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Le sommet du chômage ou celui de l’hypocrisie ?

vendredi 23 décembre 2011, par Robert Paris

Les flics briseurs de grève

Le sommet du chômage ou celui de l’hypocrisie ?

Pour "lutter contre le chômage et favoriser la France face à la concurrence", Sarkozy a dit avoir des idées : flexibiliser le temps de travail, proposer le chômage partiel aux salariés et faire signer aux salariés ayant un emploi des contrats garantissant l’emploi en échange de concessions sur les salaires. Les salariés pourraient perdre ainsi dix pourcents de leur salaire en pleine période d’inflation sans même avoir une véritable garantie de ne pas perdre leur emploi … Voilà ce qui va être l’objet du « sommet pour l’emploi » du chef de l’Etat le 18 janvier et il est très symptomatique que la fameuse intersyndicale (vous savez, celles de la défaite des retraites…) n’a pas trouvé l’accord… pour s’opposer par la grève à ce sommet. Les centrales sont trop pressées de participer à cette comédie et d’y faire « leurs propositions » comme si c’était une question de trouver de meilleurs propositions plutôt que de développer le rapport de forces pour s’opposer à une attaque anti-sociale en règle…

Le gouvernement prétend, par ce sommet « social » de « réduire au maximum les effets de la crise » en « protégeant les emplois de ceux qui l’ont gardé tout en offrant des possibilités à ceux qui n’en ont plus. » Mais tout ce discours n’est que mensonges et billevesées…

Le gouvernement prône une hausse du temps de travail tout ne prétendant lutter contre le manque d’emplois. Il préconise de travailler plus longtemps avant de partir en retraite alors que les jeunes ne trouvent pas d’emploi. Il supprime des emplois publics alors qu’il prétend défendre l’emploi. Etc, etc… Les contradictions sont légion et il serait trop long de les développer. Mais il n’y a aucune contradiction : ce gouvernement défend simplement le grand capital. Il n’a pas besoin de sommets pour défendre les banques, les bourses, les trusts… Là, aucune négociation n’est nécessaire et l’argent sort des caisses à milliards sans contrepartie et sans discussion….

Officiellement, le gouvernement se bat donc contre les licenciements, contre les délocalisations, contre la concurrence pour défendre l’économie française et les emplois des salariés. En réalité, c’est tout le contraire. Il s’agit de faire accepter de nouveaux sacrifices, de nouveaux chantages et d’imposer des licenciements au cas où les salariés refuseraient de se couper eux-mêmes un bras. Et, une fois qu’ils auraient accepté de se couper un bras, il y aurait encore moyen d’exiger de couper l’autre. C’est ce qu’ont fait nombre de sous-traitants du secteur automobile qui ont exigé de sacrifices en sacrifices pour finir quand même par des licenciements…

Il s’agit aussi d’une offensive politique destinée à désigner du doigt les salariés en fixe « bénéficiant » d’un CDI avec un salaire normal présentés comme des profiteurs au yeux des intérimaires, des précaires et des chômeurs. Il s’agit d’opposer une fois de plus jeunes et vieux…

L’argument est d’améliorer la compétitivité comme si la situation mondiale actuelle était le produit d’une concurrence accrue alors que c’est un effondrement général.

Le but réel de toute cette propagande n’est pas économique mais politique. Il s’agit de faire reculer politiquement la classe ouvrière et de montrer publiquement que le gouvernement peut battre les travailleurs quand il le souhaite.

Les retraites avaient été le début de la démonstration, les syndicats jouant les combatifs pour finalement se laisser battre tranquillement.

La grève des personnels de sécurité des aéroports est visiblement le deuxième cran...

Sous prétexte de défendre les passagers en période de fêtes et la sécurité aéroportuaire, le gouvernement montre ses biceps : une intervention anti-grève des forces de l’ordre.

La réaction syndicale est impressionnante : les syndicats disent "étudier les moyens légaux de protester". A la CGT, Bernard Thibault déclarait sur France Inter que, selon lui, le recours aux forces de l’ordre n’est "pas légitime et n’est pas durable".

Quelle force et quelle détermination dans la condamnation !

Visiblement, les centrales n’estiment pas et ne déclarent pas que toute la classe ouvrière est ici attaquée...

Les centrales syndicales avaient pu sembler combatives aux yeux de bien des travailleurs au moment de la mobilisation des retraites et ils avaient interprété ainsi les propositions successives de journées d’action. Mais c’est une erreur, les centrales syndicales sont l’Etat-Major des défaites ouvrières. voir ici

Les centrales avaient leurs objectifs et leur stratégie et ce ne sont pas ceux des travailleurs. Voir ici

Sarkozy a un autre rôle consistant à discréditer d’avance toute perspective ouvrière aux yeux des milieux populaires. Il agit ainsi pour aider le grand capital en pleine crise. Il ne prend pas seulement parti pour un patron du contrôle aérien en y faisant donner sa police. Il agit pour l’ensemble de sa classe pour que le grand public soit hostile aux grévistes, constate leur isolement, voie que les centrales ne lèvent pas le petit doigt.

La bourgeoisie avance ses pions. Sa société est foutue, mais cela ne signifie pas pour autant qu’elle baisse les bras. La lutte des classes sérieuse, celle où le pouvoir de la bourgeoisie peut être en balance, ne fait que commencer.

Pour les travailleurs, il est indispensable que la conscience des enjeux soit diffusée et discutée, le plus collectivement possible, au travers de comités, de collectifs, de coordinations, d’assemblées de travailleurs.

La classe ouvrière n’est pas à l’offensive actuellement, mais elle peut, au travers de cette situation difficile et inquiétante, prendre la mesure des choix et des perspectives....

C’est vital dans une situation où le capitalisme ne peut plus offrir que des horreurs à la société...

Pousser les travailleurs à l’auto-organisation et à la mise en place de perspectives d’ensemble pas seulement à des luttes localisées, c’est le rôle de tous ceux qui se considèrent comme des militants ouvriers et communistes.

Tous les Sarkozy feraient bien moins les fiers si la classe ouvrière répondait à son sommet bidon par un sommet des militants ouvriers de tous les secteurs d’activité pour discuter de la crise et des moyens de se défendre...

Messages

  • Vive la révolution !!!!

    "Tant qu’il existera, par le fait des lois et des moeurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, ... tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles."

    Les Misérables, Victor Hugo

  • La grande hypocrisie de notre époque, c’est que les classes dirigeantes se débrouillent pour prendre la tête elles-mêmes, par leurs plumitifs et agents divers, médiatiques, étatiques, associatifs et politiques, de la dénonciation des maux qu’ils causent au monde ! Ce sont les bourgeoisies qui dénoncent l’oppression de la femme dont ils ont institutionnalisé le maintien. Ce sont les bourgeoisies qui dénoncent la pollution alors qu’elle est causée essentiellement par leur système économique et sa course au profit à tout prix. Ce sont les bourgeoisies qui dénoncent les violences et l’exploitation à l’égard des enfants. Ce sont les bourgeoisies qui dénoncent le racisme dans le monde, les dictatures et l’oppression de certaines religions. C’est du moins l’air qu’elles veulent se donner et qui encombre tous les commentaires de presse, de radio et de télé. Et ils parviennent à blâmer, pour tous ces maux, les citoyens dans chaque cas comme si c’était la population, par ses mœurs, qui causait ces malheurs. Comme si ce n’était pas le système capitaliste qui était à la base de toutes ces horreurs et comme si, au contraire, il faisait tout pour combattre des survivances d’un autre âge ou de régimes passéistes !!!

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