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Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Saint-Antoine

vendredi 12 juillet 2013, par Robert Paris

Le refrain des économies

Les discours que l’on entend encore et encore, c’est qu’il faut faire des économies. Et pour ce faire, il faut supprimer du personnel. Le GH doit rendre 100 postes. La situation devient catastrophique dans les services. Les postes d’aides soignants sautent. En UGA, en Ortho, Neuro, Rhuma et un peu partout dans les services, on se rend compte que l’on enlève un AS le week-end qu’on n’en met pas non plus en semaine ni dans les équipes de nuit. La charge de travail augmente et certains cadres n’hésitent pas à monter les personnels les uns contre les autres en prétendant que le manque d’effectifs, ce serait parce qu’il y aurait trop d’arrêts maladies. On ne se laisse pas raconter d’histoires avec ces boucs émissaires que nous inventent les responsables. On a parfaitement entendu le discours de la direction et du gouvernement : il faut dégommer des postes. On reste solidaires entre nous.

Le manque de personnel, ils le créent

La neurologie n’est pas en reste. La direction avait décidé que le week-end elle ne mettrait plus qu’une aide soignante plutôt que les deux habituellement. Le personnel s’est demandé d’où lui est venue cette idée puisque la charge de travail reste la même en semaine qu’en week-end.

Mais le personnel, n’étant dupe de leur stratégie de réduction des effectifs, ne tenait pas à se laisser faire quand il a constaté qu’en pleine semaine l’aide soignante se retrouvait quand même seule. Alors, si la direction s’entête comme cela, nous aussi sommes capables de faire l’âne !

Haut les mains

La lutte contre les infections nosocomiales est une priorité à l’AP, affirme la direction. En effet, dans les services, on trouve des classeurs remplis de procédures et de protocoles. Mais la réalité du terrain, c’est qu’on est de plus en plus en sous-effectif, qu’il faut faire la désinfection de chambre de plus en plus vite, pour prendre toujours plus de patients. Des fois, c’est chronomètre à la main, le patient étant dans le couloir, en attente que sa chambre se libère. A noter que dans son rapport, la CME (commission médicale d’établissement) indique que « dans nos hôpitaux, la fréquence des maladies porteurs d’entérobactéries résistantes aux BLSE (béta-lactamase à spectre étendu) continue d’y augmenter régulièrement, ce qui représente un authentique péril fécal avec des conséquences organisationnelles et financières de plus en plus lourdes ».

Péril ? Vous avez dit péril ! 20% de la population française est actuellement porteur permanent de ces maladies et ce chiffre est en constante augmentation et les maladies nosocomiales étaient, au dernier recensement, cause de 20.000 morts par an en France ! Ne vous inquiétez pas : ce n’est pas pour cela que la direction de l’APHP va cesser de diminuer les effectifs et le nombre de lits. Or, comment voulez-vous isoler les malades et préserver la consigne de ne pas mettre ensemble des malades ayant des maladies nosocomiales différentes ni leur affecter les mêmes personnels.

Parle à ma main…

En Orthopédie, ces derniers jours, les choses vont de plus en plus mal. Le malaise est palpable. Le personnel dit tous les jours qu’il ne peut plus travailler dans des conditions qui mettent en danger les personnels et les patients, qui mettent en cause leurs diplômes, qui tirent de plus en plus sur le stress. Travailler dans l’urgence, voilà à quoi on est confrontés. Des tâches à faire en plus du fait du personnel non remplacé, une IDE qui se retrouve seule sur un secteur… Les chefs font la sourde oreille, ne veulent rien entendre et prennent la poudre d’escampette, même quand il s’agit simplement de faire face à leur propre responsabilité. Pour eux, la seule chose qui compte, c’est que le service tourne, même si c’est sur la tête !!!

L’hôpital se mobilise

A Caen, tout le personnel de l’hôpital psychiatrique s’est mobilisé contre les restructurations, et ils ont obtenus gain de cause. A l’hôpital Esquirol - Saint Maurice c’est aussi plus de 300 personnes qui s’est mobilisé fin juin contre les restructurations. Des exemples à suivre. Et surtout, ce qui est nécessaire, c’est de construire la liaison inter-hôpitaux par des collectifs et des coordinations dans lesquelles personne ne dictera au personnel ce qu’il doit faire ou penser, pas même les responsables syndicaux….

AGIRC, ARRCO, retraite du futur…

Le gouvernement et ses rapporteurs nous proposent plusieurs idées soi disant une nouvelle fois pour « sauver les retraites » c’est-à-dire pour nous faire les poches, celle des retraités, celle des travailleurs cotisant et de nous faire travailler plus. Ils se gardent bien de nous dire la vérité sur les raisons pour lesquelles les caisses se sont vidées. Bien entendu, il y a le fait que le patronat et le gouvernement ne cessent de supprimer des emplois. Mais ce n’est pas tout. Les caisses de retraite se vident car elles sont ponctionnées par les banques, les bourses, les services de l’Etat et elles ne savent pas comment elles vont payer les pensions et les retraites, même dans un avenir proche. Pour nous laisser entendre que la retraite, c’est dans une autre vie, sur une autre planète ?


Mandela reçoit un hommage unanime mais pas la lutte des travailleurs sud-africains

L’ancien chef d’Etat de l’Afrique du sud qui était passé de sa prison à vie à la position de plus haut responsable choisi par tous les puissants de ce monde pour gérer l’Afrique du sud est en train de mourir et reçoit l’hommage du monde entier, classes dirigeantes comme travailleurs et milieux populaires. Les anciens chefs racistes d’Afrique du sud font partie du chœur des félicitations. Un miracle réalisé par la méthode pacifiste (gandhiste diront certains), de réunir ainsi riches et pauvres, noirs et blancs, racistes et antiracistes ?

Mais ce conte de fées n’a rien de commun avec la réalité. C’est la grève générale ouvrière menaçant de se transformer en révolution sociale qui a fait reculer et pas l’ANC, dont la stratégie était la guérilla armée, ne participait pas à cette lutte ouvrière.

L’Afrique du sud n’est sortie que formellement de l’Apartheid, il suffit de voir la police sud-africaine assassiner les mineurs grévistes de Marikana ou les habitants des townships toujours parqués dans leurs ghettos et tués par la police. L’écrivain sud-africain André Brink, porte parole de la lutte contre l’Apartheid, a déclaré que l’ANC, le parti de Mandela, n’est qu’une réincarnation du parti raciste, le Parti National de De Klerk, en pire. Un ami de Nelson Mandela, Cyril Ramaphosa, ancien dirigeant noir du syndicat des mineurs, la NUM, devenu le principal syndicat antigrève du pays au point que les grévistes de Marikana ont dû s’affronter à lui, est devenu milliardaire possesseur de nombreuses grandes entreprises ! Et l’apartheid entre noirs et blancs s’est transformé en apartheid entre riches et pauvres qui sont toujours noirs et blancs ! L’argent de l’exploitation des travailleurs entre toujours dans la poche des mêmes trusts !

Les travailleurs qui, par leur lutte, ont contraint le capitalisme sud-africain à changer la forme de sa domination, n’ont pas gagné. La petite bourgeoise nationaliste qui ne participait absolument pas à la lutte des travailleurs a gagné des places, de l’argent et du pouvoir. Ce n’est pas en restant courageusement en prison que Mandela a gagné mais parce que les classes dirigeantes du monde ont pris peur des conséquences qu’allait avoir l’explosion révolutionnaire des travailleurs sud-africains. Les classes dirigeantes blanches, avec à leur tête le chef du parti raciste, De Klerk, ont été chercher Mandela dans sa prison pour… qu’il les sauve de la menace révolutionnaire des travailleurs sud-africains. Cela s’est négocié directement entre les dirigeants américains et les dirigeants russes, entre les patrons des trusts sud-africains et les dirigeants de l’ANC. Mais personne n’a bien entendu consulté les travailleurs. Il a seulement fallu la caution de quelques dirigeants syndicalistes prêts à se vendre et quelques uns d’entre eux comme Ramaphosa payé à milliards !

En un petit nombre d’années, le Parti national au pouvoir, celui qui avait organisé un régime semi-fasciste pour imposer la suprématie blanche, a porté l’ANC à la présidence de l’Etat sud-africain. Les plus grands patrons sud-africains, ceux des mines, sont même à l’origine des premières rencontres en Suisse. Parti « communiste » comme ANC ont renoncé à leurs anciens slogans : remise en cause du capitalisme, de la propriété du grand capital en échange de la venue au pouvoir d’une partie de la direction nationaliste noire. La place des dirigeants syndicaux a été particulièrement négociée. A la mesure aussi de la trahison de cette lutte que représentait la manière dont la fin de l’apartheid a été négociée.

Par contre, les travailleurs sud-africains et le peuple ont été dupés. Mandela était certes à la tête d’un parti qui organisait une lutte armée de guérilla dans les pays voisins de l’Afrique du sud (et pas un combat pacifiste). Le parti stalinien sud-africain a donné une caution de gauche à l’accord. Ce dernier s’est réalisé en même temps que la bureaucratie du Kremlin, sous l’égide de Gorbatchev, négociait son retour dans le giron capitaliste mondial. L’ANC se détournait de la lutte de la classe ouvrière, n’y participait nullement et ne contrôlait alors aucune des centrales syndicales importantes du pays.

C’est bel et bien pour éviter la révolution, qui pouvait s’étendre au moins au continent noir comme une trainée de poudre à une époque où la contestation de toutes les dictatures d’Afrique montait (la période des révoltes contre Moussa Traoré, Bongo, et Houphouët Boigny), que les classes dirigeantes ont renoncé à l’apartheid.

Les gouvernants, de Hollande à Obama, qui se félicitent de la fin de l’Apartheid en Afrique du sud le cautionnent encore en Mauritanie ! Et, même en Afrique du sud, la réalité de l’Apartheid se maintient et s’aggrave même… Les mineurs sud-africains assassinés à balles réelles pour avoir fait grève comme les autres travailleurs ne reçoivent nullement le soutien ni d’Obama ni d’Hollande ni des actuels dirigeants comme Jacob Zuma. Rien d’étonnant : c’est par crainte des travailleurs et pas par soutien qu’il a été décidé de suspendre l’Apartheid !

Messages

  • Grève à l’hôpital de Beauvais

    L’équilibre budgétaire aura été de courte durée. Annoncé en fanfare fin 2010, il aura fallu moins de trois ans pour que l’hôpital dérape à nouveau. Et soit soumis à des adaptations qui inquiètent le personnel. La CGT appelle à la grève demain matin, jeudi 25 juillet, sans triomphalisme. Presqu’un agent sur deux - ils sont 2 300 équivalent temps plein - est en vacances.

    Compte tenu des réquisitions, puisque le service public hospitalier ne s’arrête jamais, le mouvement ne sera pas un tsunami. « Peu importe » réagit Éric Couq, le secrétaire de la section CGT qui relit, hier matin, le tract d’appel à la grève. Mot d’ordre : « Agissons contre le plan de retour à l’équilibre » qui est un « plan social », selon la CGT.

    « Le budget 2013 transmis dans sa dernière version, au mois de juillet, à l’Agence régionale de la santé (Ndlr : la tutelle du système de santé) a dû être accompagné d’un plan de retour à l’équilibre sur deux ans. On ne peut pas présenter un budget en déficit » explique Isabelle Parent, directrice adjointe de l’hôpital.

    L’ARS a donné un coup de pouce, « une subvention d’équilibre de 2 millions » assortie d’une injonction de retour à l’équilibre d’ici fin 2014. L’hôpital a recruté une directrice adjointe « de l’optimisation et de la performance » - la CGT l’appelle « la nettoyeuse ». L’ARS octroie 200 000 € supplémentaires pour un audit, plus 100 000 € pour la certification des comptes.

    L’ultime réunion de négociation, lundi, entre le syndicat majoritaire (la CGT a recueilli 62 % des voix en 2011) et la direction a échoué sur le choix des économies envisagées. Les salaires, qui représentent 72 % du budget de 150 M€, représentent le principal levier de manœuvre, selon la direction. Elle table sur une baisse de 2,4 M€ des traitements (800 000 € en 2013 et 1,6 M€ en 2014). Soit la moitié des 4,9 M€ d’économie (dont 2,6 M€ en 2013) envisagés d’ici fin 2014.

    « Déjà que les départs en mutation ne sont pas remplacés, ni les départs en retraite, ni les congés longue maladie... » peste Éric Couq. Des contrats non renouvelés ont servi de test revendicatif, notamment au laboratoire (lire l’interview ci-desssous). « Pour économiser 800 000 € cette année, l’hôpital en dépense 300 000 en audit et certification, sans vision politique ni syndicale » raille le syndicaliste.

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