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Pas de souci, le système prépare notre avenir...

jeudi 10 novembre 2011, par Robert Paris

Pas de souci, le système prépare notre avenir...

Eux qui refusaient même de parler de rigueur, nos dirigeants politiques, de droite comme de gauche, nous parlent maintenant d’austérité et même de faillite de l’Etat. Ils se préoccupent donc de notre avenir et prétendent le régler à notre place. Voyons donc où cela va nous mener...

Pas plus que vous, nous ne lisons dans le marc de café ni dans la boule de cristal, mais il est peut-être possible de raisonner sur l’intérêt des classes dirigeantes qui est le seul guide des dirigeants politiques. La preuve : il suffit que ces classes dirigeantes aient peur que la présence de tel ou tel chef de l’Etat à sa tête nuise à leurs intérêts pour qu’il dégage. Voir ce qui vient de se passer en Grèce et en Italie. Sans le moindre vote populaire, ces chefs d’Etat quittent leur poste sur la seule injonction des marchés financiers et des capitalistes. Belle démonstration que nous avions affaire à des gouvernants des classes dirigeantes, prétendument élus par le peuple... Mais passons là-dessus et, puisque le peuple n’a l’air de regretter ni l’un ni l’autre des dirigeants politiques démocratiquement élus et financièrement démissionnés, préoccupons-nous où tout cela va nous mener.

Tout d’abord, nous remarquons l’efficacité des plans de sauvetage des différents pays comme des plans européens. Actuellement, ils mènent à une déclaration triomphante le lendemain et à une nouvelle chute des marchés le surlendemain... Chaque plan enfonce un peu plus le peuple dans le marasme et la misère et chaque chute des marchés enfonce un peu plus les pays concernés dans la faillite puisque le taux des emprunts d’Etat augmente d’autant plus et la nécessité d’emprunter plus aussi... Cette spirale peut elle avoir une fin ? Certainement pas dans une phase où l’activité économique et commerciale recule et où la spéculation ne peut qu’augmenter, en rappelant que les spéculateurs peuvent autant gagner à jouer à la baisse qu’à jouer à la hausse, le profit naissant seulement de l’anticipation, baissière ou haussière...

Fondamentalement, aucun plan ne peut nullement régler les causes profondes de la crise. Quiconque prétend avoir des solution n’est rien d’autre qu’un menteur. C’est l’essence même du capitalisme qui l’amène aujourd’hui dans le mur et pas telle ou telle politique que l’on pourrait amender.

En effet, l’essence même du capitalisme consiste à en faire un système qui marche en spirale. Cela signifie que l’investissement des profits nécessite qu’il réinvestisse sans cesse ses plus-values et accroisse sans cesse son échelle. La spirale est soit ascendante, soit descendante. Tant qu’il existe suffisamment de capacités d’investissements suffisamment rentables, le capital s’accroît sans cesse en développant l’économie dans la même proportion. Dès que ces investissements sont insuffisants, c’est spirale inverse qui est en marche. Moins les capitaux trouvent d’investissements productifs ou marchands rentables, plus ils trouvent d’investissements spéculatifs et plus la spéculation devient rentable par rapport à l’investissement productif ou marchand. Résultat : la spirale descendante s’entretient d’elle même aussi bien que s’entretenait la spirale ascendante.

Quand cela va s’arrêter ? Quand suffisamment de richesses seront détruites. Comment la spirale s’est-elle inversée dans les crises systémiques précédentes ? Uniquement grâce aux destructions des guerres mondiales ! Donc le système prétend nous pousser à des sacrifices pour sauver le capitalisme, mais ils ait parfaitement que cela n’est pas possible. Seule une destruction générale peut aider le système.

Alors à quoi servent ces plans successifs de sacrifices du type des divers plans Fillon ou des plans grecs, irlandais, espagnols ou italiens ? A préparer progressivement la population et d’abord à la tromper sur les vrais enjeux. En faisant croire que des sacrifices suffisamment importants sauveront l’essentiel (emplois, salaires, retraites), ils nous trompent en effet. Aucun sacrifice ne peut enrayer la spirale descendante. Cela n’a rien à voir. Car c’est la sphère des investissements qui est en cause et non celle des revenus et du partage des richesses. Leur méthode prétendue pour résoudre la crise est équivalente à celle d’un commandant de navire qui propose de jeter du lest quand la coque du navire est complètement fendue et que le bateau coule. Il est progressivement en train de s’enfoncer, mais le fait de jeter par dessus bord les meubles ne va pas l’empêcher de couler. Et il est important que les passagers le sachent pour sauver leurs vies. Quand la dernière phase de coulage du bateau commencera, ce sera trop tard... car cela ira très vite !

Ce n’est pas seulement quelques petits ou gros sacrifices qui sont en cause : ce sont nos vies elles-mêmes et celles de nos enfants.

Si les plans économiques et sociaux d’austérité ne sont que de la poudre aux yeux, quels sont les véritables plans des classes dirigeantes pour l’avenir ? On commence à le voir avec les guerres en cours ou en préparation.

Là aussi, il s’agit pour les gouvernants de camoufler leurs buts et leurs méthodes. On a donc assisté non à des guerres ouvertement destinées à défendre le système, mais au contraire affichant d’autres motifs. Et celles qui se préparent sont tout aussi camouflées.

Ainsi, on a envoyé les armées du monde faire la guerre en Irak sous le motif mensonger des "armes de destruction massives de Saddam Hussein" qui n’existaient même pas dans de vrais rapports des services secrets. Maintenant qu’on le sait, cela n’empêche même pas la guerre d’Irak de continuer...

On a également connu la guerre d’Afghanistan motivée soi-disant par l’attentat du World Trade Center. Motif tout aussi hypocrite. Les USA savaient parfaitement qu’un tel attentat était en préparation et n’avaient rien fait pour l’empêcher car il servait leurs plans, dictés, déjà, par les développements de la crise mondiale. Rappelons que les prévisionnistes économiques annonçaient une chute dramatique de la bourse... du World Trade Center justement deux mois après l’attentat des avions de Ben Laden. L’attaque a permis au marché US plombé de se ressaisir en s’appuyant sur le choc du terrorisme et sur l’effort militaire de défense américain. Et surtout en imposant un énorme effort au peuple travailleur américain au nom de la défense du pays...

L’affaire de la bombe iranienne en dit long sur les intentions guerrières des grandes puissances et sur leur manière de préparer les peuples à un monde en guerre.

A entendre les média, on aurait trouvé les preuves certaines d’une préparation de bombe atomique en Iran. Mais on constate que le rapport de l’agence internationale AIEA qui est censé être cité (avant d’être rendu publique) ne dit pas du tout cela !!!

La réalité, c’est que le rapport lui-même révèle que plusieurs centaines d’enquêtes ne lui ont pas permis de trouver de laboratoire de recherche à but militaire. Par contre, deux pays dont l’AIEA taira le nom (!!!) affirment par leur services secrets être sûrs qu’il y a bien des telles recherches à but militaire de fabrication d’une bombe atomique. Si c’est ces deux pays qui ont les preuves, pourquoi passe-t-on par l’AIEA pour l’affirmer sans pouvoir citer les sources ?

Les renseignements consultés par les sources du Washington Post prouveraient en outre qu’un scientifique qui travaillait sur les armements soviétiques aurait collaboré avec les Iraniens pendant de nombreuses années afin de les aider à mettre au point un détonateur de haute précision capable de déclencher la réaction en chaîne se soldant par une explosion nucléaire.

Selon ces renseignements, l’Iran aurait donc continué à travailler sur une bombe nucléaire après 2003. Après 2003 ne veut pas dire que cela continue encore. De cela il n’y aurait pas de preuve....

L’AIEA citée par ces sources : "Les informations indiquent aussi qu’avant la fin de 2003, ces activités ont été menées dans le cadre d’un programme structuré et que certaines activités sont peut-être toujours en cours".

Ce qui signifie qu’il y aurait des preuves pour 2003, mais pas pour 2011 !!!

Gouvernements et média occidentaux affirment avoir désormais la preuve de la bombe iranienne mais l’AIEA écrirait selon les mêmes média : "L’agence a de sérieuses inquiétudes concernant une possible dimension militaire du programme nucléaire iranien". ce qui est très différent de preuves ! Des sérieuses inquiétudes !!!

L’AIEA, qui enquête depuis environ huit ans sur l’Iran, a certes présenté son analyse la plus complète et la plus détaillée sur les informations rassemblées concernant d’éventuelles d’activités nucléaires militaires de l’Iran, souligne l’Institut de sécurité scientifique et international (ISIS), un cercle de réflexion américain spécialiste des questions nucléaires, dans une note. Toutefois, l’AIEA ne dit pas si l’Iran est capable de fabriquer un engin nucléaire explosif, relève l’ISIS.

L’AIEA ne suggère en rien que l’Iran est sur le point de se doter de l’arme nucléaire, renchérit Peter Crail, expert à l’Association de contrôle des armements à Washington.

Autre déclaration de l’AIEA citée : "Après avoir examiné attentivement et de façon critique les vastes informations à sa disposition, l’agence estime que ces informations sont, globalement, crédibles".

Quelles informations et crédibles pour prouver quoi ?

Qu’il y avait une tentative en 2003 qui n’est pas encore concrétisée huit ans après ?

Ou que, maintenant que la crise du système capitaliste le nécessite, il est bon de ressusciter des informations ultra secrètes gardées au chaud pour justifier d’une hausse de la tension mondiale pour mieux faire face aux risques sociaux liés à l’effondrement du système capitaliste mondial ?

S’il y a un danger de guerre et de bombe atomique, il vient d’abord et avant tout des dirigeants du monde capitaliste et des grandes puissances. Ce n’est pas seulement pour des raisons économiques ou diplomatiques que la Russie et la Chine sont sceptiques sur les mesures nouvelles contre l’Iran. En cas de volonté de l’impérialisme US de résoudre les risques révolutionnaires liés à la crise du système par la guerre mondiale, ce sont ces deux pays qui seraient probablement visés...

Pour l’instant on assiste surtout à une guerre des média, mais ce n’est pas la moins dangereuse car elle prépare les peuples à accepter l’idée de la guerre contre l’Iran.

De l’Afghanistan à la Libye puis à l’Iran, en passant par la Côte d’Ivoire, il n’y a qu’un pas et qui sait combien de pas avant la guerre mondiale...

La seule alternative à la barbarie qui se prépare à plus ou moins long terme, c’est la révolution socialiste qui renversera le pouvoir bourgeois, que ce soit aux USA ou en France, en Iran ou en Chine....

Ce qui se trame....

Ce qui va nécessiter cette marche au fascisme et à la guerre du monde capitaliste, ce sont les lourds sacrifices sociaux exigés par l’effondrement du capitalisme : suppressions massives d’emplois publics et privés, non paiement des retraites et aides aux chômeurs, suppressions des services sociaux et aides aux plus démunis...

En voici un exemple : les emplois dans les banques tels que les prévoient les prévisionnistes pro-capitalistes de GEAB...

La décimation des effectifs des banques

Commençons donc par les effectifs ! En la matière le tableau est bien sombre pour les employés du secteur bancaire (et même désormais pour les « stars du système bancaire ») : Wall Street et Londres annoncent sans interruption depuis la mi-2011 des licenciements massifs, relayés par les centres financiers secondaires comme la Suisse et les banques eurolandaises ou japonaises. Ce sont au total plusieurs centaines de milliers d’emplois bancaires qui ont disparu en deux vagues : 2008-2009 d’abord, puis depuis la fin du printemps de cette année. Et cette seconde vague monte en puissance au fur et à mesure des mois qui passent. Avec la récession globale désormais en cours, l’assèchement des flux de capitaux vers les USA et le Royaume-Uni consécutifs aux changements géopolitiques et économiques en cours (16), les immenses pertes financières de ces derniers mois, et les réglementations en tout genre qui progressivement « cassent » le modèle banco-financier ultra-profitable des années 2000, les dirigeants des grandes banques occidentales n’ont plus le choix : il leur faut à tout prix limiter leurs coûts au plus vite et dans des proportions importantes. La solution la plus simple (après celle consistant à surfacturer les clients) est donc de licencier des dizaines de milliers d’employés. Et c’est ce qui se passe. Mais loin d’être un processus maîtrisé, on constate que tous les six mois ou presque, les dirigeants des banques occidentales découvrent qu’ils avaient sous-estimé l’ampleur des problèmes et qu’ils sont donc obligés d’annoncer de nouveaux licenciements massifs. Avec le perfect storm politico-financier qui s’annonce aux Etats-Unis pour Novembre et Décembre prochains (17), LEAP/E2020 anticipe ainsi une nouvelle série d’annonces de ce type dès le début 2012. Les cost-killers du secteur bancaire ont de beaux trimestres devant eux quand on voit que Goldman Sachs, qui est également directement concerné par cette situation, en est réduit à limiter le nombre de plantes vertes dans ses bureaux par souci d’économies (18). Or, après les plantes vertes qu’on éradique, ce sont généralement les pink slips (19) qui fleurissent.

La décimation du nombre des banques
D’une certaine manière, le système bancaire occidental ressemble de plus en plus à la sidérurgie occidentale des années 1970. Ainsi les « maîtres des forges » s’étaient crus les maîtres du monde (contribuant d’ailleurs activement au déclenchement des guerres mondiales), tout comme nos « grands banquiers d’affaires » se sont pris pour Dieu (à l’instar du PDG de Goldman Sachs ou au moins pour les maîtres de la planète. Et l’industrie sidérurgique fut le « fer de lance », la « référence économique absolue », de la puissance pendant plusieurs décennies. On comptait la puissance en dizaines de millions de tonnes d’acier comme on a compté ces dernières décennies la puissance en milliards USD de bonus pour dirigeants et traders des banques d’affaires. Et puis, en deux décennies pour la sidérurgie, en deux/trois ans pour la banque (20), l’environnement a changé : concurrence accrue, profits qui s’effondrent, licenciements massifs, perte d’influence politique, fin des subventions massives et in fine nationalisations et/ou restructurations accouchant d’un secteur minuscule par rapport à ce qu’il était à son heure de gloire (21). D’une certaine manière donc, l’analogie vaut pour ce qui attend en 2012/2013 le secteur bancaire occidental.

A Wall Street, déjà Goldman Sachs, Morgan Stanley, JPMorgan avaient dû se transformer soudainement en « banques normales » pour être sauvées en 2008. A la City, l’état britannique a dû nationaliser toute une partie du système bancaire du pays et à ce jour le contribuable britannique continue à en supporter le coût puisque les cours des actions des banques se sont effondrés à nouveau en 2011 (22). C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques du système bancaire occidental dans son ensemble : ces opérateurs financiers privés (ou cotés sur les marchés) ne valent pratiquement plus rien. Leur capitalisation boursière s’est envolée en fumée. Cela crée bien entendu une opportunité de nationalisation à faible coût pour le contribuable dès 2012 car c’est le choix qui va s’imposer aux Etats, aux Etats-Unis comme en Europe ou au Japon. Que ce soit par exemple Bank of America (23), CitiGroup ou Morgan Stanley (24) aux Etats-Unis, RBS (25) ou Lloyds au Royaume-Uni (26), la Société Générale en France, Deutsche Bank (27) en Allemagne ou UBS (28) en Suisse (29), certains très grands établissements, « too big to fail » (trop gros pour tomber) vont tomber. Ils seront accompagnés par toute une série de banques moyennes ou petites comme par exemple Max Bank qui vient de faire faillite au Danemark (30). Face à cette « décimation » les moyens des Etats seront rapidement dépassés, surtout en cette période d’austérité, de faible rentrée fiscale et d’impopularité politique du sauvetage bancaire (31). Les dirigeants politiques vont donc devoir se concentrer sur la préservation des intérêts des épargnants (32) et des employés (deux aspects à fort potentiel électoral positif) au lieu de sauvegarder l’intérêt des dirigeants et des actionnaires des banques (deux aspects à fort potentiel électoral négatif et dont le précédent de 2008 a démontré l’inutilité économique (33)). Cette situation entraînera un nouvel effondrement des cours des valeurs financières (y compris les assurances jugées très « proches » du contexte bancaire) et accroîtra le désarroi des hedge funds, fonds de pension (34) et autres opérateurs traditionnellement très imbriqués avec le secteur bancaire occidental. Nul doute que cela ne fera que renforcer le contexte récessionniste général en limitant d’autant les prêts à l’économie (35).

Messages

  • aucun plan ne peut nullement régler les causes profondes de la crise. Quiconque prétend avoir des solution n’est rien d’autre qu’un menteur. C’est l’essence même du capitalisme qui l’amène aujourd’hui dans le mur et pas telle ou telle politique que l’on pourrait amender.

  • Aux dernières nouvelles, USA, Allemagne et Chine sont en baisse. la France s’oriente vers la perte du AAA. Et la Grèce vers sa faillite... Le monde prépare une guerre, car il faut du temps...

  • il a suffit pour la première guerre du Golfe en 1990 de payer dix millions de dollars l’une des plus grosses firmes de relations publiques, Hill & Knowlton, pour qu’elle orchestre le changement d’opinion souhaité par G. Bush père, en inventant l’histoire des bébés koweitiens retirés des couveuses par les soldats irakiens et en mettant en scène la fausse témoin Nahira, quinze ans, en larmes devant une commission sénatoriale. La jeune femme, qui s’avéra ensuite être la fille de l’ambassadeur du Koweït, n’avait comble du cynisme jamais mis les pieds au Koweït. Dix millions de dollars d’un côté, quatre mille morts dix ans plus tard.

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