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Les révolutions paysannes de Chine

vendredi 16 novembre 2012, par Robert Paris

La révolution des Taïpings

La révolution des "boxers" et son imagerie par le militarisme allemand

La contre-révolution internationale contre les boxers

« L’expérience historique montre que la paysannerie est absolument incapable d’assumer un rôle politique indépendant. L’histoire du capitalisme est l’histoire de la subordination de la campagne à la ville. Le développement industriel des villes européennes, parvenu à un stade déterminé, a rendu impossible la persistance des rapports féodaux dans l’agriculture. Mais la campagne elle-même n’a jamais produit une classe susceptible d’entreprendre la tâche révolutionnaire d’abolir la féodalité. La même ville, qui subordonnait l’agriculture au capital, a engendré une force révolutionnaire qui a conquis l’hégémonie politique sur la campagne, et a étendu à la campagne la révolution dans l’état et dans les rapports de propriété. Et, l’histoire poursuivant son cours, la campagne est finalement tombée dans l’esclavage économique du capital, et la paysannerie dans l’esclavage politique des partis capitalistes. Ces partis ont ressuscité la féodalité dans le cadre de la politique parlementaire, en faisant de la paysannerie une chasse gardée pour leurs battues électorales. (...) La bourgeoisie russe abandonnera au prolétariat la totalité des positions de la révolution. Elle devra aussi lui abandonner l’hégémonie révolutionnaire sur les paysans. Il ne restera à la paysannerie rien d’autre à faire, dans la situation qui résultera du transfert du pouvoir au prolétariat, que de se rallier au régime de la démocratie ouvrière. Et même si elle ne le fait pas avec un degré de conscience plus élevé que lorsqu’elle se rallie, comme elle en a l’habitude, aux partis bourgeois, cela n’aura que peu d’importance. Mais, alors qu’un parti bourgeois qui dispose des suffrages des paysans s’empresse d’user du pouvoir pour plumer les paysans et fouler aux pieds leurs aspirations et ses propres promesses, quitte, si les choses tournent mal, à céder la place à un autre parti capitaliste, le prolétariat, s’appuyant sur la paysannerie, mobilisera toutes ses forces pour élever le niveau culturel de la campagne et développer la conscience politique de la paysannerie. »

Léon Trotsky dans "Bilan et perspectives"

Cette rétrospective rapide des révolutions paysannes en Chine étonnera sans doute le lecteur par le nombre des révoltes et révolutions en Chine mais cette remarque ne suffit pas à éclairer le point de vue. Il faut remarquer que cette multiplicité de révolutions n’a pas permis de changer les bases de la société et il convient de se demander pourquoi. En effet, loin de bouleverser l’ordre social, ces révolutions ont été ce que sont les crises périodiques au capitalisme : un moyen de revitaliser la domination centrale des classes dirigeantes chinoises à chaque fois qu’elle se ramollissait, se corrompait, perdait de sa force, c’est-à-dire très souvent. Et, loin de détruire la domination de ces classes sociales, ces révolutions lui donnaient souvent une nouvelle dynamique. On est donc loin de l’image erronée selon laquelle toutes les révolutions remettent en cause le mode de production.

Non, elles ne le font que lorsque ce mode de production a atteint ses limites et que la classe qui mène la révolution est porteuse, elle, d’un autre mode de production. Face à la féodalité au pouvoir en Chine, seules deux classes ont été porteuses d’un autre mode de production : la bourgeoisie et le prolétariat.

Les seules révolutions qui ont failli changer la Chine sont des révolutions auxquelles la paysannerie a participé mais qui ont été dirigées par la bourgeoisie ou le prolétariat. Les révolutions véritablement paysannes et triomphantes contre les empires féodaux n’ont fait que donner un nouvel empire féodal, revivifiant l’apparente continuité de l’empire du Milieu avec autant d’efficacité que les guerres des armées barbares des peuples environnants.

Cette vivacité sociale et économique de l’empire chinois a entraîné une domination mondiale de la Chine qui a failli en faire la première nation bourgeoise du monde, avant l’Angleterre ou la France, et bien avant les USA.

Si cela ne s’est pas produit, c’est que la classe noble a montré une grande capacité de réaction et est parvenue à écraser dans le sang la première grande révolution bourgeoise au monde, celle des Turbans jaunes. Et, ce faisant, elle a non seulement ramené la Chine dans le féodalisme mais l’a fait reculer économiquement de deux cent ans, transformant le pays le plus riche et développé du monde dans le plus grand cimetière du monde.

Cela renverse l’imagerie traditionnelle selon laquelle la domination bourgeoise devait nécessairement démarrer d’occident. Et aussi celle sur les révolutions selon laquelle les révolutions nécessaire triomphent nécessairement. La nécessité sociale historique ne colle pas exactement avec la nécessité historique. Une classe dont la domination est nécessaire ne parvient pas nécessairement au niveau de la capacité historique de prendre le pouvoir. L’Histoire peut alors prendre un grand retard… puisque c’est seulement récemment que la Chine a repris le cours de sa prétention à devenir une nation bourgeoise dominante !

En tout cas, la multiplicité des révolutions paysannes chinoises à des époques diverses et selon des modes très divers, souvent triomphantes, a démontré une chose : la paysannerie n’est nullement porteuse d’un mode de production particulier, d’une domination politique et sociale d’un type particulier. Elle n’a pas en propre son mode d’organisation, ses buts et son programme. Elle ne peut que se ranger derrière l’une des classes socialement capables de dresser un avenir : le prolétariat ou la bourgeoisie.

La paysannerie a connu de multiples révolutions y compris ailleurs qu’en Chine. Jamais elles n’ont pu produire un mode de domination propre de cette classe, une perspective sociale différente de celles de la féodalité, de la bourgeoisie ou du prolétariat.
Le prolétariat n’a pas une telle richesse d’expériences révolutionnaires mais, à chaque fois qu’il a triomphé (Paris 1871, Russie 1917, Finlande 1917, Bavière 1918-1919, Hongrie 1919), il a développé un type bien particulier d’Etat, de programme politique et social qui mène à une société fondée sur un autre mode de production que le système capitaliste.

Les prolétaires sont loin d’être les exploités les plus nombreux, les plus pauvres, les plus opprimés de l’Histoire mais ils sont les seuls à avoir pu, au travers d’un tout petit nombre de révolutions, à bâtir leur propre mode d’organisation en vue d’un nouveau mode de système social.

Lire aussi sur les premières révolutions paysannes contre les empires de Chine


Dynasties impériales chinoises

Dès le IIIe s. avant notre ère (-221), la Chine connaît la formation d’un État centralisé, œuvre de la dynastie des Qin issue de la lutte entre Royaumes combattants, et dont héritent les Han. Toutefois, les invasions « barbares » en provenance du nord et du nord-est et/ou les rébellions intérieures affaiblissent à plusieurs reprises le pouvoir central, entraînant une division du pays entre le Nord et le Sud, du IVe s. au VIe s. (Six Dynasties), au Xe s. (Cinq Dynasties) après le rayonnement de l’empire Tang (618-907), puis aux XIIe et XIIIe s.. La réunification et le perfectionnement de l’État mandarinal par les Song au XIe s. marquent une époque charnière. En effet, la Chine connaît dès lors huit siècles d’essor quasi continu, qui, après l’effondrement de la dynastie mongole des Yuan fondée par Kubilay (1279-1368) puis la reconstruction et une nouvelle expansion au XVe s. sous le règne des Ming (1368-1644), connaît son apogée au milieu du XVIIIe s. sous le régime sino-mandchou des Qing. À partir du début du XIXe s., désormais convoité par les puissances européennes, le pays commence à décliner durablement. En proie à de graves troubles sociaux (mouvement des Taiping, 1851-1864), il commence aussi à résister aux ambitions occidentales, un nationalisme qui se développe jusqu’à la première révolution de 1911 et l’instauration de la République.

Les révolutions paysannes de Chine

En – 841 av J.-C., succès de la révolte contre le cruel roi Li-Wang de la dynastie Zhou qui régna de 878 à 841 av. J.-C.

En - 210 av. J.C., le premier empereur de la Chine, Hin Zong, termine son règne, sous la menace de la révolution et sans contrôle sur l’essentiel du pays. Une insurrection générale de forçats et de paysans sous la direction d’un paysan pauvre Tcheng Cheng mit fin à la dynastie des Ts’in. La monarchie despotique s’effondra mais l’insurrection populaire fut écrasée grâce à l’intervention de l’ancienne noblesse féodale évincée du pouvoir par la dynastie Ts’in. La lutte pour le pouvoir entre les différentes bandes armées rivales se termina par la fondation de l’empire de Han par un plébéien, ancien gendarme sous l’empire Ts’in (206 av. notre ère).

De – 86 à – 82 av J.-C., l’expansionnisme de l’empereur Wudi épuise les réserves financières et nécessite un retour à la politique légaliste pour renflouer le Trésor public. Les impôts sont augmentés, les monopoles d’État restaurés et la monnaie dévaluée. Les souffrances endurées par les paysans sont aggravées par la croissance démographique, qui réduit la superficie des exploitations alors que les impôts augmentent. Les familles de grands propriétaires fonciers, défiant les collecteurs d’impôts du gouvernement central, acquièrent une sorte d’exonération fiscale. Au fur et à mesure que le nombre de propriétaires échappant à l’impôt augmentent, l’assiette fiscale de l’empire se réduit, et le fardeau supporté par les paysans soumis à l’impôt se fait de plus en plus lourd, provoquant révoltes paysannes et banditisme.

La malchance veut que le lit de l’immense fleuve jaune qui s’encombre constamment de limon en vienne à un point critique, au point de pousser le fleuve à déborder, serpenter, et finalement déplacer son embouchure du nord du Shandong à plusieurs centaines de kilomètres plus au sud (années 2, 5, et 11 après J.-C.). Cet évènement fluvial rare entraîne l’inondation de plaines entières : les champs de céréales sont inondés, les blés pourrissent dans l’eau ou se font emporter, les récoltes ne sont pas moissonnées. Les habitants subissent donc de terribles années de famines, de chaos et d’épidémies. La faim les pousse vers les contrées voisines qu’ils pillent, augmentant encore la surface des zones affectées. Cette catastrophe fluviale et le chaos associé font basculer la paysannerie dans l’opposition. La croyance chinoise liant la noblesse du souverain et la bonne santé de l’empire, les tremblements de terre et inondations majeures sont ici interprétés comme la volonté du ciel de punir l’usurpateur Wang Mang. La paysannerie, superstitieuse, est encouragée par la noblesse et les marchands mécontents des réformes à se révolter.

Aussi, vers 17 après J.-C., des armées se constituent. On peut noter les insurrections paysannes des Lülín (armée des « Vertes Forêts ») au sud (Henan, Hubei) et des Chìméi (Sourcils Rouges) vers la côte Est (Shangdong, Jiangsu), qui s’organisent pour piller. Mais des seigneurs de l’ancienne famille impériale Liú constituent également des armées, et s’affirment comme les défenseurs d’une restauration de la dynastie Han et de l’ordre. C’est le cas des frères Liú Yǎn et Liú Xiù), au sud de la capitale (sud du Henan). Liú Yǎn eut l’habileté de combiner sa légitimité dynastique et ses troupes avec celles des Lülín. Mais lorsqu’il fallut choisir un prétendant au trône, les généraux Lülin préférèrent sortir de leurs rangs un soldat - Liú Xuán (25ap JC) -, un lointain descendant de la famille impériale. L’heure pousse Liú Yǎn à accepter. La bataille de Kunyang se déroule en 23 après J.-C.. Elle est un exemple de stratégie et de guerre psychologique. Après plusieurs victoires rebelles, l’Empereur Wang Mang se décide à l’envoi d’une armée de 430 000 hommes. Les troupes Liú-Lülin ( 10 000) sont divisées en deux unités. L’unité de Liú Xiù se retranche dans la ville de Kunyang et les soldats menacent de déserter. Le subtil Liú Xiù annonce que ce serait une erreur terrible : il est nécessaire de faire bloc, de tenir fermement la ville, et d’appeler des renforts qui tomberont sur des assiégeants fatigués et déprimés. Liú Xiù et treize cavaliers s’éclipsent à la nuit, lèvent de nouvelles troupes et rappellent celles de Liú Yǎn et des autres Lülin. Ensemble, ils provoquent le général loyaliste qui, attaquant avec une amée équivalente de 10 000 hommes, est défait et tué au combat. Les troupes loyalistes restées au siège de Kunyang sont stupéfaites et s’inquiètent. Lorsque les troupes rebelles viennent les attaquer par leur arrière, leurs alliés enfermés sortent, et les soldats loyalistes désertent dans le chaos, augmentant leurs pertes. À l’annonce de cette défaite impériale, des insurrections éclatent partout dans l’empire. La petite armée rebelle a vaincu une armée de 430 000 hommes qui ne se reconstituera jamais.

De 17 à 25 après J.-C., la Révolte des Sourcils rouges, aussi appelée Chimei (« sourcils rouges ») est un terme qui désigne des révoltes paysannes qui se déroulèrent à partir de 17 après Jésus-Christ au cours desquelles les révoltés se teignaient les sourcils en rouge pour se reconnaître entre eux. En effet, l’incompétence de l’usurpateur Wang Mang et son régime « communiste », en particulier en ce qui concerne la mise en œuvre de sa réforme agraire, jointe à une grave inondation du Huáng Hé (le Fleuve Jaune), provoquèrent de nombreuses révoltes Ces révoltes se terminèrent par le rétablissement de la dynastie des Han, sous le nom de Han orientaux (capitale Luoyang) à partir de 25 après Jésus-Christ. Le débordement du Fleuve Jaune et le chaos associé font basculer la paysannerie dans l’opposition, car les paysans sont certains que ce chaos prouve que Wang Mang avait perdu le « mandat du Ciel » pour gouverner. La paysannerie, superstitieuse, est encouragée par la noblesse et les marchands, mécontents des réformes, à se révolter. Aussi, vers 17 ap. JC, des armées se constituent. On peut noter les insurrections paysannes des Chìméi (Sourcils Rouges) vers la côte Est (Shangdong, Jiangsu), qui s’organisent pour piller. Les Lülín également (armée des « Vertes Forêts ») se révoltent au sud (Henan, Hubei). Mais des seigneurs de l’ancienne famille impériale Liú constituent également des armées, et s’affirment comme les défenseurs de l’ordre, partisans d’une restauration de la dynastie Han. C’est le cas des frères Liú Yǎn et Liú Xiù, au sud de la capitale (sud du Henan). Ces révoltes finissent par épuiser les forces du régime de Wang Mang, et permettent à la révolte des Lülin de renverser Wang Mang et de s’emparer du pouvoir. Le chef de la révolte Lüling, Liu Xuan monte alors brièvement sur le trône sous le nom d’empereur Gengshi. Puis les Sourcils rouges renversent l’empereur Gengshi et placent sur le trône un empereur fantoche, descendant des Han, l’empereur Liu Penzi. Mais la propre incompétence des Chìméi pour administrer les territoires qu’ils avaient conquis entraine une révolte populaire qui les contraint à se retirer. Quand Liu Xiu, qui vient de fonder la dynastie des Han orientaux sous le nom d’empereur Guāngwǔ, (pinyin : Guāngwǔ Dì) leur barre la route, ils se rendent à lui. L’empereur Guāngwǔ sait alors mener une politique de pardon des rebelles, qui lui permettra de réunifier le reste de l’empire en quelques années. L’Empereur fantoche des Chìméi sera épargné et une amnistie générale proclamée. Les troupes rebelles prennent Wǎnchéng, et donnent à Liú Xuán le titre d’Empereur Gèngshĭ (Gèngshĭ Dì). Ce dernier, craignant la popularité de Liú Yǎn, le fait exécuter, tandis que son frère Liú Xiù se voit écarté de l’état major. L’Empereur Gèngshĭ et les généraux et troupes Lülín prennent Luoyang en 23, puis marchent sur Chang’an. À la capitale, Wang Mang rassemble ses courtisans pour une cérémonie où il « se plaint au Ciel » (Kū tiān dàdiǎn), lui rappelant qu’il ne doit pas l’abandonner après l’avoir choisi, et s’acharne à peaufiner les rituels. Lorsque les troupes Lülín arrivent aux portes de la ville, la jeunesse se soulève. L’empereur Wang Mang se retranche dans le palais impérial et est assassiné avec sa garde personnelle et ses courtisans, sa tête est exposée sur la place Wǎnshì. Arrivé sur le trône, la nouvelle administration Lülín, faite d’anciens paysans devenus bandits, soldats, meneurs puis administrateurs, se révèle incompétente et corrompue. Les attentes de bonne administration ne sont pas satisfaites, les régions éloignées ne se soumettent pas à la capitale, la rebellion des Sourcils Rouges (Chìméi) se réactive. Liú Xiù, missionné pour soumettre le nord du Henan en 23, y est finalement victorieux ainsi que dans le Hebei en 24, puis au Shanxi et au Shaanxi en 25. Il refuse de retourner à la capitale, consolide ses positions sur cette rive nord du fleuve Jaune et attend que les insurgés Chìméi renversent les Lülín incompétents de l’Empereur Gèngshĭ. Dès 24, les généraux loyalistes s’entredéchirent, favorisant l’avancée des 300 000 Chìméi qui prennent Chang’an en 25 avec la reddition de l’Empereur Gèngshĭ. Là encore, la paix tarde à venir tandis que les soldats Chìméi continuent à agir abusivement. Plusieurs palais sont brûlés, le pillage de villages continue, malgré les appels à l’ordre de l’Empereur fantoche (Liú Pénzĭ, 17 ans). De nouvelles révoltes anti-Chìméi démarrent. Les Chìméi, à court de vivres, envisagent une retraite vers leur Shandong d’origine. Mais cette retraite est coupée par Liú Xiù, élevé récemment par ses troupes au rang d’Empereur Guāngwǔ. Les Chìméi, épuisés, se rendent et se soumettent aux armées Liú, qui prennent à leur tour Chang’an. Le subtil Liú Xiù (désormais Empereur Guāngwǔ, (Guāngwǔ Dì) mène alors une politique éclairée de pardon et d’intégration relative des rebelles, qui lui permet de réunifier le reste de l’empire en quelques années. L’empereur fantoche des Chìméi est épargné, une amnistie générale est proclamée, les généraux et troupes rebelles sont intégrés et dissous dans ses propres troupes, mais avec des postes de complaisance peu stratégiques. Des administrateurs efficaces sont missionnés, des réformes agraires et fiscales sont entreprises. En quelques décennies, c’est une véritable renaissance pour les Hàn (Hàn dits « orientaux » ou « postérieurs ») avec un véritable âge d’or vers 100 après J.-C., les cavaliers de Bān Chāo atteignant la mer Caspienne en 97 après J.-C.

Vers le début de l’ère chrétienne, la concentration des terres, l’accroissement des impôts, le luxe et la corruption de la Cour impériale provoquèrent une série de révoltes populaires qui, après les réformes sociales d’un usurpateur, Wang-Mang, aboutit à un soulèvement armé général. C’est la révolte des Sourcils Rouges (18 après notre ère). L’état de nomadisme dans lequel étaient jetés les paysans expropriés, le paupérisme croissant de la paysannerie, maintenaient le pays dans un état d’anarchie permanent. Bandit devient synonyme de rebelle et dans cet état de décomposition du système impérial, chaque aventurier pouvait être sûr de recruter une armée et se poser en prétendant à l’empire. Après la prise de la capitale de l’empire Tchang-ngang (23 de notre ère) et la mort de Wang-Mang qui, fidèle en son origine surnaturelle, s’obstinait à implorer le Ciel pour éloigner les armées rivales, les candidats à la succession noyèrent l’insurrection dans le sang. L’empire des Han postérieur (25-220 de notre ère), après une courte période d’essor économique et culturel, connut le même processus de décomposition. La concentration et le regroupement des terres entre les mains des propriétaires fonciers prirent des proportions inouïes. Les paysans asservis cultivaient la terre pour des « maisons puissantes » qui possédaient des centaines de milliers de « mou ». La ruine de la paysannerie était telle qu’une partie des lettrés eux-mêmes demandaient la limitation de la propriété foncière. C’est dans cette atmosphère de décomposition du pouvoir impérial qu’éclata la grande insurrection populaire des Turbans Jaunes qui, par son inspiration taoïste, devait donner aux revendications paysannes un caractère de radicalisme révolutionnaire inconnu jusqu’alors. Elle dura près d’un quart de siècle et ne fut réprimée qu’au prix d’efforts incessants de la part du gouvernement central. Parallèlement éclata, dans l’ouest de la Chine, l’insurrection des Cinq Boisseaux de Riz ; elle devait donner naissance à un État d’un type nouveau fondé sur des principes moraux communautaires.

En 184, révolution des Turbans jaunes qui marque la fin de l’empire des Hans. Au printemps de l’an 184, Zhang Jiao, fondateur de la secte taoïste Taiping (« grande paix » qui régnera quand les Han seront éliminés), soulève le peuple chinois contre la dynastie Han, jugée décadente et corrompue. Les partisans de Zhang arborent sur leur front un foulard jaune (huángjīn) en signe de ralliement, ce qui donna son nom à la révolte des turbans jaunes. Assiégés, les Han lancent un appel à l’aide et ordonnent une campagne contre les Turbans jaunes qui se comptent par centaines de milliers. De puissants et célèbres généraux, tels que Yuan Shao, Cao Cao, Sun Jian et Ma Teng répondent à cet appel. De son côté, le général Lu Zhi recrute des volontaires. Parmi eux, Liu Bei, Guan Yu et Zhang Fei qui, selon l’Histoire des Trois royaumes, se jurent fraternité et s’en vont combattre les Turbans jaunes. Ils viennent en aide au général Dong Zhuo. Les frères de Zhang Jiao, Bao et Liang, sont battus par Cao Cao et Sun Jian. Le destin a voulu que Zhang Jiao meure la même année de maladie, ironie du sort pour celui qui s’appelait « le grand guérisseur ». Les Turbans Jaunes vont se dissoudre avec la mort de leur chef. Le commandant des forces impériales, He Jin, mate le reste de la rébellion. Zhang Bao et Zhang Liang sont eux aussi tués au combat. Des insurrections sporadiques persisteront néanmoins jusqu’en 192. Ce soulèvement est un des facteurs de la chute des Han.

De violentes révoltes marquèrent la fin de la dynastie des Han postérieurs. En 190, le palais de Luoyang fut pillé et incendié, les trésors et les œuvres d’art que les Han accumulaient depuis 200 ans furent détruits. La dynastie fut définitivement emportée par l’insurrection des Turbans Jaunes, qui fut un soulèvement paysan d’une très grande ampleur mené par le prophète taoïste Zhang Jiao. Ce soulèvement était dirigé contre toutes les institutions administratives et gouvernemental ; contre l’Empire Han qu’ils jugeaient corrompu. Pour réprimer le mouvement, les chefs de guerre procédèrent à la formation d’armées autonomes qui ne répondaient qu’à leurs chefs et non plus à l’empereur. Des généraux s’illustrèrent, dont Cao Cao (115-220), désireux de profiter de l’instabilité du pouvoir pour se tailler une part du royaume. À ce moment, même si le dernier empereur des Han n’avait pas encore été déposé, les chefs militaires détenaient la réalité du pouvoir. Ce fut à la fin du IIe siècle que les empereurs Han perdirent toute autorité. À la cour à Luoyang, les dirigeants se disputèrent le pouvoir jusqu’à ce que Cao Cao s’y rende à la tête de ses troupes afin de se proclamer Protecteur du trône. La Chine se fragmenta alors en unités politiques rivales dont les conflits plongèrent le pays dans une anarchie durable. Ici débuta la période des Trois Royaumes, et le commencement de nombreuses années d’instabilité politique.

Etienne Balazs dans « La bureaucratie céleste » :

« La crise sociale et la philosophie politique à la fin des Han
« (...) Nous sommes au milieu du 2ème siècle. L’immense empire des Han jouit depuis de longues années d’une paix relative, la population a presque doublé depuis la restauration, aux environs de l’ère chrétienne et les richesses s’accumulent. Mais l’accumulation même de la richesse et la différenciation des professions qui marquent le passage d’une économie naturelle vers une économie d’échange ont comme rançon une plus grande inégalité dans la distribution des revenus et le renversement des rapports sociaux traditionnels. Le signe le plus évident de ce déséquilibre est l’affaiblissement du pouvoir impérial. (...) La pointe de la pyramide hiérarchique commence à s’ébrécher, et une lutte serrée s’engage pour l’exercice du pouvoir réel. (...) Tandis que l’avant-scène retentit des querelles des diverses fractions de la classe dirigeante, toute occupée à se tailler la plus grande part des revenus et sourde aux avertissements des philosophes, le peuple des campagnes se prépare à se soulever contre l’exploitation intolérable des grands propriétaires et les exactions vexatoires des mandarins. La population agricole, c’est-à-dire la presque totalité de la nation, vivait dans une misère indicible. Le paysan libre était en train de disparaître. Constamment menacé sur son lopin par la famine, les impôts, les corvées et pressuré par de multiples demandes des fonctionnaires mal payés, ou encore menacé d’expropriation par quelque grand seigneur désireux d’agrandir son domaine, il était condamné tôt ou tard à aller rejoindre les rangs du prolétariat agricole. (...) Cette énorme masse des meurt la faim et des cul-terreux vit dans une sourde fermentation, travaillée depuis une dizaine d’années par les émissaires d’une nouvelle foi : la « Voie de la Grande Paix » taiping dao. (...) Ils ne se contentent plus d’annoncer à leurs adeptes la venue d’une nouvelle ère, celle de la prospérité, de l’âge d’or de l’égalité, car c’est le véritable sens de l’expression Taiping (...) ils les organisent en de véritables phalanstères, des communautés rustiques (...). Et ils mettent sur pied une étonnante organisation militaire en trente-six divisions qui, mises en branle le jour de l’an 184, occuperont le pays en une marche foudroyante. (...) Les turbans jaunes – c’est le nom le plus connu de la secte à cause du jaune qu’ils portent en tant que couleur symbolique de la terre - vont mettre à feu et à sang toute la Chine du Nord. De deux foyers, les régions les plus peuplées du bas Fleuve Jaune et du Sichuan, la révolte se propage comme une traînée de poudre et gagne toute la Chine (...). Les premiers actes, et combien significatifs, de cette énorme jacquerie mi-sociale mi religieuse seront de prendre d’assaut les préfectures et sous-préfectures, de tuer ou de chasser les fonctionnaires, d’en nommer d’autres, de lever des impôts et de réparer les chemins. (...) La répression est féroce, elle fait, au cours de la seule année 184, un demi million de victimes. (...) Le pays est bouleversé de fond en comble par le combat entre troupes impériales et Turbans Jaunes, battus sur un point pour se retrouver plus nombreux sur un autre. C’est l’exode des riches et des lettrés vers un coin tranquille, la fuite éperdue des vagabonds et des réfugiés : des masses humaines se déplacent dans toutes les directions. (...) Les dirigeants se ressaisissent et organisent des expéditions punitives. (...) C’est l’heure des militaires, la lutte de tous contre chacun (...) jeu sanglant de l’élimination des concurrents dans la course effrénée au pouvoir. Cette lutte durera encore pendant une génération et transformera la Chine d’un puissant empire en un vaste cimetière. »

De 617 à 623, une guerre civile se développe en Chine. La tyrannie de Yang Ti est renversée par une révolte populaire, dirigée par Li-Huan T’ang qui, aidé par son fils Tai Tsong, conquiert progressivement le pouvoir royal.

En 756, échec d’une révolte populaire contre l’Empereur en Chine.

En 764, nouvel échec d’une révolte générale en Chine.

Le IXe siècle fut jalonné de révoltes paysannes réprimées dans le sang ; au cours de la plus importante, qui dura six ans (874-880), eut lieu la prise de Canton, avec le massacre de cent vingt mille étrangers. La capitale fut sauvée in extremis grâce à l’aide des Turcs, mais la dynastie des Tang devait néanmoins sombrer en 907 dans le désordre général. La Chine allait connaître alors un nouveau morcellement (période des Cinq Dynasties) jusqu’à l’arrivée des Song.

Une révolte paysanne, d’abord victorieuse, est écrasée en Chine, vers 861.

De 874 à 883, les paysans se soulèvent contre la classe dominante. Ils conquièrent de larges fractions du territoire, y compris la capitale. Ils partagent les biens entre les pauvres. Mais, ils sont finalement écrasés par les armées de l’Empereur.

En 874, une immense révolte paysanne, dirigée par Wang Sien-tche (marchand de sel), secoue le Hebei et le Shandong. Le gouvernement impérial débordé, arme des milliers de paysans des provinces voisines pour écraser la jacquerie mais ceux-ci se joignent bientôt au soulèvement dont la puissance est telle que le commerce cesse, que le pouvoir politique commence à se disloquer...
En 875, Houang Tchao (riche contrebandier du sel) rejoint les insurgés avec sa forte bande de paysans et d’anciens contrebandiers. En 878, il prend le commandement de tous les insurgés après la mort au combat de Wang Sien-tche.

Au lieu de commencer à construire un autre pouvoir politique, il écume la Chine, de province en province, s’en prenant à tout ce qui symbolise l’éclatement de la société traditionnelle chinoise (développement des villes, du commerce, d’une couche sociale enrichie, d’étrangers...). Faute de dirigeants politiques, il s’agit plus d’une jacquerie que d’une révolution.

En 879, les colonnes de Houang Tchao prennent au Sud le port de Fuzhou puis celui de Canton. Remontant vers le Nord, elles s’emparent de Luoyang (seconde capitale impériale) le 22 décembre 880. Enfin, elles réussissent à s’emparer de la capitale principale, Chang’an (ville la plus peuplée du monde à ce moment-là). Houang Tchao se proclame alors empereur, fondant la dynastie des Tsi.
Confronté aux troupes restées fidèles aux Tang, à celles de son général félon Tchou Wen et à l’armée des Turcs shatuo de Li Keyong, Houang Tchao est battu en 883 puis se suicide en 884.

Cette immense jacquerie a profondément affaibli la dynastie Tang qui va achever son histoire culturellement brillante en 907, leur empire explosant en royaumes concurrents (période des 5 dynasties).

Houang Tchao, né à Tsaotcheou (aujourd’hui district de Hotseh, province du Chantong), dirigea une insurrection paysanne à la fin de la dynastie des Tang. En l’an 875, c’est à dire dans la deuxième année du règne de l’empereur Hsitsong, Houang Tchao, qui avait rassemblé autour de lui un grand nombre de paysans, fit écho au soulèvement dirigé par Wang Sien-tche. Quand celui-ci fut tué, ce qui subsistait de ses détachements fut réuni par Houang Tchao à ses propres forces, et il se proclama "Grand capitaine montant à l’assaut du ciel".

A la tête des forces insurrectionnelles, Houang Tchao mena deux campagnes au-delà des frontières du Chantong. Au cours de la première, il passa d’abord dans le Honan, puis dans l’Anhouei et le Houpei et retourna ensuite dans le Chantong. Dans la seconde campagne, il partit encore du Chantong pour aller dans le Honan, puis dans le Kiangsi. Traversant ensuite l’est du Tchékiang, il entra dans le Foukien et le Kouangtong, puis dans le Kouangsi, le Hounan et enfin le Houpei ; de là, il se dirigea de nouveau vers l’est et pénétra dans l’Anhouei et le Tchékiang. Puis, franchissant le Houaiho, il pénétra dans le Honan, s’empara de Louoyang, prit d’assaut la passe de Tongkouan et, finalement, s’empara de la ville de Tchangan. Houang Tchao créa alors l’empire de Tsi et se proclama empereur.

Mais à la suite de querelles intestines (son général Tchou Wen se rendit à l’empereur des Tang) et de l’offensive des troupes de Li Keh-yong, chef de la tribu des Chatos, Houang Tchao perdit Tchangan, se replia vers le Honan et enfin dans le Chantong. Finalement vaincu, Houang Tchao se suicida. La guerre qu’il avait entreprise avait duré dix ans, c’est l’une des guerres paysannes les plus célèbres dans l’histoire de Chine. Dans les chroniques officielles, dont les auteurs appartenaient aux classes dominantes, on dit de Houang Tchao qu’à cette époque "tous les gens souffrant du fardeau des impôts se ruaient vers lui". Néanmoins, Houang Tchao se limita à des opérations mobiles et ne créa aucune base d’appui tant soit peu solide. C’est pourquoi il fut qualifié de "hors-la-loi".

En 1120, dans le Zhejiang, les réquisitions pour la construction du Palais impérial ont provoqué une brève insurrection, dirigée par une société secrète bouddhique dans la lignée de l’esprit subversif taoïste. Les insurgés, mal armés, strictement végétariens et qui rendaient un culte aux démons, massacrent riches, fonctionnaires et notables. Quand leur chef fut capturé après un an de combat, ils échappèrent à la répression par des suicides collectifs.

Dix ans plus tard, en 1130 - dans la tradition taoïste des Cinq boisseaux de riz du IIe siècle -, se déclencha le soulèvement paysan, dans la région du lac Dongting, au Sud du Hounan. Les exactions des fonctionnaires, les pillages d’une armée mi-officielle mi-privée, avaient poussé à bout les paysans, dont la plupart étaient gagnés à la secte taoïste animée par Tchong Xiang. Le patriarche, magicien et chef de guerre, déclara « scélérates les lois des Song (dynastie régnante) » et proclama le fameux « niveler nobles et vilains ; égaliser riches et pauvres ». Les insurgés firent table rase des signes de l’ordre ancien, ils « incendièrent les bâtiments administratifs, les citadelles et les marchés, les pagodes et les temples, les maisons des puissants brigands, ils massacrèrent les fonctionnaires, sans épargner les lettrés jou, moines, guérisseurs, devins… », c’est-à-dire tous ceux qui leur paraissent vivre sans travailler, sans peiner pour avoir leur riz. Tchong Xiang tomba au trente-cinquième jour de l’insurrection. Ses disciples continuèrent la lutte avec plus de 400 000 fidèles, qui ébranlèrent dix-neuf districts jusqu’en 1134 avant d’être tous massacrés.

En 1127, la révolte de Fang La sonne le début de la fin de la dynastie des Song du Nord, la dynastie des Song étant définitivement écrasé par en 1271, par Kublai Khan qui se nommera nouvel empereur de Chine. De son métier, Fang La était un bûcheron. Étant un homme du sud du Yangzi Jiang, il devint frustré et irrité de voir la corruption croissante qui sévissait à la cour des Song. Cette colère était partagé par beaucoup de ses compatriotes, qui, comme lui, souffraient de la pauvreté ; aussi trouva-t-il rapidement chez eux un soutien massif. Il rassembla alors des troupes au sud du Yangzi Jiang, et en vint à menacer l’empereur du nord. Il conquit un vaste territoire au sud du Yangzi, créa sa propre cours, et se déclara empereur. La révolte de Fang La fut finalement écrasée par des armées locales, unies pour lutter contre lui par les mêmes fonctionnaires corrompus qu’il avait voulu abattre. Fang La fut ensuite capturé et tué.

De 1131 à 1311, les révoltes du Lotus blanc. Secte du lotus blanc, ou Société du lotus blanc (pinyin : báilíanjiào) désigne un ensemble assez disparate de sectes chinoises syncrétiques actives du XIVe au XXe siècle, prétendant remonter à une école bouddhiste du XIIe siècle qui connut en son temps un grand succès, l’École du lotus blanc. Interdite dès le XIVe siècle (1308 et 1331) à cause du comportement de certaines de ses branches, elle fut vite discréditée auprès des autorités et des milieux bouddhiques, mais garda une forte présence dans la population. Selon l’Encyclopédie des Ming, l’ensemble des écoles Lotus blanc aurait totalisé deux millions de membres et participé à de plus de quatre-vingts soulèvements. Sous les empereurs Qianlong et Jiaqing des Qing, une centaine d’écoles s’en seraient réclamées. Il est possible aussi que des sectes suspectes non héritières du Lotus blanc aient été incluses dans l’ensemble par les autorités. Lotus blanc n’est un autonyme que pour l’école d’origine et les sectes qui en sont issues portent chacune son nom propre, Les Huit Trigrammes (bagua) par exemple. Les mouvements de révolte étant souvent encadrés par des sectes populaires, des écoles du Lotus blanc furent impliquées dans de nombreux soulèvements au cours des trois dernières dynasties, Yuan, Ming et Qing. Parmi les plus célèbres, celle des Turbans rouges menés par Zhu Yuanzhang, qui s’empressa d’ailleurs de faire interdire le Lotus blanc une fois empereur. On peut encore citer les révoltes de Tang Sai’er au début du XVe siècle et de Xu Hongru au début du XVIIe siècle (Ming), ou la Rébellion des sectes du Sud-Ouest de la fin du XVIIIe siècle (Qing).

Les Turbans rouges (Hongjin) dans les années 1340, par leur alliance avec une autre formation d’insurgés sous la conduite d’un moine … ont contribué à l’avènement de ce dernier comme empereur fondateur de la dynastie des Ming en 1368.

Signalons un événement remarquable en 1448-1449 : les insurgés paysans s’allient aux ouvriers des mines d’argent en révolte dans la région frontière du Zhejiang et du Fukien durant la grande rébellion menée par Dong Maotsi. La répression impériale a fait un million et demi de morts.

En 1467, répression d’une révolte Miao par les Ming au Guangxi.

En 1622, échec du soulèvement des « bonnets rouges » en Chine.

En 1628-1644, révolution et guerre civile en Chine. Le peuple chinois se soulève contre l’incurie des Empereurs Ming. Sous la conduite de Li Tseu Tch’eng, il remporte la victoire, s’empare de Pékin. Mais les révoltés sont écrasés par les armées rappelées de Mandchourie. Et la Chine est conquise et dominée par les Mandchous.

Vers 1636, un ancien gardien de moutons, Li Zicheng, s’appuyant sur les petits propriétaires ruinés et des lettrés pauvres parvint à occuper toute la Chine du Nord et se proclama empereur à Xian. Il finit par être tué par des paysans. Un ancien soldat, Zhang Xianzhong, à la tête de la plèbe, fait massacrer les riches propriétaires, les notables et les fonctionnaires impériaux, libère tous les esclaves pour dettes et s’octroie le titre de roi à Chengdu. Il tombe au combat en 1646, après s’être rendu maître de la vallée du Fleuve Bleu et du Seuchuan deux ans durant. Sous le dernier règne des Mandchous, les grandes insurrections des miséreux regroupés dans la société secrète du Lotus blanc éclatèrent dans les années 1780 et ne s’éteindront qu’en 1803.

De 1851 à 1864, révolte des Taïpings. La révolte des Taiping est un soulèvement majeur qui eut lieu dans le sud, puis le centre de la Chine, entre 1851 et 1864 ; cette révolte, dont la dynastie des Qing mit près de quinze ans à venir à bout, tire son nom du royaume que les rebelles avaient fondé en Chine du sud et en Chine centrale, le Taiping Tian Guo, ou « Royaume céleste de la Grande Paix », d’où provient le nom de Tàipíng (« Grande Paix ») qui désigne cette révolte. Cette guerre civile totale est généralement considérée comme l’un des conflits les plus meurtriers de toute l’Histoire. Le fondateur du mouvement, Hong Xiuquan (1812-1864), qui avait lu des brochures religieuses remises par des missionnaires, se disait frère cadet de Jésus-Christ. Il promulgua une réforme agraire après la prise de Nankin en 1853, dans laquelle il instituait de profondes réformes sociales telles que l’égalité des sexes, accompagnées toutefois d’une stricte séparation entre les hommes et les femmes. Cette réforme s’accompagnait de mesures révolutionnaires : la propriété foncière privée était abolie ; nourriture, vêtements et autres biens de consommation courante étaient mis en commun dans des entrepôts publics, et distribués à la population selon leurs besoins par leurs chefs militaires ; l’opium, le tabac et l’alcool étaient désormais interdits. La figure emblématique de cette révolte est le chef des Taiping, Hong Xiuquan (1813-1864), Hakka originaire de la classe sociale paysanne. Le nom qu’il avait reçu à la naissance était Hong Huoxiu, qu’il changera après avoir eu ses visions en 1837. En 1836, il rencontre un étranger barbu, un missionnaire (probablement Edwin Stevens) dont l’interprète, un cantonnais chrétien du nom de Liang Afa, lui remet neuf fascicules, intitulés « Bonnes Paroles pour exhorter notre époque » (Quanshi liangyan) qu’il avait lui-même rédigés sur la foi chrétienne. Hong Xiuquan ne les lit pas, mais les conserve. Après son troisième échec aux examens de la fonction publique de la Chine impériale, en 1837, il tombe gravement malade, et est pris de délires ; il a des visions, qu’il ne sait pas interpréter. Après son quatrième et ultime échec au shengyuan, en 1843, le premier degré des examens d’entrée dans la fonction publique (le fait d’y réussir lui aurait conféré le statut de lettré, et lui aurait permis de percevoir une subsistance régulière de la part du pouvoir), Hong Xiuquan, aigri par son insuccès, lit enfin les brochures qui lui avaient été données en 1836, et donne d’un coup un sens aux visions qu’il avait eu en 1837. Pour lui, elles signifient qu’il est en réalité le deuxième fils du Dieu de la religion chrétienne et qu’il a pour mission de combattre la domination du mal, qu’il n’identifie que beaucoup plus tard, à la fin de 1849, comme étant la dynastie mandchoue des Qing. À la fin de 1844, l’un de ses tout premiers disciples, Feng Yunshan, commence à prêcher, et crée le Bai Shangdi Hui, la « Société des adorateurs de Dieu », qui faisait la synthèse de l’Ancien Testament et des traditions des sociétés secrètes chinoises, obtenant ainsi l’adhésion des minorités Hakka, Zhuang et Yao de la province du Guangxi, en Chine du Sud. En effet, dans les années 1840 et au début des années 1850, le Guangxi était secoué par des famines, des émeutes, de la contrebande, et l’ensemble de la province était quadrillé par de nombreuses sociétés secrètes ; un clivage social se rajoutait aux différences ethniques entre les populations Han et les minorités locales. L’éloignement de Pékin, la capitale, faisait du Guangxi un lieu propice à la révolte. Peu à peu se rassemblent dans la Société des adorateurs de Dieu de nombreux arrivants d’humble extraction, et, en particulier, des mineurs travaillant dans les mines d’argent de la Montagne du Chardon, dans la région de Yong’an, au sud de Guilin. À l’automne de 1847, Hong Xiuquan et Feng Yunshan vivent dans la Montagne du Chardon, et écrivent des textes sur leur nouvelle religion. En 1848, le groupe compte deux nouveaux membres qui jouent un rôle important : tout d’abord Yang Xiuqing (le futur roi de l’Est), un Hakka comme Hong Xiuquan, qui est pris de transes à la fin du printemps 1848 et devient alors le « porte-parole de Dieu le Père » ; et Xiao Chaogui (le futur roi de l’Ouest), un paysan qui, de son côté, devient le « porte-parole de Jésus ». En novembre 1849 enfin, la femme de Hong Xiuquan accouche de son fils, Tiangui Fu, à qui il abandonnera le trône du Royaume céleste peu avant la catastrophe finale.

1889-1901, révolte des Boxers en Chine. Un soulèvement du peuple chinois contre la domination étrangère est écrasé par les troupes américaines, anglaises, japonaises et européennes. La Révolte des Boxers ou Révolte des Boxeurs, ou Guerre des Boxers fut une révolte, fomentée par les Poings de la justice et de la concorde, société secrète dont le symbole était un poing fermé, d’où le surnom de Boxers donné à ses membres en Occident et qui se déroula en Chine, entre 1899 et 1901. Ce mouvement, initialement opposé à la fois aux réformes, aux étrangers et à la dynastie mandchoue des Qing qui gouvernait alors la Chine, fut utilisé par l’impératrice Cixi contre les seuls étrangers, conduisant à partir du 20 juin 1900 au siège des légations étrangères présentes à Pékin. Les Boxers sortirent de l’ombre en mars 1898, prêchant ouvertement dans les rues sous le slogan « Renversons les Qing, détruisons les étrangers ». Après un dernier accrochage avec les troupes impériales en octobre 1899, l’activité des Boxers se concentra contre les missionnaires et leurs convertis, considérés comme des agents à la solde des « diables étrangers ». Les Boxers détruisirent des lignes télégraphiques et des voies ferrées, mirent à sac les églises catholiques, tuant des missionnaires et des religieuses, et massacrant des Chinois convertis. La cour impériale était divisée au sujet des Boxers. Yu-Hsien, renvoyé de son poste au Shandong sous la pression des occidentaux et remplacé par Yuan Shikai, se rendit à la cour et convainquit plusieurs membres de l’entourage de l’impératrice douairière Cixi, dont le Prince Duan, le Prince Chuang et le général Kang-i, d’apporter leur soutien au mouvement. La faction la plus conservatrice du système impérial Qing décida d’utiliser les Boxers comme une arme contre les puissances étrangères, malgré la vive opposition de Yu Lu, vice-roi du Shandong, et de Yuan Shikai.

En janvier 1900, un édit de l’impératrice reconnut les sociétés secrètes. À partir de mai 1900, la cour impériale organisa des groupes de Boxers en milices à Pékin. Les princes Duan et Chuang, et le général Kang-i, furent officiellement nommés à la tête des groupes de Boxers présents dans la capitale.

Le 7 juin 1900, des troupes de Boxers commencèrent à arriver en masse à Pékin. La sécurité de la capitale était désormais assurée par le Prince Duan et les forces armées impériales n’intervinrent donc pas pour les arrêter. Dans les jours suivants, près de 450 hommes de troupes occidentaux pénétrèrent dans la capitale chinoise pour protéger les délégations étrangères. La révolte atteignit son paroxysme : les insurgés étaient désormais soutenus ouvertement par des éléments de l’armée et changèrent leur slogan en « Soutenons les Qing, détruisons les étrangers ». C’est l’épisode des « 55 jours de Pékin », qui se termina par la victoire des huit nations alliées contre la Chine (Autriche-Hongrie, France, Allemagne, Italie, Japon, Russie, Royaume-Uni et États-Unis). Venant après la guerre sino-japonaise de 1894-1895, que la Chine avait perdue, cette nouvelle défaite est une étape supplémentaire dans le combat qui oppose conservatisme et réformisme dans la Chine du XIXe siècle, et qui se terminera par la chute de la dynastie Qing en 1912.

Entre 1895 et 1911 les différentes sociétés secrètes mènent de nombreux soulèvements armés, qui échouent sans pour autant décourager les révolutionnaires.

Ces mouvements insurrectionnels ne visent pas à uniquement à réformer le pays mais à changer l’ordre social et à fonder une république, garantissant notamment les droits de la majorité han jusque-là dominée par la minorité mandchoue. Ces mouvements ont lieu dans le sud du pays où existent beaucoup de sociétés secrètes, qui aident les révolutionnaires, ainsi qu’à Hong Kong, un lieu de passage qui permet des contacts avec l’extérieur.

En 1905, des notables décident de construire avec leur propres fonds des voies de chemin de fer en Chine ; or en mai 1911 les autorités impériales sous l’impulsion du ministre Sheng Xuanhuai décrètent la nationalisation des voies de chemin de fer, les puissances étrangères voyant d’un mauvais œil l’influence du milieu des notables nationalistes. Les indemnités proposés aux notables chinois leur paraissent insuffisantes : ils créent des comités de défense notamment au Sichuan. Une ligue pour la protection des chemins de fer est créée, mais ses manifestations entrainent l’arrestation de ses dirigeants, suivie de manifestations pour réclamer la libération de ces derniers. La répression des manifestations cause plusieurs victimes, radicalisant la contestation. Les sympathies révolutionnaires gagnent la nouvelle armée du Hubei, un tiers environ de ses 15 000 hommes soutenant les républicains. En mai 1911, la nomination d’un nouveau gouvernement, dirigé par le prince Yikuang et composé d’une forte majorité de mandchous, est perçu comme une provocation. À cette forte tension politique s’ajoute le désastre naturel causé par la crue du Yangtsé en juillet, qui cause environ 100 000 victimes sans que le gouvernement impérial n’apporte de réponse à la hauteur. Pour les Chinois, les catastrophes naturelles sont le signe que l’Empereur a perdu le mandat du ciel.

Dans une caserne de Wuchang -un quartier de Wuhan-, le 10 octobre, des militaires de l’armée du Hubei s’insurgent et déclenchent un soulèvement armé. Le gouvernement impérial tarde à réagir et, dès le lendemain, la ville est contrôlée par les insurgés. Ils proclament la sécession de la province sous l’égide d’un gouvernement républicain, dirigé par le général Li Yuanhong, qui appelle à l’insurrection les autres provinces.

Plusieurs provinces Chinoises proclament leur indépendance dans les semaines qui suivent : le 22 octobre, une troupe de révolutionnaires comptant des soldats de l’armée du Hubei marche sur Changsha et prend la ville, tuant le gouverneur du régime Qing. Le même jour, des membres du Tongmenghui lancent une insurrection à Xi’an et achèvent de prendre le contrôle de la ville le 23. Toujours le 23, le Tongmengui, mené notamment par Lin Sen, emmène un soulèvement des troupes du Jiangxi : un gouvernement militaire est proclamé à Jiujiang. Le 29, une insurrection armée, comptant Yan Xishan parmi ses leaders, éclate à Taiyuan : le gouverneur du Shanxi est tué et la province déclare à son tour son indépendance. Le 30, après la prise de Kunming, Cai E devient le chef du gouvernement militaire du Yunan. Le 31, Nanchang est prise à son tour par le Tongmenghui.
La cour impériale réagit en nommant le 14 octobre le général Yuan Shikai à la tête du gouvernement. L’armée de Beiyang est envoyée pour affronter les insurgés. Elle prend Hankou -un quartier de Wuhan. Mais dès le 2 novembre, Yuan Shikai, ne croyant plus à l’avenir de la dynastie Qing, déconsidérée depuis la guerre des Boxers et sans appui de l’étranger, entame des négociations secrètes avec les révolutionnaires. Le 9 novembre, Huang Xing prend contact avec Yuan et lui propose la tête de l’État.

Le 3 novembre, l’insurrection éclate à Shanghai, le gouvernement militaire étant proclamé dans la ville cinq jours plus tard. Le 4, la révolte gagne le Guizhou. Le 5, le gouverneur du Jiangsu, Cheng De, est amené par les insurgés à déclarer l’indépendance de la province. Le 6, c’est le tour du Guangxi et le 9, celui du Fujian, où le vice-roi Song Shou se suicide. Toujours le 9, l’indépendance du Guangdong est déclarée, Hu Hanmin prenant la tête du gouvernement de la province. À la fin novembre, le Sichuan tombe à son tour. Le même jour, Li Yuanhong télégraphie à tous les gouverneurs insurgés pour leur proposer de tenir une conférence à Wuchang et de fonder un nouveau gouvernement central. La conférence débute le 30 novembre, les délégués s’accordant finalement pour établir un gouvernement provisoire. Le 2 décembre, les révolutionnaires prennent Nankin. Entretemps, la Mongolie extérieure profite de la situation pour déclarer son indépendance le 1er décembre, établissant le khanat de Mongolie autonome : le Tibet expulsera à son tour les autorités chinoises en 1912, pour proclamer sa souveraineté l’année suivante.

Le 3 décembre, les troupes de Yuan Shikai s’accordent sur un cessez-le-feu avec les révolutionnaires et entame des négociations de paix.
Le 11, les délégués de dix-sept provinces, venus de Shanghai et Hankou, se réunissent dans la ville et parlementent à nouveau, s’accordant sur l’élection d’un président provisoire. Un nouveau drapeau national est choisi : certains réclament le choix du drapeau bleu à soleil blanc, emblème du Tongmenghui, mais le choix se porte finalement sur le drapeau à cinq couleurs, symbole de l’union de toutes les ethnies chinoises, qui contrebalance la tonalité jusque-là anti-mandchous de l’insurrection contre la Dynastie Qing. Un compromis est adopté, le drapeau au ciel bleu à soleil blanc devenant l’enseigne de vaisseau de la République. L’élection du président est repoussée, les insurgés apprenant que Yuan Shikai est prêt à les soutenir et décidant d’attendre sa décision.

Le 25 décembre, Sun Yat-sen, jusque-là en exil, arrive à Shanghai : du fait de son prestige, les révolutionnaires lui proposent d’assumer la présidence. L’élection a lieu le 29 décembre à Nankin, en présence de 45 délégués représentant 17 provinces. Recevant les suffrages de 16 provinces sur 17, Sun Yat-sen est élu président.

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La lutte des classes dans la révolution chinoise, Victor Serge

samedi 28 novembre 2009, par Robert Paris

La lutte des classes dans la révolution chinoise Victor Serge fin avril 1927

Voici des années que la révolution chinoise grandit sur notre horizon. Les récents événements de Shanghai posent brutalement, devant la classe ouvrière internationale, les problèmes de la lutte des classes au sein de cette grande révolution, trop souvent considérée jusqu’à présent comme essentiellement nationale, bourgeoise. Que s’est-il passé là-bas ? Ceci : le 21-22 mars, une insurrection ouvrière, à la tête de laquelle se trouvaient les Syndicats et quelques poignées de valeureux militants communistes, s’emparait, après une sévère bataille de rues livrées aux troupes de la réaction nordiste, de la vraie capitale industrielle et commerciale de la Chine, Shanghai. Le prolétariat accomplit cet exploit sous les gueules des canons anglais, français, américains, japonais, italiens (j’en passe). Moins d’un mois après, les 13-14 avril, le généralissime commandant les armées nationalistes-révolutionnaires du " Kuomintang " faisait traîtreusement désarmer et mitrailler ce prolétariat, vaincu, jugulé, en une nuit, par ses alliés officiels. Et ce mauvais coup prévu et annoncé depuis de longues semaines par la presse bourgeoise de tous les pays, était pour les militants ouvriers communistes de tous les pays, une douloureuse, une effroyable surprise... Déplorons d’abord la désolante faiblesse de notre information sur la révolution chinoise. Que savons-nous de ses luttes intérieures, des crises sociales qui provoquent de ces dénouements ? En somme : rien. L’intérêt du communisme international exigerait une information autrement attentive, complète et vivante, rendue possible par l’exigence en Chine des agences soviétiques. Mais dans l’U.R.S.S. même, cette information, beaucoup meilleure que dans tous les pays capitalistes, demeure, il faut bien le constater, très au-dessous de ce qu’elle pourrait et devrait être. Espérons qu’il sera promptement remédié à ce mal désormais incontestable.

Je ne puis songer à poser dans ces notes, forcément hâtives, l’immense problème de la révolution chinoise. Le prochain Exécutif élargi de l’I.C. l’étudiera sans nul doute. Il me semble utile d’en exposer, à la veille de ces assises de notre parti international, quelques données, quelques aspects sur lesquels l’attention des militants n’a guère porté jusqu’à présent. C’est là toute mon ambition. Les " forces motrices " d’une révolution

On s’accorde à reconnaître à la révolution chinoise le caractère d’une révolution bourgeoise, nationale, anti-impérialiste. L’asservissement économique de la Chine aux puissances étrangères est devenu un obstacle au développement de la bourgeoisie nationale. Les grandes industries, les transports, les établissements financiers, les douanes du pays sont entre les mains des étrangers ; la bourgeoisie nationale se sent frustrée d’autant et ne peut, dans ces conditions constituer l’État solide dont elle a besoin. La jeune industrie chinoise ne peut s’assurer aucune protection douanière contre la concurrence étrangère. Les compétitions armées des généraux à la solde des puissances contribuent aussi à empêcher la création de l’État moderne, centralisé, policé, bien administré, nécessaire au bon développement des affaires... De là, les objectifs de la révolution nationale, tels que les entend la bourgeoisie chinoise : abrogation des vieux traités d’asservissement, indépendance et unité nationale, création d’un gouvernement central, ferme, ordonné, éclairé, que l’on concevrait volontiers sur le modèle américain (avec, toutefois, pour mieux tenir le prolétariat en respect, un président galonné à poigne...).

Mais la bourgeoisie chinoise est trop faible, trop peu nombreuse, trop impopulaire pour diriger la révolution qu’elle compte spolier d’une partie de ses fruits pour organiser le pays au lendemain de victoires payées du sang des classes laborieuses, et s’entendre avec les bourgeoisies impérialistes. Quelles sont les forces motrices réelles de la révolution ?

D’abord, le prolétariat (3 à 4 millions d’hommes), outrageusement exploité par les capitalistes étrangers et indigènes, le prolétariat organisé, intelligent, mûri dans les luttes des dernières années, le prolétariat dont le sang a coulé à flots, et qui a remporté aussi de mémorables victoires – à Canton, à Hankéou, à Hong-Kong, à Shanghai’, à Tientsin...

Puis, alliées naturelles du prolétariat, des masses paysannes – des centaines de millions d’hommes qui sont parmi les plus misérables des habitants de la planète – vivant de la culture intensive et pourtant primitive d’infimes parcelles de terre, exploitées par le grand propriétaire, le locataire au premier degré (le sol est souvent sous-loué), l’usurier, le chef militaire, le bureaucrate, le commerçant. Le système des douanes intérieures, résultat de la mainmise de l’étranger sur les douanes extérieures, est pour le paysan chinois, une terrible cause de misère ; les généraux lui imposent la conscription, l’entretien des troupes, des prélèvements arbitraires d’impôts. La misère des masses paysannes est telle que, d’après des enquêteurs étrangers, leur revenu coutumier est très sensiblement inférieur au coût minimum de l’existence... De sorte que leur existence même pose un constant problème attestant un record d’endurance animale. Des couches entières de la population rurale sont littéralement réduites à l’animalité. Que faut-il aux paysans chinois pour qu’ils puissent redevenir des hommes ? La fin du régime des féodaux – généraux, propriétaires fonciers – et des usuriers entretenus par les rivalités impérialistes ; l’unité du pays, une bonne organisation administrative, une fiscalité équitable. On voit que ces revendications minima coïncidentes avec celles de la révolution nationale bourgeoise – et la dépassent, puisque ne se bornant pas à l’abolition des vestiges de la féodalité, elles portent atteinte à la propriété des usuriers capitalistes.

L’industrialisation du pays, bien que très ralentie depuis dix ans, accule de plus en plus les artisans, très nombreux, à la misère ; elle les prolétarise. La misère des campagnes et les guerres intérieures incessantes sont des fléaux pour le petit commerce. Les intellectuels – étudiants, lettrés, gens de professions libérales -, assez nombreux élèvent à la conscience les plaintes et les aspirations des classes moyennes. Ils fournissent au mouvement révolutionnaire ses chefs et ses cadres.

Un exposé aussi sommaire concernant des classes sociales aussi variées, divisées et subdivisées en milieux très différents dans un pays vaste comme un continent, d’une structure économique extrêmement composite, ne peut être que déplorablement schématique. Tel quel, il autorise néanmoins quelques déductions.

Les intérêts essentiels de ces diverses classes les dressent en ce moment contre l’impérialisme. Ils n’en demeurent pas moins antagoniques par ailleurs et doivent même entrer en conflit sur la façon de finir la révolution nationale et d’en organiser le lendemain. Quel bénéfice en retireront les ouvriers ? Jusqu’où y pousseront-ils leurs conquêtes ? Jusqu’où ira la révolution agraire que le prolétariat seul peut guider et soutenir ? Ces questions sont vitales pour toutes les classes en présence.

La bourgeoisie et les couches supérieures de la petite bourgeoisie (commerçante, intellectuelle), représentent dans ces conditions une redoutable capacité de trahison et de réaction, en même temps qu’un facteur de modération dans l’élan révolutionnaire et de compromis avec l’étranger. (La bourgeoisie chinoise s’accommoderait sans doute volontiers d’une pénétration économique des capitaux étrangers " invisible ", délicate, respectueuse de ses " intérêts nationaux ", analogue en un mot à celle des capitaux français, anglais, allemands et belges en Russie de 1890 à 1914). Mais ni les prolétaires, ni les artisans, ni les paysans pauvres – et ils sont la masse – ne peuvent se contenter d’une révolution modérée, qui s’arrêterait, saisie d’un pieux respect, devant la grande propriété industrielle, les coffres-forts et les cadastres... Et ce profond conflit d’intérêts nous confirme que les seules classes révolutionnaires capables d’assurer la victoire de la révolution nationale sur les survivances féodales de l’intérieur et l’impérialisme étranger sont précisément les classes laborieuses qui ne peuvent pas, non plus, achever la révolution bourgeoise, démocratique, sans la dépasser et s’orienter vers le socialisme avec d’autant plus de force que les trahisons, les tentatives de réaction, les complots de la bourgeoisie avec l’étranger, la guerre même, peuvent nécessiter des ripostes difficiles à prévoir...

En un mot, la bourgeoisie ne peut pas accepter l’hégémonie du prolétariat dans la révolution nationale ; or, cette hégémonie est la condition de la victoire de cette révolution et, du coup, de son acheminement vers le socialisme. Ou la révolution nationale, étranglée par la bourgeoisie nationale, avortera et tout sera à recommencer dans quelques années, ou elle vaincra, guidée par le prolétariat soutenu des classes moyennes des villes et des masses paysannes pauvres ; mais elle ne pourra plus, en ce cas, se borner à la réalisation du programme démocratique de la bourgeoisie radicale, même tel que le formula Sun-Yat-Sen, elle ira plus loin, elle ira vers le socialisme à l’exemple de la révolution russe et avec l’appui du prolétariat international. Il n’y a plus, du reste, à notre époque, des limites nettement tracées entre une révolution bourgeoise et une révolution socialiste : il n’y a que des questions de force et de conscience de classe. Les débuts de la révolution paysanne

L’histoire intérieure de la révolution chinoise est – naturellement – dominée par la lutte des classes. Dès 1922, Sun-Yat-Sen, alors soumis à l’influence américaine, ne peut se maintenir au pouvoir à Canton que grâce aux ouvriers qui imposent aux commerçants l’acceptation des billets émis par la banque gouvernementale. Mais les grèves mettent aux prises prolétaires et leaders du "Kuomintang ". Sun-Yat-Sen entreprend de réglementer le mouvement ouvrier, exige que les Congrès soient soumis à l’autorisation du gouvernement, etc. Le fossé se creuse entre le " Kuomintang " et la classe ouvrière cantonaise. Celle-ci ne comprend pas l’alliance de Sun-Yat-Sen avec Tchang-Tso-Lin contre Ou-Peï-Fou, alors maître de la Chine centrale. Le chef de la police Haï-Ho-Ping, couvert par Sun-Yat-Sen, réprime à Canton le mouvement ouvrier qui ne réagit pas quand l’armée du démagogue réactionnaire Tchen-Gou-Ming chasse Sun-Yat-Sen du pouvoir (15 et 16 juin 1922).

De cette pénible expérience date l’évolution de Sun-Yat-Sen, à gauche. Sa pensée, jusqu’alors attachée aux idées wilsoniennes, s’oriente désormais vers Lénine. Le vieux révolutionnaire infatigable va initier une nouvelle et féconde politique de rapprochement du " Kuomintang " avec les masses laborieuses et avec la République des Soviets, d’alliance avec les communistes, d’appui aux masses paysannes contre les féodaux et les propriétaires fonciers. L’année suivante (1923), Sun rencontre à Shanghai l’ambassadeur des Soviets en Chine, Ioffé. Il redevient peu après le chef du gouvernement de Canton. Ses dernières pensées à son lit de mort – il mourut à Pékin en mars 1925 – salueront la révolution russe.

La capitale du Sud reste cependant l’arène d’incessantes luttes sociales aggravées par les conflits armés qui mettent aux prises, dans les provinces voisines, les paysans et les propriétaires fonciers. Fin 1923, la lutte se polarise entre l’organisation contre-révolutionnaire du gros négoce et du patronat, les Tigres de Papier et la classe ouvrière, le petit peuple des artisans. En janvier 1924, les Tigres égorgent le leader des travailleurs du riz ; ils s’opposent bientôt après – par les armes – à la mise en circulation des billets émis par Sun-Yat-Sen ; ils tirent, le 1er mai, sur des manifestations. En mai juin, leur Congrès mobilise à Canton 15.000 hommes. Le commerce et la finance britannique de Hong-Kong, les étrangers de Shamin – le quartier des Concessions de Canton – leur accordent une protection officielle. Ils se préparent à la prise du pouvoir. Sun-Yat-Sen, louvoyant toujours, leur offre au nom du " Kuomintang " une bannière de soie (fin juin). Cela ne l’empêche pas de faire saisir leurs armes ; les commerçants en obtiennent par une grève la restitution. Les Tigres s’en servent aussitôt. Ils tirent sur des manifestations populaires, tentent un coup de force et sont battus, le 14-17 octobre, grâce à l’appui prêté au gouvernement du " Kuomintang " par le prolétariat et le bon peuple. Le général Tchen-Dziou-Min " entre en campagne afin de délivrer Canton du bolchévisme ". Une période de troubles, de conspirations militaires, de trahisons confuses s’ouvre. En mai (1925), la situation est si critique que le gouvernement doit se réfugier à l’école militaire de Wampou. Le mouvement ouvrier déploie sa force dans les grèves de Shamin et de Canton, signalées, le 23 juin, par la fusillade de Shamin où les Britanniques couchent sur le pavé, au seuil des concessions étrangères, 57 morts et plus de 200 blessés... Le gouvernement du " Kuomintang " est pris entre le mouvement ouvrier et paysan et la contre-révolution. Il doit choisir. (Juan Tin-Oueï et Liao Tchoun-Kaï (ce dernier sera assassiné le 20 août 1925) font une politique populaire, de gauche. Aidés de conseillers russes, ils réorganisent l’armée, y forment des sections d’enseignement politique et de propagande ; l’école de guerre de Wampou est conçue sur le modèle des écoles de guerre de l’armée rouge ; la Chine, pays des armées de mercenaires, sans foi ni loi, voit naître une armée dont la force sera dans sa conviction, dans sa conscience, dans sa discipline morale, dans son intelligence.

Plus encore que le mouvement ouvrier et que les agressions de la contre-révolution, c’est le commencement de la révolution agraire qui met le " Kuomintang " en demeure d’opter entre la réaction et la révolution. Quelques données permettront de juger de la misère du paysan chinois. L’enquêteur américain Taylor fixe à un revenu minimum de 187 dollars mexicains par an le niveau d’existence au-dessous duquel commence pour le paysan chinois la misère. Or, 41 % des familles de paysans étudiées ont un revenu inférieur à... 40 dollars l’an. " L’existence des gens de cette classe exige une telle tension des forces que la lutte pour la pitance quotidienne tue les germes de tout développement intellectuel, spirituel et même physique ", écrit un autre étranger, M. Dittmer. Ces enquêteurs ont étudié la Chine septentrionale ; mais telle est la situation dans l’immense pays. Les masses paysannes y sont acculées à la dégénérescence, à l’animalité – ou à la révolte. Tout ce qu’il y a d’énergique en elles se révolte – le " banditisme " prospère.

En 1925-1927 : Révolution prolétarienne en Chine désarmée par Staline et écrasée par Tchang Kaï Tchek.

Problèmes de la révolution chinoise en 1925

La révolution chinoise de 1927

La révolution chinoise en 1929

Sur le mouvement de Mao en 1930

Sur le mouvement de Mao en 1932

Histoire de la Chine de 1911 à 1949

Ce qu’a signifié la prise de pouvoir de Mao, pas du tout la prise de pouvoir des paysans chinois en armes

Ce que représente Mao

La Chine : de Tiananmen à nos jours

Les premières révolutions paysannes contre les empires de Chine

The Tragedy of the Chinese Revolution

The permanent revolution in China

The chinese revolution, Leon Trotsky

Le pouvoir chinois du maoïsme à aujourd’hui

Wukan, village symbole de la révolte actuelle des paysans chinois

Messages

  • « L’expérience historique montre que la paysannerie est absolument incapable d’assumer un rôle politique indépendant. L’histoire du capitalisme est l’histoire de la subordination de la campagne à la ville. Le développement industriel des villes européennes, parvenu à un stade déterminé, a rendu impossible la persistance des rapports féodaux dans l’agriculture. Mais la campagne elle-même n’a jamais produit une classe susceptible d’entreprendre la tâche révolutionnaire d’abolir la féodalité. La même ville, qui subordonnait l’agriculture au capital, a engendré une force révolutionnaire qui a conquis l’hégémonie politique sur la campagne, et a étendu à la campagne la révolution dans l’état et dans les rapports de propriété. Et, l’histoire poursuivant son cours, la campagne est finalement tombée dans l’esclavage économique du capital, et la paysannerie dans l’esclavage politique des partis capitalistes. léon trostky

  • A Canton, au début de 1926, la quasi-totalité du pouvoir était de fait passé aux mains du comité de grève de la grève-boycott de Hong-Kong, qui, depuis juin 1925, organisait les travailleurs, disposait de milices armées et rendait même la justice. Dirigée par des militants communistes, cette structure comparable aux soviets de 1917 était néanmoins paralysée par les consignes de l’IC de ne pas remettre en cause la direction de la révolution par le Kuomintang et la « bourgeoisie progressiste ». Cette situation de double pouvoir, d’un coté la direction du Kuomintang essayant de reprendre la main, de l’autre la classe ouvrière organisée ne sachant pas que faire de ce pouvoir, ne pouvait durer bien longtemps sans que la balance ne finisse par pencher d’un coté ou de l’autre. C’est Tchang Kaï-chek qui prit l’initiative, le 20 mars 1926, d’un coup de force contre les piquets de grève de Canton. S’appuyant sur les cadets de l’académie militaire de Huang Pu, fils de la petite bourgeoisie formés par des conseillers soviétiques, Tchang Kaï-chek proclama la loi martiale, fit désarmer les piquets de grève, disperser les tribunaux populaires et arrêter les communistes qui dirigeaient la grève. Ce premier coup de poing contre les communistes était pour Tchang et la droite du Kuomintang l’occasion de tâter la résistance du PCC. Ce qu’ils virent leur plut : les communistes ne réagirent pas, paralysés par les consignes d’apaisement données par la direction de l’IC tandis que celle-ci démentait même la nouvelle et réaffirmait son soutien à Tchang Kaï-chek et au Kuomintang. Ayant ainsi assuré son pouvoir sans coup férir, la direction du Kuomintang se sentait assez forte pour expulser les communistes de tous les postes de direction qu’ils détenaient. Le 15 mai, lorsque cela fut rendu officiel par l’exécutif du Kuomintang, les communistes ne résistèrent pas plus que lors du coup de force du 20 mars.

    En juillet de la même année, ayant réduit les communistes à l’obéissance, Tchang Kaï-chek lança enfin la grande offensive militaire contre les seigneurs de la guerre. Prévue depuis longtemps, elle avait pour but de marcher jusqu’à Beijing pour écraser les seigneurs de la guerre du Nord et restaurer la république sur l’ensemble du territoire chinois. « L’expédition du Nord », débutée le 7 juillet 1926, avança sans problème dans les territoires tenus par les féodaux, elle était précédée par une marée d’insurrections paysannes. Partout, les paysans pauvres se soulevaient contre les propriétaires et les exploiteurs et réalisaient directement la réforme agraire qui était promise par la propagande du Kuomintang. Ce qui ne faisait pas les affaires de la direction nationaliste, représentante de la bourgeoisie nationale qui était liée par une multitude de canaux aux propriétaires féodaux et à leur système. En de nombreux endroits, des unités de l’ARN ayant chassé les seigneurs de la guerre grâce aux paysans insurgés continuaient à avancer vers le front et étaient remplacés à l’arrière par des unités fidèles à la direction, composées de petits-bourgeois, qui annulaient les redistributions de terre, dispersaient les comités de paysans pauvres et fusillaient les récalcitrants. Malgré tout, l’avance de l’ARN déclencha une gigantesque vague de soulèvements paysans qui, souvent, ne put être domptée par le Kuomintang, même avec l’aide des communistes qui, par endroits, avancèrent des mots d’ordre de patience, expliquant que la réforme agraire devait être faite dans le cadre des lois du Kuomintang.

    Alors que les incendies de la révolution paysanne se répandaient dans les campagnes du sud de la Chine, l’armée du Kuomintang approchait de Shanghai, balayant devant les armées démoralisées et désorganisées des seigneurs de la guerre. La prise de Shanghai, la plus grande métropole de Chine regroupant à elle seule la moitié des ouvriers d’usine du pays, représentait pour les communistes un atout de premier plan dans la poursuite de la révolution. Des milliers de travailleurs avaient rejoint le PC à Shanghai, malgré la clandestinité et la répression des seigneurs de la guerre et des impérialistes de la concession internationale, et représentaient un réservoir suffisant pour créer une « armée rouge chinoise ». Le port de Shanghai aurait servi de déversoir pour les hypothétiques livraisons d’armes et de matériel venant d’URSS pour armer la classe ouvrière. Les communistes de Shanghai, comptant une avance rapide de l’ARN vers la ville, lancèrent une première insurrection contre les seigneurs de la guerre en février 1927. Celle-ci, malgré tout son héroïsme, fut un échec sanglant. L’ARN avait en effet stoppé son avance, les généraux nationalistes comptant sur les seigneurs de la guerre pour liquider les communistes avant leur arrivée. Malgré cet échec, le PC se réorganise et relance une insurrection le 21 mars. Mieux organisée, celle-ci est victorieuse et ouvre la ville aux troupes de Tchang Kaï-chek qui, craignant de voir la ville tomber aux mains des communistes, se sont remises en marche.

    A partir de la prise de Shanghai, tout s’accélère. Tchang Kaï-chek prend contact avec les représentants des puissances impérialistes pour négocier leur soutien s’il combat ses alliés communistes. Dans les campagnes, des troupes nationalistes, composées pour la plupart de soldats des seigneurs de la guerre passés à l’ARN lors des campagnes récentes, écrasent les paysans révoltés et tirent même sur des grévistes. Les chefs communistes, inquiets des préparatifs de putsch de Tchang, préviennent Moscou, soutenus sur ce point par les délégués de l’IC en Chine, qui envoient dès le mois de mars un rapport avertissant que Tchang et la direction du Kuomintang s’éloignent de la révolution et se rapprochent des impérialistes [8]. Trotsky écrit lui aussi une lettre à la direction stalinienne de l’IC pour dénoncer le risque d’un coup d’état de Tchang et réclamer l’indépendance du PCC vis-à-vis du Kuomintang. En réponse, Staline, le 5 avril, affirme qu’un coup d’état est « impossible » de la part de Tchang et que les communistes doivent se soumettre à la discipline du Kuomintang qui vient de demander le désarmement des milices ouvrières de Shanghai.

    Une semaine plus tard, le 12 avril 1927, les troupes de Tchang Kaï-chek, appuyé par les seigneurs de la guerre attaquent les syndicats et toutes les organisations ouvrières de Shanghai. Des milliers de communistes ou de sympathisants sont exécutés, certains sont même brûlés vifs dans des chaudières de locomotive. La réponse de l’IC à ce massacre arrive le lendemain sous la forme d’un télégramme demandant à Tchang de ne pas prendre « d’initiative unilatérale ». Pendant ce temps, les communistes sont pourchassés et massacrés partout par les troupes de Tchang qui attaquent même l’ambassade soviétique.

    Le 21 avril, face aux piles de cadavres qui s’amoncellent dans les rues de Shanghai et de Canton, Staline reconnaît la « trahison de Tchang Kaï-chek », mais affirme que les événements ont confirmé la justesse de la ligne de l’IC. Le PCC est sommé de s’allier au Kuomintang de gauche, qui regroupe les membres de la direction du Kuomintang non communistes mais opposés à Tchang. Trotsky condamne cette politique, appelle à nouveau à l’indépendance du PCC et prédit une réconciliation prochaine entre Tchang et le soi-disant « Kuomintang de gauche ». Celui-ci, après avoir interdit les grèves et fait massacrer des syndicalistes, se ralliera à Tchang Kaï-chek dès le mois de juillet. Dans le PC soviétique, les oppositionnels sont exclus et bientôt déportés pour éviter toute critique de la ligne stalinienne tandis que l’IC accuse la direction du PC chinois d’être responsable de l’échec de la révolution et la somme de lancer immédiatement des insurrections pour créer des « soviets chinois ». La répression par le Kuomintang de ces insurrections absurdes et mal organisées fera des dizaines de milliers de morts.

  • Le 30 mai 1925, la police britannique tire sur une manifestation à Shanghai, faisant treize morts. Le mouvement de protestation qui s’ensuit déclenche une vague de grèves sans précédent dans toute la Chine. Un syndicat unifié est créé à Shanghai, dirigé par des communistes. Le mouvement marque l’éveil de la classe ouvrière et des paysans pauvres. Les effectifs du parti communiste passent en quelques mois de 900 membres à 20 000 tandis que des « unions paysannes » dirigées par des communistes (Mao Zedong organisant le mouvement dans sa province natale du Hunan) exproprient les propriétaires terriens.

    Un mois plus tard, c’est à nouveau une fusillade de la police britannique qui déclenche la grève-boycott de Hong-Kong, menée et inspirée par les communistes. Le principe est simple, aucun travailleur chinois ne doit charger ou décharger, dans les territoires contrôlés par le Kuomintang, des navires ou des marchandises étant passées par Hong-Kong. La colonie britannique était alors la plaque tournante de toute l’économie impérialiste et coloniale en Chine du Sud. Le comité de grève, organisé par des militants communistes, devient un « deuxième pouvoir », parallèle au gouvernement Kuomintang de Canton. Chargé de vérifier l’application du boycott et de défendre les piquets de grève, il se dote très vite de comités de grève locaux, de tribunaux pour punir les contrevenants et organise des milices en armant les ouvriers. Ces milices occuperont d’ailleurs spontanément la concession britannique de Canton en représailles contre l’attaque d’une patrouille de miliciens par l’armée britannique. Tous ces éléments rapprochent le comité de grève de Canton des soviets de la révolution russe, les deux sont en effet des organes du pouvoir ouvrier, rivaux du pouvoir bourgeois en place. La grève dura jusqu’en octobre 1926 et brisera la position économique de la colonie britannique de Hong-Kong pour de longues années.

    Cette grève convainquit par ailleurs les dirigeants de « l’aile droite » [4] du Kuomintang de la nécessité de lutter par tous les moyens contre le communisme. A l’automne 1925, la plupart des dirigeants de la droite du Kuomintang s’étaient entendus, avec l’approbation de Tchang Kaï-chek, dans un pacte contre les communistes, pacte juré solennellement sur la tombe de Sun Yat-Sen. Celui-ci était en effet mort au printemps et la direction du Kuomintang était depuis divisée plus ou moins formellement entre une droite et une gauche dirigée par Wang Jing-wei. Tchang Kaï-chek étant dans cette configuration dans le rôle d’un centre équilibrant les deux ailes.

  • Confronté à une contestation montante et affaibli par sa propre décadence, le pouvoir impérial avait promis en 1908 d’établir un régime constitutionnel au plus vite. Malgré ces promesses, la clique dirigeante du pays ne cessa de repousser toutes les réformes jusqu’à ce qu’une mutinerie menée par de jeunes officiers en octobre 1911 ne s’étende à tout le pays en quelques semaines, renversant le gouvernement et fondant la République de Chine.

    Sun Yat-Sen, rentré d’exil en catastrophe, fut proclamé premier président de ce nouvel Etat, mais fut très vite relégué au second plan par une clique réactionnaire dirigée par Yuan Shikaï, ancien ministre impérial devenu un « fervent » républicain à partir de la proclamation de la république. Cette situation n’allait faire qu’empirer, l’inconstance et les hésitations du Kuomintang favorisant une vague de réaction qui alla jusqu’à une tentative de rétablissement de l’Empire en 1917. Très vite, la plupart des gouverneurs locaux s’autonomisèrent, des provinces entières firent sécession (notamment le Tibet, dont les dirigeants féodaux et cléricaux demandèrent l’aide de l’Angleterre de peur que la révolution ne remette en cause leur propre pouvoir) et la Chine bascula dans une période de guerre civile chaotique où presque toutes les provinces, dirigées par des « seigneurs de la guerre » rivaux se retrouvèrent en guerre les unes contre les autres.

    Sun Yat-Sen ayant renoncé, faute de disposer d’une force armée suffisante, à renverser le gouvernement central, marionnette des seigneurs de la guerre, le Kuomintang se réfugia au sud du pays, à Canton, pour un fonder un gouvernement révolutionnaire. Le choix de la ville de Canton s’explique d’abord par le fait qu’il s’agissait d’un port de commerce florissant, fournissant ainsi à Sun Yat-Sen l’occasion de financer son nouveau gouvernement et l’armée qu’il comptait lui donner ; Canton offrait un autre avantage. Elle se trouvait très près de la colonie britannique de Hong-Kong et de la colonie portugaise de Macao, favorisant ainsi les contacts avec l’étranger. Sun Yat-Sen, à cette époque, était en effet partisan d’une intervention internationale, sous mandat de la Société des Nations, pour « rétablir l’ordre » en Chine. Mais aucune puissance n’en voyant l’intérêt, Sun Yat-Sen restait livré à lui-même, obligé de négocier sa survie avec les seigneurs de la guerre qui l’entouraient.

    Les puissances impérialistes voyaient en effet la situation chinoise d’un très bon œil, d’une part parce qu’elle leur permettait d’écouler les stocks non utilisés de la Première Guerre mondiale en les revendant aux différentes factions en lutte, et d’autre part parce que cela facilitait le partage du pays entre impérialistes et l’exploitation de ses ressources, chaque grande puissance se choisissant un « poulain » parmi les seigneurs de la guerre. Le puissant voisin japonais, entré tardivement dans la course impérialiste pour le partage du monde, rattrapait son retard par une politique agressive vis-à-vis de ses voisins plus faibles, la Chine et la Corée. Après avoir gagné une guerre de rapine contre la Chine en 1895, ce qui lui permit d’annexer l’île de Taiwan, et envahi la Corée aux prix d’une guerre contre la Russie en 1904-1905, le Japon impérial regardait avec avidité la Chine, immense réservoir de richesses et de territoires sous-peuplés, semblant n’attendre que la colonisation japonaise pour rétablir l’ordre et exploiter les terres et les hommes. Utilisant les mêmes arguments racistes que les Européens vis-à-vis de leurs propres colonies (« les Chinois sont un peuple inférieur qui a besoin de la tutelle du Japon pour se développer… »), le Japon se lança dans une politique systématique de soumission de la Chine, utilisant notamment la Conférence de Paix de Versailles pour exiger du gouvernement chinois la reconnaissance officielle de la tutelle japonaise sur la Chine. Exigence que le gouvernement central de Beijing s’empressa d’accepter.

    Dès que la nouvelle de cette acceptation arriva en Chine en mai 1919, ce fut l’explosion : les étudiants de Beijing, entraînant derrière eux les masses ouvrières et les commerçants, excédés de la concurrence des produits japonais, organisèrent des meetings de protestation et des manifestations et initièrent la première grève politique de masse de l’histoire de la Chine. Bien qu’il fût écrasé par les troupes coalisées des seigneurs de la guerre, le « mouvement du 4 mai » avait joué un rôle fondamental en faisant rentrer pour la première fois en politique les grandes masses chinoises. C’est l’échec de ce mouvement qui convainquit de nombreux intellectuels radicaux de se tourner vers une nouvelle source d’inspiration, révolutionnaire et anti-impérialiste : la révolution bolchevique qui avait eu lieu en Russie deux ans plus tôt.

  • Les Chroniques des Trois Royaumes rapportent :

    « Les novices sont appelés soldats-démons, koueitsou. Ceux qui sont initiés au Tao et qui ont la foi sont nommés Préposés aux libations tsitseou. Chacun dirigeait un groupe organisé. Tous enseignaient qu’il faut être de bonne foi, confiant, non trompeur. Les Préposés tenaient les « auberges d’équité » dans lesquelles ils disposaient le riz et suspendaient la viande dite d’équité. Les voyageurs pouvaient se restaurer selon leur faim. S’ils abusaient, les Esprits du Tao les frappaient aussitôt de maladie. Il n’y avait pas de prisons : ceux qui avaient commis une faute mineure s’employaient à la réfection de cent pas de route et par là la faute était absoute. Ceux qui avaient commis des fautes graves, s’ils récidivaient trois fois, étaient exécutés. Il n’y avaient plus de fonctionnaires : toute « l’administration » était l’affaire des Préposés aux libations. Le peuple (chinois) et les aborigènes étaient très satisfaits du régime.

    Un autre ouvrage, le Tienlo, précise que les Préposés aux libations ne s’occupaient pas seulement des auberges d’équité et du bien-être matériel du peuple, mais aidaient aussi les adeptes à la connaissance du livre canonique de cinq mille mots, le Laotseu (Taoteking).

    La communauté des Cinq boisseaux de riz a duré trente ans. Elle disparaîtra dans les guerres marquant la fin de la dynastie des Seconds Han en 220 et la formation des Trois Royaumes (220-280).

    Vers la fin du Xe jusqu’au début du XIIe, les mots d’ordre de l’anarchie utopiste taoïste inspireront encore maints soulèvements de la plèbe paysanne.

    En 1120, dans le Zhejiang, les réquisitions pour la construction du Palais impérial ont provoqué une brève insurrection, dirigée par une société secrète bouddhique dans la lignée de l’esprit subversif taoïste. Les insurgés, mal armés, strictement végétariens et qui rendaient un culte aux démons, massacrent riches, fonctionnaires et notables. Quand leur chef fut capturé après un an de combat, ils échappèrent à la répression par des suicides collectifs. Dix ans plus tard, en 1130 - dans la tradition taoïste des Cinq boisseaux de riz du IIe siècle -, se déclencha le soulèvement paysan, dans la région du lac Dongting, au Sud du Hounan. Les exactions des fonctionnaires, les pillages d’une armée mi-officielle mi-privée, avaient poussé à bout les paysans, dont la plupart étaient gagnés à la secte taoïste animée par Tchong Xiang. Le patriarche, magicien et chef de guerre, déclara « scélérates les lois des Song (dynastie régnante) » et proclama le fameux « niveler nobles et vilains ; égaliser riches et pauvres ». Les insurgés firent table rase des signes de l’ordre ancien, ils « incendièrent les bâtiments administratifs, les citadelles et les marchés, les pagodes et les temples, les maisons des puissants brigands, ils massacrèrent les fonctionnaires, sans épargner les lettrés jou, moines, guérisseurs, devins… », c’est-à-dire tous ceux qui leur paraissent vivre sans travailler, sans peiner pour avoir leur riz. Tchong Xiang tomba au trente-cinquième jour de l’insurrection. Ses disciples continuèrent la lutte avec plus de 400 000 fidèles, qui ébranlèrent dix-neuf districts jusqu’en 1134 avant d’être tous massacrés.

    À la même époque, les soulèvements de paysans déclenchés par les sociétés secrètes bouddhiques, Lotus blanc (Bailian), Nuage blanc (Baiyun), et d’autres mouvements contre l’impôt et les corvées, dans l’attente de l’arrivée d’un Bouddha-messie. Du 14ème au 18ème siècle, d’innombrables rébellions paysannes n’ont cessé d’ébranler le pouvoir et les classes possédantes. Les Turbans rouges (Hongjin) dans les années 1340, par leur alliance avec une autre formation d’insurgés sous la conduite d’un moine … ont contribué à l’avènement de ce dernier comme empereur fondateur de la dynastie des Ming en 1368. Signalons un événement remarquable en 1448-1449 : les insurgés paysans s’allient aux ouvriers des mines d’argent en révolte dans la région frontière du Zhejiang et du Fukien durant la grande rébellion menée par Dong Maotsi. La répression impériale a fait un million et demi de morts. Vers 1636, un ancien gardien de moutons, Li Zicheng s’appuyant sur les petits propriétaires ruinés et des lettrés pauvres parvint à occuper toute la Chine du Nord et se proclama empereur à Xian. Il finit par être tué par des paysans. Un ancien soldat, Zhang Xianzhong, à la tête de la plèbe, fait massacrer les riches propriétaires, les notables et les fonctionnaires impériaux, libère tous les esclaves pour dettes et s’octroie le titre de roi à Chengdu. Il tombe au combat en 1646, après s’être rendu maître de la vallée du Fleuve Bleu et du Seuchuan deux ans durant. Sous le dernier règne des Mandchous, les grandes insurrections des miséreux regroupés dans la société secrète du Lotus blanc éclatèrent dans les années 1780 et ne s’éteindront qu’en 1803.

    Une grande insurrection explose aux environs de 1851, préparée par l’implantation de ces sociétés secrètes de tendance révolutionnaire. La tendance égalitariste et communautaire qui avait, - dans un contexte historique différent - inspiré le grand soulèvement des Turbans jaunes et des Cinq boisseaux de riz au IIe siècle reprend vie dans la rébellion des Taiping (Grande Paix), adeptes de l’Association des adorateurs de Dieu (Baishangtihui). Les Taiping se signalent par leur chevelure et l’abandon de la natte, imposée par le pouvoir mandchoue - on les appelle aussi « les bandits aux longs cheveux ». Ils procèdent à la confiscation et au partage des terres. Ils instituent un régime communautaire, où personne ne possède de bien en propre et où les besoins de chacun sont assurés par la collectivité. Le mouvement vise à l’égalité absolue des hommes et des femmes au travail et à la guerre. Il condamne la pratique du bandage des pieds des fillettes. Mais les réformes ne parvinrent pas à dépasser le stade de réalisation de détail, le mouvement dégénéra en régime de pure terreur et dura jusqu’en 1864. Vaincus, nombre d’entre eux s’exileront au Vietnam, où sous le nom de Pavillons noirs, ils participeront activement à la résistance contre l’invasion française.

    Qu’en est-il maintenant des rêves de ceux qui voulaient s’élancer à l’assaut du ciel ? Ce passage de relais invisible d’espoirs et de défaites qui semblait relier tant de luttes sous le signe de la communauté idéale est-il définitivement interrompu avec la marchandisation de plus en plus effrénée des relations humaines ? Au moins peut-on se familiariser avec ces visions du passé pour enrichir l’imagination d’un autre avenir.

  • L’histoire de la Chine est pendant de longs siècles une histoire de révoltes terribles de la paysannerie pauvre et affamée. Pas moins de cinq fois, pendant les deux mille dernières années, la paysannerie chinoise a réussi à réaliser un morcellement complet de la propriété foncière. Chaque fois le processus de sa concentration a recommencé depuis le début, jusqu’au moment où la croissance de la population a mené à de nouvelles explosions partielles ou générales. Ce mouvement cyclique était l’expression de la stagnation économique et des conditions sociales qui n’offraient aucune issue.

    Seulement l’intégration de la Chine à l’économie mondiale a ouvert de nouvelles possibilités au peuple chinois. Le capitalisme a fait irruption en Chine de l’extérieur. La bourgeoisie chinoise retardataire est devenue l’intermédiaire entre le capital étranger et les masses de son pays, impitoyablement exploitées. Les impérialistes étrangers et les bourgeois chinois combinent les méthodes de l’exploitation capitaliste avec les méthodes de contrainte du servage et l’esclavage de l’usure. L’idée principale des staliniens était de faire de la bourgeoisie la dirigeante de la révolution nationale contre le féodalisme et l’impérialisme. La stratégie politique qui en découlait a perdu la révolution. Le prolétariat chinois a payé cher pour apprendre cette vérité que la bourgeoisie ne peut pas, ne veut pas, et ne pourra jamais lutter contre le soi-disant "féodalisme", car ce dernier entre comme la partie la plus importante dans le système de sa propre exploitation, ni contre l’impérialisme dont elle est l’agent et sous la protection militaire duquel elle se trouve.

    Dès qu’il fut évident que le prolétariat chinois, malgré toutes les influences contraires de l’Internationale Communiste, cherchait une voie révolutionnaire indépendante, la bourgeoisie, avec l’aide des impérialistes étrangers, a écrasé les ouvriers, en commençant à Shanghaï. Dès qu’il fut clair que l’amitié avec Moscou n’était pas capable de paralyser la révolte paysanne, la bourgeoisie a écrasé le mouvement paysan. Les mois du printemps et de l’été de 1927 furent ceux des plus grands crimes de la bourgeoisie chinoise.

    La fraction stalinienne, effrayée par les conséquences de ses fautes, a essayé à la fin de 1927 de rattraper d’un seul coup tout ce qu’elle avait manqué pendant plusieurs années. Ainsi fut organisée la révolte de Canton. Les dirigeants partaient de ce point de vue que la révolution allait. croissant comme auparavant. En réalité, l’élan révolutionnaire se changeait déjà en déclin. L’héroïsme de l’avant-garde ouvrière de Canton ne pouvait détourner le malheur causé par l’aventurisme des dirigeants. La révolte de Canton fut noyée dans le sang. La deuxième révolution chinoise fut définitivement écrasée.

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