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Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Saint-Antoine

lundi 20 mai 2013, par Robert Paris

Les déménagements ne sont pas à l’œil

Le service d’Ophtalmologie, après avoir quitté le bâtiment Robert-André il y a plus de quatre ans pour les Quinze-Vingts, est revenu à Saint-Antoine il y a quelques mois, mais cette fois c’est dans le bâtiment André-Lemierre.

C’est à ne rien comprendre alors qu’on ne cesse de nous parler d’économies car le passage par les Quinze-Vingts n’a pas été gratuit : c’était une location de locaux. Et surtout, tous ces déménagements n’ont rien de gratuit pour les personnels qui les subissent !

Jeu de chaises musicales

La Neuro de Tenon doit déménager à Saint-Antoine en 2014 mais les locaux où ils devraient atterrir (atterrissage en douceur de préférence), c’est le bâtiment Lemierre actuellement occupé par l’Oncologie qui avait elle-même remplacé la Pneumo. Mais, pour cela, il faudrait que le service de Médecine Interne aille d’abord probablement à Lemierre et ait eu le temps de le quitter. Et le bruit court d’un déménagement de l’Ortho. A Lemierre ou à la Salpé ?

Qu’est-ce qui les fait courir ?

Les cadres n’avaient encore jamais autant couru que ces dernières semaines, avec en mains des nouveaux protocoles, de nouvelles notes… En tout cas, ce n’est pas pour réclamer du personnel ou pour l’amélioration des conditions de travail.

Non ! C’est pour la certification. Ils nous rabâchent les oreilles chaque jour : il faut faire ceci, il faut faire cela. Bientôt, ils vont nous dire ce qu’il faut répondre, comment il faut se comporter, faire l’acteur jouer la comédie, pour faire comme si l’hôpital fonctionnait comme cela toute l’année. Et le reste du temps, on peut être en souffrance, ce qui importe c’est de faire croire pendant une journée que tout va bien. Sourire faux, répondre faux, non merci. Nous ne creuserons pas nous-mêmes notre tombe en jouant le jeu de ce manège qui a pour objectif de nous pressurer.

Le diktat, c’est Lavy

Il y a des chefs de service qui se comportent en véritables tyrans avec le personnel : mépris, dédain.

« C’est comme cela, c’est pas autrement », « Ce n’est pas la peine de vous plaindre », « Ce n’est pas la peine de réclamer du personnel même quand on vous en a supprimé ».

Des chefs comme cela peuvent vociférer tant qu’ils veulent, cela ne nous impressionne pas. Sans nous, ils ne sont rien. S’ils nous chauffent de trop, on saura les faire taire. On dira ce qu’on a à dire et on l’ouvrira autant qu’il faudra.

C’est pas D and co

La décoration a beaucoup changé à l’hôpital et dans nos services depuis quelques temps. Les murs des locaux, des couloirs, des escaliers, etc…, s’ornent de nombreux tableaux. Les décorateurs ne font pas dans la demi-mesure. Ils ont carte blanche, alors ils se lâchent et en mettent partout. Pensez-vous que l’hôpital aurait fait l’acquisition des tableaux de maître où vos regards se seraient perdus à rêvasser ? Eh bien, réveillez-vous, car vous ne rêverez plus quand vous vous rapprocherez de plus près de ces tableaux et découvrirez de véritables horreurs : des fiches de contrôle de votre travail !

Y’a pas photo

Enfin un rapport qui se soucie de la santé de la population pour pointer le nombre très insuffisant de matériel pour des IRM. Du coup, le délai pour un IRM va de 23 à 43 jours selon les régions. Tant mieux si on n’est pas pressé pour attendre les résultats ! Une autre bonne nouvelle : ce rapport ne provient pas du ministère de la Santé ni d’un service social mais de l’industrie du matériel IRM qui estime qu’il n’est pas mauvais de mettre un peu la pression pour pousser à la vente…

La Santé en coupe réglée

Les coupes budgétaires, l’introduction des logiques du privé tuent en Grande-Bretagne. Le rapport qui a déclenché le « scandale de Stafford » révèle une réalité sordide : des gestionnaires obsédés par la réduction des coûts, des médecins et chirurgiens contraints à réaliser des opérations à la chaîne, des infirmières débordées contraintes à des arbitrages tragiques entre patients. Patients marinant dans leur urine ou contraints de s’hydrater dans des vases usagés, malades agonisant faute de soins, laissés à l’abandon voilà le résultat de la privatisation et de la rentabilisation.

Pas de pause dans la surveillance du net

Dans sa revue « La pause des hospitaliers », la direction explique que l’APHP n’a pas intérêt à bouder les réseaux sociaux mais à apprendre à les manipuler. Elle estime qu’elle a trop laissé les agents et les patients mettre en place librement des sources d’informations sur chaque hôpital et qu’elle a intérêt à mettre en place elle-même des sites de discussion sur l’hôpital, quitte à fédérer ensuite les autres sites autour d’elle par des codes de bonne conduite. L’internet est sous surveillance…

En mai, fais ce qu’il te plait

La semaine dernière, vus les fériés et ponts, on aurait pu penser que les journées allaient être plus dures. Mais un point positif était à relever : le calme car les cadres étaient absents !


Et si Hollande n’était pas en train d’échouer mais de réussir…

Toute la presse bruit des rumeurs de nomination d’un nouveau premier ministre, dans laquelle certaines personnalités comme Borloo, Tapie, Aubry ou Mélenchon. Tous se fondent sur l’idée que le gouvernement Hollande est en plein échec et va devoir changer d’équipe et de cap. Tous ont le même refrain : Hollande serait paraît-il en train d’échouer. Il aurait échoué à plaire à qui ? A l’opinion publique, aux milieux populaires qui l’ont élu ? Aux travailleurs qui subissent plus que jamais suppressions d’emplois, attaques sur les salaires, sur les emplois, sur tout ? Les partis et syndicats de gauche ont prétendu qu’il allait sauver les travailleurs ? La belle affaire ! C’était des blagues !

L’échec, ce n’est pas celui de Hollande mais des partis et syndicats qui ont fait croire cela : celui du PCF, du Front de Gauche, ou des syndicats comme la CGT, ou encore des écolos ou du PS, qui ont prétendu que toutes les attaques antisociales provenait de Sarkozy et pas des classes dirigeantes.

La seule particularité du rôle d’Hollande est de se servir du fait que c’est la gauche qui gouverne pour réaliser ce que veulent les classes dirigeantes car un leader de gauche sera plus proche des appareils syndicaux et ne sera pas accusé d’agir pour des raisons idéologiques, s’il favorise les plans sociaux, s’il casse les services publics, s’il aide les patrons à ne pas payer d’impôts, etc…

Or, Hollande au service des intérêts des patrons français, non seulement n’a pas échoué mais il a mieux réussi que tous les présidents précédents à servir les intérêts de la classe capitaliste. En un an, il est parvenu à appuyer le lancement de la vague de licenciements de tous les trusts du privé, de PSA à Renault en passant par Société Générale, Air France et Sanofi sans déclencher de riposte générale.

Il est parvenu à détourner le risque social de l’attaque débutée par le patron de PSA, à éviter qu’elle mène à une confrontation générale, alors qu’elle était clairement le démarrage d’une attaque de tous les trusts. Cela signifie que le gouvernement, loin d’être impuissant face à l’attaque patronale, en est l’un des organisateurs. Hollande joue parfaitement son rôle de paratonnerre en prenant pour lui le mécontentement social qui devrait être dirigé contre l’ensemble des patrons. Il continue à faire croire que c’est l’Etat qui pourrait sauver les travailleurs des licenciements alors qu’au contraire c’est l’Etat qui organise les suppressions d’emplois.

La négociation ANI de la « flexi-sécurité de l’emploi » a été une parfaite démonstration du rôle que Hollande entend faire jouer à l’Etat pour que la « négociation sociale » mène à des accords « donnant-donnant » dans lesquels tous les acquis sont remis en question à grande vitesse. Aucun gouvernement de droite n’avait osé remettre en question aussi directement le code du travail, s’asseoir aussi directement sur les accords collectifs, sur le CDI, sur la garantie de salaire, sur la charge de travail exigée, sur le site de travail, sur les droits légaux des salariés en cas de plans sociaux…

C’est un véritable triomphe pour un président de l’Etat bourgeois d’avoir permis une telle avancée à la bourgeoisie face aux travailleurs en ayant réussi jusqu’au bout à mettre en scène des négociations avec les centrales syndicales. Victoire marquée par le fait que même les centrales non signataires s’apprêtent à participer à d’autres multiples négociations du même type, dans tous les domaines, de la Santé au Ferroviaire en passant par l’Education.

Jamais les choses n’ont changé aussi vite : casse du contrat de travail, casse des accords collectifs, à nouveau remise en cause des retraites, des allocations familiales, de la recherche publique, de l’Hôpital public, des chemins de fer publics. Hollande a réussi à associer les écolos à une politique favorable aux trusts de l’industrie du nucléaire. Hollande a réussi à associer les syndicats à une politique anti-ouvrière et anti-sociale. Hollande a réussi à faire tout cela sans provoquer une grande vague sociale de protestation. Il a même réussi à faire passer une guerre coloniale en Afrique pour une opération humanitaire de solidarité avec le peuple malien.

Hollande, exactement comme Sarkozy avant lui, aura polarisé sur sa personne la lutte qui devrait l’être contre la classe dirigeante et l’Etat. Les organisations qui veulent demander ceci ou cela à Hollande ne font que contribuer à nous faire tomber dans ce piège. Ce n’est pas en changeant l’homme qui préside qu’on change de situation sociale, de rapport de forces entre les classes. C’est en organisant les travailleurs sur des bases indépendantes de toutes les institutions de la société bourgeoise qu’on peut préparer un autre avenir, ni en votant contre Sarkozy, ni en votant contre Hollande…

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