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Trotsky de Pierre Broué

lundi 13 mai 2013, par Robert Paris

Messages

  • Bien entendu, cette biographie révèle autant ce qu’était Trotsky que le point de vue de Broué que les lecteurs peuvent discuter... Donc à vos plumes...

  • Par exemple, voici comment Broué a ressenti Trotsky :

    Ils découvriront chez lui une vision mondiale de l’économie, de la société et de la vie politique, un sens aigu des rapports de force et de leurs modifications. Ils, connaîtront un homme qui a vu avant bien d’autres la montée des Etats-Unis ; la crise britannique et européenne ; la signification du nazisme pour l’Allemagne et pour le monde ; le poids de sang de la guerre d’Espagne ; les lendemains atroces préparés à Munich sous couleur de « la paix pour notre temps » de Mr Chamberlain ; le pacte germano-soviétique enfin, cette poignée de main qui scellait le sort de dizaines de millions d’êtres humains. Quand ils passeront aux analyses sociales, à la culture et la vie quotidienne, ils découvriront cette vision aiguë dont Gramsci s’est légitimement inspiré et qui fait le succès dont il jouit aujourd’hui sans que personne ait jamais souligné sa dette à l’égard de Trotsky, que lui-même ne dissimulait pas.

    Ils s’apercevront que Trotsky écrivait dans les années vingt avec la perspective de l’utilisation de l’atome comme source inépuisable d’énergie, qu’il décrivait dans une lettre à Pavlov, l’homme des réflexes conditionnés, que les psychanalystes étaient comme des gens qui « regardent dans un puits profond et assez trouble », qui ont cessé de croire que ce puits est « l’abîme de l’âme » mais n’ont encore construit que des théories « ingénieuses et intéressantes, mais arbitraires » sur les propriétés du fond.

    Ils sauront que ce révolutionnaire était un défenseur de la culture accumulée au cours des siècles, qu’il voulait, non la négation, mais l’appropriation du savoir, qui devait constituer pour lui le fondement de la « culture humaine ». Ils s’apercevront que son hostilité à la guerre se nourrissait de ses craintes pour ce qu’il appelait la « civilisation humaine » et dont il était sans doute un des très rares contemporains à avoir vraiment compris quels dangers la menaçaient.

    Ils apprendront que cet homme qui aima les femmes en tant que femmes et rompit amicalement des lances contre le féminisme, n’a jamais ignoré que, riches ou pauvres, c’étaient toujours elles qui étaient battues et, avec leurs enfants, faisaient les frais de la crise de la société et de l’institution familiale.

    Bref, je crois qu’ils découvriront un homme très différent de l’idée qu’ils s’en faisaient, mais plus encore de l’idée qu’on leur en avait donnée. Je suis convaincu qu’avec moi ils aimeront ce Trotsky-là.

    Je ne sais pas s’ils aimeront ce Trotsky-là mais il est permis de penser que Trotsky n’est pas exactement celui-là, pas un défenseur du savoir accumulé, pas quelqu’un qui laisse les femmes à la place que la société leur a assigné, pas quelqu’un qui ne voyait que des limitations à la psychanalyse, et pas un simple analyste des rapports de force existant entre les bourgeoisies mais incapable de voir le monde en dehors des luttes de classe, pas seulement celui qui voyait dans le fascisme un risque pour la civilisation capitaliste (il n’existe pas de civilisation en général pour un Trotsky) mais comme un signal de la nécessité urgente de la révolution prolétarienne...

    En somme, dans Trotsky, Broué voudrait que l’on voie un sympathique petit bourgeois français d’extrême gauche !!!

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