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On se bat généralement très mal, les yeux bandés…

mercredi 6 février 2013, par Robert Paris

On se bat généralement très mal, les yeux bandés…

Le ministre Montebourg déclarant que la fermeture du site d’Aulnay par le patron de PSA serait, selon lui, « inéluctable » en dit long sur la tromperie qu’il a représenté, et avec lui toute la gauche gouvernementale mais ce n’est encore qu’une toute petite partie du jeu de menteurs dans lequel le patronat entend piéger la classe ouvrière en France. Il faut également noter deux avancées remarquables de ce gouvernement : l’adoption par quelques syndicats d’un texte soutenu par le patronat et le gouvernement et qui casse le contrat CDI et aussi l’appui marqué par le gouvernement à l’attaque tous azimuts des salariés de Renault par le PDG Ghosn. Ces quelques petits faits montrent clairement que les ennemis ne sont pas là où la gauche et les syndicats prétendaient qu’ils étaient.

Mais surtout, ils montrent que le caractère de l’attaque n’est pas celui qu’ils continuent à prétendre. Au début, non seulement on a dit aux travailleurs que Sarkozy était cause de tout, mais on a dit aussi aux salariés de PSA que la famille Peugeot état cause de tout, une sale famille laissait entendre Montebourg lui-même ! En fait, on assiste à une attaque tous azimuts, tous secteurs confondus, de l’Automobile au Bâtiment, à la Pharmacie, la Métallurgie, les Banques, le secteur public et semi-public. C’est une attaque concertée contre l’ensemble de la classe ouvrière face à laquelle il n’est programmé aucune riposte collective. Si un groupe d’extrême gauche, sous couvert de syndicat, a pu organiser un meeting commun des salariés Renault et PSA, cela n’a eu aucun relai du côté des centrales syndicales qui sont très loin de souhaiter une riposte commune de la classe ouvrière.

Certes, l’usine de PSA Aulnay a fini par se mettre en grève à l’appel des syndicats CGT et SUD et contre les autres syndicats pro-patronaux. Mais qui avait fait croire qu’ils allaient prendre partie pour les salariés et les avait intégré dans une intersyndicale sinon la CGT ? Mais qui, sinon la CGT, avait fait croire qu’il fallait attendre jusqu’à maintenant pour démarrer cette grève alors qu’elle aurait eu impact énorme si elle avait débuté à l’annonce du plan Varin avant les vacances, quand les travailleurs de tout le pays étaient choqués d’une telle attaque...

La CGT de PSA Aulnay s’est bien gardé d’en appeler à la lutte commune de tous les sites de PSA, la fermeture d’Aulnay servant même à cacher qu’il y a plus de licenciements dans les autres sites qu’à Aulnay... La CGT continue d’ailleurs à promener sa banderole "non à la fermeture d’Aulnay" comme si le plan Varin ne contenait que cette fermeture et comme si la lutte à mener était site par site...

La thèse officielle prétend que les centrales syndicales seraient des représentants des travailleurs. Mais les faits de tous les jours ne cessent de démentir cette version. Un fait parmi tant d’autres mérite d’être relevé : au moment même où l’Etat soutient les patrons qui licencient, de PSA à Renault en passant par Goodyear, deux dirigeants syndicaux nationaux de la CFDT ont choisi de prendre des responsabilités au gouvernement tout en gardant leurs postes syndicaux. La CFDT fait justement partie des syndicats qui ont choisi de signer un accord avec le patronat et le gouvernement pour casser les contrats fixes, les précariser, flexibiliser les salaires, les charges de travail, imposer la mobilité des sites, des horaires et diminuer les droits légaux de contestation des licenciements, entre autres mesures anti-sociales.

Bien entendu, les centrales syndicales ne sont pas avares de journées d’action dans lesquelles il n’y a strictement aucune action, aucun signal, aucune menace quelconque à l’encontre du pouvoir et des classes dirigeantes. Et cela d’autant plus que les secteurs en pointe sont toujours mobilisés à part de ces journées qui ne servent même pas à les soutenir. Les entreprises qui ferment continuent de se battre seules. Goodyear se bat seul, Aulnay se bat seul. Les secteurs du public qui suppriment massivement des emplois ne sont nullement en liaison avec les secteurs du privé. Des syndicats dignes de ce nom se devraient de tisser des liens ? Non, les centrales syndicales ont partie liée avec la bourgeoisie, même si les militants syndicaux locaux les défendent de bonne foi.

Il est plus que temps que la classe ouvrière prenne la mesure de l’attaque. Il ne s’agit nullement d’une attaque classique de quelques patrons trop gourmands. Il ne s’agit nullement d’un affaiblissement de la compétitivité des entreprises spécifique à la France. C’est le patronat à l’échelle mondiale qui se désinvestit de la production et pas seulement celle de voitures. Cela est camouflé volontairement par les Etats et les banques centrales qui y mettent tout leur argent. Comment comprendre que PSA qui vaut 3,6 milliards d’euros en Bourse ait été aidée à hauteur de treize milliards et demi d’euros par l’Etat français ? Et rien que pour sauver la banque de PSA ! Sans aucune condition sur les emplois !! Et comment expliquer que PSA ne soit pas, du coup, nationalisée et aussi que cette gauche syndicale adepte de la nationalisation n’ait pas remarqué qu’en fait PSA l’était déjà ?!!

Oui, il y a bel et bien une tromperie menée par la bourgeoisie avec complicité de la gauche, y compris la gauche de la gauche, et des appareils syndicaux. Car cette complicité n’est dénoncée ni par la CGT, ni par Mélenchon, ni par l’extrême gauche officielle. Le plan d’attaque contre la classe ouvrière existe bel et bien. Il est concerté au niveau national du côté de nos adversaires mais il ne l’est nullement du côté des travailleurs. Et il ne pourra l’être qu’en mettant en place des comités de travailleurs dans toutes les entreprises et dans tous les secteurs. Il est plus que temps mais pas encore trop tard et c’est tous les emplois qui sont en jeu, pas seulement une partie des salariés de l’Automobile. Ceux qui croient se protéger en mettant la tête dans le sable risquent bien d’y étouffer…

La bourgeoisie est en guerre contre les travailleurs et les peuples, aux quatre coins de la planète. Le premier contresens catastrophique consisterait à penser que les Etats sont nos défenseurs que ce soit contre des terroristes ou contre des licencieurs. Non, les Etats sont au service même des terroristes qui gouvernent le monde et s’apprêtent à le jeter à nouveau dans un bain de sang. N’oublions pas que toutes les guerres se sont faites au nom de la démocratie et de la liberté. Au Mali comme ailleurs. Et que tous les Etats ont déployé leurs forces contre les travailleurs, jamais contre les patrons !!!

Messages

  • "Il est plus que temps que la classe ouvrière prenne la mesure de l’attaque. Il ne s’agit nullement d’une attaque classique de quelques patrons trop gourmands. Il ne s’agit nullement d’un affaiblissement de la compétitivité des entreprises spécifique à la France. C’est le patronat à l’échelle mondiale qui se désinvestit de la production et pas seulement celle de voitures"

    C’est dit ! Chantons le partout et sur tous les tons !

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