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La défaite de la révolution espagnole et la confirmation de la conception marxiste de la nature de classe de l’Etat

lundi 3 septembre 2012, par Robert Paris

Ce qu’était le front populaire en Espagne en 1936 - La révolution prolétarienne en Espagne et ses ennemis mortels : non seulement le fascisme mais d’abord le front populaire et son allié, l’opportunisme d’extrême gauche

Et c’est le refus de la conception marxiste de l’Etat qui a conduit les dirigeants anarchistes tout droit dans l’enfer de la compromission et de la trahison

Signification historique du 19 juillet

(article écrit en août 1943 par Grandizo Muniz, dirigeant du trotskysme en Espagne)

Le 19 juillet 1936, les événements en Espagne ont confirmé de façon lumineuse la théorie marxiste de l’Etat. Une théorie sociologique prouve sa validité si les forces auxquelles elle se réfère produisent les dénouements historiques qu’elle avait prévus. En élaborant la leur, Engels et Marx ne purent tenir compte que d’expériences passées, avec des facteurs de classe différents. En se basant sur elles et sur les catégories économico-classistes contenues dans la société moderne, ils prévirent les effets et le dénouement qu’elles produiraient sur l’Etat.

Bien que limité à la catégorie de tentative révolutionnaire, la Commune de Paris donna des effets concordants avec la théorie marxiste de l’Etat. La révolution russe de 1917 la confirma pleinement. Le prolétariat, la plus grande des classes dépossédées et productrices de la société moderne, la seule qui ait tendance à croître continuellement avec la croissance des forces productives, doit, dans la lutte pour son émancipation, détruire l’Etat capitaliste et construire le sien, pour arriver, avec la disparition des classes, à celle de l’Etat. La révolution russe confirma historiquement la notion marxiste de l’Etat jusqu’au point où le temps et l’entrelacement de divers facteurs le permirent. Mais, en son sein, le Parti bolchevik agit comme facteur conscient du processus, en se proposant délibérément la destruction de l’Etat bourgeois et la construction d’un Etat prolétarien. Ce fut la première victoire de la conscience humaine sur le flux des événements, tumultueusement aveugle jusqu’alors.

La révolution espagnole a donné à la théorie marxiste de l’Etat une confirmation d’une valeur incomparablement plus grande. Les classes ou catégories sociales se sont comportées conformément à la théorie, sans qu’aucune organisation ou aucun parti n’influe sur son comportement spontané. Et au contraire, celles qui pouvaient être considérées comme des forces conscientes, les organisations ouvrières, déployèrent leur activité en sens contraire, en s’opposant à l’aboutissement du processus. Malgré elles, le mouvement ouvrit la voie dans le sens prévu par le marxisme et transforma, pour un moment du moins, les anarchistes, son adversaire invétéré, en son agent inconscient. Quand une loi existe, il ne sert à rien de l’ignorer ou de la nier, elle s’impose.

Lentement, mais inexorablement préparée par une très longue période historique, la crise la plus aigüe de la société espagnole des deux derniers siècles est apparue dans toute sa splendeur après la chute de la monarchie. Avec des intermittences et des va-et-vient, elle s’est agrandie continuellement jusqu’à l’éclatement de la guerre civile. Peu avant, s’était constitué le Front populaire, la plus formidable coalition connue jusqu’alors pour maintenir l’équilibre au sein de l’Etat bourgeois, entre les forces qui se rejettent. Le Front populaire comprenait les partis républicains, le Parti « socialiste », le Parti stalinien (sous étiquette « communiste ») et le POUM. Sans signer le pacte qui lui servait de base, la CNT-FAI l’appuya également. A la veille de la guerre civile, toutes les organisations ouvrières espagnoles connues par masses avaient les deux pieds bien ancrés dans la collaboration de classes, ou étaient à deux doigts de s’y précipiter. Aucune force – si on ne considère pas comme telle quelques militants sans moyens pour se faire entendre – ne travaillait consciemment pour la destruction de l’Etat capitaliste ni n’induisait le prolétariat à s’organiser pour organiser le sien. Les anarchistes auraient pu agir pour le premier point mentionné, mais ils ne le firent même pas. Le POUM, malgré son apparence marxiste, ne réussit jamais à sortir d’une politique de vacillements et de complaisances premièrement vis-à-vis du Front populaire lui-même, ensuite vis-à-vis de l’aile gauche de ce dernier. C’est sur cette limitation des organisations ouvrières les plus radicales que planait le Front populaire, comme un rapace gardien de la propriété et de l’Etat capitaliste, décidé à s’abattre sur les forces centrifuges qui prétendraient le détruire. Le prolétariat se trouvait enchaîné par ses propres organisations. Le processus prévu par la théorie marxiste de l’Etat ne disposait en faveur de son aboutissement que des tendances élémentaires manifestées par les secousses révolutionnaires du prolétariat.

Telle était la situation à la veille de la guerre civile. La bourgeoisie était convaincue, par l’expérience quotidienne, de la tendance profondément révolutionnaire des masses. Son existence en tant que classe était continuellement en danger. Les garanties que lui offrait le Front populaire ne lui inspiraient aucune confiance et ne lui offraient pas de conditions satisfaisantes de domination. Elle comprenait la réaction des masses qui avaient suivi le Front populaire parce que ce dernier leur avait été hypocritement présenté par ses dirigeants comme étant un Front unique révolutionnaire.

Malgré ses efforts et sa répression, le Front populaire n’arrivait pas à contenir les masses qui lui échappaient sans cesse en visant le socialisme. Lorsque les débordements révolutionnaires menaçaient la bourgeoisie, celle-ci, en laissant de côté ses disputes occasionnelles avec le Front populaire, se protégeait effrontément derrière lui, en l’utilisant comme fer de lance contre les masses. Une fois l’offensive révolutionnaire matée, la réaction recommençait à l’attaquer. Les réformistes – staliniens et socialistes – s’entêtaient à la convaincre que sa collaboration offrait de plus grandes garanties de stabilité pour la société capitaliste. La réaction, au contraire, n’était pas disposée à accepter son concours en permanence, parce que les événements lui prouvaient tous les jours que les masses se soumettaient aux idées pro-capitalistes de leurs dirigeants que dans la mesure où ceux-ci arrivaient à les tromper en se présentant comme socialistes et communistes. Pour qu’elles agissent consciemment en communistes, il suffisait que les masses comprennent que leurs dirigeants trahissaient les idées qu’ils prétendaient représenter. Jeu dangereux auquel la bourgeoisie ne pouvait s’exposer. De plus, le régime libéral parlementaire que promettait le Front populaire appartenait déjà au passé. (…) La promesse du Front populaire était utopique en soi : considérée en relation avec les masses et avec les possibilités de transformation révolutionnaire en Espagne et dans le monde, elle était démagogiquement réactionnaire. Le Front populaire voulait faire revenir la bourgeoisie à l’époque du libéralisme. Action aussi impossible et aussi antihistorique que celle d’une force qui, durant la révolution française, aurait proposé de substituer, au programme de la bourgeoisie contre la noblesse, un autre programme qui aurait essayé de faire revenir la féodalité décadente et corrompue à ses premiers temps, où elle exerçait une domination seigneuriale protectrice. Le Front populaire n’essayait pas de tromper la bourgeoisie, mais le prolétariat. La bourgeoisie savait parfaitement de quoi il s’agissait. Elle considérait le Front populaire comme un valet auquel elle cédait une fonction déterminante lorsqu’il était dangereux que le maître l’assume, aux moments des plus grandes effervescences révolutionnaires. Mais le maître ne pouvait être tranquille et satisfait que lorsqu’il occupait lui seul, et sans contrainte, la direction de l’Etat. Si les masses étaient un obstacle, il fallait écraser les masses.

De ce conflit naquirent le soulèvement militaire et la guerre civile. Les forces armées de l’Etat bourgeois s’insurgèrent contre l’Etat bourgeois, avec la protection que celui-ci, régi par le Front populaire, lui accorda. (…)

En Espagne s’affrontaient deux grandes tendances. L’une, bourgeoise, pour qui la solution au conflit social était sa dictature capitaliste, et l’autre, prolétarienne, dont le triomphe ne pouvait passer que par la révolution sociale. La solution intermédiaire était absolument impraticable. Rien que pour essayer de l’établir, il fallait enchaîner les masses et les maintenir dans l’exploitation dans le cadre de la propriété privée. C’est ce que prétendit le Front populaire. Mais en laissant à la bourgeoisie son système de propriété, elle finit inévitablement par s’imposer politiquement. C’est pour cela que le Front populaire sera considéré par l’histoire comme le principal responable du soulèvement militaire et de sa victoire finale.

Pour résoudre de façon révolutionnaire la question sociale, le prolétariat, en continuant l’offensive de février 1936, devait détruire de haut en bas la société bourgeoise et toutes ses institutions. Il devait détruire l’Etat en dissolvant toutes ses forces armées, ses tribunaux, ses parlements, en déclarant sa législation inexistante, en expropriant la bourgeoisie, les grands propriétaires terriens et le capital financier. Pour pouvoir le réaliser, le prolétariat et les paysans pauvres doivent s’armer eux-mêmes auparavant autant qu’il leur soit possible, ils doivent construire leurs propres organes démocratiques sur lesquels reposera leur pouvoir. C’est uniquement lorsque ces organes sont suffisamment développés et imprégnés de leur objectif révolutionnaire que le prolétariat peut prendre le pouvoir politique pour soi et détruire la société capitaliste. Le développement progressif de la lutte révolutionnaire aurait amené le prolétariat à détruire le gouvernement et le parlement du Front populaire, ultime rempart du capitalisme. Mais les masses étaient paralysées par les partis socialiste et stalinien, décidés à soutenir le capitalisme avec le front populaire. De façon différente, les anarchistes étaient également incapables de les orienter vers la prise du pouvoir. Une fois fermée l’issue pour le pôle révolutionnaire, le pôle bourgeois put prendre l’offensive en recherchant la sienne.

Les masses, bien que rejetées par le Front populaire, étaient décidées à disputer le terrain à la réaction. En s’armant en dépit du gouvernement, elles mirent en déroute les militaires sur la plus grande partie du territoire. En tout cas, là où elles purent, à un moment donné, s’approprier d’un minimum d’armes. Le résultat des journées du 19 juillet et des suivantes fut la destruction complète de l’Etat bourgeois. Le gouvernement « légal » - ou les gouvernements en tenant compte de la Catalogne et plus tard de l’Euzkadi (du Pays basque) – ne représentaient rien et n’avaient pratiquement aucun pouvoir réel. La défait des corps armés bourgeois grâce à l’activité du prolétariat et des paysans, était automatiquement liée à la disparition de l’Etat bourgeois. Formidable révélation de ce qu’est l’Etat bourgeois à des époques révolutionnaires. En voyant ses corps de répression désarmés, la bourgeoisie disparaît.

Parallèlement, l’Espagne se remplit de Comités formés par des ouvriers, des paysans et des miliciens qui exerçaient le pouvoir politique, exécutaient la justice contre les réactionanires, expropriaient la bourgeoisie, patrouillaient dans les rues et sur les routes. N’importe lequel de ces comités avait plus de pouvoir réel que le fameux « gouvernement légal » du Front populaire. Car il n’y pas d’autre légalité que celle que sanctionnent les événements historiques. La mensongère théorie démocratico-bourgeoise soutenue par le Front populaire apparaissait dans toute sa splendeur. Le processus historique – sans qu’aucun facteur conscient ne l’aide, nous insistons – détruisit l’Etat bourgeois, en créant simultanément les cellules d’un nouvel Etat prolétarien. Le Front populaire fut surpris en flagrant délit d’action antihistorique. Et tout ce qui est antihistorique est, à des degrés divers, contre-révolutionnaire. (…)

Le pouvoir qu’avait perdu le gouvernement bourgeois du Front populaire, les comités le détenaient mais distribué inégalement. (…) Prolétariat et paysans étaient conscients de leur pouvoir local, mais il leur manquait la conscience de la nécessité de coordonner leur pouvoir nationalement. De son côté, durant les premières semaines, le gouvernement bourgeois n’eut pas la capacité et la volonté de lutter contre le pouvoir ouvrier naissant. (…)

Sans même qu’intervienne un quelconque facteur conscient, la théorie marxiste de l’Etat fut pleinement confirmée. La défaite de la bourgeoisie est inséparable de la destruction de son Etat, et la victoire du prolétariat inséparable de la création du sien. Même dans les pires conditions imaginables, l’histoire a démontré que la théorie marxiste n’est pas une invention utopique mais la conscience d’une réalité matérielle déterminée par le mécanisme de transformation de la société capitaliste en société socialiste. La supériorité énorme du marxisme sur l’anarchisme est sa connaissance de ce mécanisme, ce qui permet d’aider le développement historique donné par l’évolution matérielle. (…)

Les militants anarchistes furent les premiers à prendre l’initiative de la formation des comités, qui automatiquement se transformèrent en gouvernements locaux. La Catalogne fut la région où ils dominèrent le plus complètement. Leur poids social et le manque d’organisations « ouvrières » fortes qui aient pu travailler de façon préméditée à leur destruction, comme le faisaient staliniens et socialistes dans le reste de l’Espagne, conduisirent à la formation du Comité central des milices. Tout le pouvoir était concentré entre ses mains. Les armes étaient aux mains des ouvriers qui patrouillaient assidûment à l’arrière. Dans le comité central des milices se condensait, de façon imparfaite, le pouvoir ouvrier et paysan distribué dans les comités de Catalogne et des contrées récupérées d’Aragon. Durant les premières semaines, le Comité central des milices peut être considéré comme un bourgeon rudimentaire de dictature du prolétariat. Les comités de base de la CNT étaient les agents les plus nombreux et actifs de la dictature du prolétariat, même s’ils prétendent le nier ou l’ignorer. (…) Le processus prévu par la théorie marxiste s’imposa aux militants anarchistes eux-mêmes. Tant qu’ils ne capitulèrent pas devant la Generalitat, ils se comportèrent – mis à part leurs agissements aveugles – en marxistes et non en anarchistes, il n’agirent pas conformément aux notions antiétatiques, mais en effectuant les premiers pas de la dictature du prolétariat préconisée par le marxisme ; ils se comportèrent politiquement et non apolitiquement. (…)

Mais la conscience de la pratique est décisive lors de la période critique de la révolution. Elle faisait défaut aux anarchistes. En ayant entre les mains un Etat ouvrier qu’il fallait tout simplement mieux structurer, en établissant une relation démocratique entre les mases et les comités, entre ces derniers et le Comité central des milices, les anarchistes, humblement suivis par le POUM, décidèrent de donner corps au squelette de l’Etat bourgeois. Le Comité central des milices devint le gouvernement de la Generalitat. Par cet acte, ils jetèrent la révolution dans un piège immense d’où résulta la défaite des masses aux mains de l’Etat bourgeois recomposé ; de cette défaite des masses résulta la victoire de Franco.

La même chose eut lieu sur le reste du territoire, même si les comités-gouvernement (embryons d’Etat ouvrier – note VDT) n’arrivèrent jamais à avoir la même importance qu’en Catalogne, à cause de l’opposition préméditée des staliniens et de socialistes. Lorsque le gouvernement Caballero était en train de liquider complètement les comités, les dirigeants anarchistes s’incorporèrent au gouvernement. (…) Ils glissèrent jusqu’à la collaboration avec l’Etat bourgeois, le pire ennemi de la révolution sociale. Sans aucun doute, si les anarchistes avaient essayé d’appliquer consciemment la théorie marxiste de l’Etat, ils auraient pu y arriver facilement. Les masses l’avaient déjà appliquée de manière rudimentaire. Pour vaincre la résistance des socialistes et de staliniens, il aurait suffi que les masses comprennent qu’ils sabotaient leur pouvoir naissant. Les « circonstances exceptionnelles », l’argument avec lequel les anarchistes ont tenté de justifier leur politique, n’est qu’un bégaiement ridicule. C’est précisément lors de circonstances exceptionnelles que l’on peut appliquer les idées révolutionnaires. Devant l’alternative de lutter pour un Etat ouvrier ou de s’incorporer à l’Etat bourgeois, les anarchistes choisirent la deuxième voie. La seule explication sérieuse de leur comportement, ce sont leurs idées qui les empêchaient de voir la différence entre l’Etat d’une ou de l’autre classe, et comprendre la nécessité de la prise du pouvoir par le prolétariat. En ajoutant une expérience de plus aux précédentes, le mouvement en Espagne montre que l’apolitisme se transforme facilement, dans « les circonstances exceptionnelles » de la révolution, en politique bourgeoise.

(…) Tant que le prolétariat fut armé et les restes des corps de répression de la bourgeoisie furent défaits, ni le stalinisme ni la social-démocratie n’osèrent ouvrir la bouche pour dire qu’il fallait détruire les comités, renforcer l’Etat moribond, arrêter les expropriations et combattre en général toutes les mesures révolutionnaires qui niaient la théorie de la « démocratie d’un type nouveau ». La première préoccupation du « gouvernement de la victoire » devait consister à se procurer la force armée, pour désarmer les ouvriers. Poussé par le stalinisme, Largo Caballero initia de nouveaux recrutements pour la Guardia civil, la Guardia de Asalto et les Carabineros, maquillées sous le nom de Guadia Nacional de Seguridad (Garde nationale de sécurité).

Quand le gouvernement se crut assez fort, commença l’offensive pour désarmer les prolétaires et les paysans et liquider les conquêtes socialistes. En réalité, les contre-révolutionnaires staliniens et socialistes n’étaient forts que parce qu’ils étaient sûrs que les anarchistes et le POUM ne prendraient aucune mesure pour les en empêcher. Si une de ces deux organisations, ou les deux, après avoir dénoncé ce qui se préparait, avait appelé les masses à détruire les restes de l’Etat et les institutions bourgeoises et à concentrer tout le pouvoir politique entre leurs mains, la manœuvre du « gouvernement de la victoire » aurait échoué et la révolution aurait suivi le cours que l’histoire déterminait.

Mais la manœuvre stalino-socialiste réussit grâce à la collaboration des anarchistes et du POUM. L’Etat bourgeois eut les armes pour vaincre les ouvriers et les désarmer. Alors, fin 1936, le gouvernement dévoila publiquement son jeu. Notre guerre n’était pas une guerre civile, mais une « guerre d’indépendance nationale ». Dans notre zone, on n’aspirait pas à la révolution sociale mais à une « démocratie d’un type nouveau », c’est-à-dire à la société bourgeoise. (…)

Si les théories de la « démocratie d’un type nouveau » et de l’ « indépendance nationale » avaient correspondu réellement à la situation et au développement requis par les conditions matérielles de l’Espagne et du monde, le résultat de la défaite des militaires aurait dû être un renforcement du gouvernement qui prétendait représenter cette démocratie, et du parlementarisme, son expression. (…)

Staliniens et socialistes avaient de puissants intérêts à défendre contre le triomphe du prolétariat. Les premiers parce qu’ils étaient liés à la bureaucratie qui dirige la contre-révolution en URSS ; les seconds parce qu’ils sont depuis 1914 l’appendice de « gauche » de la société bourgeoise. (…)

La révolution espagnole a manifesté son caractère socialiste de façon plus puissante et sans équivoque possible que la révolution russe. Kérenski avait plus de force que la Generalitat, que Giral et Caballero au début. Les soviets étaient moins généralisés en Russie que les comités en Espagne. Là-bas, ils trouvèrent leur impulsion à travers l’œuvre consciente des bolcheviks, alors qu’en Espagne, le pouvoir tomba automatiquement entre leurs mains, parce que les conditions matérielles et les événements poussaient dans un sens socialiste.

En Russie, la propriété fut arrachée à la bourgeoisie grâce à l’initative du pouvoir bolchevik plus que par celle des masses ; en Espagne, les masses elles-mêmes s’emparèrent de la propriété et la disputèrent au gouvernement lorsque celui-ci commença à restituer des propriétés à la bourgeoisie et à les prendre en charge dans l’attente de les restituer. Seuls des gens de mauvaise foi ou des crétins incurables peuvent nier ces traits de notre révolution. Mais nous avons, en plus, le résultat de la guerre.

Il est fréquent, surtout chez les staliniens et les socialistes, de distribuer la responabilité de notre défaite entre l’aide de l’Italie et l’Allemagne à Franco, et la « non-intervention » des démocraties. Si la bourgeoisie mondiale, fasciste et démocratique, fit tout pour donner la victoire à Franco, les gouvernements de front populaire n’en firent pas moins, particulièrement le gouvernement Negrin. (…)

Le jour où Negrin put déclarer qu’il maintenait en Espagne un ordre plus sévère que n’importe quel gouvernement durant les cinquante dernières années, le triomphe de Franco était assuré. L’ordre bourgeois est toujours, inévitablement, synonyme de contre-révolution.
En somme, en s’imposant aux forces armées bourgeoises, les masses espagnoles firent irruption dans la révolution sociale. En l’ordonnant et à la développant consciemment, elles auraient acquis leur capacité maximale dans tous les domaines : militaire, économique, pour ce qui concerne la discipline et la solidarité ; elles auraient écrasé l’arrière-garde de Franco. Mais les stalino-socialistes imposèrent aux masses une marche arrière, une réadaptation au capitalisme qui déarticula et rompit finalement la magnifique impulsion du prolétariat. (…)

Edité par le groupe trotskyste espagnol au Mexique en août 1943 et publié en France dans un recueil des œuvres choisies de Grandizo Munis par Ni patrie ni frontières

La révolution du 19 juillet 1936 en Espagne

Messages

  • Les prolétaires espagnols ne doivent pas s’être battus pour rien. Nous devons absolument tirer la leçon de leur combat révolutionnaire et héroïque. Et cette leçon est simple et claire :

    CELUI QUI RENONCE A BÂTIR LE POUVOIR DES TRAVAILLEURS S’INCLINE DEVANT LE POUVOIR BOURGEOIS, CELUI QUI RENONCE OU RETARDE LA RÉVOLUTION SOUS PRÉTEXTE DE LA NÉCESSITÉ DE LA GUERRE OU DE LA LUTTE CONTRE LE FASCISME, ABANDONNE LA RÉVOLUTION ET REJOINT LE CAMP RÉFORMISTE, DONNANT INÉVITABLEMENT LA VICTOIRE A LA CONTRE-RÉVOLUTION ET AU FASCISME §

  • Le point de vue des Amis de Durruti en juin 1939 :

    « Le réformisme de la CNT et de la FAI, ainsi que du stalinisme, nous ont conduit à la défaite »

    « La position des « Amis de Durruti » est limpide. Nous avions prédit que la ligne suivie depuis juillet, en dissociant la guerre de la révolution, devait nécessairement amener les plus grands désastres. Notre thèse fut confirmée par les faits – la révolution fut battue en mai 1937. Et avec elle, la guerre… Les causes de la défaite sont évidentes. Au moment même où on a porté atteinte à l’esprit révolutionnaire des milices et créé à la place une armée amorphe, sans moral, on a forgé le premier maillon de la chaîne qui actuellement emprisonne tous les travailleurs espagnols. Les multiples attaques et défigurations de l’œuvre de juillet 1936 sont les graines qui ont été récoltées au point de nous mener à émigrer, point final qui ne peut être compris si on ne connaît pas les prémisses de la trahison, de la couarde incapacité et immoralité… Les dirigeants de la CNT et de la FAI ne tentèrent pas d’imposer le pouvoir de nos organisations reconnues par les masses dans la rue, dans les usines et dans les champs. La CNT et la FAI sont les organisations les plus responsables du désastre… Les gouvernants ne représentaient pas la classe ouvrière et ils intérêts opposés aux siens. Mais ceux qui devaient en répondre devant l’opinion de toute la classe ouvrière étaient les membres de la CNT-FAI qui avaient trahi les intérêts du prolétariat espagnol : nous l’affirmons sans ambages et sans subterfuge… Le réformisme de la CNT et de la FAI et celui du stalinisme nous ont mené à la défaite… »

    (extraits d’un texte publié dans le Réveil Syndicaliste en France)

  • Le Front Populaire a ouvert les portes à Franco

    Et la C.N.T. ?

    La question est posée par Casanova, militant trotskiste :

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    C’est aussi ce que rapporte le militant anarchiste Camillo Berneri dans « Guerre de classe en Espagne »…

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  • Le rôle des anarchistes.

    Les anarchistes n’ont eu, dans la révolution espagnole, aucune position indépendante. Ils n’ont fait qu’osciller entre menchévisme et bolchévisme. Plus exactement, les ouvriers anarchistes tendaient instinctivement à trouver une issue dans la voie bolchévique (19 juillet 1936, journées de mai 1937), alors que les chefs, au contraire, repoussaient de toute leur force les masses dans le camp du Front populaire c’est-à-dire du régime bourgeois [23].

    Les anarchistes ont fait preuve d’une incompréhension fatale des lois de la révolution et de ses tâches lorsqu’ils ont tenté de se limiter aux syndicats, c’est-à-dire à des organisations de temps de paix, imprégnées de routine et ignorant ce qui se passait en dehors d’eux, dans la masse, dans les partis politiques et dans l’appareil d’Etat. Si les anarchistes avaient été des révolutionnaires, ils auraient avant tout appelé à la création de soviets réunissant tous les représentants de la ville et du village, y compris ceux des millions d’hommes les plus exploités qui n’étaient jamais entrés dans les syndicats. Dans les soviets, les ouvriers révolutionnaires auraient naturellement occupé une position dominante. Les staliniens se seraient trouvés en minorité insignifiante. Le prolétariat se serait convaincu de sa force invincible. L’appareil de l’Etat bourgeois n’aurait plus été en prise sur rien. Il n’aurait pas fallu un coup bien fort pour que cet appareil tombât en poussière. La révolution socialiste aurait reçu une impulsion puissante. Le prolétariat français n’aurait pas permis longtemps à Léon Blum de bloquer la révolution prolétarienne au-delà des Pyrénées.

    La bureaucratie de Moscou n’aurait pu se permettre un tel Iuxe. Les questions les plus difficiles se seraient résolues d’elles-mêmes.

    Au lieu de cela, les anarcho-syndicalistes qui tentaient de se réfugier dans la politique des syndicats se sont retrouvés, au grand étonnement de tout le monde et d’eux-mêmes, la cinquième roue du carrosse de la démocratie bourgeoise [24]. Pas pour longtemps, car la cinquième roue ne sert à personne. Après que Garcia Oliver et Cie eurent bien aidé Staline et ses acolytes à enlever le pouvoir aux ouvriers, les anarchistes furent eux-mêmes chassés du gouvernement de Front populaire. Ils dissimulèrent la frayeur du petit bourgeois devant le grand bourgeois, du petit bureaucrate devant le grand bureaucrate, sous des discours pleurnichards sur la sainteté du front unique (des victimes avec les bourreaux) et sur l’impossibilité d’admettre toute dictature, y compris la leur propre. « Nous aurions pu prendre le pouvoir en juillet 1936... Nous aurions pu prendre le pouvoir en mai 1937... » C’est ainsi que les anarchistes imploraient Negrin et Staline de reconnaître et de récompenser leur trahison de la révolution. Tableau repoussant.

    Cette seule autojustification : « Nous n’avons pas pris le pouvoir, non parce que nous n’avons pas pu, mais parce que nous n’avons pas voulu, parce que nous sommes contre toute dictature » [25], etc., renferme une condamnation de l’anarchisme en tant que doctrine complètement contre-révolutionnaire. Renoncer à la conquête du pouvoir, c’est le laisser volontairement à ceux qui l’ont, aux exploiteurs. Le fond de toute révolution a consisté et consiste à porter une nouvelle classe au pouvoir et à lui donner ainsi toutes possibilités de réaliser son programme. Impossible de faire la guerre sans désirer la victoire. Personne n’aurait pu empêcher les anarchistes d’établir, après la prise du pouvoir, le régime qui leur aurait semblé bon, en admettant évidemment qu’il fût réalisable. Mais les chefs anarchistes eux-mêmes avaient perdu foi en lui. Ils se sont éloignés du pouvoir, non pas parce qu’ils sont contre toute dictature - en fait, bon gré, mal gré... - mais parce qu’ils avaient complètement abandonné leurs principes et perdu leur courage, s’ils eurent jamais l’un et l’autre. Ils avaient peur. Ils avaient peur de tout, de l’isolement, de l’intervention, du fascisme, ils avaient peur de Staline, ils avaient peur de Negrin. Mais, ce dont ces phraseurs avaient peur avant tout, c’était des masses révolutionnaires.

    Le refus de conquérir le pouvoir rejette inévitablement toute organisation ouvrière dans le marais du réformisme et en fait le jouet de la bourgeoisie ; il ne peut en être autrement, vu la structure de classe de la société [26].

    Se dressant contre le but, la prise du pouvoir, les anarchistes ne pouvaient pas, en fin de compte, ne pas se dresser contre les moyens, la révolution. Les chefs de la C.N.T. et de la F.A.I. ont aidé la bourgeoisie, non seulement à se maintenir à l’ombre du pouvoir en juillet 1936, Mais encore à rétablir morceau par morceau ce qu’elle avait perdu d’un seul coup. En mai 1937, ils ont saboté l’insurrection des ouvriers et ont sauvé par là la dictature de la bourgeoisie. Ainsi l’anarchiste, qui ne voulait être qu’antipolitique, s’est trouvé en fait antirévolutionnaire et, dans les moments les plus critiques, contre-révolutionnaire.

    Les théoriciens anarchistes qui, après le grand examen des années 1931 à 1937, répètent les vieilles sornettes réactionnaires sur Cronstadt et affirment : le stalinisme est le produit inévitable du marxisme et du bolchévisme, ne font que démontrer par là qu’ils sont à jamais morts pour la révolution.

    Vous dites que le marxisme est violence en soi et que le stalinisme est sa descendance légitime. Alors pourquoi donc nous, marxistes révolutionnaires, nous trouvons-nous en lutte mortelle contre le stalinisme dans le monde entier ? Pourquoi donc la clique stalinienne voit-elle dans le trotskisme son ennemi principal ? Pourquoi toute proximité avec nos conceptions ou notre d’action (Durruti [27], Andrés Nin, Landau et autres [28]) force-t-elle les gangsters du stalinisme à recourir à une répression sanglante ? Pourquoi, d’autre part, les chefs de l’anarchisme espagnol, au moment des crimes du G.P.U. à Moscou et à Madrid, étaient-ils des ministres de Caballero-Negrin [29] », c’est-à-dire les serviteurs de la bourgeoisie et de Staline ? Pourquoi, même maintenant, sous le prétexte de lutter contre le fascisme, les anarchistes restent-ils prisonniers volontaires de Staline-Negrin, c’est-à-dire des bourreaux de la révolution, par leur incapacité à lutter contre le fascisme ?

    Les avocats de l’anarchisme qui prêchent pour Cronstadt et pour Makhno ne trompent personne [30]. Dans l’épisode de Cronstadt et dans la lutte contre Makhno, nous avions défendu la révolution prolétarienne contre la contre-révolution paysanne. Les anarchistes espagnols ont défendu et défendent encore la contre-révolution bourgeoise contre la révolution prolétarienne. Aucun sophisme ne fera disparaître de l’histoire le fait que l’anarchisme et le stalinisme se sont trouvés du même côté de la barricade, les masses révolutionnaires et les marxistes de l’autre. Telle est la vérité qui entrera pour toujours dans la conscience du prolétariat.

    [23] En juillet 1936 comme en mai 1937, non seulement la masse des ouvriers influencés par l’anarchisme et l’anarcho-syndicalisme, mais la majorité de leurs cadres organisateurs au sein de la classe ouvrière se lancèrent dans la lutte sur une ligne révolutionnaire qui tendait plus ou moins consciemment chez eux à la prise du pouvoir par les travailleurs. Ce sont les combats de Barcelone en juillet qui ont achevé de dessiner la légende de Durruti, intrépide lutteur. En revanche, pendant toute cette période, le rôle d’Horacio Prieto secrétaire du comité national de la C.N.T., fur décisif chaque fois qu’il s’est agi de la collaboration entre la C.N.T. et le gouvernement. juan Garcia Oliver, l’ancien chef de file de ceux que l’on appelait les « anarcho-bolcheviks », joua un rôle déterminant aussi bien en juillet 1936, en utilisant son autorité pour préserver les institutions de la Généralité de Catalogne, le président Companys en tête, qu’en arrêtant les combats au mois de mai 1937 à Barcelone. (P. Broué)

    [24] Le ministre anarchiste Juan Peiro, membre du gouvernement de Largo Caballero, écrivait dans Politica du 23 février 1937 : « Notre victoire dépendait et dépend encore de l’Angleterre et de la France, mais à condition de faire la guerre et non la révolution. (...) La voie à suivre est celle-ci : faire la guerre et, tout en faisant la guerre, nous limiter à la préparation de la révolution. » (P. Broué)

    [25] Dressant un bilan de cette époque, l’anarchiste Santillàn écrit après la défaite : « Nous pouvions être seuls, imposer notre volonté absolue, déclarer caduque la Généralité et imposer à sa place un véritable pouvoir du peuple ; mais nous ne croyions pas à la dictature quand elle s’exerçait contre nous et nous ne la désirions pas quand nous pouvions nous-mêmes l’exercer aux dépens des autres » (Santillàn, Por qué perdimos la guerra, p. 169). (P. Broué)

    [26] Après avoir évoqué dans La Velada de Benicarlo le « soulèvement prolétarien » ripostant au coup des généraux, Azaòa écrit : « Une révolution a besoin de s’emparer du commandement, de s’installer au gouvernement, de diriger le pays selon ses vues. Elle ne l’a pas fait. (...) L’ancien ordre pouvait être remplacé par un autre, révolutionnaire. Il n’en a rien été, il n’en est sorti qu’impuissance et désordre » (op. cit. p. 96). (P. Broué)

    [27] La mention de Durruti dans cette parenthèse semble suggérer que Durruti se rapprochait des conceptions marxistes, et qu’il fut assassiné par les staliniens, La version de son assassinat par le G.P.U. circula longtemps parmi les révolutionnaires, mais elle n’a jamais été prouvée. Ce point d’histoire est discuté avec soin dans la dernière partie de Durruti, Le peuple en armes par Abel Paz, qui conteste nos conclusions. La propagande stalinienne s’efforça de récupérer à son profit la popularité de Durruti, lui attribuant notamment la phrase suivant laquelle il fallait être prêt à renoncer « à tout, sauf à la victoire ». Les Izvetija du 23 novembre 1936 affirmaient qu’il s’était rapproché du P.C. et faisaient écho à une rumeur selon laquelle il y aurait adhéré en secret... Les nombreux témoignages recueillis par Abel Paz, l’interview donnée par Durruti à Pierre Van Paasen (Toronto Star, 18 août 1936), le texte de sa lettre aux travailleurs soviétiques (C.N.T., 2 novembre 1936 in extenso dans Paz, op. cit., pp. 403-404) tendraient à prouver le contraire : Durruti était très conscient de la nécessité de mener de front la guerre et la révolution : il avait refusé la « militarisation », tout en faisant régner dans sa colonne une réelle discipline. Ce furent certains de ses compagnons les plus proches comme l’instituteur Francisco Car qui devaient au printemps 1937 former le groupe des « Amis de Durruti », hostiles tant à l’anti-étatisme traditionnel et simpliste des anarchistes qu’au ministérialisme des dirigeants anarchistes espagnols. En mai 1937, les Amis de Durruti travaillèrent avec Moulin et le groupe bolchévique-léniniste. (P. Broué)

    [28] La première traduction française porte : « Tout rapprochement vers nos conceptions » - au lieu de « proximité » - ce qui est insoutenable, car Trotsky ne pouvait supposer qu’à cette date Nin et moins encore Landau se « rapprochaient » de ses conceptions. En revanche, la remarque est intéressante au regard de la vive polémique entre lui et ces militants qu’il considérait bel et bien comme politiquement « proches » de ses conceptions. On sait que Nin fut assassiné par le G.P.U. Il ne fait aucun doute que Kurt Landau, arrêté deux mois plus tard, connut le même sort (voir Katia Landau, Le Stalinisme en Espagne). (P. Broué)

    [29] Ou la formule « Caballero-Negrin » est volontairement ambiguë, ou Trotsky se trompe. Il y avait en effet dans le gouvernement Largo Caballero - où Negrin était ministre des finances - quatre ministres anarchistes au moment des deux premiers procès de Moscou, de la répression contre le P.O.U.M. de Madrid et lors des journées de mai de Barcelone : Juan Peiro, Juan Lopez, Federica Montseny, et Juan Garcià Oliver. En revanche, après la démission de Largo Caballero, à la fin de mai 1937, la C.N.T. refusa d’entrer dans le gouvernement formé par Negrin ; elle n’était donc pas représentée au gouvernement au moment où furent assassinés Andrés Nin, Kurt Landau, Erwin Wolf et les autres. C’est au mois de juin suivant qu’elle quitte également le gouvernement de la Généralité de Catalogne. Toutefois, ce départ ne correspond pas à un changement d’attitude de la part des dirigeants de la C.N.T. César M. Lorenzo - que l’on peut soupçonner d’hostilité à leur égard - résume leur politique à l’égard du gouvernement Negrin et Companys de cette période par une formule cruelle : « Les anarchistes supplient Negrin et Companys » (p. 302). Quinze jours après leur éviction du gouvernement, un plénum péninsulaire semble revendiquer leur retour. Au début de l’année suivante, la C.N.T. puis la F.A.I. adhèrent au Front populaire, et, le 2 avril 1938, la C.N.T. entre dans un gouvernement Negrin remanié. (P. Broué)

    [30] Le rôle joué par Trotsky au cours de la guerre civile en Russie dans la répression de l’insurrection paysanne de Makhno, puis, en mars 1921, de celle de Cronstadt, deux mouvements revendiqués par les anarchistes, servait et sert toujours de base aux attaques des anarchistes contre Trotsky et le trotskisme, assimilé à une variante du stalinisme. (P. Broué)

    Trotsky - Leçons d’Espagne : dernier avertissement.

    17 décembre 1937

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