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A quel mur infranchissable se heurte le développement capitaliste mondial ?

mercredi 16 mai 2012, par Robert Paris

A quel mur infranchissable se heurte le développement capitaliste mondial ?

Comment l’économie capitaliste fonctionne ? Le premier ministre Cameron, lui-même, reconnaissait : « Beaucoup de gens s’interrogent sur la façon de s’en sortir mais aussi sur la manière dont toute l’économie fonctionne. » Et effectivement, du fait de la crise, beaucoup ont compris qu’ils ignoraient complètement le mode de fonctionnement du système qui domine leurs vies. Pourquoi tout pourrait-il s’effondrer alors que la technologie progresse, que la consommation progresse, que la demande solvable progresse et comment des sociétés très riches peuvent être valorisées de manière nulle par les marchés du jour au lendemain ?

Bernanke avait déclaré de la crise de 2008 : « Nous avons sauvé le monde du désastre. » A sa suite, tous les Bush, Obama, Sarkozy ou Merkel ont sauvé le monde ou un pays du désastre, mais il plane toujours au dessus de nos têtes…

Ils déclarent qu’il faut cesser de s’endetter mais la France vient deux semaine sde suite, sous Sarkozy, d’emprunter neuf et huit milliards et continuera sous Hollande.

Une crise dont Lawrence Summers, conseiller d’Obama, a dit que nous avons fait trop de tout : trop de crédit, trop de confiance mais il n’y a qu’une solution, en faire encore plus ! La crise est une crise d’excès de crédit, de surendettement généralisé, d’insolvabilité généralisée ? Une crise globale. Globale car le système bancaire et financier mondial est totalement imbriqué, les soi-disant actifs des unes sont les dettes des autres !

Tout à débuté par une crise du crédit (crédit immobilier, crédit du refinancement bancaire, crédit souverain, crédit des états périphériques européens, des états souverains voisins des périphériques, de ceux qui viennent en aide aux pestiférés) nous dit-on. Oui si tout avait commencé en 2008.

Mais tout a fini en 2008 !

On nous a dit que les dettes étaient la cause de la crise mais qu’a-t-on remarqué : pour endiguer la crise on n’a cessé d’augmenter les dettes, certes en les transférant sur les Etats et les institutions financières internationales, mais aussi en continuant d’endetter les banques. Donc les dettes sont une conséquence et non une cause.

Par exemple, ce qui permet aux banques de s’endetter à nouveau, ce sont les prêts sans limites des banques centrales et ceux-ci se sont accrus…

Et, bien entendu, chacun a vu que, malgré de grandes déclarations, la dette des Etats n’a cessé de s’accroître.

D’où viennent ces dettes ? Quelle est leur origine ?

Pas de la misère des plus démunis ! Pas même de la misère des classes moyennes ! Encore moins de la misère des plus riches ! Ils n’ont jamais été aussi riches !

Elles ne viennent pas du tout du manque de richesses…

Mais alors ?

Elles viennent de l’intérêt à emprunter pour investir dans la spéculation !

Le système capitaliste a recouru au développement des emprunts et de leur facilité pour donner un peu d’oxygène à son fonctionnement grippé depuis des années…

C’est dans les années 2000 qu’il a commencé à donner des signes d’essoufflement. Et, loin de causer la crise, l’endettement l’a retardée.

Même les accusations contre la spéculation sont ridicules : la spéculation a donné un dernier souffle au capitalisme au lieu de l’étouffer, mais c’était un souffle factice.

Et surtout la spéculation a aggravé les causes fondamentales de la crise. Plus la spéculation est devenue rentable, plus les capitaux se sont détournés des investissements productifs et commerciaux.

Fin Mars 2012, Ben Bernanke a donné 4 conférences à la George Washington University School of Business. Il y déclarait : « la crise des subprimes est un symptôme, ce n’est pas la cause de la Grande crise financière ».

Ce qui s’est effondré ce n’est pas le mythe du crédit mais le mythe de la croissance sans limite.

Le capitalisme avait des limites et il les a atteintes.

A quel mur s’est heurté le système ? A quel iceberg s’est heurté le Titanic du capitalisme ? A la limite des investissements rentables en système de profits croissants.

La crise du capitalisme n’est pas une crise d’un des modes de fonctionnement du système : du crédit, de la spéculation, de l’endettement ou de l’intervention des Etats.

C’est une crise globale mais qui touche d’abord la racine du fonctionnement, l’investissement productif privé, celui par lequel le profit arrive et qui transforme du travail humain en profit.

Le ressort est cassé et personne ne le réparera. Tous ceux qui le prétendent ne cherchent qu’à gagner du temps pour mieux détourner la révolution sociale à venir.

La « crise grecque », loin d’être finie et qui s’est transformée en crise européenne, est bien caractéristique de l’instabilité actuelle du système mondial. En effet, l’économie grecque n’est qu’une part minime de l’économie européenne et mondiale et il est remarquable que ses difficultés suffisent à faire craindre une rechute mondiale et commence déjà à faire chuter les bourses asiatiques notamment. On nous annonçait pourtant une confiance générale dans la reprise mondiale qui allait être tirée par les économies asiatiques, notamment chinoise et indienne ! Et voilà que la petite Grèce pèserait plus à la baisse que la Chine à la hausse !

Ceux qui raisonnent ainsi font comme si l’économie, c’était autre chose que les intérêts d’une classe exploiteuse. Comme si cette classe capitaliste avait comme préoccupation le développement de l’économie et non l’accroissement du contenu de leurs coffres-forts ! Or, justement, faire grandir son capital, pour chaque capitaliste individuel, pour chaque société, pour chaque banque, pour chaque spéculateur, ce n’est pas forcément investir, développer, créer, fonder des sociétés, embaucher des salariés et produire des marchandises : c’est aussi miser à la baisse, jouer sur la chute, sur les fermetures, sur la baisse de la monnaie, sur la crise économique. Il y a bien plus de grandes fortunes qui se sont fondées ainsi que sur la progression des investissements productifs…

Comment savoir si le capitalisme va seulement nous faire passer un mauvais quart d’heure ou si c’est la crise systémique de grande ampleur, la crise historique de la domination capitaliste, avec à la clef des catastrophes sociales et politiques, guerres, dictatures et fascismes à l’échelle planétaire ?

Comment avoir des critères sérieux pour apprécier la situation du système ? Quels peuvent être les instruments de mesure de cette crise ? Est-ce la richesse mondiale ? Mais la crise de 2008, comme celle de 1929, a eu lieu au plus haut sommet de la richesse mondiale. Les sociétés peuvent annoncer des niveaux de richesse qui n’ont rien à voir avec des biens réellement en possession. Les déclarations des Etats sur leurs fonds peuvent être tout aussi mensongers, comme on vient de le voir pour la Grèce.

La richesse ne suffit pas à définir l’état du système ni celui d’un société. En effet, les capitalistes peuvent, dans certaines phases, s’enrichir en développant l’économie, en investissant dans la production, dans le commerce, dans la distribution, dans les services, dans les installations et, ainsi, construire une certaine prospérité générale qui active d’autres activités économiques, multiplie la quantité de biens matériels, d’échanges. Les spéculateurs gagnent autant à miser à la baisse qu’à la hausse. L’important pour eux n’est pas de développer la société mais de vendre à l’avance ce qui va chuter, quitte à en provoquer l’effondrement. Si, à tout moment un capitaliste pouvait s’enrichir de manière prédatrice, en fondant sa fortune sur des faillites, on entre depuis 2008 dans une phase du système où c’est tout le mécanisme capitaliste qui se détruit lui-même en produisant essentiellement des investissements prédateurs. On a vu en 2008 que l’incapacité des individus de payer le loyer de leur endettement immobilier pouvait être titrisé, transformé en capital !

Les mécanismes nocifs révélés par la crise de 2008 sont nombreux et ils sont loin d’avoir disparu depuis malgré l’intervention massive des Etats et la masse impressionnante de capitaux que ceux-ci on déversé. Là encore, ce ne sont pas les seuls types d’investissements dits nocifs car leur développement provoque en chaîne une espèce de nécrose, comme lorsque la mort d’une cellule distribue tout autour des produits mortels pour les autres cellules, elles-mêmes nécrosées. De nouveaux subprimes sont apparus, notamment les titres de la dette des Etats. Une grande partie des capitaux mondiaux est investie dans la dette publique. Et il est beaucoup plus rentable, après la crise et malgré des centaines de milliards d’investissements des Etats, de couler une société, un pays, une monnaie que d’investir dans un hasardeux développement économique mondial. On vient encore de voir un tel mécanisme dans la crise grecque, des capitaux massifs jouant sur la chute de l’euro et des économies européennes, les Etats choisissant de perdre des fortunes pour enrichir cette spéculation. On assiste à la croissance exponentielle de la nécrose du capitalisme.
Le système capitaliste n’est pas éternel. Aux prolétaires de faire en sorte que ne plonge pas dans les fascismes et les barbaries guerrières pour sauver la classe exploiteuse, en décidant de donner une autre suite à l’histoire du capitalisme que la terreur généralisée.

la suite...

Messages

  • Le capitalisme a évité la chute brutale en 2008 et, à l’aide de moyens financiers étatiques d’une exceptionnelle quantité, il est parvenu à une chute en pente douce qui se poursuit et se généralise. Cependant, cela ne change rien à l’avenir : récession et inflation, chômage de masse, destruction des services publics et misère massive ne pouvant que mener à des désordres extraordinaires au plan politique et social. Et, il n’y a plus qu’à attendre le prochain effondrement boursier, financier ou économique... Pour arriver à ce résultat, tous les états du monde se sont mis en faillite. Il n’y a pas d’issue économique pour le capitalisme. Pour les classes dirigeantes, il est indispensable de préparer un avenir fait d’affrontements ethniques, régionaux, raciaux, de guerres, de dictature et de fascisme.

  • A quel mur infranchissable se heurte le développement capitaliste mondial ?
    Comment l’économie capitaliste fonctionne ? Le premier ministre Cameron, lui-même, reconnaissait : « Beaucoup de gens s’interrogent sur la façon de s’en sortir mais aussi sur la manière dont toute l’économie fonctionne. » Et effectivement, du fait de la crise, beaucoup ont compris qu’ils ignoraient complètement le mode de fonctionnement du système qui domine leurs vies. Pourquoi tout pourrait-il s’effondrer alors que la technologie progresse, que la consommation progresse, que la demande solvable progresse et comment des sociétés très riches peuvent être valorisées de manière nulle par les marchés du jour au lendemain ?

    Bernanke avait déclaré de la crise de 2008 : « Nous avons sauvé le monde du désastre. » A sa suite, tous les Bush, Obama, Sarkozy ou Merkel ont sauvé le monde ou un pays du désastre, mais il plane toujours au dessus de nos têtes…

    Ils déclarent qu’il faut cesser de s’endetter mais la France vient deux semaine sde

  • Ce qui s’est effondré ce n’est pas le mythe du crédit mais le mythe de la croissance sans limite.

    Le capitalisme avait des limites et il les a atteintes.

  • A quel mur infranchissable se heurte le développement capitaliste mondial ? Comment l’économie capitaliste fonctionne ?
     d’abord qu’est ce qu’un pays endetté ?
    l’ensemble de la population endettée ?
     pourquoi la crise frappe l’ensemble du système capitaliste au même moment ?
     pourquoi les capitalistes se mobilisent tant pour sauver les banques ?
     pour créer plus d’emplois pour les travailleurs ?
     non !
     pour lutter contre la pauvreté ?
    non-
    seulement comme ils l’ont fait dans le temps,et comme ils continueront à le faire c’est- à dire préserver leur intérêt à tous les niveaux quel qu’en soit le prix à payer pour les travailleurs !

    • d’abord qu’est ce qu’un pays endetté ?

      l’ensemble de la population endettée ?

      C’est une question de fond car on nous parle sans cesse de dettes...

      Dettes des Etats, dettes de banques, dettes des entreprises, dettes des communes, dettes des services publics, dettes de particuliers, dettes, dettes...

      On se serait tous trop endettés nous dit-on et c’est l’un des gros mensonges de cette situation.

      Quand on s’endette, quelqu’un doit de l’argent à quelqu’un d’autre qui lui a prêté et s’il y en a un qui s’est appauvri, l’autre s’est enrichi et celui qui ne peut pas payer ses dettes chute dans la faillite.

      Or rien de tout cela n’a lieu.

      Les dettes tournent en rond, les Etats s’endettent auprès des banques, les banques s’endettent auprès des banques centrales et les banques centrales auprès des Etats.

      ça tourne en rond !!!

      Personne ne s’enrichit.

      Ne cherchez pas à comprendre le capitalisme à partir de ce qui se passe en ce moment : ce n’est déjà plus le fonctionnement capitaliste.

  • Le capitalisme s’est heurté à un mur signifie qu’il a cessé de fonctionner non pas du fait d’un recul, d’une maladie, d’une perte ou d’une récession mais du fait qu’il a tellement bien réussi qu’il a dépassé les limites de ce que ce système est capable d’investir. il y a désormais des milliers de fois plus d’argent en circulation entre les mains de possesseurs de capitaux que ce que l’on pourrait investir de manière rentable dans la production et le commerce.

  • d’abord qu’est ce qu’un pays endetté ?

    l’ensemble de la population endettée ?

    Tu as soulevé un vrai point !

    Un pays endetté, cela n’a rien à voir avec le peuple endetté !

    Que le peuple soit endetté, l’Etat s’en moque ! Il ne cherche nullement à empêcher cet endettement, bien au contraire, à condition de continuer à le prendre à la gorge même s’il est endetté. Par contre, si les banquiers et les trusts sont endettés, il les aide avec argent d’Etat et endette donc l’Etat.

    Mais actuellement, même parler de dette d’Etat ne veut plus rien dire car dettes vis-à-vis des banques centrales qui elles mêmes dépendent des Etats, c’est se moquer du monde !

  • pourquoi la crise frappe l’ensemble du système capitaliste au même moment ?

    Voilà une autre de tes questions si précieuses...

    Eh bien, justement, parce que le reste n’a pas d’existence : les pays, les nations, les régions, les religions, les ethnies ne sont pas des zones différentes vivant dans des mondes différents. Il y a un seul monde, le capitalisme. Que le navire vogue ou il coule, il ne peut que voguer ensemble ou couler ensemble...

  • pourquoi les capitalistes se mobilisent tant pour sauver les banques ? dis-tu ?

    Je me demande d’abord s’il est exact qu’ils veulent sauver les banques. Ou s’ils veulent sauver les économies. Ou sauver l’Europe. Ou sauver la Grèce.

    Non, le capitalisme, quand il était vivant, ne se préoccupait de sauver personne. S’il fait semblant de sauver, c’est pour tromper les peuples et faire croire qu’on peut encore sauver le système. Quand il s’est soi disant mobilisé pour les banques, il a dit d’abord que c’était pour sauver le système et ensuite que c’était pour sauver les emplois. Et, dans les deux cas, c’était faux !

  • « La force productive déjà existante et acquise sous la forme de capital fixe, les conquêtes de la science, le sort des populations etc., bref les immenses richesses et les conditions de leur reproduction dont dépend le plus haut développement de l’individu social et que le capital a créées dans le cours de son évolution historique - cela étant on voit qu’à partir d’un certain point de son expansion, le capital lui même supprime ses propres possibilités. Au delà d’un certain point, le développement des forces productives devient une barrière pour le capital ; en d’autres termes, le système capitaliste devient un obstacle pour l’expansion des forces productives du travail. Arrivé à ce point, le capital ou plus exactement le travail salarié, entre dans le même rapport avec le développement de la richesse sociale et des forces productives que le système des corporations, le servage, l’esclavage et il est nécessairement rejeté comme une entrave. »

    Karl Marx dans "Principes d’une critique de l’économie politique"

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