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Chinua Achebe a disparu mais il ne s’est pas tu. Le monde construit par Achebe ne s’effondre pas.

dimanche 24 mars 2013, par Robert Paris

Chinua Achebe a disparu mais il ne s’est pas tu. Le monde construit par Achebe ne s’effondre pas. Rien ni personne ne l’a fait taire, pas même la mort car son oeuvre continue de nous parler...

Chinua Achebe est décédé. C’était un écrivain engagé et l’un des plus grands. Il a combattu le colonialisme, l’oppression religieuse, ethnique, raciale, culturelle, religieuse, l’exploitation économique et la dictature politique et militaire sans craindre les conséquences qui pouvaient le frapper. Chinua Achebe laisse une œuvre immense, qui va du roman à l’essai, de la poésie à la nouvelle, en passant par le livre pour enfants et les Mémoires.

Né en 1930, Chinua Achebe fut l’un des premiers Nigérians à étudier à l’université d’Ibadan. Avec son roman culte, « Le monde s’effondre » (1958), il dévoilait une critique du colonialisme blanc. « L’homme blanc est très intelligent. Il est venu sans bruit et de manière pacifique dans la région. Sa bêtise nous amusait et nous l’avons autorisé à rester. Aujourd’hui, il a gagné les cœurs de nos frères et notre clan ne peut plus faire comme s’il était uni et indivisible », dit l’ami du personnage principal du Monde s’effondre.

Autres extraits :

"Okonkwo était bien connu à travers les neuf villages et même au-delà. Sa réputation reposait sur de solides réussites personnelles. Jeune homme de dix-huit ans, il avait apporté honneur et gloire à son village en terrassant Amalinze le Chat. Amalinze était ce grand lutteur qui, pendant sept ans, était resté invaincu, d’Umuofia à Mbaino. On l’appelait le Chat parce que son dos se refusait à toucher la terre. Ce fut cet homme qu’Okonkwo terrassa dans une lutte dont les vieux s’accordèrent à dire que c’était une des plus acharnées depuis que le fondateur de leur ville s’était attaqué à un esprit de la brousse et l’avait affronté pendant sept jours et sept nuits."

"Par bonheur, chez ces gens-là, on jugeait un homme selon sa valeur et non selon la valeur de son père."

"Pour couronner le tout, il avait acquis deux titres et avait montré une prouesse incroyable dans deux guerres intertribales. Et c’est pourquoi Okonkwo, bien qu’il fût jeune encore, était déjà l’un des plus grands hommes de son temps. L’âge était respecté parmi les gens de son peuple, mais la réussite était révérée. Comme disaient les anciens, si un enfant se lavait les mains, il pouvait manger avec des rois. Okonkwo s’était indubitablement lavé les mains et c’est pourquoi il mangeait avec les rois et les anciens. Et c’est ainsi qu’il lui échut de prendre soin du jeune garçon condamné qui fut sacrifié au village d’Umuofia par leurs voisins afin d’éviter de faire la guerre et de verser le sang."

"Ayant parlé de façon directe jusque-là, Okoye dit la demi-douzaine de phrases suivantes sous forme de proverbes. Chez les Ibo, l’art de la conversation jouit d’une grande considération, et les proverbes sont l’huile de palme qui fait passer"Elles s’installèrent sur chaque arbre et sur chaque brin d’herbe ; elles s’installèrent sur les toits et couvrirent le sol nu. De puissantes branches d’arbres se brisaient sous leur poids, et le pays tout entier prit la couleur de terre brune de l’immense fourmillement affamé."

"Derrière eux se dressait l’énorme et antique cotonnier sacré. Des esprits de bons enfants vivaient dans cet arbre en attendant de naître. Les jours ordinaires les jeunes femmes qui désiraient des enfants venaient s’asseoir à son ombre."

Avec « Le Malaise », c’est son œuvre principale. Dans les « Termitières de la savane », il décrit une Afrique prise par la corruption, la position fausse des intellectuels, où la femme est l’avenir.

En 2004, Achebe refuse, pour protester contre la politique actuelle de son pays natal, le titre de Commander of the Federal Republic (CFR), le deuxième titre honorifique le plus important au Nigeria.
Chinua Achebe s’était illustré pendant la guerre du Biafra( 1967-1970) en soutenant la sécession dirigée par le colonel Chukwemeka Odumegwu Ojukwu, dont il sera, d’ailleurs, l’ambassadeur. Il avait toujours affirmé que le peuple ibo, en particulier l’élite, était l’objet de discriminations. Écrivain engagé dans la défense des valeurs culturelles africaines, Chinua Achebe laisse une œuvre immense, qui va du roman à l’essai, de la poésie à la nouvelle, en passant par le livre pour enfants et les Mémoires. Ce fut aussi un critique acerbe des turpitudes du continent.


Quelques citations :

« Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, l’histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur ».
« Un coeur fier peut survivre à un échec général parce qu’un tel échec ne blesse pas son orgueil. C’est plus difficile et plus amer quand un homme échoue tout seul. »

« Un enfant ne peut payer le lait de sa mère. »

« Les proverbes sont l’huile de palme qui fait passer les mots avec les idées. »

« Pour ma part, je serais plus que satisfait si mes romans pouvaient déjà montrer à mes lecteurs que leur passé -avec toutes ses imperfections- n’était pas une longue nuit de sauvagerie dont ils ont été délivrés par les premiers Européens agissant au nom de Dieu. »

Autres romans :

Things Fall Apart, 1958

No Longer at Ease, 1960

The Sacrificial Egg and Other Stories, 1962

Arrow of God, 1964

A Man of the People, 1966

Chike and the River, 1966

Beware, Soul-Brother, and Other Poems, 1971

How the Leopard Got His Claws (with John Iroaganachi), 1972

Girls at War, 1973

Christmas at Biafra, and Other Poems, 1973

Morning Yet on Creation Day, 1975

The Flute, 1975

The Drum, 1978

Don’t Let Him Die : An Anthology of Memorial Poems for Christofer Okigbo (editor with Dubem Okafor), 1978

Aka Weta : An Anthology of Igbo Poetry (co-editor), 1982

The Trouble With Nigeria, 1984

African Short Stories, 1984

Anthills of the Savannah, 1988

Hopes and Impediments, 1988

Home & Exile, 2000

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