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La haute finance se prépare à un risque d’effondrement....

mardi 23 octobre 2012, par Robert Paris

La haute finance se prépare à un risque d’effondrement financier de grande ampleur qui démarrerait de New York et qu’elle estime se profiler vers janvier 2013…

La finance cherche-t-elle à se faire peur ou essaie-t-elle de minimiser les risques ? En tout cas, une étude qui a sondé trois cent plus gros investisseurs des USA et d’Europe, citée par le Financial Times du 22 octobre 2012 dans un article intitulé « Disaster hedging strategies abound as tail-risk fears rise », estime que les trois quarts des 300 investisseurs interrogés anticipent un tel effondrement dans cette période. 79% des investisseurs agissent en conséquence en termes de risques.

Partout dans le monde, les gouvernements et les grandes banques agissent comme s’ils anticipaient un effondrement financier imminent. Malheureusement, nous ne sommes pas au courant des conversations paisibles qui se déroulent dans les conseils d’administration et dans les couloirs des allées du pouvoir, des endroits comme Washington DC ou à Londres. Tout ce que nous pouvons faire est d’essayer de donner un sens à tous les indices qui sont tout autour nous.

Bien sûr, il est tout à fait possible de mal interpréter ces indices, mais tenir nos têtes dans le sable ne va pas faire du bien non plus. La semaine dernière, il a été révélé que le gouvernement américain a secrètement dirigé cinq des plus grandes banques en Amérique afin « d’élaborer des plans pour conjurer un effondrement » durant les deux dernières années. En soi, cela ne serait pas une si grave affaire. Mais lorsque vous ajoutez ce morceau aux dizaines d’autres indices de faillite financière imminente, une image très troublante commence à émerger.

Ce pessimisme est en train de gagner en profondeur les milieux financiers, estime le journal, qui, après avoir listé toutes les attitudes financières possibles, ne voit pas très bien quels pourraient être les choix d’investissements les moins risqués. Un des cas de catastrophe particulièrement souligné est celle qui résulterait de l’échéance fiscale américaine de janvier 2012 et du mur de dettes des USA…

Les Etats-Unis pourraient en effet se heurter en janvier à un "mur budgétaire" fait de hausse d’impôts (après l’expiration de programmes de baisses d’impôts temporaires de l’ère Bush, représentant des centaines de milliards de dollars) et de baisse draconienne des dépenses publiques (109 milliards de dollars).

Cette échéance est particulièrement crainte et appelée le « mur fiscal ». Selon les estimations, la baisse de la contribution économique de l’Etat qui résulterait de cette contraction budgétaire pourrait être comprise entre 3 et 5% du PIB américain. Alors que la croissance tourne à un rythme inférieur à 2%, le Bureau du budget du Congrès (CBO) a averti fin août que le "mur budgétaire" risquait de créer un mouvement de panique financière, les financiers misant à la chute sur le capitalisme américain.

La « solution » trouvée par les politiciens US consiste à modifier la date, la transformant en … une échéance à dix ans !!! Le Congrès arriverait à se mettre d’accord sur une nouvelle échéance – le 31 mars, voire le 30 juin – pour définir un nouveau programme de réduction de déficits de 4 000 milliards de dollars étalé sur 10 ans.
Tout l’exercice consisterait à trouver la manière de résorber sur le long terme les déficits des Etats-Unis sans le couperet que réprésente la combinaison d’une baisse des dépenses et d’une hausse des impôts tel qu’il se profile si rien ne change. Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale, a dramatisé les choses en disant à plusieurs reprises que les outils de la Fed "n’étaient pas en mesure de contrer les effets d’une choc budgétaire de grande ampleur".

Certains entrepreneurs redoutent que le gouvernement ne replonge le pays dans la récession en allant droit sur ce "mur budgétaire" ("fiscal cliff"), qui déclencherait 500 milliards de dollars d’augmentations d’impôts et 100 milliards de réduction des dépenses de l’Etat à partir du 2 janvier.

Le "mur budgétaire" désigne un mécanisme prévoyant l’activation automatique de coupes budgétaires et la suppression d’allègements d’impôts faute d’accord entre Démocrates et Républicains pour rétablir les finances publiques du pays.

Doucement mais sûrement, le Congrès américain est peut-être en train de parvenir à un consensus permettant au pays d’éviter de foncer dans le "mur budgétaire" ("fiscal cliff") qui se dressera devant lui le 31 décembre, tout simplement en repoussant les échéances des plus importantes décisions budgétaires et fiscales.

L’objectif politicien des candidats à la présidence est d’éviter le sujet du mur fiscal et de faire comme si rien n’allait se passer après les élections alors que de terribles sacrifices pour le peuple américain se profilent ensuite quel que soit l’élu, un peu comme les candidats français ont fait semblant d’ignorer le tsunami des licenciements qui se profilait…

Dans les six mois qui viennent, ils vont chercher à marquer leurs différences plutôt qu’à s’accorder avec le camp d’en face. Ce qui laisse penser que rien ne pourra se conclure avant le mois de décembre. Le débat sur le mur fiscal serait donc repoussé à la « lame duck session », la session parlementaire qui suivra immédiatement les élections avec les élus du Congrès actuel, le nouveau Parlement n’entrant en fonction qu’en janvier 2013. C’est un jeu dangereux, parce que les législateurs vont flirter avec les dates butoirs à partir desquelles les fins d’exemption comme les coupes prendront effet.

Quel que soit le nom de l’échéance, les États-Unis se dirigent droit vers une augmentation massive des impôts et de brusques coupes budgétaires et cela peut très bien se produire quand même au 2 janvier, au risque de provoquer une nouvelle récession aux répercussions mondiales.

Au-delà de la falaise fiscale qui commencera à se faire sentir en début d’année prochaine, réapparaîtra dans quelques mois un autre sujet épineux : celui du plafond de la dette américaine, qu’il va falloir de nouveau rehausser en février 2013. Et s’il faut conjuguer les deux négociations, la future administration a du souci à se faire...

Richard Duncan, ancien membre de la Banque mondiale et économiste en chef de Blackhorse Asset Mgmt., a dit à CNBC que la dette fédérale de 16 trillions de dollars de l’Amérique a dégénéré en une « spirale de la mort ».

En l’absence d’un relèvement du plafond de la dette « nous pourrions avoir une récession pire que ce que nous avons déjà eu, une crise financière pire que ce que nous avons déjà eu », a dit le président américain Obama.

Selon un rapport à paraître lundi de l’institut de recherche Third Way, un défaut de paiement replongerait les Etats-Unis dans la récession avec la suppression de quelque 640.000 emplois, un effondrement de la Bourse et un blocage des activités de crédit.

La Chambre des représentants américaine a adopté une résolution symbolique désapprouvant le relèvement du plafond de la dette des Etats-Unis demandé par le président Barack Obama pour éviter un défaut de paiement après la date butoir du 27 janvier. Le président avait formellement demandé au Congrès de relever le plafond de la dette car il ne restait plus que 100 milliards de dollars de marge de manœuvre avant d’atteindre la limite autorisée. En août, après des semaines de bagarre entre les républicains du Congrès et la Maison Blanche, la « loi de contrôle du budget » (Budget Control Act) avait relevé une première fois ce plafond de 400 milliards de dollars. Une deuxième augmentation de 500 milliards avait eu lieu en septembre. Un troisième relèvement de 1200 milliards de dollars est prévu pour permettre au gouvernement fédéral de financer son fonctionnement jusqu’à la fin de l’année 2012, soit après les élections. En outre, la loi budgétaire votée en août prévoit que le troisième relèvement du plafond de la dette de 1200 milliards de dollars soit effectué de façon automatique pour éviter un défaut de paiement de Washington.
Dans tout les cas, janvier 2013 semble une échéance inquiétante pour l’économie US comme pour le système mondial…

Tenir jusqu’aux élections est tellement l’objectif de tout le monde que l’on peut se demander ce qui va se passer ensuite. En tout cas économistes, financiers et patrons sont très pessimistes pour la suite….

Les dettes des États, municipalités et des collectivités locales des États-Unis sont des dettes publiques qui ne sont pas comprises dans l’agrégat officiel dettes publiques totales des États-Unis. Les dettes des collectivités locales américaines sont la plupart du temps exclues des présentations de la dette publique des États-Unis. Cette différence de comptabilité fausse la plupart du temps les comparaisons entre la dette publique des États-Unis et celle de l’Europe. La dette publique américaine totale (dette dite « fédérale » plus dette dite « de marché » plus dette dite « intragouvernementale ») est actuellement d’environ 120 % du PIB, ce qui est très élevé, et laisse peu d’espoir pour une issue “pacifique”.

L’économiste Nouriel Roubini dit qu’il croit que la crise à venir sera encore pire que celle de 2008…

« Pire parce que comme en 2008 vous aurez une crise économique et financière, mais à la différence de 2008, vous êtes à court de balles politiques. En 2008, on pouvait réduire les taux et faire des QE1, QE2, vous pouviez faire une relance budgétaire, vous pouviez faire des backstop / ringfence / et garantir les banques et tous les autres. Aujourd’hui, les QES sont de moins en moins efficaces parce que le problème c’est la solvabilité pas la liquidité. Les déficits budgétaires sont déjà si grands, et si vous ne pouvez pas renflouer les banques parce que, 1) il y a une opposition politique envers elles, et 2) les gouvernements sont quasi-insolvables – ils ne peuvent pas se renflouer eux-mêmes, et laisser seules leurs banques. Le problème est que nous manquons de lapins politiques à sortir du chapeau ! »

Les classes dirigeantes sont donc prêtes à entrer directement en guerre contre l’ensemble de la société….

Robert Paris


La décision annoncée la semaine passée par le Conseil de surveillance de la banque centrale des Etats-Unis (Fed) de fournir un soutien indéfini aux marchés financiers au moyen d’un troisième plan d’assouplissement quantitatif (quantitative easing, QE3) associée à une décision antérieure de la Banque centrale européenne (BCE) d’intervenir sur les marchés obligataires, marque une nouvelle étape dans l’écroulement de l’économie capitaliste mondiale qui a débuté avec l’effondrement de Lehman Brothers.

Les décisions prises par les principales banques centrales d’injecter davantage d’argent dans le système financier mondial signifient que quatre ans après que les marchés financiers se sont trouvés au bord de l’effondrement en 2008, il n’y a aucune perspective de retour à ce qui jadis était considéré être des conditions « normales ».

Loin de réduire son soutien aux banques et aux institutions financières, la Fed est en train de l’augmenter. Les interventions précédentes avaient été mises en œuvre avec une durée limitée. Dans la récente décision, la Fed a pris un engagement indéfini. Comme le montre le titre d’un article paru dans le Financial Times, « La Fed cible l’infini et au-delà. »

De plus, la forme de l’engagement marque un tournant majeur. Au lieu de racheter les bons du trésor, la Fed va intervenir à concurrence de 40 milliards de dollars par mois pour acquérir des banques et des sociétés d’investissement des titres adossés sur hypothèques. Elle permettra ainsi aux banques de se débarrasser d’un certain nombre d’« actifs toxiques » qui ont été l’élément déclencheur de l’effondrement.

On avait l’habitude de dire que la tâche de la Fed était de jouer les trouble-fête au moment où la fête va commencer. Ce n’est plus le cas. Actuellement, la Fed s’est engagée à accroître la consommation d’alcool en promettant d’en assurer son approvisionnement indéfiniment.

Fournissant une justification de cette décision, le président de la Fed, Ben Bernanke, a avancé la persistance de hauts niveaux de chômage aux Etats-Unis – la création d’emplois même au niveau des bas salaires qui prévalent actuellement aux Etats-Unis ne réussit pas à progresser parallèlement à la croissance de la population – et la croissance anémique de l’économie américaine. Selon la théorie conventionnelle, les agissements de la Fed abaisseront les taux d’intérêt à tous les niveaux, rendant les décisions d’investir plus attrayantes pour les entreprises et menant à la croissance économique ainsi qu’à une augmentation de l’emploi.

Mais, comme Bernanke le sait parfaitement, et comme le savent tous ceux qui évoluent dans les cercles financiers, ces conditions ne s’appliquent pas. Les entreprises, en premier lieu les institutions financières, continuent d’accumuler les profits qui ne servent pas à financer de nouveaux investissements productifs. Au lieu de cela, les profits sont canalisés vers de vastes réserves de liquidités destinées à la spéculation.

De plus, les coupes du gouvernement dans les dépenses publiques tant en Europe qu’aux Etats-Unis réduiront les salaires et augmenteront le chômage, en diminuant ainsi la demande des consommateurs. La BCE a imposé comme condition préalable que les gouvernements dont elle achète les obligations doivent mettre en place des mesures d’austérité visant à réduire les dépenses et à accroître le chômage. Aux Etats-Unis, les dépenses gouvernementales sont en train de se contracter et elles sont même susceptibles de diminuer encore davantage d’ici la fin de l’année avec l’arrivée de la soi-disant « falaise fiscale » suite à l’entrée en vigueur des décisions prises antérieurement par le Congrès et dont l’effet est d’engager automatiquement des coupes.

La décision de la Fed ne vise pas à « relancer » l’économie de quelque façon que ce soit. Son application au marché vise plutôt à faire augmenter les cours des actions et des titres adossés aux actifs, en faisant grimper les profits des entreprises, en premier lieu des banques et institutions financières, non pas en investissant dans l’économie réelle mais grâce à des opérations financières. En d’autres termes, ce même parasitisme financier qui a entraîné l’effondrement de Lehman Brothers et a conduit au quasi écroulement du système financier mondial et américain est devenu la politique officielle de la Fed.

On peut observer les intérêts de classe que cette politique sert, à la fois dans la manière dont elle est appliquée et dans ses conséquences.

Le journaliste économique Michael West a très bien résumé les circonstances de son application dans un article publié samedi dans le Sydney Morning Herald.

« Ils ont exigé que la Fed ‘tienne parole’, » écrit-il. « Les conséquences d’un ‘échec’ seraient ‘terribles’, se sont-ils écriés. » Bernanke s’est ensuite « montré très obligeant envers les acteurs de Wall Street » avec « le filon suprême de la planche à billets. Et après ils ont eu le culot de présenter cela comme une aubaine pour les chômeurs. En réalité, cela veut dire que les banques déversent à coups de pelle leurs dettes mauvaises hypothécaires dans le giron des contribuables à hauteur de 40 milliards de dollars par mois. »

Comme il l’a précisé, la Fed n’achète pas seulement les obligations du gouvernement, mais les « titres adossés sur hypothèques qui alourdissent les bilans de Wall Street. »

La décision de la Fed aura des conséquences mondiales qui toutes auront un effet défavorable sur les conditions sociales et économiques des travailleurs tout comme sur les plus pauvres dans le monde. Sitôt la décision annoncée, les cours du pétrole et de l’or ont bondi, signalant une nouvelle série de spéculations sur les produits.

Ceci influera sur les prix des carburants pour le transport ainsi que pour la cuisine et le chauffage et provoquera l’inflation sur les produits alimentaires de base. D’ores et déjà, le prix du maïs, du blé et des graines de soja, qui sont essentielles au bien-être de millions de gens, a commencé à augmenter.

En imprimant de l’argent, la Fed sape aussi la valeur du dollar sur les marchés monétaires, ce qui aura un impact significatif en Europe compte tenu de l’augmentation de l’euro. Ceci entraînera davantage de réductions dans les exportations et une augmentation accrue du chômage alors que les entreprises auront de plus en plus de difficultés à affronter la concurrence.

Des pays tels que le Brésil et l’Australie, où les augmentations de la valeur de la monnaie ont déjà fortement pénalisé l’industrie manufacturière, seront également fortement touchés. Une plus forte pression à la baisse sur le dollar augmentera le risque de « guerres monétaires » alors que les gouvernements nationaux s’efforcent de maintenir leur marché d’exportation.

Il existe aussi un aspect politique à la décision de la Fed. En 2008, l’effondrement de Lehman Brothers avait joué un rôle crucial en faisant basculer le soutien de sections clé de l’élite dirigeante américaine derrière l’élection de Barack Obama aux dépens de son adversaire républicain John McCain.

La récente action de la Fed, juste avant les élections de cette année, donnera également un coup de pouce à la campagne pour la réélection d’Obama.

Mais, les conclusions politiques les plus significatives sont celles que la classe ouvrière doit tirer. La décision de promouvoir le parasitisme financier aux dépens des emplois, des moyens d’existence et de la situation sociale de la classe ouvrière aux Etats-Unis et de par le monde est une fois encore une puissante expression de la crise historique et de la faillite du système capitaliste. Il n’y a pas de « reprise » économique au détour du chemin.

Les banques et les intérêts financiers représentés par la Réserve fédérale américaine et par la BCE ont un programme : le parasitisme associé au pillage systémique et à l’appauvrissement de la population. Nick Beams

Messages

  • Partout dans le monde, les gouvernements et les grandes banques agissent comme s’ils anticipaient un effondrement financier imminent. Malheureusement, nous ne sommes pas au courant des conversations paisibles qui se déroulent dans les conseils d’administration et dans les couloirs des allées du pouvoir, des endroits comme Washington DC ou à Londres.

  • N’y a t-il pas une confusion ici entre "anticipation" et "gestion des risques" ?
    J’ai une assurance incendie sur ma maison, mais je n’anticipe pas pour autant sa disparition dans les flammes.

    Où alors, je serais malhonnête...
    Rassurez moi, la haute finance est honnête, non ?

  • « Je m’excuse auprès de tous mes lecteurs dans le monde entier pour avoir défendu les politiques d’injection monétaire d’urgence de la Réserve fédérale américaine, et pour avoir maintenu comme un imbécile naïf qu’après ses premières mesures d’assouplissement quantitatif [QE], elle ne succomberait pas à l’addiction (tel un drogué), à l’abus politique et à la folle débauche.

    « Ma supposition pathétique était que Bernanke déploierait des QE supplémentaires uniquement pour éviter la DEFLATION, et non pour créer de l’INFLATION. Si le comité de politique monétaire de la Fed ne peut voir la différence, que Dieu vienne en aide à l’Amérique. (…)
    « Tous ceux (…) qui m’ont envoyé des courriels furieux en m’accusant de défendre une cabale de dirigeants nous amenant à l’hyperinflation, avaient raison depuis le début. En effet, la Fed est hors de contrôle. (…)
    « Tôt ou tard, nous pourrions apprendre ce que la faction belliciste de la Fed constituée des directeurs régionaux Fisher, Lacker, Plosser, Hoening, Warsh et Kocherlakota pense réellement de cette embardée dans le la-la-land monétaire, avec tout ce que cela implique d’aléa moral et de contraction de dette. Si j’ai eu des mots durs contre ces résistants héroïques, je m’en excuse également. »

    Ambrose Evans -Pritchard a couvert la politique et l’économie mondiale depuis 25 ans , basé en Europe , aux États-Unis et en Amérique latine . Il a rejoint le Telegraph en 1991 , siégeant en tant que correspondant à Washington et, plus tard correspondant de l’Europe à Bruxelles . Il est maintenant chroniqueur économique international à Londres .

    Source : http://blogs.telegraph.co.uk/finance/ambroseevans-pritchard/100007777/shut-down-the-fed-part-ii/

  • Les conflits sous-jacents et les antagonismes qui étaient quelque peu cachés il y a quatre ans sont apparus au grand jour. Ils ont été révélés lors de l’assemblée annuelle du Fonds monétaire International et du Groupe de la Banque mondiale qui s’est tenu la semaine passée à Tokyo, certainement l’une des plus âpres depuis la mise en place de ces institutions en vertu de l’accord Bretton Woods en 1944.

    Les représentants des banques chinoises avaient donné le ton pour le restant de la semaine. Ils avaient décidé de ne pas participer à cette rencontre en signe d’hostilité grandissante à l’égard du Japon suite au conflit sur les îles Senkaku/Diaoyu en Mer de Chine orientale.

    Au bout de deux jours de discussions, une querelle a éclaté entre la directrice du FMI, Christine Lagarde, et le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, au sujet des plans d’austérité. Lagarde, exprimant les craintes des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne qu’un effondrement en Europe aura une incidence sur leurs systèmes financiers, avait demandé de laisser plus de temps à la Grèce et aux autres pour rembourser leurs prêts, provoquant ainsi la colère des Allemands qui craignent que leurs banques ne doivent payer l’addition et ne soient entraînées plus profondément encore dans la crise de la zone euro.

    A peine la querelle avait-elle été surmontée que les Etats-Unis se trouvaient en désaccord avec le Brésil au sujet de la politique du « quantitative easing » (assouplissement quantitatif). Le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega, dénonça la politique monétaire américaine comme étant « égoïste » parce qu’elle dévaluait le dollar américain et favorisait une « guerre des monnaies ».

    La cause profonde des différends apparaît dans les prévisions relatives à la croissance mondiale contenues dans les Perspectives de l’économie mondiale du FMI. La croissance mondiale prévue pour 2013 a été abaissée à 3,6 pour cent par rapport aux 3,9 pour cent prévus il y a à peine trois mois.

    Ce qui est encore plus significatif que le chiffre global ce sont les prévisions des grandes économies. Le FMI a révisé à 1,5 pour cent ses prévisions précédentes concernant les économies des pays avancés, une baisse par rapport aux 2 pour cent d’avril dernier. La zone euro ne devrait croître que de 0,2 pour cent l’année prochaine après une contraction de 0,4 pour cent en 2012. Même l’économie allemande qui est considérée comme la plus solide d’Europe, ne devrait croître que de 0,9 pour cent cette année et d’autant en 2013.

    Lorsque la crise avait éclaté, on avait bien reconnu que les pays avancés subiraient un déclin significatif sinon une récession. Mais on a avancé et répété sur tous les modes dans les médias, économiques et autres, la perspective que l’économie mondiale bénéficierait d’une reprise de la Chine, de l’Inde et des autres marchés émergents. Le processus de « découplage », avait-on affirmé, par lequel les économies de ces pays devenaient moins tributaires des pays avancés leur permettrait de devenir de nouveaux centres de croissance du capitalisme mondial.

  • Le journal économique La Tribune écrit :

    La quasi-totalité des économistes non-attachés au monde bancaire ou gouvernemental estime pourtant que non seulement la crise n’est pas derrière nous, mais que les problèmes ont doublé de volume, pour certains d’entre eux.

    • Par exemple, l’endettement des États occidentaux a globalement doublé ; celui des entreprises s’est un peu réduit, mais pas celui des ménages (aux USA, 8 ménages sur 10 consomment toujours 110 % de ses revenus).
    • Le chômage a doublé en Europe du Sud et aux USA, contrairement aux statistiques que l’on soumet au peuple, car là bas, non seulement la durée et le montant de l’indemnisation est 3 fois inférieurs aux nôtres, mais lorsque le demandeur d’emploi arrive en fin de droits, il sort des statistiques (il sort même de la population active). Décidément, on ne compte pas de la même façon en Europe que de l’autre coté de l’Atlantique.
    • Toujours aux USA, 30 % de la population est tombée sous le seuil de pauvreté (5 % chez nous). Le soir, dans les grandes villes, on ouvre les gymnases pour servir « la soupe populaire ». Le nombre de personnes éligibles aux bons de nourriture augmente de plus d’un demi-million chaque mois. 8 millions de familles ont déjà perdu leur maison. La Banque Mondiale vient même de constater que le système de santé américain est devenu moins efficace en termes de mortalité infantile que celui de la Biélorussie ou de la Malaisie. Ce sont des faits !
    • En Europe, la scission entre les banques de crédit et celles d’investissement est en cours pour éviter les abus d’hier. Aux USA, non ! Idem pour l’utilisation abusive des effets de leviers qui fait prendre des risques monstrueux aux banques, donc à l’argent des déposants.

    En fait, la principale mesure qui a été mise en place depuis 2008 (à savoir la politique monétaire accommodante des banques centrales) est en réalité ’une intervention de pompier" qui fait plaisir aux marchés, mais les mesures qui pourraient embellir l’avenir des peuples n’ont pas encore commencé à être explorées.

    L’effet d’optique que procurent les plans de quantitative-easing suffit à nous rassurer, nous laissant penser qu’effectivement, la crise s’éloigne. En effet, avec cette inondation de milliers de milliards de dollars et d’euros déversés par les banques centrales dans l’économie et les marchés, les affaires peuvent continuer ; la circulation de l’argent est fluide. Mais cette politique de "planche à billets" de la FED et maintenant de la BEC, consiste à fabriquer de l’argent sans contrepartie de richesse (du faux argent en somme, comme les crédits insolvables qui ont conduit à la crise de 29 et à celle de 2008).

  • Après un début d’année en fanfare – avec des Bourses mondiales qui inscrivent record sur record –, voilà les investisseurs de nouveau en proie au doute. A Paris, l’indice CAC 40 a ainsi signé, lundi 4 février, sa plus forte baisse depuis avril 2012, chutant de 3,01 %.
    Toutes les places financières européennes ont d’ailleurs dévissé : Francfort a perdu 2,49 %, Londres 1,58 %, Milan 4,50 % et Madrid 3,77 %. L’onde de choc s’est ensuite propagée jusqu’à New York.

  • Les Etats-Unis sont-ils à la veille de la crise financière la plus grave de leur histoire ?
    Nouriel Roubini, professeur d’économie à l’université de New York, qui fait profession de Cassandre depuis quelques années, l’annonce avec beaucoup de conviction.
    Il détaille même les douze étapes de cet effondrement financier et chiffre à plus de mille milliards de dollars les pertes à venir pour le système financier.
    Pire encore, il donne les huit raisons pour lesquelles les autorités américaines ont toutes les chances d’être incapables d’empêcher cette crise

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