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Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Public

mardi 5 mars 2013, par Robert Paris

La réforme hospitalière :
changer la forme et pas le fond

L’IGAS a rendu son rapport et conclue « Le rapport recommande de poursuivre dans la voie déjà empruntée » ce qui en dit long sur l’avenir de la réforme hospitalière. Pas question de supprimer la T2A. Pas question de supprimer la pression financière cause de dégradation mortelle de l’hôpital public. Pas question de remettre en cause la convergence privé/public. Pas question des embauches massives de personnels pourtant vitales pour la Santé ! Rien ne va changer, du moins en positif sauf le discours, la poudre aux yeux…

La flexibilité n’a pas de limites

Le gouvernement ferme des consultations des services. Il regroupe les hôpitaux en groupes hospitaliers. Et ne voilà-t-il pas qu’en même temps, il voudrait que le personnel se divise ! En effet, pour lui, on peut travailler un jour sur un site, un autre jour sur un autre, au sein du groupe… Ainsi, le service endoscopie bronchique qui se trouve à Tenon est amené à assurer aussi ses soins à Saint Antoine. Et ce n’est pas la seule manière de faire de nous des Shiva à plusieurs bras censés tout faire à la fois : doublement des équipes, regroupements des services, pool de pôles se rajoutent aux mille et une manières de rendre les gens flexibles et de travailler partout et à tout à la fois. Pour le gouvernement, celui-ci comme les précédents, nous ne sommes que des objets inanimés que l’on met ici et que l’on met là, en fonction des désidérata de ces gens-là. Nous voyons le contraire : il y a du boulot en trop parce qu’il y a trop de gens dehors qui attendent d’être embauchés.

Des attaques tous azimuts

Plusieurs de nos acquis sont menacés, dont certains ont été mis en place spécifiquement pour les agents de hôpitaux afin de leur permettre d’assurer en toute quiétude leur travail au sein des hôpitaux. Les crèches, halte-garderies, logements pour le personnel, etc, sont dans la ligne de mire des directions qui cherchent à réduire le nombre de leurs places, voire à les fermer. Et cela alors que s’accroissent les contraintes horaires imposées sur le rythme de travail, les gardes nuit, le travail du week-end, etc. Comme les personnels de santé grecs ou espagnols, on subit des attaques d’ampleur mais on verra leur tête quand on se fâchera, par exemple quand on envahira les bureaux de direction pour les transformer en halte-garderie…

Des soignants mal soignés

La direction de l’APHP voudrait voir disparaître nos correspondants mutuels mis en place il y a plus de cinquante ans pour gérer le centre de sécu. Elle cherche à les réintégrer dans les services hospitaliers. Elle a déjà commencé à mettre en place sa stratégie sous prétexte d’économies. Elle réduit déjà leur nombre et certains correspondants se voient contraints de faire deux mi-temps sur deux hôpitaux. Nos correspondants sont pourtant bien utiles car prenant directement en charge nos feuilles de soins et répondant à nos questions quant à notre prise en charge. Ce qui avait pour objectif de nous faciliter nos démarches en tant qu’agent de la fonction publique va devenir un parcours du combattant pour le remboursement de nos soins.

Un poste dont on peut faire l’économie : la direction

Une autre des politiques économiques de la direction, c’est de rendre des postes. Car, pour le groupe hospitalier de Saint-Antoine, c’est 29 millions d’économie qu’il doit atteindre. A quoi mènent les économies sinon à des sacrifices sans fin. Il suffit de voir qu’on réclame à Cochin dix millions d’économie alors que le groupe hospitalier ferme deux hôpitaux sur six (Hôtel Dieu et Saint Vincent de Paul) !

Cela se traduit par le non remplacement des départs en retraite, des congés maladie. Mais aussi, dans certains services, c’est carrément la suppression de l’aide soignant. Ou au lieu de deux aides soignants pour le service, c’est un seul qui fait le boulot des deux. C’est aussi des IDES qui font office d’aides soignants.

Dans cette même perspective d’économies, nous proposons une économie beaucoup plus rentable consistant à remplacer nous-mêmes la direction !

Emprunts toxiques de Dexia : les hôpitaux contaminés

Dexia est le prêteur historique des hôpitaux qui doivent emprunter pour leurs dépenses d’investissement. Avec la faillite de la banque Dexia, ce sont des dizaines d’hôpitaux qui se retrouvent en grande difficulté financière. En effet, de nombreux établissements ont contracté des prêts auprès de cette banque car les taux de départ, très bas, étaient très attractifs. Mais ces taux, étant variables et indexés sur la parité de change par exemple entre l’euro et le dollar, la remontée brutale des taux a entraîné une explosion de la dette et plus de trois cents établissements seraient concernés par un surcoût estimé à plus de 500 millions d’euros soit 15.000 emplois selon la Fédération hospitalière de France qui regroupe environ mille établissements. Deux tiers des établissements de santé vont se retrouver en cessation de paiement, avec pour conséquences des chantiers à l’arrêt, l’achat d’équipements différé et, plus grave encore, la difficulté pour assurer les dépenses courantes, c’est-à-dire payer les fournisseurs et verser les salaires du personnel. En faisant des établissements de santé (comme de tout le système productif, notamment avec les subprimes) une annexe des banques, ils ont noyé le tout !

Vol à l’arraché !

Après le gel des salaires, l’augmentation des cotisations retraites, ce sont les primes qui sont directement attaquées. En effet, c’est 40€ sur notre prime semestrielle qui vont nous être retirés selon les catégories et cela pourra aller jusqu’à 150€ et même plus. C’est directement dans notre poche que l’on va se servir sous prétexte d’économies ou de faillite. Pour faire passer son sale coup, la direction a trouvé l’astuce : la prime au mérite. Sur quels critères ? Celui d’être corvéable à merci, de dire oui à tout, tout le temps, d’accepter d’être rappelé sur ses jours de repos ou de changer d’horaire au dernier moment, voire de doubler ses journées quand le sous-effectif est trop criant. Diviser pour régner, telle est la devise, mais personne d’entre nous n’y gagnera et c’est nos paies qui vont être directement attaquées si on ne réagit pas à temps…

Vie privée, vie publique

Dans certains services, le planning change tout le temps : un coup du soir, un coup du matin. S’organiser devient un vrai casse-tête. Il faut regarder le planning, nous répond l’encadrement. Oui, mais on ne peut pas le faire sans arrêt… Officiellement, c’est déjà 48 heures avant à condition que l’agent soit prévenu, que ce soit pour raison de service prouvée et que cela reste exceptionnel. Et déjà comme cela, c’est vraiment n’importe quoi. Ce qui est prévu théoriquement, c’est que les plannings soient établis un mois à l’avance et tout agent qui part en vacances doit connaître sont planning de retour. Des évidences que l’on devrait rappeler à l’encadrement en allant leur causer à deux doigts des oreilles s’ils jouent les sourds.

Dans un sens mais pas dans l’autre

Le jour de carence devrait être bientôt supprimé pour les fonctionnaires. Beaucoup d’agents se sont retrouvés en difficultés à cause des retraits de jours de maladie effectués de façon rétroactive par l’administration. Parfois, c’est jusqu’à 200€ qui ont été retirés des fiches de paie de certains d’entre nous. Avec des fins de mois difficiles, certaines situations sont devenues catastrophiques. Cela fait des sommes que l’on nous a volés sur nos paies avec ce jour de carence. Mais l’administration avait fait des études montrant qu’au lieu de prendre de courts arrêts, les personnels étaient contraints de rester longtemps en arrêt et que l’administration gagnait en fait très peu en mécontentant beaucoup le personnel. Elle compte bien en profiter pour bloquer les salaires… Quant à nous rendre l’argent qu’elle-même reconnaît qu’on nous a volés depuis des années, elle ne le veut nullement…

Doubler les équipes pour diviser par deux les salaires

Certains cadres trouvent normal de venir nous demander de doubler l’équipe et prétendent ainsi nous aider à arrondir nos paies. Ils « oublient » ainsi qu’ils multiplient les fatigues, les risques, les nuisances pour notre santé et celle des malades afin de combler un planning dont les trous proviennent de leur politique d’économies. Ils économisent sur nos salaires qui ne suivent même pas le coût de la vie, économisent sur les emplois et n’économisent pas sur l’usure de nos vies….

Des économies de personnel qui tuent

Un enfant à naître est mort in utero faute de place à l’hôpital public, et surtout faute de personnel. La direction de l’hôpital, la direction de l’APHP et le gouvernement, ministère de la santé en tête, disent ne pas comprendre comment une femme qui devait accoucher à la maternité Port-Royal a pu se voir refuser l’hospitalisation pour cause de manque de place. Toute ces autorités sont indignées et se présentent en victimes et elles prétendent enquêter pour comprendre ce qui a bien pu se passer, les hypocrites, alors qu’ils sont les responsables, les organisateurs de la situation qui a mené à ce drame, c’est eux qui d’année en année réduisent les capacités des maternités parisiennes au point que c’est par miracle qu’il n’y ait pas eu plus de catastrophes. Voilà où mènent les regroupements de services, d’hôpitaux avec compression de places et de personnel !

Depuis des années, la direction de la Santé fait fermer des maternités comme celle de Saint-Antoine et les moyens censés remplacer sont largement inférieurs. Depuis des années, les pressions en vue de la rentabilité maximale signifient non seulement des fermetures de lits, de services, d’hôpitaux et des restrictions de personnel mais aussi une augmentation des charges qui va à la limite du faisable.


Journée du 5 mars : mais quelle viande avariée veulent donc nous faire avaler les Spanghero du syndicalisme ?

La lame de fond des suppressions d’emplois, de fermetures de site continue. Des organisations syndicales et politiques, du Front de gauche à l’extrême gauche et des syndicats CGT ou FO, nous appellent donc à une journée d’action le 5 mars. Cela aurait eu un tout autre sens si ceux qui y appelaient cherchaient véritablement à unir les salariés des entreprises qui ferment ou licencient.

Mais ces organisations sont toutes à leur manière respectueuses des divisions entreprise par entreprise et des divisions public/privé quand ce n’est pas CDI/CDD, avec ou sans papiers et salariés/chômeurs, pas du tout prêt à unir afin de frapper ensemble les classes dirigeantes qui détruisent nos emplois.

Ils veulent seulement apparaître légèrement à gauche du gouvernement ou à gauche des autre centrales syndicales, celles qui ont signé l’Accord interprofessionnel sur « la sécurisation de l’emploi », Medef-CGC-CFDT-CFTC : « Le gouvernement annonçant son intention de retranscrire dans la loi un mauvais accord pour les droits sociaux, la CGT et FO décident d’appeler les salariés à se mobiliser et à exprimer leur désaccord en direction du gouvernement, des députés et des sénateurs.(…) Cette journée doit exprimer un refus de l’austérité et de la flexibilité ; l’exigence de réponses nouvelles pour les droits sociaux, l’emploi, l’augmentation des salaires et des pensions. »

Et pour soi-disant lutter contre l’austérité et la précarité qu’impose le patronat avec l’aide d’un parlement et d’un gouvernement PS-Ecologie à leur service, nous sommes invités à aller implorer … ces mêmes gouvernements et parlements !

Ils veulent donc limiter nos actions à des complaintes présentées aux élus alors que nous subissons une attaque violente des patrons de Sanofi à Renault et de PSA à Bouygues, attaque dont le gouvernement est non seulement complice mais à laquelle il s’associe largement en supprimant des emplois publics de postiers, de cheminots et d’infirmières. Demander au licencieur en chef de combattre les licencieurs, c’est vraiment demander au cheval de remplacer la viande de bœuf !

Le PCF à son récent congrès, qui s’est décerné le César du rôle de meilleur rassembleur de cette gauche de la gauche, voudrait bien par cette initiative se faire le tampon entre les travailleurs en colère et le patronat. La « gauche radicale » de N. Arthaud à O. Besancenot ainsi que des dirigeants syndicaux d’entreprises en lutte sur différents sites ont été salués sur un ton paternel par ce congrès, où ils ont côtoyé des représentants du PS.

Quel est l’objectif ? Appeler F. Hollande à remplacer les « mauvais accords » par de bons, les « patrons voyous » par de « bons patrons », les « mauvaises lois bourgeoises » de « bonnes lois bourgeoises ». Un bon patron serait celui qui rachèterait un site, appuyé par le ministère du redressement productif grâce aux « rapports d’experts » commandés systématiquement par les syndicats ; mais comme les patrons ne veulent plus investir dans leur système, ce qui est un des aspects de la crise depuis 2008, on irait jusqu’à encourager l’Etat à nationaliser ou les salariés à reprendre « leur » entreprise par exemple sous forme d’une Scop, grâce au soutien de « bonnes lois » du ministère de l’ économie sociale et solidaire. L’essentiel, bien entendu, dans tout cela est que la classe ouvrière pense qu’elle n’a pas à mener l’action directe, seulement à quémander à l’Etat.

Ces plans ne sont pas un plan d’urgence, le plan de bataille dont les travailleurs, tous licenciables avec la crise, ont besoin. C’est un plan illusoire de sauvetage des capitalistes, leur permettant de licencier « en douceur », prétendant éviter la guerre sociale alors que patrons et gouvernement la mènent.

En 1914, 1936, 1945, 1958, 1968, 2010, cette gauche syndicale et politique a toujours répondu présent pour forger des unions sacrées, économiques, politiques, de fausses oppositions, de vrais collaborations de classe.

La crise de 2008, dont ne sort pas le capitalisme, a remis à l’ordre du jour ces prestataires de service.

Voulons-nous recommencer les mouvements sur les retraites de 2003 et 2010 où ces organisations nous ont mené en bateau et promené ?

C’est à nous salariés de discuter de la situation, de nos revendications, d’organiser nos actions. En petits groupes, en grands groupes, ou juste à la machine à café, de toutes les manières. C’est à nous d’organiser des groupes de discussion, des conseils de défense des emplois, des salaires, des retraites, à nous d’organiser nos propres assemblées pour réfléchir ensemble aux attaques et aux moyens et aux revendications. Même s’ils sont combatifs, les syndicats ne peuvent pas nous remplacer et c’est seulement ainsi qu’une mobilisation sera vraiment la nôtre et pourra répondre à la guerre du patronat, dont fait partie l’attaque à venir sur les retraites, l’attaque de la SNCF comme la guerre du Mali.

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