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Histoire des guerres de Yougoslavie

samedi 19 janvier 2013, par Robert Paris

Messages

  • Révolte en Macédoine !

    A Skopje, les manifestants réclament la démission du Premier ministre, le conservateur Nikola Gruevski, accusé de corruption et de dérive autocratique.

    Ils étaient quelques centaines à camper encore, ce lundi matin, devant le palais gouvernemental du centre de Skopje, la capitale macédonienne. Ils resteront, clament-ils, jusqu’à la démission du Premier ministre, Nikola Gruevski, chef du parti nationaliste conservateur VMRO-DPMNE, au pouvoir depuis 2006. « Nous sommes là pour tous les Macédoniens », explique Aleksander, venu de Prilep, une petite ville du centre du pays.

    Dimanche, l’opposition s’était donné rendez-vous au même endroit au cri de « liberté ». Albanais de souche - un quart de la population du pays - et Macédoniens slaves défilent côte à côte. « Une première depuis l’indépendance du pays en 1991 », s’exclame Borjan Jovanovski, rédacteur en chef de Nova TV, l’un des rares médias indépendants de cette ancienne république yougoslave.

    Dans les rues de la capitale, les manifestants brandissent des drapeaux albanais, macédoniens, mais aussi roms et turcs. Entre 40 000 et 50 000 personnes se sont rassemblées en face du palais gouvernemental, selon l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

    Dans ce pays de 2,1 millions d’habitants, selon le recensement de 2002, où les deux communautés nationales, macédonienne et albanaise, vivent séparées, l’événement est de taille. « Aujourd’hui, les rues sont pleines de vie », renchérit le sociologue Artan Sadiku, membre du mouvement civique de gauche Solidarnost, pour qui « cette insurrection pacifique va balayer les clivages ethniques ».

    Corruption. Depuis plusieurs mois, la Macédoine est plongée dans une crise politique profonde et inédite. Début janvier, Zoran Zaev, le chef de l’opposition sociale-démocrate (SDSM), a commencé à rendre publics des enregistrements qui révèlent comment le Premier ministre et ses proches contrôlent la justice et les médias, dirigent la corruption et gèrent le pays en marge des institutions légales. Le 5 mai, à la suite des révélations sur le meurtre d’un jeune étudiant par la police en juin 2011, le soir même de la réélection de Nikola Gruevski, des milliers de personnes s’étaient retrouvées dans le centre de Skopje, avant d’être violemment dispersées par la police.

    Depuis, les protestataires se sont donné rendez-vous « chaque jour à 18 heures » pour réclamer la démission du gouvernement.

    Un sursaut civique que les incidents de Kumanovo n’ont fait que renforcer. Les 9 et le 10 mai, dans cette ville du nord de la Macédoine comptant une forte minorité albanaise (37%), des affrontements ont éclaté entre des unités de forces spéciales de la police et un mystérieux groupe armé d’une quarantaine d’hommes, des Albanais du Kosovo et de Macédoine liés à l’Armée de libération nationale albanaise (UÇK) à l’époque du conflit au Kosovo en 1998-1999, et au crime organisé.

    Façades calcinées, toits éventrés : les maisons ont été ravagées par les tirs d’hélicoptère et labourées par les blindés. Le bilan est lourd : 22 morts, 8 policiers et 14 « terroristes ». Certains ont vu dans cette flambée de violences une « manœuvre de diversion » du pouvoir pour détourner l’attention des scandales… Quitte à replonger le pays dans une nouvelle crise interethnique.

  • Le 15 janvier 1992, la Communauté européenne (CEE) a formellement établi des relations diplomatiques avec les deux républiques du Nord de la Yougoslavie : la Croatie et la Slovénie. L’Allemagne fut la première à annoncer des liens avec ces deux républiques au début de la semaine, en déclarant que les 12 membres de la CEE suivraient rapidement, engageant ainsi la dissolution de l’État fédéral yougoslave.

    Ces actions se déroulaient pendant que les Nations unies déployaient le premier contingent d’une « force de maintien de la paix » qui devait atteindre 10 000 hommes. La bureaucratie stalinienne déliquescente de Belgrade, qui était surtout implantée en Serbie, dénonçait alors la décision de la CEE comme une violation du droit international et de la « souveraineté de la Yougoslavie ».

    Ces actions visant à démembrer la Yougoslavie, un État fondé en 1918, faisaient suite à une âpre guerre civile qui avait coûté des milliers de vies et fait près de 600 000 réfugiés. Cette guerre avait été provoquée par des cliques rivales dans les diverses républiques yougoslaves qui tentaient de préserver leurs intérêts dans des conditions où la bureaucratie au pouvoir se désintégrait. Elles renforçaient toutes leur chauvinisme national afin de diviser la classe ouvrière yougoslave et de mener à bien leur programme de restauration du capitalisme ; qu’il s’agisse de celles qui affirmaient préserver l’unité nationale comme le président serbe Slobodan Milosevic, ou de celles qui se posaient en championnes de l’autodétermination comme le président croate Franjo Tudjman.

    La décision de la CEE de suivre Berlin en reconnaissant la Croatie et la Slovénie fut le résultat de l’affirmation la plus marquée de ses intérêts et de ses ambitions par l’impérialisme allemand depuis la chute du Troisième Reich. Des informations avaient fait état d’une opposition initiale de la France à la reconnaissance de la Croatie, qui citait des inquiétudes pour les droits des Serbes vivant dans ce pays, mais la pression allemande fut finalement la plus forte.

    La reconnaissance de ces deux républiques reçut l’opposition des Nations unies, qui agissaient ainsi dans l’intérêt des États-Unis, l’ex-ministre américain des affaires étrangères Cyrus Vance étant alors le négociateur en chef pour l’ONU en Yougoslavie. Les États-Unis craignaient à la fois que la fragmentation de la Yougoslavie puisse déstabiliser une grande partie de l’Europe et voyaient avec une hostilité affichée l’audace nouvellement acquise de l’Allemagne.

  • Un roman à lire sur la guerre de l’ex-Yougoslavie :

    « Le jardinier de Sarajevo » de Miljenko Jergovic

    Sarajevo est entrée par deux fois dans L’Histoire du XX Ième siècle, Sarajevo, la poudrière des Balkans. Le 28 juin 1914, c’est l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, seul héritier de l’empire Austro-Hongrois commis à Sarajevo. Sarajevo n’en n’a pas fini de vivre des tragédies.
    À partir de 1992 et ce pour presque 4 ans la ville sera assiégée pendant la guerre de Bosnie.

    Du même auteur et sur le même thème, lire « Ruta Tannenbaum » et « Freelander ».

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