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La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Saint-Antoine

jeudi 11 octobre 2012, par Robert Paris

La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Saint-Antoine


Quand le matériel va mal, tout va… mal

Dans l’hôpital, de nombreux matériels sont à l’abandon, cassés, manquant d’entretien, de maintenance, de vérification. Il y aussi de multiples problèmes d’électricité, de plomberie, etc… Il manque d’autre part de tablettes, de tables de chevet, etc… Quant aux matériels existants, on se demande souvent s’ils sont conformes…

Pour les appartements de la direction, tout va bien et il suffit d’appeler les agents techniques de l’hôpital et les travaux nécessaires sont effectués. Pour les services de l’hôpital, elle laisse la situation se dégrader et fait la sourde oreille. Cela s’appelle faire l’autruche et mettre la tête dans le sable !

Notre temps n’est pas à leur disposition

Dans les services où la charge de travail est trop lourde, les cadres ont trouvé la solution : imposer leurs jours de repos aux collègues plutôt que de renforcer des équipes au bout du rouleau. Bien entendu, quand ces personnels demandent des jours qui sont censés être à leur disposition pour des vacances ou des repos, ce n’est jamais possible… Notre vie privée, elle s’en moque. Nous ne sommes pour la direction qu’une main d’œuvre, de la force de travail. Nous faire respecter est une tâche qui reste à accomplir, en matière de congés comme dans les autres domaines…

Le déménagement des brûlés

Les Brûlés sont l’un des services auxquels on a imposé récemment un déménagement de Saint-Antoine. Et maintenant, on peut faire le bilan des mensonges de la direction. Le nouveau centre de traitement des brûlés adultes de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris a été inauguré récemment à l’hôpital Saint-Louis, par Marisol Touraine, Ministre des Affaires Sociales et de la Santé. Bien entendu, la ministre s’est contentée de se satisfaire des comptes-rendus enthousiastes de ses responsables. Les personnels issus de Cochin et Saint-Antoine qui ont été ainsi regroupés à Saint-Louis lui donneraient un autre son de cloche mais elle n’en a cure, pas plus que les ministres précédents de la santé…

Le discours officiel est mirifique : « accueil 24 heures sur 24 des brûlés avec flexibilité pour s’adapter aux demandes imprévisibles » qu’elle appelle « la plasticité » et qui est, bien entendu, une plasticité des personnels, des horaires et des charges de travail sans augmentation de salaires ni de repos !
Bien entendu, tout cela est justifié par l’intérêt des malades, mais ce n’est pas en rendant malade le personnel que l’on soigne la santé !

Gestime a buggé ou la direction est en panne ?

Une partie de nos temps de repos vient de disparaître des écrans sur Gestime ! Ce n’est pas une erreur informatique mais une décision de la direction puisqu’on avait jusqu’au 30 avril pour poser ces jours. Mais supprimer des jours dus, n’est-ce pas du vol pur et simple quand on oblige de prendre des jours et que cela n’est pas possible, vu les surcharges de services ? La direction fait de plus en plus sauter nos temps de repos ! Quand est-ce qu’on fait tout sauter ?

Ascenseur pour le meilleur et pour le pire

Prendre l’ascenseur à Caroli devient de plus en plus comme faire un voyage avec les aventuriers de l’arche perdue, un parcours à risque dont on sait comment et quand il commence mais pas comment et quand il se termine. Et encore, l’ascenseur fonctionne partiellement de temps à autre ce qui n’est pas le cas partout… Mais la direction refuse de payer un entretien des ascenseurs digne de ce nom avec du personnel en nombre suffisant ! Elle estime sans doute que la vie d’agent de l’hôpital public manque de piment et elle nous propose ses aventures en ascenseur…

Il faut embaucher tous les CDD

De très nombreux CDD travaillent à l’hôpital public et leur possibilité d’être embauchés, sont réduits d’année en année faute d’une volonté de la direction et du gouvernement, qui se traduit par un refus d’ouverture de postes de concours. Cela est inadmissible, d’autant qu’il s’agit d’un détournement de la loi qui n’autorise l’utilisation de postes précaires que pour des services provisoires et non pour des activités permanentes et interdit également l’utilisation de séries d’emplois en CDD successives sur un même poste. Mais la loi dictée par l’Etat, c’est l’Etat-patron qui s’en moque le plus !

Non à l’individualisation !

L’individualisation est de plus en plus la réponse « de progrès » de la direction sous-entendant que, pour progresser, on ne peut le faire qu’individuellement. Et c’est faux !
L’individualisation nous fait régresser. Prime, note et entretien individuels ont pour but que le salarié se retrouve seul face à son encadrement, parfaitement en situation alors d’exiger un surcroît d’efforts, de tâches accomplies, de flexibilité, de multiplication des travaux et pas des salaires, qui sont également individualisés avec les primes au mérite, si on a bien accepté toutes les augmentations de travaux sans rien dire…


La classe capitaliste est passée à l’offensive en France

L’arrivée de la gauche au pouvoir a été une occasion que les patrons n’ont pas manqué de saisir : celle de faire croire qu’ils sont les victimes d’un complot « de gauche » qui va menacer la viabilité économique des entreprises. Du coup, ils se donnent l’air de révoltés qui défendent non seulement leur intérêt financier mais les intérêts de l’économie française elle-même ! Bien entendu, le gouvernement de Hollande-Ayrault a seulement eu quelques velléités de supprimer des avantages marginaux un peu trop criants que leur avait offert Sarkozy. A peine, les patrons ont-ils élevé la voix que les ministres ont remballé leurs mesurettes prétendant taxer un tout petit peu le capital ou en ont pris d’autres qui les compensent largement. Mais les patrons ne vont pas s’arrêter en si bon chemin et, puisque la révolte patronale paie, le mouvement est en train de se développer. Il faut exiger plus, dans tous les domaines, il faut enfoncer la gauche pleutre, incapable de défendre même ses fausses réformes et toujours prête à reculer, en prétendant que c’est sa capacité à négocier, à céder en fait aux chantages patronaux.

Offensive tous azimuts : vague de licenciements massive et coordonnée dans les trusts et les banques, tous secteurs confondus, chantage patronal pour imposer la flexibilité des contrats à durée déterminée, la flexibilité des charges de travail sans surcoût pour les patrons, la flexibilité des horaires et le chômage technique sans surcoût également, le non paiement de charges sociales et de taxes sous prétexte de défense des emplois, des décharges massives de taxes et d’impôts et ainsi de suite.

Que les patrons appellent cela « choc-compétitivité », « flexisécurité de l’emploi », « plans d’aide à la croissance en France » ou encore « accords patronat/syndicat pour sauver les emplois », il s’agit toujours de chantages directs avec menace violente de nouvelles fermetures et de nouveaux licenciements. Mais ce qui plombe l’économie, ce n’est pas un manque de compétitivité comme le prétendent patronat et gouvernement, unis sur ce point avec certains syndicats. Non, l’effondrement des investissements productifs provient de la trop grande rentabilité des opérations financières et bancaires. L’argent liquide, tournant dans les « marchés financiers » rapporte bien plus que l’argent investi ! Et plus les Etats balancent des milliards dans l’économie, plus la finance en rafle l’essentiel, rendant l’investissement productif de moins en moins rentable relativement.

Mais l’économie étant d’abord des rapports de forces sociaux, un sous-produit de la lutte des classes, les choix des classes dirigeantes ont consisté à aller à l’attaque pendant que les centrales et le gouvernement se cantonnaient dans les positions purement défensives.

Si les patrons se révélaient prêts à remettre en cause le calme social, à remettre en question l’ensemble des rapports sociaux en France, la gauche et les syndicats ne comptaient nullement remettre en cause le fondement de ces attaques anti-sociales, la propriété privée des moyens de production des grands trusts et banques.

Cela s’est manifesté dans l’affrontement voulu et organisé par les patrons des trusts contre les salariés, tout particulièrement là où cet affrontement avait pris un air impressionnant : à PSA. Le patron de Peugeot avait en effet choisi de donner un caractère offensif et même provocateur à ses annonces de licenciements. Il a ainsi pris la tête de l’offensive patronale. Le gouvernement n’a eu que des déclarations d’indignation, vite remballées. Les centrales syndicales n’ont pas davantage répliqué, ni à PSA ni à l’ensemble des licenciements. Pas de grève avec occupation. Pas de généralisation des luttes. Il n’y a eu aucune réaction à l’échelle de l’attaque. Ce n’est pas la manifestation du 9 octobre qui peut suffire à cette réponse. C’est aux salariés d’une entreprise qui licencie de commencer à étendre sa lutte en envahissant les autres sites, en organisant des assemblées générales communes successives dans toutes les autres, en affirmant que la lutte va être générale, qu’elle va s’étendre aux chômeurs, aux précaires, aux CDD, aux entreprises du public et semi public qui suppriment des emplois. La meilleure défense étant l’attaque, il faut que les salariés ne craignent pas de menacer les profits patronaux, de s’attaquer aux trusts et aux banques. Et qu’ils ne cultivent aucune illusion sur l’Etat capitaliste.

Le patronat, le gouvernement, la gauche et la droite réunis, veulent nous enfermer dans la « défense de l’industrie et de l’économie française », dans les négociations patrons/syndicats/gouvernement et dans les « sacrifices partagés ». Notre avenir est dans l’action directe des salariés qui ne craindra pas d’empiéter sur le droit divin des patrons. Puisque les patrons nous privent massivement de nos emplois, ils perdent tout droit sur les entreprises, tout droit à diriger la société, tout droit à se dire propriétaire des capitaux et des moyens de production.

Messages

  • Après la démission du chef de service des urgences de l’hôpital parisien Saint-Louis, ce sont trois médecins du service de médecine interne de Saint-Antoine qui s’en vont.

    C’est inédit. D’un coup, trois médecins hospitaliers claquent la porte. Et quittent ensemble leur service, en l’occurrence le service de médecine interne de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, pour aller à l’hôpital privé de Vitry (Val-de-Marne).

    « Ils n’en peuvent plus de la lourdeur de l’Assistance publique de Paris », lâche le professeur Jean Cabane, leur chef de service, qui s’en explique publiquement dans un courrier électronique envoyé ce jeudi : « Les docteurs Cécile Toledano, Kiet Tiev, Adrien Kettaneh démissionnent après une dizaine d’années de travail d’équipe au 2e étage du pavillon de l’Horloge. Perte sèche en termes de compétence, d’investissement dans le soin aux malades, de relations professionnelles dans l’Est parisien, mais aussi d’enseignement au lit du malade et de recherche. »

    La raison ? La lassitude devant la bureaucratie : « Cette raison a été clairement affichée et annoncée depuis des mois. C’est l’intolérance au système AP-HP. Aux innombrables demandes faites pour améliorer un service surmené, dont les bâtiments sont laissés depuis vingt ans à l’abandon, la sempiternelle réponse financière – « on ne peut rien faire, on n’a pas d’argent » – cette réponse a fini par avoir raison de leur motivation et de leur énergie. »

    Et Jean Cabane d’ajouter : « Une fois de plus, l’hôpital se voit contraint de se reposer sur les personnels motivés pour le soin du malade et de surmonter les erreurs de gestion humaine et matérielle. Il serait temps de rappeler que l’hôpita,l c’est d’abord les malades, et ceux qui s’en occupent. On ne peut pas laisser des locaux ni les équipes dans une insalubrité et une vétusté qui témoignent d’un irrespect des malades et des personnels. » Et de citer un seul exemple : son service a 55 lits et une seule douche. « Si j’avais leur âge, je ferais comme eux, je partirais. »

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