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Hollande poursuit la destruction de la recherche du secteur public au profit du privé

mardi 7 mai 2013, par Robert Paris

Hollande poursuit la destruction de la recherche du secteur public au profit du privé

Après que le mouvement « Sauvons la Recherche » ait débouché, sous la houlette des patrons de recherche, dans l’évaluation des projets de recherche et leur financement « sur projets » (manière de dire qu’on allait faire le tri entre bons et mauvais chercheurs, bons et mauvais sujets), après l’échec du mouvement des enseignants-chercheurs grâce à la trahison de l’élargissement du mouvement par les syndicats, le gouvernement Sarkozy avait lancé sa « réforme » de la recherche avec notamment la constitution des « pôles d’excellence », des aides aux projets public/privé, du financement par fondations. Il avait fait de même pour la Santé lancée dans des « partenariats hospitaliers public/privé ».

Hollande est en train de prendre la suite avec la tarissement des budgets de recherche et des embauches et avec le nouveau projet sa ministre Fioraso de cent laboratoires communs public/privé.

Alors que les projets ANR (Agence Nationale de la Recherche) sont le plus souvent rejetés, laissant la plupart des chercheurs sans financement ou sans thésards, l’ANR se lance donc sous l’égide de Fioraso dans cent entreprises de financement du privé par le public !!!

L’évaluation des recherches prétendait détecter les bons des mauvais parmi les chercheurs et les pontes de la recherche prétendaient ainsi « sauver la recherche ». Ils ont été les dupes ou les complices de la destruction programmée de la recherche publique, devenue exclusivement recherche au service du profit privé.

Plus le gouvernement met en place des mesures pour « sauver la recherche », plus il organise une prétendue Recherche pérenne, rentable, concurrentielle internationalement, compétitive, moins elle reçoit d’argent et d’emplois.

La ministre Fioraso présente donc un projet de loi qui va faire franchir un nouveau cap à cette destruction…

Comme dans les autres secteurs publics, comme dans l’Energie, La Poste, les Transports, les Télécommunications, la Santé, le partenariat public/privé est une ponction financière massive du premier vers le deuxième. Rentabilisation, rationalisation, surexploitation des personnels, suppressions d’emplois et des crédits, etc, sont les objectifs, quels que soient les secteurs et les gouvernants. La Recherche n’y fait pas exception…

L’austérité gouvernementale, liée aux distributions de milliards au secteur privé, n’est pas la seule cause de ces ponctions. Il s’agit aussi d’offrir à la masse de capitaux financiers en circulation des alternatives aux investissements spéculatifs qui détruisent toute l’économie. Démanteler le secteur public est un moyen d’offrir toute l’activité développée par le public aux capitaux privés qui ne trouvent pas de secteurs suffisamment rentables à exploiter…

Réformer l’enseignement supérieur et la recherche, c’est les adapter à une situation tout à fait nouvelle de disparition de l’activité productive dans laquelle on aura de moins en moins besoin de producteurs, d’inventeurs, d’ingénieurs, techniciens et chercheurs sans parler des autres professions car les investissement productifs privés s’effondrent massivement. Inutile dans ces conditions, sans parler de l’effondrement des fonds publics, de continuer à assurer l’enseignement général et l’enseignement supérieur, de développer la recherche. C’est à ça que mènent les réformes de l’enseignement et de la recherche : à la destruction de la majorité des activités et des participants. Bien sûr, les organisateurs à la base de ces réformes n’ont nullement conscience de leurs buts.

Il en va de même de la réforme des services publics : rentabiliser, fermer, casser, pour privatiser, pour rentabiliser, pour réduire les dépenses publiques, pour réserver l’argent à l’aide aux capitalistes privés. Que ce soit l’hôpital public, les transports, les communications ou l’énergie, la casse est générale et programmée.

Les chercheurs, qui ont pensé que le principe des « évaluations sur projets » allaient favoriser la ’’bonne recherche’’ au moment où Sarkozy désignait à la vindicte publique les « chercheurs qui ne sont pas des trouveurs », les enseignants du supérieur qui ont cru aux réformes universitaires pour rationaliser l’enseignement en seront pour leurs frais. Cela est difficile à imaginer et pourtant, dans leur domaine comme dans les autres, la société est en voie d’auto-destruction. L’enseignement supérieur et la recherche ne font nullement exception… Leurs participants et encadrants peuvent se croire indispensables, mais rien n’est indispensable à la société du profit, hormis l’accroissement du capital… Ni la recherche, ni l’enseignement, ni la production de marchandises. Seul l’accroissement du capital compte, même s’il n’est pas fait en produisant des richesses, même s’il n’est pas réalisé dans la production de marchandises.

Certains scientifiques et certains enseignants croient que la recherche chute en France mais qu’elle grandit dans d’autres pays comme les USA, la Chine ou les pays émergents. C’est omettre le changement qualitatif qu’a subi la recherche, et avec elle l’enseignement supérieur. L’objectif de formation a suivi l’objectif de recherche et il ne s’agit plus d’une société qui croit en son avenir et cherche à comprendre la nature et le monde, mais de recherches et d’études qui visent uniquement des techniques menant à un profit immédiat.

L’évaluation des projets signifie que les chercheurs doivent prévoir d’avance les retombées technico-financières de leurs recherches… Demandez à Einstein quelles allaient être les retombées de la théorie de la relativité et vous avez toute l’absurdité scientifique de telles prétentions des administrateurs de la science qui n’ont rien à voir avec la recherche de la compréhension des lois de la nature et de la société…

Très loin de comprendre le fonctionnement du système capitaliste, les scientifiques, même s’ils sont théoriquement armés pour raisonner, ne le sont nullement davantage que le reste des travailleurs du moment qu’il s’agit des changements radicaux que subit actuellement le système capitaliste. Ils ne sont nullement mieux armés pour comprendre que la société a complètement changé de cap et ne vise plus du tout le développement de la production et de la recherche. Ils en restent à défendre chacun l’intérêt de son domaine de recherche, exactement de la même manière que les salariés de Petroplus défendent la filière pétrole française ou comme ceux d’ArcelorMittal la sidérurgie ou ceux de Peugeot Aulnay l’intérêt pour Peugeot de produire à Aulnay des voitures. Mais si le capital ne veut plus investir dans la production de voitures, ni dans celle de métaux, ni dans celle de médicaments, s’il ne veut plus s’investir que dans les dettes souveraines, les spéculations immobilières, les spéculations sur les dettes des entreprises et de toute la société, ils en restent à une demande d’un impossible retour en arrière, vers l’époque bénie où on ne discutait pas les budgets de recherche des équipes et où ils étaient attribués automatiquement ou encore ils en restent à pester contre les commissions d’attribution des financements qui n’ont rien compris à leurs projets, croient-ils…

Ils courent pour faire partie des « pôles d’excellence », pour obtenir des « collaborations public/privé », pour être dans les petits papiers des commissions d’attribution des financements, rédigent des « projets de financement de recherche » au lieu de travailler à leur recherche et vivent dans la peur de la panne sèche de financement et d’attribution de postes…

Ils sont sous la coupe d’une machine à détruire, poussés à fournir eux-mêmes matière à leur propre destruction, à courir pour se mettre chaque jour davantage sous la coupe de ce nouveau moyen de destruction massive de la recherche et poussés à le justifier…
En disant cela, nous ne nous plaçons absolument pas en dehors ni au dessus de ce mécanisme destructeur, nous n’ironisons pas sur les chercheurs et les enseignants du supérieurs, nous ne faisons que les placer, comme tous les travailleurs et les milieux populaires, dans la même machine de destruction massive dans laquelle est enfournée toute la vieille société, en voie de destruction par les capitalistes eux-mêmes…

Tant qu’on n’admet pas que la classe capitaliste est en train de détruire la vieille société, on ne peut rien comprendre à ce qui se produit, que ce soit dans l’industrie, dans la banque, dans les services publics, pas plus que dans la recherche et l’enseignement, qu’il soit supérieur ou pas.

Vouloir « sauver la recherche » est aussi illusoire que vouloir « sauver l’emploi » ou « sauver Aulnay » ou encore « sauver Florange »… C’est la même illusion réformiste qui n’a plus aucun cours quand la classe dirigeante est décidée de programmes de destruction massive. On l’a déjà vécu dans les grandes crises, dans les fascismes, dans les guerres mondiales.

On peut rien « sauver » si on ne se sauve pas des illusions meurtrières qui nous conduisent à la mort. Les Juifs ne croyaient-ils pas se sauver en restant rentables dans les camps de la mort ? Ne disaient-ils pas : pourquoi nous tueraient-ils tous si nous leur rapportons beaucoup d’argent ?

Il faut cesser de marcher silencieusement vers l’impasse que représente le système et cela suppose de se désolidariser avec ses buts. Le milieu des chercheurs et enseignants du supérieur est certainement très loin de se désolidariser de la société capitaliste dans sa conscience et pourtant il n’aura pas le choix : ou prendre conscience ou justifier jusqu’au bout sa marche à l’abattoir…

Tant qu’on reste des croyants dans la logique de progrès et de développement du capitalisme et qu’on continue d’en attendre des miracles imaginaires, tant qu’on accepte les prétendues réformes qui ne sont en fait que de la destruction et qu’on s’en fait nous-mêmes les partisans et les artisans, on reste sur la planche glissante et on s’agite… pour glisser toujours plus vite. Cessons de savonner nous-mêmes notre planche et cessons de croire qu’un travailleur du secteur de recherche ou d’enseignement supérieur soit autre chose qu’un prolétaire comme les autres, licenciable comme les autres, jetable comme les autres et ayant un destin différent de celui des autres prolétaires.

Au lieu de sauver la Recherche, l’Enseignement supérieur, comme d’autres croient sauver l’Automobile ou la Sidérurgie, c’est notre sort à tous qu’il s’agit de sortir du système capitaliste en train de nous entraîner tous dans ses abimes ! Il n’y aura pas plus de réforme de la recherche, de réforme de l’enseignement supérieur qu’il ne peut y avoir de réforme du capitalisme. Il est arrivé à son plafond et n’ira pas plus loin. Il retarde sa fin par des méthodes étatiques artificielles non-capitalistes, non-rentables, fondées sur des acrobaties financières des Etats et des banques centrales qui n’ont aucun avenir en termes capitalistes. Il ne sert à rien de nous cacher cette réalité. Fermer les yeux n’a jamais été un bon moyen de se défendre. Aujourd’hui moins que jamais…

Aux chercheurs qui ne craignent pas de trouver, comme à tous les travailleurs, il reste à chercher une autre société humaine qui remplacera un capitalisme ayant historiquement fait son temps et qui ne nous conduira plus que de cauchemars en cauchemars.

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