Accueil > 08- LUTTE DES CLASSES - CLASS STRUGGLE > Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Tenon

Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Tenon

mercredi 13 février 2013, par Robert Paris

Des économies de personnel qui tuent

Un enfant à naître est mort in utero faute de place à l’hôpital public, et surtout faute de personnel. La direction de l’hôpital, la direction de l’APHP et le gouvernement, ministère de la santé en tête, disent ne pas comprendre comment une femme qui devait accoucher à la maternité Port-Royal a pu se voir refuser l’hospitalisation pour cause de manque de place. Toute ces autorités sont indignées et se présentent en victimes et elles prétendent enquêter pour comprendre ce qui a bien pu se passer, les hypocrites, alors qu’ils sont les responsables, les organisateurs de la situation qui a mené à ce drame, c’est eux qui d’année en année réduisent les capacités des maternités parisiennes au point que c’est par miracle qu’il n’y ait pas eu plus de catastrophes. Voilà où mènent les regroupements de services, d’hôpitaux avec compression de places et de personnel !

Depuis des années, la direction de la Santé fait fermer des maternités comme celle de Saint-Antoine et les moyens censés remplacer sont largement inférieurs. Depuis des années, les pressions en vue de la rentabilité maximale signifient non seulement des fermetures de lits, de services, d’hôpitaux et des restrictions de personnel mais aussi une augmentation des charges qui va à la limite du faisable.


Mettons Orbis sur orbite…

Le nouveau logiciel qui a vu le jour le 29 janvier empoisonne tout le monde ! Ce logiciel est censé à terme remplacer AGENDA et GILDA et devait, parait-il, tout harmoniser sur l’APHP. En fait, il nous donne trois fois plus de travail et ne remplace pas les anciens logiciels. Le Parisien du 15/10/2012 révélait déjà que, lors de l’introduction à Ambroise Paré, on avait relevé l’inefficacité, le coût exagéré et le surcroit de travail engendré par ce logiciel.

Ce logiciel, qui a déjà coûté 125 Millions d’euros et qui a un surcoût estimé de 175 Millions, va donc coûter en tout 300 Millions d’euros !

Le Parisien révélait aussi qu’un rapport interne de l’APHP qui devait rester confidentiel accusait ce système d’être inefficace et coûteux et "ne fera au mieux que remplir le rôle de l’ancien dossier papier".

Beaucoup de services de consultation, en plus de devoir à nouveau rentrer toutes les identités des patients, ne peuvent pas faire de travail de préparation des dossiers, ne pouvant sortir des étiquettes à l’avance. Et après, encore faut-il que l’imprimante ait été connectée au nouveau logiciel !

Bugs lors du lancement d’ORBIS : des patients n’ont pas pu avoir leur examen prévu, les examens ni les patients n’apparaissant plus nulle part dans le système informatique et les services ne pouvant pas les accepter sans trace informatique !

De l’aveu de certains informaticiens, beaucoup n’avaient reçu qu’une formation d’une heure sur ce logiciel avant la mise en route dans les deux autres hôpitaux où il a été lancé et se trouvaient incapables de répondre aux questions d’utilisateurs et aujourd’hui encore des questions restent en suspens...

Avec les 300 Millions d’euros d’ORBIS on aurait pu en embaucher du monde !

Le plus bizarre c’est que l’APHP parle en même temps d’économies de 150 Millions à réaliser cette année !

Terminus, tout le monde descend
Ascenseur en panne de longue durée, l’annonce est encore plus catastrophique à l’hôpital que dans un immeuble. Les responsables, que cela n’a pas l’air d’affoler, oublient que dans un hôpital il y a des brancards, des lits, des chaises roulantes, des charriots de repas et autres, obligeant chacun à faire des détours longs, compliqués et fastidieux.

Et quelles opérations sans infirmières ?

Le 21 janvier on pouvait lire sur intranet : toutes les caisses sont fermées faute de caissiers ! Bientôt on pourra lire Hôpital fermé : faute de soignants ?!

Trop, c’est trop

Le service de GHR (grossesse à haut risque) a appris du jour au lendemain la fermeture de 6 lits de manière définitive dans le service ! Obligeant l’équipe à être disloquée et déplacée et ne laissant plus qu’une infirmière et une aide soignante le matin, ce qui augmente considérablement la charge de travail ! Et s’il y a un accident grave, ils vont à nouveau chercher à mettre la faute sur nous !


Deux poids, deux mesures, au profit du privé

La baisse des tarifs annoncée par le gouvernement pour les hôpitaux publics va faire baisser de 5 points les moyens des hôpitaux. Résultat : une forte aggravation du déficit des hôpitaux soit une suppression d’effectifs de 35000 postes.

Les cliniques privées ont, elles, une baisse prévue des tarifs 3,5 fois moins importante et en parallèle un cadeau fiscal de 500 millions grâce au nouveau "pacte de compétitivité".

On voudrait faire couler les hôpitaux publics au profit des cliniques privées, on ne s’y prendrait pas autrement.


On se bat généralement très mal, les yeux bandés…

Le ministre Montebourg déclarant que la fermeture du site d’Aulnay par le patron de PSA serait, selon lui, « inéluctable » en dit long sur la tromperie qu’il a représenté, et avec lui toute la gauche gouvernementale mais ce n’est encore qu’une toute petite partie du jeu de menteurs dans lequel le patronat entend piéger la classe ouvrière en France. Il faut également noter deux avancées remarquables de ce gouvernement : l’adoption par quelques syndicats d’un texte soutenu par le patronat et le gouvernement et qui casse le contrat CDI et aussi l’appui marqué par le gouvernement à l’attaque tous azimuts des salariés de Renault par le PDG Ghosn. Ces quelques faits montrent que les ennemis ne sont pas là où la gauche et les syndicats prétendaient qu’ils étaient.

Mais surtout, ils montrent que le caractère de l’attaque n’est pas celui qu’ils continuent à prétendre. Au début, non seulement on a dit aux travailleurs que Sarkozy était cause de tout, mais on a dit aussi aux salariés de PSA que la famille Peugeot état cause de tout, une sale famille laissait entendre Montebourg lui-même ! En fait, on assiste à une attaque tous azimuts, tous secteurs confondus, de l’Automobile au Bâtiment, à la Pharmacie, la Métallurgie, les Banques, le secteur public et semi-public. Si un groupe d’extrême gauche, sous couvert de syndicat, a pu organiser un meeting commun des salariés Renault et PSA, cela n’a eu aucun relais du côté des centrales syndicales.

Certes, l’usine de PSA Aulnay a fini par se mettre en grève à l’appel des syndicats CGT et SUD et en s’opposant aux autres syndicats pro-patronaux. Mais qui avait fait croire que ces syndicats étaient du côté des salariés et les avait intégré dans une intersyndicale sinon la CGT ? Mais qui, sinon la CGT, avait fait croire qu’il fallait attendre jusqu’à maintenant pour démarrer cette grève alors qu’elle aurait eu impact énorme si elle avait débuté à l’annonce du plan Varin avant les vacances, quand tous les travailleurs étaient choqués d’une telle attaque... La CGT de PSA Aulnay s’est bien gardée d’en appeler à la lutte commune de tous les sites de PSA, la fermeture d’Aulnay servant même à cacher qu’il y a plus de licenciements dans les autres sites qu’à Aulnay... La CGT continue d’ailleurs à promener sa banderole "non à la fermeture d’Aulnay" comme si le plan Varin ne contenait que cette fermeture et comme si la lutte à mener était site par site...

La thèse officielle prétend que les centrales syndicales seraient des représentants des travailleurs. Mais les faits de tous les jours ne cessent de démentir cette version. Un fait parmi tant d’autres mérite d’être relevé : au moment même où l’Etat soutient les patrons qui licencient, de PSA à Renault en passant par Goodyear, deux dirigeants syndicaux nationaux de la CFDT ont choisi de prendre des responsabilités au gouvernement tout en gardant leurs postes syndicaux.

Bien entendu, les centrales syndicales ne sont pas avares de journées d’action dans lesquelles il n’y a strictement aucune action, aucun signal, aucune menace quelconque à l’encontre du pouvoir et des classes dirigeantes. Les entreprises qui ferment continuent de se battre seules. Goodyear se bat seul, Aulnay se bat seul. Les secteurs du public qui suppriment massivement des emplois ne sont pas en liaison avec les secteurs du privé.

Il est plus que temps que la classe ouvrière prenne la mesure de l’attaque. Il ne s’agit nullement d’une attaque classique de quelques patrons trop gourmands. Il ne s’agit nullement d’un affaiblissement de la compétitivité des entreprises spécifique à la France. C’est le patronat à l’échelle mondiale qui se désinvestit de la production et pas seulement celle de voitures. Cela est camouflé volontairement par les Etats et les banques centrales qui y mettent tout leur argent. Comment comprendre que PSA qui vaut 3,6 milliards d’euros en Bourse ait été aidée à hauteur de treize milliards et demi d’euros par l’Etat français ? Et ce n’est pas fini : l’Etat parle encore d’ « entrer dans le capital de PSA »

Le plan d’attaque contre la classe ouvrière existe bel et bien. Il est concerté au niveau national du côté de nos adversaires mais il ne l’est nullement du côté des travailleurs. Et il ne pourra l’être qu’en mettant en place des comités de travailleurs dans toutes les entreprises et dans tous les secteurs. Il est plus que temps mais pas encore trop tard et c’est tous les emplois qui sont en jeu, pas seulement une partie des salariés de l’Automobile.

La bourgeoisie est en guerre contre les travailleurs et les peuples, aux quatre coins de la planète. Le premier contresens catastrophique consisterait à penser que les Etats sont nos défenseurs que ce soit contre des terroristes ou contre des licencieurs. Non, les Etats sont au service même des terroristes qui gouvernent le monde et s’apprêtent à le jeter à nouveau dans un bain de sang. N’oublions pas que toutes les guerres se sont faites au nom de la démocratie et de la liberté. Au Mali comme ailleurs. Et que tous les Etats ont déployé leurs forces contre les travailleurs, jamais contre les patrons !!!

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.