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Crise grave, crise systémique ou bout du monde pour le capitalisme ?

mercredi 12 septembre 2012, par Robert Paris

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BCE et FED sont simultanément passées en mode « injections sans limites » de cash dans le système. Cela ne veut pas dire que le capitalisme n’a plus de limite, mais que l’effondrement ne peut plus être soigné, seulement retardé. La crise étant causée par un surcroît de capitaux, le seul moyen de faire durer consiste à l’aggraver. A noter qu’il y a une grande différence entre suraccumulation cause de chute comme en ce moment avec suraccumulation du capital causée par une surproduction comme dans les crises classiques.

Une discussion sur la "crise" actuelle

Friedrich Engels écrivait en 1890 (lettre à Conrad Schmidt du 27 octobre) :

« Il en est des reflets économiques, politiques et autres, comme de ceux qui se produisent dans l’oeil de l’homme : ils traversent une lentille et se présentent renversés, sur la tête. Seulement le système nerveux manque, qui remet l’image sur ses pieds. Celui qui appartient à un marché financier ne voit le mouvement de l’industrie et du marché du monde que dans la réflexion intervertissante du marché d’argent et d’effets de commerce ; pour lui l’effet devient cause. C’est ce que j’ai déjà vu à Manchester, après 1840. Au point de vue du mouvement de l’industrie et de ses minimums et maximums périodiques, les cours de la Bourse de Londres étaient absolument inutilisables parce que l’on voulait tout expliquer par des crises du marché monétaire, qui n’étaient elles-mêmes que des symptômes. »

Tous ceux qui parlent de crise financière, d’excès de la finance, de crise de la dette, de crise des banques, de crise souveraine, de crise de l’Europe ne nous présentent que les effets et non les causes profondes. Parfois, ils nous présentent même comme cause les remèdes de l’étape précédente... Les qualificatifs donnés montrent à quel point on cherche à fuir la réalité : crise grave, crise de grande ampleur, crise systémique, crise structurelle, crise des liquidités, crise de solvabilité, crise de volatilité, etc... Rien de tout cela ne décrit vraiment ce qui est en train de se produire mais, au mieux, une phase de la situation. Parler de crise des subprimes n’explique pas pourquoi la crise continue après les subprimes ! Les causes profondes doivent cependant être cherchées pour quiconque veut agir en fonction des nécessités et non en fonction des utopies. Il trouvera nécessairement que le maintien du capitalisme au prix de quelques sacrifices est désormais une utopie réactionnaire.

Mais il importe d’abord de prendre conscience que nous vivons une situation inédite : ce n’est pas une crise classique du système capitaliste mais une fin de système ! C’est le système et non ses victimes qui sonne la fin du match... quand les capitalistes eux-mêmes ne peuvent miser que sur la chute. Car c’est infiniment plus rentable. De manière durable et non conjoncturelle !

L’accusé ne peut seulement être le "capital financier" bien entendu puisque l’ensemble du capital est... financier !

Cinq ans après avoir mis en perfusion l’économie mondiale, on ne constate pas de battement « naturel » qui reprenne. Il est temps de constater que, en ayant accepté l’extension au monde entier avec la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie ou l’Afrique du sud, l’impérialisme a atteint les limites de son extension et que les limites de ses capacités à capitaliser ses profits sont dépassées.

LA PRODUCTION INDUSTRIELLE EN CHUTE EN FRANCE ET AUX USA NE REMONTE QUE TRÈS ARTIFICIELLEMENT, PAR DES INVESTISSEMENTS MASSIFS ETATIQUES, ET SANS DURABILITÉ

LE CAPITALISME SE TRANSFORME EN APPAREIL DE PRODUCTION... DE MONNAIE DE SINGE

CAR LES RICHESSES FICTIVES DÉPASSENT SANS CESSE DAVANTAGE LES RICHESSES RÉELLES

LA COURSE A LA RENTABILITÉ FAIT FUIR LES INVESTISSEMENTS PRODUCTIFS

LA PART DES INVESTISSEMENTS FINANCIERS DANS LES INVESTISSEMENTS TOTAUX GRANDIT INEXORABLEMENT ET L’INVESTISSEMENT DEVIENT A CE STADE MORTIFÈRE, EMPÊCHANT MÊME TOUT INVESTISSEMENT PRODUCTIF PRIVE

Les non dialecticiens sont perdus face à cette situation du système capitaliste mondial :
 avec cette crise qui ne ressemble pas à une crise,
 une crise sans surproduction de marchandises
 avec des banques en faillite mais remises à flots par les Etats, puis qui rechutent et sont à nouveau sauvées (scénario tout à fait original historiquement),
 avec cette crise des liquidités pour investir alors qu’il n’y a jamais eu dans toute l’Histoire autant d’argent liquide et qu’il y en a même des sommes extraordinairement colossales par rapport aux richesses à mettre en face,
 avec cette crise du poids des Etats face aux marchés financiers, dans laquelle on n’a jamais autant compté sur les Etats et certains pensent que les interventions d’injections étatiques massives de monnaie seraient illimitées, et que les investissements des états pourraient suppléer aux investissements productifs privés…
 avec des Etats tous déjà en faillite qui déboursent des sommes dont ils ne pourront pas posséder l’équivalent réel même sur un grand nombre de générations...

De quoi y perdre son latin de logique formelle, car rien de plus dialectique que la crise du capitalisme où toutes les contradictions du capitalisme explosent en même temps.


« ...le système capitaliste devient un obstacle pour l’expansion des forces productives du travail. Arrivé à ce point, le capital, ou plus exactement le travail salarié , entre dans le même rapport avec le développement de la richesse sociale et des forces productives que le système des corporations, le servage, l’esclavage, et il est nécessairement rejeté comme une entrave »

Karl Marx, Grundrisse (Manuscrits de 1857-58)

« Aussi les économistes comme Ricardo, qui considèrent la production capitaliste comme une forme définitive, constatent-ils qu’elle se crée elle-même ses limites et attribuent-ils cette conséquence, non pas à la production, mais à la Nature (dans la théorie de la rente). Ce qui les épouvante surtout dans la baisse du taux du profit, c’est le sentiment que le régime capitaliste rencontre dans le développement des forces productives, des bornes qui n’ont rien à voir avec la production de la richesse en elle-même, des limites qui établissent le caractère historique, passager, du mode capitaliste et montrent qu’à un moment donné il doit forcément se trouver en conflit avec les conditions mêmes de son développement. (...) C’est le capital lui-même qui fixe une borne à la production capitaliste, parce qu’il est le point de départ et le point d’arrivée, la raison et le but de la production et qu’il veut qu’on produise exclusivement pour lui, alors que les moyens de production devraient servir à une extension continue de la vie sociale. Cette borne, qui limite le champ dans lequel la valeur-capital peut être conservée et mise en valeur par l’expropriation et l’appauvrissement de la masse des producteurs, se dresse continuellement contre les méthodes auxquelles le capital a recours pour augmenter la production et développer ses forces productives. Si historiquement la production capitaliste est un moyen pour développer la force productive matérielle et créer un marché mondial, elle est néanmoins en conflit continuel avec les conditions sociales et productives que cette mission historique comporte. (...) La surproduction de capital, qu’il ne faut pas confondre avec la surproduction de marchandise - bien que celle-là n’aille jamais sans celle-ci - revient donc simplement à une suraccumulation. (...) Même au point de vue purement économique et vulgairement bourgeois, limité par l’horizon de la conception de ceux qui exploitent le capital, le régime capitaliste apparaît comme une forme, non pas absolue et définitive, mais relative et transitoire de la production. »

Karl Marx - Le Capital (source)

Qu’est-ce d’abord que le capital ?

« Ne devant pour l’heure nous occuper que de l’argent, point de départ du procès de production immédiat, il nous suffit de faire observer que le capital existe jusqu’ici seulement comme somme donnée de valeurs = A (argent), d’où toute trace de valeur d’usage a disparu, pour ne laisser subsister que sa forme monétaire. La grandeur de cette somme de valeurs trouve sa limite dans le montant ou la quantité de la somme d’argent devant se transformer en capital : cette somme de valeurs ne devient donc du capital que parce que sa grandeur augmente et peut varier, étant d’emblée un fluens engendrant une fluxio.

En soi - par définition - cette somme d’argent n’est capital que si on l’utilise ou la dépense en vue de l’augmenter. Ce qui, pour la somme existante de valeurs ou d’argent, est destination - tendance et impulsion intérieures - devient but et intention pour le capitaliste qui possède cette somme d’argent et assume cette fonction d’augmenter le capital. »

Marx (source)

S’il s’avérait qu’une fraction des masses d’argent libre ne trouvaient plus moyen de s’investir avec profit, le capital serait mort en tant que tel. C’est actuellement la principale peur du système. Il est prêt à tout pour que cela n’arrive pas : à inventer des faux investissements, quitte à payer par des fonds souverains les intérêts de ce capital... Comment se pourrait-il qu’une grande masse d’argent ne trouve plus à s’investir avec intérêt ? par ce qu’il y a trop d’argent par rapport à l’ensemble des activités économiques. C’est cela la suraccumulation du capital.

Marx pose la question du surcroit de capitaux :

« Jusqu’à quel point l’accumulation du capital-argent proprement dit, est-elle un indice d’accumulation de capital, c’est-à-dire de reproduction à une échelle progressive ? La soi-disant pléthore de capital, une expression qui n’est appliquée qu’au capital-argent, n’est-elle qu’une manifestation de la surproduction industrielle ou est-t-elle un phénomène spécial autre que cette dernière ? Cette pléthore, cette offre surabondante de capital-argent se produit-elle lorsqu’il y a des masses de monnaie stagnantes (lingots, monnaie d’or, billets de banque) et exprime-t-elle qu’il y a réellement pléthore de capital à prêter ? (...) Un accroissement du capital empruntable n’est pas toujours l’indice d’une accumulation réelle de capital ou d’une extension du procès de reproduction. Rien ne le démontre plus clairement que la phase du cycle industriel qui suit immédiatement une crise et pendant laquelle du capital empruntable est disponible en masse. A ce moment la production est déprimée (elle avait diminué d’un tiers dans les districts industriels anglais après la crise de 1847), les prix sont descendus à leur limite inférieure et l’esprit d’entreprise est paralysé ; en même temps le taux de l’intérêt est bas, l’inactivité du capital industriel ayant pour conséquence l’abondance de capital empruntable. Il faut alors moins de moyens de circulation parce qu’il y a baisse des prix des marchandises, contraction des transactions et diminution du capital dépensé en salaires ; il n’y a pas nécessité d’augmenter la masse de monnaie fonctionnant comme moyen de paiement mondial parce que les dettes à l’étranger viennent d’être liquidées par le drainage de l’or et les banqueroutes ; de même il faut escompter moins parce que le nombre et l’import des traites sont moins considérables, La demande de capital empruntable, soit comme moyen de circulation, soit comme moyen de paiement, diminue donc nécessairement et nécessairement la masse et l’offre de ce capital ne tardent pas à devenir importantes. » source

Marx a exploré les limites du développement du Capital à une époque où celui-ci était encore en pleine phase dynamique. Nous sommes amenés à nous reposer la question : est-ce que le Capital n’a pas atteint son apogée ?

Pourquoi le surplus en capital n’est pas classique au sens étudié par Marx ?

Une crise classique (au sens de celles étudiées par Marx) est fondée sur la tendance à la baisse du taux de profit. l’économiste Michel Husson a mis en évidence deux éléments très importants pour la comprendre : d’une part, aucune baisse du taux de profit n’a été observée durant la période qui va du début des années 1980 à 2007, mais bien au contraire une hausse, en tout cas dans un ensemble de pays constitué des États-Unis, de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni.

Pas de baisse du taux de profit, donc. Pas de baisse de la production mondiale non plus car il n’y a pas de baisse des achats de marchandises, pas de surproduction des marchandises à la base.

Par contre, la masse globale des capitaux privés a atteint des sommets historiques. Ce sont les capitaux privés qui ne trouvent plus à s’investir et pas à cause d’une surproduction de marchandises mais à cause d’un surplus de capital financier. Et ce surplus est tel qu’il ne parvient qu’à s’accroitre pour plusieurs motifs. Entre autres, le fait que le seul moyen de faire face au surcroit de capital financier consiste pour les autorités à lui proposer des investissements fictifs hors de la production de crainte que ces capitaux ne trouvent aucun investissement du tout.

Voilà ce que Marx en disait (source)

"Nous avons vu qu’il peut se produire une accumulation, une surabondance de capital empruntable et qu’elle a pour caractère d’être en raison inverse de l’accumulation de capital productif. Il en est ainsi dans deux phases du cycle industriel ; d’abord au commencement du cycle, immédiatement après la crise, dans la période de contraction du capital productif et du capital-marchandise ; ensuite, lorsque le relèvement commence, mais que le crédit commercial n’a guère recours encore au crédit des banques. Dans le premier cas, le capital-argent, appliqué antérieurement dans la production et le commerce, s’offre comme capital empruntable ne trouvant pas à s’occuper ; dans le second cas, le capital est occupé davantage, mais à un intérêt très bas, les capitalistes industriels et commerçants imposant leurs conditions au capitaliste d’argent. D’un côté, l’abondance de capital empruntable est l’indice d’une stagnation du capital industriel, de l’autre, elle exprime que le crédit commercial est relativement affranchi du crédit des banques, parce que les rentrées d’argent se font facilement et régulièrement et que les capitalistes opèrent avec des capitaux à eux et du crédit à courte échéance. Les spéculateurs qui ont besoin du capital des autres ne sont pas encore entrés en campagne, et les industriels et commerçants travaillant avec des capitaux leur appartenant n’ont pas encore recours aux véritables opérations de credit. Dans la première phase, l’abondance de capital ernpruntable exprime l’opposé d’une accumulation effective ; dans la seconde, elle se produit en même temps qu’une expansion du procès de reproduction, sans en être la cause, et elle diminue déjà relativement à la demande. Dans les deux cas, le procès d’accumulation effective prend de l’extension, parce que, malgré les prix réduits ou lentement croissants, le profit d’entreprise augmente grâce au taux de l’intérêt. Cette situation s’accentue dans la période de prospérité, bien que l’intérêt s’élève à son taux moyen, parce qu’alors l’accroissement du profit est plus rapide que celui de l’intérêt.

Nous avons vu également qu’une accumulation de capital empruntable peut se produire en dehors de toute accumulation effective, par des moyens purement techniques, tels que l’extension et la concentration des banques, l’économie de la réserve de la circulation et l’économie du fonds de réserve servant de moyens de paiement aux particuliers. Ce capital empruntable ne fonctionne comme tel que pendant de courtes périodes (il n’est escompté qu’à des délais très courts) ; on l’appelle capital flottant (floating capital) parce qu’il est soumis à un va et vient continuel ; l’un le retire, l’autre l’amène. Il en résulte que le capital empruntable (avancé pour peu de temps contre des traites et des dépôts, et non à long terme) augmente réellement avant qu’il y ait accumulation effective."

« En général, le mouvement du capital empruntable, réflété par le taux de l’intérêt, se poursuit en sens inverse de celui du capital industriel. » source

Marx rajoute d’ailleurs : "La pléthore de capital-argent n’indique pas nécessairement qu’il y a surproduction, ni même que les sphères d’application du capital font défaut. (...) L’accumulation de capital empruntable pouvant être accélérée par des causes indépendantes, mais concomitantes de l’accumulation effective, qu’il doit y avoir pléthore continuelle de capital-argent dans des phases déterminées du cycle, pléthore qui doit être d’autant plus intense que le crédit joue un rôle plus important. La conséquence de cette situation doit être nécessairement l’extension du procès de production au-delà, de ses bornes capitalistes, c’est-à-dire l’exagération des opérations de commerce, de production, de crédit, avec la réaction qui l’accompagne inévitablement."

Pour Marx, "une crise permanente, ça n’existe pas."

Les crises cycliques sont des respirations du capitalisme : elles permettent de réguler en détruisant une quantité d’investissements inutiles. Actuellement, les grandes entreprises en faillite ne chutent pas. l’effet de crise est inhibé par les interventions étatiques.

Nous ne sommes donc pas dans une crise classique...

Sans rentrer dans des considérations trop techniques, il faut rappeler que crise classique = taux d’intérêts hauts.

Voici ce qu’en dit Marx :

« Lorsque l’on considère les cycles, dans lesquels se meut l’industrie moderne, - accalmie, reprise des affaires, prospérité, surproduction, krach, dépression, accalmie, etc., évènements dont l’analyse sort du cadre de notre étude, - on voit que l’intérêt est généralement bas dans les périodes de grande prospérité et de profits extraordinaires, qu’il monte lorsque la prospérité arrive à son point culminant, et qu’il atteint son maximum et s’élève à un taux usuraire lorsque la crise bat son plein. (...) L’intérêt atteint son taux le plus élevé pendant les crises, lorsque de l’argent doit être emprunté coûte que coûte. La hausse provoque alors la baisse des valeurs et fournit l’occasion aux gens qui ont de l’argent disponible d’acheter à un prix ridiculement bas des titres portant intérêt, qui remonteront tout au moins à leur prix moyen dès que la baisse de l’intérêt se manifestera. » source

Ce qu’était une crise classique au sens de Marx et Engels :

« Une épidémie qui, à toute autre époque, eût semblé une absurdité, s’abat sur la société, l’épidémie de la surproduction. La société se trouve subitement ramenée à un état de barbarie momentanée ; on dirait qu’une famine, une guerre d’extermination lui ont coupé tous ses moyens de subsistance ; l’industrie et le commerce semblent anéantis. Et pourquoi ? Parce que la société a trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d’industrie, trop de commerce. » (Manifeste communiste)

Puis il y avait la reprise :

« En s’emparant de marchés nouveaux, la bourgeoisie prépare des crises plus générales et plus profondes, tout en réduisant les moyens de les prévenir. »

Mais on était encore à des époques où l’accroissement d’échelle était possible. Les crises se caractérisaient encore notamment par la hausse des taux d’intérêts.

Pourtant, aujourd’hui et depuis 2007, alors que la situation catastrophique perdure, les taux d’intérêt de la dette sont historiquement bas dans les grands pays capitalistes (USA, Japon, France, Allemagne,...). source pour les USA

source France, Allemagne, Japon

Comment cela se fait-il qu’un système capitaliste, qui a pu tenir à tant de crises, ne le puisse plus aujourd’hui ?

Le capitalisme d’hier n’est pas dans une crise conjoncturelle, ni dans une crise systémique grave : il est mort en tant que système même si on le fait momentanément perdurer à coups de fonds publics.

Le système capitaliste est fondé sur des investissements en capital productif, menant à une accumulation des plus-values extraites, dans la production, du travail humain. Les Etats ne peuvent nullement pallier durablement aux capitaux privés si ceux-ci se désinvestissent massivement. Ce désinvestissement ne provient pas d’un manque de capitaux mais d’un trop plein considérable et durable de capitaux.

En effet, depuis les années 1990-2000, le capitalisme a atteint un stade d’engluement du système dans une trop grande masse de capitaux, situation à laquelle le système n’a pu faire face que par la financiarisation massive de l’économie. Il s’agissait d’offrir à une masse croissante de capitaux des systèmes de titrisation permettant un attrait aux capitaux en surnombre. Le résultat a été une spéculation massive, appelant encore plus de capitaux vers ce type d’investissements au point que les capitaux investis dans la production n’ont plus trouvé suffisamment de profit par rapport aux profits rapides et massifs offerts par la spéculation. Il est devenu impossible aux trusts productifs eux-mêmes de maintenir leurs capitaux dans des circuits de production et de commercialisation. Même les trusts automobiles sont devenus de véritables banques et entreprises spéculatives. En 2007-2008, c’est tout ce système de spéculation qui a explosé. L titrisation avait atteint un tel degré qu’elle se nourrissait de la nécrose du système : on a titrisé la chute des entreprises, les dettes immobilières, bancaires, étatiques… L’intervention massive des Etats a réussi à arrêter momentanément la chute catastrophique. On en est là : la nécrose gagne doucement l’ensemble de l’appareil économique et social. Elle est sans cesse combattue par les Etats mais l’intérêt des possesseurs de capitaux est de recommencer à investir dans la nécrose du système. Ce ne sont pas les travailleurs, ce ne sont pas les petits bourgeois, ce ne sont pas les acheteurs qui manqueraient, qui gangrènent le capitalisme. Ce sont les capitalistes eux-mêmes. Ils ne sont pas devenus masochistes. Ils ne sont pas devenus révolutionnaires. Simplement, le système ayant atteint ses limites de capitalisation rentable, ils ne trouvent rentable que de miser sur la chute, sur la mort, sur la faillite et, ce faisant, involontairement ils la causent de manière irrémédiable…

Trop de capital, voilà en résumé la cause fondamentale de la chute. Les Etats bourgeois n’y peuvent rien car leur seule action possible consiste à injecter de l’argent dans le système, dans les trusts, dans les banques, dans les assurances, sauvant momentanément tel ou tel établissement, et aggravant encore le problème, en augmentant la masse des capitaux en circulation, alors que le problème est déjà la trop grande masse de ceux-ci…

Les Etats, les gouvernements, les institutions nationales et internationales ne peuvent ni ne veulent faire autre chose que faire durer le plus possible la situation actuelle. Ils ne peuvent ni ne veulent que donner des milliards aux banques, aux assurances, aux trusts, aux bourses, aux financiers, ce qui les amène à progressivement détruire tous les services publics du fait de la chute des finances publiques, grevées par ces aides. Hollande vient encore de « sauver » la banque CIF comme le gouvernement français a « sauvé » Natixis ou Dexia et demain Société Générale, BNP ou le Crédit Agricole, quand ceux-ci s’effondreront une nouvelle fois. Toute aide artificielle – étatique ou institutionnelle - à l’économie ne peut faire qu’un effet très momentané tout en approfondissant la crise générale, celle des surplus de capitaux…

Quand les dettes augmentent beaucoup plus que les richesses de manière durable et sans arrêt, le monde va dans le mur... Les dettes ne sont pas alors une simple cause de crise. Elles ne sont que le moyen trouvé de faire durer un tout petit peu le système afin de lui laisser trouver une issue politique et sociale (démoralisation et déboussolement des travailleurs et milieux populaires et marche à la guerre mondiale, seule "solution" pour éviter la révolution mondiale...).


Chute du commerce mondial

Capital productif en chute (source)

La courbe qui chute (en rouge) est celle du capital productif ! source

(source)

Et, en dessous, la tendance d’accumulation en capital privé (source)

Crise grave, crise systémique ou bout du monde pour le capitalisme ?

Pourquoi parler de crise du capitalisme est insuffisant et peut être trompeur pour caractériser la situation actuelle ?

Lire ici la baisse des investissements privés en capital productif

Il est important de signaler que la conviction quasi universelle qu’une élite, banquiers ou régulateurs de l’État, est « responsable » de la crise, étouffe toute analyse sérieuse de la « crise de l’accumulation de valeur » sous-jacente, dont les banques, le crédit pour la consommation, les bulles immobilières ou la régulation des États ne sont que des épiphénomènes.

Comment comprendre les réactions des classes dirigeantes s’il ne s’agissait pas d’un effondrement du système ayant atteint ses limites et que l’on fait artificiellement perdurer non pas pour donner une solution économique mais pour éviter une révolution sociale et mener à la guerre mondiale ?

S’il s’agissait des conséquences d’une crise classique, peut-on croire que l’on puisse combattre une crise de suraccumulation du capital en inoculant massivement des capitaux d’origine étatique et institutionnelle ?

Peut-on croire que l’on puisse combattre une crise de confiance des banques entre elles en leur ouvrant directement un accès gratuit et illimité aux capitaux institutionnels ?

Peut-on croire à une croissance américaine actuelle, si elle est condamnée à être maintenue en permanence sous une perfusion éternelle à la faveur d’injections de liquidités supplémentaires par le prestidigitateur en chef, Ben Bernanke, qui fait également office de Président de la Réserve Fédérale…

Peut-on attendre son salut de la Chine qui, de son côté, s’embourbe dans la déflation avec des prix qui ont baissé de 3.5% en six mois pendant que ses exportations étaient réduites de 6.6% sur la même période. Et comment ne pas ressentir comme un début de panique de la part d’autorités chinoises ayant encore baissé il y a quelques jours de manière drastique – et pour la troisième fois en six mois – les réserves obligatoires des banques dans l’espoir que celles-ci consentent plus de crédits aux agents économiques ? En fait, c’est tout le moteur de croissance chinoise qui se grippe puisque sa production industrielle s’est effondrée en Avril dernier à son niveau le plus bas en dix ans ! Idem pour l’Inde dont la même production industrielle recule de 4% dans un contexte de stagflation rappelant la période cauchemardesque des années 70.

Peut-on attendre son salut des banques centrales qui ne peuvent qu’imprimer aujourd’hui en masse et sans cesse en plus grande quantité des Euros, des Dollars, des Yens, etc … Elles se doivent donc aujourd’hui d’activer frénétiquement leur planche à billets afin d’acheter tout ce qui est à vendre, en termes de dettes financières, pour éviter la chute et la panique générales.

Peut-on compter sur les mesures des Etats pour limiter la chute des emplois ?

Le taux de sans emploi dans la zone OCDE était de 8,1% en avril 2011. Et le taux de chômage dans la zone euro reste stable à 9,9%. A noter que les taux de chômage des moins de 25 ans est passé à plus de 44% en Espagne, 36% en Grèce et en Slovaquie et 34% en Lituanie.

Aux USA, le taux de chômage devrait être compris entre 8,6% et 8,9% en moyenne au quatrième trimestre, alors que deux mois auparavant la Fed tablait sur 8,4% à 8,7%. Ce taux de chômage est remonté à 9,1% en mai. Le spectre est donc bien présent aussi aux Etats-Unis : croissance molle, taux de chômage important et prémisse de hausse de l’inflation.

Les intérêts de la dette US représentent déjà 10% des rentrées fiscales 2010. Vers 2015, ils absorberont 30 à 40% des recettes fiscales. En imaginant, bien sûr, que les taux d’intérêt pratiqués par la Fed ne seront pas supérieurs à 3%.

Contrairement à une croyance générale, l’institut d’émission des Etats-Unis, la FED, est, en fait, une machine à fabriquer de l’argent détenue par un cartel bancaire privé, qui gagne d’autant plus que les taux sont élevés. Mine de rien, il imprime des dollars à bon marché et les revend bien plus cher.

Au prix de masses d’argent publique, fabriquées et introduites, il y a une fausse reprise très faible. Les dernières estimations de l’évolution du PIB des USA permettent de parler d’échec des mesures de relance aux USA. La croissance à crédit marque le pas en dépit de dépenses publiques cumulées depuis le début de la crise (2007-2008). Le PIB réel ne s’accroît plus d’un trimestre sur l’autre que de 1,3 % au T-2 2011 contre 0, 4 % au T-1 2011.

Depuis le début de 2010, l’économie américaine ralentit : le PIB passe de 3,9 % de croissance (T-1 2010) à 3,8 % (T-2 2010), puis à 2,5 % au T-3 2010 pour finir à 2,3 % (T-4 2010).

Il y a corrélation nette de la baisse du PIB avec le ralentissement de la dépense publique au T-1 et T-2 2011. Cette corrélation avait déjà été constatée en 2010, elle exerçait des effets de ralentissement avec une moindre acuité. La corrélation est exemplaire depuis les T-1 et T-2 2011. La reprise est à crédit, la croissance endogène à l’économie est faible.

On ajoute finalement à cela une rechute probable des prix de l’immobilier (surtout américain)

A lui seul, le déficit du budget US de février dépasse déjà celui de toute l’année 2007. Il s’élève à plus de 222 milliards de dollars.

Le niveau de déficit en pourcentage par rapport aux dépenses US s’élève déjà à 43% par rapport à des dépenses totales de 3,820 milliards de dollars.

C’est le même pourcentage que celui du Brésil en 1993. Juste avant qu’il explose en hyperinflation. C’est plus que la Bolivie en 1985, qui elle aussi, est partie en hyperinflation.

Lénine postulait que « pour détruire le régime bourgeois, il suffit de corrompre sa monnaie ». Est-ce un scénario improbable ? Les prochains mois l’apprendront.

Le Conseil des gouverneurs de la BCE a finalement cédé à la volonté de son Président Mario Draghi, en votant la possibilité de racheter auprès des banques en difficulté, et ce sans limite prédéterminée, autant de dettes des pays de la zone euro qu’il le jugera nécessaire.

En conclusion, les Etats européens sont arrivés au bout de leurs ambiguïtés monétaires. Eu égard aux tensions sur les taux d’intérêt, la monnaie n’est plus unique. Les dettes publiques sont stratosphériques et les banques fragilisées dans une conjoncture atone. Il faudra renforcer les capitaux bancaires et procéder à une injection massive d’argent frais afin d’immerger la crise étatique dans un déluge de monnaie.

Sous prétexte que ce sont les Etats dont on rachète les dettes (et non pas les banques à qui on les rachète) qui sont en difficulté, les banques ne seront soumises à aucune condition, contrairement aux populations qui elles devront subir des mesures d’austérité brutale.

En effet, pour mieux masquer la tromperie, la procédure choisie exigera que les pays en mal de financement sur les marchés fassent une demande d’aide formelle au FESF et au futur MES (dont l’existence dépendra de la décision que rendra la Cour constitutionnelle allemande le 12 septembre prochain), qui fixeront en retour les conditions d’austérité qui seront imposées aux populations des pays concernés. La BCE pourra ensuite procéder à ses opérations de rachat des dettes en toute sérénité.

Dans leur approche ultra-conventionnelle, la plupart des économistes pensent que ces mesures d’austérité (avec les baisses des salaires et des retraites, ainsi que du pouvoir d’achat en général qui en sont la conséquence) pourront compenser le danger d’inflation associé aux injections massives de liquidités. S’il est possible qu’ils aient raison sur point dans le très court terme, le résultat final, lui, est tout-à-fait assuré : L’HYPERINFLATION. C’est d’ailleurs exactement ce qui s’est passé en Allemagne en 1923, où une période de déflation s’est vue succéder par l’hyperinflation, comme lorsque la mer se retire juste avant l’arrivée d’un tsunami.

Tout cela est sans mentionner le fait que les plans de Draghi représentent également, par le pouvoir que se verra conférer le FESF/MES sur la politique économique et fiscale des pays concernés, une véritable dictature européenne.

La crise est simplement en train d’aligner les valeurs des actifs financiers sur les réalités économiques des USA, l’effet de décrochage de la valeur des actifs financiers est inévitable dans une situation où l’ensemble des déséquilibres produit des effets vicieux. La FED a simplement gagné du temps, elle n’a apporté aucune réponse articulée solide à la crise de l’économie financière et de l’économie réelle. C’est logique, il n’y en a pas.

La reprise a été attendue, tout indique qu’elle ne viendra pas. La stagnation est attendue, rien ne dit qu’elle ne se transformera pas en récession ou pire encore. Après tout, c’est une dépression qui s’amorçait en 2008-2009, il est concevable que l’effondrement de l’économie américaine n’ait été que retardé par le creusement de la dette souveraine. Un ralentissement marqué des déficits publics, une politique de rigueur excessive pourrait précipiter les USA dans une crise d’une intensité au moins égale à la crise de l’hiver 2008-2009. L’alerte d’août 2011 témoigne de la profondeur des craintes, la dette publique insoutenable à terme et croissance pouvant ralentir ou chuter, a brusquement mis en avant l’irrésolution de la crise au terme de 3 années de creusement des déficits publics.

Combien d’argent a été inoculé par les Etats et dans quelle mesure l’économie privée capitaliste a-t-elle disparu pour laisser place à une économie assistée ?

Un économiste a calculé qu’on est arrivé à 30% par an de création monétaire par les Etats et que les 18% des PIB sont obtenus par l’accroissement de la masse monétaire et l’essentiel du reste par la baisse des taux d’intérêts

Ce texte montre que l’ensemble des réserves de change a été multiplié par 4,5 en dix ans, passant de 1000 milliards de dollars à 4500 milliards de dollars. L’essentiel du PIB mondial est donc construit sur de la monnaie de singe.

Le PIB mondial aurait été selon le FMI de 57 937 460 millions de dollars en 2009 contre 60 689 812 millions en 2008. Il est de 70 011 680 en 2011. C’est donc une hausse mais beaucoup plus basse que la masse des capitaux injectés par les Etats et institutions financières mondiales.

Les États-Unis sont la première puissance économique du monde et produisent 25 % du PIB mondial. Ils ont massivement investi des fonds publics au point qu’il serait très difficile de dire combien et le résultat est plus que faible. Il a existé en 2010 (+ 2,53%) et s’effondrait déjà en 2011.

D’autre part, ce n’est pas du capital privé qui s’investit dans la production et le commerce mais du capital public en grande partie fictif et de telles constructions fictives à la Madoff à l’échelle mondiale ne peuvent rester stables et n’ont aucun avenir.

Quelle est la part des prêts de capital qui est investi de manière productive et comment évolue-t-elle ?

La réponse à la question est donnée par la hausse de la part des prêts non productifs. Ils se sont effondrés en 2007, du fait de la crise, et recommencent à augmenter…

Il ne faut pas s’en tenir à la hausse du PIB mondial qui englobe toutes les productions de capitaux et montre seulement qu’il y a une masse considérablement augmentée de capitaux (dont les dettes font partie…) Voir ici

Mais il faut examiner la part du PIB qui est de la dette publique : USA 76,1% ; France 83,5% ; Japon 174,4% ; Belgique 91,8% ; Brésil 61% ; Portugal 84% ; Royaume Uni 73,3% ; etc.. Voir ici

Il faudrait y rajouter la part du PIB qui est de la dette publique et de la dette privée ainsi que les titres pourris qui sont comptés mais qui ne valent plus rien (si on les mettait en vente)…

Il n’existe pas de réforme du système capable de le sortir de cette situation qui n’a rien d’un "mauvais pas" ou d’"une crise grave". Ce sont les réformes qui ont mené à ce que l’on appelle la crise de 2007. Plus le système perdure, plus la masse des capitaux grandit mortellement. Mortellement car ces capitaux sont pour l’essentiel mortifères : ils misent sur la mort du système et obligent les Etats à en faire encore plus pour les absorber, les racheter et leur fournir des intérêts. Tout cela aura une limite... Mais les classes dirigeantes n’attendront probablement pas l’effondrement et lanceront, avant, leur seule solution réelle : la guerre mondiale !

Ce n’est pas une crise grave pour le capitalisme. C’est sa phase finale. Ce n’est pas une crise grave pour les travailleurs. L’avenir est devant eux !

Pour ceux qui croiraient que l’augmentation massive des capitaux publics dans les investissements était une constante bien avant l’effondrement de 2007 :

Une crise de suraccumulation qui signifie l’obsolescence du capitalisme

D’autres lectures sur la fin du capitalisme

Ces ciseaux qui s’ouvrent sans cesse mènent à la révolution sociale ou à la guerre mondiale...

Le capitalisme peut-il s’effondrer de lui-même définitivement ?

L’organisme d’études économiques bien connu GEAB résume ainsi la situation mondiale du capitalisme en septembre 2012 :

"1. Récession globale (plus aucun moteur de croissance nulle part / fin du mythe de la « reprise US »)
2. Insolvabilité croissante et partiellement reconnue comme telle désormais de l’ensemble du système bancaire et financier occidental
3. Fragilité croissante des actifs financiers clés comme les dettes souveraines, l’immobilier et les CDS à la base des bilans des grandes banques mondiales
4. Chute du commerce international
5. Tensions géopolitiques (notamment au Moyen-Orient) approchant du point d’explosion régionale
6. Blocage géopolitique global durable à l’ONU
7. Effondrement rapide de tout le système occidental de retraites par capitalisation
8. Fractures politiques croissantes au sein des puissances « monolithiques » mondiales (USA, Chine, Russie)
9. Absence de solutions « miracles », comme en 2008/2009, du fait de l’impuissance croissante de plusieurs grandes banques centrales occidentales (FED, BoE, BoJ) et de l’endettement des Etats
10. Crédibilité en chute libre pour tous les Etats devant assumer la double charge d’un endettement public et d’un endettement privé excessifs
11. Incapacité à maîtriser/ralentir la progression du chômage de masse et de longue durée
12. Echecs des politiques de stimulus monétaristes et financiers comme des politiques d’austérité « pure »
13. Inefficacité désormais quasi-systématique des enceintes internationales alternatives ou récentes, G20, G8, Rio+20, OMC, … sur tous les thèmes-clés de ce qui n’est plus en fait un agenda mondial faute de consensus : économie, finance, environnement, résolution de conflits, lutte contre la pauvreté, …"

A lire une thèse sur la crise qui affirme que ce n’est pas l’agonie du capitalisme en montrant seulement que ce n’est pas une crise de surproduction mais une crise de surproduction de monnaie et de sous-investissement productif

de la même origine, un article qui parle de sous accumulation en présentant une situation qui a tout de la suraccumulation

Y a-t-il des économistes qui analysent comme vous la situation du système ?

Portfolio

Messages

  • Karl Marx avait dit : " Le capitalisme ne sera jamais aussi vulnérable que quand il atteindra son apogée."

  • "La véritable barrière de la production capitaliste, c’est le capital lui-même"

    Karl Marx

    Le Capital - Livre troisième

  • Le capitalisme a essayé de nous persuader de son éternité…
    Les anciens peuples avaient conscience que les civilisations n’étaient pas éternelles, à tel point qu’elles utilisaient une grande énergie à plaider pour leur durabilité. Les Huli de Nouvelle-Guinée passaient du temps en rituels pour que la société ne s’écroule. Les Telfolmin du même pays invoquaient les ancêtres dans le même but.
    L’empire pharaonique a duré longtemps mais avec trois grandes interruptions révolutionnaires… et plusieurs centaines années d’interruption…
    L’empire romain s’est cru éternel et construisait des routes en pensant durer des milliers d’années. L’Histoire en a décidé autrement.

  • « Aujourd’hui moins que jamais, le problème de la luttes des classes ne peut se limiter à la question de la production. C’est bien plutôt en se posant du point du vue du "capital social total" (comme le montre le volume III du Capital), de la reproduction et de la valorisation du capital dans son ensemble, que l’on s’aperçoit de l’extrême vulnérabilité du système et que l’on peut espérer voir renaître une "imagination programmatique" allant au-delà de la "nationalisation sous contrôle ouvrier". »

    Loren Goldner

  • Vous n’ignorez pas que le capitalisme, considéré comme une organisation économique, est plein de contradictions. Ces contradictions ont atteint des proportions colossales pendant la guerre. Afin de se procurer les moyens de mener la guerre, l’Etat a eu principalement recours aux deux mesures suivantes : en premier lieu, il émettait du papier-monnaie et, d’autre part, il lançait des emprunts. C’est ainsi que la circulation des soi-disant valeurs augmentait de plus en plus ; grâce à ce moyen, l’Etat tirait du pays des valeurs matérielles effectives et les détruisait à la guerre. Plus l’Etat dépensait, c’est-à-dire plus il détruisait de valeurs réelles, plus s’amoncelaient dans le pays les valeurs fictives. Les titres d’emprunt s’entassaient partout. Il semblait que le pays s’était extraordinairement enrichi, mais, en réalité, ses fonctions économiques faiblissaient de plus en plus, étaient de plus en plus ébranlées, tombaient en ruines. Les dettes d’Etat ont atteint environ 1.000 milliards de marks-or, ce qui constitue 62% de la richesse nationale actuelle des pays belligérants. Avant la guerre, il y avait en circulation du papier-monnaie et des titres de crédit pour 28 milliards de marks-or environ ; il y en a en ce moment 220-280 milliards, c’est-à-dire dix fois plus, sans compter, il est évident, la Russie, puisque nous ne parlons que du monde capitaliste. Tous ceci concerne principalement, sinon exclusivement, les pays d’Europe, surtout ceux du continent et, en premier lieu l’Europe Centrale. En général, au fur et à mesure que l’Europe devenait et continuait à devenir plus pauvre, elle se recouvrait et elle se recouvre d’une couche de plus en plus épaisse de valeurs-papier ou de ce qu’on appelle capital fictif. Ce capital fictif : papiers de crédit, bons du Trésor, titres d’emprunts, bank-notes, etc., représente soit le souvenir du capital défunt, soit l’espoir d’un capital nouveau. Mais ce moment, aucun capital réel ne lui correspond. Lorsque l’Etat négociait un emprunt pour des oeuvres productives, comme par exemple pour le canal de Suez, les valeurs en papier émises par l’Etat, avaient leur contrepartie dans une valeur réelle, le canal de Suez, par exemple, qui laisse passer des bateaux, en touche une rémunération, donne des revenus, en un mot participe à l’économie nationale. Mais lorsque l’Etat empruntait pour la guerre, les valeurs mobilisées au moyen de l’emprunt détruisaient et ruinaient en même temps des valeurs nouvelles. Cependant les titres d’emprunt sont restés dans les poches et dans les portefeuilles des citoyens ; l’Etat leur doit des centaines de milliards, ces centaines de milliards existent sous la forme de richesse-papier dans la poche de ceux qui ont prêté à l’Etat. Mais où sont-ils ces milliards réels ? Ils n’existent pas. Ils ont été détruits, ils ont été brûlés. Le détenteur de ce papier, qu’espère-t-il ? Si c’est un Français, il espère que la France arrachera ces milliards à l’Allemand, avec la chair du débiteur, et le payera. La destruction des fondations des nations capitalistes, c’est-à-dire la destruction de leur appareil producteur a été poussée, en réalité, sous plusieurs rapports plus loin que les statistiques ne peuvent l’établir.

    Léon Trotsky - août 1921

    Source

  • La Fed, réserve fédérale américaine, a sorti l’artillerie lourde ce jeudi. Elle a débloqué 40 milliards de dollars par mois pour racheter de nouveaux titres de créances immobilières. Elle choisit en outre de maintenir son principal taux directeur à niveau très bas, et ce au moins jusqu’en 2015, après la fin du mandat de son président, Ben Bernanke. La durée précise de ce plan reste floue. La méthode générale reste la même : injecter de nouveaux milliards dans l’économie... soi-disant pour la sauver, en réalité pour faire durer en aggravant la crise de sur-liquidités tout en créant une fausse reprise économique.

  • Alessio Rastani - Interview BBC

    "Il va y avoir un krach et la chute sera violente - Absolument personne ne croit aux plans de sauvetage, ils savent que le marché est cuit et que la bourse est finie - Les traders se foutent de comment on va redresser l’économie, notre boulot est de faire de l’argent avec cette situation - Je me couche tous les soirs en rêvant d’une nouvelle récession - En 1929 quelques personnes étaient préparées à faire de l’argent avec le krach et tout le monde peut faire cela aujourd’hui, et pas seulement les élites - Cette crise économique est comme un cancer - Préparez vous ! Ce n’est pas le moment d’espérer que les gouvernements règlent les problèmes. Les gouvernements ne dirigent pas le monde, c’est Goldman Sachs qui dirige le monde. Cette banque se fiche des plans de sauvetage - Dans moins de 12 mois je prédis que les économies de millions de gens vont disparaitre, et ce ne sera que le début..."

  • Dans l’interminable feuilleton de la crise du capitalisme américain, la dette étudiante succédera-t-elle aux subprime ? Estimée à plus de 1 000 milliards de dollars, elle a doublé au cours des douze dernières années, au point de dépasser désormais le volume des achats par carte de crédit. En 2008, les créances moyennes des nouveaux diplômés s’élevaient à 23 200 dollars — à peine moins s’il sortait d’une université publique (20 200 dollars). Dans un contexte économique difficile, marqué par un taux de chômage élevé, un nombre croissant d’entre eux se trouvent dans l’incapacité de rembourser leurs prêts. Le taux de défaut de paiement des étudiants — qui ne peuvent pas recourir à une procédure de faillite individuelle — est passé de 5 à 10 % entre 2008 et 2011.

  • La Fed vient d’annoncer son troisième plan de soutien à l’économie américaine. Ses nouvelles mesures ont été applaudies par les marchés. Cependant, leur impact sur l’économie sera sans doute limité. La Fed a décidé qu’elle allait racheter à partir de vendredi des titres adossés à des créances immobilières émis par les organismes de refinancement hypothécaires parapublics (Fannie Mae, Freddie Mac) à raison de 40 milliards de dollars par mois. La Fed ne fixe pas de date de fin à ce nouveau programme qui va créer de nouveau de la monnaie. Elle interviendra aussi longtemps que nécesaire jusqu’à ce que le taux de chômage se réduise suffisamment. L’opération twist, qui consiste à réduire la proportion d’obligations du Trésor à court terme dans le bilan de la Fed, au profit d’une augmentation des titres à long terme, demeure. Enfin, la Fed repousse aussi jusqu’à la mi-2015, au lieu de 2014, la date de fin de sa politique monétaire ultra accommodante. En d’autres termes son taux directeur restera au plancher d’ici là. Cette fois-ci, le programme est centré sur des titres liés à l’immobilier et le montant que la Fed peut théoriquement acheter est illimité. Cependant, la philosophie reste la même. Il s’agit, grâce à différents leviers (rachats de titres, opération twist, taux courts à zéro) de réduire le plus possible les taux d’intérêt à long terme. Ainsi, la Fed facilite le financement de l’économie et fait baisser le billet vert (l’euro a passé le cap des 1,30 dollar), ce qui est bon pour les exportations. En comprimant le plus possible les rendements obligataires, la Fed cherche aussi à favoriser le marché des actions et donc le financement des entreprises. Ce plan vient s’ajouter aux deux premiers lancés en 2008 puis en 2010 qui ont porté au total sur 2300 milliards de dollars d’obligations du Trésor. Selon Ben Bernanke, les efforts produits jusqu’ici ont généré 3 % de croissance et permis de créer deux millions d’emplois. Cependant, la plupart des experts, y compris au sein de la Fed, jugent que l’efficacité de "l’assouplissement quantitatif" diminue avec le temps. Selon les économistes interrogés par le Wall Street Journal, 500 milliards de dollars de nouveaux achats de titres permettraient à peine de réduire le taux de chômage de 0,1 point. En d’autres termes, les nouvelles mesures pourraient avoir moins d’impact sur l’économie, que les ventes d’iPhone 5, censées doper l’activité de près d’un demi point de croissance au quatrième trimestre ! Conscient des limites de ces mesures, M. Bernanke a d’ailleurs indiqué qu’elles n’étaient pas la "panacée" aux problèmes de l’économie américaine. Un fatalisme inhabituel, pour un patron de la Fed.

  • Disons d’emblée, le système capitaliste, comme tout organisme vivant, est un système qui a fait son tems et qui arrive aujourd’hui à la fin de son cycle naturel et il est tout à fait normal qu’il meure de sa mort naturelle, car rien dans notre monde d’ici-bas n’est éternel. La féodalité n’est-elle pas morte après presque mille ans d’histoire ? Vu sa nature intrinsèque et son mode de fonctionnement, Il est d’ailleurs étonnant que le capitalisme, un système contre nature, ait pu survivre à toutes les crises et à toutes les convulsions qui ont émaillé son histoire. Si vous lisez ou si vous écoutez les discours des classes dominantes en Europe et aux Etats-Unis depuis deux cents ans, celles-ci n’ont qu’n seul mot à la bouche, la crise. Puisque le capitalisme est un système en crise permanente et endémique, à quoi bon s’accrocher à un système qui dure depuis plus de deux siècles ? Les hommes sont –ils sado-masochistes à ce point pour perpétuer un tel système mortifère ?
    On comprend aisément le désespoir et le désarroi de tous ceux qui s’accrochent à un système qui rend son âme, qui ne réalisent pas que le capitalisme est fini et qu’il ne faut pas s’attendre à un miracle de dernière heure pour retarder sa fin promulguée. Annoncer la mort du capitalisme n’est pas un événement extraordinaire dans la vie des hommes, car elle est conforme à la dure loi de l’évolution, au principe de la négation dialectique qui veut que toute chose recèle en elle-même les facteurs de sa négation, et que les anciens organismes soient remplacés par de nouveaux organismes. Mais un organisme ancien ne disparaît jamais, sa disparition signifie tout simplement sa transformation en une autre chose et sa transformation ne s’opère jamais dans un néant absolu. Sans négation des choses anciennes, point de changements tant qualitatifs que quantitatifs, point de vie, point de sociétés. La négation est donc une étape incontournable et ce n’est qu’après l’étape de cette négations, c’est-à-dire lorsque la chose nouvelle a remplacé l’ancienne, que l’évolution peut se produire.

  • Friedrich Engels écrivait en 1890 (lettre à Conrad Schmidt du 27 octobre) :

    « Il en est des reflets économiques, politiques et autres, comme de ceux qui se produisent dans l’oeil de l’homme : ils traversent une lentille et se présentent renversés, sur la tête. Seulement le système nerveux manque, qui remet l’image sur ses pieds. Celui qui appartient à un marché financier ne voit le mouvement de l’industrie et du marché du monde que dans la réflexion intervertissante du marché d’argent et d’effets de commerce ; pour lui l’effet devient cause. C’est ce que j’ai déjà vu à Manchester, après 1840. Au point de vue du mouvement de l’industrie et de ses minimums et maximums périodiques, les cours de la Bourse de Londres étaient absolument inutilisables parce que l’on voulait tout expliquer par des crises du marché monétaire, qui n’étaient elles-mêmes que des symptômes. »

    Tous ceux qui parlent de crise financière, d’excès de la finance, de crise de la dette, de crise des banques, de crise souveraine, de crise de l’Europe ne nous présentent que les effets et non les causes profondes. Parfois, ils nous présentent même comme cause les remèdes de l’étape précédente... Les qualificatifs donnés montrent à quel point on cherche à fuir la réalité : crise grave, crise de grande ampleur, crise systémique, crise structurelle, crise des liquidités, crise de solvabilité, crise de volatilité, etc... Rien de tout cela ne décrit vraiment ce qui est en train de se produire mais, au mieux, une phase de la situation. Parler de crise des subprimes n’explique pas pourquoi la crise continue après les subprimes ! Les causes profondes doivent cependant être cherchées pour quiconque veut agir en fonction des nécessités et non en fonction des utopies. Il trouvera nécessairement que le maintien du capitalisme au prix de quelques sacrifices est désormais une utopie réactionnaire.

    Mais il importe d’abord de prendre conscience que nous vivons une situation inédite : ce n’est pas une crise classique du système capitaliste mais une fin de système ! C’est le système et non ses victimes qui sonne la fin du match... quand les capitalistes eux-mêmes ne peuvent miser que sur la chute. Car c’est infiniment plus rentable. De manière durable et non conjoncturelle !

    L’accusé ne peut seulement être le "capital financier" bien entendu puisque l’ensemble du capital est... financier !

    Cinq ans après avoir mis en perfusion l’économie mondiale, on ne constate pas de battement « naturel » qui reprenne. Il est temps de constater que, en ayant accepté l’extension au monde entier avec la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie ou l’Afrique du sud, l’impérialisme a atteint les limites de son extension et que les limites de ses capacités à capitaliser ses profits sont dépassées.

  • Il n’est pas concevable que les exploités et les exploiteurs élaborent des "solutions" communes à la crise actuelle. Tous ceux qui prétendent en chercher, ou en négocier, ne sont que des adversaires déguisés.

    Cela signifie que la lutte entre le Capital et le Travail devient impitoyable.

    Tous les moyens vont être bons pour détourner les travailleurs de la défense de leurs intérêts et de ceux de l’humanité. Les vernis "démocratiques" des sociétés capitalistes tombent. Avec eux, se dévoilent tous les mensonges du développement et du bien être en système capitaliste.

    La première conséquence de la crise du capitalisme est : le droit de vivre en travaillant et de faire vivre une famille va devoir être placé au dessus du droit de détenir un capital et de l’exploiter.

    La deuxième conséquence est : il n’est plus possible de laisser les classes dirigeantes et leurs hommes politiques gouverner la planète. C’est, pour les exploités, une question de vie ou de mort de les déposséder du pouvoir.

    Plus tôt, les travailleurs auront conscience de cette tâche inévitable, moins l’humanité paiera de souffrances ce changement incontournable.

  • Depuis août, les banques européennes peinent à se financer en dollars, faisant face au départ des grands fonds américains. Au final, la Banque centrale européenne (BCE) est contrainte d’alourdir un bilan déjà très conséquent. Hier, Francfort a annoncé avoir accordé un prêt de 575 millions de dollars à deux établissements de la zone euro en difficulté.

    Les dépôts overnight auprès de la BCE ont à nouveau atteint un plus haut lundi à 197,75 milliards d’euros, signe de craintes renouvelées concernant les dettes souveraines. Jusqu’à quand la BCE pourra-t-elle continuer ?

    « Welcome back, Ted », ironise le Financial Times. De la même manière qu’il y a quatre ans, le Ted spread, soit l’écart entre le taux Libor interbancaire à trois mois et ceux des T-Bills, a atteint un niveau très élevé. D’ordinaire, cet écart est minime. Il gagne en importance lorsque les banques perdent leur confiance mutuelle en matière de solvabilité. L’écart entre le principal taux du marché, l’Euribor à échéance 3 mois, et le taux de l’argent au jour le jour (overnight indexed swap ou OIS), a renoué avec son niveau d’avril 2009, au lendemain de la crise financière.

    Le Ted spread est l’instrument par excellence pour prédire une crise du crédit du type de celle qui se déclencha en 2007. Le Ted spread européen (utilisant le Bund allemand et l’Euribor) s’est hissé à 140 points de base lundi, soit un niveau jamais atteint depuis le début 2009, lorsque les banques étaient encore en pleine crise. Mais son équivalent américain, lui, demeure stable à 33 points de base.

    Le scénario du film qui se déroule actuellement est donc connu, il ressemble à s’y méprendre à celui de la crise du subprime et de l’assèchement du crédit bancaire. Avec toutefois une différence de taille, puisque la crise bancaire ne s’est pas encore propagée outre-Atlantique. La raison est que les préoccupations actuelles tournent avant tout autour de l’ampleur du trou que la crise grecque provoquera dans le bilan des établissements bancaires exposés. Or, en 2007, les instruments de crédits structurés du subprime américain avaient essaimé de la dette hypothécaire dans les bilans de plusieurs banques de la zone euro. Aujourd’hui, la dette européenne – le nouvel actif toxique – est essentiellement concentrée dans des institutions européennes.

    L’anxiété des marchés et des investisseurs ne renvoie donc pas à la même réalité qu’en 2007. Suffit-il de le marteler pour rassurer ? Certainement pas. D’autant plus qu’un nouveau ralentissement économique en perspective jette encore davantage d’incertitude sur les marchés.

  • Chris Wood stratégiste de CLSA, pense que la hausse des marchés provoquée par les banques centrales va se terminer en feu d’artifice. L’Occident est confronté à la déflation et à la poursuite de la réduction de son endettement. Pour lui, il est très inquiétant que les créances de la Bundesbank sur les banques centrales de la zone euro ne cessent de progresser à 727 milliards d’euros à la fin du mois de juillet.

    Marc Faber, le très médiatique patron de « Gloom Boom and Doom » a expliqué comment la Fed finira par détruire le monde. Il est fréquent de dire que c’est la faillite du libre marché qui a provoqué la crise de 2008, alors qu’elle n’est selon lui que le résultat de 20 ans d’interventions constantes des banquiers centraux et notamment de la Fed.

  • Voici ce que nous écrivions dès le début de la crise de 2008 :

    Des milliers de milliards, ce sont les sommes que les Etats de la planète injectent dans l’économie pour pallier à l’incapacité de la classe capitaliste à faire du profit par l’investissement privé. Des trusts aussi productifs que General Motors, Chrysler, General Electric, les fleurons U.S. de l’industrie de consommation, ne survivent plus que par le truchement des injections d’argent public. Et ces sommes ne sont jamais suffisantes ce qui signifie que la crise de l’endettement qui a gagné toute l’économie est en train de mettre en faillite les Etats. Et pourtant, cela ne peut pas être une manière de relancer l’économie capitaliste qui est fondée sur l’investissement privé de capital. Les banques aidées rechutent peu de temps après car les mêmes causes entraînent les mêmes effets, ce qui montre que les causes fondamentales de la crise ne sont enrien soignées par ces injections massives d’argent étatique. On peut donc bel et bien dire que le capitalisme est en panne bien plus qu’en 1929 et que les conséquences ne seront pas seulement un recul social sans précédent avec des licenciements massifs et une misère d’ampleur exceptionnelle. Les classes dirigeantes ont choisi de retarder cet effondrement afin de préparer une réponse. Celle-ci comprendra certainement une répression accrue des travailleurs, la remise en cause des libertés et la marche à la guerre ... mondiale. Sans être devin, cet avenir est assuré si... les travailleurs et les peuples n’y mettent pas fin ! Ils en ont la force. Ils sont la plus grande puissance à l’échelle mondiale. Il leur manque la conscience de cette force et de cette perspective.

  • Si on essaie de développer une analyse de la crise d’un point de vue néo-classique, l’essentiel de l’argumentation va porter sur la dimension financière de la crise et sur un dysfonctionnement prétendu des marchés. Tout est dit ou presque sur l’interprétation néoclassique. Le marché financier -comme tous les autres marchés- est une création naturelle, optimale dès lors que rien d’externe ne vient en perturber le fonctionnement.

    S’agissant des interprétations marxistes, elles peuvent très vite différer voir même apparaitre totalement contradictoires. Deux citations récentes pour l’exprimer, Paul Jorion, économiste français vivant aux Etats-Unis, réfutant l’analyse de Marx écrit ainsi : « Karl Marx appartient, bien entendu, au camp des pessimistes puisque le capitalisme présente, selon lui une prédisposition à disparaitre un jour à l’occasion de l’une de ses crises majeures qui signera alors son extinction. » alors que Jacques Attali dans Les Echos du 14 novembre 2008 écrit de façon de façon tout aussi catégorique : « Marx aurait analysé cette crise comme un soubresaut ».

    Fin du capitalisme ou simple soubresaut : le grand écart des interprétations prêtées à Marx est d’emblée impressionnant. Pourtant, si l’on en reste aux racines de l’analyse des crises par Marx, on est assez proche, au moins à l’origine de cette crise, d’une crise classique de surproduction.

    Dans le cas présent, on aurait assisté à une crise de surproduction de logements individuels aux Etats-Unis c’est-à-dire du point de vue marxiste à une marchandise produite en quantité pour être échangé (valeur d’échange) contre de l’argent.

    L’extrême gauche type NPA écrit :

    « La nouvelle crise boursière liée aux crises des dettes européennes et étatsunienne agite le spectre d’une nouvelle récession ; une nouvelle « crise dans la crise » dont on n’entrevoit plus l’issue. »

    Pour Lutte Ouvrière c’est « une crise grave ».

    Grave est-ce le nom d’une maladie ?

    Certes ! Puisque, selon LO, le capitalisme est un système fou !

    Mais, faut-il se contenter de répéter Marx ou faut-il examiner la réalité de la crise ?

    Faut-il répéter qu’il n’y a rien de neuf sous le capitalisme et que celui-ci a toujours connu des crises... et des reprises ?

  • Jean-Yves Lefevre est chargé de cours à l’Université de Paris Dauphine et dirigeant du Cabinet Lefevre & Associés.

    Ce n’est pas ce que nous disent les marchés financiers. Cet été, ils viennent même de connaître une envolée spectaculaire (+ 15 % en Europe en moyenne). Cet épisode haussier a été une nouvelle occasion de vérifier que la confiance joue un rôle prédominant. C’est toujours étonnant de constater l’impact qu’ont de simples paroles, dès lors qu’elles sont formulées par un orateur considéré comme crédible : ici Mario Draghi, le président de la BCE. Après sa dernière intervention, on a même pu lire que « l’Europe était sauvée ! » ou encore que « les marché européens avaient désormais un boulevard devant eux, car ils devraient rattraper l’avance prise par les marchés américains qui sont revenus à leur niveau d’avant 2008 alors que le CAC est encore à - 40 % ».

    Pourtant, si l’on examine plus en détail les vraies possibilités d’intervention de la BCE, on est en droit de penser que l’optimisme des marchés est largement exagéré. Si l’on s’arrête sur les fondamentaux économiques, c’est encore plus inquiétant, car on a toutes les raisons de craindre un retournement des marchés dans les semaines ou les mois à venir, tant la confiance devrait se retourner sous le poids du principe de réalité. Certains prix Nobel d’économie comparent même la situation actuelle à celle du début de « la grande dépression » de 1929.

    Les vraies possibilités d’intervention de la BCE sont limitées

    Le dernier message de Mario Draghi vient de faire mouche. La banque centrale assurerait enfin la stabilité du système financier européen en achetant des dettes d’Etats de maturité inférieure à 3 ans, sous certaines conditions certes, mais de façon illimitée. Le marché s’est immédiatement enflammé, enthousiasmé par ce terme « illimité ». Trois commentaires s’imposent :

    • En premier lieu, il convient de rappeler que l’interventionnisme de la BCE n’est pas une nouveauté. Depuis 2010, elle a déjà racheté des dettes de pays en difficulté pour au moins 200 Milliards d’€ et surtout 5 fois plus de créances « douteuses » auprès des banques en difficulté.

    • Par ailleurs, en y regardant de plus près, le caractère illimité de l’aide potentielle est en fait restreint, dans son montant et du fait des conditions d’obtention extrêmement dissuasives. En effet, le pays demandeur d’aide doit, en contrepartie, accepter de perdre sa souveraineté par son asservissement à un plan de rigueur et à des contrôles sévères menés par la « Troïka » (le gendarme de l’Europe en la matière). Cela explique pourquoi il y a si peu de pays candidat pour le moment.

    • Enfin, si l’on se réfère à la décision que vient de prendre la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe, en pratique, la capacité d’intervention maximale de la BCE serait de l’ordre de 600 Milliards (et non illimitée), montant qui correspond à moins de la moitié de la dette sur 3 ans des seuls PIIGS.

    La limitation de l’aide est encore plus flagrante si l’on prend l’exemple de la dette grecque : sur les 3 ans à venir, elle ne représente que 14 % de sa dette globale. Par ailleurs, dans quelques semaines, la Grèce doit rembourser 30 Milliards ; elle ne pourra pas le faire. Le rapport de la « Troïka » faisant état du non-respect du plan de rigueur de la Grèce, la BCE ne devrait pas pouvoir intervenir. C’est donc du temps que l’on pourra donner à la Grèce et non de l’argent, car ni la BCE ni les autres institutions chargées de sauver les banques et l’Euro n’en ont.

    En effet, il est intéressant de noter que la BCE n’est dotée que d’un capital de 83 Milliards d’€, soit moins de 10 % de ses créances dites « difficiles ». Or, les traités prévoient que ce sont les Etats membres qui doivent recapitaliser la BCE en cas de besoin. Autrement dit, au bout du chemin, se seront les contribuables qui paieront.

    On comprend ici que la stratégie retenue par la BCE (comme celle de la FED depuis toujours) permet peut-être de gagner du temps et de faire plaisir au marché, mais elle ne constitue en aucun cas un traitement de fond acceptable dans la mesure où elle conduit tout simplement à la « paupérisation » par la spoliation fiscale. Même les régimes sociaux vont être impactés. Les réserves financières des Mutuelles diminuent à vue d’œil en même temps que leur imposition augmente. Dès 2018, l’AGIRC par exemple, n’aura plus aucune réserve, dans un contexte de vieillissement de la population et de rallongement de la durée de la vie. Le « Pôle-emploi » dysfonctionne par manque de moyens alors que 30 % des plus de 50 ans sont déjà au chômage et que les jeunes ne trouvent pas d’emploi. La situation est encore pire dans les autres pays du sud de l’Europe, de même qu’aux Etats-Unis (où 30% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté), et où le soir, on ouvre des gymnases pour servir la soupe populaire. Ce sont des faits : c’est déjà le présent !

    Les marchés montent parce qu’ils sont largement pourvus de liquidités par les banques centrales (BCE, FED et maintenant japonaise). Mais quelle est vraiment la situation économique et financière au regard des données réelles ? L’Europe est en récession, les zones émergentes poursuivent leur décélération et les États-Unis commencent à montrer des signes inquiétants.
    Sur le plan financier, si effectivement le risque de l’éclatement de la zone « Euro » s’éloigne, qu’en est-il du risque d’écroulement du système financier anglo-saxon, facteur déterminant qui pourrait en cas de faillite, nous conduire à une situation comparable à celle de la crise de 1929 ?
    • Le cloisonnement entre les banques de crédit et les banques d’investissements n’est toujours pas fait. L’Angleterre a un endettement abyssal et la dette fédérale des USA (16 000 milliards de dollars) ne laisse plus de marge pour sauver les banques.
    • La situation politique aux USA est bloquée, avec un Etat qui veut continuer à injecter des liquidités et un congrès qui ne veut plus débloquer de nouveau budget, imposant à terme une politique d’austérité au pays, avec obligatoirement de fortes coupes dans les dépenses étatiques. C’est d’ailleurs pourquoi la FED tente de contourner ce blocage politique en décidant (début septembre) d’injecter jusqu’à 40 milliards de $ par mois afin de racheter des créances immobilières douteuses. En fait, c’est un petit QE 3 caché, c’est-à-dire que la politique de « la planche à billets » continue et met sur le marché de « l’argent virtuel » puisque qu’il est sans contrepartie de richesse produite. En l’absence de croissance, qui seule donnerait de la valeur à cette masse monétaire inventée, cette stratégie ne peut que conduire à une forte dépression des actifs financiers et aussi immobiliers dans lesquels les banques sont considérablement engagées. Si la FED cherche à gagner du temps et à faire plaisir au marché, arrivera nécessairement un moment où il faudra faire le compte des pertes d’actifs, les comptabiliser ; ce moment semble désormais proche.

    On peut facilement comprendre qu’après la crise de 2008, il fallait renflouer les banques, puisque l’on a laissé faire et même favorisé la « financiarisation » de l’économie durant ces vingt dernières années. En revanche, se que l’on peut regretter, c’est la double stratégie utilisée par la FED (et la BCE dans une moindre mesure), exclusivement tournée vers l’intérêt des banques au détriment de l’intérêt des peuples :
    • Une politique de taux historiquement bas, pour donner accès aux banques commerciales à de l’argent presque gratuit, leur permettant ainsi de soigner leur compte de résultats en replaçant ces capitaux à environ 4 %. Les bénéfices ont été considérables mais n’ont aucunement profité aux ménages, ni aux entreprises, bien au contraire.
    • Une politique de « planche à billets » pour aider les établissements financiers directement, ou indirectement en favorisant la hausse des marchés.
    Les résultats de l’économie réelle en souffrent et il est fort probable que ces soutiens massifs aux banques n’aient servi à rien, puisque la santé financière des ces dernières ne s’est pas assez améliorée depuis 2008. Elles ont dilapidé ces soutiens en continuant à verser des bonus extravagants et des dividendes conséquents. Les déficits étatiques considérables qui ont été créés pour sauver les banques n’auront ainsi servi qu’à gagner du temps et devront demain être payé « in fine » par les contribuables.

    Plus grave encore. Comme les banques n’ont pas suffisamment amélioré leur bilan, il y a une très forte probabilité que certaines d’entre elles fassent faillites d’ici peu, lorsqu’il faudra comptabiliser les pertes d’actifs qu’elles portent en elles. La banqueroute de Lehman-brothers nous a récemment rappelé les désastres systémiques que ce type d’évènement peut créer.

    En fait, dès 2008, il aurait certes fallu aider les banques, mais en les obligeants à restituer les aides perçues. Par exemple, elles auraient pu émettre des obligations convertibles sur 7 ou dix ans, que les banques centrales auraient achetées. Il fallait aussi leur interdire momentanément de distribuer leurs profits pour les conserver en fonds propre, ce qui non seulement aurait été plus morale mais aussi plus efficace pour véritablement les renforcer.

    La « zone euro » a gâché une partie de sa force en favorisant les banques et les marchés financiers, mais c’est surtout les USA (qui ont été bien plus loin dans cette politique) qui souffriront lorsque le moment de faire les comptes sera venu. La probabilité que nous ayons déjà mis un pied dans le début d’une crise de type 1929 est forte. Et comme à cette époque, c’est d’outre-Atlantique que pourrait venir jusqu’à chez nous un nouveau « tsunami financier », si de profondes réformes de la finance mondiale ne sont pas mises en place très rapidement, et si l’on avait la chance d’échapper à un conflit au Moyen-Orient dont le cout accélèrerait les évènements.

    Quoiqu’il en soit, tant que les Etats (par la politique de leur banque centrale) préfèreront la finance au peuple, nous connaîtrons des crises du type 1929, avec les conséquences désastreuses qui peuvent s’en suivre, comme l’histoire nous les a montrées.

  • Selon le FMI...

    Malgré un soutien étatique massif...

    Etats-Unis ne décollent pas (+2,2 % en 2012 et 2,1 % en 2013).

    Le décrochage est net par rapport à l’an dernier (+3,8 %) et surtout par rapport à 2010 (+5,1 %).

    La Chine s’essouffle (+7,8 % et +8,2 %), tout comme l’Inde (+4,9 % et +6 %), le Brésil (+1,5 % et 4 %), la Russie (+3,7 % et +3,8 %) et l’Afrique du sud (+2,6 % et +3 %).

  • Controverses écrit :

    « Conséquent avec son analyse d’un capitalisme mû par des cycles répétés de contractions et d’expansions au sein d’un mouvement en spirales grandissantes, Marx a clairement établi que « des crises permanentes, çà n’existe pas. »

    Mais ces camarades, loin de déduire ainsi que la situation actuelle n’est donc pas une crise classique, affirment bizarrement le contraire.

  • « Les intérêts de la dette US représentent déjà 10% des rentrées fiscales 2010. Vers 2015, ils absorberont 30 à 40% des recettes fiscales. En imaginant, bien sûr, que les taux d’intérêt pratiqués par la Fed ne seront pas supérieurs à 3%. ».

    Dans le monde.fr on peut lire ceci :
    « La dette publique américaine avait franchi à la hausse le cap des 10 000 milliards de dollars en septembre 2008. Depuis cette date, les Etats-Unis accumulent 1 000 milliards de dette supplémentaire tous les sept mois et demi en moyenne. Dans son dernier Moniteur des finances publiques publié en septembre, le Fonds monétaire international (FMI) estime que la dette publique des Etats-unis devrait atteindre 100 % du PIB à la fin de l’année, 105 % en 2012, et continuer de progresser jusqu’à 115 % en 2016. »

    Le FMI me semble un peu trop optimiste et votre affirmation un beaucoup trop pessimiste....

    Comment justifiez vous ces chiffres ?

  • Comment sais-tu que le capitalisme n’est pas seulement malade mais est dans une phase nécrophile ? Tu es l’un des rares à l’affirmer. Il faut des arguments pour dire un truc pareil !

  • Parce que ce sont les gouvernants et les capitalistes qui, par leur action, m’informent que tous les capitalistes et tous les gouvernants du monde le pensent et agissent en conséquence. Quand le médecin préconise des soins palliatifs et plus des remèdes pour soigner, c’est qu’il estime qu’on est en phase irrémédiable.

  • Ce sont les gouvernants et les capitalistes qui, par leur action, nous informent que tous les capitalistes et tous les gouvernants du monde le pensent et agissent en conséquence.

  • Quand le médecin préconise des soins palliatifs et plus des remèdes pour soigner, c’est qu’il estime qu’on est en phase irrémédiable.

  • Les actions nécrophiles du capital privé consistent à miser sur tout ce qui chute pour vendre massivement ensuite et réaliser des bénéfices sur les dettes, sur les chutes, sur les effondrements, en les provoquant ou en les aggravant. Entre autres, nous avons exposé comment les capitaux qui étaient investis dans des trusts sont devenus des capitaux bancaires et financiers. Les actions du type soins palliatifs des gouvernants consistent à injecter des sommes colossales d’argent public dans les marchés financiers. Est-ce des soins médicaux ou des soins palliatifs ? Quelle était la maladie ? trop d’argent par rapport aux capacités d’absorption des investissements productifs et commerciaux ce qui provoque une hyperthrophie des marchés financiers arrivée à son stade catastrophique, le point où la profitabilité du secteur spéculatif tue la profitabilité du sectuer créateur de plus-value. Quand il y a déjà trop d’argent dans les marchés financiers, en introduire encore massivement signifie que l’on met une croix sur la capacité à sortir de la maladie et que l’on agit uniquement pour faire durer un peu la situation pour préparer une sortie politique, par des guerres civiles, des fascisme et des guerres, pour éviter la révolution prolétarienne. C’est l’action des capitalistes et des Etats capitalistes qui nous indique le caractère de la situation. Nous sommes dans une crise révolutionnaire et non dans une crise conjoncturelle périodique. L’avenir est socialisme ou barbarie. Il n’y a aucune solution économique. Faire payer les travailleurs, ferme des entreprises, casser les services publics n’a pas un but purement économique. Il s’agit pour la classe dirigeante de casser le moral de la classe prolétarienne en faisnat monter progressivement des fascismes, en prenant le temps de semer et de développer des haines, des divisions au sein du peuple travailleur.

  • Qu’est-ce qui prouve que ce n’est pas une crise classique plutôt qu’une fin d’un système ?

    • Ce que l’on entend par classique en général, c’est la manière d’analyser les crises de Karl Marx. Bien entendu, nous avons nous aussi étudié Marx et, a priori, nous étions disposés nous aussi à y voir une crise de surproduction. Chaque crise de surproduction ayant pris une forme différente vu que les contradictions capitalistes l’amènent lui-même à changer sans cesse de forme. Mais ce qui nous déplait dans la manière de traiter la nouveauté chez la plupart des auteurs y compris d’extrême gauche, c’est qu’ils ne partent pas de l’étude de la réalité mais de leurs présupposés. Au lieu d’examiner cette crise, ils affirment que c’est une crise classique. Comme si le problème était de dire que Marx avait raison et pas d’examiner la réalité pour la transformer. Pourquoi Marx aurait eu raison avant et pas maintenant disent les auteurs marxistes. Pourquoi le capitalisme aurait tenu jusqu’à maintenant et pas après se disent les gens. Et pourtant, les civilisations meurent, les sociétés disparaissent, les phénomènes ont leurs limites. C’est nos consciences qui ont du mal à l’admettre.

      Alain, peux-tu me donner quelques critères qui caractérisent à tes yeux une "crise classique" ?

  • N’est-ce pas tout simplement une crise de surproduction ? Il suffit de suivre l’actualité : Renault et PSA plongent parce qu’ils vendent moins de voitures qu’ils n’en produisent. Non ?

    • Tout d’abord, il convient de remarquer qu’en 2007-2008 aucun secteur important de la production n’était dans la situation actuelle des trusts automobile. Donc, même s’il y avait maintenant une crise de surproduction de marchandises, ce ne serait que conséquence et non cause de la crise...

      Ensuite, examinons justement les trusts Renault et PSA. Jusque là celui qui s’en tirait le mieux en ventes de véhicules, c’était PSA et c’est celui qui s’en tirait le moins bien financièrement en termes de bilan.

      Et là, il apparaissait l’importance dans le bilan des investissements financiers par rapport aux investissements productifs.

      Renault comme PSA ont décidé depuis longtemps de retirer énormément de capital de l’investissement productif pour le placer dans la spéculation.

      Renault a réussi et PSA a échoué dans les placements financiers et c’est le trust qui vendait le plus de voitures qui a chuté le premier.

      Ensuite, les baisses de ventes de voitures découlent des désinvestissements.

      Renault a énormément désinvesti et il en découle une baisse des ventes. Bien des fois, Renault a perdu des acheteurs car elle était incapable de fournir à temps les acheteurs, vu les baisses de production...

      Il ne faut donc pas intervertir causes et conséquences.

      Une crise où la surproduction provient d’un trop plein de capital n’est pas une crise où il y aurait un trop plein de marchandises.

      Enfin, si on discute en termes marxistes, Marx considérait qu’il avait affaire à des crises avec un trop plein de marchandises. Le surplus de capital ne pouvait qu’être très momentané :

      « La surproduction de capital, qu’il ne faut pas confondre avec la surproduction de marchandise - bien que celle-là n’aille jamais sans celle-ci - revient donc simplement à une suraccumulation, et pour se rendre compte de ce qu’elle est (plus loin nous l’examinerons de plus près) il suffit de la supposer absolue et de se demander dans quelles circonstances la surproduction de capital peut se manifester dans toutes les branches de l’activité humaine.
      Il y aurait surproduction absolue si la production capitaliste, qui a pour but la mise en valeur du capital, c’est-à-dire l’appropriation du surtravail, la production de la plus-value et la récolte du profit, cessait d’exiger du capital supplémentaire. Il y aurait donc surproduction si le capital avait pris, relativement à la population ouvrière, une importance telle qu’il y aurait impossibilité d’augmenter le temps absolu de travail ou la partie de la journée représentant le surtravail (cette dernière éventualité n’est pas à envisager puisque la demande de travail serait très forte et qu’il y aurait tendance à une hausse des salaires). »

      Nous ne sommes pas dans le cas d’une suraccumulation de marchandises.

      PSA et Renault ont chuté en 2007-2008 et l’Etat a dû les soutenir. Mais c’était de trois milliards.

      Cette fois, il faut plus de dix milliards à la seule banque financière PSA !

      Qu’est-ce que cela signifie sinon que PSA a désinvesti de la production pour entrer dans la finance, donc qu’il y avait suraccumulation de capital productif ?

  • Banque PSA Finance représente 3 % du chiffre d’affaires mais 40 % du résultat opérationnel du groupe PSA en 2011, dont le chiffre d’affaires de 1,8 milliard d’euros a permis de dégager un résultat opérationnel courant de 507 millions d’euros.

    Les sous-filiales d’Assurance (pourtant discrètes) de Banque PSA Finance : PSA Services Ltd, PSA Insurance Ltd et PSA Life Insurance Ltd, sont domiciliées à Malte, sans aucun rapport bien sûr avec le fait que Malte soit un paradis fiscal, mais plus simplement parce qu’il y fait souvent un temps superbe et qu’il est fort agréable d’y aller pêcher au large.

    La Banque PSA Finance avait réalisé avec succès une émission obligataire à taux fixe d’un montant de 600 millions d’euros il y a quelques semaines, le 20 juin 2012, opérée avec les banques partenaires Banca IMI, BNP Paribas, Bank of Tokyo Mitsubishi, HSBC, Unicredit et CM-CIC. Tout semblait aller bien pour Banque PSA Finance, petit poisson courageux parmi les requins de la finance internationale.

    Le PDG Philippe Varin déclarait même dans le document de synthèse en s’autocongratulant : « Cette deuxième émission en euros de l’année vient confirmer la capacité de Banque PSA Finance à saisir les opportunités offertes par le marché obligataire et à accéder à la liquidité malgré la forte volatilité des marchés financiers. »

    Donc je savais que PSA était un peu équipementier, faisait un peu de logistique, et surtout était une Banque et un organisme financier. Mais un fabriquant de véhicules, ça j’avoue que ça ne se voit plus trop.

    Philippe Varin est sur la bonne voie, comme le prouve son discours du 15 février 2012 : « « Nous mettons en place un programme soutenu de management du cash. Les mesures d’économie de 800 millions d’euros annoncées en octobre dernier sont complétées pour atteindre 1 milliard d’euros. Par ailleurs, un programme de cessions d’actifs, d’un montant de 1,5 milliard d’euros environ, incluant CITER, est lancé. Il comprend la valorisation d’actifs immobiliers et l’ouverture du capital de Gefco. Notre situation financière reste robuste et sécurisée. »

    Le Groupe PSA continuera à valoriser ses actifs immobiliers, et à ouvrir son capital à d’autres organismes financiers. C’était un bon début, car après l’arrivée dans le capital de PSA du Groupe NATIXIS AM, du Groupe BNP Paribas, de la Banque Barclays, ou du Hedge Fund Templeton Global Advisors, je trouvais que le rythme de la financiarisation du groupe avait encore des progrès à faire.

    PSA peut faire beaucoup mieux pour que soient prises les bonnes décisions. Il serait bon de supprimer totalement les dernières velléités industrielles du Groupe pour se concentrer sur la finance, bien plus rentable. On pourrait par exemple envisager la création d’un département HFT (High Frequency Trading) qui permettrait de spéculer via des filiales opaques dans les paradis fiscaux sur les émissions d’obligations ou d’actions du Groupe.

    C’est la synthèse des résultats financiers 2011 qui nous le dit : « Banque PSA Finance dispose d’une structure financière solide grâce à un ratio de solvabilité Bâle II supérieur à 14% et d’une sécurité financière, via des lignes de crédit non tirées et une réserve de liquidité, permettant d’assurer en permanence plus de 6 mois d’activité sans recours à des financements complémentaires. »
     ».
    Après avoir licencié dans la production et fermé le maximum d’usines, Philippe Varin se concentrera désormais j’espère sur le recrutement de traders, d’analystes financiers, de courtiers, de spécialiste en optimisation fiscale, et de conseillers en placements off-shores de contrats d’assurance-vie.

  • Oui, pour trouver l’organigramme de la finance PSA, il suffit de cliquer ici

  • « La surproduction de capital, qu’il ne faut pas confondre avec la surproduction de marchandise - bien que celle-là n’aille jamais sans celle-ci - revient donc simplement à une suraccumulation, et pour se rendre compte de ce qu’elle est (plus loin nous l’examinerons de plus près) il suffit de la supposer absolue et de se demander dans quelles circonstances la surproduction de capital peut se manifester dans toutes les branches de l’activité humaine.

  • "Ce sont les gouvernants et les capitalistes qui, par leur action, nous informent que tous les capitalistes et tous les gouvernants du monde le pensent et agissent en conséquence."

    N’est-ce pas le devoir du capitaine de couler avec son navire ?
    Tant que la majorité de la population restera aliénée au système capitaliste, n’est-il pas logique que les politiciens essaient de sauver ce système à tout prix ?

    Est-il envisageable que les peuples agissent de concert contre ce système ?
    Lorsque le jeu devient injuste, les "gagnants" (les capitalistes et ceux qui ont encore un travail) revoient naturellement leur moralité à la baisse. La nature humaine est opportuniste.

    Vous avez montré dans ce site que les systèmes auto-organisés, finissent par se réduire naturellement à des sous-systèmes conflictuels avant de se réorganiser à nouveau. Si le système capitaliste disparait, il y a fort à parier que la société se disloque conjointement, d’où des guerres civiles, ...

    D’où ma question finale qui attend une réponse réaliste : "Comment éviter cela ?".

    • bonjour, pour éviter de voir le navire sombré et donc de périr noyer, il s’agit d’en sortir avant et là évidemment je te rejoins sur l’idée que tant que les exploités ne font pas eux même l’expérience de couper le cordon qui les relie avec le système, le capitaine capitaliste avec tous son personnel dirigeant nous entraine à la catastrophe car on rafistole un bateau qui est en train de couler.

      Le problème est triple :
      1)les exploités ignorent dans leur majorité que le système capitaliste vit ces dernières heures.

      2) les exploités font encore confiance, non pas au capitalisme, mais à ceux qui prétendent qu’il est mal dirigé.

      3) Les luttes sont dirigées par des petits capitaines ou des révolutionnaires nationalistes/opportunistes qui sont attachés à des formes de luttes isolées car pendant des années le stalinisme les a inculqué aux prolétariat.

    • Peut-être était-ce un peu confus, je l’avoue...

      Ce que je voulais dire, c’est que :
       il n’y a pas de volonté politique au chaos qui arrive.
       la société est un système auto-organisé au même titre que le système économique auquel il est couplé. Lorsque l’un s’effondre, l’autre aussi. Les dissensions émergent, les intérêts divergent. Les idées séparatistes (Belgique ou Espagne) commencent à prendre du crédit. L’Europe devient un problème ou pas. Les étrangers sont pointés du doigt ou pas, puis les chômeurs, le banquiers, les francs maçons, les politiciens, les pensionnés, les voisins ...

      Comment éviter cela ?
      Comment faire comprendre au 99% de la planète qu’ils ont tout intérêt de se découpler de ce système capitaliste en fin de vie ? Est-ce possible ?

    • Faire comprendre à l’humanité, je ne vois pas.

      Je ne vois qu’une chose : chercher déjà à comprendre. Pour quoi en faire ? Aucune idée.

      Simplement parce qu’on ne change pas un monde qu’on ne comprend pas...

    • @RP
      Pourquoi chercher à comprendre quelque chose qu’on ignore ? Personnellement, je suis tombé sur cet os parce que j’avais fait la démarche de chercher à comprendre la crise des sub-primes. J’aurais très bien pu m’intéresser à un autre sujet. Le hasard a fait que...

      Faire comprendre, c’est ce que vous essayez de faire. Ou alors on joue sur les mots...

      @Max
      Complètement d’accord avec toi. Mais pour solutionner ce triple problème, il faut une stratégie.
      Parler au gens ne suffit pas.

      Si on n’affiche pas son désaccord, ce dernier n’existe pas aux yeux des autres et ne peut toucher personne. Pourquoi ne pas essayer d’avoir un signe distinctif qui nous positionne du côté des 99% et qui peut générer un effet d’entrainement. Un pins, un code vestimentaire ? Ce n’est qu’une idée qui doit en appeler d’autres. Une sorte de révolution non violente, juste un positionnement éthique qui ne peut susciter que l’approbation...

      Ou alors, on baisse les bras et on laisse le désordre s’installer avec ses conséquences.

  • Michel Serres :

    « Ce n’est pas une crise, c’est un changement de monde. »

    • LA CRISE EST UN RACKET OFFICIEL

      "La crise n’est pas une fatalité, ni un accident de parcours, c’est une invention construite de toutes pièces, qui permet au capitalisme financier de parfaire sa domination en usurpant tous les pouvoirs. Nous sommes entrés dans l’État d’urgence d’une guerre ouverte contre les populations. Ce n’est pas le dysfonctionnement du système qui est ici en cause, mais bien l’économie elle-même dans son fonctionnement, son achèvement inévitable.

      Il s’agit maintenant d’appréhender le système sous tous ses aspects et dans toute la complexité de ses interactions, pour mieux comprendre comment la création de richesses a été accaparée par la haute bourgeoisie dans le processus de la mondialisation, accéléré par l’informatisation généralisée, la prolifération des dettes, et par le pillage d’un futur déjà ruiné. L’escroquerie de ce temps décompté se précipite, l’espace se restreint aux marchandages et aux spéculations dévastatrices, c’est alors que notre survie s’amenuise dans les restrictions, la misère et la barbarie.

      Le règne de l’exploitation et de sa servitude, des séparations guerrières et des arnaques mafieuses, paraît se réduire aujourd’hui au scénario d’une catastrophe programmée. Quand il n’y a plus d’avenir, on peut alors abandonner les préjugés réducteurs d’un passé révolu. C’est le moment de prendre le pouvoir sur ses propres conditions d’existence au cours de situations incertaines, par des pratiques libertaires en coopérant tous ensemble à l’auto-organisation d’une démocratie générale."

      Lukas Stella, "L’invention de la crise, escroquerie sur un futur en perdition"
      Aux Éditions L’Harmattan
      http://inventin.lautre.net/linvecris.html

  • Le nouveau gouvernement japonais a entériné vendredi 11 janvier un plan de relance de l’économie de 10 300 milliards de yens (environ 87 milliards d’euros). Ce plan se traduira par des aides financières aux PME, des mesures d’incitation à l’investissement et des contrats publics portant notamment sur la rénovation des infrastructures routières et scolaires du pays.

    Le gouvernement de Shinzo Abe, qui a ramené le Parti libéral démocrate (PLD) au pouvoir lors des législatives du mois dernier, en attend la création de 600 000 emplois et une augmentation du Produit intérieur brut de l’ordre de deux points. Il est la concrétisation des promesses de campagne de relance économique de Shinzo Abe.

    D’une ampleur sans précédent depuis le début de la crise financière de 2007/2008, il sera inscrit au collectif budgétaire sur l’année fiscale 2012/2013, que le conseil des ministres doit adopter la semaine prochaine.

    Et tout ça pour rien !!!

    Juste pour faire trainer...

    Jusqu’à la prochaine aide financière massive !

    Ou jusqu’à la guerre avec la Chine !

  • Vous vous rappelez de Fannie et Freddie des subprimes !

    Si vous cherchez des bénéfices 2012 record aux Etats-Unis, ne regardez pas seulement du côté d’Apple ou d’Exxon, mais aussi du côté de Fannie Mae. La société publique de refinancement hypothécaire, sauvée de la crise par le gouvernement, affiche pour l’an dernier un bénéfice de 17,2 milliards de dollars. Rien qu’au dernier trimestre, elle a enregistré un résultat de 7,6 milliards, il est vrai dopé par un accord à l’amiable avec Bank of America, à qui Fannie Mae reprochait de l’avoir trompée en lui cédant des prêts hypothécaires à risque.

    Fannie Mae achète aux banques des prêts immobiliers qu’elle garantit et titrise. Mais c’est la reprise du marché immobilier qui explique l’amélioration structurelle spectaculaire des comptes de Fannie. Comme les prix des logements augmentent, l’organisme ne perd plus autant d’argent qu’auparavant sur les ventes de maisons saisies qu’il réalise. Il passe moins de provisions pour créances douteuses, puisque le nombre d’emprunteurs qui font défaut ne cesse de baisser.

    Le petit frère de Fannie Mae, Freddie Mac, a affiché lui aussi, pour 2012, un bénéfice record de 11 milliards de dollars. Fannie et Freddie avaient enregistré des pertes colossales en 2011, de respectivement 16,9 milliards de dollars et 5,3 milliards de dollars. Selon Timothy Mayopoulos, le patron de Fannie, « nous nous attendons à rester bénéficiaires dans les années qui viennent ». Il faut prendre cette déclaration pour une litote. Car il se pourrait que Fannie affiche, dans ses comptes du premier trimestre 2013, un bénéfice astronomique, dans la mesure où elle va devoir comptabiliser des gains exceptionnels, liés à des impôts différés, qui totalisent la coquette somme de… 58,9 milliards de dollars ! Fannie devra reverser à l’Etat l’essentiel de cette manne.

    Paradoxalement, ces résultats mirifiques posent un problème au Congrès, qui savait devoir réformer le secteur du refinancement hypothécaire, mais ne pensait pas devoir le faire si tôt. Fannie et Freddie, qui ont coûté à elles deux 187,5 milliards de dollars au Trésor, et n’ont pour l’instant versé que 65,2 milliards de dividendes sur les actions préférentielles détenues par l’Etat - des sommes qui ne sont pas considérées comme des remboursements -, ont mauvaise presse dans l’opinion.

  • Les économies occidentales sont aujourd’hui enfoncées dans une trappe de liquidités. Phénomène classique - voire authentique cas d’école- où, du fait de taux d’intérêt tout proches du zéro absolu, les banques centrales ne disposent plus que d’une munition ultime. Celle qui consiste à injecter des liquidités dans le système - en d’autres termes à faire fonctionner la planche à billets virtuels- afin de soulager des banques encore empêtrées dans leurs créances toxiques. Pour autant, l’objectif initial poursuivi par les banques centrales - à savoir le rétablissement de la croissance économique - se retrouve aujourd’hui dévoyé puisque cette création monétaire intensive profite bien plus à l’appréciation spectaculaire des marchés boursiers qui sont propulsés à des records historiques, ou en tout cas à des niveaux en déconnexion totale avec l’économie réelle. En effet, c’est la récession qui règne toujours dans nombre de nations aux économies dites « intégrées » (comme dans l’Union européenne) et, ce, en dépit de baisses de taux quantitatives se pratiquant généreusement depuis cinq ans. Pire encore puisque ces économies se retrouvent aujourd’hui comme figées dans une trappe de liquidités qui semble absorber - comme dans un gigantesque trou noir cosmique ! - la quasi-totalité des liquidités désespérément crées par les banques centrales.

    Pourtant, en dépit de ces sommes pharamineuses qui semblent évoluer dans un circuit fermé et qui semblent ne profiter qu’à une minorité infinitésimale, les banques centrales poursuivent inlassablement leur quête du Graal. Leur but ultime étant l’amélioration de ce fameux « sentiment de richesse » - c’est-à-dire tout bêtement de la confiance-, préalable incontournable à toute reprise de l’économie.

    Bien conscientes que le système bancaire ne joue quasiment plus son rôle d’intermédiation consistant à répercuter ces liquidités en direction de la vraie économie, les banques centrales ne disposent toutefois plus que de ce seul levier pour sortir le patient (c’est-à-dire nos économies) de son coma. En effet, même la menace de taux négatifs fait l’effet d’un « pétard mouillé » sur des banques faisant usage de ces liquidités pour gagner à tous les coups dans le grand casino des marchés financiers.

    La Fed crée 85 milliards à un rythme mensuel (dans le cadre de son dernier programme) et qu’elle a offert environ 1 trillion de dollars à ses banques ces douze derniers mois...

    Extrait du journal La Tribune

  • Voici ce qu’écrit Le Point commentant "Croissance zéro - Comment éviter le chaos ?" de Patrick Arthus :

    Croissance zéro (éd. Fayard) s’appuie sur des faits incontestables et inquiétants. Les efforts de recherche et développement des grands laboratoires pharmaceutiques et des groupes de semi-conducteurs sont de plus en plus coûteux, mais ne débouchent plus sur des découvertes majeures. Bref, les chercheurs cherchent, mais ne trouvent plus ! Les problèmes de formation, de mise à jour des compétences sont particulièrement criants en France. Ils n’ont fait que croître depuis vingt-cinq ans...

    Après une première partie pessimiste, les auteurs qualifient de "nouvelle ère" la période dans laquelle nous nous engouffrons. Dès que les hommes politiques, les partenaires sociaux et certains chefs d’entreprise auront pris conscience que plus rien ne sera comme avant, ils se lanceront dans une politique d’adaptation dont les contours et les priorités sont connus, même si, au regard de nos concurrents de l’OCDE, "la situation française est toutefois particulièrement préoccupante".

    Il faudra donc à notre pays une thérapie de choc composée de dix mesures prioritaires. Il serait trop long de les énumérer ici, contentons-nous des plus radicales ! Baisse du smic, convergence progressive entre CDD et CDI, report immédiat d’un an de l’âge de la retraite pour tous ou établissement d’une politique monétaire favorable aux emprunteurs avec des taux d’intérêt réels durablement bas. Certes, nous avons vu finir un monde ancien, mais il ne faut pas avoir peur de celui qui s’ouvre devant nous. Croissance zéro est un hymne à la lucidité, au courage et, en creux, à l’action politique...

    Voilà à quoi réfléchit la bourgeoisie : comment faire payer les travailleurs et comment les piéger politiquement et socialement pour éviter... la révolution....

  • Toutes les places financières d’Asie ont entamé et achevé cette journée de lundi dans le stress, minées par les mauvaises nouvelles en provenance de Grèce . En séance dans la journée ou à la clôture, aucune grande Bourse de la région ne s’affichait dans le vert. Au Japon, le Nikkei a achevé la première séance de la semaine en recul de 2,9%, tandis que Hong Kong chutait de 3,6% en seconde partie de journée. A Shanghai, les actions dévissaient plus encore, de plus de 7%. Même instabilité sur le plan des changes. Lors des premières transactions de la matinée, l’euro diminuait de 2% environ, et le contexte d’aversion au risque fragilisait d’autres devises asiatiques. A l’image du ringgit malaisien, au plus bas depuis près de dix ans. Le yen japonais, au contraire, faisait figure de valeur refuge, comme à chaque crise financière mondiale, et repartait à la hausse face aux grandes monnaies occidentales.

  • C’est un système éminemment instable qui ne peut supporter que la croissance du crédit. Tout resserrement du crédit privé en circulation entraîne des faillites et donc des récessions. Tout resserrement de la dette publique entraîne une diminution de la consommation subventionnée par les dépenses de redistribution. Les banques centrales sont censées réguler la masse de crédit en ajustant leurs taux directeurs. Des crises financières toujours plus fréquentes Les crises financières et bulles spéculatives se succèdent, toujours plus rapprochées et plus graves : Crise japonaise Krach de 1987 et crise des Caisses d’épargne américaines (savings & loan) Faillite du fonds spéculatif LTCM en 1998 Bulle internet de 2000 Crise du crédit subprime en 2008 La croissance de la dette implique une baisse forcée des taux d’intérêt à long terme. Il faut que les zombies financiers puissent donner l’apparence d’être viables en acquittant les intérêts d’une dette dont ils sont incapables de rembourser le principal. A chaque crise, les banques centrales baissent leurs taux directeurs. Elles les relèvent ensuite mais sans retrouver le niveau antérieur.

  • « Cependant la plus-value étant le but de la production capitaliste, la baisse du taux du profit ralentit la formation de capitaux nouveaux et favorise la surproduction, la spéculation, les crises, la surabondance de capital et la surpopulation. Aussi les économistes comme Ricardo, qui considèrent la production capitaliste comme une forme définitive, constatent-ils qu’elle se crée elle-même ses limites et attribuent-ils cette conséquence, non pas à la production, mais à la Nature (dans la théorie de la rente). Ce qui les épouvante surtout dans la baisse du taux du profit, c’est le sentiment que le régime capitaliste rencontre dans le développement des forces productives, des bornes qui n’ont rien à voir avec la production de la richesse en elle-même, des limites qui établissent le caractère historique, passager, du mode capitaliste et montrent qu’à un moment donné il doit forcément se trouver en conflit avec les conditions mêmes de son développement. »

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