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Qui était Voltaire

jeudi 8 décembre 2011, par Robert Paris

Voltaire faisant sa cour au roi Frédéric II de Prusse

Comme les Lumières, Voltaire est passé pour un des pères idéologiques de la révolution française. C’est très exagéré. En tout cas, il n’a jamais travaillé contre la royauté, ni au plan politique, ni au plan philosophique. Certes, il a eu l’intelligence de sentir que le vieux monde avait du plomb dans l’aile :

« Tout ce que je vois jette les semences d’une révolution qui arrivera immanquablement et dont je n’aurai pas le plaisir d’être témoin. »
avait bien déclaré Voltaire le 2 avril 1764.

Voltaire passe pour avoir tenu tête au roi de France, pour avoir échappé maintes fois à l’arrestation, pour avoir bravé le pouvoir religieux, pour avoir défendu l’athéisme et pour avoir été un de ceux qui ont initié l’esprit de la révolution française de 1789.

C’est en grande partie un mythe... Tout au long de sa vie, Voltaire fréquente les Grands et courtise les monarques, sans dissimuler son dédain pour le peuple.

Les lettres de Voltaire aux monarques dont il obtenait des grâces (pécuniaires) sont très courtisanes : "Je rêve à mon prince comme on rêve à une maîtresse." écrit-il à Frédéric II, prince héritier qu’il viendra courtiser quand celui-ci sera devenu roi... Mais Voltaire aura attendu de s’être assuré que Louis XV n’aimait pas les gens de lettre pour se convaincre qu’il allait devoir se vendre à Berlin plutôt qu’à Paris... Ou en plus de Paris. Puisqu’il continue de travailler pour informer la cour de France ! Frédéric II parviendra à obtenir à sa cour le philosophe Voltaire, mais il lui reprochera toujours "son âpreté au gain", car Voltaire était loin de travailler pour la gloire et ne dédaignait pas de faire des affaires, y compris douteuses parfois.

Une grande partie de sa vie, même quand il a choisi de vivre plutôt à la cour de Frédéric II à Berlin, un monarque qui se voulait ami des philosophes, il est resté gentilhomme de la maison du roi de France et il était appointé pour les services diplomatiques et policiers qu’il rendait à la cour de France. En fait, il avait été autorisé par la cour de France à servir le roi Frédéric II et il a transmis quelques rapports politiques sur cette cour qui lui ont rapporté.

Comme il l’a dit lui-même dans son autobiographie, il a fait sa fortune en travaillant pour deux rois... et cela lui a permis de vivre la fin de sa vie de manière indépendante et fortunée, en étant dans son propre royaume...
Il acquiert une fortune considérable dans des opérations spéculatives ce qui lui permettra de s’installer en 1759 au château de Ferney.

S’il a une très belle plume, s’il est très favorable au caractère avancé de la société anglaise, il n’est pas un grand penseur comme Diderot, ni un scientifique ou un philosophe des sciences comme D’Alembert.

S’il a déplu parfois aux rois (ou au régent), c’est bien plus à cause des multiples affaires douteuses auxquelles il participe ou parce qu’il est friant de critiques sur des affaires qui ne sont ni politiques, ni philosophiques.

Un épisode, par exemple :

En 1715, c’est la Régence. Arouet a 21 ans. Il est si brillant et si amusant que la haute société se dispute sa présence. Il aurait pu devenir l’ami du Régent mais se retrouve dans le camp de ses ennemis. Invité au château de Sceaux, foyer d’opposition, où la duchesse du Maine, mariée au duc du Maine, bâtard légitimé de Louis XIV, tient une cour brillante, il ne peut s’empêcher de faire des vers sur les relations amoureuses du Régent et de sa fille. Le 4 mai 1716, il est exilé à Tulle. Son père use de son influence auprès de ses anciens clients pour fléchir le Régent qui, bon prince, remplace Tulle par Sully-sur-Loire où il s’installe dans le château du jeune duc de Sully, une connaissance du Temple, qui vit avec son entourage dans une succession de bals, de festins et de spectacles divers. À l’approche de l’hiver, il sollicite la grâce du Régent qui, sans rancune, pardonne. Le jeune Arouet recommence sa vie turbulente à Saint-Ange et à Sceaux, profitant de l’hospitalité des nantis et du confort de leurs châteaux. Mais, pris par l’ambiance, quelques semaines plus tard, il récidive. Le 16 mai 1717, il est envoyé à la Bastille par lettre de cachet. Il a vingt-trois ans. Il y restera onze mois.

Mais c’est aussi un individu qui n’admet pas de s’incliner platement devant les puissants. Il indispose ainsi des "grands" nobles du royaume. Et il n’accepte pas de les laisser le maltraiter.

En janvier 1726, il subit une humiliation qui va le marquer toute sa vie. Guy-Auguste de Rohan-Chabot, dit « Le Chevalier de Rohan-Chabot », jeune gentilhomme arrogant, descendant d’une des plus anciennes familles du royaume, l’apostrophe à la Comédie-Française : « Monsieur de Voltaire, Monsieur Arouet, comment vous appelez-vous ? ». Sa réplique est cinglante : « Voltaire ! Je commence mon nom et vous finissez le vôtre ». Quelques jours plus tard, on le fait appeler alors qu’il dîne chez son ami le duc de Sully. Dans la rue, il est frappé à coups de gourdin par les laquais du chevalier qui surveille l’opération de son carrosse. Blessé, humilié, il veut obtenir réparation mais aucun de ses amis aristocrates ne prend son parti. Le duc de Sully refuse de l’accompagner chez le commissaire de police pour appuyer sa plainte. Il n’est pas question d’inquiéter un Rohan pour avoir fait rouer de coups un écrivain. « Nous serions bien malheureux si les poètes n’avaient pas d’épaules », dit un parent de Caumartin. Le prince de Conti fait un mot sur les coups de bâtons : « Ils ont été bien reçus mais mal donnés ». Voltaire veut venger son honneur par les armes mais son ardeur à vouloir se faire rendre justice indispose tout le monde. Les Rohan obtiennent que l’on procède à l’arrestation de Voltaire qui est conduit à la Bastille le 17 avril. Il n’est libéré, deux semaines plus tard, qu’à la condition qu’il s’exile.

Il part en Angleterre et c’est l’expérience déterminante de sa vie. il va fonder une grande partie de son originalité sur ce qu’il va voir là-bas, ce pays qui a alors une révolution sociale, idéologique et politique, mais aussi scientifique, d’avance sur la France.

Il est profondément impressionné par la liberté et le pluralisme politique et religieux de la société anglaise. Alors qu’en France règnent les lettres de cachet, la loi d’Habeas corpus de 1679 - nul ne peut demeurer détenu sinon par décision d’un juge - et la Déclaration des droits de 1689 protègent les citoyens anglais contre le pouvoir du roi. La réussite matérielle du peuple d’Angleterre suscite son admiration. Il fait le lien avec le retard de la France dans le domaine économique et l’archaïsme de ses institutions. Il estime que, là où croît l’intensité des échanges marchands et intellectuels, grandit en proportion l’aspiration des peuples à plus de liberté et de tolérance. En lui présentant une société qu’ils décrivent comme tolérante, les Anglais se gardent probablement de faire allusion à leurs lois anti-catholiques (Test Act) qui transformaient les Anglais de cette religion en sous-hommes auxquels on refusait toute instruction et toute fonction officielle non seulement sur le territoire anglais et dans les provinces qui en dépendaient (Écosse et Irlande), mais dans l’ensemble des colonies. Voté au XVIIe siècle, le Test Act n’a été abrogé qu’au XIXe siècle.

Cet éternel courtisan se rapproche des rois d’Angleterre, Georges 1er puis Georges II.

À l’automne 1728, il est autorisé à rentrer en France pourvu qu’il se tienne éloigné de la capitale.

Voltaire partage la vie d’Émilie du Chatelet au château de Cirey, il fait quelques passages à la cour de Lunéville sous le règne de Stanislas Leszczyński, duc de Lorraine, puis rentre à Paris, où il mène une carrière de courtisan avant de tomber en disgrâce.

Au passage, rappelons qu’Émilie du Chatelet, comme penseur, vaut largement Voltaire et, comme mathématicienne et physicienne, elle vaut au moins autant que les plus grands de son époque ! Mais c’est une femme... Et cela fait qu’elle n’atteindra jamais la notoriété. Même pas de nos jours ! Parmi ses œuvres de grande importance, il faut noter : « Institutions de la physique », « Analyse de la philosophie de Leibniz », « Réponse à la lettre de Mairan sur la question des forces vives »,
« Dissertation sur la nature et la propagation du feu » et « Commentaires algébriques des « Principes mathématiques » de Newton » qui précède cette première traduction en français de l’oeuvre de Newton.

C’est le roi de France qui demande à Voltaire d’utiliser ses relations de philosophe et d’écrivain avec le roi de Prusse pour le bien du royaume. Lettre de Voltaire à Frédéric II, roi de Prusse, en septembre 1743 : « Si pendant le court séjour que je dois faire, cet automne, auprès de Votre Majesté, elle pouvait me rendre porteur de quelque nouvelle agréable à ma cour, je la supplierai de m’honorer d’une telle commission. »

Ce n’est qu’en 1750 qu’il se rend à la cour de Frédéric II à Berlin, où l’attend une position brillante à l’Académie royale des sciences et des lettres de Berlin ainsi que la clef de chambellan et un traitement considérable. Le roi et le philosophe se lient d’amitié, le premier pratiquant parfaitement le français. Mais les deux amis ne peuvent dissimuler longtemps leurs traits principaux, l’un son humeur altière et son habitude d’être obéi, l’autre sa supériorité intellectuelle et son esprit piquant. La brouille est inévitable, et, en 1753, une querelle de Voltaire avec Maupertuis, que soutient le roi, précipite la rupture, et Voltaire quitte la Prusse.

Quant à l’origine de sa visite chez le roi de Prusse, alors qu’il avait laissé entendre qu’il était attiré par le caractère de cet ami des philosophes, Voltaire lui-même dans ses mémoires la donne : "On imagina (à la cour de France) de m’envoyer secrètement chez ce monarque pour sonder ses intentions, pur voir s’il ne serait pas d’humeur à prévenir les orages (à s’entendre avec nous)... et s’il ne voudrait pas nous prêter cent mille hommes dans l’occasion, pour assurer mieux sa Silésie. Cette idée était tombée dans la tête de M. de Richelieu et de Mme de Chateauroux. le roi l’adopta.... Il fallait un prétexte. je pris celui de ma querelle avec l’ancien évêque de Mirepoix. le roi approuva cet expédient. J’écrivis au roi de Prusse que je ne pouvais plus tenir aux persécutions de ce théatin, et que j’allais me réfugier auprès d’un roi philosophe, loin des tracasseries d’un bigot... J’eus tout l’argent que je voulais pour ce voyage, sur mes simples reçus, de M. de Montmartel... Je logeai dans le palais de la Vieille Cour, qui appartenait alors au roi de Prusse par ses partages avec la maison d’Orange. Son envoyé, le jeune comte de Podewils, amoureux et aimé de la femme d’un des principaux membres de l’Etat, attrapait, par les bontés de cette dame, des copies de toutes les résolutions secrètes de Leurs Hautes Puissances, très malintentionnées contre nous. J’envoyais ces copies à la cour ; et mon service était très agréable." (Mémoires pour servir à la vie de M. de Voltaire écrits par lui-même)

Tout cela ne m’empêche pas de diffuser une vérité plus officielle sur sa visite dans une lettre adressée M. le Maréchal, duc de Richelieu qu’il écrit depuis le palais de Frédéric pour que celui-ci la lise :

"Je vais actuellement répondre à la question que vous me faites, pourquoi je suis en Prusse ; et je répondrai avec la même vérité que j’écris l’histoire, dussent tous les commis de toutes les postes ouvrir ma lettre. J’étais parti pour aller faire ma cour au roi de Prusse.... J’arrive à Potsdam ; les grands yeux bleus du roi, et son doux sourire, et sa voix de sirène, ses cinq batailles, son goût extrême pour la retraite et pour l’occupation, et pour les vers, et pour la prose, enfin des bontés à tourner la tête, une conversation délicieuse, de la liberté, l’oubli de la royauté dans le commerce, mille attentions qui seraient séduisantes dans un particulier, tout cela me renverse la cervelle. Je me donne à lui par passion, par aveuglement, et sans raisonner. "

Voilà comment il est devenu espion et peut-être espion double !

Voilà paraît-il comment il écrit aussi l’histoire !

Et, effectivement, il explique que dans "Le siècle de Louis XIV", il s’est débrouillé pour dire du bien de tous ceux qui ont encore une place et que personne ne peut se plaindre de ses récits !!!! C’est encore ses Mémoires qui nous l’apprennent... Il écrit aussi dans une lettre au Maréchal, duc de Richelieu : "Si le roi avait le temps de lire cet ouvrage, il n’en serait pas mécontent."

Difficile de le faire passer pour un ennemi de la royauté absolue en France et pourtant...

Plus calculateur dans le sens de ses propres intérêts, c’est difficile aussi !

Voltaire sera ensuite chargé de négociations avec Frédéric II pour une alliance militaire de la France et de la Prusse et il y parvient aux grands remerciements pécuniaires des deux rois !

Voltaire est mort à la tête d’une immense fortune : « un des premiers revenus de France, dit-on ! » (Jean Goldzink, Voltaire)

Quand il avait une vingtaine d’années, il cultiva l’amitié de riches banquiers, en particulier des frères Paris. C’est par eux qu’il apprit à investir, à spéculer etc… les frères Paris avaient un contrat pour fournir à l’armée française nourriture et munitions et ils l’ invitèrent à participer avec eux à cette entreprise extrêmement profitable. Quand il était en Angleterre, il remarqua qu’on pouvait gagner beaucoup d’argent dans le commerce extérieur et il investit dans des bateaux qui naviguaient autour du monde. Il investit aussi dans les œuvres d’art, prêta à des particuliers et prit des intérêts sur les prêts.

Le secrétaire de Voltaire, Longchamp, rapporte que les revenus de Voltaire en 1749 étaient de 80 000 francs, ce qui correspond approximativement à 600 000 $ ( 592 200 Euros) actuellement. Voltaire garda des placements qui rapportaient 45 000 francs dans plusieurs pays étrangers. Cela était fait pour assurer ses moyens de subsistance au cas où il aurait à quitter la France rapidement.

Ses revenus viendraient :

 de sa plume ; dans son Commentaire historique sur les œuvres de l’auteur de la Henriade il évoque le succès de cette œuvre publiée en Grande-Bretagne grâce à la protection du roi ;

 de la poche des princes ; selon les époques : George Ier de Grande-Bretagne, Louis XV, Frédéric II, Catherine II de Russie ;
 de placements divers : loterie, prêts à l’aristocratie, investissements maritimes : en 1758 entrent dans le port de Cadix des bateaux chargés d’or des Amériques où il avait placé une partie de sa fortune ;

Il n’a guère abordé le sujet, et l’on considère qu’il a gardé le secret dans deux domaines : ses affaires, et ses amours avec sa nièce.

Vers 1770, par haine des Conseils et des bourgeois, Voltaire ouvre, dans la banlieue de Genève la « Manufacture royale des montres de Ferney », qui fera long feu. Il fut l’un des premiers à utiliser le terme de manufacture en horlogerie. Le centre horloger de Ferney, après quelques années de prospérité, échoua également en raison de son incapacité à écouler sa production.

Cependant, il y a un tout autre aspect de la personnalité de Voltaire : son combat pour la justice...

Voltaire a fermement condamné l’esclavagisme. Le texte le plus célèbre est la dénonciation des mutilations de l’esclave de Surinam dans Candide mais son corpus comporte plusieurs autres passages intéressants. Dans le « Commentaire sur l’Esprit des lois » (1777), il félicite Montesquieu d’avoir jeté l’opprobre sur cette odieuse pratique.

Il s’est également enthousiasmé pour la libération de leurs esclaves par les quakers de Pennsylvanie en 1769.

De la même manière le fait qu’il considère en 1771 que « de toutes les guerres, celle de Spartacus est la plus juste, et peut-être la seule juste », guerre que des esclaves ont menée contre leurs oppresseurs, plaide assurément en faveur de la thèse d’un Voltaire antiesclavagiste.

Lors des dernières années de sa vie, en compagnie de son avocat et ami Christin, il a lutté pour la libération des « esclaves » du Jura qui constituaient les derniers serfs présents en France et qui, en vertu du privilège de la main-morte, étaient soumis aux moines du chapitre de Saint-Claude (Jura). C’est un des rares combats politiques qu’il ait perdu ; les serfs ne furent affranchis que lors de la Révolution française, dont Voltaire inspira certains des principes.

L’engagement de Voltaire pour la liberté religieuse est célèbre, et un des épisode les plus connus en est l’affaire Calas. Ce protestant, injustement accusé d’avoir tué son fils qui aurait voulu se convertir au catholicisme est mort roué en 1762. En 1763, Voltaire publie son Traité sur la tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas qui bien qu’interdit aura un retentissement extraordinaire et amènera à la réhabilitation de Calas deux ans plus tard. Au départ, il n’éprouvait pas pour lui de sympathies particulières, au point d’écrire le 22 mars 1762, dans une lettre privée au conseiller Le Bault : « Nous ne valons pas grand’chose, mais les huguenots sont pires que nous, et de plus ils déclament contre la comédie ». Il venait alors d’apprendre l’exécution de Calas et, encore mal informé, il croyait à sa culpabilité. Mais des renseignements lui parviennent et, le 4 avril, il écrit à Damilaville : « Il est avéré que les juges toulousains ont roué le plus innocent des hommes. Presque tout le Languedoc en gémit avec horreur. Les nations étrangères, qui nous haïssent et qui nous battent, sont saisies d’indignation. Jamais, depuis le jour de la Saint-Barthélemy, rien n’a tant déshonoré la nature humaine. Criez, et qu’on crie. » Et il se lance dans le combat pour la réhabilitation. En 1765, Voltaire prend fait et cause pour la famille Sirven, dans une affaire très similaire ; cette fois-ci il réussira à éviter la mort aux parents. Cependant, bien qu’impressionné par la théologie des quakers, et révolté par le massacre de la Saint-Barthélemy (Voltaire était pris de malaises tous les 24 août), Voltaire n’a pas de sympathie particulière pour le protestantisme établi. Dans sa lettre du 26 juillet 1769 à la duchesse de Choiseul, il dit bien crûment : « Il y a dans le royaume des Francs environ trois cent mille fous qui sont cruellement traités par d’autres fous depuis longtemps. »

Il a en tout cas lutté contre le fanatisme, celui de l’Église catholique romaine comme celui du protestantisme, symboles à ses yeux d’intolérance et d’injustice. Tracts, pamphlets, tout fut bon pour mobiliser l’opinion publique européenne. Il a aussi misé sur le rire pour susciter l’indignation : l’humour, l’ironie deviennent des armes contre certaines folies meurtrières que produit la société.

Voltaire à la cour de Frédéric II

Voltaire était-il vraiment une des « Lumières » ?

Voltaire, cet humoriste, ce satiriste..

Messages

  • Voltaire dans « Le siècle de Louis XIV » :

    « Les guerres civiles commencèrent à Paris comme elles avaient commencé à Londres, pour un peu d’argent.
    (1647) Le parlement de Paris, en possession de vérifier les édits de ces taxes, s’opposa vivement aux nouveaux édits ; il acquit la confiance des peuples par les contradictions dont il fatigua le ministère.
    On ne commença pas d’abord par la révolte ; les esprits ne s’aigrirent et ne s’enhardirent que par degrés. La populace peut d’abord courir aux armes, et se choisir un chef, comme on avait fait à Naples (17) : mais des magistrats, des hommes d’État procèdent avec plus de maturité, et commencent par observer les bienséances, autant que l’esprit de parti peut le permettre.
    Le cardinal Mazarin avait cru qu’en divisant adroitement la magistrature, il préviendrait tous les troubles ; mais on opposa l’inflexibilité à la souplesse. Il retranchait quatre années de gages à toutes les cours supérieures, en leur remettant la paulette, c’est-à-dire en les exemptant de payer la taxe inventée par Paulet sous Henri IV, pour assurer la propriété de leurs charges. Ce retranchement n’était pas une lésion, mais il conservait les quatre années au parlement, pensant le désarmer par cette faveur. Le parlement méprisa cette grâce qui l’exposait au reproche de préférer son intérêt à celui des autres compagnies. (1648) Il n’en donna pas moins son arrêt d’union avec les autres cours de justice. Mazarin, qui n’avait jamais bien pu prononcer le français, ayant dit que cet arrêt d’ognon était attentatoire, et l’ayant fait casser par le conseil, ce seul mot d’ognon le rendit ridicule ; et, comme on ne cède jamais à ceux qu’on méprise, le parlement en devint plus entreprenant.
    Il demanda hautement qu’on révoquât tous les intendants, regardés par le peuple comme des exacteurs, et qu’on abolit cette magistrature de nouvelle espèce, instituée sous Louis XIII sans l’appareil des formes ordinaires ; c’était plaire à la nation autant qu’irriter la cour. Il voulait que, selon les anciennes lois, aucun citoyen ne fût mis en prison, sans que ses juges naturels en connussent dans les vingt-quatre heures ; et rien ne paraissait si juste.
    Le parlement fit plus ; il abolit (14 mai 1648) les intendants par un arrêt, avec ordre aux procureurs du roi de son ressort d’informer contre eux. »

  • Ainsi la haine contre le ministre, appuyée de l’amour du bien public, menaçait la cour d’une révolution. La reine céda ; elle offrit de casser les intendants, et demanda seulement qu’on lui en laissât trois : elle fut refusée.
    (20 août 1648) Pendant que ces troubles commençaient, le prince de Condé remporta la célèbre victoire de Lens, qui mettait le comble à sa gloire. Le roi, qui n’avait alors que dix ans, s’écria : " Le parlement sera bien fâché. " Ces paroles faisaient voir assez que la cour ne regardait alors le parlement de Paris que comme une assemblée de rebelles.
    Le cardinal et ses courtisans ne lui donnaient pas un autre nom. Plus les parlementaires se plaignaient d’être traités de rebelles, plus ils faisaient de résistance.
    La reine et le cardinal résolurent de faire enlever trois des plus opiniâtres magistrats du parlement, Novion Blancménil, président qu’on appelle à mortier, Charton, président d’une chambre des enquêtes, et Broussel, ancien conseiller-clerc de la grand’ chambre.
    Ils n’étaient pas chefs de parti, mais les instruments des chefs. Charton, homme très borné était connu par le sobriquet de président Je dis ça, parce qu’il ouvrait et concluait toujours ses avis par ces mots. Broussel n’avait de recommandable que ses cheveux blancs, sa haine contre le ministère, et la réputation d’élever toujours la voix contre la cour sur quelque sujet que ce fût. Ses confrères en faisaient peu de cas, mais la populace l’idolâtrait.
    Au lieu de les enlever sans éclat dans le silence de la nuit, le cardinal crut en imposer au peuple en les faisant arrêter en plein midi, tandis qu’on chantait le Te Deum à Notre-Dame pour la victoire de Lens, et que les suisses de la chambre apportaient dans l’église soixante et treize drapeaux pris sur les ennemis. Ce fut précisément ce qui causa la subversion du royaume. Charton s’esquiva ; on prit Blancménil sans peine ; il n’en fut pas de même de Broussel. Une vieille servante seule, en voyant jeter son maître dans un carrosse par Comminges, lieutenant des gardes du corps, ameute le peuple ; on entoure le carrosse ; on le brise ; les gardes françaises prêtent main-forte. Le prisonnier est conduit sur le chemin de Sedan. Son enlèvement, loin d’intimider le peuple, l’irrite et l’enhardit. On ferme les boutiques, on tend les grosses chaînes de fer qui étaient alors à l’entrée des rues principales ; on fait quelques barricades, quatre cent mille voix crient : " Liberté " et " Broussel ! "

    Voltaire

  • Une autre lecture sur Voltaire espion : lire ici

  • Victor Hugo, Choses vues :

    « M. de Voltaire voulait que ses servantes crussent en Dieu. Un jour à Ferney il avait à dîner sept ou huit philosophes. Quatre ou cinq belles Suissesses servaient à table. Entre la poire et le fromage le marquis d’Argout se prit à nier l’âme et le baron d’Holbach à nier Dieu. — Assez, messieurs ! dit Voltaire, si Dieu n’est pas, la femme existe. Et, se tournant vers les servantes : — Fermez les oreilles et montrez les talons. »

  • Qu’est-ce qui prouve que Voltaire était beaucoup plus proche du pouvoir royal qu’il ne faisait semblant de l’être ?

  • Les preuves en sont multiples. Voici un exemple parmi tant d’autres…

    A la demande du pouvoir royal, le chancelier de Maupeou liquida les parlements en 1771. On aurait pu penser que le libéral Voltaire allait s’insurger contre cette mesure liberticide ? Eh bien, non ! C’est Diderot qui s’en est indigné mais pas Voltaire ! Ce dernier loua même Maupeou, par écrit, et même dans des vers, prenant parti pour la camp de l’ordre et dénonçant « l’anarchie » !!!

  • Merci. On nous parle souvent de Voltaire mais on ne nous dit jamais comment il a fait fortune !

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