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Quand les banques s’effondreront…

lundi 23 avril 2012, par Robert Paris

Quand les banques s’effondreront…

Les banques grecques, espagnoles, portugaises, italiennes, islandaises se portent mal mais aussi les banques françaises, anglaises, allemandes ou américaines et même chinoises…

Et d’abord, les banques grecques…

La Banque nationale de Grèce (BNG), premier établissement commercial du pays, a perdu 12,3 milliards d’euros en 2011, dont 11,7 milliards proviennent de l’opération de restructuration de la dette souveraine du pays, a annoncé le groupe vendredi. Ces pertes massives ramènent le taux des fonds propres durs (Core Tier 1) de la banque à 6,3%, ce qui permet de donner une idée des besoins en recapitalisation du groupe pour parvenir à 9% d’ici la fin de l’année, comme le prévoit la Banque de Grèce. « Les mois prochains, la BNG va continuer ses efforts pour renforcer son capital (...) tout en restant le pole de base pour la stabilité du système bancaire en vue d’attirer les capitaux nécessaires pour la procédure de la recapitalisation », a indiqué le directeur général Apostolos Tamvakakis dans un communiqué.
Alpha Bank , la deuxième banque grecque a fait état d’une perte de 3,8 milliards d’euros en 2011 en raison de la restructuration de la dette souveraine du pays. Ces pertes ont provoqué une chute à 3% du taux de fonds propres durs de la banque (Core Tier 1),. Malgré le poids pour Alpha de l’opération de restructuration de la dette souveraine grecque qui a permis à la Grèce d’effacer environ 105 milliards d’euros d’obligations détenues par ses créanciers privés, la banque a « maintenu ses indices de capitaux à des niveaux satisfaisants », a estimé le directeur général, Dimitrios Mantzounis dans un communiqué. Il a rappelé qu’Alpha avait soumis à la Banque de Grèce « un plan d’entreprise qui comprend une restructuration, condition préalable pour que l’établissement, créé il y 130 ans, bénéficie de la recapitalisation » prévue par les instances européennes.

Eurobank EFG, troisième établissement bancaire grec, a pour sa part accusé des pertes nettes en 2011 de 5,5 milliards d’euros, dont 4,6 milliards dues à la récente restructuration de la dette souveraine du pays. Ces pertes ramènent les fonds propres durs de la banque à 875 millions d’euros indique Eurobank dans un communiqué, sans indiquer quel est du coup l’évolution de son ratio Core Tier 1, qui permet de donner une image sur la solvabilité de l’établissement. Avant la restructuration, cet indicateur était de 9,8%, pour un niveau requis de 9% d’ici septembre. Les provisions pour créances douteuses s’établissent à 1,3 milliard d’euros, en hausse de 4,7% par rapport à 2010.« La recapitalisation couvrira les pertes du capital et donne la possibilité d’un nouveau départ de stabilité pour les banques grecques », a commenté le directeur général Nikolaos Nanopoulos, cité dans un communiqué.

Pour se renforcer, Eurobank a par ailleurs récemment conclu un accord avec Burgan (Koweït) pour la vente de sa filiale turque Eurobank Tefken. Elle a par ailleurs dû renoncer à un projet de fusion avec Alpha bank, deuxième banque grecque, en janvier après cette dernière eut reculé, invoquant les « impacts » sur le secteur bancaire de la restructuration de la dette du pays.

La Banque du Pirée, enfin, quatrième établissement bancaire grec, a perdu 6,3 milliards d’euros en 2011 dont 5,9 milliards proviennent de l’opération de restructuration de la dette souveraine du pays. Pour aider le groupe menacé de faillite, le Fonds héllénique de stabilité financière alimenté par les pays de la zone euro, a déjà accepté de participer à hauteur de « 5 milliards d’euros » pour recapitaliser la banque, afin que le taux de Core Tier 1 « revienne à 9,7% sur une base pro forma », a indiqué le groupe dans un communiqué. Les actifs du groupe ont plongé de 14% en 2011 par rapport à l’année précédente, à 49,3 milliards d’euros. « La mise en oeuvre par le gouvernement grec de l’opération de restructuration de dette, dite PSI, débouche inévitablement sur des effets très largement négatifs pour les banques grecques à la fois pour leurs résultats financiers et leur capital » indique le président de la Banque du Pirée dans un communiqué. « Nous avons l’engagement du Fonds hellénique de stabilité financière (créé récemment pour soutenir les banques) que la recapitalisation de la banque va contribuer au rétablissement du Core Tier 1 à 9,7% », ajoute-t-il.

Les banques grecques font donc face à un besoin urgent de liquidités. Pour lancer cette procédure de recapitalisation, la Grèce a reçu jeudi un premier versement de 25 milliards d’euros du Fonds européen de stabilité financière (FESF) prévu dans deuxième plan de soutien accordé mi-mars au pays par l’UE et le FMI, a rappelé M. Papademos. « Ce montant est la première moitié des fonds disponibles » pour l’opération, qui doit être finalisée par le nouveau gouvernement attendu à l’issue des élections législatives du 6 mai, a relevé M. Papademos. Ensuite, a-t-il déclaré, les banques devront « prendre la responsabilité de soutenir l’économie réelle » et « agir rapidement » pour financer les PME grecques qui emploient 85% des salariés du privé, contre une moyenne de 67% dans l’UE. « Si les banques veulent un renforcement en capital, il faut qu’elles soutiennent le financement des entreprises, notamment les PME. Si les PME veulent des crédits bancaires, elles doivent protéger l’emploi », a insisté M. Papademos.

Et les banques espagnoles ?

Malgré un vaste plan d’assainissement du secteur financier entamé en 2009, les banques espagnoles devront encore renforcer leurs fonds propres si "l’économie se dégrade plus que prévu", a déclaré le gouverneur de la Banque d’Espagne. Quand on sait qu’une prochaine reprise espagnole est plus qu’improbable...
Les derniers propos du gouverneur de la Banque d’Espagne ne sont guère rassurants. Malgré un vaste plan d’assainissement du secteur financier entamé en 2009, les banques espagnoles devront encore renforcer leurs fonds propres si "l’économie se dégrade plus que prévu", a déclaré mardi Miguel Fernandez Ordonez. Dans une telle hypothèse, "il faudra continuer à augmenter et à améliorer le capital autant que nécessaire pour continuer à compter sur des entités solides", a-t-il déclaré lors d’une conférence à Madrid. Or selon lui, "il n’est pas probable que nous voyions sous peu une forte reprise de l’économie espagnole "... L’Espagne a renoué avec la récession au premier trimestre 2012, accumulant deux trimestres consécutifs dans le rouge. Après une faible croissance, de 0,7%, en 2011, le gouvernement a prévu un recul du 1,7% du PIB en 2012.
Une véritable reconversion industrielle du secteur bancaire
Lancée en 2009 et encouragée par l’adoption de "plus d’une demi douzaine de lois", la réforme du secteur financier s’est déjà soldée par "la disparition de deux banques et de 28 caisses" d’épargne (les cajas) sur les 45 qui existaient en 2008, a rappelé Miguel Fernandez Ordonez. Selon lui, l’Espagne a ainsi accompli "une véritable reconversion industrielle du système bancaire". Le secteur a aussi mis de côté 112 milliards d’euros de provisions entre fin 2007 et fin 2011, a-t-il rappelé.

Début février, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a dévoilé une nouvelle réforme du secteur. Ce dernier devra consacrer 50 milliards d’euros supplémentaires à l’assainissement de ses actifs immobiliers en un an, dont 35 milliards seront de nouvelles provisions, piochées dans les résultats. Fragilisées depuis l’éclatement de la bulle en 2008, les banques accumulaient, en juin 2011, 176 milliards d’euros d’actifs considérés comme "problématiques" - car à la valeur incertaine -, selon la Banque d’Espagne. Un chiffre qui a sûrement grimpé depuis.

Et les autres

Tous les titres bancaires français sont effectivement aujourd’hui à la cave. Si l’on regarde leur performance sur cinq ans, ils perdent tous entre 60% et 80%...Le crédit Agricole, par exemple, entré en 2001 sur la base de 17 euros ne vaut plus que 3,65 euros après en avoir valu jusqu’à 33. Société Générale n’est pas mieux lotie du haut de son titre à 17,40 euros après des sommets à 143 euros. Les capitalisations boursière de tous ces mastodontes se sont donc dramatiquement affaiblies (BNP Paribas ne vaut que 36 milliards, Société générale, 14 milliards, Crédit Agricole 10 milliards et Natixis 7,2 milliards).

Les soucis des banques de la zone euro et le mouvement de désendettement qu’elles ont entrepris coûteront dans le pire des cas jusqu’à 1,4% au PIB la zone en 2012 et 2013, a affirmé mercredi le Fonds monétaire international.

Selon le "Rapport sur la stabilité financière dans le monde" semestriel du FMI, les 58 plus grandes banques de l’Union européenne devraient réduire sur cette période leur bilan d’un montant compris entre 2.200 et 3.800 milliards de dollars.

On se souvient que la crise bancaire de 2008 a été stoppée par l’intervention massive des Etats. Comment se fait-il qu’on en revienne en 2012 au point de départ après avoir coulé les Etats en leur faisant assumer les dettes des banques ?

Se prenant a crise grecque de plein fouet, la BNP Paribas, le Crédit agricole et la Société générale ont vu leurs valeurs boursière s’effondrer ces derniers jours.

Les valeurs bancaires, surtout en France, ont été particulièrement chahutées lundi, plombées par leur exposition aux dettes souveraines et par des craintes sur leur solvabilité. Fortement impliquées dans le plan de soutien de la Grèce, 3 banques françaises : la BNP Paribas, le Crédit agricole et la Société générale sont dans le collimateur de l’agence de notation financière Moody’s Investors Service.
En raison des grandes quantités de dette grecque qu’elles possèdent et du fait de la situation de plus incertaine quand à la résiliation du défaut économique grec, ces 3 banques pourraient voir leur notes se dégrader, l’agence Moddy observant de près les activités des 3 groupes depuis juin et devant rendre son rapport à la mi-septembre.
Déjà en difficulté au même titre que les autres organismes bancaires côtés en bourse, les 3 groupes précités ont vu leurs valeurs boursières dégringolés ce lundi : -11,68 % pour BNP Paribas (26,27 euros le titre), -10,07 % pour le Crédit agricole (4,85 euros) , et - 9,74 % pour la Société générale (15,80 euros). C’est une fois encore la Société Générale qui pâtit le plus de cette situation en affichant, avec une chute de plus de 12%, la plus forte baisse du CAC40.

Interrogé sur le question , le ministre de l’industrie, Éric Besson a écarté tout nationalisation totale ou partielle des banques françaises, jugeant une telle action "totalement prématurée".

Prématurée mais pas impossible..

Une chose est sûre : les établissements bancaires ne pourront pas subir de plein fouet un nouveau coup de grisou sur leur cours de Bourse.

la suite...

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  • Et les autres

    Tous les titres bancaires français sont effectivement aujourd’hui à la cave. Si l’on regarde leur performance sur cinq ans, ils perdent tous entre 60% et 80%...Le crédit Agricole, par exemple, entré en 2001 sur la base de 17 euros ne vaut plus que 3,65 euros après en avoir valu jusqu’à 33. Société Générale n’est pas mieux lotie du haut de son titre à 17,40 euros après des sommets à 143 euros. Les capitalisations boursière de tous ces mastodontes se sont donc dramatiquement affaiblies (BNP Paribas ne vaut que 36 milliards, Société générale, 14 milliards, Crédit Agricole 10 milliards et Natixis 7,2 milliards).

  • Malgré le poids pour Alpha de l’opération de restructuration de la dette souveraine grecque qui a permis à la Grèce d’effacer environ 105 milliards d’euros d’obligations détenues par ses créanciers privés, la banque a « maintenu ses indices de capitaux à des niveaux satisfaisants », a estimé le directeur général, Dimitrios Mantzounis dans un communiqué. Il a rappelé qu’Alpha avait soumis à la Banque de Grèce « un plan d’entreprise qui comprend une restructuration, condition préalable pour que l’établissement, créé il y 130 ans, bénéficie de la recapitalisation » prévue par les instances européennes.

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