il a séduit. On retrouve ce sens de révolutions qui se succèdent éternellement sans changer la société à l’instar des révolutions orbitales dans son sens spatial des planètes qui d’une révolution à l’autre, passent éternellement au même point incapables de se soustraire à la gravité ou la force d’inertie. Oui, le terme de révolution est en cause, et surtout l’ensemble des idées qu’il véhicule, ou plus précisément l’ensemble des interprétations que nos conditionnements ancestraux et modernes vrillent dans nos têtes à son encontre. Ces endoctrinements qui nous imposent de construire des ennemis, des cibles. Il est certainement temps d’édifier d’autres concepts Nous pourrons en débattre bien plus en profondeur, si ce court message allume un intérêt

    • Comme promis, je prends le temps de t’envoyer un petit mail. C’est possible aussi parce que j’ai pu me reposer la semaine dernière, ça m’a permis de poser pas mal de choses dans mon esprit. Tu me disais la dernière fois que tu ne comprenais pourquoi je me prenais la tête pour de petites choses, et avec le recul que j’ai aujourd’hui, je dois t’avouer que moi non plus... Cela m’aura permis de faire une petite révolution dans mon esprit, quoique je ne crois pas vraiment en ce mot là.

      Révolution : "nom féminin (du latin revolutio, de revolvere, ramener en arrière) désigne un mouvement d’un objet autour d’un point central, d’un axe, le ramenant périodiquement au même point". Voici l’un des sens premier de ce mots, selon le Larousse. Tu sais, la langue française est belle, c’est l’une des rares langues où il y a un peu près un mot pour tout, aussi savant et élitiste soit-il. Elle est très riche en ce sens qu’un mot n’est jamais employé pour rien quoiqu’on en dise.
      Je ne crois pas vraiment au hasard, et je ne pense pas vraiment que cela soit par coïncidence pur et simple que l’on emploie ce mot là pour définir aussi un "changement brusque et violent dans la structure politique et sociale d’un État, qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place et prend le pouvoir.".

      Alors oui, c’est vrai : " La moindre chose qui se forme au monde est toujours le produit d’une formidable coïncidence" comme le disait le théologien Pierre Theilhard de Chardin dans Le Phénomène Humain, mais un certain Paul Auster nous dit aussi : "Il n’y a pas de coïncidence, l’usage de ce mot est l’apanage des ignorants" dans son célèbre Monn Palace.
      Tu sais, je ne pense pas qu’il y en ait un qui ait plus raison que l’autre, mais qu’en fait il nous renseigne tout les deux sur la même chose. A savoir que ce formidable hasard qui nous permis de nous rencontrer, n’est pas du au hasard. Je veux bien reconnaitre que c’est un peu minimaliste, mais certain nomme cela la synchronicité quand d’autre appelle ça la destinée, et je pense que nous sommes tous d’accord sur le fait que nous sommes, nous, Être-Humains, très peu à contrôler notre destin.
      Alors considérons juste un instant qu’il n’y ait pas de hasard, je trouve que le concours de circonstance serait en effet formidable que le mot qui désigne un changement politique majeur dans une société soit aussi synonyme de tourner en rond pour revenir au même point.

      Revenons en à Marx, et à sa théorie de la lutte des classe qui résume à mon sens la pensée de tout les sociologues qui l’ont suivi, de Bourdieu à Levi-Strauss. On peut, je pense, la vulgariser ainsi.
      Au commencement, des maitres tyrannisaient des esclaves, jusqu’à la révolution des esclaves qui firent tomber les maitres. Les esclaves devinrent rois, et se mirent à tyranniser des cerfs. Jusqu’à la révolution des cerfs qui firent tomber les rois. Les cerfs devinrent bourgeois et se mirent à tyranniser les nouveaux opprimés, les prolétaires... En vulgarisant toujours, Marx voulait éviter une nouvelle tyrannie lorsqu’il a imaginé le communisme. Mais le communisme, en tout cas tel que Marx l’avait imaginé, était une utopie. Et il le savait. Il parlait lui même d’arriver à "la dictature du prolétariat", espérant que le prolétaire ne reproduise pas les même erreurs que par le passé.
      On a vu ce que cela a donné avec L’URSS. De plus, de part se théorie, on s’aperçoit bien qu’au fond une Révolution, n’est qu’un tour sur lui même pour revenir au point de départ.

      Mon analyse est simple alors, que cela soit pour les Pharaons, les Monarchies, ou bien les Empires Capitalistes, tous n’ont eu qu’un seul et unique objectif : que leurs serviteurs soit dans l’ignorance la plus totale. Ce dont ils ont besoin, ce sont d’enfants qui ne conteste pas leur autorité lorsqu’on leur demande travailler comme des bêtes de somme. On le sait tous : le Savoir est une arme. Elle a été particulièrement redoutable à l’époque, avec le monothéisme ou encore, avec la philosophies des Lumières. Je disais la dernière fois qu’il suffisait de garantir du pain a son peuple pour obtenir la paix, je ne suis même pas sur que cela soit suffisant néanmoins. Un enfant qui meurt de faim s’en prend-t-il à ses parents ? Nous tous, et je m’inclus dedans, nous ne sommes que des enfants.
      Papa Pharaon était horrible. Il hésitait pas à sacrifier au nom des dieux pour donner l’exemple. Il hésitait pas à sacrifier pour sacrifier. Pas de livre, et pas d’écriture, hormis pour parler de lui et de sa grandeur. Tu étais sa chose. Tu n’étais rien
      Papa Roi, il était sévère. Voire un peu con. Il te laissait faire ce que tu veux mais il fallait pas que tu lui réponde quand il te parlait. Au risque de finir en prison pour avoir oser penser. Comme on disait, il voulait bien que tu te marie, mais il fallait qu’il goutte avant. Et puis quand tu faisais trop le con, il te tuait, histoire de te rappeler que tu étais sa chose, tu n’étais rien.
      Pour moi toujours, de tout les systèmes "tyranniques", l’Empire Capitaliste est le plus abouti, et il a même un nom : Le Nouvel Ordre Mondial. C’est un papa qui fait pas trop chier. Il te laisse ton indépendance, il te permet de boire autant que tu veux et de te droguer à en perdre la tête, de baiser quand tu veux, et le pire. Par contre si tu veux faire ce que tu veux le weekend, il faut faire les corvées la semaine pour gagner ton argent de poche, sinon il te fout à la rue, histoire de te rappeler que tu es sa chose, tu n’es rien... Mais va surtout pas dire du mal trop fort de lui, car lui aussi est capable de tuer... Coluche, Mickaël, JFK... Rest in Peace

      Plus sérieusement, tout est mis en place dès le plus jeune age pour former des personnalités de cerveau gauche. En témoigne cet extrait d’une analyse de texte :
      Lucien Israël dans son livre "Cerveau droit, cerveau gauche : cultures et civilisations" fait la distinction entre civilisations basées sur des critères de cerveau droit et, essentiellement aujourd’hui, la civilisation occidentale, fondée sur le mariage, très hémisphère gauche, du génie Grec et de la culture judéo-chrétienne. D’autres civilisations se sont, au cours de l’Histoire, développées selon les puissants préceptes du cerveau gauche, des sumériens, aux égyptiens, en passant par les mayas, de la Chine de Confucius à l’Inde des yogis. Elles ont toutes développé une réflexion philosophique très riche, construit une littérature originale, codifié le droit, elles ont pour la plupart été de très grandes civilisations urbaines, impliquant des savoirs théoriques et pratiques très importants, elles ont su modifier l’environnement et le maîtriser au profit des hommes, mais elles se sont toutes éteinte au seuil "de la grande aventure du déchiffrage du monde... au seuil de la société industrielle et de la technologie moderne, qui ne sera empruntée que plus tard à l’Occident." Comme le montrent ces civilisations formidables qui nous ont précédées, et dont les connaissances sont aujourd’hui considérées comme faisant partie du patrimoine de l’humanité, la voie du cerveau gauche ne mène pas qu’à la science.
      Dans les sociétés traditionnelles, l’emprise des dieux, des ancêtres, de la magie est encore déterminante alors que la logique, la raison ou la critique ne sont que secondaires. Ce sont des sociétés qui vivent au rythme de l’hémisphère droit, où l’hémisphère gauche n’est pas encore dominant. Ce sont les Indiens d’Amériques, les Aborigènes d’Australie, les cultures africaines, et d’une façon générale, tous les peuples qui ont gardé un contact étroit avec la nature. Depuis Levy-Strauss on sait que ces cultures, souvent appelées primitives, possèdent en fait des langages d’une extrême complexité et d’une précision inouïe pour tout ce qui concerne les relations entre les hommes et la nature. Ce sont des langues concrètes, qui n’utilisent ni prépositions, ni articles, qui ignorent la négation et qui sont éminemment poétiques, c’est-à-dire dont le sens jailli de la juxtaposition d’images évocatrices. Ce sont bien là, nous l’avons vu les caractéristiques du langage de l’hémisphère droit. Aujourd’hui le contact des civilisations traditionnelles avec la civilisation occidentale , par les critères économiques qu’elle impose au monde et par la télévision qui véhicule son "image du monde", amène des peuples entiers à perdre les racines de leurs cultures traditionnelles.

      Malheureusement, je n’ai pas la solution. Je sais juste que quelque chose ne va pas. J’ai toujours été un enfant turbulent... Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais je ne veux pas de puce sous la peau. Pourquoi pas aussi directement me marquer au fer rouge ??! Or cette science fiction n’est pas si loin, IBM a développé ce que l’on appelle la puce RFID. Elle pourrait être imposée aux américains par le biais de la nouvelle loi sur la Sécurité Sociale Américaine instaurée par... Obama.

      Alors certes, je ne crois pas à l’intérêt de tourner autour d’un axe pour revenir au même point, je pense qu’il serait grand temps de faire une vraie Révolution...

  • Suite de ma réponse pour ce message de Paul Auster.

    Voici la phrase que je commente dans ce message : « la langue française est belle, c’est l’une des rares langues où il y a un peu près un mot pour tout, aussi savant et élitiste soit-il. Elle est très riche en ce sens qu’un mot n’est jamais employé pour rien quoiqu’on en dise. »

    « La langue française est belle. », écris-tu.

    Je ne connais pas une langue qui ne soit belle.

    Chacune a ses particularités, chacune englobe l’histoire d’un peuple, celui qui l’a utilisée, élaborée, transformée. Car aucune loi grammaticale ne permet d’étudier vraiment l’histoire d’une langue. La grammaire fige l’usage des mots, de la syntaxe, interdit presque la liberté d’inventer un nouvel usage de mot, de style, de syntaxe. L’académisme permet de définir une langue qui se veut universelle, alors que chaque jour chaque individu peut tout à fait réinventer l’usage d’un mot, transformer une expression pour lui faire dire autre chose que ce que l’académisme a défini.

    C’est d’ailleurs la profession de tous les communicateurs et politiciens, experts en marketing et communication politique que d’étudier le sens des mots et les créer confusions pour faire passer une politique, rendre populaires les dirigeants de la société. A chacun de voir s’il veut les suivre sur ce terrain-là.

    En français, dis-tu en substance : « Il existe un mot pour à peu près tout. » Mais des nouveaux mots surgissent chaque jour. Et quand tu cherches traduire un texte allemand, par exemple, tu te rends compte que parfois, pour un même mot français il existe 2 mots allemands.

    Aussi, la langue française a trouvé une astuce : parfois, souvent, un même mot a plusieurs sens. Cela permet à la langue française d’être au XVIIe et au XVIIIe siècle une langue utilisée pour la diplomatie : la richesse de la langue et l’ambivalence des mots permet d’adoucir le langage qui aurait pu être plus brutal en allemand, en anglais, en hongrois. Peut-être même est-ce parce que la langue française a été choisie comme langue de la diplomatie que son usage a permis d’approfondir cette capacité à dire chaque chose et son contraire dans la même phrase.

    Donc, le mot de révolution, qui désignait effectivement, au XVIIe sicèle, dans la science galiléenne, le retour cyclique pour une planète, a été forgé en astronomie. Le problème est que le Larousse, ou tout dictionnaire fige les sens des mots. Il ne disent pas l’histoire des mots et ne cherchent pas à travailler le changement de sens des mots.

    Pourtant, l’étude astronomique a permis de déterminer que la révolution des planètes, qui semble être un retour au même point, n’est jamais figée.
    L’astronomie moderne a repéré que les mouvements des planètes varient d’année en année. Des fluctuations ont lieu autour de la courbe approximative que décrit chaque planète autour du soleil.

    En fait, il est nécessaire d’approfondir la réflexion, précisément parce que le Larousse ne le fait pas pour nous.

    Car sens figé de manière synchronique, à un instant T, ne permet pas d’étudier l’évolution et la diachronie, l’histoire de la langue. Or, cette histoire de la langue cette évolution est liée à l’évolution des idées.
    Ainsi, tant en astronomie qu’en sociologie ou plutôt dans les sciences de l’évolution historique et sociale, le terme de révolution a pris un autre sens que celui retenu par le Larousse. Il s’agit de la rupture avec un ordre social établi, ce qui montre qu’aucun ordre n’est jamais éternel.

    Ici ou là, au fil de tes lectures sur le site, l’approfondissement de ce point de vue permettra d’affiner les raisonnements concernant ces réflexions. Bonnes lectures et au plaisir de tes réactions et commentaires, qui m’ont été bien utiles pour appronfondir et expliquer mon point de vue.

    A bientôt

    F. Kletz

  • “ Plus d’obéissance passive, plus de nivellement mécanique de la part des autorités, plus d’écrasement de la personnalité, plus de servilité ni de carriérisme. Un bolchevik n’est pas seulement un homme discipliné : c’est un homme qui, dans chaque cas et sur chaque problème, se forge lui-même sa propre opinion, la défend courageusement et en toute indépendance, non seulement contre ses ennemis, mais aussi à l’intérieur de son propre Parti. ”

    LEON trotsky

  • « Je vois les hommes se différencier par les classes sociales et, je le sais, rien ne les justifie si ce n’est la violence.

    Einstein dans « Comment je vois le monde »

  • Quel lien entre exploitation et révolution ?

    « Mais il y a une seule chose qui regroupe le peuple dans des commotions séditieuses, et c’est l’oppression. »

    Locke, Lettre sur la Tolérance (1689)

  • Effectivement, la révolution produit en même temps les moyens de ses buts...

    "A un certain stade de l’évolution des forces productives, on voit surgir des forces de production et des moyens de commerce qui, dans les conditions existantes, ne font que causer des désastres. Autre conséquence : une classe fait son apparition d’où émane la conscience de la nécessité d’une révolution en profondeur, la conscience communiste (...) Pour produire massivement cette conscience communiste, aussi bien que pour faire triompher la cause elle-même, il faut une transformation qui touche la masse des hommes ; laquelle ne peut s’opérer que dans un mouvement pratique, dans une révolution. Par conséquent, la révolution est nécessaire non seulement parce qu’il n’est pas d’autre moyen pour renverser la classe dominante, mais encore parce que c’est seulement dans une révolution que la classe révolutionnaire réussira à se débarrasser de toute l’ancienne fange et à devenir ainsi capable de donner à la société de nouveaux fondements."

    Karl Marx - dans "Ludwig Feuerbach"

    "La coïncidence du changement des circonstances et de l’activité humaine ou auto-changement ne peut être considérée et comprise rationnellement qu’en tant que pratique révolutionnaire."

    Karl Marx - dans « Thèses sur Ludwig Feuerbach »

    "Ce qui caractérise toute révolution, c’est que la conscience des masses évolue vite : des couches sociales toujours nouvelles acquièrent de l’expérience, passent au crible leurs opinions de la veille, les rejettent pour en adopter d’autres, écartent les vieux chefs et en prennent de nouveaux, vont de l’avant, et ainsi de suite."

    Trotsky - dans "L’avènement du bolchevisme"

  • Pourquoi devrait-on vous faire confiance plus qu’à d’autres ?

  • Tout d’abord, où avez-vous cru voir que nous vous avons simplement demandé de nous faire confiance, de nous suivre simplement par une confiance indiscutée, invérifiée, de nous choisir sans nous contrôler ? Jamais ! Et pourtant vous pouvez constater que nous ne sommes pas comme les autres. Jamais nous ne vous demanderons de décider à votre place, de nous réunir à votre place, de combattre à votre place. Jamais nous n’avons prétendu gagner quoique ce soit pour vous et sans vous ! Vous pouvez compter sur nous parce que nous n’appuierons jamais tous les faux slogans qui vous chanteront. On ne vous suivra pas dans toutes les impasses où il vous plaira de vous fourrer. On ne vous chantera pas toutes les rengaines mensongères que vous aurez envie qu’on vous chante. On ne cautionnera pas tous les mensonges auxquels vous aurez cru. Même si vous insistez fortement, on ne le fera pas. Et dès aujourd’hui, on ne le fait pas… On ne vous propose pas de suivre une autre organisation que celle que vous fonderez vous-mêmes avec vos camarades de travail, que vous contrôlerez vous-mêmes, avec des délégués révocables à tout moment et n’ayant de comptes à rendre qu’à leurs électeurs et aucun lien avec nos adversaires. Nous vous proposons de vous battre pour un programme que vous aurez vous-même contribué à établir, avec des moyens d’action que vous aurez vous-mêmes décidé, et avec des buts que vous déciderez par vous-mêmes en débattant avec vos camarades de travail. Des partis, des syndicats, des associations auront envie de vous proposer des choses : ils n’auront qu’à les soumettre à des assemblées générales et pas à en convenir entre organisations dans votre dos ! Quant à ceux qui veulent absolument que des organisations décident à leur place, rédigent des revendications à votre place, se réunisse à votre place, sachez que, même si vous ne le demandez, nous ne les cautionnerons pas et les dénoncerons même si vous nous demandez de ne pas le faire !

    Ensuite, ce que nous vous proposons, c’est d’abord d’étudier la situation, la signification de la crise du monde capitaliste, des politiques des classes dirigeantes, des possibilités des prolétaires et pas de faire confiance aveuglément à qui que ce soit !

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