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Le peuple du rêve

mardi 8 novembre 2011, par Robert Paris

Le peuple du rêve, c’est le peuple des humains !

Ce texte nous donne quelques exemples qui rappellent le poids des rêves dans la civilisation humaine.

En Malaisie comme en Australie, là où on retrouve d’anciens peuples, on remarque l’importance des rêves dans la vie des peuples . En partie oubliée, cette importance du rêve avait été retrouvée par Diderot et, bien entendu, par Freud.

L’homme ne vit pas que de pain.

Dans leur ardeur à pourfendre les religions et autres idéologies passéistes et fatalistes, bien des prétendus marxistes ont basculé de l’autre côté du cheval et rejeté globalement toute philosophie. Ils ont cru lire une telle pensée chez Marx. Cela les a amené à transformer le point de vue de Marx en un économisme additionné à une lutte sociale. Cette vision est anti-dialectique et anti-historique, c’est-à-dire profondément opposée au marxisme… Leur matérialisme se contente de nier les idées, au lieu de considérer que les deux font partie des contradictions internes du réel, c’est-à-dire s’opposent en s’interpénétrant eu sein du même monde. Les rêves font partie de la réalité et la réalité fait partie des rêves.

C’est oublier que Marx et Engels étaient d’abord et avant tout des philosophes issus de Hegel et venus par la philosophie au communisme. En rejetant l’idéalisme de Hegel, ils étaient très loin d’avoir rejeté toute philosophie. Certains l’oublient en interprétant à contresens la phrase selon laquelle il faut passer de l’arme de la critique à la critique des armes. Ils interprètent aussi à contresens (de manière non dialectique) l’idée que les pensées ne sont que le reflet de la vie réelle. Car le monde réel, tel qu’il se réfracte dans notre cerveau, n’est contradictoirement, que l’image de nos pensées et de nos rêves.

Les peuples vivent non seulement de leur travail et de leur organisation sociale, mais aussi de leur vision du monde, de leurs expériences mentales. Le but des révolutionnaires n’est pas seulement de décrire ce qui est afin que cette analyse éclaire la lutte, mais aussi d’éclairer le chemin de l’avenir en donnant à rêver dans un sens qui offre une perspective réelle.

Les objectifs révolutionnaires qui ont parfois été ceux des peuples en révolution sont autant de rêves ayant un sens réel. Ce sont autant des pensées philosophiques que des buts bien matériels. Ce sont des drapeaux des classes exploitées qui permettent de contrer les fausses perspectives développées par les classes dirigeantes. La liberté n’est pas un fait palpable, mais un drapeau idéologique, un rêve pour écraser l’adversaire. Sa réalité provient du fait qu’elle s’enracine sur des classes sociales, sur des groupes opprimés : oppression politique face à une dictature, oppression nationale, oppression sociale… La liberté est un idéal qui peut s’emparer des masses. Il en va de même du pain, de la paix, de la terre. Quand ces rêves s’emparent des masses, ils prennent une signification politique et sociale réelle.

Les peuples ont donné une grande importance à leur idéologie au travers des mythes, des animismes, des religions. Bien sûr, les classes dirigeantes s’en sont emparées pour maintenir un conservatisme social. Cela ne signifie pas que le besoin d’idéologie des peuples se résume à la défense des classes dirigeantes. Les idéologies d’une époque ont été un moment historique du développement des civilisations.

Bien sûr, nous ne sommes pas en train de dire que l’homme peut bâtir un monde réel sur la base de n’importe quels rêves. Ni non plus que l’homme peut rêver à n’importe quel univers. Mais rêves et réalité s’interpénètrent dialectiquement. Ils sont donc inséparables. Privilégier la réalité et l’opposer diamétralement aux rêves est faux, car on serait bien incapables de les séparer. Notre « réel » comprend nos rêves autant que nos rêves comprennent la réalité.

Quelques exemples de « peuples du rêve » d’Australie…

Le terme Pitjantjatjara désigne un peuple aborigène du désert du centre de l’Australie, ainsi que leur langue. Les Pitjantjatjara ont des liens proches avec les Yankunytjatjara, les Ngaanyatjarra et les Ghyeisyriieue ; leurs langues appartiennent à la même famille linguistique, et sont en partie mutuellement compréhensibles.
Les Pitjantjatjara se décrivent comme étant des Anangu. La terre pitjantjatjara se trouve principalement dans le nord-ouest de l’Australie-Méridionale, mais s’étend également au-delà de la frontière de cet État, s’approchant par le sud du lac Amédée, dans le Territoire du Nord. Une petite partie de la terre pitjantjatjara se trouve en Australie-Occidentale.

Comme chez tous les peuples aborigènes australiens, la terre possède une importance cruciale dans la conception identitaire des Pitjantjatjara ; leur identité est inséparable de leur terre et inconcevable sans elle. Le paysage de ce territoire est riche d’histoires ancestrales, liées au « temps du rêve », qui décrivent l’histoire du peuple dans sa relation à la terre, et expriment l’importance éternelle de cet attachement territorial.

Les Pitjantjatjara ont en grande partie abandonné leur mode de vie traditionnel reposant sur la chasse et la cueillette, mais ont conservé leur langue et une bonne partie de leur culture malgré l’influence croissante du reste de la société australienne.

Ils sont aujourd’hui au nombre de 4 000 environ et vivent sur leurs terres en petites communautés éparses.

Parmi les communautés pitjantjatjara, on compte les Pukatja, les Yalata, les Maralinga Tjarutja, les Amata, les Kalka, les Pipalyatjara, les Kaltukatjara et les Areyonga.

Il a été observé que la population Pintupi (dont le territoire se trouve au cœur du désert de Gibson en Australie) avait longtemps eu une forme mythique de conscience prédominante. Ainsi, tous les événements se produisent et s’expliquent par les structures sociales pré-établies et les ordres sont dictés, chantés et réalisés dans le cadre de leur mythologie fantastique, plutôt que dans celui des actions politiques, des décisions et des influences des personnages locaux (c’est-à-dire, un phénomène qui annihile toute notion d’Histoire).

« Le rêve fournit une autorité morale qui dépassent l’individu et la création humaine [...] bien qu’[il] soit, en tant qu’ordonnanceur du cosmos, vraisemblablement un produit des événements historiques. Une telle origine est démentie.

Ces créations de l’homme sont objectivées sous la forme de principes ou de précédents pour le monde actuel. [...] Par conséquent, l’action actuelle n’est pas comprise comme étant le résultat d’alliances, de créations ou de choix humains, mais plutôt comme imposée par un ordre cosmique. »

Dans cette vision du monde, trois longues pistes de lieux sacrés dominent, comme étant des chapelets de lieux importants créés par des personnages mythiques, le long de leur itinéraire à travers la région désertique Pintupi au cours du « rêve ». Il s’agit d’une mythologie complexe faite de récits, de chants et de cérémonies connus par les Pintupi sous le nom de Tingarri et qui est diffusée au cours de grands rassemblements sur le territoire Pintupi.

Le peuple du rêve des Sénoïs

"Dans les années soixante-dix, deux ethnologues américains découvrirent au fin fond de la Malaisie une tribu primitive, les Sénoïs. Ceux-ci organisaient leur vie autours de leurs rêves.

On les appelait d’ailleurs "le peuple du rêve". Tous les matins, au petit déjeuner, autours du feu, chacun ne parlait que de ses rêves de la nuit. Si un Sénoï avait rêvé avoir nui à quelqu’un, il devait offrir un cadeau à la personne lésée. S’il avait rêvé avoir été frappé par un membre de l’assistance, l’agresseur devait s’excuser et lui donner un présent pour se faire pardonner.

Chez les Sénoïs, le monde onirique était plus riche d’enseignements que la vie réelle. Si un enfant disait avoir rencontré un tigre et s’être enfui, on l’obligeait à rêver à nouveau du félin la nuit suivante, à se battre avec lui et à le tuer. Les anciens lui expliquaient comment s’y prendre. Si l’enfant ne réussissait pas à venir à bout du tigre, toute la tribu le réprimandait.

Dans le système de valeurs sénoï, on rêvait de relations sexuelles, il fallait aller jusqu’à l’orgasme et remercier ensuite dans la réalité l’amante ou l’amant désiré par un cadeau. Face aux adversaires hostiles des cauchemars, il fallait vaincre puis réclamer un cadeau à l’ennemi afin de s’en faire un ami. Le rêve le plus convoité était celui de l’envol. Toute la communauté félicitait l’auteur d’un rêve plané. Pour un enfant, annoncer un premier essor était un baptême.
On le couvrait de présents puis on lui expliquait comment voler en rêve jusqu’à des pays inconnus et en ramener des offrandes exotiques. Les Sénoïs séduirent les ethnologues occidentaux. Leur société ignorait la violence et les maladies mentales. C’était une société sans stress et sans ambition de conquête guerrière. Le travail s’y résumait au strict minimum nécessaire à la survie. Les Sénoïs disparurent quand la forêt où ils vivaient fut livrée au défrichement. Cependant, nous pouvons tous commencer à appliquer leur savoir. Tout d’abord, consigner chaque matin le rêve de la nuit, lui donner un titre, en préciser la date. Puis en parler avec son entourage, au petit déjeuner par exemple. Aller plus loin encore en appliquant les règles de l’onironautique. Décider ainsi avant de s’endormir du choix de son rêve : faire pousser des montagnes, modifier la couleur du ciel, visiter des lieux exotiques, rencontrer les animaux de son choix.

Dans les rêves, chacun est omnipotent. Le premier test d’onironautique consiste à s’envoler. Etendre les bras, planer, piquer en vrille, remonter : tout est possible.

L’onironautique demande un apprentissage progressif. Les heures de « vol » apportent de l’assurance et de l’expression. Les enfants n’ont besoin que de cinq semaines pour diriger leurs rêves. Chez les adultes, plusieurs mois sont parfois nécessaires."

 Bernard Werber, L’encyclopédie du savoir relatif et absolu -

Messages

  • Vous employez l’expression "poids des rêves et, effectivement, il me semble qu’ils pèsent lourd...

    • Car le monde réel, tel qu’il se réfracte dans notre cerveau, n’est contradictoirement, que l’image de nos pensées et de nos rêves.

    • Dans le rêve lucide il n y a pas la presence du mentale il n y a pas de pensee nous sommes dans la memoire du corps de reves. tant que l homme ne pourra pas lacher son ego il ne pourra pas apprehender les mondes et les dimensions que nous revelent ses voyages. je ne suppose pas je n elabore pas je fais...je suis une femme qui a ete initiee par les indiens issu du Nagualisme et j explore ces mondes . Mon chemin est celui ci, le meme que mes vies precedentes la quete de l etre eveille et le detachement de son ego pour fusionner dans l univers. le peuple des nuages

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