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Bulletin La Voix des Travailleurs de Renault Rueil/Lardy

vendredi 13 juillet 2012, par Robert Paris

Les bulletins La Voix des travailleurs

Bulletin La Voix des Travailleurs de Renault Rueil/Lardy


Pour les licenciements, c’est parti…

C’est 10.000 licenciements qui vont donc être causés par la seule décision d’un patron, celui de PSA, avec la fermeture de l’usine d’Aulnay.

8.000, c’est le nombre de licenciements annoncés par la direction de PSA et 2.000, ce sont les précaires et sous-traitants qui perdront leur emplois en conséquence. C’est le plus gros plan « social » !

Mais ce serait une erreur grave de croire que nous ne serions pas directement menacés à Renault par l’annonce de PSA ! Certes, Renault n’en annonce pas autant, avec « seulement » 300 emplois supprimés « à l’horizon 2014 », dit la direction, dans l’usine de Flins. Mais il faut y ajouter les menaces pour l’emploi à Sandouville où on impose aux salariés une mobilité forcée avec des centaines de kilomètres chaque jour ! Il faut y rajouter que les menaces sur la fermeture du CTR de Rueil reprennent de l’actualité puisque les plans de la mairie de Rueil semblent indiquer la fermeture du site. Et c’est loin d’être fini.

Bien entendu, Renault n’allait pas attaquer les salariés en même temps que PSA puisque l’union dans la lutte de tous les salariés de l’Automobile, c’est justement tout ce que ces patrons cherchent à éviter et craignent par-dessus tout… Mais, ce n’est pas fini : si on laisse les salariés de PSA se faire licencier sans rien dire, ce sera notre tour. Il ne servirait à rien de prétendre que Renault n’aurait pas les mêmes résultats, n’aurait pas la même politique. Tous les patrons ont la même politique. Ils s’apprêtent tous à licencier massivement. Seule une lutte d’ensemble, débutant autour des PSA Aulnay et en solidarité avec eux, peut changer la donne. Attendre des bonnes mesures du gouvernement, se contenter de négocier, alors que les patrons mènent la guerre anti-sociale, c’est aller droit dans le mur…

PSA licencie mais il n’est pas seul…

Ce serait une grave erreur de croire les discours des patrons, que ce soit celui de Renault ou celui de PSA. Renault avait prétendu que le site de Sandouville n’était nullement menacé et il est revenu sur ces assurances ! Le patron de PSA avait prétendu que les "départs volontaires" allaient suffire à régler les problèmes, allaient permettre d’éviter des licenciements. Elle prétendait aussi que le plan de fermeture d’Aulnay était un projet abandonné, dépassé, qui n’avait plus aucune actualité. Un mensonge de plus de la direction qui n’est pas à cela près. Comme elle prétend maintenant que fermer Aulnay lui suffirait. Ce n’est qu’un début : si on laisse fermer Aulnay, nous sommes tous menacés. A Renault comme à PSA, comme dans toute l’Automobile et dans toutes les entreprises du pays ! Ne réagissons pas site par site. Répliquons tous ensemble ! Un pour tous et tous pour un !

Patrons à l’offensive

Philippe Varin, président de PSA, a déclaré : "Je mesure pleinement la gravité des annonces faites aujourd’hui ainsi que le choc et l’émotion qu’elles provoquent dans l’entreprise et dans son environnement". Mais, ce qui lui reste à mesurer, c’est notre capacité de réaction. Montrons lui ce qu’est la classe ouvrière et la situation changera !

Ne luttons pas par site, par profession…

Jean-Pierre Mercier, représentant CGT chez PSA, devant le siège parisien du groupe, a déclaré : "La guerre est déclarée sur l’usine d’Aulnay, on est plusieurs centaines de salariés à être déterminés à défendre notre boulot."

La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a déclaré de son côté que l’expert mandaté par l’Etat examinerait la situation de PSA pendant 15 jours. "On ne peut pas accepter quelque chose comme ça. Il faut regarder, il faut évaluer."

Mais c’est du blabla : il n’y a rien à évaluer sauf la capacité des salariés à se défendre et à s’organiser dans ce but. Certes la guerre est déclarée par les patrons et elle l’est pendant que les syndicats faisaient du blabla au sommet avec patrons et gouvernement au sommet de la concertation...

Par contre, la lutte ne débouchera pas pour les travailleurs s’ils se battent entreprise par entreprise.

Quand Mercier, dirigeant CGT PSA et porte-parole de Lutte Ouvrière, dit que "La guerre est déclarée sur l’usine d’Aulnay", il ne donne pas la véritable perspective. La guerre, c’est l’ensemble des patrons et de l’Etat qui nous l’ont déclarée. Le seul slogan valable pour les salariés de PSA comme pour tous les autres, est : "Un pour tous, tous pour un !" Laisser fermer une usine, c’est les laisser fermer toutes.

La guerre de classe, ce n’est pas ce que Mercier appelle "transformer Aulnay en forteresse ouvrière"... Cela c’est enfermer la lutte à venir dans une impasse ! C’est la même impasse à laquelle se sont heurtés les salariés de Continental ou New Fabris, la lutte seulement dans les entreprises qui licencient sans l’étendre à toute la classe ouvrière qu’on licenciera demain et sans même unir toutes les entreprises où on licencie... C’est la stratégie des syndicats mais ce n’est pas forcément celle des travailleurs pour peu qu’ils s’organisent par eux-mêmes, constituent leurs comités de lutte, leurs conseils de salariés, les fédèrent à l’échelle locale, puis nationale.


Guerre aux licencieurs !

Comment défendre nos emplois se demandent bien des travailleurs au moment où s’allonge la liste des plans dits "sociaux" qui sont des plans de suppressions d’emplois. Certains se disaient : le gouvernement de gauche va défendre nos emplois, les centrales syndicales vont défendre nos emplois, une loi va défendre nos emplois, les élections vont servir à choisir un camp qui va défendre nos emplois, l’Europe va défendre nos emplois, la France va défendre nos emplois, etc, etc…

Et nous, là-dedans, nous travailleurs, en tant que force sociale capable de faire face aux classes dirigeantes, sommes-nous juste les seuls qui ne saurions pas les défendre et qui n’aurions que nos yeux pour pleurer et nos mains pour supplier ? Est-ce qu’on a fini par nous convaincre que les travailleurs ne seraient que des bulletins de vote ? Devons-nous nous accrocher à la confiance dans notre entreprise, dans notre patron, dans notre pays, dans le système économique, comme à une bouée de sauvetage alors que ce sont seulement des Titanic ? Sommes-nous complètement désarmés si des patrons des trusts, des banques, de la finance ou du gouvernement nous disent qu’ils n’ont plus besoin de nous ? Devons-nous fatalement nous taire ou nous aligner sur la politique des centrales syndicales, tout attendre du gouvernement ou désespérer de l’avenir ?

A peine sortis du blabla de la concertation sociale syndicats/patronat/Etat, qui devait soi-disant arranger la situation, inaugurer « la France apaisée, réconciliée » d’Hollande, permettre une entente de tous, du patronat aux salariés, on apprend la première attaque d’ampleur du patronat : PSA supprime 8000 emplois (soit 10.000 en comptant précaires et sous-traitants) et ferme Aulnay ! La seule réaction du gouvernement est de se plaindre et de vouloir discuter… et de distribuer des sous aux licencieurs par « un plan de soutien à l’Automobile ». Soutien aux patrons pas aux salariés !

Les ouvriers d’Aulnay, menacés de perdre leur emploi et dans la période cela veut dire d’être à la rue, ne sont pas seuls menacés immédiatement et tous, nous sommes menacés à terme. Castorama, Visteon, Sanofi, Sodimedical, Doux, General Motors, Sealynx, Air France, Renault, Nokia, Orange, Bouygues, les banques, les assurances, le Bâtiment, les telecoms, les raffineries, la fonction publique, les guichets de la SNCF par exemple, suppriment des emplois, ferment des sites, licencient massivement… Bernard Thibaut avait remis une liste de suppressions d’emplois au gouvernement, mais il n’a pas remis cette liste aux travailleurs, les appelant à descendre ensemble dans la rue !!

Ceux qui avaient des espoirs fondés sur le nouveau pouvoir "socialiste" vont vite déchanter. Il programme la suppression des emplois des fonctionnaires partant en retraite. Quant à empêcher les trusts de licencier, il est tout juste capable de demander au patron de PSA « de préciser ses intentions » !

Voilà toutes les prétendues solutions d’un Hollande : relancer l’économie capitaliste par de nouveaux types d’emprunts, de nouvelles dettes d’Etat sans que les capitalistes ne mettent leurs capitaux privés dans l’économie ! L’Etat, qui n’a pas d’argent pour des emplois d’infirmières, d’aides-soignantes, de postiers, de cheminots et d’enseignants, en a pour des guerres en Libye, en Côte d’Ivoire ou en Afghanistan, assez pour aider toutes les banques, bourses, financiers et trusts !

Aujourd’hui, ce n’est plus telle ou telle entreprise, tel ou tel secteur, tel ou tel pays qui prend l’eau : c’est toute la société, c’est toute l’économie mondiale.

Alors les licenciements, la misère, la chute seraient une fatalité ? Non ! Cessons de croire à tous ceux qui nous proposent de négocier, de réformer, de moraliser, de réguler, d’encadrer, de mener des pourparlers entre syndicats, Etat et classes dirigeantes. Nous ne sommes faibles que de notre refus de nous attaquer au système. Dès lors que nous admettons que le système tout entier est devenu notre ennemi mortel, nous redevenons une force considérable : le prolétariat révolutionnaire.

Guerre aux licencieurs, guerre aux affameurs du peuple travailleur, devrait être le cri des opprimés.

Loin des promenades syndicales, des journées d’action sans lendemain, des luttes isolées, entreprise par entreprise, secteur par secteur, unissons public et privé, travailleurs et chômeurs, avec ou sans papiers, CDI et précaires, menons la lutte des classes. Et frappons : œil pour œil, dent pour dent.

Déclarons la guerre à ceux qui nous déclarent la guerre ! Hissons le drapeau rouge sur les entreprises qui licencient ! Occupons les entreprises et contestons au patron sa propriété privée !

Les banques nous menacent ? Retirons notre argent des banques et menaçons de les couler ! Les trusts nous menacent ?

Cessons de défendre l’entreprise ! Bloquons les toutes et menaçons leurs rentrées d’argent !

Travailleurs, formons nos comités d’action !

Les bulletins La Voix des Travailleurs

Messages

  • Les représentants syndicaux CFDT du constructeur ont publié il y a peu "Renault en danger", aux éditions de L’Harmattan. Fred Dijoux, délégué syndical central, souhaite que les salariés utilisent cet ouvrage pour renouer avec le débat au sein de l’entreprise.

    L’Usine Nouvelle - PSA retient l’attention depuis plusieurs semaines, Renault est-il en train de suivre le même chemin, après l’annonce notamment de 300 suppressions de postes sur le site de Flins (Yvelines) et l’abandon du projet de batterie ?
    Fred Dijoux - Ce qui s’est passé à Flins nous a indignés ! Quand Carlos Ghosn avait été reçu à l’Elysée il y a deux ans, il avait affirmé que la Clio 4 était la garantie pour pérenniser l’emploi à Flins. C’était un marché de dupes, car le résultat, c’est que la Clio 4 sera d’abord produite en Turquie, à Bursa. Il y aussi une responsabilité des pouvoirs publics, l’Etat avait juré qu’il serait vigilant. C’est un manquement à la parole donnée. Quant aux batteries, Nissan les produit et Renault n’a plus la maitrise sur cette technologie qui est le nerf de la guerre dans le véhicule électrique. Renault, comme valeur capitalistique, n’est pas en danger, vus ses résultats financiers et commerciaux. Mais en termes d’emplois en France ou au niveau managérial, avec les drames des trois dernières années et l’affaire d’escroquerie, Renault est malade. Le problème se situe au niveau de l’Alliance entre Renault et Nissan."

    Et le contrat de crise signé par les syndicats , est ce la faute aussi à l’alliance avec Nissan ?
    Ce qui est sûr c’est que tous les syndicats jouent la division des salariés et ça ce n’est pas la faute aux délocalisations, car les salariés japonais eux ont payés très forts aussi en fermeture d’usine à cause d’un PDG made in France !

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