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Bulletin de La Voix des Travailleurs de l’hôpital Tenon

samedi 21 avril 2012, par Robert Paris

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

DE L’HOPITAL TENON

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx


Perdu le cœur, les nerfs, mais la vie est belle

Le nouveau service auquel on impose de déménager de Tenon à Saint-Antoine, après la Cardiologie, est la Neurologie. Ne cherchez pas la logique de ces déménagements dans les prétextes donnés par la direction de l’APHP, ces fameux pôles sont à géométrie variable et la logique de santé est totalement absente. Comment justifier qu’un hôpital comme Tenon ne dispose plus, par exemple, d’une consultation en cardio et doive envoyer en ambulance à Saint-Antoine ses malades. Quant aux intransportables, qu’ils aient la bonne idée d’avoir bon cœur !


Déménager, c’est fermer, supprimer, détruire

Quand la Cardiologie est partie de Tenon pour Saint-Antoine, qu’est-ce qui est réellement arrivé à Saint-Antoine ? Quasiment rien ! Aucun médecin, très peu de personnel. Pas même d’activité puisque la capacité de Saint-Antoine de recevoir de l’activité en cardiologie n’a pas augmenté. Les déménagements de service, on sait maintenant que cela signifie d’un côté des fermetures mais pas de vraies ouvertures de l’autre. C’est seulement un moyen de réduire à volonté le personnel, les activités de santé et les dépenses, de fermer en fait des services et, à terme, des hôpitaux.


Ça fait dés-ordres

Lors des changements d’établissements qui se multiplient de force du fait des déménagements forcés de services, on a eu quelques surprises. En effet, les directions locales affirment : on veut bien vous prendre à condition… C’est une espèce de chantage à la flexibilité. Le dernier en date est une direction qui exige qu’on adhère à l’ordre infirmier. Ben voyons ! Et pourquoi pas qu’on baise les pieds de la directrice. Adhérer à l’ordre infirmier doit être volontaire et, si on ne veut pas, on n’a pas le droit de nous l’imposer !


On ne vote pas pour la santé ?

On aura tous remarqué que la Santé et l’Hôpital public n’ont pas fait partie des sujets de débat lors des présidentielles. Ça ne compte pas pour ces candidats présidents ? Pas du tout ! Ça compte seulement comme des dépenses à réduire pour consacrer l’argent de l’Etat à aider les banquiers, les financiers et les trusts ! La santé de la population et l’état délabré de l’hôpital public ne les préoccupe que parce qu’ils sont bien décidés à aller encore plus loin dans ce sens. Et ils ont exactement les mêmes intentions pour tous les services publics : de transport, d’énergie, de communication, d’enseignement ou de postes. Ce n’est pas les élections qui nous permettront de défendre l’hôpital public et même s’ils avaient fait semblant de s’en préoccuper cela aurait été pure hypocrisie de politiciens bourgeois.


Terminus, tout le monde descend

Les ascenseurs tombent de plus en plus souvent en panne et leur blocage dure de plus en plus longtemps. Que se passe-t-il ? Une épidémie ? Une mauvaise fabrication ? Pas du tout ! Il y a bien sûr l’âge qui n’arrange rien. Mais, comme notre santé, on vieillit encore plus vite si on ne se soigne pas. Pas étonnant que la santé des ascenseurs se dégrade vu le peu de personnel ascensoriste dans chaque hôpital. Ne nous étonnons donc pas si l’ascenseur est en panne, se bloque momentanément ou durablement. Marquons sur la porte de l’engin la vraie cause : direction de l’APHP en panne !


Ouvrez Buca et fermer la bouche ?

Oui, il n’y a rien à dire ou à redire, selon la direction, puisque le tout neuf bâtiment Buca, présenté comme un modèle (surtout comme pompe à finances) serait maintenant livré et occupable dès maintenant. Sous-entendu, fermez la bouche sur vos critiques. En état de fonctionner, cela reste à vérifier à l’usage. Mais on ne pourra pas le faire de suite puisqu’on n’a encore ni les noms des services ni les rythmes d’occupation de Buca. Le bâtiment est neuf, mais pas la méthode de la direction. On nous dit seulement que cela va s’étaler de maintenant à septembre. Prenons exemple sur cette direction : quand on nous donne trop de travail, au lieu d’ouvrir la bouche pour protester, on fait comme Buca, on étale le travail à faire « de maintenant à septembre »….

Déménager, c’est démolir les personnels

Bien des collègues déchantent après avoir déménagé dans un autre établissement. Au lieu de faire en sorte que la transition se passe doucement, en tenant compte des anciennes méthodes de travail et de relation, c’est tout de suite dans le style : c’est comme ça et pas autrement. C’est ce que viennent de vérifier les personnels de la Maternité de Saint-Antoine. Ces derniers avaient des habitudes, des pratiques, médicales et non médicales, des procédures, des méthodes et des plannings, qu’ils n’estimaient pas inférieures à d’autres. Eh bien sans l’ombre d’une concertation, d’une écoute, on leur impose de changer ou de quitter ! Les promesses que leur avait fait la direction en les poussant à accepter le déménagement n’étaient que foutaise !

La mobilisation contre les déménagements reste à construire

Dans tous les hôpitaux, les personnels des services concernés ont essayé de protester mais ils avaient été les derniers informés et on ne leur a pas proposé de se battre autrement que tous seuls et le dos au mur, comme cela vient d’être le cas pour la Maternité et la Pneumologie de Saint-Antoine. La plupart du temps, les centrales syndicales qui le savaient bien avant n’en avaient pas informé les concernés et encore moins l’ensemble de l’hôpital ni les autres hôpitaux. Une fois seulement que les personnels étaient en colère, ils se sont contentés de faire semblant de lutter. Ils ont surtout enfermé les personnels concernés dans leur service en leur faisant croire qu’un déménagement concerne chaque service et non l’ensemble de l’APHP. En leur faisant croire aussi que si tous les personnels sont contre, y compris les médecins et qu’on obtient de soutiens politiques, l’APHP reculera. Et c’est faux ! Et, maintenant qu’on le sait, les centrales continuent la même politique : c’est par la bande et pas par eux qu’on apprend qu’un service va déménager. Cela vient encore d’être le cas avec le Pneumologie à Saint-Antoine et la Cardiologie ou la Neurologie à Tenon. A croire qu’ils ne se réunissent pas sans cesse avec la direction, en tout cas beaucoup plus qu’avec les personnels !!!

Cherche médecin désespérément

Les déserts médicaux ne touchent pas seulement les campagnes ou la province. Ils concernent aussi les banlieues des grandes villes. Ainsi, en banlieue parisienne, le département de Seine Saint-Denis a le ratio de médecins le plus faible de France.

En plus, un grand nombre de médecins travaillant dans le Conseil Général, auront 65 ans et plus ne seront pas remplacés à leur départ.

Bien sûr, plus les populations sont démunies, plus elles sont fragiles face aux accidents et aux maladies du fait de travaux durs, moins la Santé les assiste !

Et il ne faut pas oublier que cette désertification médicale a aussi un effet : supprimer la prévention des maladies, en attendant qu’elles prennent un tour grave et envoyer tous les malades vers l’hôpital public déjà complètement engorgé et notamment ses services d’urgence déjà prêts à exploser malgré le dévouement des personnels…


La santé devient un luxe

Le nombre d’hôpitaux de l’APHP qui appliquent la chambre individuelle à 45€ augmente sans cesse. La direction de la Santé compte bien généraliser cette mesure qui se rajoute bien sûr au forfait hospitalier et parfois au paiement exorbitant des spécialistes travaillant en privé sur le dos du service public en bénéficiant de ses infrastructures. L’APHP n’a de cesse d’économiser sur la santé des malades, diminuer les soins « non rentables », diminuer les services, diminuer la durée d’hospitalisation, diminuer les moyens, les lits, les personnels. Et d’augmenter les coûts pour les malades !


Chacun à son tour ou tous ensemble ?

On apprend parfois avec étonnement que, dans tel ou tel hôpital, un service a été appelé par les syndicats à débrayer seul face au manque de personnel, sans en informer les autres services et, bien entendu, sans obtenir satisfaction. Et toujours, on ne le sait qu’après coup. Ainsi, on évite aux personnels de discuter de la nécessité de réagir ensemble aux mauvais coups et de revendiquer ensemble et on essaie de nous habituer à enfermer nos luttes service par service. N’écoutons pas ceux qui nous conseillent ce type de lutte qui nous divise et ne nous mènera jamais au succès. Non seulement, il faut nous battre tous services et toutes professions de l’hôpital public ensemble mais il faut lutter ensemble avec les autres hôpitaux et établissements des services publics. C’est la seule voie du succès. Rappelons-nous qu’à Tenon, les syndicats nous avaient dit qu’on pouvait gagner en renfermant la lutte dans un seul hôpital avec le slogan "Tenon bon !". Mais ils ont seulement démontré qu’il ne suffit pas de tenir... la lutte enfermée pour gagner !!!


Belle démocratie, en vérité !

C’est beau, la démocratie française ! On va prochainement élire le président de la république française et la population aura eu toute possibilité de choisir contrairement à ce qui se passe dans un grand nombre de dictatures. On va ensuite élire les députés… Et puis, autant continuer, élire, pourquoi pas, les patrons des trusts et des grandes entreprises publiques, semi publiques ou privées comme Total, Renault, SNCF, La Poste ou L’Oréal ? De toutes manières, c’est bien l’argent de nos impôts qui va dans ces entreprises ! Et puis aussi les patrons des grands média, de télévision, radio, AFP, presse. Puisque c’est eux qui font l’opinion populaire, pourquoi cette dernière, qui les finance, ne choisirait pas qui est à leur tête ? Et aussi tous les autres grands de ce monde que notre travail et notre argent finance : les banquiers, les organismes financiers,… Pourquoi nous n’élirions pas les dirigeants de la Banque de France, de la BCE, des banques publiques, semi publiques et privées qui font le rodéo grâce à notre argent en misant sur les dettes, sur la chute de l’économie, sur notre ruine à tous ? On est en démocratie, oui ou non ?

L’Etat, c’est nous en démocratie, on nous l’a suffisamment répété ? Donc, en démocratie élective, on devrait élire les généraux, les grands officiers de l’Etat, à la tête de la police, de la justice, des finances, de l’administration, des prisons, de la construction, de la santé, de l’industrie. On devrait choisir ainsi les chefs de la diplomatie, des forces spéciales, des polices spéciales, de la sécurité intérieure et extérieure, des religions, des centrales syndicales et autre organismes sociaux qui contrôlent le chômage, les aides sociales, la santé….

Et pas seulement élire les responsables et les contrôler. Mais voter aussi sur les grandes décisions. Eh oui ! Puisqu’on nous bassine que nous sommes en démocratie où « le peuple décide », pourquoi ce ne serait pas nous qui déciderions par vote de la guerre et de la paix, des licenciements, des mesures face à la crise, des salaires et des prix, des profits, des sacrifices, des aides ou pas aux banques et aux capitalistes. Pourquoi on ne voterait pas sur les questions qui nous concernent directement ?

Bien sûr, me direz-vous, j’ai rêvé. On ne nous donnera jamais de tels droits électifs sous le capitalisme et je le sais très bien. On a juste le droit, par le vote, de cautionner le système qui nous exploite et nous opprime comme il opprime et exploite toute la planète. Ces élections ont été mises en place par les classes dirigeantes et pour elles. Elles ne peuvent absolument pas représenter l’expression des aspirations des travailleurs et des classes populaires, même de manière déformée. Et ne parlons pas de changer la société. Les élections dans le cadre bourgeois sont d’abord là pour que rien ne change dans les classes qui dominent et exploitent et dans les classes qui subissent et sont exploitées. En période de crise, c’est pire encore : il s’agit de camoufler la réalité économique, sociale et politique, c’est-à-dire les sacrifices sanglants qui nous sont réservés par du blabla de professionnels du mensonge…

D’ailleurs, le président de la République est certes élu mais il cumule des pouvoirs, des finances et des empires plus importants que ceux des anciens rois de France. Choisir parmi des hommes vendus au grand capital ceux qui vont poser leur pied sur notre tête n’a rien de démocratique ! Si les peuples ont coupé la tête des rois et renversé les royautés, ce n’est pas pour les rendre électorales…

Même dans la révolution française de 1789 dont tous les politiciens se réclament, les masses populaires n’ont pas attendu les élections des hommes politiques ni les décisions des parlements et des gouvernements et ont mené l’action directe. Et c’est ainsi qu’elles ont imposé le changement social et démoli l’ancien ordre féodal. Par contre, ces masses populaires des révolutions françaises de 1789, 1793 et 1871 ont toujours mis en place leurs propres organes de décision et de direction : des communes, des comités, des conseils de travailleurs.

Telle est la voie pour nous aussi. La politique, ce n’est pas de politiciens bourgeois, de gauche, de droite ni d’extrême droite, qu’il faut que nous l’attendions. Faisons nous-mêmes la politique, décidons-la ensemble en nous réunissant entre travailleurs, dans nos entreprises et nos quartiers, et aussi en dépassant les limites de nos entreprises, de nos villes, en nous fédérant à l’échelle nationale. Et apprenons ensemble à discuter et à décider en fonction de nos intérêts de travailleurs. Voilà où seront nos parlements, nos gouvernements, nos partis, nos syndicats : en train de nous proposer leurs idées, leurs programmes dans nos assemblées. Et ce sera à nous de trancher entre ces propositions, à nous de décider de l’avenir.

Avec la crise profonde et historique de l’ancien système qui a longtemps dominé le monde et dont nous n’avons encore vu que les premières horreurs, il est vital pour nous de compter sur nos propres forces, sur notre propre organisation, pour déterminer la politique qui nous est nécessaire. Plus vite nous nous en convaincrons, et moins nous paierons cher les combats inévitables vers la sortie du capitalisme.

N’oublions jamais qu’inorganisés, nous ne sommes rien. Organisés en comités sur des bases de classe, nous sommes tout !

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