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Le point de vue de Bordiga sur la révolution russe

jeudi 27 juin 2013, par Robert Paris

Russie et révolution dans la théorie marxiste, le texte d’Amedo Bordiga

Alors que pour Lénine et Trotsky, la révolution en Russie et en Europe est celle du prolétariat à la tête de la révolution paysanne et de celle des nationalités opprimées, ce qui signifie qu’elle doit réaliser des tâches bourgeoises, pour Bordiga, militant communiste révolutionnaire d’Italie, la révolution prolétarienne doit être seulement communiste, c’est-à-dire être totalement indépendante de la « masse réactionnaire » des paysans et des bourgeoisies et petites bourgeoisies nationalistes :

« Soyons encore plus explicites (au nom de ce schématisme déclaré dont nous nous réclamons toujours : que reste-t-il à celui qui refuse tout schématisme ? Justement : seul l’opportunisme fétide) : c’est une thèse marxiste reconnue que celle qui affirme que toute révolution bourgeoise est une révolution du peuple, le prolétariat étant compris dans ce dernier. C’est une thèse marxiste reconnue que celle qui affirme que toute révolution bourgeoise déjà avancée peut voir dans le prolétariat déjà développé non seulement un allié d’autres classes bourgeoises et populaires mais également un dirigeant d’une révolution populaire, allié avec des couches non prolétariennes (paysannes). C’est une contre-thèse défaitiste vis-à-vis du marxisme que d’affirmer que, dans les révolutions qui en Europe doivent abattre le régime capitaliste, après la révolution russe, le prolétariat salarié verra des classes et des couches populaires pauvres atteindre son niveau et que la révolution sera l’œuvre d’une alliance des salariés avec des classes populaires rurales et urbaines non ouvrières. DANS L’ATTENTE DE LA RÉVOLUTION UNIQUE (en d’autres mots, depuis que le régime capitaliste est historiquement établi, comme il l’est aujourd’hui dans TOUTE l’Europe et dans deux autres continents et demi) LA CLASSE OUVRIÈRE ET SON PARTI NE FONT PAS D’ALLIANCES ET SAVENT QUE DANS LA RÉVOLUTION ILS N’AURONT QUE DES ENNEMIS. Les positions innombrables, déformations de la position unitaire et continue des marxistes révolutionnaires, qu’il est de la plus grande importance d’avoir démolies « à temps », ne sont pas seulement celles des adversaires ouverts en ce qui concerne le programme et l’action, mais aussi celles des courants qui, tour à tour, dévient, s’écartent, et, par un processus dont nous possédons la théorie complète depuis des décennies, se dirigent vers l’ennemi de classe. Les événements de Russie sont une mine de ce type de leçons précieuses. »

Remarquons ce que disaient Marx et Engels de ceux qui prétendaient qu’en dehors du prolétariat, il n’existait qu’une masse réactionnaire.

Engels à Karl Kautsky, 14 octobre 1891 :

« Dans ton projet reproduit par le Vorwärts, je découvre tout à coup, à mon grand étonnement la formule de « la masse réactionnaire ». Je t’écris aussitôt à ce sujet, bien que je craigne d’arriver trop tard. Cette formule d’agitation jette une fausse note discordante et gâte toute l’harmonie des théorèmes scientifiques, formulés de manière condensée et tranchée. Étant une formule d’agitation parfaitement unilatérale, elle est absolument fausse sous la forme apodictique absolue qui seule la fait résonner efficacement. Elle est fausse, car elle exprime comme un fait accompli ce qui n’est qu’une tendance historique exacte seulement comme telle. Au moment où surgit la révolution socialiste, tous les autres partis apparaîtront en face de nous comme une seule masse réactionnaire. Il est possible, au reste, qu’ils le soient d’ores et déjà et qu’ils aient perdu toute capacité à une action progressive quelle qu’elle soit, mais pas nécessairement. A l’heure actuelle, nous ne pouvons pas l’affirmer, avec la certitude avec laquelle nous énonçons les autres principes du programme. Même en Allemagne il peut se présenter des circonstances où les partis de gauche, malgré leur indigence profonde, soient obligés de déblayer la scène d’une partie du fatras féodal et bureaucratique antibourgeois qui subsiste encore en si grande quantité. Or, à ce moment précis, ils ne feront plus partie intégrante de la masse réactionnaire. Aussi longtemps que nous ne sommes pas assez forts pour prendre en mains les rênes du pouvoir et appliquer nos principes, il ne saurait - à strictement parler - être question d’une masse réactionnaire vis-à-vis de nous. Sinon, toute la nation se partagerait en une majorité de réactionnaires et une minorité d’impuissants. Les hommes qui ont brisé en Allemagne la division en États minuscules, donné à la bourgeoisie les coudées franches pour sa révolution industrielle, introduit des conditions unitaires de circulation pour les marchandises et les personnes, et par là-même, devaient nous procurer à nous-mêmes un plus grand champ d’action et plus de liberté de mouvement l’ont-ils fait comme « masse réactionnaire » ? Les bourgeois républicains français qui, de 1871 à 1878, ont définitivement vaincu la monarchie et la tutelle cléricale, ont assuré une liberté de la presse, d’association et de réunion à un degré inconnu jusqu’ici en France en des temps non révolutionnaires, qui ont institué l’obligation scolaire pouf tous et haussé l’enseignement à un niveau tel que nous pourrions en prendre de la graine en Allemagne – ont - ils agi en tant que masse réactionnaire ? Les Anglais des deux partis officiels, qui ont considérablement étendu le droit de suffrage universel, quintuplé le nombre des votants, égalisé les circonscriptions électorales, instauré l’obligation scolaire et amélioré le système d’enseignement qui, à chaque session parlementaire votent non seulement des réformes bourgeoises, mais encore des concessions sans cesse renouvelées aux travailleurs avancent certes d’un pas lent et mou, mais personne ne peut les taxer d’être « une seule et même masse réactionnaire » en général. Bref, nous n’avons aucun droit de présenter une tendance qui se réalise progressivement comme un fait déjà achevé - d’autant qu’en Angleterre, par exemple, cette tendance ne se réalisera jamais jusqu’au bout dans les faits. Le jour où la révolution se produira, la bourgeoisie sera toujours prête encore à toutes sortes de réformes de détail. Seulement il n’y aura plus de sens à continuer de vouloir des réformes de détail d’un système qui s’effondre tout entier. Dans certaines circonstances, le slogan de Lassalle a une certaine justification dans l’agitation, bien qu’on en fasse chez nous d’incroyables abus, par exemple dans le Vorwärts, depuis le 1er octobre 1890. Mais elle n’a pas sa place dans le programme, car dans l’absolu elle est fausse et trompeuse. Elle s’y présente un peu comme la femme du banquier Bethmann, pour lequel on voulait ajouter un balcon à sa résidence : « Si vous m’y édifiez un balcon, v’la que ma femme s’y mettra et me défigurera à moi toute la façade » ! Je ne puis parler des autres modifications dans le texte publié par le Vorwärts ; je ne retrouve pas le journal, et la lettre doit partir. Le congrès du parti se tient à une date glorieuse. Le 14 octobre est l’anniversaire des batailles de Iéna et d’Auerstadt, à l’occasion desquelles la vieille Prusse d’avant la révolution s’est effondrée. Puisse le 14 octobre 1891 devenir pour l’Allemagne prussianisée le « Iéna intérieur » prédit par Marx ! En compensation l’antistrophe est, par contre, une citation lassalienne de la plus belle eau « [la classe ouvrière] en face de laquelle toutes les autres classes ne forment qu’une masse réactionnaire ». Dans le Manifeste communiste, il est dit : « De toutes les classes qui, à l’heure présente, s’opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie ; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique. » La bourgeoisie est ici considérée comme une classe révolutionnaire, - en tant qu’elle est l’agent de la grande industrie, - vis-à-vis des féodaux et des classes moyennes résolus à maintenir toutes les positions sociales qui sont le produit de modes de production périmés. Féodaux et classes moyennes ne forment donc pas avec la bourgeoisie une même masse réactionnaire. D’autre part, le prolétariat est révolutionnaire vis-à-vis de la bourgeoisie parce que, issu lui-même de la grande industrie, il tend à dépouiller la production de son caractère capitaliste que la bourgeoisie cherche à perpétuer. Mais le Manifeste ajoute que « les classes moyennes... sont révolutionnaires... en considération de leur passage imminent au prolétariat ». De ce point de vue, c’est donc une absurdité de plus que de faire des classes moyennes, conjointement avec la bourgeoisie, et, par-dessus le marché, des féodaux « une même masse réactionnaire » en face de la classe ouvrière. Lors des dernières élections, a-t-on crié aux artisans, aux petits industriels, etc., et aux paysans : « Vis-à-vis de nous, vous ne formez, avec les bourgeois et les féodaux, qu’une seule masse réactionnaire » ? Lassalle savait par cœur le Manifeste communiste, de même que ses fidèles savent les saints écrits dont il est l’auteur. S’il le falsifiait aussi grossièrement, ce n’était que pour farder son alliance avec les adversaires absolutistes et féodaux contre la bourgeoisie. Dans le paragraphe précité, sa maxime est d’ailleurs bien tirée par les cheveux, sans aucun rapport avec la citation défigurée des statuts de l’internationale. Il s’agit donc ici simplement d’une impertinence et, à la vérité, une impertinence qui ne peut-être nullement déplaisante aux yeux de M. Bismarck : une de ces grossièretés à bon compte comme en confectionne le Marat berlinois. »

Karl Marx écrivait dans Gloses marginales au programme du Parti Ouvrier allemand :

« Et avec cela ce brave Bismarck travaille pour nous comme six chameaux. Sa théorie la plus récente, à savoir que la Constitution impériale n’est rien d’autre qu’un contrat entre les gouvernements qu’il pourrait remplacer du jour au lendemain par une autre, sans en référer au Reichstag, est pour nous une proie toute trouvée. Il n’a qu’à tenter son coup. La préparation manifeste d’un conflit, ses imbéciles et arrogants Bödiker et consorts au Reichstag - tout cela apporte de l’eau à notre moulin. Maintenant il faut cesser de déclamer la phrase commode de « la masse réactionnaire » (qui n’est juste qu’au moment effectif de la révolution).
De fait, toute l’ironie de l’histoire qui travaille pour nous, veut que les différents éléments formant la masse des féodaux et bourgeois doivent s’user et se relayer au pouvoir, en se disputant et s’entredéchirant à notre profit, bref ils constituent tout le contraire d’une masse uniforme, dont les éléments sclérosés du parti imaginent pouvoir se débarrasser en les traitant tous de « réactionnaires ». Au contraire. Toute cette bande disparate de canailles doit d’abord lutter entre elle, puis se ruiner et se discréditer, et nous préparer ainsi le terrain, en démontrant leur incapacité, les uns après les autres - chacun à sa manière. Ce fut l’une des plus grandes erreurs de Lassalle d’oublier complètement dans l’agitation le peu de dialectique qu’il avait apprise chez Hegel. Il n’y voyait jamais qu’un seul côté - exactement comme Liebknecht. Mais ce dernier, pour toutes sortes de raisons, ne voit par chance que le côté juste, si bien qu’il dépasse tout de même en fin de compte le Grand Lassalle.
Le vrai malheur de tout l’actuel mouvement bourgeois en Allemagne, c’est précisément que tous ces gens forment tout autre chose qu’ « une masse réactionnaire », or cela doit avoir une fin. Nous ne pourrons pas progresser tant qu’une partie au moins de la bourgeoisie ne sera pas poussée dans le mouvement réel - que ce soit par des événements extérieurs ou intérieurs. C’est pourquoi nous en avons assez maintenant du régime de Bismarck que nous avons subi jusqu’ici, et ce en quoi seulement il peut encore nous servir c’est de susciter un conflit ou de démissionner. Il est donc temps maintenant aussi d’éliminer la loi anti-socialiste par des moyens semi-révolutionnaires ou révolutionnaires tout courte Tous les débats sur la question de savoir s’il faut se débarrasser uniquement du « petit » état de siège ou de la loi tout entière, ou encore si l’on aggravera la loi pénale ordinaire ne sont, à mes yeux, que des discussions sur la virginité de Marie avant et après la naissance. Ce qui est décisif, ce sont les grands événements à l’intérieur ou à l’étranger. Or ceux-ci changent et ne restent pas les mêmes qu’hier. En Allemagne, en revanche, on ne considère les choses qu’en supposant au préalable que les actuels événements allemands restent les mêmes, éternellement. Le corollaire de toute la conception reposant sur la « masse réactionnaire » est que si les conditions actuelles se trouvaient bouleversées, nous arriverions aussitôt au pouvoir. C’est une absurdité. Une révolution est un processus de longue haleine : cf. 1642-1646, et 1789-1793 - et pour que les conditions soient mûres pour nous comme pour eux, il faut encore que tous les partis intermédiaires arrivent les uns après les autres au pouvoir, et s’y ruinent. Et c’est alors que ce sera notre tour - et même alors il se peut que nous soyions momentanément battus une fois de plus. Bien que je ne considère pas cette éventualité comme très probable, si les choses se déroulent normalement. »

Engels écrivait à E. Bernstein, 12 - 13 juin 1883 :

« Et avec cela ce brave Bismarck travaille pour nous comme six chameaux. Sa théorie la plus récente, à savoir que la Constitution impériale n’est rien d’autre qu’un contrat entre les gouvernements qu’il pourrait remplacer du jour au lendemain par une autre, sans en référer au Reichstag, est pour nous une proie toute trouvée. Il n’a qu’à tenter son coup. La préparation manifeste d’un conflit, ses imbéciles et arrogants Bödiker et consorts au Reichstag - tout cela apporte de l’eau à notre moulin. Maintenant il faut cesser de déclamer la phrase commode de « la masse réactionnaire » (qui n’est juste qu’au moment effectif de la révolution). De fait, toute l’ironie de l’histoire qui travaille pour nous, veut que les différents éléments formant la masse des féodaux et bourgeois doivent s’user et se relayer au pouvoir, en se disputant et s’entredéchirant à notre profit, bref ils constituent tout le contraire d’une masse uniforme, dont les éléments sclérosés du parti imaginent pouvoir se débarrasser en les traitant tous de « réactionnaires ». Au contraire. Toute cette bande disparate de canailles doit d’abord lutter entre elle, puis se ruiner et se discréditer, et nous préparer ainsi le terrain, en démontrant leur incapacité, les uns après les autres - chacun à sa manière. Ce fut l’une des plus grandes erreurs de Lassalle d’oublier complètement dans l’agitation le peu de dialectique qu’il avait apprise chez Hegel. Il n’y voyait jamais qu’un seul côté - exactement comme Liebknecht. Mais ce dernier, pour toutes sortes de raisons, ne voit par chance que le côté juste, si bien qu’il dépasse tout de même en fin de compte le Grand Lassalle. Le vrai malheur de tout l’actuel mouvement bourgeois en Allemagne, c’est précisément que tous ces gens forment tout autre chose qu’ « une masse réactionnaire », or cela doit avoir une fin. Nous ne pourrons pas progresser tant qu’une partie au moins de la bourgeoisie ne sera pas poussée dans le mouvement réel - que ce soit par des événements extérieurs ou intérieurs. C’est pourquoi nous en avons assez maintenant du régime de Bismarck que nous avons subi jusqu’ici, et ce en quoi seulement il peut encore nous servir c’est de susciter un conflit ou de démissionner. Il est donc temps maintenant aussi d’éliminer la loi anti-socialiste par des moyens semi-révolutionnaires ou révolutionnaires tout courte Tous les débats sur la question de savoir s’il faut se débarrasser uniquement du « petit » état de siège ou de la loi tout entière, ou encore si l’on aggravera la loi pénale ordinaire ne sont, à mes yeux, que des discussions sur la virginité de Marie avant et après la naissance. Ce qui est décisif, ce sont les grands événements à l’intérieur ou à l’étranger. Or ceux-ci changent et ne restent pas les mêmes qu’hier. En Allemagne, en revanche, on ne considère les choses qu’en supposant au préalable que les actuels événements allemands restent les mêmes, éternellement. Le corollaire de toute la conception reposant sur la « masse réactionnaire » est que si les conditions actuelles se trouvaient bouleversées, nous arriverions aussitôt au pouvoir. C’est une absurdité. Une révolution est un processus de longue haleine : cf. 1642-1646, et 1789-1793 - et pour que les conditions soient mûres pour nous comme pour eux, il faut encore que tous les partis intermédiaires arrivent les uns après les autres au pouvoir, et s’y ruinent. Et c’est alors que ce sera notre tour - et même alors il se peut que nous soyions momentanément battus une fois de plus. Bien que je ne considère pas cette éventualité comme très probable, si les choses se déroulent normalement. »

Engels écrivait à Auguste Bebel, 20 juin 1873 :

« Notre parti n’a absolument rien à apprendre des lassalléens au point de vue théorique, autrement dit pour ce qui est décisif dans le programme, mais il n’en est pas du tout ainsi pour les lassalléens. La première condition de l’unification est qu’ils cessent d’être des sectaires, des lassalléens, et qu’ils abandonnent donc la panacée de l’aide de l’État, ou du moins n’y voient plus qu’une mesure transitoire et secondaire, à côté de nombreuses autres mesures possibles. Le projet de programme démontre que les nôtres dominent de très haut les dirigeants lassalléens dans le domaine théorique, mais qu’ils sont loin d’être aussi malins qu’eux sur le plan politique. Ceux qui sont honnêtes se sont une fois de plus fait cruellement duper par les « malhonnêtes ». On commence par accepter la phrase ronflante, mais historiquement fausse, selon laquelle : face à la classe ouvrière, toutes les autres classes forment une seule masse réactionnaire. Cette phrase n’est vraie que dans quelques cas exceptionnels : dans une révolution du prolétariat, la Commune, par exemple, ou dans un pays où non seulement la bourgeoisie a imprimé son image à l’État et à la société, mais encore où, après elle, la petite bourgeoisie démocratique a parachevé elle aussi sa transformation jusque dans ses dernières conséquences. Si, en Allemagne, par exemple, la petite bourgeoisie démocratique faisait partie de cette masse réactionnaire, comment le Parti ouvrier social-démocrate eût-il pu, des années durant, marcher la main dans la main avec le Parti populaire ? Comment se fait-il que le Volksstaat puise presque toute sa rubrique politique dans l’organe de la petite bourgeoisie démocratique, La Gazette de Francfort ? Et comment se fait-il que pas moins de sept revendications de ce même programme correspondent presque mot pour mot au programme du Parti populaire et de la démocratie petite-bourgeoise ? J’entends les sept revendications politiques des articles 1 à 5 et de 1 et 2, dont il n’en est pas une qui ne soit démocrate bourgeoise. Deuxièmement, le principe de l’internationalisme du mouvement ouvrier est pratiquement repoussé dans son entier pour le présent, et ce par des gens qui, cinq ans durant et dans les conditions les plus difficiles, ont proclamé ce principe de la manière la plus glorieuse. La position des ouvriers allemands à la tête du mouvement européen se fonde essentiellement sur leur attitude authentiquement internationaliste au cours de la guerre. Nul autre prolétariat ne se serait aussi bien comporté. Or, aujourd’hui que partout à l’étranger les ouvriers revendiquent ce principe avec la même énergie que celle qu’emploient les divers gouvernements pour réprimer toute tentative de l’organiser, c’est à ce moment qu’ils devraient le renier en Allemagne ! Que reste-t-il dans tout ce projet de l’internationalisme du mouvement ouvrier ? Pas même une pâle perspective de coopération future des ouvriers d’Europe en vue de leur libération ; tout au plus une future « fraternisation internationale des peuples » : les « États-Unis d’Europe » des bourgeois de la Ligue de la paix. »

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