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Bulletin La Voix des Travailleurs de Renault

mercredi 19 décembre 2012, par Robert Paris

Que se passe-t-il finalement à PSA ?

Au final, pour le moment, il n’y a pas eu de grève, pas d’occupation, pas de lutte directe avec le patron, aucun « cauchemar pour le patron », dans aucun site de PSA, pas même à Aulnay qui reste vouée à la fermeture. Il y a eu des petits débuts de grève mais les syndicats n’ont jamais proposé de mettre l’entreprise en grève. Par contre, ils n’ont raté aucune négociation et n’ont pas cessé d’en demander. Or négocier sans lutter c’est négocier de se faire plumer. Résultat, non seulement le patron confirme ses 8000 suppressions d’emplois mais il en rajoute : il y aura au moins… 11500 suppressions d’emplois, dit-il, et ce n’est pas fini, loin de là. Rappelons qu’à PSA, les syndicats avaient accepté les « plans de départ volontaires » sous le prétexte que cela éviterait les licenciements…

Et que se passera-t-il à Renault ?

Bien entendu, tout Renault est suspendu à la date butoir de janvier, aux « négociations » du patron avec les syndicats comme si le patron n’avait pas en réalité déjà décidé, comme si tout cela n’était pas du grand cirque !

Le patron fait comme si Renault n’allait pas, de toutes manières, licencier massivement, alors que les patrons de tous les trusts le font ou comptent le faire prochainement ! Pourquoi ne pas profiter du temps à perdre imposé par le fait que l’Etat ne veut pas de licenciements à la fois à Renault et PSA ? Et en profitant pour chantager les salariés bien entendu !

Quel chantage ? On le sait tous maintenant : mobilité, flexibilité, remise en cause des salaires, des emplois, des conditions de travail ou on licencie !

Le discours du patron

Le blabla patronal qui accompagne les négociation vaut d’être cité : « L’identification et la mise en place des conditions et moyens permettant d’assurer une base industrielle », « Vers une logique des pôles régionaux industriels pour mutualiser les activités des fonctions support. », « Fluidifier les mouvements des salariés entre les sites pour préserver l’emploi. », « Des négociations qui pourraient permettre de ne pas fermer d’usine en France. »

Que tout cela est dit dans un beau langage et clairement mensonger. Le patron aurait pu dire plus crûment : je vais licencier car je désinvestis mon capital mais je n’ai pas le droit (le gouvernement ne le veut pas) de faire des licenciements tant qu’il n’est pas clair que ceux de PSA soient passés en douce, sans trop de vagues, surtout pas de jonction entre salariés de PSA et Renault. En attendant, j’en profite pour vous contraindre à renoncer à vos rémunérations, vos postes de travail, vos conditions de travail, vos sites et j’obtiens que vous signiez comme si c’est vous qui aviez demandé ces changements. Vous connaissez le conte : le loup aborde l’enclos des moutons. Ouvrez-moi dit-il, je veux juste négocier pour nous entendre sur le fait que je ne serais peut-être pas obligé de vous manger. Et les syndicats, qui se prennent pour des gardiens de moutons, proposent simplement de lui ouvrir pour… des négociations.

Les négociations et les syndicats ?

La CGT parle de « chantage à l’emploi », et le dénonce. FO aussi affirme que « l’heure n’est pas à plus de flexibilité » mais ils participent tous deux aux discussions. C’est cautionner le mensonge selon lequel la direction aura négocié correctement alors que la moindre des choses, quand on sait ce qu’exige le patron, serait de claquer la porte des « négociations ». On sait qu’il suffira de trois signatures (CGC, CFTC et CFDT) et on sait que ceux-là signeront. FO et CGT pourront toujours avoir un air radical parce qu’ils n’auront pas signé. Mais on sait que tout cela n’est de vraies positions de principe puisque FO, par exemple, ne rougit pas de l’accord signé à l’usine PSA Peugeot Citroën de Sevelnord en vue de la flexibilité des salaires, des tâches et conditions de travail, sous la pression d’un chantage à l’emploi…

Du côté de la CFDT, on n’a pas peur de cautionner le patron : "Les accords espagnols ont été signés à l’unanimité, ce qui veut dire que les organisations syndicales ont trouvé un terrain d’entente avec la direction. Nous ne sommes pas là pour critiquer ces accords, mais pour les respecter".

CGC, CFTC et CFDT prétendent qu’en signant ils obtiendront non seulement de préserver les emplois, de mettre en place des garanties, de limiter l’attaque. Et, dès que le patron violera sa signature en licenciant quand même, prétextant des difficultés économiques accrues, ils crieront qu’on les a trompés, comme ils l’ont fait à Continental, à PSA ou ailleurs ! Rappelons qu’à Continental (Clairoix), ils avaient signé un accord contre engagement de non-licenciement et les licenciements n’en avaient nullement été empêchés…

Comment se porte le trust Renault ?

Choix de ne pas baisser les prix, choix de ne pas produire à l’avance par rapport aux ventes, délais de livraison trop importants, par exemple pour la nouvelle Clio, tout montre que la baisse des ventes de véhicules découle du désinvestissement de Renault et de sa tendance à préférer le cash pour mieux spéculer. On le voit aussi à la part des profits qui proviennent de sa banque de crédit.

Au cours des cinq dernières années, le groupe a baissé ses capacités dans l’Hexagone de 25 %. Le désinvestissement est cause de baisse des ventes et non l’inverse. La baisse des ventes est un prétexte de plus pour accroitre le désinvestissement en licenciant.


Les chantages d’ArcelorMittal et les politiques syndicales

Avec PSA, l’entreprise ArcelorMittal est l’une des opérations de licenciements très médiatisée et d’autant plus qu’elle ne symbolise que la dépendance de la lutte des ouvriers auprès d’appareils qui ne l’aident nullement à s’organiser.

Ces licenciements, se produisant en pleine vague de suppressions d’emplois dans toute la France, dans tous les secteurs d’activité, auraient pu, comme ceux de PSA, symboliser une révolte ouvrière unie face à l’action unie, planifiée des patrons. Il n’en est rien. La réaction indignée de toutes les centrales syndicales d’ArcelorMittal face à la proposition de manifestation nationale de soutien aux licenciés de Florange n’a pas seulement rappelé leur volonté de monopoliser la direction des actions sur un terrain purement syndical et apolitique mais aussi leur refus d’action d’ensemble partant d’une lutte localisée. Bien sûr, Mélenchon et le Front de Gauche ne proposaient nullement d’unifier les luttes ouvrières, ni de déborder les centrales, mais seulement de dénoncer le patron Mittal comme si ce patron étranger était pire que les patrons français, comme s’il délocalisait les emplois français alors qu’il licencie partout dans le monde, donc une opération politicienne et nationaliste de surcroît. Mais ces syndicats ne reprochaient à Mélenchon que de marcher sur leurs platebandes et ce dernier a retiré sa proposition dès qu’il a été accusé de donner des leçons aux syndicats.

Et pourtant, il est vrai que c’est en intervenant sur le terrain politique que la classe ouvrière peut se battre efficacement et pas en restant sur le terrain de la lutte site par site, emploi par emploi, en négociant localement et en manifestant syndicalement de manière isolée. Tous les plans de licenciements l’ont bien montré.

Donc les syndicats prétendent détenir un monopole de l’action dans la classe ouvrière, pouvoir auquel elles tiennent au point qu’elles ont manifesté … leur volonté de décider de ne rien faire que négocier !

Les syndicats d’ArcelorMittal ont crié à la trahison du gouvernement après le retrait de la proposition de nationalisation de Montebourg alors qu’ils étaient fiers, la veille, d’avoir bu le café avec le ministre ! Quelques mois ou années avant, ils avaient été fiers de leurs négociations avec Mittal et des promesses de ce dernier cautionnées par Sarkozy ! Quel manque complet de conscience de qui sont les amis et les ennemis. A l’époque, ils se félicitaient, à Florange, de la volonté prétendue de Mittal d’y pérenniser les emplois et affirmaient que c’était leur capacité négociatrice qui avait sauvé les emplois ! Ils ont continué, avec Hollande, ce qu’ils avaient commencé avec Sarkozy : à prétendre que le gouvernement bourgeois devrait nous défendre contre les licenciements de la bourgeoisie !

Les centrales syndicales se gardent bien d’expliquer aux travailleurs quelle est la cause de la catastrophe actuelle : ArcelorMittal, PSA, Renault, les capitalistes désinvestissent pour spéculer… Mais de cela, du fait que c’est tout le capitalisme qui part en quenouille, les dirigeants syndicaux ne veulent pas entendre parler car cela nécessiterait une lutte de classe à laquelle ils ont renoncé depuis longtemps ! Ainsi, la CFDT d’ArcelorMittal en est encore à expliquer que Florange est le plus rentable des sites du trust. Le même discours collaborationniste que celui que tenaient les syndicats de Renault (Vilvoorde, Ryton), ou encore de Continental…

Il n’y a pas un combat pour l’emploi à ArcelorMittal, un autre à PSA, un troisième contre les suppressions d’emplois de cheminots et un autre contre les licenciements chez Renault, SFR, Sanofi ou les banques. C’est un seul combat de classe que les travailleurs ne peuvent mener que s’ils mènent eux-mêmes leur lutte en s’organisant en comités de salariés.

Que feraient de plus des comités de salariés que ne font pas les dirigeants syndicaux ? Prenons l’exemple des licenciements à LIP ! Le comité de salariés, loin de pleurer après les patrons et le gouvernement, avait mené l’action directe, n’avait pas craint de saisir le capital (argent, montres et plans) et de refuser la légalité patronale, pour ensuite réquisitionner l’entreprise et la faire tourner au seul profit des salariés !

Pour les salariés, déçus que la nationalisation (provisoire avec suppressions d’emplois) soit refusée par le gouvernement, il y a une vraie perspective : la socialisation, c’est-à-dire la réquisition par des comités de travailleurs des entreprises qui licencient, sans compter sur gouvernants, législateurs et dirigeants syndicalistes, mais en la réalisant nous-mêmes.

Bien des travailleurs, bien des militants, continuent à s’accrocher aux patrons, au gouvernement et aux centrales syndicales comme à des sauveurs mais il n’y aura aucun autre sauveur que nous-mêmes. Notre avenir ne proviendra que de notre capacité » à faire confiance dans nos propres forces et d’abord dans notre capacité à nous réunir et à décider nous-mêmes de nos revendications et de nos moyens d’action.

Messages

  • Renault s’excuse auprès d’un ex-salarié poussé à tort à la démission

    Le constructeur automobile a présenté ses excuses à un ancien salarié qui avait été poussé à la démission, a révélé « Le Monde ». « Renault confirme que les faits qui vous ont été reprochés [...] n’apparaissent pas présenter un caractère réel ou sérieux », indique le constructeur à cet ancien salarié, « Laurent P. ». L’homme avait été accusé de ne pas avoir « vérifié les prestations par rapport aux factures » sur le chantier de rénovation d’Avtoframos et avait été licencié pour faute grave, avant de gagner aux prudhommes en 2007 pour un préjudice de 185.000 euros.

    Cela fait un grand nombre de fois que Renault a poussé dehors des salariés sur des motifs bidon et ce n’est pas prêt de s’arrêter en ce moment où le trust veur créer un climat de peur...

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