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La "nature" et les illusions du "bon sens"

jeudi 19 avril 2012, par Robert Paris

Le bons sens n’est qu’illusions d’optique produites par notre cerveau, notre idéologie et nos préjugés.

Pour Descartes, la raison humaine, c’est le bon sens :

"La puissance de bien juger, de distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens, ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes."

René Descartes dans le "Discours de la méthode"

Pour Kant, il en va de même :

"Le bon sens est la faculté de la connaissance et de l’emploi des règles in concreto l’entendement spéculatif."

Emmanuel Kant dans "Prolégomènes à toute métaphysique future"

Einstein, lui, disait : "Le bon sens est la collection de préjugés acquis à l’âge de dix-huit."

Selon le bon sens :

Pour le bon sens, l’actuel est la totalité du réel. Le passé et le futur ne sont pas présents. Le virtuel est considéré comme imaginaire - donc non-réel. La non-contradiction semble au bon sens une nécessité absolue.

Pour lui, la logique formelle fonctionne sans cesse. Oui ou non, le tiers est exclus. Ou on a une particule ou on n’en a pas. Ou on a un photon lumineux ou on n’en a pas. Ou on a un atome en un endroit et un temps donné ou on n’en a pas.

La matière est constituée d’objets, c’est-à-dire des choses qui existent par eux-mêmes, indépendamment du milieu avec lequel ils interagissent et de l’observateur ou du mode d’observation.

La matière solide est ... solide. La matière est compacte, palpable, attachée, permanente, en contact, déterminée en termes de position, de vitesse, de forme, de couleur, permanente, continue, se déplaçant dans un espace-temps déterminé, fixe, continu, permanent.

Les positions, les vitesses, les énergies, les états d’une particule, d’un atome, d’une molécule sont déterminés à un instant donné et se succèdent de manière continue et linéaire. Un objet matériel se déplace dans l’espace vide sans transformer cet espace. Il est toujours lui-même. il n’apparaît pas et ne disparait pas. L’espace est sans forme, sans histoire, identique à lui-même. Tout niveau de la matière obéit à la flèche du temps.

La matière (ou fermions) et la lumière (ou bosons) sont des contraires diamétraux. La matière et le vide sont des contraires diamétraux.

Dans la matière, le contact est le mode d’interaction des particules, des atomes ou des molécules comme des objets macroscopiques (à notre échelle). Dans l’atome, les particules sont attachées. Dans la molécule, les atomes sont attachés. Particules, atomes et molécules rebondissent les uns contre les autres en se touchant et échangent ainsi des énergies cinétiques.

Tout ce qui vient d’être écrit, absolument tout, est contredit par la physique moderne, quantique, relativiste et du chaos déterministe. On peut et on doit prendre le contrepied de chacune des idées erronées écrites précédemment.

Au lieu de ces conceptions figées, anti-historiques, non-dynamiques, non-interactives, métaphysiques, continues, linéaires, il convient de comprendre une vision philosophique dialectique, discontinue, non-linéaire, interactive d’une réalité qui ne se décrit pas en termes d’objets sans être non-matérialiste, qui ne se décrit pas seulement en termes d’ordres tout en étant déterministe, qui intègre le désordre souvent appelé hasard tout en obéissant à des lois, qui est fondée sur l’émergence et pas la pré-existence...

La matière existe mais son existence est sans cesse remise en cause et reconstituée. Elle n’existe pas une fois pour toutes. Elle est à la fois réelle et virtuelle, et les deux interagissent sans cesse...

Elle existe dans le vide (matière virtuelle) et la matière échange sans cesse avec le vide. La matière apparaît et disparait. l’énergie apparait et disparait. Deux matières n’entrent jamais en contact car elles ne peuvent annuler leur séparation sans disparaitre et se transformer en énergie.

La matière contient seulement du vide avec des niveaux d’interactions et d’organisations emboités. La matière est donc du vide et le vide est de la matière virtuelle, c’est-à-dire existant sur des durées infra-quantiques.

Les erreurs du bon sens s’appellent permanence, continuité, chosification de la matière, mythification de l’univers, fixité de l’écoulement du temps, croyance en l’instantanéité, causalité linéaire (opposée à boucles de rétroaction), existence abstraite, etc...

Les philosophies à combattre sont notamment celles d’Aristote, de Hume, de Kant et de Descartes....

suite à venir

Logique formelle et dialectique

Le passage suivant de Trotsky résume brillamment la ligne d’argumentation de Hegel au sujet de la loi de l’identité :

« Je vais tenter ici de cerner, de la façon la plus concise possible, l’essentiel de la question. La logique aristotélicienne du syllogise simple part de la proposition que " A " est égal à " A ". Ce postulat est accepté comme un axiome pour quantité d’actions humaines pratiques et pour des généralisations élémentaires. Mais en réalité, " A " n’est pas égal à " A ". C’est facile à démontrer, ne fut-ce qu’en regardant ces deux lettres à la loupe : elles diffèrent sensiblement l’une de l’autre. Mais, peut-t-on objecter, il ne s’agit pas de la dimension ni de la forme des lettres, puisqu’elles ne sont que des symboles de quantités égales, par exemple une livre de sucre. L’objection ne tient pas : en réalité, une livre de sucre n’est jamais égale à une livre de sucre – et des balances plus précises décèlent toujours une différence. On pourra encore objecter : une livre de sucre est égale à elle-même. C’est aussi faux : tous les corps changent constamment de dimension, de poids, de couleur, etc. Ils ne sont jamais égaux à eux-mêmes. Un sophiste répondra qu’une livre de sucre est égale à elle-même " à un instant donné ". Sans même parler de la valeur pratique, bien douteuse, d’un tel " axiome ", il ne résiste pas davantage à la critique théorique. Comment, en effet, comprendre le mot " instant " ? S’il s’agit d’une fraction infinitésimale de temps, la livre de sucre subira inévitablement des changements pendant cet " instant ". Ou bien l’instant n’est-il qu’une pure abstraction mathématique, c’est-à-dire représente un zéro de temps ? Mais tout existe dans le temps et l’existence elle-même n’est qu’un processus ininterrompu de transformation : le temps est par conséquent un élément fondamental de l’existence. Ainsi l’axiome " A " égale " A " signifie que toute chose est égale à elle-même quand elle ne change pas, c’est-à-dire quand elle n’existe pas.

Il peut sembler au premier abord que ces " subtilités " ne sont d’aucune utilité. Elles ont en réalité une importance décisive. L’axiome " A " égale " A " est, d’une part, le point de départ de toutes nos connaissances et, d’autre part, la source de toutes les erreurs dans nos connaissances. On ne peut manier impunément l’axiome " A = A " que dans des limites déterminées. Lorsque les changements quantitatifs de " A " sont négligeables pour la tâche qui nous intéresse, nous pouvons admettre que " A = A ". C’est ainsi par exemple que l’acheteur et le vendeur considèrent une livre de sucre. Ainsi considérons-nous la température du soleil. Ainsi considérions-nous jusqu’à récemment le pouvoir d’achat du dollar. Mais les changements quantitatifs, au-delà d’une certaine limite, se convertissent en changements qualitatifs. Une livre de sucre arrosée d’eau ou d’essence cesse d’être une livre de sucre. Un dollar, soumis à l’action du président, cesse d’être un dollar. Dans tous les domaines de la connaissance, y compris la sociologie, l’une des tâches les plus importantes et les plus difficiles consiste à saisir, au moment précis, le point critique où la quantité se change en qualité. […]

La pensée dialectique est à la pensée vulgaire ce que le cinéma est à la photographie. Le cinéma ne rejette pas les images fixes de la photographie, mais les combine en une série suivant les lois du mouvement. La dialectique ne rejette pas le syllogisme, mais elle nous enseigne à combiner les syllogismes de façon à rapprocher notre connaissance de la réalité toujours changeante. Dans sa Logique, Hegel établit une série de lois – le changement de la quantité en qualité, le développement à travers des contradictions, le conflit entre la forme et le contenu, l’interruption de la continuité, le passage du possible au nécessaire, etc. – qui sont aussi importantes pour la pensée théorique que le simple syllogisme pour les tâches les plus élémentaires. »

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