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Ecrits d’Arthur Rimbaud

lundi 11 mars 2013, par Robert Paris

Le 19 juillet, la France est entrée en guerre contre la Prusse : Rimbaud espère sans doute assister à la chute de l’empereur, affaibli par la bataille de Sarrebrück. Il est arrêté dès son arrivée dans la capitale. Il appelle Izambard à l’aide. Le professeur parvient à gagner Paris, fait libérer le jeune homme et le reconduit à Charleville à la fin du mois de septembre.

En octobre Rimbaud fugue une nouvelle fois. Il part pour Bruxelles, puis Douai où il débarque dans la famille de Georges Izambard. Il y recopie plusieurs de ses poèmes. Ce recueil que Rimbaud confiera au poète Paul Demeny, ami d’Izambard, est connu sous le nom de « Cahier de Douai ».

1871 - En février, Rimbaud part pour Paris, il rentre à pied à Charleville début mars. En mai, il est encore à Charleville, d’où il écrit à Georges Izambard et Paul Demeny les deux « lettres du Voyant ». Suit une période dont on sait peu de choses. Rimbaud participe probablement aux événements de la Commune de Paris pour laquelle il semble s’être passionné. C’est sans doute à ce moment qu’il compose « Les déserts de l’amour », où mûrit déjà ce qui fera le corps de la « Saison en enfer ».

Cette année-là, Rimbaud rencontre Auguste Bretagne. Cet employé aux contributions indirectes de Charleville a connu Paul Verlaine à Arras. Bretagne, passionné de poésie, féru d’occultisme et buveur d’absinthe encourage le jeune poète à écrire à Verlaine. Rimbaud, aidé de Delahaye qui joue les copistes, envoie quelques poèmes. Verlaine s’enthousiasme pour ces textes qu’il diffuse dans son cercle d’amis. Il prie Rimbaud de le rejoindre à Paris.

À la fin du mois de septembre, Rimbaud débarque dans la capitale. C’est sans doute juste avant ce voyage qu’il compose le « Bateau ivre ».

Lire ici les écrits de Rimbaud

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Messages

  • « Quand sera brisé l’infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, elle sera poète, elle aussi ! »

    Arthur Rimbaud

  • "Oh ! tous les Malheureux, tous ceux dont le dos brûle
    Sous le soleil féroce, et qui vont, et qui vont,
    Qui dans ce travail-là sentent crever leur front
    Chapeau bas, mes bourgeois ! Oh ! ceux-là, sont les Hommes !
    Nous sommes Ouvriers, Sire ! Ouvriers ! Nous sommes
    Pour les grands temps nouveaux où l’on voudra savoir,
    Où l’Homme forgera du matin jusqu’au soir,
    Chasseur des grands effets, chasseur des grandes causes,
    Où, lentement vainqueur, il domptera les choses
    Et montera sur Tout, comme sur un cheval !
    Oh ! splendides lueurs des forges ! Plus de mal,
    Plus ! - Ce qu’on ne sait pas, c’est peut-être terrible :
    Nous saurons ! - Nos marteaux en main ; passons au crible
    Tout ce que nous savons : puis, Frères, en avant !
    Nous faisons quelquefois ce grand rêve émouvant
    De vivre simplement, ardemment, sans rien dire
    De mauvais, travaillant sous l’auguste sourire
    D’une femme qu’on aime avec un noble amour :
    Et l’on travaillerait fièrement tout le jour,
    Ecoutant le devoir comme un clairon qui sonne :
    Et l’on se sentirait très heureux ; et personne
    Oh ! personne, surtout, ne vous ferait ployer !
    On aurait un fusil au-dessus du foyer....

  • Le tas des ouvriers a monté dans la rue,
    Et ces maudits s’en vont, foule toujours accrue
    De sombres revenants, aux portes des richards.
    Moi, je cours avec eux assommer les mouchards :
    Et je vais dans Paris, noir, marteau sur l’épaule,
    Farouche, à chaque coin balayant quelque drôle,
    Et, si tu me riais au nez, je te tuerais !

     Puis, tu peux y compter, tu te feras des frais
    Avec tes hommes noirs, qui prennent nos requêtes
    Pour se les renvoyer comme sur des raquettes
    Et, tout bas, les malins ! se disent : "Qu’ils sont sots !"
    Pour mitonner des lois, coller de petits pots
    Pleins de jolis décrets roses et de droguailles
    S’amuser à couper proprement quelques tailles,
    Puis se boucher le nez quand nous marchons près d’eux,

     Nos doux représentants qui nous trouvent crasseux !
    Pour ne rien redouter, rien, que les baïonnettes....
    C’est très bien. Foin de leur tabatière à sornettes !
    Nous en avons assez, là, de ces cerveaux plats
    Et de ces ventres-dieux. Ah ! ce sont là les plats
    Que tu nous sers, bourgeois, quand nous sommes féroces,
    Quand nous brisons déjà les sceptres et les crosses !.."

  • Oh ! Le Peuple n’est plus une putain. Trois pas

    Et, tous, nous avons mis ta Bastille en poussière

    Cette bête suait du sang à chaque pierre

    Et c’était dégoûtant, la Bastille debout

    Avec ses murs lépreux qui nous racontaient tout

    Et, toujours, nous tenaient enfermés dans leur ombre !

     Citoyen ! citoyen ! c’était le passé sombre

    Qui croulait, qui râlait, quand nous prîmes la tour !

    Nous avions quelque chose au coeur comme l’amour.

    Nous avions embrassé nos fils sur nos poitrines.

    Et, comme des chevaux, en soufflant des narines

    Nous allions, fiers et forts, et ça nous battait là....

    Nous marchions au soleil, front haut,-comme cela -,

    Dans Paris ! On venait devant nos vestes sales.

    Enfin ! Nous nous sentions Hommes ! Nous étions pâles,

    Sire, nous étions soûls de terribles espoirs :

    Et quand nous fûmes là, devant les donjons noirs,

    Agitant nos clairons et nos feuilles de chêne,

    Les piques à la main ; nous n’eûmes pas de haine,

     Nous nous sentions si forts, nous voulions être doux !

  • « Je suis maudit, j’ai horreur de la patrie. »

  • Les Gaulois étaient les écorcheurs de bêtes, les brûleurs d’herbes les plus ineptes de leur temps....

    Si j’avais des antécédents à un point quelconque de l’histoire de France !

    Mais non, rien.

  • Le dormeur du val

    C’est un trou de verdure où chante une rivière,
    Accrochant follement aux herbes des haillons
    D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
    Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

    Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
    Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
    Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
    Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

    Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
    Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
    Nature, berce-le chaudement : il a froid.

    Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
    Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
    Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

  • Ma bohème

    Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
    Mon paletot aussi devenait idéal ;
    J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
    Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !

    Mon unique culotte avait un large trou.
     Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
    Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
     Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

    Et je les écoutais, assis au bord des routes,
    Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
    De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

    Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
    Comme des lyres, je tirais les élastiques
    De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !

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