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Peut-on moraliser un Etat, des partis qui sont avant tout des patrons ?

mardi 30 avril 2013, par Alex

Peut-on moraliser un Etat, des partis qui sont avant tout des patrons ?

Près de 100 000 emplois salariés auront disparu en un an de présidence de F. Hollande. Lors de sa visite en Chine, dont la dictature anti-ouvrière permet aux patrons français d’y payer des salaires de misère aux ouvriers, F. Hollande a été obligé de commenter cette courbe du chômage qui ne s’inverse pas « Ce que je veux, c’est que les Français puissent se rassembler sur cette seule cause nationale, la lutte contre le chômage. C’est le seul rassemblement qui convienne ».
C’est donc sous le signe d’un Etat défenseur de la morale publique et de l’emploi qu’Hollande veut placer le premier anniversaire de son élection le 15 mai. Et J.M. Ayrault de préciser que cela ne signifie pas que la politique du gouvernement va changer comme on pourrait le croire. Au contraire : « Tous les chantiers sont ouverts et ils vont continuer, avec la même méthode ».

Les limites de la « moralisation » de l’Etat et de sa « politique pour l’emploi » sont certes dénoncées par une gauche de la gauche (Parti communiste, Front de gauche, NPA) qui appelle à manifester le 5 mai en opposition au gouvernement. De même des syndicalistes de PSA-Aulnay, Goodyear-Amiens, ArcelorMittal-Florange crient à la « trahison » du PS. Mais tous ces appels se font eux-mêmes … sur le terrain de la morale.

La seule référence aux travailleurs dans l’appel de Mélenchon à une 6ème République est vague : « Il faudra aussi des droits pour les salariés ».

Ces voix sont d’autant plus hautes pour dénoncer le gouvernement, envahir une réunion nationale du PS, qu’elles cogèrent souvent l’Etat local … avec le PS. L’an prochain les élections municipales nous offriront une débauche de rassemblements électoraux de cette « gauche de la gauche » avec le PS.

C’est donc aux travailleurs eux-mêmes de placer la dénonciation de l’Etat et son gérant principal, le Parti Socialiste, sur un terrain de classe, qui seul unifiera les luttes des salariés du privé et du public.
En France on compte près de 23 millions de salariés, dont plus de 5 millions travaillent dans le secteur public. L’Etat est donc le plus gros employeur du pays. Il n’est pas qu’un régulateur, arbitre entre patrons et salarié. Il est un patron dont l’embauche ou le licenciement, le salaire et les conditions de travail de millions de salariés dépendent directement. Le maire de Paris emploie à lui seul 50 000 agents.

Dans le secteur public une large majorité, six agents sur dix, sont des femmes. Un quart des salariés sont des non titulaires. Parmi ces non titulaires, les trois-quarts sont employés à temps plein. La loi voulant que des tâches permanentes des établissements publics soient accomplies par des titulaires, des fonctionnaires, est donc bafouée par l’Etat à grande échelle.

Pour « moraliser » l’Etat, il faudrait que l’Etat-patron titularise les 900 000 précaires de la fonction publique, embauche massivement pour remédier au manque de personnels au service de la santé, de l’éducation !

Depuis les lois de décentralisation des années 80, l’Etat local (communes, agglomération de communes) départements, régions) est devenu pléthorique. Il est le premier investisseur public : 80% des dépenses publiques passent par les maires, conseillers départementaux régionaux etc. Des milliards d’euros publics versés au privé passent par ces collectivités locales, en faveur des secteurs du nettoyage, de la construction, du traitement et de la distribution des eaux etc...

Pour « moraliser » l’Etat, il faudrait que l’Etat-patron régularise les sans-papiers surexploités au bénéfice des patrons du BTP, du nettoyage, qui vivent des contrats publics, au lieu de les expulser.
Quant à la question récurrente du « cumul des mandats », des « fonds spéciaux » gérés par les ministres, les députés, une solution avait été trouvée par le mouvement ouvrier dès le XIXè siècle.

Pour « moraliser » l’Etat, il faut baisser le salaire des hauts fonctionnaires, des élus à l’équivalent du salaire d’un ouvrier qualifié, instituer leur révocabilité, comme le fit la Commune de Paris en 1871.
Ce sont toutes ces revendications de classe qui unifieront les luttes des salariés du privé et du public.

A travers ces mesures élémentaires, on comprend que moraliser l’Etat, c’est détruire celui de la bourgeoisie, le remplacer par celui des travailleurs, tels que le firent les ouvriers parisiens lors de la Commune en 1871, salués par Victor Hugo « Ouvriers de Paris, vous faites votre devoir et c’est bien. Vous donnez là un bel exemple. La civilisation vous remercie »

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