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La coexistence du loup et de l’agneau dans l’impasse

mardi 16 avril 2013, par Robert Paris

La coexistence du loup et de l’agneau dans l’impasse

A Florange, le gouvernement et les syndicats ont tout fait pour jouer aux salariés la complainte des sauvetages possibles mais le mensonge le plus long ne dure pas éternellement et c’est fini. La « lutte pour la défense des derniers hauts fourneaux » se solde par un échec sanglant. Le gouvernement et les syndicats se prétendaient mobilisés au maximum de leurs forces. Le dirigeant de la lutte, le « syndicaliste » Edouard Martin de la CFDT conclue : « Les politiques nous ont instrumentalisés ». Il a mené la stratégie syndicale de lutte chacun pour soi, site par site, entreprise par entreprise, boite par boite, et il conclue : « Nous nous sommes battus et, au bout du compte, nous sommes perdants sur toute la ligne. » Mais, en fait, loin d’avoir tiré des leçons des tromperies politiciennes, c’est-à-dire d’en appeler à l’action ensemble de tous les salariés, il déclare encore que ce sont les politiques de la bourgeoisie qui vont « sauver les emplois » : il affirme que « Le mandat de François Hollande n’est pas terminé. S’il en a le courage, il peut encore agir pour Florange. »

Non seulement ces dirigeants syndicaux ont prétendu qu’on pouvait défendre un site en se battant seulement pour ce site mais ils ont fait croire à toutes les négociations avec Mittal, avec les autres repreneurs, avec le gouvernement, avec tous les patrons. Ils n’ont pas fait que cela, ces dirigeants syndicaux. Ils ont dénoncé l’idée d’une lutte d’ensemble contre le les licenciements, empêché les liaisons inter-boites, se sont opposé à une manifestation politique nationale contre les licenciements de Florange, parlant d’exploitation politique et défendant le monopole syndical d’organisation de la lutte.
Ces syndicalistes ne luttent pas pour défendre les emplois, les salaires, les salariés mais la filière, l’économie, les hauts-fourneaux, l’économie, les intérêts de la France. Ils ne développent pas la conscience de classe, ils la détruisent par leurs propos, par leurs perspectives, par leur refus de toute auto-organisation des travailleurs au-delà des sites, des secteurs, des professions.
Voilà ce qu’a dit la CFDT. La CGT, elle, a défendu que c’était au gouvernement de sauver les emplois en nationalisant. Comme si le gouvernement était un allié des salariés qui n’avait pas conscience de son rôle de défenseur des emplois et non un ennemi des travailleurs, que la gauche ou la droite gouverne !

Si Arnaud Montebourg a prétendu nationaliser Florange, ce n’était qu’une tromperie de plus, de même que lorsqu’il a prétendu être en guerre avec le patron de PSA pour finir par déclarer qu’il l’admirait…

Les syndicalistes qui dirigent ces luttes sont toujours indignés mais ils n’ont jamais prévenu les travailleurs de qui étaient leurs amis et leurs ennemis et n’ont jamais véritablement dénoncé les tromperies.

Faire croire que Sarkozy parti, les salariés menacés par les licenciements étaient sauvés était un piège de la gauche, PCF compris et CGT aussi.

Faire croire qu’il faut défendre les hauts fourneaux, défendre la sidérurgie d’un côté, défendre l’Automobile de l’autre, etc, tout cela, ce n’est que des pièges que les dirigeants syndicaux ont monté depuis des années. Faire croire que l’Etat va nous sauver, c’est déjà une tromperie.

Les dirigeants syndicaux ne peuvent pas plus sauver les salariés des licenciements et des fermetures qu’un bouc ne peut donner du lait !

La force des travailleurs est d’abord et avant tout dans leur capacité de s’organiser de manière autonome. Quiconque les en empêche ne fait que les désarmer et donc de faire triompher leurs ennemis.

Florange en est une nouvelle et cruelle démonstration et le pire serait que le reste de la classe ouvrière ne tire pas cette leçon.

Il n’y a pas plus de place aux négociations à Florange qu’à PSA ou dans tout le reste des entreprises. Les discours aux agneaux selon lesquels on peut finir par s’entendre avec les loups doivent être combattus clairement et ceux qui refuseront de les combattre sont des ennemis politiques des travailleurs, même s’ils se déguisent sous des couleurs vives…

La suite

Petit historique

Messages

  • Sur l’ordre du gouvernement, l’Assemblée nationale a donc rejeté l’examen de la proposition de loi d’amnistie pour les syndicalistes condamnés lors de conflits sociaux. Cette loi était pourtant réduite à peau de chagrin après son passage devant le Sénat. Elle n’arrivait même pas au niveau de celle adoptée par Chirac en 2002.

    L’Assemblée nationale a rejeté cette loi d’amnistie pour les syndicalistes alors qu’elle n’arrivait même pas au niveau de celle adoptée par Chirac en 2002.

    Ce refus d’une amnistie (pourtant bien limitée), vise précisément les travailleurs de Continental, de La Poste et d’ailleurs, qui se sont battus pour leurs emplois. Il vise ceux de PSA Aulnay, dont huit grévistes ont été licenciés pour des jets d’œufs et autres broutilles, à qui le gouvernement envoie les CRS dès qu’ils rendent une visite de courtoisie au Medef, au siège de PSA ou ailleurs.

    Il y a quelques jours, c’est encore un militant CGT d’Alès qui a été condamné à deux mois de prison avec sursis, 1 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité pour avoir jeté un œuf lors d’une manifestation en 2010. Avec cet œuf, il aurait traumatisé pas moins de... 12 policiers ! (extrait de Convergences Révolutionnaires)

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