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Du Mali au Centrafrique et à la Côte d’Ivoire, comment réagir devant l’Etat qui s’effondre en Afrique

mercredi 29 mai 2013, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Du Mali au Centrafrique et à la Côte d’ivoire, comment réagir devant l’Etat qui s’effondre en Afrique

On a assisté successivement à des effondrements impressionnants de l’Etat en Afrique. Dans tous ces cas, il est à remarquer que l’Etat s’est écroulé sur lui-même et pas sous les coups de forces adverses. Il convient d’étudier ce phénomène pour comprendre sa signification en termes de luttes de classes, car c’est en ces termes d’abord qu’il faut toujours étudier l’Etat qu’il fonctionne ou cesse de fonctionner.

L’Etat a bien des rôles plus ou moins centraux et plus ou moins accessoires. Son rôle central est de servir une politique globale aux classes possédantes. L’Etat n’est pas essentiellement lié à la popularité des politiciens qui le gèrent ni aux choix déterminés par des élections. Il est essentiellement lié à la capacité des classes dirigeantes de développer leurs propres intérêts de manière collective et unifiée. C’est d’abord un héritage de l’Histoire qui détermine la place des bourgeoisies à l’échelle mondiale et, du coup, leur capacité à développer leurs intérêts à l’échelle nationale, régionale et internationale. Les bourgeoisies africaines, les plus tard venues, sont essentiellement compradores, n’échangent que marginalement entre elles et sont surtout dépendantes des métropoles impérialistes et des gouvernements de ces pays.

Il en résulte un état des bourgeoisies nationales particulièrement dépendant et, rétroactivement, cela favorise que tout soit mis au service de la relation avec la métropole impérialiste et en défaveur d’un développement local ou régional. Les pays d’Afrique fêtent les cinquante ans de l’Organisation de l’Unité Africaine et c’est la présence de Hollande et l’intervention militaire française en Afrique qui dominent la fête du cinquantenaire de l’OUA ! Autant dire qu’on est plus loin de l’indépendance qu’à ses débuts et que le seul moyen que quelques chefs d’Etat aient trouvé de se donner un peu de latitude vis-à-vis de l’ancien colonisateur est de se jeter dans les bras de nouveaux comme l’Afrique du sud et la Chine.

En période d’effondrement mondial initié en 2007-2008, il en résulte un effondrement induit de l’Etat en Afrique. Cette structure organisationnelle a reposé toutes ces années sur des distributions de miettes issues des mainmises impérialistes sur les produits miniers, pétroliers et gaziers, plus encore que sur les produits agricoles. Les appareils étatiques africains ont fondé une relative stabilité durant de nombreuses années sur ces répartitions de miettes issues du banquet des trusts miniers. La crise mondiale entraîne la chute des investissements productifs et donc celle des investissements miniers. La seule remontée des cours possible ne peut que provenir de la concurrence exacerbée de nouveaux pays impérialistes comme la Chine, mais l’entrée de ce dernier pays est combattue politiquement et militairement par la France et les autres anciens colonisateurs devenus puissances impérialistes comme la Grande Bretagne. Cela signifie que les bases de la solidité du pouvoir sont profondément déstabilisées : soit les chefs d’Etat se fâchent avec leur ancienne puissance colonisatrice en se tournant vers les nouvelles grandes puissances comme la Chine et ils risquent d’être renversés, soit ils ne le font pas et risquent, pour des raisons de finances en berne, de perdre leurs soutiens politiques et sociaux locaux.

Nous ne faisons là que résumer en termes généraux des situations qui ont également des caractères diversifiés suivant les situations nationales. Ainsi, certaines des miettes de la table des trusts et des grandes puissances ont pu servir à calmer les aspirations de minorités nationales vivant une inégalité criante comme les touarègues au Mali et au Niger et ne suffisent plus à cela, ouvrant la porte à d’autres alliances pour les chefs traditionnels de ces peuples. Il se peut, comme au Mali, qu’un mal attire l’autre : le basculement des chefs touarègues servant de prétexte à l’intervention militaire française, remettant la vieille puissance coloniale dans une position de parrain des classes dirigeantes maliennes.

Un point qui n’est pas souvent souligné dans ces situations est le fait que l’élément crucial de ces déstabilisations est la menace des masses populaires qui, du fait du discrédit croissant des classes dirigeantes incapables de faire face aux problèmes les plus vitaux, perdent tout appui parmi les travailleurs des villes et des campagnes. On l’a constaté dans toutes les situations où l’on a vu l’Etat s’effondrer en Afrique dont les exemples de pays cités précédemment. Dans ces pays, il est important de remarquer que l’on n’a pas d’abord assisté à des délitements de l’appareil d’Etat à commencer par l’armée mais d’abord à des mouvements populaires, de travailleurs, de jeunes, des femmes et de chômeurs, sans compter les minorités nationales opprimées et les paysans.

On a assisté ensuite successivement dans ces pays à l’effondrement de l’appareil d’Etat et tout particulièrement de l’armée, sous la forme de révoltes de petits soldats comme dernièrement au Mali ou d’explosion de l’armée nationale en une série de bandes armées opposées comme en Côte d’Ivoire avant la guerre civile ivoirienne. La déstabilisation extérieure éventuelle, avec une attaque armée étrangère, n’est venue qu’après et elle n’a été possible qu’à cause de la déstabilisation intérieure comme on l’a vu au Tchad et au Centrafrique par exemple. Au Mali également, l’attaque des bandes armées du nord sous couvert de droits des Touarègues et d’Islam n’a fait que révéler que l’armée malienne s’était effondrée comme tout l’appareil d’Etat et ne faisait plus que semblant de fonctionner grâce aux petits cadeaux du pouvoir à la bande des politiciens corrompus.

La révolte des « soldats en haillons », mal payés, souvent sacrifiés des interventions miliaires, ces espèces de prolétaires-soldats, est une caractéristique de ces situations explosives dans les rangs inférieurs de l’armée et qui amènent les petits soldats à ne plus vouloir obéir à la haute hiérarchie de l’armée. Il en résulte immédiatement non la mise en place d’un nouvel Etat mais une espèce de vide du pouvoir qui, alors que les masses populaires sont très en colère, est particulièrement dangereux pour les classes dirigeantes, qu’elles soient nationales, régionales ou mondiales, en particulier impérialistes. A partir du moment où les principales forces de répression sont soit démobilisées, démoralisées, révoltées ou carrément en révolte, et où les forces spéciales (ou gardes présidentielles) plus proches du pouvoir sont désignées du doigt à la vindicte publique, l’ordre social peut, du jour au lendemain être remis en question par des manifestations populaires. Cela inquiète bien entendu aussi bien les autres dictatures de la région que celles des « démocraties » impérialistes.

Des situations de ce type ont été enclenchées en 1999-2002 en Côte d’Ivoire (révoltes, mutinerie, deux renversements du pouvoir puis tentative ratée se transformant en scission de l’armée), en 2012 au Mali, en 1996-1997 et en 2013 au Centrafrique, les mutineries de 2011 au Burkina-Faso (voir ici).

On peut en citer bien d’autres dont le Congo Brazzaville, le Zaïre ou le Tchad notamment. On a vu les vagues de déstabilisation du Maghreb et du monde arabe. Mais l’Afrique noire est loin d’être restée à côté. Elle avait commencé avant avec la vague de déstabilisation des régimes de 1989-1991 dans laquelle on a vu notamment des mouvements massifs contre Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire, Bongo au Gabon et le renversement de Moussa Traoré au Mali en 1991.

Que penser de ces situations ? Quelle politique est nécessaire aux travailleurs et aux masses populaires face à ces effondrements de l’Etat ?

Pour la plupart des « démocrates », c’est-à-dire des politiciens qui se servent des alternances électorales pour aller à la mangeoire et se partager postes et avantages et pour les dirigeants syndicalistes réformistes, l’Etat et le peuple travailleur auraient les mêmes intérêts. Ces gens-là serinent toujours le même discours mensonger selon lequel l’Etat, ce serait le peuple et un peuple serait d’autant plus fort que l’Etat est fort. Pour eux, les mutineries, le discrédit des classes dirigeantes et de l’appareil d’Etat, c’est le chaos, la catastrophe, le désespoir. Il faudrait très vite souhaiter que de nouveaux cadres émergent (eux par exemple !) qui ramènent le peuple au travail et fassent quitter la rue aux masses populaires. Pour eux, ce n’est surtout pas aux petits soldats, aux travailleurs, aux jeunes, aux femmes de dire ce qu’ils veulent et de décider. Ces gens-là pensent que le peuple, c’est comme les moutons, cela a besoin de bergers et ils se voient très bien amener le troupeau à l’abattoir que lui ont préparé les trusts et puissances impérialistes tout en tenant un discours selon lequel ils le feront dans l’intérêt du peuple bien entendu…

Malheureusement, bien des milieux populaires ne voient pas les choses autrement…

Démocrates et réformistes africains ne pensent donc pas bien différemment que ceux du reste du monde : ils prétendent que l’Etat appartient au peuple et que, si on constate le contraire, c’est de la faute de telle ou telle équipe qui serait corrompue ou incapable. Il suffirait donc d’en changer et d’un petit nombre de réformes. Cela est complètement faux… C’est même diamétralement opposé à la réalité : le rôle fondamental de l’Etat consiste à préserver les classes dominantes contre le peuple travailleur et d’abord celui du pays lui-même et non pas à le protéger d’agressions étrangères. Il consiste à assurer les conditions de la bonne exploitation du peuple travailleur dans le sens des intérêts de ses exploiteurs nationaux comme étrangers et d’empêcher ces travailleurs de remettre en cause l’ordre social.

Politiciens comme dirigeants syndicaux se chargent dans les moments de révolte de détourner la colère sociale pour éviter qu’elle ne prenne un tour violent contre les classes dirigeantes. L’appareil de répression de l’Etat se charge pour sa part de réprimer violemment ces révoltes.

Dans les périodes de calme, on diffuse l’idée mensongère d’un Etat au service des intérêts généraux du pays, toutes classes confondues. Dans les périodes de crise, l’Etat assassine massivement la population.

Ce n’est pas un détournement de son rôle par des gens qui ont pris subrepticement le pouvoir. Il est dans son rôle.

Ce que nous voulons dire, c’est que les travailleurs n’ont nullement intérêt à avoir en face d’eux un « état fort », qu’ils ne doivent pas contribuer à en remettre un en selle au nom d’un prétendu intérêt national, qu’ils doivent au contraire profiter des situations où l’Etat bourgeois est affaibli et plus encore de celles dans lesquelles il est carrément déstabilisé.

Loin d’être une situation défavorable pour les luttes des masses populaires, l’affaiblissement de l’Etat et plus encore sa déstabilisation est une circonstance déterminante pour changer le rapport des forces contre les classes dirigeantes, contre la bourgeoisie exploiteuse. Ce n’est pas propre à l’Afrique mais ce qui l’est, c’est l’existence d’une situation où tous les Moubarak, tous les Ben Ali et autres Gbagbo ou ATT sont menacés et avec eux les forces de l’Etat capables de défendre non seulement le dictateur mais la dictature des bourgeois. Car ce n’est pas telle ou telle équipe gouvernementale qui fait que l’Etat est en faillite mais la situation des classes dirigeantes.

Certes cette faillite n’amène ni bien-être ni sécurité pour les populations et celles-ci la voient arriver avec crainte avec son cortège de violences et de misères accrues. Cependant c’est l’une des rares occasions pour que la situation sociale et politique change vraiment si les masses populaires s’en saisissent pour intervenir sur le terrain politique, décidant qu’elles en ont assez des puissants et des galonnés.

L’Etat qui est en faillite ou qui s’effondre est le principal défenseur et organisateur collectif de ces classes dirigeantes bourgeoises qui, nationales comme étrangères, exploitent, pillent et tuent. Son affaiblissement signifie une possibilité révolutionnaire et les classes dirigeantes le savent bien même si les masses populaires, peu confiantes dans leurs capacités, n’y pensent pas nécessairement.
Cette chute peut être l’occasion de mise en place non seulement de comités de petits soldats refusant d’obéir à leur hiérarchie liée aux exploiteurs et aux corrompus, mais aussi l’occasion de la mise en place de tels comités parmi les masses exploitées et opprimées. Or cette mise en place est le premier pas révolutionnaire du prolétariat décidant par lui-même et exerçant lui-même directement le pouvoir. C’est un pas indispensable pour toute transformation réelle de la société.

En effet, tant que l’Etat bourgeois est bien en place, tout mouvement insurrectionnel se heurtera à la force armée et se terminera dans un bain de sang. Sans l’effondrement de l’Etat lié à la guerre mondiale, pas de révolution russe ni de vague révolutionnaire en Europe. Pas non plus de Commune de Paris en 1871. Pas de révolution espagnole ou hongroise non plus sans effondrement de l’Etat bourgeois. Sans l’effondrement économique de l’Etat de l’Ancien Régime, pas de révolution française non plus.

Il ne suffit pas que les masses populaires en aient assez pour que la révolution sociale puisse triompher. Encore faut-il que l’appareil de conservation de la vieille société soit suffisamment ébranlé pour que le choc des masses en révolution ne se transforme pas en bain de sang.

L’Etat est en faillite en Afrique et l’impérialisme a plusieurs fois dû le sauver par ses interventions armées servant à suppléer à l’appareil national. Cependant, parfois même l’impérialisme est impuissant car son intervention pourrait embraser les masses populaires plutôt que sauver les classes dirigeantes. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé au début de la crise dans les différents pays d’Afrique. C’est seulement ensuite que l’impérialisme a pu, parfois, intervenir directement pour remettre en selle non pas l’ancienne équipe gouvernementale mais l’Etat et la classe exploiteuse, l’ordre social en somme dont il est le principal bénéficiaire en Afrique.

Le vrai problème pour l’impérialisme n’est pas que l’Etat malien n’ait plus la capacité de s’en prendre aux forces armées islamistes ou touarègues mais au peuple travailleur malien.

Le vrai problème pour les masses travailleuses, c’est qu’elles ont affaire à des ennemis camouflés en défenseurs de leur sécurité.

Telles sont les forces armées impérialistes comme celles de la France dans leur dernière intervention au Mali et telles sont aussi les forces armées nationales.

Leur discrédit n’est pas une mauvaise nouvelle, contrairement à ce que les politiciens, les syndicalistes réformistes et autres prétendus guides des masses populaires veulent leur faire croire.

L’Etat, même quand il n’est pas capable de détruire les bandes armées islamistes, reste parfois capable de détruire les travailleurs, les jeunes, les femmes et les peuples.

L’Etat bourgeois n’est pas notre ami et plus les travailleurs et les militants le sauront, mieux cela vaudra pour les luttes à venir.

Autant il ne faut pas compter sur les soldats mutinés pour faire le bien du peuple à sa place, autant il ne faut pas regretter l’effondrement de l’Etat et les révoltes de petits soldats qui en découlent. Il faut au contraire en profiter pour exiger de ces petits soldats qu’ils prennent véritablement et pas en paroles parti pour le peuple travailleur, en s’unissant à lui, en liant ses comités aux siens, en l’armant, en cessant complètement de reconnaitre la hiérarchie militaire et la bourgeoisie, ainsi que ses institutions nationales comme étrangères.

N’oublions pas que tel a été le premier geste des révolutions : le prikaz numéro de la révolution russe ou la décision de la garde nationale dans la Commune de Paris. Les soldats des armées révoltées peuvent ainsi appuyer les plus grandes révolutions….

Par contre, se contenter de faire confiance à un chef dit radical des petits soldats ne peut mener qu’à des désillusions…. Et si la méthode triomphe, cela ne mène qu’à des dictatures militaires.

En finir avec l’appropriation capitaliste et impérialiste des richesses en Afrique nécessite autre chose qu’un pronunciamiento militaire : une véritable révolution sociale dans laquelle les masses travailleuses doivent être l’aile active, consciente et organisatrice et non un simple soutien à une mutinerie radicale.

Il est donc vital pour les perspectives d’avenir que les militants cessent de voir les effondrements des Etats d’Afrique comme des catastrophes et commencent à entrevoir la possibilité de sortir du cercle vicieux de la dictature, de la misère et de la dépendance.

Un exemple : les mutineries de soldats de 1996-1997 au Centrafrique

Peu après les élections de 1993, Patassé devient impopulaire au sein de l’armée, non pas à cause de son incapacité à payer le salaire des militaires (en partie due à la mauvaise gestion économique mais aussi à la cessation soudaine par la France de son aide économique pour le salaire des soldats). Une autre raison expliquant cette irritation de l’armée vient du fait que la majorité des soldats viennent de la même ethnie que Kolingba, les Yakoma. Au cours du mandat de Patassé, ils ont été de plus en plus marginalisés pendant que Patassé créait des milices favorisant sa propre tribu, les Gbaya ainsi que les tribus voisines, les Sara et les Kaba. De ce fait résultat les mutineries de l’armée en 1996 et 1997 lors desquelles des fractions de l’armée entrèrent en confrontation avec la garde présidentielle (l’Unité de sécurité présidentielle ou USP) et les milices loyales à Patassé.

• Le 18 avril 1996 intervient une première mutinerie par 200 à 300 soldats qui proclament qu’ils n’ont pas reçu leur salaire depuis 1992-1993. Les confrontations entre les soldats et la garde présidentielle entraînent la mort de 9 personnes et 40 blessés. Les forces françaises intervinrent en soutien (opération Almandin I) et agissent en tant que négociateurs. La révolte prend fin quand les soldats reçoivent finalement leur salaire par la France et le président accepte de ne pas lancer de procédures judiciaires contre les soldats.

• Le 18 mai 1996, une seconde mutinerie est conduite par 500 soldats qui refusent d’être désarmés et contestent l’accord signé en avril. Les forces françaises sont une nouvelle fois appelées par Bangui (c’est l’opération Almandin II) et soutenues par des militaires tchadiens et gabonais. 3 500 étrangers sont évacués durant la rébellion qui provoque la mort de 43 personnes et en blesse 238.

• Le 26 mai, un accord de paix fut signé entre la France et les mutins. Ces derniers ont la promesse d’une amnistie leur permettant de garder leurs armes tandis que leur sécurité est assurée par les militaires français.

• Le 15 novembre 1996, une troisième mutinerie intervient et 1 500 soldats français sont envoyés pour assurer la sécurité des étrangers présents sur le sol centrafricain. Les mutins demandent la démission du président.

Le 6 décembre, un processus de négociation commence, facilité par le Gabon, le Burkina Faso, le Tchad et le Mali supporté par les parties opposées qui conservent leur réclamation initiale de la démission de Patassé. En janvier 1997, cependant, les accords de Bangui sont signés et les troupes françaises sont remplacées par 1 350 soldats de la mission interafricaine de surveillance des accords de Bangui (MISAB). En mars, tous les mutins bénéficient d’une amnistie. Les combats entre le MISAB et les mutins continuent avec une large offensive menée en juin provoquant 200 victimes. Après cette ultime confrontation, les mutins restent calmes.

Après les mutineries, le président Patassé souffre d’une traditionnelle "paranoïa du dictateur" qui provoque une période de terreur cruelle exécutée par la garde présidentielle et les différentes milices présentes au sein de l’armée centrafricaine loyales au président, telle que celle des Karako. Cette terreur se dirige surtout envers les Yakoma dont 20 000 personnes ont fui durant cette période selon des estimations. Mais cette oppression vise aussi d’autres parties de la société. Le président accuse aussi la France, son ancien allié, de soutenir ses ennemies et recherche d’autres soutiens internationaux. Quand il renforce sa garde présidentielle (en créant la FORSIDIR), la Libye lui envoie 300 soldats supplémentaires pour sa propre sécurité. Quand l’ancien président Kolingba tente un coup d’État en 2001 (lequel est, selon Patassé, supporté par la France), le Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba venant de la république démocratique du Congo vient au secours de Patassé5.
Mes crimes commis par les milices de Patassé et les soldats congolais durant cette période font maintenant l’affaire d’une enquête par la cour pénale internationale qui écrit que les violences sexuelles apparaissent avoir été une caractéristique principale du conflit, a identifié plus de 600 victimes de viols.

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