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Des singes et des hommes - Vrai ou faux ?

vendredi 2 novembre 2012, par Robert Paris

Comparaison de l’homme et du singe

Une différence physiologique dans le cerveau ?

Vrai ou faux ? Des singes et des hommes !

C’est Darwin qui a affirmé le premier que l’homme descend du singe ?

Le naturaliste Carl Von Linné, mort avant la naissance de Darwin, écrivait :

« J’avoue n’avoir pu tirer des principes de ma science aucun caractère grâce auquel il serait possible de distinguer l’homme du singe. »

Le premier scientifique à avoir soutenu que les autres primates pouvaient être apparentés aux hommes est Giulio Cesare Vanini, avant Charles Darwin, dans les années 1600. L’affirmation du fait que l’homme est un singe est aujourd’hui banale, certains titres comme « L’homme est un singe comme les autres » soulignent cet état de fait.

La descendance de l’homme de Charles Darwin

Jane Goodall a joué un grand rôle pour modifier notre vision des singes ?

Jane Goodall a en effet réalisé l’une des premières et la plus longue étude de terrain menée sur les animaux sauvages vivant dans leur environnement naturel. Durant ses premières années à Gombe, elle découvre de nombreux aspects du comportement des chimpanzés.
En octobre 1960, elle observe un chimpanzé en train de fabriquer et d’utiliser des outils pour attraper des termites. Cette découverte ébranle la définition de « l’être humain » de l’époque qui attribuait alors ce comportement exclusivement à l’homme. Grâce à ses recherches, nous savons maintenant que les chimpanzés sont biologiquement semblables aux humains, qu’ils démontrent de nombreuses capacités intellectuelles, qu’ils chassent pour se procurer de la viande, qu’ils utilisent des outils et que les membres d’une même famille maintiennent des liens forts et durables et ce, durant toute leur vie.

Pendant les années qui suivent, ses travaux continuent à profondément transformer la manière de voir les primates (aussi bien les singes que les hommes). Elle a d’abord observé que les chimpanzés ne sont pas végétariens, mais plutôt omnivores, contrairement à ce que l’on pensait alors. Mais ses innombrables travaux l’ont amené à donner des noms aux animaux qu’elle côtoyait et ainsi à leur donner une personnalité, extrayant ainsi les primates d’une image simple pour estomper en partie la distinction entre les singes et les hommes.

Les singes sont nos cousins ?

Non seulement c’est vrai mais nous sommes des singes et même nous sommes au sein des singes nous sommes des singes du nouveau monde et au sein des singes du nouveau monde, nous sommes des grands singes. Nous sommes plus proches des chimpanzés que les orangs outangs, plus proches des orangs outangs que les gibbons et plus proches des gibbons que les macaques ou les colobes, plus proches de ces derniers que tous les singes du nouveau monde et plus proches des singes du nouveau monde que les prosimiens comme les lémuriens ou les tarsiers. Et comme tous ceux-là nous sommes des primates !

Les singes font partie de l’ordre des primates, tout comme nous.

Cet ordre comprend le taxon (sous-ordre) des Haplorhiniens (apparu il y a 65 millions d’années), et le groupe des simiiformes (aussi appelé anthropoïdés).

Les singes et les hommes font partie de ce groupe.

Il y a environ 30 à 35 millions d’années, est survenu la séparation entre les Catarhiniens (nez pointant vers le bas) et les Platyrrhinien (nez plat) ; il y a des singes chez ces deux groupes, mais les humains n’appartiennent qu’au premier.

Des catarhiniens sont sortis les hominidés (et quelques singes font partie de ce groupe, par exemple les chimpanzés et les orang-outans). Les hominidés ont évolués pour devenir les hominiens.

Il y a environ 6 millions d’années, les hominidés se sont différenciés, pour former les panines (dont les chimpanzés font partie, ce qui en font des singes "cousins") et les gorilliens.

La lignée des hominines a finalement donné nos vrais cousins, comme les australopithèques (les singes étant de la parenté plus éloignée, des "cousins éloignés"). L’espèce humaine est apparue il y a environ 3 millions d’années.

L’espèce humaine est (depuis environ 12,000 ans) réduite à un seul représentant (Sapiens Sapiens = nous), mais il pourrait y en avoir eu trois ou cinq (selon ce qu’on considère comme étant "sapiens") ce qui en feraient nos "frères" et nos "plus vrais cousins" seraient des races humaines moins "sapiens" (par exemple, les australopithèques, les ardipithèques et les paranthropus).

En terme de lien de parenté, certains singes viendraient tout juste après ces vrais cousins.

Les hominoïdes qui regroupent les gibbons et les grands singes (dont l’homme) ont en commun de multiples caractéristiques : la position verticale, une cage thoracique plate, leur dentition, des articulations très souples au niveau des bras et des épaules, une gestation longue, une éducation longue, l’absence de queue, des cerveaux larges et complexes avec un néocortex plus développé, une vision performante et plus développée que les autres sens, une vie sociale complexe.

Sommes-nous plus proches des chimpanzés ?

Il semble bien que oui et que l’homme et le chimpanzé (ou plutôt leurs ancêtres communs) aient trois millions d’années de branche commune d’évolution…. Et que les deux espèces de chimpanzés pan et l’homme soient quasiment… de la même espèce !

L’homme est le seul à avoir la station debout ?

C’est faux ! Le gibbon à mains blanches et son cousin le siamang ont au sol une locomotion parfaitement bipède bien que vivant essentiellement dans les arbres où il n’est pas vulnérable aux attaques des panthères. .

L’homme est le seul à avoir une main de ce type

Non, les babouins ont une main du même type que la nôtre.

L’homme est le seul à manger de la viande

Pas du tout ! Le babouin et le chimpanzé, par exemple, en mangent aussi. Les babouins d’Afrique de l’Est chassent par exemple l’antilope. Ainsi les chimpanzés chassent d’autres animaux, antilopes ou singes, pour en consommer la viande. En Côte d’Ivoire, ils coopèrent pour optimiser leurs chances de capture. Lorsqu’une proie est détectée, le groupe se scinde. Alors que certains grimpent dans l’arbre pourchassant le colobe, d’autres se postent en des lieux stratégiques, prêts à cueillir le petit singe affolé rabattu vers ses bourreaux. La viande, met de choix, est ensuite à l’issue d’un bruyant concert de cris d’excitation et de joie, partagée et distribuée à tous les membres du groupe, même ceux n’ayant pas participé à la chasse.

L’homme est-il le seul à utiliser des outils ?

Non ! Le capucin, un singe du Nouveau monde, est capable de casser des noix en les jetant contre un tronc d’arbre. Les macaques du japon utilisent des techniques pour sortir la nourriture, la laver, l’attraper.

Décrits pour la première fois par Jane Goodall, les outils et inventions des chimpanzés se révèlent multiples et complexes, empreints d’un caractère traditionnel, ils sont usités inégalement selon les communautés. A Gombe en Tanzanie, les chimpanzés excellent dans la pêche aux fourmis. Pour atteindre ces petites créatures à la morsure douloureuse, ils fabriquent, en effeuillant une brindille d’une taille choisie, une sonde cane à pêche, introduite dans la fourmilière.
Agacés et menacés par cet objet intrus, les insectes le mordent de toutes leurs mandibules et sont ensuite délicatement cueillies par le chimpanzé à l’appétit robuste. Ailleurs, ils se confectionnent de petits coussins douillets pour s’asseoir au sec dans le sous-bois détrempé.

En Sierra Leone, amateurs des fruits du kapokier au tronc recouvert d’épines acérées, les chimpanzés ne se déplacent pas sans leurs tongs : fabriquées à partir de brindilles coincées sous la plante des pieds, ils escaladent sans douleur ces troncs inhospitaliers et vont cueillir les fruits convoités. En Guinée et en Côte d’Ivoire, ils utilisent marteaux et enclumes de pierre ou de bois pour casser des noix de palme, de coula ou de Panda, un comportement qui ne nécessite pas moins de 10 années d’apprentissage pour le jeune. 39 comportements culturels ont ainsi été recensés chez les chimpanzés à travers l’Afrique du simple usage d’outils aux coutumes et traditions sociales telles que la poignée de main lors d’une séance de grooming ou la danse de la pluie célébrée par les mâles dominants qui, à l’arrivée d’une averse simulent une charge, le poil hérissé, et tapent de toutes leurs forces sur les troncs d’arbres avoisinants en traînant de lourds branchages, le tout dans un concert de cris des plus bruyants.

Les chimpanzés sont aussi pharmaciens, consommant des plantes à vertus médicinales, utilisées également par les hommes des populations voisines, comme l’Aspilia ou les tiges de Vernonia amygdalina.

Les études ont montré que les chimpanzés consomment les feuilles entières et rugueuses d’Aspilia, sans les mâcher, ce qui a pour effet d’évacuer les parasites du tube digestif. L’observation d’une femelle ayant recouvré la santé après avoir consommé les tiges amères de Vernonia amygdalina a permis la découverte de molécules d’intérêt thérapeutique. En Ouganda, l’observation du comportement des chimpanzés de Kibale a été à l’origine de la mise à jour de nouvelles molécules antipaludiques et antitumorales.

L’homme est le seul à influencer ses congénères par des modes et de la culture ?

Pas du tout ! Dans les années soixante, une macaque du Jigokudani (Japon) a examiné les hommes en train de se baigner l’hiver dans des sources chaudes d’origine volcanique. Elle a progressivement convaincu les autres macaques qui depuis ont adopté ce mode de vie.

Les orangs-outans possèdent également, comme les chimpanzés, une culture. Récemment, une étude comparative des populations d’orangs-outans sauvages a montré qu’il existait des variations comportementales importantes d’une population à l’autre, similaires à celles observées chez les chimpanzés sauvages. Vingt-quatre comportements traditionnels ont ainsi été répertoriés par les auteurs, parmi lesquels l’utilisation d’outils pour pêcher les insectes et pour ouvrir les gros fruits épineux de Neesia mais également des vocalises liées à la construction du nid (dénommées "raspberry", ou des techniques d’amplification des vocalises à l’aide de feuilles.

L’homme est le seul à avoir une vie sociale intense et complexe ?

Du tout ! Tous les grands singes sont dans le même cas, vivent en groupe, sont structurés, ont une vie sociale et même une vie politique, des luttes de pouvoir par exemple, des relations hiérarchiques, une histoire politique, des buts sociaux. L’astuce, l’intelligence, le sens des relations sont des qualités indispensables dans les relations entre grands singes au sein de la tribu. Les singes ne reconnaissent pas seulement les liens tribaux, les liens hiérarchiques mais aussi les liens entre parents et enfants même quand l’enfant a grandi. Ils mémorisent les liens de paternité et de maternité.

L’homme est le seul à avoir une activité collective en vue de se nourrir ?

La coopération collective des singes peut être organisée un point très élevé comme pour les babouins du pied du Kilimandjaro se défendant contre des félins. Des chasseurs ont rapporté qu’ils pouvaient monter des guet-apens à une panthère et l’amener à chasser l’un des leurs jusqu’à un défilé de rochers où ils l’écrasent sous des pierres. Voilà une chasse très bien conçue et exécutée collectivement !

Un ancien récit rapporté par un chasseur raconte qu’une tribu de babouins cynocéphales entouré une fois le chasseur puis lui ont apporté un bébé qui s’étouffait lui mettant dans les bras visiblement pour qu’il le soigne. Il a réussi à faire vomir le bébé qui a ainsi rejeté un objet qui l’étouffait. Puis la maman s’est emparé de l’enfant et toute la troupe s’est égaillée...

L’homme est le seul à avoir la conscience de soi

Il est vrai que la plupart des singes ne se reconnaissent pas dans un miroir mais il y a un cas à part : les chimpanzés, eux, en sont capables. Il faut dire que la préoccupation des singes est de surveiller la présence d’autres singes et l’image miroir déclenche immédiatement une réaction de peur d’apparition d’un autre singe empêchant toute observation réfléchie de l’image sur le miroir.

Quel singe est le plus proche de nous ?

Le bonobo est celui qui nous ressemble le plus en tout cas, d’un point de vue génétique mais aussi comportemental. Le bonobo est notre plus proche cousin et nous partageons avec lui 99.4% de notre code génétique. Les bonobos ne vivent que dans les forêts tropicales humides du nord de la République Démocratique du Congo, souvent inondées. Là, ils vivent en groupes, au sein d’une société de type égalitaire à tendances matriarcales. Ce sont les femelles qui jouent un rôle primordial, prenant souvent des décisions pour l’ensemble du groupe. En cela, les bonobos sont très différents des autres grands singes. Les bonobos sont très pacifiques, et peu de violentes bagarres ont lieu. Quand éclate une querelle, c’est le sexe qui se substitue à la violence pour résoudre le problème. Le sexe sert à tout chez les bonobos et est omniprésent dans leur monde : il est utilisé pour se saluer, se réconcilier, apaiser les tensions, à exercer un chantage…

Ce que les singes nous apprennent sur la "nature humaine"....

Débat sur les singes et l’homme

Le rôle du travail dans la transformation du singe en homme

Formation et filiation de l’homme

Questions sur l’homme

L’homme, ce singe, la vidéo

Et si le singe descendait de l’homme ?

L’homme et le singe – vidéo de l’Université de tous les savoirs

Histoire évolutive des homininés

Encore un débat sur la différence entre l’homme et le singe

Messages

  • Les chimpanzés ont le sens de l’équité, un trait dont on pensait qu’il appartenait seulement aux humains, révèle une étude de scientifiques américains publiée lundi.

    Pour cette étude les chercheurs ont soumis six chimpanzés adultes à un jeu et ont parallèlement soumis à ce même test vingt enfants de deux à sept ans.

  • Humains, chimpanzés, orang-outans et bonobos sont de proches cousins... C’est connu. Mais y a-t-il un ordre de proximité bien établi par la génétique ?

    Dans un article pionnier de 1975, Mary-Claire King et Allan Wilson démontraient que la divergence génétique entre l’homme et le chimpanzé était bien plus faible que ne laissait penser leur apparente différence morphologique. Après avoir comparé 12 séquences de protéines et les fréquences alléliques de variants de 44 autres protéines, ils concluaient à une ressemblance génétique de près de 99 pour cent entre l’homme et le chimpanzé. Le chimpanzé gagnait définitivement son statut de cousin de l’homme. Pour expliquer pourquoi il nous ressemble si peu morphologiquement tout en étant si proche génétiquement, les auteurs imaginaient l’intervention de quelques gènes de régulation.

    Près de 30 ans plus tard, les méthodes performantes de séquençage ont conduit à affiner ce constat, sans le remettre en cause, sur la base de comparaisons de génomes presque complets. Ainsi, un premier alignement de séquences d’ADN d’homme et de chimpanzé le long de 2,3 millions de paires de bases (sur 3 milliards pour le génome humain) a montré une divergence globale de 1,22 pour cent, très proche des premières...

    « Le génome des gorilles est important car il nous éclaire sur l’époque où nos ancêtres ont divergé. Il nous permet aussi de découvrir les similitudes et les différences entre nos gènes et ceux du gorille, le plus grand des primates », explique Aylwyn Scally qui a étudié la proximité avec les gorilles qui s’avère plus grande que prévue !

    Les biologistes considèrent traditionnellement que, dans l’arbre de l’évolution des primates, les chimpanzés et les hommes ont un ancêtre commun plus récent que celui qui relie chacun d’entre eux au gorille. Par conséquent, pour n’importe quelle séquence génétique humaine, c’est chez son "cousin" chimpanzé qu’on devrait retrouver la séquence la plus proche. D’après les analyses effectuées par M. Scally et ses collègues, cela se vérifie, certes, mais seulement dans 70 % des cas.
    En réalité, 15 % du génome humain est plus proche de celui du gorille que de celui du chimpanzé. Et 15 % du génome du chimpanzé est à son tour plus proche de celui du gorille que de celui de l’homme, révèle l’étude de Aylwyn Scally, du Wellcome Trust Sanger Institute (Royaume-Uni).
    Les gorilles auraient divergé des humains et des chimpanzés voici environ 10 millions d’années, la séparation entre l’espèce humaine et celle des chimpanzés remontant quant à elle à quelque 6 millions d’années.

    Résultat surprenant, les humains ont 3 % de la partie de leur génome étudié proche de ceux des bonobos, ou des chimpanzés, ce qui est plus que la proximité génétique de ces deux espèces de singes entre eux.

    Les résultats de l’étude des chercheurs du Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology de Leipzig en Allemagne, sur les bonobos, dévoilés dans la revue Nature, font apparaître que l’ADN du bonobo et celui du chimpanzé sont à 99,6 % semblables, tandis que celui de l’homme ne se distingue de chacun d’eux que d’environ 1,3 %. Autrement dit, la proximité génétique de l’être humain avec ces deux grands singes (98,7 %) est parfaitement égale. Toutefois, et c’est sans doute le plus intrigant, les caractéristiques communes ne sont pas nécessairement les mêmes... Ainsi l’homme est-il tantôt plus proche de l’un, tantôt plus proche à l’autre. Tant et si bien que, pour 3 % de leur ADN, l’un et l’autre sont plus similaires à l’homme qu’à leur cousin le singe.

  • « Néanmoins la différence entre l’esprit de l’homme et celui des animaux supérieurs, aussi grande soit-elle, est certainement une différence de degré et non de nature. Nous avons vu que les sentiments et les intuitions, les diverses émotions et facultés, tels que l’amour, la mémoire, l’attention, la curiosité, l’imitation, la raison etc., dont l’homme se fait gloire, peuvent se trouver à l’état naissant, ou même parfois bien développé, chez les animaux inférieurs. »

    Darwin, La Filiation de l’homme et la sélection liée au sexe – 1871- Chap IV

  • L’Homme et les grandes singes sont proches, oui mais jusqu’à quel point ? Antoine Balzeau, et plusieurs de ses collaborateurs, se sont intéressés à la forme des cerveaux en quantifiant des asymétries nommées pétalias.

    « Au départ, nous avons interprété les capacités des Hommes un peu à l’envers. Pour utiliser les outils et parler, il faut être intelligent. Pour ce faire, il faut avoir un gros cerveau. Donc nous nous sommes d’abord dit que les australopithèques ne pouvaient pas faire d’outils, que c’était forcement propre au genre Homo. »

    D’autres erreurs similaires ont été commises concernant les capacités de langage. Seul Homo sapiens aurait été capable de parler. Il aurait été le seul à posséder un cerveau suffisamment grand.

    Plusieurs découvertes récentes ont montré que les australopithèques et les paranthropes fabriquaient des outils. Au final, la taille du cerveau n’a pas un lien direct avec ces capacités.

    « Nous montrons maintenant que tous les ancêtres de l’Homme possédaient des cerveaux asymétriques. Ils ont donc tous au moins un support anatomique dont on sait qu’il joue un rôle dans les capacités manuelles et dans les capacités de langage. Cela enlève cette idée très simplificatrice voulant que seul Homo sapiens ait été capable de parler et d’utiliser des outils. »

  • « Des techniques archéologiques ont permis de mettre au jour en Côte d’Ivoire un site de cassage de noix de plus de quatre mille ans, avec marteau et enclume de pierre, mais les types de noix découverts, la taille des outils (grands et lourds) et l’écologie (forêt vierge) indiquent que les utilisateurs étaient des chimpanzés, pas des humains. L’analyse des fouilles suggère que, pendant des millénaires, des grands singes ont apporté des pierres résistantes comme le granite, prélevées dans des affleurements éloignés, pour écraser des noix très dures dans la forêt. Aujourd’hui, la même technologie est familière aux chimpanzés d’Afrique occidentale. »

    Frans de Waal dans « Le bonobo, dieu et nous »

  • Frans de Waal dans « Le bonobo, dieu et nous » :

    « Le premier scientifique qui a suggéré que les hommes descendaient des grands singes a été le naturaliste français Jean-Baptiste Lamarck en 1809. Selon sa théorie, les caractères acquis (l’allongement des pattes chez les échassiers, par exemple) peuvent se transmettre à la génération suivante. Bien avant que Darwin aborde le sujet, Lamarck a vu que l’humanité avait évolué à partir d’un primate quadrumane :

    « Effectivement, si une race quelconque de quadrumanes, surtout la plus perfectionnée d’entre elles, perdait, par la nécessité des circonstances, ou par quelque autre cause, l’habitude de grimper sur les arbres, et d’en empoigner les branches (…) et si les individus de cette race, pendant une suite de générations, étaient forcés de ne se servir de leurs pieds que pour marcher, et cessaient d’employer leurs mains comme des pieds, il n’est pas douteux (…) que ces quadrumanes ne fussent à la fin transformés en bimanes, et que les pouces de leurs pieds ne cessassent d’être écartés des doigts. »

    Lamarck a payé cher son audace. Il s’est fait tant d’ennemis qu’il est mort dans la misère et a eu droit à l’une des nécrologies les plus railleuses et méprisantes jamais lues devant l’Académie des sciences. »

  • Frans de Waal dans « Le bonobo, dieu et nous » :

    « En 2009, l’université de l’Etat du Kent a publié un communiqué de presse au titre choc : « L’homme ne descend pas du singe ». Pour comprendre cette assertion, il faut savoir que cette université a participé à la découverte d’un fossile vieux de 4,4 millions d’années, Aripithecus ramidus, dit « Ardi », en Ethiopie. Ardi est plus proche d’un million d’années des longs adieux entre humains et grands singes que les fossiles antérieurs. Elle ressemblait encore beaucoup aux seconds : son gros orteil opposable le montre bien. Elle était sûrement une grande grimpeuse, qui dormait dans les arbres comme le font encore chaque nuit les grands singes pour éviter les prédateurs… Le scientifique qui a travaillé sur Ardi, Owen Lovejoy, n’a pensé qu’aux chimpanzés dans ses comparaisons et il a conclu que le physique d’Ardi était trop différent pour dériver d’un ancêtre ressemblant à un chimpanzé. Mais pourquoi prendre un grand singe aujourd’hui vivant, quel qu’il soit comme point de départ ? Depuis la séparation, les grands singes qui nous entourent ont eu autant de temps pour se transformer que notre propre espèce. Beaucoup s’imaginent que ces espèces sont restées immuables pendant que la nôtre évoluait, mais les données génétiques suggèrent en fait que les singes ont changé plus que nous. Nous ne savons pas du tout à quoi ressemblait notre dernier ancêtre commun. La forêt vierge ne permet pas la fossilisation – tout pourrit et disparaît avant d’en arriver là – et nous n’avons donc aucun fossile des premiers grands singes. Cependant nous pouvons être certains que notre géniteur initial répondait à la définition courante du grand singe : un primate de grande taille, sans queue, à torse plat et à pieds préhensiles. Il reste donc parfaitement acceptable de dire que nous « descendons du singe » - mais d’aucun des grands singes qui existent aujourd’hui ».

    Aux remarques judicieuses de Frans de Waal, il convient d’ajouter que l’évolution se porte de fœtus à fœtus et même d’œuf fécondé à œuf fécondé et pas d’adulte à adulte et donc la comparaison ne peut se faire, à la rigueur, que d’enfant à enfant. Or nous ressemblons étrangement aux enfants singes !

  • « Si on fait le bilan de ce que l’on a observé depuis 30 ans chez les chimpanzés, on s’aperçoit que tout ce que l’on avait cru voir se manifester en termes d’adaptation uniquement chez les hommes c’est à dire la bipédie, l’outil, la chasse, le partage de la nourriture, la sexualité, les systèmes sociaux, le rire, la conscience, l’empathie, la sympathie, les chimpanzés le font aussi. Donc, soit ils ont tout acquis indépendamment, soit cela vient du dernier ancêtre commun, ce qui est plus plausible. Cela veut dire que déjà dans le monde des forêts, il y a 6 à 7 millions d’années, toutes ces caractéristiques que l’on a cru propres à l’homme existaient et font partie d’un bagage ancestral commun. »

    Pascal Picq. Entretien RFI 2001.

  • Pascal Picq : "L’animal n’est pas une machine. Les grands singes sont comme nous, ils souffrent, ils ont des sentiments, de l’empathie..."

  • Picq :

    « L’humain est bien une invention des hommes, qui repose sur notre héritage évolutif partagé, mais n’est pas une évidence pour autant. Homo sapiens n’est pas humain de fait. Il a inventé l’humain et il lui reste à devenir humain, ce qui sera fait lorsqu’il regardera le monde qui l’entoure avec humanité. »

  • « On sait très peu de choses sur ce qui nous distingue, génétiquement, du chimpanzé, note Swante Pääbo. Une seule certitude : les séquences (l’enchaînement des éléments constituant le message génétique) des ADN des deux espèces diffèrent seulement d’environ 1%. » A la fin des années 80, deux biologistes américains de renom, Mary-Claire King et Allan Wilson, étaient arrivés à cette conclusion par une technique très globale de comparaison génétique, l’« hybridation » d’ADN : plus deux filaments d’ADN se ressemblent, plus ils s’assemblent solidement in vitro. Résultat de leur manip : 98,5% de l’ADN humain et du singe acceptent un tel pacte d’union biologique. Troublant. Ainsi, « l’écart génétique entre l’homme et le chimpanzé est bien moins grand que celui qui sépare les deux espèces d’orang-outang », note le généticien de l’évolution Pierre Darlu (Inserm).

    « Vraisemblablement, les différences cruciales se trouvent dans de petits gènes dont la fonction est de réguler l’activité d’autres gènes, un peu comme un robinet, afin qu’il soit actif dans tel type de cellule plutôt que dans telle autre (cerveau, foie"), à tel moment de la vie (foetale, adulte"), estime Swante Pääbo. Trouver ces variations subtiles ne sera pas commode, mais heureusement, nous ne partons pas de zéro. » En effet, grâce à l’essor de l’étude de l’ADN humain, une grande partie de sa séquence est connue, disponible dans des bases de données internationales. Le génome du chimpanzé reste, en revanche, terra incognita. L’équipe de Swante Pääbo a commencé à l’explorer en cherchant les gènes qui participent au fonctionnement de l’organe du singe le plus distinct de celui de l’homme : le cerveau. « Nous allons regarder quels gènes sont actifs dans le cerveau du chimpanzé. C’est chose faisable en découvrant leur "traduction, en protéines, notamment. Nous comparerons ensuite ces données avec celles disponibles sur les gènes du cerveau humain et tenteront d’identifier les plus grandes différences génétiques dans cet organe, entre les deux espèces. » Elémentaire, et fastidieux.

  • Y a-t-il eu croisement et hybridation entre homo et singe ?

  • Une chose est certaine et pose vraiment problème sans hybridation : le fait que l’homo ait des gènes communs avec les chimpanzés, des gènes communs avec l’orang outan, des gènes communs avec le gorille et que ces gènes communs ne soient pas communs pour ces singes, entre eux !!!

    Qu’y aurait-il d’étonnant ?

    Bonobos et chimpanzés se sont bien croisés ! lire ici

  • Des chercheurs allemands viennent de découvrir une tribu de capucins originaires du Panama utilisant des outils pour manger. L’espère animale viendrait donc d’entrer dans l’âge de pierre…

    Lire ici

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