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Ils ont négocié notre esclavage

dimanche 20 janvier 2013, par Robert Paris

Ils ont négocié notre esclavage

Le dernier accord signé par certains syndicats (CFTC, CFDT et CGC) va même permettre au gouvernement d’imposer la mobilité forcée. Cela signifie qu’un salarié qui voudra se soustraire à un changement de site sera immédiatement licencié. Et des prétendus syndicats ont signé cela ! C’est notre faute : on les a laissé participer à une négociation qui disait clairement ses buts dès le commencement. Quand on cessera d’assister passivement à la casse de nos emplois, quelque chose aura changé !

C’est à la demande du gouvernement de gauche que des négociations nationales syndicats/patronat/gouvernement s’étaient engagées soi-disant historiques, d’après le gouvernement de gauche selon lequel on allait voir ce que l’on allait voir : la méthode de la gauche très différente de celle de la droite et on a vu…

Le gouvernement affirmait qu’il allait ainsi sécuriser l’emploi en France sans rien imposer aux patrons et sans rien imposer aux salariés, en faisant en sorte par un donnant-donnant que chacun y trouve son compte.

C’est le gouvernement qui s’est chargé de diffuser dès le début les mensonges patronaux selon lesquels le travail est trop couteux en France et selon lesquels il faut baisser le coût du travail, flexibiliser davantage celui-ci pour éviter les licenciements. C’est le gouvernement qui a, dès le début, annoncé la couleur de ce qui devait sortir de ce piège : une attaque en règle, bien pire que celles de Sarkozy… Mais cela n’a pas suffi aux syndicats CGT et FO pour sortir de négociations aussi piégées car ces centrales sont trop liées à la gauche gouvernementale pour lui faire faux bond et il était important qu’elles soient présentes pour crédibiliser la prétendue négociation…

Les négociations nationales patronat/syndicats/ gouvernement ont en effet rendu leurs fruits : la flexibilité des emplois, des salaires, des conditions de travail et des sites. Si on refuse de travailler au SMIC, comme, où et quand cela plait au patron, c’est la porte ! Tout cela soi disant pour éviter les licenciements. Et les patrons auront leur crédit d’impôt et des taxes sociales en moins, toujours sous le même prétexte alors que nous, on paie toujours nos impôts. Les syndicats CGT et FO ont voté contre, mais cela n’empêche pas que la réforme est votée.

Ces deux syndicats disent que, dès le départ, la négociation était truquée mais pourquoi l’ont-ils cautionnée en y participant ? Parce qu’ils sont copains avec le gouvernement de gauche et que celui-ci leur a demandé de les aider à cautionner les négociations, c’est-à-dire de contribuer à faire croire qu’un chantage avec prise d’otage serait une discussion de gentleman !!! Même en ne signant pas, ils ont crédibilisé la discussion à laquelle ils n’auraient jamais dû participer si ces dirigeants avaient, comme ils le prétendent, à coeur les intérêts des salariés.

Voilà où mène le syndicalisme de négociation, de proposition par opposition à la lutte de classe, à l’action directe, à l’opposition entre la classe des travailleurs et celle des capitalistes. Et, même s’ils organisent des petites actions de protestations, ces syndicats CGT et FO en restent à la nécessité selon eux, d’accords avec les patrons, et récusent la lutte de classe.

Le détail des points décidés fait frémir :

Tout d’abord, au nom de la compétitivité, le gouvernement confirme son cadeau de 20 milliards au patronat…

Les règles de contestation des licenciements économiques collectifs sont bouleversées. Le but est de limiter le contrôle des tribunaux, qui débouche parfois sur l’annulation du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE, plan social) ou sur le versement de dommages et intérêts aux salariés. Désormais, la procédure et le contenu du PSE feront l’objet soit d’un accord majoritaire, soit d’une procédure d’homologation par l’administration. Des recours devant le juge sont possibles, contre la procédure elle-même ou contre la teneur du PSE. Le salarié peut également saisir la justice si le motif du plan social ne lui paraît pas valable – mais dans des délais plus courts qu’avant. Pour fixer l’ordre dans lequel les salariés sont licenciés, le chef d’entreprise aura la possibilité de "privilégier la compétence professionnelle".

Ils consistent à permettre aux entreprises confrontées "à de graves difficultés conjoncturelles" de baisser les rémunérations et/ou le temps de travail ; en contrepartie, elles s’engagent à ne pas licencier. L’accord, qui nécessite le feu vert du ou des syndicat(s) représentant au moins 50 % du personnel, est conclu pour une durée maximale de deux ans. Les salariés qui refusent de se plier à ces nouvelles conditions de travail sont licenciés. L’employeur doit leur proposer "des mesures d’accompagnement" mais il n’est pas soumis aux obligations liées à un licenciement économique collectif (offre de reclassement, etc.).

Les entreprises peuvent mettre en place une organisation qui contraigne, en cas de besoin, les salariés à changer de poste ou de lieu de travail. Celui qui refuse cette nouvelle affectation est licencié "pour motif personnel" ; il a droit à des "mesures de reclassement" mais les obligations pesant sur l’employeur sont moins fortes que celles liées à un licenciement économique.

Cette mesure cherche à encourager le retour sur le marché du travail des chômeurs. Elle leur permet, quand ils reprennent une activité, de garder les droits à l’assurance-chômage non utilisés. Toutefois, ce dispositif ne doit pas "aggraver le déséquilibre financier" de l’Unedic. A cet effet, des études d’impact seront conduites et suivies de mesures correctrices en cas de dérapage. La construction du dispositif sera aussi tributaire de négociations sur la convention d’assurance-chômage, qui doivent s’ouvrir cette année.
Les entreprises devront souscrire un contrat auprès d’un organisme (mutuelle, assurance, institution paritaire...) pour proposer à leur personnel une couverture collective complémentaire des frais de santé. Le financement de ce mécanisme sera partagé par moitié entre les salariés et les employeurs. Les salariés qui perdent leur emploi bénéficieront de la couverture santé et prévoyance pour une durée portée à un an (contre neuf mois jusqu’à maintenant).

L’accord instaure une "base de données unique" sur l’entreprise, consultable par les représentants du personnel et par les délégués syndicaux. Ces informations visent à donner "une présentation pédagogique (...) des options stratégiques" de la société. Dans les entreprises employant au moins 10 000 personnes dans le monde ou au moins 5 000 en France, il est prévu d’accorder un ou deux postes d’administrateur aux salariés (avec voix délibérative).

La taxation des contrats courts constitue l’une des dispositions emblématiques de l’accord. Les cotisations d’assurance-chômage de certaines catégories de contrats à durée déterminée (CDD) seront majorées : le prélèvement passe à 7 % pour les CDD de moins d’un mois (+3 points) et à 5,5 % pour les CDD de un à trois mois (+1,5 point). Les CDD d’usage (propres à certains secteurs) sont soumis au même traitement (0,5 point en plus, à 4,5 %). Echappent à ces ponctions l’intérim et les CDD liés à des remplacements ou à des activités saisonnières.

Les patrons peuvent être tentés d’accroître le recours aux intérimaires – puisque ceux-ci sont exclus des mécanismes de surcotisation.
Un CDI conclu pour l’embauche d’un jeune de moins de 26 ans sera exonéré de cotisations d’assurance chômage pendant trois mois (quatre mois pour une entreprise de moins de 50 salariés).
Accords de maintien dans l’emploi : ces derniers doivent permettre aux entreprises confrontées à de « graves difficultés conjoncturelles » de négocier des baisses du temps de travail et des salaires en échange d’un maintien des effectifs. Leur durée ne pourra dépasser deux ans. Ils requièrent l’accord individuel de chaque salarié. En cas de refus, la rupture de son contrat de travail sera assimilée à un licenciement économique.

Expérimentation du contrat de travail intermittent : ce contrat, qui existe déjà dans certaines professions (les moniteurs de ski par exemple), sera expérimenté sans passer par un accord de branche dans de nouveaux secteurs (industrie du chocolat, formation hors langues étrangères et vêtements de sport et de loisirs) et un bilan-évaluation sera effectué avant fin 2014.

Mobilité interne à l’initiative des entreprises : elle ne sera plus liée à un plan de sauvegarde de l’emploi et fera l’objet d’une négociation triennale. Les mobilités envisagées seraient proposées aux salariés dans la limite d’un éloignement de 50 kilomètres ou quarante-cinq minutes. Elles ne peuvent en aucun cas entraîner une diminution du niveau de rémunération ou de la classification du salarié. Le refus par ce dernier n’entraîne pas son licenciement pour motif économique, mais pour motif personnel ouvrant droit à des mesures de reclassement telles qu’un bilan de compétence ou un abondement du compte personnel de formation.

La majoration de cotisation chômage due par l’employeur sur les contrats courts ne s’appliquera pas dans les secteurs qui utilisent justement ce type de contrats, les contrats saisonniers notamment, et pas non plus, comble de l’ironie, aux contrats d’intérim ! La pénalisation des CDD : CFDT en avait fait une condition sine qua non de sa signature. Le Medef a fini par l’ajouter dans la version finale du texte. Les gros utilisateurs de CDD seront pénalisés. Leur cotisation chômage sera portée de 4 points à 7 lorsqu’ils signeront des contrats de moins d’un mois. Et à 5,5% lorsque le CDD durera entre un et trois mois. Enfin, ultime geste accordé dans les dernières heures de la soirée de vendredi, une surtaxe - mais plus limitée, à 0,5 point - s’appliquera aux CDD d’usage. Mais cette victoire n’en est pas vraiment une. Car nombre de contrats courts, comme ceux conclus pour des remplacements, et l’ensemble des missions d’intérim en sont exclus... ce qui risque de conduire à un report des CDD pour surcroît temporaire d’activité vers l’intérim.

Le Figaro commente : « Les plans sociaux seront aussi plus sécurisés avec une négociation en bonne et due forme de leurs modalités en comité d’entreprise ou une homologation administrative automatique en cas de non réponse sous trois semaines. Outre une forme de plafonnement des dommages intérêts dans les phases de conciliation prud’homale, les employeurs ont enfin obtenu une réduction à 24 mois, contre 5 ans aujourd’hui, du délai de prescription dont un salarié dispose pour attaquer, pour licenciement abusif, son ex-employeur. »

Assez des négociations pour faire reculer nos conditions de travail, assez des blablas mensongers qui ne défendent nullement nos emplois, assez des mensonges des politiciens et des dirigeants syndicaux !

Menons nous-mêmes nos luttes ! Organisons-les à la base par nos comités d’action, nos conseils de travailleurs, nos comités de grève et de lutte. Coordonnons-les ! Elisons nos délégués de lutte et réunissons-les au niveau régional et national pour avancer notre programme de revendication et d’action !

L’avenir est à nous pour peu que nous cessions d’avoir peur et que nous décidions que notre colère doit faire changer la peur de camp ! Il faut que les licencieurs claquent des dents, que les spéculateurs se terrent, que les trompeurs craignent les masses populaires. Et cela n’a rien d’irréaliste ! A condition de cesser de nous défendre entreprise par entreprise et de ne plus attendre d’être sacrifiés pour nous réveiller !

Si la classe ouvrière cesse de ronger son frein et de se stresser inutilement, elle redevient une force redoutable que les patrons devront respecter et qui n’a pas pour avenir de sombrer avec le monde capitaliste en déclin.

Les capitalistes et Etats à leur service ne nous frapperont que tant que nous les laisserons faire !

Dès qu’ils verront que nous nous attaquons au capital, que nous ne cherchons plus des arrangements foireux, que nous ne marchons plus dans leurs tromperies de prétendus sauvetage des entreprises, des emplois, des économies, ils commenceront par reculer comme le font les exploiteurs d’Afrique du sud devant le mouvement de grève qui s’étend, qui refuse les dirigeants réformistes, qui ne craint pas de s’en prendre à la propriété privée des capitalistes.

Messages

  • un salarié qui voudra se soustraire à un changement de site sera immédiatement licencié

  • Les syndicats CGT et FO ont voté contre, mais cela n’empêche pas que la réforme est votée.

    Ces deux syndicats disent que, dès le départ, la négociation était truquée mais pourquoi l’ont-ils cautionnée en y participant ?

    Parce qu’ils sont copains avec le gouvernement de gauche et que celui-ci leur a demandé de les aider à cautionner les négociations

  • « CGT et FO en restent à la nécessité selon eux, d’accords avec les patrons, et récusent la lutte de classe. »

    L’article nous démontre que cet accord est une attaque en règle contre tout le prolétariat. En premier lieu le prolétariat travaillant dans ce pays, mais tout autant contre le prolétariat du monde entier !

    Les camarades d’Allemagne se sont déjà fait attaquer, et tous les pseudos économistes de la radio se félicitent du modèle allemand !

    Et cela, c’est sans compter les camarades qui se prennent la répression en Inde ou en Chine !

    Maintenant que l’union sacrée pour la guerre en Afrique, en commençant par le Mali, est passée, on voit à quoi servait cette guerre : rendre la bourgeoisie arrogante, et lui filer la possibilité de renforcer sa dictature au quotidien.

    Les dirigeants des pays de Chine ou d’Inde s’en frottent les mains : le modèle démocratique que les médias et tous les bourgeois leur reprochent, ici, mais jamais dans les négociations Chine-France, de ne pas tenir est en train de se rapprocher des lois féodales ou fascistes du pays de l’impérialisme rouge, ou de celui qui laisse les castes féodales et moyen-âgeuses perdurer !

    Le modèle démocratique français devait être exporté vers la Chine ? mais c’est le modèle fasciste qui va triompher en France !

    Car c’est bien le modèle d’un prolétariat déplaçable à merci comme les camarades en Chine le subissent depuis au moins "l’ouverture" de 1978 que "nos" dirigeants en France ont en tête, tout en faisant croire le contraire depuis des années, en laissant entendre que la Chine serait un danger.

    Le danger, ce sont eux, "nos" gouvernants, ici, notre bourgeoisie, celle qui nous exploite, ici, et renforce les lois vers encore plus de précarisation et de chômage. Et le modèle que les dirigeants chinois ont développé depuis la répression de la révolution culturelle, en collaboration avec les plus grands empires capitalistes de la planète, dont la France, est bien le même que les dirigeants de France se préparent à instaurer en France.

    Et les bonzes syndicaux, comme avant l’arrivée de Hitler au pouvoir, participent chaleureusement aux banquets, et bien repus, oublient qu’ils auront les meilleures places dans les prisons et les camps lorsque la politique du PS tournera à instaurer le fascisme, comme la SFIO, l’a fait en juin 1940, en 1954, en 1990-94, en France, en Algérie, au Rwanda...

  • Votre employeur pourrait vous muter sur un autre site de travail situé à 50 km ou augmenter votre temps de trajet de 45 minutes avec comme conséquences une forte amplitude de votre journée et des frais de transport accrus. En cas de refus de votre part, direction la porte ! Le chantage à l’emploi, l’arme pour déréglementer.

    Déjà aujourd’hui, au nom de la compétitivité et sous prétexte de crise, la plupart des entreprises, quelle que soit leur situation financière, exercent le chantage à l’emploi : gel des salaires, augmentation des cadences et des amplitudes de travail, recours aux contrats précaires… mais elles sont obligées de respecter les clauses de votre contrat de travail.

    • « mais elles sont obligées de respecter les clauses de votre contrat de travail »

      Qui les oblige à respecter ces clauses ? Le père noël ?

      C’est parfois lorsque ces clauses n’ont pas été respectées, pendant des mois ou des années et que vous êtes licenciés, qu’éventuellement, si vous allez aux Prudhommes, que ces clauses sont reconnues non respectées, vous avec quelques centaines ou milliers d’euros pour compenser, mais vous êtes dans la case... pôle emploi ! et petits boulots à la clef, en statut autoentrepreneur pour casser le salariat.

      Dans un état bourgeois, qui a toutes les armes pour défendre les employeurs et si peu les employés et les chômeurs, j’aimerais vraiment que vous m’expliquiez ce qui contraint les employeurs à « respecter les clauses de votre contrat de travail ».

  • Lors d’un déplacement à Grenoble pour présenter ses voeux à la jeunesse, François Hollande a été accueilli sous les sifflets des manifestants qui lui reproche de mener une politique semblable à celle de son prédécesseur.

    Près de 200 manifestants ont interpellé ce mercredi après-midi François Hollande à Grenoble, pour lui "rappeler ses engagements" en terme d’emploi des jeunes. "Le changement c’est pour quand", "Interdiction des licenciements," ou encore "de l’argent pour l’école, pas pour les patrons", ont scandé les manifestants, à l’arrivée du président, qui présentait ses voeux à la jeunesse.

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