Accueil > 10- SYNDICALISME ET AUTO-ORGANISATION DES TRAVAILLEURS - SYNDICALISM AND (...) > Algérie : Une fois de plus, les partis politiques d’opposition et les (...)

Algérie : Une fois de plus, les partis politiques d’opposition et les syndicats sauvent le régime de dictature

vendredi 16 décembre 2011, par Robert Paris

Une vague de grève, ou des grèves ? Sonatrach ? SNTE ? Paramédicaux ? Distributeurs de lait ? Ports ?

Les travailleurs de Sonatrach de Hassi-R’mel ont décidé d’entamer une grève de la faim illimitée à partir de ce mardi 20 décembre 2011, une décision prise par l’assemblée générale des travailleurs organisée au site dit des Mille studios de Hassi-R’mel. Les distributeurs de lait ont entamé un mouvement de grève illimité depuis hier. Les douaniers sont révoltés. Le secteur paramédical veut entrer en lutte. La SNTE entre en grève nationale. Rouiba est en mouvement...

Le secteur des travaux publics risque de faire face à une fronde sociale dans les prochaines semaines. Un communiqué, émanant de la section syndicale de la Direction des travaux publics de la wilaya d’Alger, affiliée au Snapap, menace de recourir à des actions de protestation, notamment une grève générale au cours de la deuxième semaine du mois de janvier 2012. “Tous les travailleurs du secteur attendent la satisfaction de la plate-forme de revendications légitimes. La non-prise en charge des revendications, des actions de protestation seront lancées pour en faire part aux autorités concernées”, menace le syndicat à travers son communiqué.
Les revendications socioprofessionnelles des travailleurs de la DTP d’Alger ne différent pas de ceux des autres secteurs en ébullition. Il s’agit principalement de 100% d’augmentation salariale et d’octroi d’indemnités pour les corps communs et techniques, prise en charge à 100% des accidents de travail, intégration des contractuels, application des textes de lois régissant la DTP, l’ouverture du dialogue avec le partenaire social et amélioration des conditions de travail avec, notamment, la réfection du siège de la DTP et l’amélioration des conditions d’hébergement des ouvriers dans les ateliers des travaux publics.

Quelle stratégie pour cette vague de grèves qui dure depuis des mois ? Est-ce que les dirigeants syndicalistes essaient de lâcher la vapeur ? De pousser à des grèves dispersées pour éviter la grève de masse ? Pour éviter aussi que les travailleurs s’organisent d’eux-mêmes en comités ?

La grève de la faim, entamée hier, a été suivie à 98%, selon les estimations communiquées par Ali Arhab, l’un des syndicalistes présents sur le terrain. Cette grève illimitée concerne au moins 2000 travailleurs qui sont sur place, car le personnel de cette entreprise est soumis au système de travail (4x4). Au premier jour de cette grève (hier), « ce sont tous les travailleurs qui ont adhéré » à ce mouvement de protestation radicale « à l’exception de 6 travailleurs qui sont diabétiques », a déclaré M. Arhab, joint par téléphone. D’après ces dires, les grévistes ont assuré hier leurs tâches habituelles. « Les grévistes ont travaillé, mais ont refusé de manger », souligne ce syndicaliste. Si la grève de la faim perdure, le syndicaliste n’exclut pas la possibilité de faire appel aux équipes médicales autres que celle de l’entreprise vu le nombre important de grévistes. Il n’a pas omis d’évoquer les conditions difficiles et le froid glacial qui caractérise la région de Laghouat en cette période hivernale.

Les syndicats d’ArcelorMittal Annaba montent au créneau et décrètent l’année 2012, l’année de la contestation. Les travailleurs de l’AMPTA en AG hier au complexe d’El Hadjar ont décidé d’entrer en contestation graduelle dès le début de l’année prochaine : sit-in, grèves et marches sont prévus. Ils réclament le sauvetage de leur entreprise, sa nationalisation. Ou à défaut leur intégration au sein de l’Entreprise ArcelorMittal Annaba.

Les travailleurs de la société ArcelorMittal pipes et tubes Algérie (AMPTA) ont tenu hier leur Assemblée générale pour examiner la situation de l’entreprise qui frôle la banqueroute faute de commandes. L’assemblée a adopté une feuille de route « contestataire » à mettre en œuvre dès le début de l’année 2012. Les travailleurs sont décidés à se battre pour satisfaire une « revendication légitime » selon le communiqué signé par le SG du syndicat de l’Entreprise ArcelorMittal Annaba, Smain Kouadria, le SG du syndicat du groupe Anabib, Embarek Moussaoui et celui de l’AMPTA, Lotfi Fareh. Dans le cas où aucune solution n’est trouvée pour sauver l’Entreprise de la faillite, ils envisagent de tenir des sit-in quotidiens devant le siège du groupe public « Sider », en sa qualité de représentant des pouvoirs publics dans le partenariat avec ArcelorMittal. Les travailleurs estiment que c’est le seul moyen d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur « les lignes rouges » franchies par l’entreprise. La protesta pourrait être durcie graduellement. Après les sit-in, les syndicalistes compte observer des grèves et organiser des marches du complexe au siège de Sider. « Si cela ne suffit pas à faire bouger les choses nous allons transférer la contestation vers le siège du Gouvernement à Alger », préviennent les syndicalistes. Les syndicalistes réclament la nationalisation de l’Ampta ou bien leur intégration au sein de l’Entreprise ArcelorMittal Annaba.

La contestation gagne les rangs des travailleurs de la zone industrielle de Rouiba. Hier, les cadres syndicaux ont décidé d’un rassemblement de protestation pour lundi prochain à la centrale syndicale et une marche des travailleurs vers les ministères du Travail et de l’Industrie. La salle de réunion de l’union locale de Rouiba s’est avérée trop exiguë pour contenir les nombreux représentants syndicaux affiliés à l’UGTA et qui exercent dans la zone industrielle.

Le trop-plein de colère transparaît à travers le débat assez houleux qui a caractérisé l’assemblée générale, et ce, durant plus de trois heures. Les interventions de la majorité des syndicalistes vont dans le même sens : « La nécessité d’aller vers l’occupation de la rue » non pas pour obtenir des augmentations salariales, comme il est de coutume, mais tout simplement pour « faire appliquer les lois de la République ». « Nos problèmes n’ont aucun lien avec les salaires. Nous constatons qu’il y a un Etat dans un Etat, où des gestionnaires appliquent les lois comme ils veulent et selon leur humeur. La loi 90-14, qui consacre le droit syndical, est violée tous les jours à travers les centaines de sanctions, de licenciement de cadres et les poursuites judiciaires à l’encontre des cadres syndicaux. Nos problèmes ne sont pas uniquement avec les entreprises publiques, mais également avec le secteur privé, dont beaucoup de boites refusent à leurs salariés de créer une section syndicale. Ils nous parlent des 20% du personnel, nous leur disons, les 20% ne sont pas exigés pour créer un syndicat, mais pour être désigné porte-parole d’un collectif. Depuis juillet dernier, nous n’avons pas cessé de dénoncer ces violations, nous constatons qu’il y a des parties qui veulent le pourrissement.

Elles veulent enflammer la région en provoquant l’explosion », a déclaré, d’un ton coléreux, Mokdad Messaoudi, secrétaire général de l’union locale de Rouiba, qui englobe, faut-il le rappeler, 80 sections syndicales de la zone industrielle. Dans la salle des voix fusent : « Nous avons tenté de créer une section syndicale, mais l’administration nous a refusé la salle. Nous nous sommes réunis dans cette salle un vendredi. Résultat : 37 travailleurs ont été licenciés en plus des membres de la section sans aucun document officiel. Ils ont été chassés de l’entreprise. Tous sont poursuivis en justice et doivent comparaître le 27 décembre devant le tribunal pour grève illégale », dénonce le secrétaire général de la section syndicale de la société privée Decorex. Un autre syndicaliste s’offusque contre « l’inertie » de l’inspection du Travail face aux violations de la loi régissant les relations de travail. « De nombreuses sociétés privées refusent d’installer le comité de participation qui est une obligation légale, pour éviter la gestion des œuvres sociales par le syndicat et donc tout droit de regard des salariés. Nous avons constaté que bon nombre de sociétés étrangères ne respectent pas les lois algériennes en dépit de toutes les facilitations fiscales qui leur sont accordées. Allons-nous continuer à nous taire ? », interroge Messaoudi. Toute la salle lui répond : « Jamais. Arrêtons les discours et sortons dans la rue. Si l’UGTA ne nous suit pas, nous irons vers d’autres organisations. Nous sommes prêts pour une désobéissance syndicale. »

Et Messaoudi de rétorquer : « La répression engendre l’explosion sociale. Nous sommes avec vous jusqu’au bout, même s’il faut marcher dans la capitale. » Il exprime sa colère contre le recours « aux retraités pour diriger les entreprises », arguant du fait que « beaucoup avaient pris des primes de départ et tous les avantages liés à leur retraite, puis ont continué à exercer en tant que dirigeants à la tête des entreprises, alors que leur âge dépasse largement les 65 ans ». « Il n’y a qu’en Algérie où le salaire est moins important que la retraite d’un PDG, alors que des jeunes diplômés peinent à trouver un emploi. Pourtant la loi 83-12 limite l’âge de la retraite à 60 ans, et les instructions du Premier ministre insistent sur ce volet, mais certains cadres dirigeants les foulent aux pieds. Tous les problèmes syndicaux nous viennent de ces patrons retraités, mais également des SGP qui les protègent », souligne Messaoudi. Abondant dans le même sens, le secrétaire de la section syndicale de l’entreprise publique ERC met en garde contre les conséquences de la cascade de licenciements qui a touché, selon lui, 123 salariés et syndicalistes, sans compter le nombre important de sanctions liées à l’exercice du droit syndical. « Toutes nos démarches pour lever ces décisions se sont avérées vaines du fait du soutien du SGP au PDG, un retraité qui vient de voir son mandat prolongé de six ans », dit-il.

Son confrère, SG de la section syndicale de Cogis, (privée), dénonce le refus opposé par ses patrons à la création d’un syndicat, alors qu’il a eu le consentement de 1400 employés sur les 1600. « Toutes les revendications des intervenants restent liées à l’application de la loi sur l’exercice syndicale. En conclusion, Messaoudi propose à l’assistance un délai de 5 jours aux autorités afin qu’elles prennent les décisions nécessaires. D’ici là, un rassemblement des cadres syndicaux avec une partie des travailleurs de la zone industrielle aura lieu lundi prochain, à la veille du procès de nos 27 camarades, au niveau de la centrale, à Alger. De là, nous marcherons jusqu’aux ministères du Travail et de l’Industrie pour les interpeller sur la situation. Nous voulons la cessation immédiate de toutes les sanctions, l’annulation de tous les licenciements et le respect des libertés syndicales.

Mais s’agit-il d’un plan pour entraîner la classe ouvrière et en faire véritablement la première force sociale et politique du pays ?

Les vraies craintes des classes dirigeantes algériennes

Algérie : Une fois de plus, les partis politiques d’opposition et les syndicats sauvent le régime de dictature

La révolution du Maghreb et du monde arabe avait commencé aussi en Algérie, mais actuellement elle ne s’y manifeste plus. Quelle en est la raison ? Est-ce que la situation y est différente et est-ce que le peuple algérien aurait moins de raison de détester la dictature et plus de raison, après l’époque des années de guerre civile, de craindre les politiques du pouvoir ? C’est l’un des éléments. Un autre est l’utilisation par le pouvoir de la manne pétrolière pour déverser des sommes importantes en direction de milieux populaires qui n’y étaient nullement habitués. Cette politique démontre que les dirigeants algériens ne pensaient pas être nécessairement à l’abri de la vague révolutionnaire et, même, la craignaient prodigieusement… On ne peut pas dire d’ailleurs qu’il ne se soit rien passé en Algérie pendant ce début de révolution au Maghreb et dans le monde arabe. Les milieux populaires et la jeunesse en particulier ont donné de la voix. Et, surtout, une vague de grèves a parcouru le pays. Mais ces grèves étaient autant de mouvements séparés et non une révolte ouvrière générale visant des objectifs politiques. Voyant que les classes dirigeantes étaient prêtes à lâcher du lest, les travailleurs ont profité de la situation pour mettre un peu de beurre dans le couscous… Les grèves se sont multipliées, les révoltes de la jeunesse et des milieux populaires aussi. Mais elles n’ont pas entraîné de mouvement général pour le renversement du régime de dictature militaire en place depuis l’indépendance.

Au-delà de leurs propres avis sur les possibilités de la situation, il y a eu celui de « leurs » organisations syndicales et politiques. Il est clair que l’essentiel de ces organisations milite contre l’extension de la révolution à l’Algérie.

Les partis et les syndicats sont parvenus à convaincre les milieux populaires que ce n’est pas le moment d’aller de l’avant en Algérie…

Ainsi, le FFS, parti habitué à boycotter les initiatives du pouvoir, compte participer aux comédies électorales en cours. Et il expose à qui veut l’entendre que ce n’est pas le moment d’engager une lutte contre le pouvoir…

Les partis « démocratiques » semblent satisfaits que le pouvoir veuille instiller un peu de démocratie et s’engage à bloquer tous les politiciens issus de l’islamisme, dit radical, du type de l’ancien FIS.

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika avait décidé, dans la foulée des révolutions tunisienne et égyptienne, de donner l’illusion d’une réforme démocratique. Mais, loin de reconnaitre qu’il cédait ainsi devant l’action des milieux populaires, quand il a défendu sa « réforme » à la télévision, il a occulté, dans son discours, les grèves et les émeutes des jeunes désoeuvrés qui éclatent quotidiennement dans tout le pays. Et, hanté par la crainte d’une contagion de la révolution tunisienne, le président avait ouvert le chéquier, apaisant à coups de milliards de dinars issus de la rente gazière et pétrolière les revendications des salariés.

Mais que sont des milliards de dinars à côté des 70 milliards de dollars que représentent officiellement cette rente sans parler de sa valeur réelle qui est certainement deux à trois fois supérieure….
L’année dernière, la gendarmerie a recensé 11.500 émeutes à travers tout le territoire. Une nouvelle génération de contestataires semble émerger. Une "classe dangereuse" avec laquelle le pouvoir va devoir compter. "Ces jeunes désoeuvrés n’ont pas connu la guerre civile qui, entre 1993 et 2004, a fait 150 000 morts et des milliers de disparus, explique Slimane, 45 ans. Ils veulent vivre sans avoir la peur au ventre."

Les jeunes affirment : "Nous ne voulons pas être manipulés par les partis, qu’ils soient islamistes ou autres", dit-il, ajoutant, un peu bravache : "Quand il y a une injustice, on se cogne avec les flics. Nous, la révolution, nous la faisons tous les jours. "
A l’automne 1988, des émeutes éclatent à Alger et dans plusieurs villes. Le président Chadli Bendjedid fait appel à l’armée pour rétablir l’ordre. Les soldats tirent sur la foule. Bilan : plus de 500 morts. Puis le chef de l’Etat introduit le multipartisme. Mais en 1991 le Front islamique du Salut (FIS) est en passe de gagner les législatives. L’armée interrompt le processus électoral. On connaît la suite : dix ans de guerre civile. Ces décennies de chaos, de violence, de corruption expliquent le rejet de la politique, généralisé aujourd’hui. Même au sein de la classe moyenne, plutôt favorable aux partis démocrates. Les démocrates avaient refusé de mener la révolte populaire, laissant une autoroute aux islamistes. Et cela continue.

A chaque fois que les milieux populaires se radicalisent, les « démocrates » soulignent les « risques islamistes » et se rapprochent du pouvoir militaire, censé les sauver des islamistes… Même les partis qui n’ont pas fait partie des « clans éradicateurs » prétendent que l’Algérie n’a pas à suivre les exemples tunisien ou égyptien et que la démocratie en Algérie aura ses propres rythmes qui sont plutôt pacifiques depuis la dernière « guerre civile » meurtrière… Ils s’appuient ainsi sur le fait que le peuple algérien craint un nouveau bain de sang d’où qu’il vienne et les exemples des régimes qui assassinent leur peuple sont là pour les dissuader d’agir de manière révolutionnaire…

Que se passait-il en Algérie en janvier 2011

Bouteflika continue à jouer sur cette corde qui a si bien servi à ses prédécesseurs, mais surtout, Bouteflika a calmé momentanément la colère en cédant à de nombreuses revendications sociales…

En Algérie, face aux revendications salariales qui se sont multipliées, le gouvernement a lâché quelques augmentations et quelques mesures telles que la prolongation des contrats précaires occupés par des jeunes, de peur que la contestation s’élargisse.
Mais rien ne dit que le gouvernement parviendra, par ces gestes, à bloquer la colère d’une population qui est confrontée au chômage, à la misère et à la corruption du régime, et à qui l’on a confisqué la liberté et le produit des richesses du pays. Si Bouteflika se sert d’une petite partie de la « manne pétrolière et gazière » pour calmer la protestation sociale, c’est pour continuer à en verser l’essentiel à une classe bourgeoise algérienne occulte qui pratique ses investissements essentiels de manière discrète à l’extérieur…
Bouteflika ne cède que des miettes et au compte-goutte. Et ce n’est pas des cadeaux…
Voyons par exemple le conflit des travailleurs du pétrole de juin dernier.
Les travailleurs de Sonatrach, exerçant au Sud, qui revendiquaient des compensations salariales pour la dureté des conditions de travail, ont eu finalement gain de cause puisque le conseil d’administration de Sonatrach a décidé de revoir sa décision de refus prise le 13 novembre dernier et qui a provoqué un tollé général parmi les travailleurs de Sonatrach et ceux des autres entreprises parapétrolières.

Une nouvelle résolution porte désormais le taux des indemnités à 80% au lieu de 53%.

Le syndicat UGTA, qui n’avait nullement cherché à développer la lutte, se félicite de son résultat … Cette augmentation a été qualifiée par le nouveau Secrétaire Général du syndicat d’entreprise M. Mahiedine d’un « grand acquis pour les travailleurs ». “Ce dossier figurait en tête des priorités de notre nouveau bureau et Dieu merci nous avons pu le résoudre avec l’appui de notre fédération”, a-t-il déclaré. Et d’ajouter : “Nous serons toujours à l’écoute des travailleurs et nous ne ménagerons aucun effort pour prendre en charge leurs doléances.” Par ailleurs, on a appris que plusieurs membres du syndicat d’entreprise se sont déplacés hier matin au Sud pour expliquer aux travailleurs le contenu de cette résolution et le programme d’action de leur syndicat. Ce syndicat qui avait bradé, détourné et dénoncé de multiples grèves, a bien besoin de tenter de se recrédibiliser grâce aux concessions actuelles du pouvoir. Mais, ni à la Sonatrach ni ailleurs, le syndicat n’est réellement à l’origine des reculs actuels du pouvoir.

Au contraire, le syndicat UGTA n’a pas cessé de jouer les pompiers et en particulier la direction de ce syndicat…

Le taux d’augmentation, va aussi s’appliquer pour les autres travailleurs exerçant dans les filiales du groupe Sonatrach.

Le syndicat UGTA explique que c’est très satisfaisant et voudrait en rester là, mais rien ne dit que les travailleurs l’entendent de cette oreille et bien des travailleurs de Hassi-R’mel semblent visiblement décidés à poursuivre leur protestation jusqu’à l’aboutissement des 15 points contenus dans la plate-forme de revendications. “La direction de Sonatrach ne nous a rien accordé, elle a juste corrigé une erreur car nos revendications exprimées le mois de juin ne sont toujours pas satisfaites dans leur totalité”, nous a confié hier M. Ali Arhab, membre du conseil syndical de Hassi-R’mel.

Ce même conseil syndical a prévu ensuite d’organiser une assemblée générale pour évaluer la situation et décider des démarches à entreprendre. Tout en laissant croire que rien n’est décidé et que, suivant l’avis des travailleurs, le syndicat pourrait radicaliser l’action, l’UGTA affirme que l’accord est bon et qu’il faut l’accepter...

Alors que plusieurs mouvements de protestation des travailleurs sont menés dans différents secteurs d’activité, le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, réunit à l’hôtel Essafir son état-major, notamment les secrétaires généraux des fédérations et ceux des unions de wilaya pour évaluer “les résultats de la 14e tripartite et discuter de la stratégie organisationnelle”.

Le secrétaire général de l’UGTA parle du « malaise » qui prévaut dans certains secteurs d’activité où les syndicalistes de base ont choisi la contestation pour se faire entendre. Le secrétariat de l’UGTA va également mettre à profit cette réunion pour tenter, non seulement de revoir sa stratégie en matière de revendication pour absorber la colère de la base syndicale qui ne cesse de contester les résultats de la dernière tripartite, mais aussi pour prendre en charge efficacement leurs revendications. Les lettres qu’il a envoyées récemment aux ministres du Travail et de l’Emploi et à celui de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement leur demandant d’“agir” auprès des entreprises de la zone industrielle de Rouiba qui bafouent le droit des travailleurs est un signe révélateur d’un changement que la centrale veut désormais adopter pour éviter la démobilisation de sa base et la défection de ses adhérents, mais aussi pour éviter une éventuelle explosion de la situation sociale qui risque de déborder. C’est le cas de Rouiba où les syndicalistes de la zone industrielle s’apprêtent à faire sortir dans la rue 20 000 travailleurs pour dénoncer “les injustices, la violation du droit du travail, la hogra, le mépris affiché par certains dirigeants d’entreprise, entre autres”. Les syndicalistes de cette zone ont, par ailleurs, profité de la tenue de cette réunion pour interpeller les fédérations et les unions de wilaya à appuyer leurs revendications et à se solidariser avec eux. Rappelons qu’à Hassi-R’mel, les travailleurs de cette importante région tout aussi névralgique que Rouiba ont failli créer un syndicat autonome pour défendre leurs droits, n’était l’attitude de leur fédération qui s’est montrée publiquement solidaire avec leurs revendications comme avec celles des travailleurs de GTP. Même les unions de wilaya ont sensiblement modifié leur attitude ces derniers mois, en apportant leur soutien aux travailleurs comme c’est le cas à Hassi-R’mel et In Aménas où les unions de wilaya d’Illizi, de Ouargla et de Laghouat n’ont pas hésité à envoyer des messages de soutien, notamment aux travailleurs de GTP et à ceux de Sonatrach. Mais la centrale doit mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard qui la sépare de sa base comme cela a été vérifié dernièrement à Tizi Ouzou où les retraités et les syndicalistes de cette région ont tiré à boulets rouges sur Sidi-Saïd en lui reprochant d’avoir fait trop de concessions au gouvernement.

À noter également que cette réunion intervient à quelques jours seulement de la rentrée en vigueur du nouveau salaire de base fixé à 18 000 da et la crainte de certaines entreprises de ne pas pouvoir assurer les salaires de leurs travailleurs avec cette nouvelle configuration.

Après que le problème du dossier des œuvres sociales a connu un dénouement, le conseil des lycées d’Algérie (CLA) se penchera actuellement sur d’autres revendications, à savoir le statut particulier, le versement du rappel de leurs indemnités depuis janvier 2008 en une seule tranche et une retraite à 100% à 25 ans de service.

De ce fait, cette organisation syndicale promet "un mouvement plus large en janvier avec des rassemblements dans toutes les wilayas du pays pour faire aboutir nos revendications, si le ministère continue à faire la sourde oreille concernant nos doléances".
"Le retour à la grève est inévitable, car ni les doubles retenues sur salaire injustifiées, ni les menaces, ni les sanctions n’arrêteront notre syndicat", a rétorqué le coordinateur du Cla, contacté hier au téléphone.

Le Cla félicite tous les enseignants qui ont adhéré au mouvement de grève observé le 7 décembre dernier, étant donné que le déroulement des élections des œuvres sociales n’a pas détourné les travailleurs de l’éducation de leurs véritables revendications.
S’agissant du vote sur le mode de gestion des fonds des œuvres sociales, le coordinateur du Cla a fait savoir que "les travailleurs de l’éducation nationale ont voté pour le candidat et non pas pour le bulletin 1 ; ce qui a favorisé ce dernier bulletin".

Pour ce qui est du contrôle de l’argent des œuvres sociales, notre interlocuteur dira que "le contrôle est impossible lorsqu’il y a une commission nationale et de wilaya". Sur un autre volet, cet organisme syndical compte observer un rassemblement le 20 décembre prochain, devant le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, en vue de réclamer leur RCPC d’enregistrement. "Cela fait plus de six mois que nous attendons notre RCPC d’enregistrement, mais en vain", a déploré la même source.

Le syndicat autonome CLA compte par la même occasion rendre un hommage au défunt Redouane Osmane, à l’occasion de son quatrième anniversaire de sa disparitions. Une table ronde sur les réformes du système éducatif est également au menu de cette entité syndicale.
A rappeler que le Cla exige à la tutelle "le versement de la totalité de nos rappels avant la fin de l’année en une seule tranche, leurs propositions dans la révision du statut particulier, ainsi qu’une retraite à 100% après 25 ans de service".

L’onde de choc aux dénominations diverses (révolutions arabes, printemps arabes, transition démocratique, vague verte … ) qui a touché la plupart des pays de la sphère arabe à laquelle nous appartenons, avec son lot de drames que constituent les pertes en vies humaines et destructions, conséquence de la violence, continue de susciter commentaires et analyses sur les tenants et les aboutissants du phénomène, des interrogations aussi sur les espoirs et inquiétudes dont est porteuse la nouvelle ère qui a vu l’arrivée au pouvoir de courants politiques d’obédience islamiste. Dans cet environnement de bouleversements, l’Algérie poursuit sa marche dans l’œuvre d’édification d’une société stable et prospère, s’attelant à parachever dans la sérénité les réformes politiques et économiques initiées par le Président de la République depuis son discours à la nation du 15 avril 2011.

Si l’image d’une Algérie à l’abri de la vague de soulèvements qui ont touché le monde arabe a fini par s’imposer dans les esprits, ces erreurs d’interprétation à propos des mouvements de protestation et de revendication peuvent être aisément corrigés quand on voit les craintes du pouvoir et les sommes lâchées par celui-ci pour une « politique sociale » depuis les mouvements de janvier 2011 qui ont mené aux plans gouvernementaux en matière de logement, d’emploi, de préservation du pouvoir d’achat.

L’UGTA a parfaitement servi une fois de plus les politiques gouvernementales, soufflant le chaud et le froid, pour ne pas perdre la direction des luttes, comme exposé plus haut en ce qui concerne le secteur du pétrole. Le patron de la centrale syndicale de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi Saïd, a mis en garde ce mercredi 14 décembre contre le risque d’« explosion sociale » en Algérie. Les autorités, a t il dit, « refusent de régler les problèmes des travailleurs. Il n’y pas de réponses convaincantes à leurs revendications », a déclaré M. Sidi Saïd à la presse, en marge d’une réunion des cadres de son organisation à Alger.

« Quand les travailleurs sortiront dans la rue [pour protester], qui va assumer la responsabilité d’une explosion sociale ? L’UGTA ou ceux qui n’ont pas répondu favorablement à leurs revendications ? », s’est interrogé le patron de le centrale syndicale. M. Sidi Saïd a appelé les autorités à « régler les problèmes par le dialogue » pour éviter « cette explosion sociale ». « Le silence des autorités est inacceptable », a t il dit.

Selon le patron de l’UGTA, des travailleurs de la zone industrielle de Rouiba, qui abrite de nombreuses usines notamment un complexe de véhicules industriels, en grève depuis 15 jours, attendent « vainement » des réponses à leurs revendications. « Le problème dans cette zone n’est pas lié aux salaires mais aux licenciements de travailleurs et de syndicalistes », a t il précisé. Les salariés de trois entreprises se sont rassemblés devant le siège de la société nationale des véhicules industriels (SNVI) pour dénoncer « le niveau modeste des salaires » et réclamer leur part des bénéfices annuels.

Dans chaque village, dans chaque ville d’Algérie, il ne se passe pas un jour sans qu’il ne soit recensé une contestation par manifestation dans la rue, plus ou moins violente, contre le système de gouvernance en place. La somme de toutes ces contestations donne la mesure d’une lame de fond qui, encore laborieusement il est vrai, tend à s’agréger sur l’ensemble du territoire national.

Évoquer donc une exception algérienne dans ce contexte c’est comme imaginer qu’une vieille personne en phase terminale de son cycle biologique se mettrait à espérer échapper à la mort. La transition à venir est inévitable. C’est une question de temps uniquement. La question essentielle est de savoir si elle se déroulera sous la direction de formes d’organisations autonomes des masses prolétariennes ou sous celles des organisations politiques et syndicales et dévoyée par elles, celles bourgeoises modérées des oppositions ou celle des islamistes.

Les réformes annoncées par le Président Abdelaziz Bouteflika – réduites à leur plus simple expression par des députés de la majorité présidentielle – ne valaient que par l’effet d’annonce. C’était une mesure de distraction de l’opinion publique pour gagner du temps.

Mais le jeu des dirigeants syndicalistes ne consiste pas toujours à freiner les luttes. Pour la première fois, le patron de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, joue au pyromane et non pas au pompier qui excelle dans l’étouffement dans l’œuf des conflits sociaux.
Lors d’une réunion avec les cadres de l’organisation, il a déclaré aux syndicalistes qu’ils sont « libres » de défendre les intérêts des travailleurs et les a assurés de la solidarité de la centrale. Devant un parterre de secrétaires nationaux, de fédérations et d’unions de wilaya, le patron de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi Saïd, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger le patronat privé et public ainsi que le gouvernement qui, selon lui, « font dans la provocation ». « Ils nous disent que vous ne pesez rien et que les autres ont leur mot à dire parce qu’ils occupent la rue (…).
Nous n’avons pas fui nos responsabilités syndicales et nous ne sommes pas des fonctionnaires. Nous pensons que le dialogue est le seul moyen qui permette de résoudre les problèmes », a-t-il expliqué. Il met en garde « certains responsables qui croient que notre silence est un chèque en blanc », en disant : « Je leur dis attention, ne touchez pas au pilier de la stabilité sociale. Ne jouez surtout pas avec le feu. » D’une voix coléreuse, le secrétaire général de l’UGTA s’offusque « des attaques administratives et politiques » contre son organisation. « La zone industrielle de Rouiba, avec toute l’histoire qu’elle traîne derrière elle, subit des attaques graves de la part de l’administration. Une trentaine de cadres syndicaux et de travailleurs ont été sanctionnés ou licenciés par leur employeur. J’ai tout fait pour calmer les esprits et éviter des situations de désordre. J’ai dit aux travailleurs que le moment n’est pas propice pour occuper la rue parce qu’ils seront les seuls à payer la facture. Je sais qu’ils peuvent être patients.
Mais jusqu’à quand ? Jusqu’à ce que la situation nous échappe ? Non. Aujourd’hui, je vous dis vous avez ma solidarité et celle de l’état-major de l’UGTA pour prendre toute mesure que vous jugerez utile pour l’intérêt des travailleurs », a lancé Sidi Saïd. Pour ce dernier, les « dépassements » commis par le gouvernement et le patronat à l’égard de l’UGTA « sont une humiliation pour nous tous ». A ce titre, il rappelle le courrier qu’il a adressé le 1er décembre aux ministres du Travail et de l’Industrie, leur demandant de prendre les mesures nécessaires, « mais à ce jour, aucune réponse ne nous a été donnée. Ils doivent savoir que la stabilité sociale ne peut être garantie que si les deux parties, employeurs et employés, respectent leurs engagements. Je constate que de l’autre côté, rien n’est fait. Personne ne veut assumer ses responsabilités. Alors, je dis aux travailleurs de la zone industrielle : je vous libère.
Allez défendre vos droits comme vous le voulez, sans pour autant que ça soit dans le désordre ». Reprenant un peu son souffle, Sidi Saïd a rappelé à l’assistance que « le dialogue social repose de sur la résolution des problèmes des travailleurs » et, de ce fait, « il ne peut accepter de jouer avec la crédibilité de l’organisation vu que les autres ne respectent pas leurs engagements. Des responsables nous ont clairement dit que nous n’aurons rien parce que nous ne faisons pas comme les autres. Alors je dis qu’à partir d’aujourd’hui, nous ferons comme les autres sans pour autant aller vers le désordre ». Le secrétaire général précise : « Mon message ne vise pas le Président, qui est le garant de la stabilité et de l’Etat et de l’UGTA. »

Le message est clair. Le patron de l’UGTA vise en premier lieu le gouvernement et le patronat. Selon lui, l’organisation fait l’objet « d’attaques politiques » qu’il étaye en revenant sur la polémique sur la gestion des œuvres sociales de l’éducation. « Nous vivons le même scénario qu’au début des années 1990, lorsque la ligue islamiste a voulu accaparer l’argent des travailleurs. A l’époque, le défunt Abdelhak Benhamouda avait tout fait pour que le gouvernement préserve cet argent. 20 ans après, un parti islamiste s’immisce dans l’activité syndicale en faisant campagne contre l’UGTA, dans le but de prendre ces fonds et personne ne réagit. Il est même aidé par l’administration. Ceux qui disent que nous ne sommes pas représentatifs se trompent. Le scrutin a montré le contraire. Sur les 496 208 voix exprimées, 183 950, soit 38,13%, ont voté pour notre choix. Ce qui se passe dans le pays est très grave, surtout si on le place dans le contexte actuel, où les grandes puissances encouragent les islamistes dits modérés à prendre le pouvoir. Nous avons donné 657 martyrs pour que les valeurs républicaines soient préservées. Ceux qui pensent qu’ils peuvent agir à la place du peuple algérien doivent savoir que près de deux millions de travailleurs sont prêts à se sacrifier pour l’Algérie. Des portes ont été ouvertes pour que la mouvance islamiste revienne sur la scène. La sauvegarde de la République passe par la stabilité sociale. » Le patron de l’UGTA sous-entend clairement que la situation sociale est critique, même si dans la foulée, il annonce que le texte relatif à la revalorisation des retraites sera incessamment signé.
De ce fait, il encourage ses cadres à passer à l’action à chaque fois que leurs droits sont bafoués. « Si un wali ou un responsable refusent de vous écouter, fermez-leur la porte. C’est le seul langage qu’ils comprennent et qui suscite des réponses immédiates. » Un message que les syndicalistes ont bien saisi puisque certains, comme ceux de la zone industrielle de Rouiba, comptent entamer des mouvements de grève dès leur retour sur les lieux de travail. D’ailleurs, lors des débats, plusieurs secrétaires généraux de fédérations et d’unions de wilaya ont dénoncé la situation « précaire » des salariés et exigé des réactions de la part de l’organisation. Peut-on dire que Sidi Saïd a enlevé son costume de pompier pour mettre celui de pyromane ?

Pas du tout. C’est, au contraire, en accord avec les dirigeants de l’Etat que le secrétaire général continue à mener sa politique faite d’en avant et de blocages successifs. Il est surement le plus grand auteur qu’ait connu l’Algérie en termes de grèves générales menacées puis annulées, d’avancées des luttes ouvrières suivies de lâchages retentissants.

Il est certain que la classe dirigeante ne craint rien tant que l’organisation autonome des travailleurs dans une période explosive et il préfère que le syndicat radicalise son action et garde la direction des luttes…

Cela nous montre que la voie est, au contraire, la formation dans tout le pays de comités ouvriers, populaires et jeunes se fédérant à l’échelle nationale, définissant leurs objectifs sociaux et politiques, obtenant ainsi le soutien de toutes les couches populaires et visant au renversement du pouvoir militaire…

La suite

Messages

  • « Nous faisons notre apprentissage en matière de démocratie, en conséquence aucun reproche ne doit être fait à notre encontre » a déclaré hier le président algérien Abdelaziz Bouteflika.

    Que dire devant une telle déclaration, sinon qu’en matière de blabla « démocratique » politicien, Bouteflika a dépassé depuis longtemps le stade de l’apprentissage et qu’il fait trop le modeste pour attendrir le bon peuple…

  • Ils étaient des centaines à rejoindre hier le siège central de l’UGTA
    Les travailleurs de la zone de Rouiba empêchés de marcher sur Alger

    Ils n’ont marché ni vers le siège du ministère du Travail ni en direction du même département en charge de l’Industrie. En revanche, les travailleurs de la zone industrielle de Rouiba étaient des centaines à s’attrouper, hier, au niveau de l’esplanade faisant face à l’imposant immeuble de la centrale syndicale UGTA, à la place du 1er Mai à Alger.

    Le lieu était noir du monde. Dehors, aux abords des ruelles traversant l’ex-Champ-de-Manœuvres, un important dispositif de sécurité a été installé dès les premières heures de la matinée, autant pour empêcher toute tentative d’organiser une marche que pour parer à tout débordement.

    S’adressant à une foule nombreuse, le syndicaliste Messaoudi de l’union locale de la zone industrielle de Rouiba a énuméré les principales revendications des travailleurs s’articulant sur trois points essentiels.

    Il s’agit, selon lui, de la liberté d’exercice du doit syndical, de la réintégration des travailleurs licenciés, ainsi que du départ des cadres dirigeants retraités et maintenus toujours en poste, touchant un double salaire.

    Le même syndicaliste ne manquera pas de dénoncer en termes crus les pratiques arbitraires et autres intimidations et abus d’autorité dont excellent depuis quelques temps les gestionnaires à la tête de certaines entreprises implantées à la zone industrielle de Rouiba aussi bien à l’encontre des syndicalistes qu’à l’égard des travailleurs.

    « Une telle agressivité envers les travailleurs de la zone industrielle ne sera plus tolérée à l’avenir. Nous allons réagir en conséquence et que chacun assume ses responsabilité », a tonné le syndicaliste Messaoudi sous les applaudissements nourris des travailleurs.

    Des employés traduits en justice
    Dans sa prise de parole, Salah Djenouhat, cadre de l’UGTA et représentant de l’union de la wilaya d’Alger, a dénoncé à son tour le refus des responsables d’entreprises basées au niveau de ladite zone de création d’une section syndicale par les travailleurs.

    La réaction des responsables ne se limite pas uniquement à barrer la route à une telle initiative, mais aussi à « punir » ses initiateurs par une décision de licenciement arbitraire.

    Plus grave encore, des plaintes ont été déposées à leur encontre au niveau des tribunaux. Etant déjà avisés par ce genre de refus musclé, les cadres de l’UGTA se sont déjà concertés, dans un passé récent, avec les responsables des entreprises au cours d’une réunion à laquelle ont également pris part des représentants des SGP. Les présents à cette réunion, souligne M. Djenouhat, se sont notamment entendus sur le retrait des plaintes déposées et la réintégration des travailleurs licenciés.

    Mais dans la réalité, ces décisions n’ont pas été exécutées. Pour preuve, cinq travailleurs de la zone industrielle de Rouiba comparaîtront aujourd’hui devant le tribunal de la même circonscription pour avoir formulé le vœu de créer une section syndicale (sic).

    Le patron de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd décide, vers 11h30, de recevoir les cadres syndicaux de Rouiba et ceux de l’union de la wilaya d’Alger.

    La rencontre, qui a eu lieu dans une salle du 3e étage de l’immeuble de l’UGTA, s’est déroulée en présence des journalistes, venus nombreux couvrir l’événement. Un exposé de la situation qui prévaut au niveau de la zone industrielle de Rouiba a été présenté dans les détails à Sidi Saïd.

    Ce dernier a salué de prime abord « l’action pacifique » menée jusque-là par les cadres syndicaux. « Vous venez de franchir un pas immense dans l’action syndicale. Vous avez prouvé qu’au sein de l’UGTA il y a de l’expérience, du savoir-faire, mais par-dessus tout de la responsabilité dans l’action », a déclaré Sidi Saïd.

    Appuyant les doléances des cadres syndicalistes, le patron de la Centrale syndicale a déploré l’existence parmi les gestionnaires de la zone industrielle de Rouiba « d’une catégorie imbue d’autorité et qui recoure à des actions d’agressivité à l’encontre des travailleurs ». Ce genre de comportement nuisible est d’autant plus regrettable, vu qu’il se manifeste en pleine période de réhabilitation des entreprises du secteur public », a-t-il ajouté.

    « Alors que l’UGTA a réussi à convaincre les pouvoirs publics de la nécessité de réhabiliter ces entreprises, l’on se demande si ces agressivités n’ont pas pour objectif de casser cette volonté », s’interroge Sidi Saïd, tout en dénonçant les tentatives de pousser les travailleurs de la zone industrielle de Rouiba dans leurs derniers retranchements pour qu’ils réagissent violemment

    Manipulation de l’information
    Autre fait dénoncé par le patron de la Centrale syndicale, les informations, selon lui, « mensongères » qui ont été communiquées par les cadres des SGP et les dirigeants de certaines entreprises de Rouiba aux autorités publiques, notamment au ministère de l’Industrie. « Il y a manipulation de l’information communiquée pour les autorités de décision », a dénoncé Sidi Saïd en évoquant les contentieux qui sévissent encore au niveau des entreprises ERCC, Infrafer, Enad,

    Promifal, SNVI et Dicorex. Afin de résoudre ces contentieux, le ministre de l’Industrie devait recevoir, hier en début d’après -midi, une délégation composée de cadres syndicaux de la zone industrielle, de l’union de la wilaya d’Alger et de la Centrale syndicale pour une réunion de concertation à laquelle prendra part le secrétaire général du ministère du Travail. Des ateliers de travail seront mis en place éventuellement à partir d’aujourd’hui,

    composés de cadres syndicalistes, du SG des ministères de l’Industrie et du Travail pour concrétiser les décisions prises lors de la réunion d’hier avec le ministre de l’Industrie.

    Informés de l’évolution de la situation, les centaines de travailleurs regroupés au niveau de l’esplanade du siège de l’UGTA se sont dispersés dans le calme en promettant de revenir à la charge et de relancer l’action de la protestation, si leurs doléances ne sont pas prises en considération dans un délai de dix jours. Affaire à suivre.

  • Tonic Industrie, implanté à Bou Ismaïl, dans la wilaya de Tipasa, est à l’arrêt. Motif ?

    Les salariés de cette entreprise publique et économique refusent de reprendre le travail après la mort par accident, mardi dernier, de leur collègue Hocine Kerdjadj. Depuis, Tonic Industrie est entré en ébullition. L’incident a provoqué un tollé au milieu des travailleurs de cette entreprise de fabrication d’emballage qui ont peur de subir le même sort que celui de leur collègue. « C’est à cause de l’absence de mesures de sécurité à l’intérieur de l’entreprise que notre collègue a trouvé la mort », dénoncent les salariés grévistes. « Les droits du défunt est notre première revendication », peut-on lire sur une banderole hissée dans l’enceinte de l’usine. Les grévistes exigent une enquête ministérielle qui, selon eux, doit faire toute la lumière sur les circonstances de la mort de Hocine Kerdjajdj et déterminer les responsabilités.

    Le défunt, père de deux enfants, « a laissé sa famille dans un bidonville », témoignent les travailleurs qui exigent que l’administration de Tonic prenne en charge cette famille. « Nous réclamons le maintien du salaire du défunt à 100%. De plus, nous exigeons qu’on attribue un logement à cette malheureuse famille », requièrent-ils. Les travailleurs, qui ont vu leur collègue périr sous leurs yeux, sont déterminés plus que jamais à assurer d’abord leur sécurité avant de reprendre le travail. « Nos vies sont bien plus cher que vos salaires dérisoires », lit-on sur la même banderole.

    Les 2000 travailleurs, qui campent sur leurs positions, étaient toujours là hier. Malgré la vague de froid qui s’abat sur les régions du littoral, à l’instar de toutes les régions du Nord, les travailleurs observent leur piquet de grève à l’extérieur des ateliers de production. Une foule impressionnante s’est rassemblée devant le siège de l’administration, scandant des slogans dénonçant la gestion de cette entreprise. En plus de la prise en charge de la famille du défunt collègue, les salariés demandent de mettre fin à la disparité entre les salaires pour les travailleurs occupant le même poste. Ils revendiquent une grille bien définie avec un salaire de base de 25 000 DA avec effet rétroactif à partir de janvier 2008.

    « Nous voulons un rappel comme tous les travailleurs des autres secteurs », clament les salariés. Ces derniers regrettent l’attitude de l’administration. D’après leurs dires, cette dernière a adopté la stratégie d’intimidation à l’égard des travailleurs afin de faire marche arrière concernant leurs revendications « légitimes ». Questionné au sujet du drame qui s’est produit au niveau de l’entreprise qu’il gère depuis un mois, M. Merzouk, PDG de Tonic Industrie, a reconnu que le décès résulte du non-respect des mesures de sécurité sans pour autant situer les responsabilités. « Il y a des problèmes d’hygiène et de sécurité », a-t-il avoué. M. Merzouk déclare, concernant la disparité dans les salaires, qu’il a trouvé l’entreprise fonctionnant avec 142 niveaux.

    « Il y a des cas où un seul poste de responsabilité a 5 ou 6 salaires. Ce sont des salaires qui ne répondent à aucun critère », explique le premier responsable de Tonic Industrie. Ce dernier a manifesté son intention de corriger ce qu’il qualifie d’« injustice et l’iniquité » sur laquelle se base la gestion. Pour les poursuites judiciaires dont 4 travailleurs sont la cible, M. Merzouk indique que celles-ci visent « les meneurs de cette grève » qu’il estime « illégale » reconnaissant tout de même qu’il y a un ras-le bol.

  • Toutes ces grèves ont été menées par des coordinations, collectifs et syndicats autonomes. Les travailleurs d’Algérie Poste, les personnels navigants d’Air Algérie et les chercheurs permanents du Centre des recherches nucléaires ont tous protesté pour réclamer les mêmes augmentations que celles octroyées aux autres travailleurs de la Fonction publique.

    La contestation s’était étendue au secteur de l’énergie, principale source de revenus en devises de l’Algérie. Les travailleurs de Sonatrach adhèrent à la nouvelle tendance. La vague de contestation salariale avait atteint le plus grand gisement du gaz en Afrique.

    Comme tous les travailleurs des entreprises publiques où l’emprise de l’UGTA tient toujours, certains travailleurs de Sonatrach ont manifesté leur volonté de créer un syndicat autonome. Ils sont pourtant conscients de la difficulté de la tâche. Ils sont persuadés que « Sonatrach n’est pas une entreprise comme les autres ». Pour contenir la colère des travailleurs, le gouvernement a déboursé des sommes colossales ; certains courroux ont été apaisés, d’autres mouvements étouffés dont celui des étudiants. Il reste à savoir si en 2012, les revendications des travailleurs de Sonatrach vont avoir l’écho escompté.

    Les travailleurs de la base de Hassi R’mel ont accordé un délai d’un mois à Sonatrach. Pour rappel, la grève de la faim observée par ces derniers, pendant quelques jours dans cette base, a été sans l’aval du syndicat de l’entreprise (UGTA) qui d’ailleurs s’est démarqué du mouvement. L’UGTA est-elle une grande perdante ? Certains travailleurs, qui se sont constitués en collectifs, estiment que le recours au syndicat autonome est la seule voix pour obtenir ce qu’ils revendiquent. D’autres brandissent la menace d’adhérer au Snapap pour faire pression sur l’UGTA sans passer à l’acte. Tous les moyens sont bons pour obtenir satisfaction concernant leurs revendications. A croire que protestations et grèves ne s’arrêtreront pas en 2012...

  • Ils ont été des milliers à défiler dans le calme, jeudi à Ouargla, pour revendiquer « le droit au travail » et l’arrêt des poursuites judiciaires contre des chômeurs qui avaient manifesté en février.

    Des chants patriotiques saturés sortent par la sono installée devant une stèle commémorative du 1er novembre 1954 (début de la guerre de libération). Des chômeurs venus de tout le pays scandent des slogans bien préparés « Le peuple veut faire tomber le chômage » en agitant frénétiquement de petits fanions aux couleurs de l’Algérie. Des militants se disputent pour hisser le drapeau national sur le mât spécialement installé pour l’occasion.

    Jeudi, sur cette si symbolique place de l’Armée de libération nationale (rebaptisée « Tahrir ») dans le centre ville de Ouargla, à quelque mille kilomètres au sud d’Alger, la Coordination nationale des chômeurs n’a certes pas réuni comme elle l’avait souhaité « un million de manifestants ». Mais elle a réussi ce qu’aucun mouvement social n’était parvenu à faire depuis longtemps, même pendant les émeutes de 2011 : faire paniquer le pouvoir.

    Pourtant, la contestation dans le sud, poumon économique de l’Algérie pour ses ressources en hydrocarbures, ne date pas d’hier. « Au début des années 90, les gens exprimaient déjà un sentiment d’injustice contre la mauvaise répartition des richesses, rappelle un ancien du Mouvement des enfants du Sud pour la justice, le premier à s’être structuré au début des années 2000. Ce qui se passe aujourd’hui avec les chômeurs est une continuité. »

    La condamnation de chômeurs à de la prison ferme (à Laghouat, plus au nord) en début de semaine n’aura pas suffi à désamorcer le ras-le-bol. Ni l’envoi d’un nouveau préfet. Ni les tentatives pour décrédibiliser le leader du mouvement Tahar Belabbès en le faisant passer pour un « soulard » et un « drogué ». Ni les discours de politiques dont Amar Ghoul, président du Rassemblement de l’espoir de l’Algérie (néo-islamiste), qui a appelé les jeunes à ne pas sortir pour « contrecarrer toute tentative de déstabilisation de l’Algérie » au nom de « la sécurité et l’unité du pays ». Ni même les mesures annoncées par le premier ministre Abdelmalek Sellal en faveur des habitants du sud : recrutement prioritaire pour les populations locales, ouverture de nouvelles formations dans les métiers du pétrole, crédits à taux bonifié pour les créateurs de micro-entreprises.

    Khalil, un enfant du ksar (le quartier le plus ancien de la ville), assure « entendre les mêmes promesses depuis des années ». « On s’est tus trop longtemps ! Tout ce qu’on réclame, c’est un boulot, et que cette vie soit vivable. Est-ce qu’il existe à Ouargla une route goudronnée de bout en bout ? Non. De l’éclairage public ? Non. On demande juste que les autorités nous regardent un tout petit peu. »

    À Hassi Messaoud, la grande base pétrolière qui se trouve à moins de 100 kilomètres, la colère est la même. Les chômeurs y coupent régulièrement les routes et organisent des sit-in devant l’Agence locale de l’emploi. Trottoirs défoncés, cités décrépies et décolorées par le soleil, bitume fissuré quand il est possible de faire la différence entre la poussière et le sable amené par les vents, rien n’indique que l’on se trouve dans la commune la plus riche d’Algérie.

    De l’argent, il y en a. La wilaya (préfecture) de Ouargla dispose d’un budget annuel de 500 millions d’euros. En 2012, seuls 22 % de cette enveloppe ont été dépensés. Mohamed Kamel Abazi, député TAJ (néo-islamistes) de Ouargla, soupire. « Le problème, ce n’est pas le manque de volonté politique ou les décisions prises à Alger. C’est l’application des mesures sur le terrain. On se retrouve avec des gestionnaires locaux incompétents. Soit Alger les nomme dans le Sud par mesure disciplinaire ou parce qu’ils sont en début ou fin de carrière. » La faute à la corruption, aussi. À la bureaucratie, beaucoup.

    Moussa a 25 ans. La politique, il ne veut pas en entendre parler. La voix étranglée, il enlève de ses pieds une tong qui tient avec des attaches en métal. « Cette chaussure, je la porte depuis 2004. J’habite dans une grotte dans la forêt. On m’a dit d’aller voter. Je suis allé voter. À chaque fois qu’un directeur de l’emploi est nommé, il me fait des promesses mais mon nom ne sort jamais dans la liste. Ils nous ont poussés à bout. Il faut que ça change ».

    Chaque jour, l’Algérie connait des dizaines de manifestations à caractère social, selon des statistiques révélées par Slate Afrique .Un quart des jeunes sont officiellement au chômage selon une étude réalisée par le Fond monétaire international en 2012. Un chiffre bien en deça de la réalité. Les diplômés n’échappent pas au marasme. « Même si nous avons des diplômes ou de l’expérience, il n’y a pas de travail », affirment les jeunes pour expliquer leur action.

    La crispation est d’autant plus forte, que la région de Laghouat située dans les terres au Sud est riche en pétrole et en gaz. Le ministre de l’Énergie et des Mines Youcef Yousfi, auraient pourtant promis aux jeunes lors d’une visite en 2013, « de revoir les critères de recrutement ». « Les bases énergétiques du Sud ont besoin de milliers de travailleurs et de techniciens dans divers domaines. La création d’emploi dans ce secteur va être profitable aux jeunes du Sud », aurait-il dit aux jeunes révoltés, selon Le Temps d’Algérie.

    Avec le temps, les tensions s’exacerbent. Lors d’un sit-in de chômeurs en janvier 2013, les forces de sécurité sont intervenues et plusieurs d’entre eux ont été arrêtés. Inculpés d’« incitation à attroupement », et d’« obstruction de la voie publique », des chômeurs jugés coupables ont été condamnés pour certains à de la prison ferme et d’autres à des amendes. Un comble pour ces chômeurs, qui sont « près de 50 % a chercher un emploi depuis plus de deux ans », précise dans son étude le FMI.

    Les pouvoirs publics sont autant critiqués que les multinationales, qui feraient venir des employés étrangers. A Laghouat, la défiance l’emporte, les tensions sont de plus en plus fortes et le directeur d’Amnesty International dans la région, Philip Luther, pense, « que les autorités algériennes ont recours à ces accusations pour intimider les manifestants ». En vain. Estimant n’avoir rien à perdre, les jeunes diplômés chômeurs continuent de manifester.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.