Accueil > 16- EDITORIAUX DE "LA VOIX DES TRAVAILLEURS" - > L’opération « main propres » du gouvernement pour cacher les vrais (...)

L’opération « main propres » du gouvernement pour cacher les vrais scandales des classes dirigeantes

mercredi 24 avril 2013, par Robert Paris

Edito :

L’opération « main propres » du gouvernement pour cacher les vrais scandales des classes dirigeantes

Le dévoilement des patrimoines des ministres a fait causer sur quelques fortunes des ministres, sans permettre d’y voir clair sur le véritable scandale Cahuzac et sur son ampleur, bien au-delà du cas personnel de ce ministre. En effet, ce n’est pas pour cacher ses revenus au fisc que Cahuzac planquait son fric à l’étranger mais parce que cet argent provenait des labos pharmaceutiques, alors que la loi interdit à un médecin dans l’exercice de sa fonction de recevoir de l’argent de ces trusts.

Qu’un médecin ayant participé à des arbitrages concernant des médicaments, ayant signé des certifications de produits pharmaceutiques pour la sécurité sociale, ayant été conseiller médical au ministère de la santé sous Evin-Rocard, ait pu recevoir des sommes très importantes des trusts pharmaceutiques, c’est bien autre chose qu’une petite dissimulation de fortune au fisc ! Qu’on s’aperçoive ensuite qu’après un diplôme en chirurgie générale, il se prétende à la fois chirurgien spécialiste de la cage thoracique, spécialiste en chirurgie cardiaque dans l’hôpital public, renonce à faire état de sa qualification de chirurgien (pourquoi ?) puis se dise spécialiste en chirurgie esthétique (implants capillaires) dans le privé, alors que l’Ordre des médecins a refusé son inscription comme chirurgien esthétique, plastique et dermatologique (un peu trop de spécialités pour un seul homme !) et dirigeant d’un cabinet de conseil de l’industrie pharmaceutique, a été inscrit comme généraliste secteur un (tarif conventionné, sans dépassement honoraires) à la sécu, qu’il soit cependant considéré comme une référence médicale par la Sécu et par le Ministère de la Santé, en voilà un autre ! Mais que de faux médicaments (ou dangereux) soient mis en circulation, administrés aux malades et remboursés pas la sécu du fait de ses avis soi-disant avertis avant d’être retirés de la circulation, c’est autrement grave. Et ce scandale-là ne concerne pas que Cahuzac, aussi menteur et aussi voleur soit-il ! C’est tous les ministères, tous les organismes médicaux et sociaux qui sont arrosés par les méthodes corruptrices des labos pharmaceutiques qui achètent les médecins, les vétérinaires, les directions hospitalières et pas seulement les gouvernants et les politiciens. Et le pire, c’est qu’une fois ce scandale dévoilé, les trusts pharmaceutiques ne sont ni poursuivis, ni même désignés du doigt par les média !!! Et que ce scandale va continuer ben tranquillement…

En faisant semblant de se dévoiler lui-même par la publication de patrimoine des ministres, le gouvernement Hollande-Ayraut ne fait que cacher le vrai scandale. Il affirme combattre la corruption mais couvre les corrupteurs qui sont les trusts capitalistes. Et tout l’élan soi-disant populaire pour son opération mains blanches des hommes politiques n’empêchera pas du tout les trusts pharmaceutiques de continuer à ponctionner la santé publique. Comme la cape sert au torero à détourner l’attention du taureau vers un leurre, le gouvernement sert de leurre au mécontentement populaire. La classe politique sert de couverture à la classe dirigeante qui est capitaliste et possède en patrimoine non des millions mais des milliards….

Si les opposants politiques, de droite et d’extrême droite, qui connaissaient les détournements de Cahuzac ne les ont pas dénoncés alors qu’ils hurlent contre le gouvernement de gauche tant qu’ils peuvent sur tous les thèmes sauf les plans sociaux, c’est qu’ils sont entièrement d’accord pour couvrir eux aussi les sales méthodes des trusts et le détournement de fond fondamental, celui du grand capital privé de toutes les richesses de la société. Dénoncer les méthodes clandestines de lobbys des trusts du Bâtiment, du Nucléaire, de l’Automobile, de la Banque comme du Médicament ou du Matériel médical, ce n’est pas les politiciens d’aucun bord qui le feront… Même les verts, même le PCF, même Mélenchon, tous ceux qui postulent à participer au gouvernement de la bourgeoisie se gardent bien de cracher dans la soupe !

Les travailleurs et les milieux populaires ne peuvent compter, pour savoir la vérité et pour faire cesser de tels scandales en s’attaquant à leurs vrais ennemis, que sur leur propre organisation en tant que classe et pas sur les politiciens bourgeois d’aucun bord politique les élections bourgeoises et sur les institutions mises en place par cette seule classe exploiteuse. Ce n’est pas un Cahuzac qu’il faut écarter du pouvoir, c’est toute la classe capitaliste ! Et quiconque est contre l’organisation politique collective des travailleurs, indépendante de toutes les institutions bourgeoises, de l’Etat, des centrales syndicales et des classes dirigeantes, qu’il soit dirigeant politique, syndical ou associatif, aussi radical qu’il paraisse, aussi dures soient ses paroles contre certaines injustices ou certains crimes de la société actuelle, n’est pas de notre bord et nous empêche de faire cesser le scandale.

Les aventures du conseiller technique "médicaments" du gouvernement Rocard

Citons le veinotonique des laboratoires Boots, l’Esberiven, que la France est quasiment la seule à rembourser encore ce médicament, alors que dès 1994, la commission de la transparence prévient que ce produit ne présente pas "d’amélioration du service médical rendu". Le laboratoire américain Boots a eu « du mal » à obtenir l’autorisation en 1989 de son veinotonique Esberiven, écrit Le Parisien. « C’est dans ce contexte que Boots fait appel à Cahuzac : lui seul connaît suffisamment les arcanes, les hommes, pour savoir à quelle porte frapper. Il le fera avec une efficacité redoutable. » Mais finalement, en 2005, la Haute autorité de santé conclura à un « service médical rendu insuffisant » pour ce médicament, comme l’ensemble de sa catégorie d’ailleurs.

Plus tard, début 2000, alors député et rapporteur du budget de la Sécu, il a bénéficié de l’aide de l’américain Lilly, huitième laboratoire mondial à l’époque et inventeur, notamment, de l’antidépresseur Prozac, en échange de son soutien au le Zyprexa.

Sous ses conseils, le Maxepa des laboratoires Pierre Fabre, un traitement à l’huile de foie de morue, était prescrit chez les patients atteints du VIH et ayant une hypertriglycéridémie, a été autorisé au remboursement en 1989 à 65% et « à un prix trois fois supérieur à ses concurrents ». Finalement, en 2007, la Haute autorité de santé décidera que le service médical rendu par le Maxepa est insuffisant et préconisera qu’il ne soit plus remboursé.

Jérôme Cahuzac aurait joué un rôle pour que le médicament anticholestérol de la classe dite des statines, le Tahor, fabriqué par Pfizer, soit bien accueilli par les pouvoirs publics français, c’est-à-dire par le ministère de la Santé.

Dans la longue liste des relations incestueuses entre le déchu ministre du Budget et l’industrie pharmaceutique, ses allers-retours entre le service public, au cabinet du ministre de la Santé puis comme élu, et le privé – comme consultant pour les labos – posent problème.
Sa proximité avec le lobbyiste Daniel Vial est regardée de près. L’avocat de ce dernier a déclaré au Parisien que son client estimait que Jérôme Cahuzac avait travaillé environ six mois pour sa société PR International, en 1992. Il ajoute :
« Sa compétence était précieuse, car il était à la fois médecin et expert en mécanismes administratifs. Il devait expliquer dans des notes remises aux clients qui il fallait rencontrer dans l’appareil d’Etat. Le ministère de la Santé est d’une telle complexité que son expertise était d’une absolue nécessité. »
Jérôme Cahuzac s’établira ensuite à son compte. Il risque d’être amené à s’expliquer sur les activités de Cahuzac conseil, entre 1993 et 1997.

Lorsqu’il a effectué ses contrats pour Pfizer, Jérôme Cahuzac avait quitté le poste de responsable du médicament au cabinet du ministre des Affaires de la Santé, Claude Evin (de 1988 à 1991).
Mais, sous le gouvernement Jospin, en 1998-1999, alors qu’il était député et rapporteur du Budget de la Santé pour le PS, apparaissent dans les comptes de sa société deux factures d’un montant global de 250000 F, sans que l’on sache qui les a payées. Interrogé, l’entourage du ministre n’a pas répondu.

A l’Assemblée nationale, les questions du député Cahuzac portent souvent sur la politique vaccinale, remarque Le Canard enchaîné. En 2009, dans une question sur la politique vaccinale, Cahuzac propose d’abaisser l’âge pour la prise en charge du vaccin contre la grippe, de 65 à 50 ans, « par paliers successifs ». Une politique qui aurait eu un coût certain pour la Sécu, et qui n’a pas été jugée utile sur le plan de la santé publique.
Toujours en 2009, le député intervient encore au sujet des vaccins. Il déplore que « les deux vaccins anti-rotavirus demeurent non remboursés par la Sécurité sociale ». Et insiste pour que « la décision de recommandation soit prise dans des délais très rapides pour assurer qu’au terme du processus complet d’accès au marché, les vaccins sous leur statut remboursé soient accessibles aux familles ».
GSK et Sanofi Pasteur, les laboratoires fabricant ces vaccins, ont-il soufflé la question à l’oreille du député ? Possible, vu sa sensibilité à leurs intérêts. Toutefois, le député n’a pas eu gain de cause, car les autorités sanitaires « ne recommandent pas actuellement la vaccination systématique contre le rotavirus des nourrissons de moins de six mois », indique le guide vaccination 2012 de l’Inpes.

Cahuzac a longtemps été abouché à l’industrie pharmaceutique. Pour s’enrichir, il a donc monté sa propre société, Cahuzac Conseil, en 1993.

Bien que surtout lucrative dans les années 1990, cette officine est toujours officiellement active dans le " conseil pour les affaires et autres conseils de gestion ". Mais elle n’a pas été dissoute et, selon le greffe du tribunal de commerce, le ministre du Budget de Ayrault en est toujours le "gérant ".

Messages

  • L’affaire Cahuzac est l’arbre qui cache la forêt, car pour les nantis, user de tous les moyens pour échapper au fisc est banal. Les possédants, les capitalistes qui, au nom de la crise, imposent toujours plus de précarité et de misère, contournent ou violent leurs propres lois pour mettre à l’abri et “optimiser” les profits qu’ils retirent de l’exploitation des travailleurs-euses.

    La fraude fiscale atteint 60 à 80 milliards d’euros en France, soit près de 20 % des recettes fiscales brutes. Sans parler de la tout à fait légale “optimisation” fiscale qui permet aux grands groupes capitalistes de payer peu ou pas du tout d’impôts sur les bénéfices ou sur les sociétés, sans parler de leurs profits, sans parler de l’argent engrangé depuis des décennies par Renault, PSA, Dassault, Air France et compagnie sur le dos de leurs salarié-e-s. Donc, de l’argent, il y en a ! Pour combler le déficit du régime retraites et le “trou” de la Sécu, pour l’emploi et les salaires ! Il est plus que jamais légitime de revendiquer des mesures d’urgences : augmentation de 300 euros des salaires, pensions, minima sociaux ; interdiction des licenciements et partage du travail entre toutes et tous…

  • Suite à l’affaire Cahuzac, le gouvernement avait mis en place cette instance pour récolter les déclarations d’intérêts des ministres et des parlementaires. Comme lors des précédentes livraisons, les formulaires ne sont pas toujours très lisibles, les sommes données indifféremment en brut ou en net et la lisibilité informatique des données insuffisante.

    On y découvre toutefois certains chiffres intéressants, en premier lieu que le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, a gagné près d’un million d’euros par an en 2011 et 2012 en tant qu’associé de la banque Rothschild. Soit au total 2,884 millions d’euros de 2009 à 2012.

    Si l’on fait la somme du passif (il a environ 1,05 million d’euros d’emprunts) et de l’actif (environ 1,2 million) du patron de Bercy, ce dernier n’est pas redevable de l’impôt sur la fortune (ISF, redevable au-delà d’1,3 million d’euros de patrimoine net).

    Mais comme, par ailleurs, il indique posséder un appartement parisien de 83 mètres carrés estimé à 935 000 euros et qu’il déclare un prêt de 350 000 euros concernant des « travaux résidence secondaire » alors qu’aucune résidence secondaire n’est mentionnée dans ses biens immobiliers, on peut se demander si la propriété de sa femme au Touquet ne devrait pas être incluse dans le patrimoine du foyer... qui serait alors redevable de l’ISF.

  • Raymond Barre est soupçonné d’avoir caché en Suisse une somme équivalente à 7 millions d’euros. "A côté, Jérôme Cahuzac fait presque figure de petit joueur", raille le Canard enchaîné, qui a révélé l’information ce mercredi.

    Une information judiciaire est ouverte depuis le 29 avril 2016, après deux ans d’enquête, concernant des soupçons de blanchiment de fraude fiscale visant cet argent caché par l’ancien Premier ministre.

    Et les nouveaux ministres et présidents ?!!! Que cachent-ils ? Le saura-t-on jamais ?

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.