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La monarchie espagnole frappée par les scandales de corruption

vendredi 15 mars 2013, par Robert Paris

La monarchie espagnole frappée par les scandales de corruption

Par Vicky Short

Les scandales de corruption qui font tanguer le Parti populaire (PP) de droite au pouvoir en Espagne, ainsi que de nombreuses entreprises et institutions financières, s’étendent maintenant au Roi Juan Carlos et la famille royale.

Au moment où la grande majorité de la population espagnole subit d’énormes souffrances dues aux difficultés économiques entraînées par des années de mesures d’austérité brutales, les couches les plus élevées de la société se voient de plus en plus haïes en raison de leur exploitation de la crise et de leurs appels à l’unité qui serait censée résoudre celle-ci. Le roi a récemment déclaré que le moyen de dépasser la crise serait que chacun dans le pays « agisse ensemble, unissant nos voix, ramant à l’unisson. »

L’an dernier, les médias ont tenté de raviver la sympathie pour le roi lorsqu’il s’est cassé la hanche. La première version de l’histoire était que c’était arrivé pendant qu’il travaillait à son bureau. Mais il s’est avéré qu’il était en fait tombé alors qu’il chassait l’éléphant au Botswana lors d’un safari africain de luxe, gardé secret.

Il a également été prétendu qu’il s’était servi de sa position privilégiée pour trouver des investisseurs dans des opérations financières criminelles impliquant son gendre, Iñaqui Urdangarin, et sa femme, la fille du roi, Christina de Bourbon.

Urdangarin, un joueur de handball ayant obtenu une médaille aux jeux olympiques, a reçu le titre de Duc de Palma à son mariage. Il aurait détourné des millions d’euros de fonds du gouvernement par une organisation caritative qu’il a co-dirigée entre 2004 et 2006. Urdangarin et son ex-partenaire en affaires Diego Torres sont accusés d’avoir établi un réseau de compagnies commerciales fictives qui opèrent derrière l’Institut Nóos qui organise des événements sportifs et touristiques.

Tous deux font l’objet d’une enquête parce qu’ils auraient détourné de ces compagnies 5,8 millions d’euros appartenant aux gouvernements régionaux de Valence et des Baléares dirigés par le PP.

Dans une tentative de le garder en dehors du scandale, le roi a envoyé Urdangarin et sa famille à Washington DC pour y prendre un poste de consultant dans la compagnie de télécommunications espagnole Telefonica. Si le plan était de laisser Torres seul face aux accusations, celui-ci ne l’a pas entendu de cette oreille. Pour sa défense, Torres a produit des dizaines de documents et d’échanges d’e-mails impliquant Urdangarin, sa femme et le roi, qui n’ont pas encore été entendus par les enquêteurs.

Les scandales de corruption impliquant des membres de la famille royale entraînent des questions sur leur légitimité et sur le futur de la monarchie.

Cela soulève la question de la contribution essentielle apportée par le Parti Communiste espagnol (PCE) stalinien et son chef, Santiago Carrillo, pour sauver la bourgeoisie après la mort du dictateur fasciste, le général Francisco Franco, et l’effondrement de son régime en 1975.

La guerre civile espagnole a commencé en 1936. C’était la réponse de la classe dirigeante, sous la direction de Franco et d’une partie de l’armée, à la révolution qui avait commencé en 1931 par la chute de la monarchie et la création d’une république.

La lutte pour une perspective révolutionnaire et un programme qui pourrait défaire le fascisme et établir le socialisme en Espagne a été saboté par le PCE, qui adhérait servilement à la politique du Front populaire, une alliance avec la bourgeoisie, décidée par la bureaucratie du Kremlin. Toute tentative de la classe ouvrière, dans n’importe quel pays, de faire tomber le capitalisme et de prendre le pouvoir dans ses mains devait être empêchée. Cela a eu des effets désastreux et a désarmé la classe ouvrière, ouvrant la voie à une victoire fasciste et à 36 ans d’oppression.

En 1969, Franco avait déjà nommé le prince Juan Carlos comme son successeur. Il l’a entretenu et formé au cours des années dans l’espoir qu’il poursuivrait le Franquisme sans Franco. Après sa nomination, Juan Carlos a juré à la cour « fidélité aux principes du mouvement national et aux autres lois fondamentales du royaume. »

Il a déclaré aux journalistes « le Général Franco est, historiquement et politiquement, une figure vraiment importante pour l’Espagne. Il a été celui qui nous a poussé en avant et a résolu notre crise en 1936. »

Interrogé sur ce que Franco représentait pour lui personnellement, Juan Carlos a répondu, « pour moi, c’est un exemple vivant, jour après jour, pour sa performance patriotique au service de l’Espagne, et pour cela j’ai une grande affection et du respect pour lui. »

Les « rénovateurs » au sein du régime fasciste avaient simultanément recruté le chef du parti communiste en exile, Santiago Carrillo, pour s’assurer que l’éventuel décès de Franco n’entraînerait pas une révolution. Carrillo leur a donné l’assurance qu’ils n’auraient rien à craindre.

Quand Franco est mort en 1975, les ouvriers ont voulu régler leurs comptes avec les fascistes. Ce fut une fois de plus le stalinisme qui a fait dévier ces luttes vers des demandes purement économiques et a collaboré avec les fascistes et les sociaux-démocrates – un pacte avec la bourgeoisie connu comme « la transition pacifique du fascisme vers la démocratie ». Au passage, la monarchie a été ressuscitée.

Quand en 1981 une tentative de coup d’Etat a eu lieu et des membres du Parlement ont été pris en otage au Congrès, Carrillo a renforcé la légitimité de la monarchie en répandant le mythe que le roi Juan Carlos serait intervenu personnellement pour empêcher un retour des fascistes au pouvoir. En fait, le roi ne s’est opposé au coup d’Etat qu’une fois qu’il eût compris qu’il n’y avait aucun soutien pour celui-ci au sein de la classe dirigeante.

Le Général Alfonso Armada y Comyn était impliqué dans ce coup d’Etat (beaucoup affirment qu’il en était le chef), le roi l’avait nommé au poste de chef en second de l’état-major seulement 11 jours avant le putsch. Pendant 25 ans, Armada avait été le mentor de Juan Carlos durant son entraînement militaire, son meilleur ami et un confident intime.

Les travailleurs de toute l’Espagne, emmenés par les mineurs des Asturies, ont déclenché une grève générale et des mobilisations contre les organisateurs du coup d’Etat. Ce fut une fois de plus le Parti communiste qui est venu à l’aide et s’est servi de l’intervention tardive de Juan Carlos pour consolider la monarchie en Espagne et sacrer le roi comme défenseur de la démocratie.

Le mythe du roi comme défenseur de la démocratie a été perpétué jusqu’à ce jour par des médias serviles, la bureaucratie sociale-démocrate et syndicale, et un certain nombre d’historiens.

Une montée populaire contre la monarchie menacerait l’ensemble de ce réseau de mythes et de mensonges, ainsi que les institutions établies durant la transition et entraîneraient un regain de luttes révolutionnaires. Si, en général, les partis politiques officiels comme le PSOE et les médias sont venu défendre le roi, ou plutôt ce que représente le roi, il y a des sections plus prudentes de la classe dirigeante qui croient que la situation serait moins dangereuse si on remplaçait le roi par son fils, le Prince Felipe de Bourbon.

Le quotidien El Pais a publié un éditorial au début de l’année intitulé, « El Tiempo del Principe » (Le temps du prince). Sans appeler ouvertement à une abdication, il tentait de dissocier le prince et sa femme Leticia, une journaliste qui ne vient pas de la noblesse et qui était divorcée avant d’épouser Felipe, du roi et de ce scandale.

Les héritiers actuels des staliniens, le parti Izquierda Unida, se limite à exiger plus de transparence de la part de la monarchie sur ses revenus et ses dépenses. Dans son dernier article, ils ont même recommandé à la famille royale de démontrer que ces accusations sont, comme elle le prétend, fausses, en faisant un procès à ceux qui les accusent, comme Torres.

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