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La Grèce : à mi-chemin entre révolution et contre révolution !!!

lundi 13 février 2012, par Robert Paris

La Grèce : à mi-chemin entre révolution et contre révolution !!!

Malgré la manifestation, l’émeute, le soulèvement populaire, le parlement a adopté le nouveau plan d’austérité. Inutile de demander le combienième : on ne sait plus ! Personne n’y croit plus. A chaque plan, on a dit au peuple grec qu’il allait être sauvé. Le plan présenté aux députés grecs prévoit des mesures drastiques :un abaissement de 22% du salaire minimum, ramené à 586 euros brut sur 14 mois, la suppression dans l’année de 15 000 emplois publics, de nouvelles coupes dans certaines retraites et dans les salaires des fonctionnaires. Le projet prévoit également la réduction du budget de la sécurité sociale et de l’armée, ainsi que la privatisation de quatre entreprises d’état. Comprenant un abaissement de 22% du salaire minimum (et de 32% pour les jeunes de moins de 25 ans), une dérégulation du marché du travail, réforme des retraites complémentaires, mais aussi des réformes de la fiscalité et de la justice, l’ensemble du paquet est contesté dans les rues par tout un peuple !

La population est à bout. Les pertes de revenus et de salaires sont trop importantes, d’abord dans la fonction publique mais aussi dans le privé. Les nouvelles taxes sont un véritable matraquage. Pour une majorité de la société grecque, on a plongé dans l’abîme. La situation sanitaire est absolument catastrophique. Les hôpitaux manquent de tout, y compris de médicaments. Cent mille personnes ont manifesté dimanche à Athènes (80.000) et à Salonique (20.000) contre le nouveau programme d’austérité. Le peuple travailleur de Grèce subit déjà depuis des années l’austérité : 863€ de salaire minimum, 20% de chômeurs et un chômage à 48% chez les jeunes ! Près de 30% de la population a basculé en dessous du seuil de pauvreté. Et, en plus, elle est accusée d’avoir abusé de la vie facile !!!

Aux jours où le monde capitaliste s’enfonce, y compris les USA, le Japon, l’Europe entière et maintenant l’économie chinoise, il est indécent d’en accuser le peuple grec qui aurait vécu, ose-t-on nous dire, sur un trop grand pied ! Non ! La crise n’est pas grecque : elle est mondiale et elle est la crise du capitalisme, pas celle du déficit budgétaire, pas celle des banques, ni une simple récession...

La Grèce a été choisie comme victime sacrificielle. Il y a une stratégie délibérée de provoquer le chaos de la part de ceux qui imposent ce type de plans à la population, à commencer par l’Union européenne. Tout le cirque que font l’Europe et les USA autour de la "dette grecque" n’a même pas pour but de l’empêcher ! Cette fameuse dette n’est rien à côté de la dette américaine. Au bout de tractations folles, les européens lâchent quelques millions d’euros à la Grèce, alors qu’ils s’apprêtent à en donner des centaines de milliards aux banques pour les recapitaliser ! Et, finalement, la Grèce est en faillite parce que tel est l’intérêt du système. Il faut un trou noir qui attire toutes les spéculations possibles. Les USA y gagnent car la spéculation sur l’euro rend les USA moins anxiogènes pour les capitaux financiers... Les Européens y gagnent aussi car ils financent ainsi leurs banques qui ont spéculé sur la dette grecque. Le cirque peut continuer... tant que tout ne s’effondre pas...

Contrairement au satisfecit que s’octroient Merkel et Sarkozy, ce plan d’austérité décidé par les dirigeants européens et qui vient d’être adopté par le parlement n’écarte en rien la menace de faillite de l’Etat grec ou des autres pays d’Europe qui sont aussi menacés à cause de l’ampleur de leur dette publique. Ce plan, loin d’exiger la moindre contrepartie des banques privées, est une nouvelle fuite en avant financière au seul profit des créanciers, des usuriers, de la Grèce, qui spéculent sur la dette publique des Etats. Si le pays renonçait aux efforts demandés par les bailleurs de fonds et acceptait un défaut de paiement désordonné, l’Etat serait "incapable de payer les salaires, les pensions et de maintenir des services de base comme les hôpitaux et les écoles", a prédit le Premier ministre en expliquant aux Grecs la "responsabilité historique" que prendra le parlement ce dimanche. Le choix d’un défaut de paiement incontrôlé aurait poussé le pays dans un "chaos économique incontrôlable et une éruption sociale" et cette situation aurait "amené lentement ou rapidement à notre sortie de l’euro", a-t-il argumenté. Antonis Samaras, président de la Nouvelle Démocratie (droite) représenté au gouvernement de coalition, a appelé les députés à voter le paquet de mesures prévoyant à la fois un désendettement et un renflouement du pays en échange de mesures réduisant le niveau de vie des Grecs, un moment "déterminant et crucial" dans l’histoire de la Grèce. Le leader du Pasok (socialiste) Georges Papandréou, ancien Premier ministre, y est allé lui aussi de son appel au vote, pour éviter "le chaos", "la banqueroute" et la "Grèce hors de l’euro", avec "ses conséquences incontrôlées". Une explosion sociale est redoutée par toute la classe politique grecque, y compris les représentants du Laos, la formation de l’extrême droite orthodoxe, qui a décidé de sortir du gouvernement et de ne pas voter le programme d’austérité exigé par les Européens et le FMI en échange d’un prêt d’au moins 130 milliards d’euros et d’une décote de la dette grecque détenue par les créanciers privés de 100 milliards d’euros. Mais, avec les mesures d’austérité, la Grèce sera quand même en faillite ! Les mesures de rigueur draconiennes mises en œuvre (réductions massives ds salaires, des retraites, des aides sociales, des services publics) ne suffisent pas pour les dirigeants de l’Europe capitaliste et du FMI. Ils veulent saigner le peuple à blanc. Selon ses exécutants, cette politique se justifie par la nécessité d’assainir les comptes de l’Etat et de faire redémarrer l’économie. Mais il n’en est rien. L’économie s’effondre. La politique d’austérité a aggravé la récession au point que le recul des recettes fiscales est supérieur à la réduction des dépenses.

Malgré les divergences qui existent entre Merkel, Sarkozy, la BCE et le FMI concernant la Grèce, les représentants du capitalisme sont unanimes sur un point : il faudrait au moins une décennie d’austérité implacable dans un ensemble capitaliste prospère pour commencer à rétablir l’« équilibre » du capitalisme grec. Mais lorsque les intérêts d’une classe dominante deviennent à ce point incompatibles avec ceux de la masse de la population, alors commence une période de révolution. Et c’est précisément une révolution qui est à l’ordre du jour en Grèce. Les travailleurs n’ont d’autre choix que de se battre. Ils tenteront de résister au système plutôt que de le renverser et leurs organisations tenteront de les maintenir dans ce cadre sans perspective.

Cependant, tant que la classe capitaliste conservera sa mainmise sur l’économie et l’Etat, ni la colère, ni les manifestations, ni mêmes les grèves ne permettront d’inverser le cours des choses. C’est pour cette raison que les travailleurs grecs doivent, par la force des choses, à emprunter la seule voie qui puisse les arracher à cet enfer : la voie de la révolution socialiste. Celle-ci passe par la constitution de la classe ouvrière, de la jeunesse, des milieux populaires en comités révolutionnaires dans les quartiers et les usines. Celle-ci passe par la formation d’un parti révolutionnaire communiste. Celle-ci passe par la liaison de tous ces comités entre eux à l’échelle du pays et par l’appel à toutes les forces prolétariennes en Grèce et au delà.

Certaines organisations de la gauche grecque appellent à de nouvelles élections. Aucun candidat ni aucune élection dans le cadre de la bourgeoisie ne changera fondamentalement rien au sort des travailleurs et des milieux populaires. Aucune élection bourgeoise dite démocratique ne remettra en cause le pouvoir de la bourgeoisie car elle n’est pas faite pour cela. Aucun candidat, même tenant un langage radical anti-banquiers, anti-spéculateurs, anti-profiteurs, anti-licencieurs, n’a le courage de dire aux travailleurs la vérité : il n’y aura plus rien de bon qui sortira de ce système complètement vermoulu, ayant achevé sa course. Il ne faut plus rien lui demander. Il ne faut compter que sur nous-mêmes et nous organiser dans ce but.

Pour résister à la politique de larmes et de sang que lui inflige la bourgeoisie, le prolétariat n’a pas d’autre possibilité que la reprise de la lutte de classe, en commençant par le refus des mesures anti-ouvrières du gouvernement et des appels à la « solidarité nationale », aux sacrifices pour « défendre la patrie et la démocratie ».

Pendant toute l’année 2009 et les premiers mois de 2010, les prolétaires grecs ont réagi à l’aggravation de la situation sociale (augmentation du chômage – 40% de chômage parmi les jeunes dans le nord du pays !- , détérioration des conditions de vie et de travail, précarisation croissante) en menant des luttes déterminées, même si elles sont restées sous l’influence de syndicats et partis collaborationnistes.

Les organisations syndicales les plus importantes, le GSEE pour le secteur privé, l’ADEDY et le PAME pour le secteur public, liées au PASOK (Parti Socialiste au pouvoir) et au KKE ( Parti « Communiste ») ont continué à jouer leur rôle de pompiers sociaux en s’efforçant d’isoler les secteurs les plus combatifs et d’amortir les tensions qui s’accumulent inexorablement en les détournant vers la « défense du pays » contre la faillite à grand renfort de propagande nationaliste et de rhétorique sur l’illustre histoire de la Grèce antique !

Le discrédit de la droite et de la gauche, l’appel au nationalisme, la crise elle-même avec l’augmentation massive du chômage et la chute des classes moyennes, tous ces ingrédients sont ceux d’une montée fasciste si la classe ouvrière se contente de suivre ses leaders syndicaux et la gauche réformiste, même radicale... La course de vitesse a commencé avec l’extrême droite. celle-ci vient de sortir du gouvernement et, déjà crédibilisée par la reconnaissance de la droite et de la gauche, tente de se crédibiliser encore plus par ce refus de ce nouveau plan....

Derrière ces jeux politiciens de l’extrême droite, il y a des dangers sérieux. les forces d’extrême droite existent bel et bien en Grèce, à commencer par l’appareil de l’Etat, armée et police, qui n’a jamais été épuré suite aux expériences fascistes que le pays a connu.

Quant aux incendies d’immeubles qui ont eu lieu pendant la manifestation, ils semblent bien le fait de provocateurs liés à la police ou à l’extrême droite pour justifier une répression accrue contre les organisations d’extrême gauche puisque, sans la moindre preuve, le gouvernement a immédiatement accusé les organisations d’extrême gauche.

Ce qui se joue en Grèce n’est pas seulement le sort des travailleurs et du peuple grec mais celui de tous les peuples, à commencer par ceux d’Europe. En frappant d’abord la Grèce, le grand capital attaque séparément un peuple afin de faire un exemple et de faire trembler tous les peuples d’Europe et d’ailleurs.

Aucune classe ouvrière, aucun peuple ne doit considérer qu’il n’est pas concerné. C’est notre avenir qui se joue en Grèce...

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Messages

  • Qu’ils aillent se faire voir : voilà le ton qui domine dans les commentaires non seulement en Pologne mais dans l’Europe entière. Je lis partout des tas de choses sur la paresse et l’irresponsabilité de la société grecque. Sur le fait qu’ils ne sont pas adaptés à l’Europe, au capitalisme, mais qu’ils le seraient si on leur donnait une bonne leçon. S’ils payaient un lourd tribut pour leurs fautes, pour la vie à crédit.

    Aujourd’hui, presque plus personne ne compatit avec les Grecs. Au contraire, plus ils protestent contre les coupes budgétaires et plus ils descendent dans la rue, plus c’est la preuve pour l’Europe de leur obstination dans le péché. Cette colère à leur endroit est doublée d’une fausse croyance qui veut que s’il n’y avait pas eu de crise grecque, la paix et l’ordre auraient régné en Europe.
    Selon l’opinion généralement répandue, les grèves et les protestations en Grèce sont absurdes. Mais n’importe quelle société européenne serait probablement descendue dans la rue si on lui appliquait ce genre de coupes budgétaires, si ses conditions de vie s’étaient autant dégradées et si on les accompagnait d’annonces sinistres selon lesquelles l’avenir ne pourra être que pire. Si vous déstabilisez le présent des gens, si vous leur amputez l’avenir, ils vont se rebeller.

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