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Que feraient les militants de Lutte Ouvrière s’ils défendaient une politique prolétarienne à PSA (Aulnay) ?

lundi 17 septembre 2012, par Robert Paris

Que feraient les militants de Lutte Ouvrière s’ils défendaient une politique prolétarienne à PSA (Aulnay) ?

Ce sont des militants qui se revendiquent du communisme révolutionnaire qui dirigent la lutte à PSA Aulnay menacée de licenciements et de fermeture totale. C’est la lutte qui représente un point clef de l’ensemble des luttes de classe en France, du combat contre la vague de licenciements qui a été annoncée pour ce mois de septembre et qui concerne tous les secteurs d’activité du pays.

Cela ne signifie pas que les licenciements à PSA touchent seulement Aulnay. Loin de là, ils sont déjà partout présents et menacent tous les salariés du trust. Même ceux qui ne sont pas encore concernés peuvent l’être ensuite si ceux-ci passent comme une lettre à la poste. Tous les autres trusts ont les yeux fixés sur la réaction des travailleurs de PSA. Si le patron de PSA réussit, il sera suivi de bien d’autres à commencer par Renault.

Bien des trusts veulent licencier massivement mais ils ne veulent pas susciter une vague de lutte générale.

Les centrales nucléaires vont licencier massivement. Les trusts du Bâtiment vont licencier massivement. Les trusts de la pharmacie, de la téléphonie, du tourisme, de l’immobilier, de la métallurgie veulent licencier massivement. L’Etat lui-même va licencier massivement. Tous attendent le résultat des premiers combats des travailleurs contre cette première vague de licenciements massifs. L’enjeu est d’importance. Depuis bien longtemps, le prolétariat n’a pas subi en France une trop lourde défaite. Il importe donc de mesurer le rapport des forces. Seule la confrontation directe peut dire ce qui va être le résultat. Personne ne peut le dire d’avance sauf à vouloir démoraliser les travailleurs et les militants, les désarmer politiquement et socialement.

Les « dirigeants » de la classe ouvrière qui se cachent prétendument derrière les décisions démocratiques des travailleurs eux-mêmes en ne la sollicitant nullement sont de ce genre.

Ainsi, au milieu du mois de juillet, quand l’ampleur du plan de licenciements de PSA a été révélé, quand tous les travailleurs, quand l’opinion publique était sous le choc, quand le gouvernement de gauche se sentait obligé de jouer un indignement violent, alors ces syndicats ont décidé de reporter à plus tard la lutte, de placer devant leurs propres pas une barrière qui s’appelait « une expertise ». Désormais, il fallait attendre l’expertise demandée par les syndicats. Pourquoi ? Parce qu’une expertise allait éviter la lutte ? Parce qu’elle renforcer la lutte ? Parce qu’elle allait empêcher les licenciements ? Nullement !

Mais les syndicats ne peuvent nullement dire qu’ils ont été pris par surprise juste avant les vacances et ont été contraints d’attendre la rentrée pour réagir. C’est eux-mêmes qui ont annoncé un an avant l’attaque du patron et qui avaient donc largement le temps de s’y préparer, à commencer justement par la CGT d’Aulnay dirigée par les militants de Lutte Ouvrière qui sont justement ceux qui ont démasqué le plan du patron.

Quel a été le but de leur campagne quand ils ont appris que les emplois étaient menacés sur PSA ? Expliquer que tous les salariés de PSA étaient menacés, ceux de France comme ceux d’Espagne ? Pas du tout ! Ils ont fait campagne sur un seul point qu’ils ont répété un milliard de fois dans tous les média : PSA va fermer le site d’Aulnay. Toutes leurs actions ont consisté à promener la banderole « Non à la fermeture d’Aulnay » au point que, maintenant qu’il est clair qu’Aulnay est loin d’être le seul visé, ils continuent à manifester avec la même banderole, comme si la lutte devait être menée, site par site, boite par boite, entreprise par entreprise…

L’organisation Lutte Ouvrière dans tous ses discours politiques ne parle que de lutte d’ensemble et ses militants syndicalistes locaux, dans les luttes qu’ils dirigent doivent-ils avoir le langage opposé sous prétexte que la conscience n’y serait pas, que le rapport des forces n’y serait pas ? Poser la question, c’est y répondre.

On peut se dire : voilà, les militants d’extrême gauche qui dirigent la CGT d’Aulnay ne sont pas responsables de la politique de la CGT des autres sites et de la CGT centrale et ne peuvent pas étendre la lutte d’Aulnay à d’autres sites si la CGT des autres sites ne le veut pas et si les travailleurs des autres sites ne débordent pas les syndicats.

Ils pourraient en tout cas par leurs déclarations - et les média ont mille fois donné la parole aux dirigeants de Lo qui sont dirigeants de la CGT d’Aulnay -, donner le sens du combat qui est nécessaire et ils ont fait exactement le contraire. Ils ont dit aux ouvriers d’Aulnay : nous nous battons contre la fermeture d’Aulnay. Et pas : nous devons donner à notre combat un sens de classe, celui d’une lutte contre l’ensemble de la vague de licenciements en France. C’est le seul moyen d’obtenir le rapport de forces capable de faire reculer le patron en menaçant l’ensemble du patronat. Ou tous les travailleurs actuellement menacés de licenciement gagnent ensemble ou ils perdent ensemble.

Ils ont donc fait attendre la lutte à la rentrée des vacances, laissant le temps passer, leurs adversaires tenir la une des média, démoraliser les travailleurs, laisser les autres syndicats des autres sites tromper les travailleurs, laisser le gouvernement développer sa propagande sirupeuse et mensongère, pire que celle de la droite. Du genre : on est scandalisés, on va tout faire mais ... on n’y peut rien sauf museler les syndicats dans des négociations sans fin !

Et, maintenant que la rentrée est passée, alors qu’ils avaient prétendu à leur retour devenir le cauchemar du patron de PSA, ils se contentent de petites actions comme des occupations de péage d’autoroute en faisant passer les véhicules gratis comme si de telles « actions coup de poing » faisaient trembler patronat et gouvernement !

En même temps, les syndicats de Sevelnord acceptent des sacrifices et la flexibilité sous le chantage à l’emploi du patron et ils ne le dénoncent pas publiquement !

En même temps, le patron fait le chantage : accepter des licenciements à Madrid ou en France et ils ne le dénoncent pas !

En même temps, ils continuent à se donner comme perspective une négociation patronat/gouvernement/syndicats comme si c’était une telle négociation qui allait sauver les emplois.

Alors que le gouvernement de gauche a complètement viré de bord, prenant le contre-pied de ses propres déclarations selon lesquelles le plan de PSA était inadmissible et déclarant maintenant qu’il est inévitable.

Quelle raison de ce retournement sinon que les syndicats, par leur totale inaction, ont fait la démonstration que les travailleurs de PSA, pour le moment, ne sont nullement le cauchemar des patrons !

Que pourraient faire les travailleurs d’Aulnay, les travailleurs de PSA pour devenir véritablement le cauchemar des patrons et de l’Etat qui est au service des patrons ?

Tout d’abord, ils pourraient se proposer de prendre la tête de la lutte contre la vague de licenciements en France.

Ils pourraient décider que chacune de leurs actions « coup de poing » ira vers une entreprise menacée par les licenciements, par les fermetures. Ils pourraient y aller à plusieurs centaines, à un millier et plus. Ils pourraient y tenir une assemblée générale avec ces salariés menacés eux aussi dans leurs emplois. Puis ils pourraient proposer au vote à main levée de venir avec lors de leur prochaine action pour aller dans une autre entreprise où les emplois sont attaqués ou menacés.

Chaque action serait ainsi la construction d’une véritable armée ouvrière de lutte. Cela supposerait, d’abord, que les militants qui dirigent un tel combat n’aient pas de fil à la patte qui les attache aux directions des centrales syndicales et qu’ils militent ouvertement et publiquement pour l’organisation de comités de travailleurs indépendants des appareils (même s’il n’est nullement question d’en exclure les militants syndicalistes).

Bien sûr, certains pourraient faire remarquer que Mercier, dirigeant CGT a déclaré vouloir que les salariés décident eux-mêmes quels types d’action coups de poing ils devaient choisir. Mais ce n’est pas une AG des salariés qui a décidé qu’il n’y aurait pas grève à Aulnay avant les vacances, quand la révolte était au sommet. Non, c’est l’appareil CGT et cela signifie que c’est sa direction de Lutte ouvrière sans permettre aux salariés de le décider. Qu’est-ce que la démocratie ouvrière là-dedans ?

Que signifie dire que nous sommes prêts à tout, que nous n’avons pas encore fait brûler de pneus mais que nous ne nous interdisons rien ? Nous ne nous interdisons rien égale faire brûler de pneus ? Quelle belle radicalité que voilà !

Et pourquoi ne pas avoir enclenché la lutte quand toute la classe ouvrière était choquée par l’annonce de Varin ?

Mercier, toujours lui, a démocratiquement décidé que « c’est une course de fond » et que rien ne sert de partir en avance. Résultat : on pousse les salariés à attendre après les vacances pour déclencher la grève et on ne la déclenche pas après. Car on attend toujours quelque chose. On attend le rapport du gouvernement puis le rapport d’expertise. On attend ce que seront les propositions à chaque salarié du trust PSA. On attend ceux qui seront dans des charrettes de licenciement secs. On attend que les couperets tombent. Et qui nous a conseillé d’attendre ainsi : nos braves dirigeants syndicaux !

Soi-disant, Mercier pense qu’il faut que les licenciements attendent jusqu’en novembre. Et pour quoi faire ? Reculer pour mieux sauter ?

Soi-disant il faut prendre le temps de bien s’organiser ! Pour pointer à Pôle emploi ou pour faire faire des cauchemars au patron ?

Comment faire pour être le cauchemar des patrons ? Certainement pas en suivant les grands stratèges de l’extrême gauche devenue gauche syndicale en même temps que la gauche est passée à droite et la droite à l’extrême droite !

la suite...

Messages

  • Alors que François Hollande recevra jeudi des représentants syndicaux de l’usine PSA d’Aulnay, les salariés sont invités à faire grève et à manifester ce même jour devant l’Elysée.

    Se promener à l’Elysée, c’est encore prétendre que l’Etat bourgeois va nous sauver des attaques des bourgeois. cela a un petit air de radicalisme mais ce n’est pas compter sur les travailleurs pour nous aider...

    Ce n’est en rien une politique de classe !

  • Les premières déclarations de Jean-Pierre Mercier, le représentant du syndicat CGT pour l’usine d’Aulnay, semblaient radicales : « Philippe Varin nous a déclaré la guerre, nous allons lui faire la guerre », a-t-il martelé, précisant que les salariés allaient « organiser la lutte », qui « démarrera en septembre ». « On est une bombe sociale, une bombe politique, et ça, on va l’utiliser ! »

    Pourquoi en septembre ?

    Où est la bombe sociale ?

    Où est la bombe politique ?

    Que signifient ces termes démagogiques qui ne disent nullement qu’on s’adresse aux autres salariés ? Du bluff comme les dirigeants syndicalistes classiques nous en abreuvent !

  • Reçus par Hollande et pour quoi faire ? Parce que cela va renforcer le rapport de force ou la démoralisation ?

    Et les "opérations coup de poing", Varin les reçoit-il comme un coup d’épingle ou comme un coup d"épée dans l’eau ?

    Non, ce n’est pas avec les patrons et le gouvernement qu’il faut se réunir, c’est avec les Sanofi, les Bouygues, les employés de banque de CIF, les Doux, les ArcelorMittal, les Air France et en les appelant à constituer leur comité de lutte, en faisant des AG communes, des visites d’usine et en allant de plus en plus nombreux dans tous les sites qui licencient comme Renault Flins ou qui menacent de licencier !

    Les autoroutes, c’est de la fausse action, du grand classique pour promener les salariés en colère...

  • Il est à remarquer que la manifestation des Aulnay à Rennes du 15 septembre n’a pas été proposée par la CGT mais par SUD.

  • Annonce de PSA novembre 2011 sur les futurs licenciements .Réaction de Mercier LO, dirigeant CGT PSA :

    "si ces chiffres sont vrais, ce serait considérable, une véritable déclaration de guerre contre l’emploi". "Cela sous-entendrait forcément des arrêts entiers d’équipe de production [...] alors qu’il n’y a aucune justification à ce que ces postes soient supprimés", a-t-il poursuivi.
    « Nous n’avons rien contre le fait que PSA embauche des travailleurs chinois ou brésiliens. Ils ont besoin comme nous de travailler et ce sont des frères de classe, mais cela ne doit pas se faire en supprimant des emplois de travailleurs en France."

    Le groupe a d’"autres solutions que de supprimer des emplois pour faire face à des possibles baisses de ventes". "C’est répartir le travail entre tous les salariés, ce qui est techniquement possible", a-t-il dit, estimant qu’il fallait aussi "demander aux actionnaires de faire des économies".

    « S’ils veulent investir à l’étranger, qu’ils piochent dans leur caisse, cela ne doit pas se faire au détriment de l’emploi en France »,
    "Aujourd’hui nous sommes compétitifs en France et nous allons nous battre pour garder nos emplois".

    "C’est écoeurant et révoltant car il n’y a aucune raison aujourd’hui de supprimer des emplois chez PSA qui a 11 milliards d’euros de liquidités" a commenté Jean-Pierre Mercier, délégué CGT à l’usine d’Aulnay-sous-Bois. "

    dans l’Huma du 15 novembre 2011 :

    humanite.fr/social-eco/peugeot-plus-de-4-000-postes-supprimes-en-france-483673
    « ouvriers mobilisez vous pour obtenir de PSA un accord de garantie de maintient de l’emploi à Aulnay"

    "Faites s’engager les candidats à l’éléection présidentielle pour la sauvegarde de l’emploi"

    "Allez réclamer à Sarkozy qu’il s’engage à ne pas fermer l’usine"
    Vidéo CGT du 17/01/2012 sur le site internet : http://cgt-psa-aulnay.fr/video/debrayage-du-17012012

    Mercier fait un speech dans l’usine d’aulnay après une réunion avec la direction :
    A 5mn 20 secondes : « c’est pas aujourd hui qu’on va faire reculer la direction et empêcher la suppression de 196 postes…on envoie un message à la direction..on est prêt à se battre…Aulnay ce n’est pas Melin, ça ne va pas passer comme ça…(aucun applaudissements, juste 2 sifflets)

    A 6mn 45 secondes :« faut que Sarkozy s’engage » « garantie écrite du maintien de l’emploi au moins jusqu’à la fin de la C3 »

    A 7mn 30seconde « il faut faire vivre Aulnay » « notre seule richesse c’est notre boulot » « si on doit vendre notre peau il faudra qu’on la vende le plus cher possible »

  • PSA : les réactions de Anne Valleron (CFE-CGC) et Jean-Pierre Mercier (CGT) à l’annonce de la suppression de 8 000 emplois en France (interview exclusive) - 12/07/2012

    PARIS, 12 juillet 2012 - Jean-Pierre Mercier et Anne Valleron, respectivement délégué syndical central adjoint de la CGT et coordinatrice groupe de la CFE-CGC, réagissent à l’annonce (1) de la suppression de quelque 8 000 emplois au sein du groupe PSA en France, dont la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois (93), programmée pour 2014. La bataille est désormais engagée : il faudra gagner du temps et organiser une vaste mobilisation, indiquent-ils.

    Liaisons Sociales : La direction vient d’annoncer la suppression de 8 000 emplois. Pouvait-on éviter cela ?

    Jean-Pierre Mercier : Bien sûr qu’on pouvait l’éviter. Nous aurions pu répartir le travail sur les usines existantes et maintenir les emplois. Mais à la CGT, nous ne sommes pas surpris. Nous avions déjà révélé les plans de la direction il y a un an. Et c’est quasiment la même chose qui a été présentée aujourd’hui en CCE. Aujourd’hui, nous arrivons à la conclusion d’un an de mensonges de la direction qui nous disait notamment que la fermeture d’Aulnay n’était pas d’actualité. Ultime provocation, ce matin : la direction de l’usine a autorisé les salariés à appeler leur famille pendant une heure, avant de revenir au travail, comme si de rien n’était ! Outre la décision en elle-même, la manière montre le vrai visage de PSA, loin du dialogue social tant vanté, qui reste un groupe qui fait des bénéfices. Monsieur Varin a d’ailleurs rappelé ce matin que PSA disposait d’une sécurité financière de 10 milliards d’euros.

    Anne Valleron : Depuis un an, on a perdu beaucoup de temps, notamment en raison du contexte électoral de la France. On pouvait faire les choses autrement. La direction aurait dû communiquer davantage, notamment sur la surproduction et les sureffectifs du site d’Aulnay. Ainsi, nous aurions commencé à imaginer les solutions, la reconversion industrielle, prévoir davantage la montée en gamme des véhicules, mais là le temps manque, nous dit-on

    LS : Qu’attendez-vous des pouvoirs publics ?

    J.-P. M. : Nous serions en droit d’attendre que le gouvernement contraigne PSA à ne pas supprimer les emplois et empêche la fermeture de l’usine d’Aulnay. Depuis notre rencontre du 18 juin (2) avec Arnaud Montebourg, nous n’avons reçu aucun coup de fil. Maintenant, on évoque de nouvelles aides de l’Etat pour PSA, mais avec toutes les subventions publiques déjà englouties par la direction, on peut être sceptiques sur les résultats, en termes d’emploi. Si c’est pour sauver seulement quelques centaines de postes sur les 3 000, cela ne suffira pas. Et pour l’instant, le gouvernement est passif. Nous ne devrons compter que sur nous mêmes pour changer la donne.

    Anne Valleron : Les situations ne sont pas les même selon les sites. A Rennes, où PSA a annoncé la suppression de 1 400 emplois, cela va être très difficile, après des coupes sombres déjà effectuées ces dernières années (3). Même si la direction prévoit d’y faire construire un nouveau véhicule, ce qui devrait pérenniser le site. Mais c’est un site isolé de PSA, contrairement à Aulnay, situé en région parisienne, où d’autres sites du groupe peuvent permettre la reprise d’une partie des salariés. C’est un coup très dur porté, d’une ampleur véritablement choquante. Nous espérons que les pouvoirs publics se saisissent du dossier de PSA pour proposer une véritable politique industrielle, avec une reconversion. On a beaucoup parlé d’un label produit en France par exemple. C’est une idée à reprendre.

    LS : Que comptez-vous faire désormais ?

    J.-P. M. : PSA pense que nous sommes résignés, abattus, mais nous ne le sommes pas. Nous n’allons pas négocier la fermeture du site d’Aulnay. Nous allons nous battre comme des lions pour maintenir le site et les emplois menacés ailleurs. Nous n’allons pas rester les deux pieds dans le même sabot. Déjà, nous allons nous réunir sur le site, faire une grande assemblée générale à Aulnay, après le changement d’équipe. Nous allons nous organiser et réfléchir à la stratégie à mener. Puis il y a les vacances. Le 25 juillet (4) démarrera la phase de consultation des organisations syndicales, le début de la procédure classique de PSE. A partir de septembre, nous allons faire des actions médiatiques, qui feront mal à PSA. Et je précise que cela ne concernera pas que les salariés de PSA Aulnay. Nous nous adresserons aux autres salariés du groupe qui subissent déjà les dégâts, que ce soit à Rennes, mais aussi à Sevelnord ou à Sochaux. Nous irons aussi à la rencontre des travailleurs victimes aussi de ce patronat de combat, comme ceux d’Air France et de Sanofi. Il y aura aussi des débrayages, mais pas nécessairement, dans un premier temps, de grève massive et durable.

    Anne Valleron : Nous ne sommes pas dans une logique de guerre, contrairement à nos homologues de la CGT. Car souvent quand on dit guerre, il y a des dommages collatéraux. Nous ne sommes pas forcément pour le maintien à tout prix de l’usine d’Aulnay, car si c’est pour faire couler tous les autres sites, ce n’est pas productif. Cependant, nous allons réagir. La CFE-CGC de PSA va se réunir le 18 juillet à la Bourse du Travail de Paris, avec nos représentants de tous les sites du groupe pour analyser les documents présentés par la direction et prendre une décision sur notre mobilisation. Il y aura aussi le début de la procédure, avec la nomination d’un expert chargé d’étudier le PSE. Nous devrons gagner du temps, et nous utiliserons tous les recours possibles. Outre le CE, il y aura probablement le CHSCT.

    (1) Lire nos dépêches du 11/07/12 et du 12/07/12.
    (2) Lire nos dépêches des 18 et 19 juin 2012.
    (3) L’usine de Rennes-La Janais est passée en sept ans, de 12 000 à 5 800 salariés, en 2012.
    (4) Outre la présentation des résultats semestriels, la direction de PSA dévoilera lors du CCE extraordinaire du 25 juillet la stratégie financière du groupe et détaillera les ajustements de ses investissements.

    © AFP–Liaisons–Sociales
    12/07/2012 - Dialogue et relations sociales - GRH et formation
    Propos recueillis par David Giraud - Liaisons Sociales

  • C’est bien les critiques d’ordinateur, ça permet vraiment d’aller loin... en restant chez soi.
    C’est vrai que c’est quand même la façon la plus révolutionnaire de mener une politique révolutionnaire, pour être probablement lu par des travailleurs d’Aulnay, qui convaincraient leurs camarades de la justesse de la politique de Robert ?...
    Allons... ça ne sert à rien de répondre à ces enfantillages.
    Les militants de LO - qu’ils se trompent ou pas - y sont, eux, dans les boîtes ! Ils ne se contentent pas d’être des révolutionnaires de la phrase. Si vraiment Robert voulait faire la démonstration que ce qu’il a a proposer correspond plus aux possibilités de la situation que ce qu’essayent les militants de LO, il y serait dans l’usine, et il soumettrait ce qu’il dit à l’épreuve des gars... Et on pourrait savoir.
    Sinon, tout ça n’a aucun sens.

    C’est évident la lutte à Aulnay est peut-être le poste le plus important de la ldc en ce moment. Et les copains le LO font tout ce qu’ils peuvent... dans la limite de donner des perspectives qui correspondent à ce que les gars sont prêt à faire.. C’est ça être révolutionnaire. Le faux radicalisme qui se coupe des travailleurs, n’est que le flan gauche du réformisme, mais ce n’est pas nouveau.

    Mais peut-être qu’il est plus facile de fantasmer déclencher la révolution socialiste en restant derrière son écran d’ordinateur.

    • Cher anonyme, tu défends LO en soulignant bien que tu es non-adhérent de LO (« les militants de LO, (...) eux ». En défendant LO à laquelle apparemment tu n’adhères pas, d’un ton stalinien, tu enfonces plutôt cette organisation ! Est-ce ton but ? Es tu plutôt de droite, plutôt de gauche, syndiqué, anti-syndicat ? Ton ton stalinien vieillot qui sent la contrefaçon fait plutôt penser aux première et quatrième hypothèse, car en plus le mot "boite" a l’air très abstrait pour toi, tu n’en cites pas une seule, bien que tu dises que Mercier veut faire converger les luttes !

    • ca tombe bien j y suis aussi dans 1 tres grosse boite et les delegues, militants politiques ou pas, je denonce leur politique et leur sale coup comme tous les travailleurs qui en ont assez des hypocrites, charlatans, et des sous fifres de la direction.
      Ce qui n empeche pas (au contraire) de mener la lutte et de s organiser independamment quand nous en eprouvons le besoin.

      je precise que je suis syndique cgt et me suis presente sur une liste dp. a la suite d une greve dans laquelle je suis intervenu sans mandat comme d autre salarie d ailleurs.

      Ta morale sur le fait qu on ne peut pas parler de musique si on n est pas musicien ou de foot si on n est pas sur le stade, est aussi ridicule que les supporters qui pensent que les joueurs doivent jouer comme eux le souhaiteraient.

    • je ne pense pas qu’on doit exiger d’un militant qu’il soit présent dans une boite donnée pour avoir le droit de dire ce qu’il pense de la politique menée par des "révolutionnaires" dans cette boite. Ni Marx, ni Lénine, ni Trostski n’avaient écrit pareil monstruosité. Je n’exagère pas en disant cela.

      Politique révolutionnaire ne veut pas dire défendre ce que sont prêts à faire les travailleurs. D’abord, dans n’importe quelle situation à laquelle on est confronté, ce qui est fondamental ce ne sont pas les mots d’ordre pour l’action, mais la compréhension de cette situation qu’on diffuse parmi les travailleurs. Se battre les yeux bandés c’est toujours le plus cours chemin vers la défaite.
      Un révolutionnaire doit éclairer les travailleurs sur les problèmes auxquels ils sont confrontés, sur les conditions dans lesquelles ils sont amenés à se défendre ou à attaquer. Leur dire la vérité sur ce qui est nécessaire pour y faire face. Quitte à ne pas être suivi. C’est aux travailleurs de décider ce qu’ils sont prêts ou pas à faire. Car le pire pour notre classe c’est de faire semblant de lutter ou de suivre l’intersyndicale comme pendant la casse de nos retraites en 2010.

      En ce qui concerne le radicalisme, la VDT n’appelle pas en permanence les travailleurs à lutter, ni à utiliser des moyens de luttes radicaux. Si tu lis régulièrement nos éditos, tu comprendras qu’on passe notre temps à tenter d’expliquer ce à quoi, nous travailleurs, nous sommes confrontés. Pour nous ce qui est radical, c’est une situation où les travailleurs organisés en comités coordonnés à l’échelle de tous le pays, décidant de tout et imposant sa volonté par le fer s’il le faut. Mais on n’y est pas encore.

      Ce qui est aussi important, à mes yeux, c’est la dénonciation des ennemis et surtout les mauvais coups des des faux amis des travailleurs. Cela c’est Lo qui me l’a appris et je ne suis pas prêt de l’oubliers quelle que soit la situation !

  • Pour les salariés de PSA, les illusions tombent. Les mensonges de la direction ne font plus recette. Ceux du gouvernement de gauche non plus. Restent ceux des dirigeants syndicaux. Ils ont prétendu qu’il ne fallait pas mener d’action « à chaud » lors de l’annonce des suppressions massives d’emplois dans tous les sites PSA et de la fermeture d’Aulnay. Eh bien, après la rentrée, il n’y a toujours aucune grève avec occupation des salariés, seul moyen pourtant d’entrer véritablement dans la lutte contre les licenciements. Ce n’est pas les négociations autour du tapis vert avec patronat, syndicat et gouvernement qui vont faire reculer les plans antisociaux et pas non plus les gentillettes « actions » aux péages d’autoroute et promenades de protestation dans les rues. Il faut que cela coûte plus aux patrons de licencier que de ne pas le faire, sinon on ne les fera pas reculer. Il faut qu’ils craignent de voir les salariés de PSA débouler dans toutes les entreprises à commencer par celles qui font des plans sociaux comme Sanofi, Air France, ArcelorMittal, Bouygues, Renault-Flins, Doux, etc… Il faut construire une vague de lutte. Ce sont alors les autres patrons qui diront à PSA de reculer. Mais cette offensive des salariés, ce ne sont pas les centrales syndicales qui l’organiseront. La CGT d’Aulnay apparaît à certains comme plus radicale puisque son leader parlait d’« être le cauchemar du patron » et de « guerre », mais, en réalité, c’est la CGT qui a milité contre une action gréviste avant les vacances et démobilisé ainsi les salariés réduits aux « opérations autoroute ».

  • Voilà ce qu’écrivait hier LO cela nous change des malheureux rêves électoralistes et syndicalistes réformistes d’aujourd’hui :

    « Il y a quelques années (trente ans) L’organisation Lutte Ouvrière écrivait dans un texte intitulé « Les révolutionnaires dans les luttes revendicatives » :

    « Nous luttons bien sûr pour la révolution. Mais, à l’époque actuelle, les révolutionnaires ont surtout l’occasion de connaître des luttes de bien moindre envergure. Ce n’est pas nous qui choisissons la forme ni les objectifs des luttes des travailleurs (…) mais il ne faut pas perdre de vue que nous participons à ces luttes avec comme objectif d’élever la conscience des travailleurs. (…) Mais, à travers de ces mouvements, petits et grands, qui sont des moments privilégiés où les travailleurs sont réceptifs aux idées et où leur conscience peut progresser d’un bond, nous voulons leur apprendre, grâce à nos interventions, à diriger eux-mêmes leurs luttes, à les prendre en mains dans les moindres détails. (…) Et, pour nous, il est préférable et de loin que des travailleurs aient appris à s’organiser et à diriger démocratiquement leurs mouvements même s’ils n’ont rien obtenu, plutôt qu’obtenir une bricole, tout en restant spectateurs, en laissant aux militants syndicaux le soin de s’occuper de tout. (…) Journées d’action nationales, régionales, locales et par branche : souvent les syndicats lancent des actions pour le communiqué, et elles son sans lendemain. (…) Dès qu’un mouvement devient un peu plus profond qu’une simple protestation, qu’une simple demande, nous devons alors nous poser le problème de la mise en place d’une organisation et d’une direction démocratique de la grève : ce que l’on appelle le comité de grève.

    Cela nous devons le proposer systématiquement, même si les syndicats ont une attitude correcte dans la grève, même si c’est eux qui l’ont déclenchée, et même si c’est nous-mêmes qui dirigeons la grève dès le début grâce à nos responsabilités syndicales. Ce comité de grève, nous devons le proposer, même si les travailleurs n’en voient pas au premier abord la nécessité.

    Et ce comité de grève n’a rien à voir avec un comité inter-syndical auquel on adjoint quelques travailleurs, qui sont là en tant qu’assistants ou spectateurs plutôt que représentants des grévistes. Le comité de grève, c’est le groupe de travailleurs, syndiqués ou non syndiqués, ayant des responsabilités syndicales ou non, élu par l’ensemble des travailleurs en grève, syndiqués ou non, avec le mandat précis d’organiser et de diriger la grève.

    Tout d’abord, nous sommes, en tant que révolutionnaires, pour que ce soit les travailleurs qui dirigent la société. Alors cela doit commencer en donnant les moyens aux travailleurs de prendre directement la direction de leurs grèves, quelque soit par ailleurs l’influence des organisations syndicales dans les entreprises.

    En dirigeant leurs grèves à travers des comités de grève, les travailleurs ayant à résoudre les problèmes quotidiens du mouvement (propagande, occupation des locaux, animation et même certaines tâches de gestion, par exemple la nourriture des grévistes, les problèmes de financement, etc), ils font l’apprentissage qui leur servira à l’avenir.

    Des comités de grève pour l’apprentissage du pouvoir ouvrier : nous sommes pour la démocratie ouvrière, c’est pour nous une conception fondamentale qui nous différencie de tous les autres syndicats et partis de gauche.

    Des comités de grève pour la démocratie : les syndicats étant minoritaires dans la classe ouvrière, ils ne peuvent pas prétendre représenter les travailleurs lorsqu’ils sont en lutte. (…)

    Des comités de grève pour l’efficacité du mouvement : il s’agit de placer le mouvement sous le contrôle de tous les travailleurs et non pas sous le contrôle des bureaucraties syndicales.

    Avec le comité de grève, si au cours de la lutte, les travailleurs entrent en contradiction avec les syndicats, ils disposent alors d’un instrument, d’une direction, pour la poursuite de la lutte, au lieu de devoir s’incliner devant les diktats des bureaucrates et de terminer leur mouvement non seulement battus, mais déçus et démoralisés de se sentir impuissants, même de décider de leurs propres actions. (…)

    Ce que nous cherchons dans un comité de grève, c’est qu’il soit le plus représentatif possible des travailleurs en lutte. C’est pourquoi nous sommes pour que les travailleurs qui le composent soient élus directement par leurs camarades de travail.

    Le comité de grève doit être sous le contrôle des travailleurs et, pour cela, rendre compte, le plus souvent possible, de son activité devant l’assemblée générale des grévistes.

    Bien évidemment, le comité de grève a pour rôle de préparer par ses délibérations, ce qu’il propose et comment il le propose en ce qui concerne la poursuite du mouvement à l’assemblée générale des grévistes. Mais il est en tout cas nécessaire que tous les grands problèmes engageant la grève (revendications, négociations, tactique, actions diverses, reprise) soit décidée par les travailleurs en assemblée générale. (…)

    Les révolutionnaires doivent tenter d’influencer le comité de grève, mais en veillant à ce que celui-ci n’apparaisse pas comme un appendice de notre organisation politique. Le comité de grève doit rester un organe représentant les travailleurs en lutte et ouvert à tous. » signé Lutte Ouvrière – il y a quelques temps …. »

    Cela a bien changé !

    Robert Paris

  • un militant communiste ne prend pas de responsabilité syndicale si c’est pour faire du syndicalisme.

    en ce qui me concerne, si un militant communiste brigue un mandat syndical c’est sur des positions claires :

    1 il ne se fait pas élire sur les bases de l’orientation du syndicat

    2 il défend l’indépendance des travailleurs vis à vis de l’appareil syndical

    3 il défend les comités de grève, il conteste la direction des luttes par les syndicats même si ces syndicats étaient dirigés par des révolutionnaires

    4 il dénonce le caractère collaborationniste des instances représentatives du personnel et le caractère anti démocratique des élections professionnelles (les travailleurs doivent passer par le cadre bureaucratique des OS pour pouvoir se présenter). En opposition met en avant la démocratie ouvrière et la nécessité des comités d’usines dans la situation actuelle.

    5 il intervient dans ces instances pour briser toutes illusions que pourraient avoir les travailleurs dedans... il montre les limites de ces instances qui ne sont ni plus ni moins qu’un bureau des plaintes sans aucun pouvoir puisque les votes au CE, CCE et CHSCT sont consultatifs

    et puis surtout toute son activité doit se tourner vers une organisation indépendante, de classe des travailleurs mais aussi au travers de celle-ci par l’intermédiaire de prise de positions notamment tenter de démasquer les bureaucrates aux yeux des travailleurs

    lonesloane

  • Comment Lutte Ouvrière se posait autrefois le problème de l’intervention de ses militants dans les grèves ?

    En voici un exemple

  • Voici un petit bout du récit de la grève de Mai 2005 à l’usine PSA aulnay, vécue par un militant ouvrier de la fraction Etincelle de Lutte ouvrière : il s’agit par cet exemple de faire la différence avec ce qui se passe aujourd hui dans la même usine.

    "Le mécontentement est donc grand dans l’usine. Aussi la programmation de journées non travaillées, indemnisées à 60 % seulement, a suffi à mettre le feu aux poudres. Au mois de mars pour les seuls vendredis non travaillés, les pertes de salaire auraient été en effet jusqu’à 150 €.

    Le mercredi 2 mars, après le briefing de l’équipe du matin, 10 travailleurs d’un secteur du Montage Un, malgré les menaces des chefs, cessaient le travail pendant dix minutes.

    Le jeudi, avec l’appui de syndicalistes de la CGT, de la CFDT et de Sud, 17 travailleurs du même secteur votaient la grève, rédigeaient un appel aux autres travailleurs et passaient sur les chaînes. En fin d’équipe on comptait déjà 140 grévistes.

    Sous le contrôle de l’ensemble des grévistes
    Le mouvement se renforce avec l’équipe de l’après-midi, au point que la direction propose de recevoir deux délégués par organisation syndicale accompagnés de 20 grévistes. Mais ce sont les 200 grévistes présents qui se rendent à la convocation, refusent de négocier avec les seuls sous-fifres et, après avoir réclamé en vain la présence du patron, repartent vers les ateliers aux cris de « 100 % pour tous ! » et « touchez pas à nos compteurs » (la direction se proposant de puiser dans les réserves des jours de congés pour indemniser les jours chômés).

    L’équipe de nuit est touchée à son tour. Les voitures ne sortent plus.

    Les grévistes, entre 350 et 450, sont très décidés, mais la grève est minoritaire. Les jours chômés des intérimaires, à la suite de la menace d’un mouvement à Sochaux l’an passé, sont indemnisés à 100 % en fin de mission ; ils ne participent pas au mouvement. Au Ferrage, l’autre grand atelier de l’usine, la grève est peu suivie. Par contre une cinquantaine de caristes et de transporteurs employés par Gefco, une filiale de PCA, se sont engagés activement dans la lutte.

    Le lundi 7 mars, 80 grévistes sont présents à l’entrée, un peu inquiets car ce n’est pas l’équipe qui a démarré la grève qui est cette semaine-là du matin. Mais vite rassurés puisqu’ils se retrouvent finalement 250. La direction propose de négocier à nouveau, d’abord dans un autre site de la région parisienne, Poissy, puis finalement à Aulnay même. Dans une salle vitrée, une trentaine de membres de la délégation, élus en assemblée générale, entrent dans la salle avec un micro, laissant un haut-parleur dehors, afin que les 350 grévistes puissent suivre directement les échanges... et marteler les vitres lorsqu’ils sont mécontents des propos tenus. Les délégués SIA sont expulsés de la salle. Mais la direction s’en tient à ne vouloir payer que 12 jours chômés sur 25 et faire récupérer le reste. La grève continue même si le lendemain FO et la CFTC acceptent les conditions de la direction malgré le désaccord de leur base.

    Le mercredi, alors que l’usine tourne au ralenti, les grévistes élisent un comité d’organisation de la grève soutenu par la CGT, la CFDT et Sud, d’environ 80 grévistes. Il est habituel que les syndicats, lors des négociations avec le patron, étoffent la délégation d’un certain nombre de grévistes pour lui donner un air démocratique. Ici, le comité d’organisation de la grève inclut des militants syndicaux mais il tient son pouvoir de son élection par l’assemblée des ouvriers en grève et non du bon vouloir des organisations syndicales, et c’est loin d’être une formalité.

    C’est lui qui décide de populariser le mouvement en se rendant en cortège, avec tracts et banderoles, au centre commercial Paris-Nord (Carrefour) situé à 800 mètres où les grévistes sont accueillis chaleureusement par la population et les caissières. Ou de participer à la manifestation interprofessionnelle du 10 mars d’où quelques centaines de jeunes retournèrent à l’usine aux cris de « aujourd’hui à Paris, demain à Poissy ! ». La conscience de la nécessité d’étendre le mouvement à d’autres travailleurs du groupe était là. Cela a sans doute pesé sur la volonté de la direction de rechercher un compromis, d’autant plus qu’elle a besoin de sa production, presque stoppée par la grève, et que la tension va monter d’un cran avec l’irruption des grévistes dans l’atelier de peinture le lundi matin.

    De l’autre côté ce lundi 14 mars, les grévistes, toujours très engagés et tenant bon, plafonnent au nombre de 300.

    Les concessions de la direction
    C’est dans ces conditions qu’une nouvelle journée de négociations aboutit à un accord.

    Les jours de grève seront payés, mais trois d’entre eux récupérés par des journées en avril (nettoyage et entretien, mais pas de production de voitures).

    Les 7 premiers jours chômés, au lieu d’être payés à 60 %, seront réglés à 100 %, indemnités incluses, dans tout le groupe PCA. S’il y a plus de 7 jours chômés, ils seront payés à 100 % mais récupérés en travaillant le samedi, au volontariat, dans un délai de deux ans.

    Sur le plan des revendications c’est un succès d’autant que les jours de grève sont payés. Et sur le plan du moral c’est une victoire. Une fraction des travailleurs du site, dirigeant leur grève démocratiquement, bien que n’ayant pu entraîner la majorité de l’entreprise, ont bénéficié de la sympathie de celle-ci et ont quasiment bloqué une bonne partie de la production.

    La direction a dû promettre qu’il n’y aurait pas de sanctions pour fait de grève. Paroles de patron ? Mais justement c’est cette autorité du patron qui a été remise en cause. Un gréviste a résumé ainsi la situation : « On a rompu nos chaînes ! ». Depuis des années on nous ressasse, certains pour le regretter, d’autres pour s’en réjouir, que les travailleurs du privé ont bien trop de difficultés pour entrer en lutte. Quelques centaines d’ouvriers de Citroën viennent de montrer... que ces obstacles étaient loin d’être insurmontables."

  • Ce que Lutte ouvrière écrivait en 1980 :

    La CGT impulse ou prend la tête de toute une série de luttes partielles, sans parler des journées d’action nationales qu’elle a déclenchées seule ou avec les syndicats qui s’y sont raillés. elle a réalisé un certain nombre de démonstrations de force assez importantes, aussi bien à l’edf que dans le métro.

    Elle a multiplié les actions et les débrayages par branches, ou régions, avec un succès relatif. Et s’il est vrai que la répétition des mouvements finit par lasser et décourager des travailleurs, elle permet aussi à d’autres, à des nouveaux, d’entrer en action et de relayer les premiers. Bien sûr, il n’y a rien là-dedans qui prépare une offensive générale des travailleurs capable de prendre la bourgeoisie à la gorge et d’obtenir qu’elle paie la crise, mais au niveau du vocabulaire les dirigeants de la CGT se montrent eux aussi, fermes, radicaux, jusqu’auboutistes. Assez plaisamment d’ailleurs moins les actions proposées sont radicales et plus les mots utilisés pour les qualifier sont boutefeux. C’est ainsi que, pour la journée du 25 juin chez Renault àBillancourt, la CGT a renoncé à appeler à un débrayage, se contentant de proposer un rassemblement à l’heure du changement d’équipe, en ces termes « battons-nous comme des lions ! Grand rassemblement », etc.

    En tout cas cette politique avec sa réalité et ses bluffs fait de la CGT et du PCF les organisations les plus actives, les plus combatives, celles qui sont le plus en vue, même si les actions proposées n’entraînent pas la grande masse des ouvriers. On a pu le vérifier lors des dernières élections syndicales pour la CGT, cela lui a même permis d’endiguer un peu la vague de reculs électoraux enregistrée dans la période précédente.

    Ainsi, paradoxalement, le nouveau cours sectaire et dur du PCF et de la CGT, ne les ont pas - au moins jusqu’ici - isolés de la classe ouvrière. Bien sûr ce cours est circonstanciel. Il ne remet en cause ni le réformisme du PCF ni son électoralisme. En ce sens il ne change rien fondamentalement pour la classe ouvrière.

    voir ici

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