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Qui est le prix Nobel de la paix Ellen Johnson Sirleaf ?

samedi 8 octobre 2011, par Robert Paris

Qui est le prix Nobel de la paix Ellen Johnson Sirleaf ?

Présentée au prix Nobel avec deux autres femmes qui ont milité pour les droits de l’homme et même pour la révolution, on pourrait la prendre pour quelqu’un du même type, mais ce n’est pas le cas. C’est la présidente du Libéria, acclamée sur tous les tons par les grandes puissances. C’est une femme à poigne, diplômée d’Harvard, ancien cadre de la Banque mondiale, ministre des Finances dès les années 1970 au Liberia, puis emprisonnée sous le régime suivant, celui de Samuel Doe. Elle est la coqueluche de la communauté internationale, qui souligne que la paix est revenue dans le pays depuis huit ans, qui salue l’action d’Ellen Johnson Sirleaf. Elle est présentée comme celle qui en a fini avec la guerre civile et avec le dictateur Charles Taylor, alors qu’elle avait soutenu ce dernier et gouverne avec les anciens chefs militaires de Charles Taylor...

Avec la candidature de Prince Johnson, cet ancien chef rebelle élu sénateur, c’est toute l’horreur de la guerre qui s’invite dans les urnes. Dans son rapport final publié en 2009, la Truth and Reconciliation Commission (TRC) a placé son nom en tête d’une liste de personnes accusées notamment de crimes de guerre. Son CV est particulièrement fourni : meurtres, massacres, recrutements forcés, viols, torture… On lui doit notamment l’assassinat et la torture en partie filmée de l’ancien président Samuel Doe. La TRC recommande qu’il soit poursuivi en justice. Si une terreur comme Prince Johnson bat aujourd’hui campagne alors qu’il pourrait tout aussi bien être en train d’écrire ses mémoires en prison, c’est parce que la présidente elle-même a un passé trouble et beaucoup de soutiens dans les anciens chefs de guerre...

C’est celle qui est aussi appelée la "dame de fer" car elle prétend s’être attaqué à la corruption, en fait aux fonctionnaires libériens, mais elle a aussi été bras droit des dictateurs précédents comme Tolbert et de grands organismes financiers qui pillent l’Afrique, et a financé Charles Taylor... C’est dire qu’elle n’est nullement dans le camp des opprimés. Elle n’est ni militante pour les femmes, ni pour la paix, ni pour les plus pauvres ! Quand elle prétend défendre les femmes, ce sont celles de la bourgeoisie. Elle est présidente de l’"Institut international pour les femmes dirigeantes en politique" !! Elle a été vice-présidente de la City Bank des USA... C’est dire ! Et elle a eu des responsabilités à toutes sortes de banques, dont la Banque Mondiale.

Dans les accusations contre elle pour avoir toujours soutenu Charles Taylor pendant la guerre civile, elle a reçu le soutien public de l’administration Obama...

Elle est la fille de deux familles, une de chefs tribaux traditionnels et l’autre de la grande bourgeoisie commerçante. A l’accusation de faire partie des élites dirigeantes américano-libérienne qui profitent sur le dos du Libéria, elle répondu « je ne crois pas que ces classes existent encore ; elles se sont dissoutes par les mariages intercommunautaires et l’intégration. » Cependant, c’est à ce titre qu’elle a participé aux gouvernements des années 70 qui étaient entièrement aux mains de cette « élite ». La population du Liberia se répartit en deux composantes principales : les peuples autochtones, qui constituent 95 p. 100 de la population et sont représentés par une quinzaine de groupes ethniques — dont les plus importants sont les Kpellés (25 p. 100 de la population), les Bassa, les Gio, les Krous et les Vaïs ; les Américano-Libériens, descendants d’esclaves affranchis venus des États-Unis au XIXe siècle (5 p. 100 de la population).

Elle est très loin d’avoir démontré au pouvoir qu’elle était contre la corruption. Par exemple, en 1973, elle a été contrainte de quitter son poste au ministère finance sur une accusation pour des détournements de fonds publics.

Le chef de l’Etat libérien est cité au nombre « des financiers et des leaders politiques » des différentes factions qui ont pris part au conflit armé. Entendue par la Commission en février dernier, Ellen Johnson Sirleaf avait avoué qu’elle avait rencontré à maintes reprises Charles Taylor (président du Liberia de 1997 à 2003) durant la guerre civile. De même, elle a reconnu qu’elle avait collecté des fonds pour le chef de guerre. Outre la présidente, plusieurs membres de son gouvernement ont été épinglés par la Commission Vérité et Réconciliation installée en 2006. Huit chefs de guerre sont également dans son collimateur. Elle préconise leur inculpation pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité et la mise en place d’un tribunal spécial pour le Liberia où ils seront jugés. Parmi eux, Charles Taylor. Il fait déjà l’objet d’une procédure judiciaire pour sa participation au conflit armé (1991-2001) dans l’Etat voisin de la Sierra Leone. Il été arrêté le 29 mars 2006, puis transféré à La Hague pour être jugé devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL). Il est accusé d’avoir soutenu le Revolutionary United Front (RUF) de Foday Sankoh, impliqué dans la guerre civile.

Le moins que l’on puisse dire est que c’est une femme de la bourgeoisie qui n’a pas eu peur de se salir les mains au service des classes dirigeantes. Elle a su négocier la paix, mais ce n’est pas les chefs de bande qui en ont pâti...

Certes, le Libéria n’est plus en guerre, mais le peuple continue de souffrir....
La survie au quotidien reste très difficile, l’eau et l’électricité sont revenues à Monrovia, la capitale, mais pas dans les campagnes.

Sa chronologie :

D’abord deux participations gouvernementales avec Richard William Tolbert :

* 1972–1978 : secrétaire d’État aux finances du Liberia ;

* 1979–1980 : ministre des Finances du gouvernement du Liberia ;

*1981 : poste responsable à la Banque Mondiale

* 1982 à 1985 : poste responsable à la City Bank

* 1986–1992 : vice-présidente et membre du Comité de direction de la banque Equateur à Washington ;

* 1988–1999 : membre du Comité de direction The Synergos Institute ;

* De 1989 à 1995, elle finance et soutient la guerre civile menée par Charles Taylor. Elle rencontre plusieurs fois son chef.

* 1992–1997 : directrice du programme de Développement des Nations Unies ;

* 1997 : leader du parti bourgeois pro-américain appelé Parti de l’unité ;

* 2004–2005 : présidente de la Commission de bonne Gouvernance (Liberia) ;

* 2005 : leader du Parti de l’Unité ; candidate à la présidence ; L’épouse de Charles Taylors, Jewel, s’est rangée aux côtés de Ellen pour le deuxième tour.

* 2006 : présidente de la République. Après des années d’exil et deux séjours en prison, à peine arrivée au pouvoir, Ellen Johnson Sirleaf frappe alors un grand coup, licencie tout le personnel,du ministère des finances, qu’elle prétend entièrement corrompu, et se paye le luxe de le leur annoncer personnellement, ce qui lui vaut le surnom de "Dame de fer".

Elle est accusée dans son pays de ne pas avoir tenu ses promesses en matière économique et sociale - le chômage touche 80% de la population. Deux tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté...

* 2009 : La Commission Vérité et Réconciliation, dans son rapport, la cite comme l’une des personnes ne devant pas occuper de postes officiels pendant 30 ans pour avoir soutenu l’ancien chef de guerre Charles Taylor, président de 1997 à 2003.

* 2011 : elle se représente aux présidentielles alors qu’elle s’était engagée à ne pas se présenter à plus d’un mandat. Un mensonge de plus.

Près de 90% des Libériens doivent se débrouiller avec l’équivalent d’un euro par jour. Le chômage frappe 80% de la population et condamne plus de neuf jeunes sur dix à l’oisiveté. Ce qui aura d’ailleurs permis au clan de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo de recruter à peu de frais des cohortes de mercenaires.

Au palmarès de l’indice de développement humain des Nations unies, le Liberia apparaît encore à une peu flatteuse 162e place sur 169. La corruption, élevée d’emblée au rang d’"ennemi public n°1", persiste à gangrener le tissu social. Quant aux violences sexuelles infligées aux femmes et aux mineurs, terribles legs de l’époque ou miliciens sanguinaires et enfants-soldats faisaient la loi, demeure un obsédant fléau. Autre ligne de fracture, moins connue : celle qui passe entre l’élite aux ancêtres venus d’Outre-Atlantique, et les "natives", victimes un siècle et demi durant d’un implacable ostracisme.

Dans le document intitulé "Les bonnes intentions ne suffisent pas : la lutte pour la réforme des prisons du Liberia", l’ONG Human Rights Watch "décrit les conditions épouvantables" qu’elle a observées "dans quatre des quinze prisons libériennes en dépit de certaines mesures encourageantes adoptées par le gouvernement dans le but d’améliorer le système carcéral".

Des délégués d’Amnesty International ont visité en 2010 et 2011 quatre prisons libériennes, "aucune n’avait l’eau courante", indique le rapport, relevant de "terribles répercussions sur la santé et la sécurité des détenus" en raison "de la grave surpopulation" carcérale.

Selon les estimations de l’ONG, "1.500 à 1.700 personnes" sont incarcérées dans quinze maisons d’arrêt au total au Liberia. Parmi ces détenus, figurent 50 femmes et de nombreux enfants en attente de jugement depuis plusieurs mois.

La prison centrale de Monrovia, "la plus grande du pays", a une capacité d’accueil de 374 détenus mais en abrite 839.

Certains dorment à même le sol, d’autres sur une fine couche de mousse faisant office de matelas, d’autres encore "dans des hamacs de fortune faits à partir de sacs de grain accrochés à 3 ou 4 m du sol, faute d’espace" par terre.

L’homme d’affaires milliardaire Bob Johnson, un des soutiens de Sirleaf

Le nouveau Libéria des amis de Sirleaf

Monrovia, la capitale, de la richesse et de la misère...

Les campagnes : que de la misère !

La plus vaste plantation de caoutchouc au monde

Je veux parler ici d’une entreprise spécifique, la firme de pneus Firestone Tire & Rubber Co. Dès 1925, celle-ci a sorti des milliards de dollars de bénéfice du Liberia. A l’époque, Firestone a fait main basse sur 400.000 hectares de terrain, ne payant au gouvernement libérien que 6 cents l’arpent (15 cents l’hectare). Un vol pur et simple. Firestone allait installer la plus grande plantation de caoutchouc au monde à Harbel, sur la rivière Farmington, qui lui offrait un débouché sur la mer.

George Padmore, communiste de Trinidad et savant africain, a écrit que « l’entreprise exigeait que le gouvernement libérien souscrive un emprunt de 5 millions de dollars, à 7% d’intérêt, sinon Firestone allait mettre un terme au plan de développement qu’il proposait. Le peuple libérien voyait d’un très mauvais il une telle charge financière, mais il finit par céder à la pression du géant du Nord. Firestone voulait que le gouvernement accepte cet emprunt de façon qu’il y ait des fonds disponibles pour la pose d’une ligne de chemin de fer et pour l’extension du port de Monrovia ».

Cet « emprunt » allait constituer l’amorce des dettes du Liberia vis-à-vis des Etats-Unis, dettes contractées pour la construction des infrastructures requises par les entreprises américaines pour la bonne marche de leurs affaires.

A l’origine, des dizaines de milliers d’Africains travaillaient dans la gigantesque plantation de Firestone, qui allait chercher les jeunes gens dans leurs villages pour les incorporer à son économie financière toute neuve. L’entreprise publiait d’élégantes brochures à propos des maisons, des routes, des cliniques et des écoles qu’elle proposait à ses travailleurs. Mais la réalité était tout autre. Au fil des années, les travailleurs allaient s’organiser et se battre pour la hausse de leurs salaires et l’amélioration de leurs conditions de travail. Mais, chaque fois, ils se heurtaient à la violence, aux fermetures et, ces dernières années, à des licenciements massifs.

En 1997, la plantation employait encore 8.000 travailleurs. Ceux-ci se mettaient en grève pour une meilleure protection sociale, pour de meilleurs logements et de meilleures conditions de travail ainsi que pour la réembauche de 8.000 anciens travailleurs de la plantation. C’est ce qu’annonce l’AFPp dans un rapport du 10 septembre de cette même année 1997 et transmis à la ronde par la Confédération internationale des Syndicats libres. Les grévistes accusaient également Firestone d’avoir fermé 45 unités uniquement à des fins de réduction du personnel.

Au moins six ouvriers avaient été blessés lorsque les troupes gouvernementales et les « défenseurs de la paix » de l’Ecomog avaient ouvert le feu sur eux. L’Ecomog est une armée des pays anglophones de l’Afrique Occidentale, au sein desquels le Liberia joue un rôle prépondérant. Le Pentagone veut que les troupes de l’Ecomog soient également de la partie si, prochainement, une force d’intervention débarque au Liberia. Du point de vue des stratèges américains, l’Ecomog constitue une arme importante dans la lutte inter-impérialiste entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne d’une part et la France d’autre part pour le contrôle sur les marchés africains générateurs de profits.

Des obligations pourries et des salaires de 2,53 dollars par jour

Quatre ans après cette grève des travailleurs de Firestone, leur nombre a encore baissé. La multinationale qui, entre-temps, a fusionné avec les Japonais de Bridgestone, s’est retirée du business des plantations et a investi son capital ailleurs.

Dans la revue Mother Jones (mai/juin 2001), David Goodman écrivait : « Normalement, les 5.600 travailleurs de la plantation doivent disposer d’un logement gratuit. Une visite de la plantation Firestone,en novembre, nous a permis de voir les conditions de vie absolument déplorables de nombreux travailleurs. Les maisons s’entassent les unes sur les autres, on y trouve des taudis de carton et de tôle ondulée maintenus avec de la ficelle et des bouts de bois. Un groupe d’habitation est flanqué d’une décharge nauséabonde devenue le terrain de jeux des enfants. Des familles habitent dans les restes calcinés des maisons détruites durant la guerre, souvent sans toit. Aucune des maisons n’a l’eau courante ni l’électricité. Les taudis se trouvent juste hors des regards des luxueuses villas des responsables de l’entreprise. »

« Le besoin de logements passe par-dessus toutes les autres exigences des travailleurs libériens. Le pays compte 85% de sans-emploi. En fait, Firestone fait exactement ce que bon lui semble. Les représentants syndicaux disent que les récolteurs de caoutchouc gagnent 2,53 dollars par jour en travaillant 8 heures par jour et 6 jours par semaine. « Il est difficile de survivre avec un tel salaire », déclare le président de syndicat Richard S. Fatorma. En outre, ajoute le syndicat, ces dix dernières années, Firestone a encore réduit son personnel de moitié de sorte que la charge de travail a doublé pour les autres, sans toutefois que leurs salaires ne soient augmentés. »

« Les travailleurs se plaignent également de ce qu’ils se sentent malades lorsqu’ils doivent asperger les arbres au Difolatan, un produit qui accroît la production du latex. Aux Etats-Unis, les services de santé ont placé le Difolatan sur la liste des (éventuels) produits cancérigènes et il pourrait également provoquer de l’asthme et des irritations de la peau. »

Mais qu’a fait Firestone de tout cet argent entassé, après toutes ces années ? Plusieurs décennies au cours desquelles il ne payait à ses dizaines de milliers de travailleurs que quelque cents de l’heure ­ et ouvrait même le feu sur eux lorsqu’ils s’organisaient et se rebiffaient ?

L’entreprise s’est installée, entre autres, sur le marché des obligations bidon. Au cours des années 60, elle a injecté pas mal de cash dans la Drexen Bank de Philadelphie qui, à l’époque, vivotait et qui, après cela, allait s’appeler la Drexel Firestone. En 1973, après une fusion, la firme allait être rebaptisée Drexel Burnham Lambert, une nouvelle étoile au firmament de Wall Street. Cela allait durer plus de dix ans, jusqu’au moment où son principal PDG, Michael Milken, se voyait condamné pour délit d’initié et se retrouvait en prison. L’entreprise capotait en 1990. Tout l’argent extorqué cent par cent aux travailleurs libériens du caoutchouc s’en allait en fumée.

L’indignation était grande à Wall Street, du fait que la Drexel Burnham Lambert avait dilapidé le capital de toute une foule de richards en opérant des doubles ventes et en faisant des investissements à risque. On trouvait cela immoral, irresponsable et illégal. Mais personne n’allait penser un instant à la provenance réelle de cet argent de Firestone, c’est-à-dire les ouvriers africains qui avaient travaillé pour un salaire de famine.

Firestone s’était tellement accoutumé aux gros bénéfices extorqués dans ses transactions libériennes qu’il ne pouvait résister à la perspective de la richesse incalculable qu’offrait le marché des obligations bidon.

Ce dont les Libériens ont besoin, ce n’est pas de « défenseurs de la paix » venus opprimer les travailleurs et maintenir l’exploitation en place, mais d’une vraie souveraineté ainsi que de dédommagements de la part des milliardaires et de leurs entreprises qui ont rendu leur pays exsangue.

La guerre civile

CHRONOLOGIE

* 1979 : Des émeutes, provoquées par l’augmentation du prix du riz, éclatent. La répression qui s’ensuit fait plusieurs centaines de victimes. L’année suivante, les adversaires de Tolbert, enhardis par l’autorisation des partis d’opposition, tentent de le renverser. Leur meneur, Gabriel B. Matthews, ainsi qu’une douzaine d’autres insurgés, sont arrêtés.

* 12 avril 1980 : Le sergent-chef Samuel K. Doe, un Krahn, s’empare du pouvoir à l’issue d’un coup d’État sanglant. Ce changement de pouvoir subit donne lieu à un véritable bain de sang : le président Tolbert est éventré et ses plus proches collaborateurs sont exécutés et offerts à la vindicte populaire. Cette image sanguinaire va rester comme une marque indélébile apposée sur le régime de Doe. Ce putsch marque la fin du contrôle de l’État par la minorité américano-libérienne et son effacement provisoire de la scène politique. Le sergent-chef Samuel K. Doe, qui s’octroie le grade de général, prend la tête d’un Conseil de la rédemption du peuple (People’s Redemption Council). Il suspend la Constitution, supprime les libertés politiques et s’attribue les pleins pouvoirs.

* Juillet 1984 : Sous la pression des États-Unis, Doe, devenu général, consent à quelques gestes d’apaisement en promulguant une nouvelle Constitution.

* Octobre 1985 : Doe muselle les partis d’opposition et manipule les résultats de l’élection présidentielle. Le régime est alors très clairement caractérisé par la corruption, la violation systématique des droits de l’Homme, et ce dans un contexte diplomatique (tension des relations avec les États-Unis) et économique (chômage, inflation) des plus tendus.

La guerre civile

L’opposition au régime de Samuel Doe, de plus en plus vigoureuse, s’organise sous l’impulsion et l’autorité de Charles Taylor, un économiste formé aux États-Unis et qui s’appuie sur la communauté de sa mère, les Gio. Amorcée depuis la région du mont Nimba, la révolte gagne rapidement l’ensemble du pays, sans rencontrer d’opposition sérieuse de la part des forces armées, dont la seule action consiste en actions de représailles contre les populations civiles. Très vite, les insurgés sont aux portes de Monrovia, mais des dissensions internes au NPLF empêchent Taylor de remporter la victoire décisive qui lui semble promise. Elles proviennent, pour l’essentiel, d’un désaccord entre le chef de la rébellion et un de ses principaux lieutenants, Prince Johnson qui, à l’été 1990, fait sécession et entraîne avec lui un millier de partisans afin de fonder l’INPLF (Independent National Patriotic Front of Liberia). Parallèlement, la Cedeao décide de l’envoi d’une force d’interposition, l’Ecomog, chargée de défendre Monrovia, d’instaurer un cessez-le-feu, de désarmer les factions rivales, afin d’instaurer une conférence nationale, préalable nécessaire à un retour à la paix.

* A la fin de l’année 1990 : Charles Taylor contrôle 90 % du territoire libérien, à l’exception de la capitale.

* Septembre 1990 : Samuel Doe est assassiné par les partisans de Prince Johnson . Malgré la pression internationale, la situation n’évolue guère dans les mois qui suivent

* 1992 : Les forces de Taylor engagent de nouveaux combats afin de prendre la capitale : l’échec de cette seconde bataille de Monrovia marque le début du déclin du NPLF qui doit à la fois faire face aux forces de l’Ecomog et à l’apparition de nouvelles factions menées par des chefs de guerre qui s’arrogent le contrôle de certaines portions du territoire. C’est le cas de l’ULIMO dont une première faction emmenée par Alhaji Kromah se désolidarise de celle fédérée par Roosevelt Johnson.

* 1993 : C’est l’enlisement, personne n’arrivant à s’octroyer un avantage décisif par les armes. A cette date, le nombre des victimes s’élève au moins à 150 000 morts et le pays souffre de l’embargo imposé par les Nations Unies.

* Débute alors un long processus de négociations, entrecoupé par une reprise, plus ou moins intense, des combats.

* 1991 : Conférence de réconciliation nationale organisée sous l’égide de la Cedeao (échec).

* 1993 : Tentative de signature d’accords de paix.

* 1994 : Tentative de formation d’un gouvernement transitoire.

* 1995 : L’accord d’Abuja suscite des espoirs dans la mesure où, pour la première fois, l’ensemble des chefs des factions rivales, sont invités à participer à un gouvernement d’union nationale.

* Avril 1996 : Cet accord se révèle cependant insuffisant pour empêcher la reprise des combats.

* 28 mai 1996 : L’Ecomog reprend le contrôle de Monrovia, une ville morte, pillée par les combattants. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest arrive à imposer l’organisation d’élections générales et le désarmement des factions. Le désarmement volontaire ne concerne de manière effective que le tiers des miliciens en armes. Les factions se sont transformées en partis politiques et ont accepté le processus électoral, moins par enthousiasme que par les effets d’une prise de conscience de l’impasse dans laquelle cette guerre civile a conduit le pays.

* 19 juillet 1997 : Charles Taylor, le leader du National Patriotic Front of Liberia (NPFL), est élu président avec 75 % des voix à la suite d’un scrutin qualifié de "globalement libre et transparent", expression qui laisse planer des doutes quant à la validité de l’élection, et ce malgré la présence de nombreux observateurs étrangers dépêchés par des organisations internationales afin de valider le scrutin. Malgré les horreurs de la guerre civile dont il a été l’initiateur, le président du Liberia bénéficie de la confiance des pays occidentaux. Ceux-ci voient en lui la seule personne capable de faire régner l’ordre dans ce pays, dont l’exploitation des richesses (forêts, diamants) est, pour l’essentiel, à l’origine du conflit. Les plaies mettront cependant longtemps à cicatriser, avec des milliers d’enfants utilisés comme combattants et qu’il faut réinsérer, plus de 200 000 morts et le quart de la population réfugiée ou déplacée.

* En novembre 1997, le mandat de la MONUL s’étant achevé le 30 septembre, l’ONU crée le Bureau d’appui des Nations unies pour la consolidation de la paix au Libéria (BANUL), dirigé par un représentant du Secrétaire général. Sa tâche principale est d’aider le gouvernement à consolider la paix après la victoire du président Charles Taylor dans les élections multipartites de juillet 1997.Avec le plein appui du Conseil de sécurité, le BANUL semble ainsi faciliter la promotion de la réconciliation nationale, de la bonne gouvernance et aide à mobiliser une assistance internationale en vue de l’exécution de programmes de reconstruction et de développement.

* En 1998, l’ECOMOG quitte le Libéria.

Après la mort de Tubman en 1971, le président Tolbert prétendit améliorer la situation économique de la population, mais il ne réussit qu’à accentuer le clivage entre la minorité des Américano-Libériens aisés et la majorité des autochtones pauvres. Pendant ce temps, le taux d’alphabétisation était de 95 % chez les Américano-Libériens, mais seulement de 24 % pour les autochtones, et encore grâce aux missionnaires. Ayant échoué dans sa tentative de libéralisation, Tolbert fut renversé et assassiné en 1980 au cours d’un coup d’État sanglant mené par le sergent-chef Samuel K. Doe qui se fit élire président, cinq ans plus tard. Ce putsch marqua la fin du contrôle de l’État par la minorité américano-libérienne et son effacement provisoire de la scène politique. Au début des années quatre-vingt, quelque 66 % des élèves fréquentaient les écoles publiques du gouvernement, alors que les autres allaient à part égale les écoles privées ou les écoles des missions.

Samuel K. Doe s’octroya le grade de général et prit la tête d’un Conseil de la rédemption du peuple (People’s Redemption Council). Il reproduisit le système de ses prédécesseurs en accaparant le pouvoir et la richesse pour n’en faire profiter que son ethnie d’origine, les Krahn. Par la suite, il suspendit la Constitution de 1847, supprima les libertés politiques et s’attribua les pleins pouvoirs. Sous la pression des États-Unis, le général-président Doe consentit à quelques gestes de « libéralisation » en promulguant en juillet 1984 une nouvelle constitution. Le régime fut nettement caractérisé par la corruption, la violation systématique des droits de l’Homme, et ce, dans un contexte diplomatique et économique très tendu.

C’est dans ce contexte qu’éclata une longue guerre civile destinée à mettre fin au régime corrompue de Samuel Doe. En décembre 1989, un groupe armé conduit par Taylor, appartenant à l’ethnie de sa mère (les Gio), lança une insurrection contre le pouvoir des Krahn. La révolte gagna rapidement l’ensemble du pays, à l’exception de la capitale, Monrovia. Plusieurs centaines des Gio et des Mano, qui avaient été maltraitées par le président Doe, se révoltèrent dans le Nord-Est sous la conduite de Charles Taylor. En 1990, quelque 15 000 personnes trouvèrent la mort dans un conflit qui mettait à jour les rivalités entre les communautés ethniques. L’intervention d’une force africaine d’interposition, l’ECOMOG (de l’anglais ECOWAS : Monitoring Group, issu de Economic Community of West African States), dominée par le Nigeria, ainsi que la nomination d’un gouvernement intérimaire présidé par Amos Sawyer ne purent mettre fin au conflit qui gagnait les régions frontalières de la Sierre Leone. Après la signature sans lendemain de plusieurs accords de paix, des élections générales organisées par l’ONU, sous la surveillance de l’ECOMOG composée essentiellement de Nigériens, donnèrent la victoire à Charles Taylor.

Il aura fallu sept ans de guerre inter-tribale avant que Charles Taylor, le leader du Front national patriotique du Liberia (National Patriotic Front of Liberia : NPFL), puisse être élu président, le 19 juillet 1997. Malgré les horreurs de la guerre civile dont il a été l’initiateur, le président Taylor bénéficia de la confiance des pays occidentaux. Ceux-ci virent en lui la seule personne capable de faire régner l’ordre dans ce pays, dont l’exploitation des richesses (forêts, diamants, etc.) est, pour l’essentiel, à l’origine du conflit, avec des milliers d’enfants utilisés comme combattants. Or, Charles Taylor était réputé pour être un redoutable chef de guerre, disposant d’une fortune colossale. Il n’allait pas en rester là. Cela dit, le pays comptabilisait plus de 200 000 morts et le quart de la population réfugiée ou déplacée.

À partir de 1999, les troupes du président Taylor furent confrontées aux rebelles du LURD (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) soutenus par les États-Unis et par le régime de la Guinée-Conakry (le pays voisin). Des troupes du MODEL (Mouvement pour la démocratie au Liberia) constituées majoritairement de membres de la tribu de l’ex-président Samuel Doe engagèrent une lutte armée contre le régime de Taylor. Des responsables de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se rendirent au Liberia pour convaincre Charles Taylor de quitter le pouvoir afin de permettre une solution politique au conflit. Le 11 août 2003, le président Charles Taylor quittait le pays pour s’exiler au Nigeria. La Communauté internationale et les Libériens virent en cette « capitulation » un signe de rétablissement de la paix, après une guerre qui avait fait environ 200 000 morts.

Messages

  • Nobel du bois qui pleure : "le besoin de logements passe par-dessus toutes es autres exigences des travailleurs libériens. Le pays compte 85% de sans-emploi. En fait, Firestone fait exactement ce que bon lui semble Les représentants syndicaux disent que les récolteurs de caoutchouc gagnent 2,53 dollars par jour en travaillant 8 heures par jour et 6 jours par semaine. « Il est difficile de survivre avec un te salaire », déclare le président de syndicat Richard S. Fatorma. En outre, ajoute le syndicat, ces dix dernières années, Firestone a encore réduit son personnel de moitié de sorte que la charge de travail a doublé pour les autres, sans toutefois que eurs salaires ne soient augmentés. »

  • En février 2014, vingt-deux dirigeants syndicaux à travers le pays ont été virés sans appel par le Ministre de la Santé du Libéria suite à une grève nationale pour une amélioration des conditions de travail dans le secteur de la santé. Vingt d’entre eux ont été réintégrés, à l’exception de Joseph S. Tamba et George Poe Williams, respectivement président et secrétaire général de NAHWAL (Association nationale des travailleurs de la santé du Libéria), affilié à l’ISP. La grève suivait une série de tentatives d’obtenir un changement par la négociation et le dialogue, toutes repoussées par le gouvernement. Ces conditions de travail déplorables ont eu des conséquences fatales : le manque d’équipements de protection, les longues heures de travail et le manque de médicaments dans la lutte contre le virus Ebola a fait des centaines de morts parmi les travailleurs de la santé.

    À ce jour, il reste illégal pour les travailleurs des services publics de former, d’organiser ou d’adhérer à un syndicat qui les représente, malgré la ratification par le Libéria, des conventions 87 et 98 de l’OIT.

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