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Pourquoi les mammifères marins sont retournés dans l’eau ? Et nos amis les dauphins ? Back to ocean !

dimanche 4 août 2013, par Robert Paris

Squelette de baleine marine et de son ancêtre terrestre

Pourquoi les mammifères marins sont retournés dans l’eau ? Et nos amis les dauphins ? Back to ocean !

La plupart des gens vous diront que les êtres marins sont faits pour nager, les êtres terrestres sont faits pour marcher et les êtres aériens sont faits pour voler. C’est disent-ils leur nature et cela n’est pas censé changer dans la descendance. Voire…

Nous savons bien maintenant que la baleine ou le dauphin ne sont pas des poissons et que les chauve-souris (des mammifères volants) ne sont pas des oiseaux… Mais cela n’a été connu qu’au XVIIIème siècle. Et c’est seulement au XXème siècle que Protocetus, Basilosaurus, Pakicétus et Ambulocetus, des ancêtres mammifères des Cétacés ont été découverts.

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Les Kentriodons ont ainsi donné les dauphins.

De même, Prorastomus a été l’ancêtre des siréniens.
Tous les mammifères marins (phoques, otaries, loutres, ours blanc qui est partiellement marin, morse, lamantin, dugong, baleines dont rorquals, cachalots, dauphins et narvals) ont des ancêtres terrestres. Ils ont donc eu une évolution vers la vie aquatique. Reste à savoir pourquoi et aussi à savoir si la question a un sens ou si on peut seulement chercher comment….

Les différents mammifères marins n’ont pas la même origine terrestre.
On en compte environ 120 espèces de mammifères marins. Les baleines et les dauphins sont davantage apparentés aux hippopotames et aux ruminants qu’aux autres mammifères marins, les siréniens aux éléphants, tandis que les morses, phoques, loutres de mer et otaries sont apparentés aux ours.

Il y a donc eu un grand nombre de retours différents à la mer et pour des raisons et à des époques différentes.

En tout cas, on est très loin de l’image que l’on se faisait qu’une espèce ne pourrait pas changer considérablement son mode de vie.
D’autant que la vie terrestre est très différente de la vie aquatique. C’est un changement bien plus considérable que de passer de la vie arboricole à la vie au sol, changement dont nous, êtres humains, sommes si fiers…

Les groupes de mammifères marins, c’est-à-dire les cétacés, les siréniens et les Carnivora marins (Otariidae, morses et phoques) adoptent des stratégies différentes. Celle des cétacés est la plus éloignée de celle des animaux terrestres. Leur respiration est contrôlée, non réflexe ; aussi ne semblent-ils pas entrer dans un sommeil paradoxal, un hémisphère de leur cerveau reste actif, contrôlant les mouvements et surveillant les alentours avec leur œil resté ouvert. Ils remontent régulièrement à la surface, on parle de « billotage ». Les nouveau-nés semblent ne pas pouvoir dormir avant quelques semaines. Le cerveau des autres espèces est au repos, unilatéralement. Les phoques dorment profondément et se réveillent à intervalles réguliers pour respirer à la surface. Les otaries dorment, quant à elles, dans une position spéciale qui leur permet de garder le museau hors de l’eau.

Nous savons que nous tous, nous mammifères, issus des poissons et nos ancêtres sont donc sortis de l’eau mais c’est il y a bien plus longtemps et notre évolution physiologique ne favorise pas du tout le retour en mer. Ce sont les batraciens qui sont les premiers vertébrés, durant le Carbonifère, à s’être installés durablement sur la terre ferme. Et, avec l’invention de l’œuf il y a 340 millions d’années, les reptiles sont les premiers à avoir pu s’éloigner de l’eau et conquérir les terres. Mais, inversement, les reptiles sont les premiers à avoir amorcé un retour dans les eaux et les mers il y a 240 millions d’années.

Comme quoi, on peut changer de mode de vie. Mais il reste des appareils peu adaptés à la vie marine comme celui de la respiration. La respiration est aérienne, ils ne peuvent vivre sans venir respirer régulièrement à la surface. De plus, ils ont le sang chaud (homéotherme ou endotherme), portent leurs petits dans leur ventre (vivipare) et pour finir ils allaitent leurs petits.

Beaucoup de caractères anatomiques évoquent leur ancienne vie terrestre. Tout d’abord, l’obligation de respirer l’air atmosphérique au contraire des poissons qui, grâce à leurs branchies, utilisent l’oxygène dissous dans l’eau. Ensuite, le fait qu’elles allaitent leurs petits nous rappellent qu’elles sont, comme nous, des mammifères. L’anatomie du squelette est également porteuse d’information puisqu’on retrouve des traces de leurs anciens membres terrestres. Ainsi, à l’intérieur des palettes natatoires, souvent dénommées improprement nageoires, on trouve le squelette d’une main comprenant 5 doigts et ressemblant fortement aux membres d’un animal marcheur. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la nageoire d’un cétacé comprend les mêmes os que la patte avant de n’importe quel autre mammifère.

Au cours de leur évolution, les cétacés subissent de profondes transformations au niveau du crâne : leur tête s’allonge et leurs narines migrent sur le sommet du crâne, leur permettant de respirer tout en maintenant la tête sous l’eau. Il y a 38 millions d’années, les derniers archéocètes donnent naissance aux mysticètes et aux odontocètes On observe chez les cétacés une disparition complète des membres postérieurs. Il arrive exceptionnellement que certaines baleines ou dauphins naissent avec une ou deux pattes arrière atrophiées, résurgence héréditaire de leurs lointains ancêtres ! Parallèlement, les pattes avant sont transformées en palettes natatoires, organes stabilisateurs de la nage.

Tout en devenant marins, les mammifères ne sont pas devenus des poissons. Un rorqual (mammifère) n’est pas un requin (poisson). Les dauphins et les baleines ont un squelette en os contraire aux poissons qui ont le leur fait de cartilage. En outre, la plupart des poissons donnent naissance à leurs bébés en pondant des œufs.
Ces mammifères marins sont restés très proches en termes d’évolution des mammifères terrestres. Par exemple, un cerf est plus proche parent d’une baleine que d’un sanglier. Les recherches génétiques ont donc prouvé que des animaux aussi différents qu’un chameau, un sanglier, un cerf, un hippopotame et un cachalot descendent tous d’un ancêtre commun et doivent en conséquence être classé dans le même groupe zoologique, les Cétartiodactyles.
Il y a 55 millions d’années, pendant l’Eocène, les espèces primitives de mammifères subissent une crise globale et de nouvelles espèces apparaissent. C’est à ce moment que des mammifères deviennent marins.

Il y a cinquante millions d’années, apparaît Pakicetus (ancêtre de la baleine). Il y a quarante millions d’années, apparaissait Basilosaurus, beaucoup plus adapté à la vie marine que le précédent qui était amphibie.

Ambulocetus, encore quadrupède, se déplaçait à la fois sur terre et dans l’eau, vivant à la manière des crocodiles.

C’était un redoutable prédateur, guettant ses proies dans les eaux peu profondes. Il vivait il y a 50 millions d’années.

Des études récentes de spécimens de l’Eocène (52 Ma) du Pakistan montrent que les premiers ancêtres des Cétacés étaient de bons coureurs. Parmi ces fossiles, Pakicetus attocki était un animal de la taille d’un loup. Il allie la tête d’une baleine avec le corps d’un artiodactyle.

Il y a environ 45 millions d’années, sont apparus des animaux mieux adaptés à la vie marine. Le plus connu est Rhodocetus balochistanensis. Ses membres postérieurs permettaient une bonne propulsion dans l’eau. Son adaptation à la vie aquatique était presque complète. Ses pieds ne devaient pas être capables de supporter son poids à terre. Peut-être se traînait-il comme le font les éléphants de mer.

Basilosaurus, une baleine carnivore de 25 m de long, vivait il y a environ 40 millions d’années. Ce mammifère était exclusivement marin.
Ce qui rend le questionnement sur les raisons du retour à la mer si intriguant, c’est que certains de ces animaux sont très grands (la baleine) et certains très intelligents. S’ils étaient des animaux terrestres, la vie des êtres humains auraient pu en être bouleversée…
L’ordre des cétacés comprend les plus grands animaux ayant jamais existé : le rorqual bleu mesure 30 mètres et pèse jusqu’à 200 tonnes.
Ce sont des animaux très intelligents qui possèdent une sorte de langage.

Les seuls animaux à disposer d’un outil de communication relativement similaire au nôtre – c’est à dire transmis sur un mode syntaxique de nature vocale - sont en effet les cétacés. On pourrait certainement communiquer par certains signes et infra-sons avec les éléphants, par certains gestes-symboles et mimiques avec les chimpanzés libres, mais ces échanges ne fourniraient sans doute que des informations simples, du fait de notre incapacité à nous immerger complètement dans la subtilité de ces comportements non-verbaux.
"Parmi l’ensemble des animaux non-humains, les dauphins disposent d’un cerveau de grande taille très bien développé, dont le coefficient encéphalique, le volume du néocortex, les zones dites silencieuses (non motrices et non sensorielles) et d’autres indices d’intelligence sont extrêmement proches de ceux du cerveau humain" déclare d’emblée le chercheur russe Vladimir Markov.

Le dauphin, meilleur ami de l’homme

II y a environ 50 millions d’années, les dauphins vivaient sur terre
 !
Ils ressemblaient alors à des chiens ou à des loups. Se nourrissant essentiellement de poissons ou de crustacés qu’ils attrapaient sur les rivages, c’est tout naturellement vers le milieu aquatique qu’ils sont retournés lorsque le niveau des eaux est monté au point de submerger une partie des terres.

Au fur et à mesure du temps, leur corps s’est transformé et adapté au mode de vie aquatique.

Il est très bien adapté à la nage, pas moins qu’un poisson, et il nage extraordinairement bien mais sa respiration n’a rien à voir avec celle des poissons et n’a rien de simple. Contrairement à l’homme qui respire automatiquement, le dauphin doit "penser" à remonter à la surface pour respirer. Au cours de l’évolution, l’évent des dauphins (narine) s’est déplacé vers le sommet du crâne afin de respirer à la surface sans cesser de nager et sans perdre le contact visuel sous-marin en sortant la tête hors de l’eau.

Au-delà de leur physiologie cérébrale très exceptionnelle, les dauphins font preuve de capacités extrêmement rares dans le domaine animal.

Comme les humains, les dauphins peuvent imiter, aussi bien sur le mode gestuel que sur le mode vocal, ce qui est soi est déjà exceptionnel. Par ailleurs, si les dauphins exécutent aisément les ordres qu’on leur donne par cette voie gestuelle, ils peuvent également répondre de façon correcte à la question de savoir si un objet précis est présent ou absent.

L’intelligence du dauphin est telle qu’on peut se demander, s’il était resté terrestre, comment il aurait cohabité avec l’homme et même lequel l’aurait emporté…

Certains vont jusqu’à se demander jusqu’où va la sympathie des dauphins à l’égard des humains… Jusqu’à leur laisser la place ?

Là où le dauphin révèle ses origines : il respire hors de l’eau, il forme ses enfants comme les mammifères et il rumine comme la vache ! Mais, en plus, le dauphin est un animal social. Il est capable constituer des sociétés de centaines voire de milliers d’individus, ce qui suppose des moyens de communication perfectionnés, des capacités de conception, d’organisation et d’interaction de haut niveau.

Ces moyens de communication sont effectivement très développés puisqu’il dispose de 400 sons différents pour dialoguer, entretient de véritables conversations. Il a également des capacités de communication corporelles, par les sauts, par les caresses, etc…

Cela leur permet par exemple d’organiser des chasses collectives. Ils sont également capables de collaborer avec des pêcheurs (humains) en leur rabattant les poissons !

Un groupe de nageurs néo-zélandais ont échappé aux dents d’un grand requin blanc grâce à l’intervention inopinée d’un groupe de dauphins qui, en les encerclant, leur ont offert une barrière salvatrice... Interrogé sur cet incident, un chercheur de l’université Auckland, spécialiste en mammifères marins, le Dr. Rochelle Constantine, a déclaré ne pas avoir été surpris par l’attitude altruiste des dauphins : "Ils aiment aider ceux qui sont sans défense".

Pendant la féroce guerre en mer de Corail en mai 1942, 6 aviateurs américains abattus par la DCA d’un porte-avion japonais, désespérés sur leur radeau de fortune, virent arriver des dauphins qui commencèrent à pousser du nez l’esquif vers la côte invisible au-delà de l’horizon. Le fait a été mentionné dans un rapport officiel de la Marine des Etats-Unis.

Aujourd’hui, régulièrement, les médias rapportent des histoires de surfeurs australiens ou hawaïens cernés par des requins et sauvés par des dauphins. Ou bien encore des navigateurs alertés par des comportements curieux et des cris intrigants de la présence de récifs sur lesquels ils seraient échoués sans l’intervention des dauphins.
Dès le début de notre ère, au 1er siècle, des naturalistes racontent dans leurs ouvrages des scènes où les dauphins de nos côtes méditerranéennes assistent les pêcheurs locaux dans la capture des mulets. Les même scènes sont observées en Asie Mineure dans le golf de Lassos. A travers les époques, ce genre d’associations sont constatées : au Moyen Age en Italie, à la Renaissance en Espagne. Aujourd’hui encore, des cétacés s’associent à des humains pour se procurer de la nourriture.

Le plus surprenant est qu’il n’a jamais été nécessaire d’apprivoiser le dauphin pour qu’il devienne un ami plurimillénaire de l’homme.

Certains dauphins considèrent qu’ils ont un rôle à part : être un contact entre le monde des cétacés et celui des hommes. Ceux-là ont une attitude tellement remarquable qu’ils ont été appelés « dauphins ambassadeurs » ! Ils vivent de manière indépendante et recherchent sans cesse la société des hommes à laquelle ils aspirent de rendre service et de communiquer ou de jouer…

Cette attitude extrêmement étonnante des dauphins vis-à-vis des humains a été souvent remarquée et reste une énigme.

C’est au point que certains auteurs ont imaginé que cette attitude amicale était à la base de leur retour dans les eaux, pour ne pas entrer en concurrence avec les humains…

Ainsi Bernard Werber écrit dans sa « Nouvelle encyclopédie » :

« On imagine aisément ce que seraient devenus aujourd’hui les dauphins avec leur gros cerveau de 1700 grammes s’ils étaient restés à terre : des concurrents. Ou plus probablement des précurseurs… Il semble que le dauphin ait bel et bien développé un langage de communication acoustique s’étendant sur un très large spectre sonore. La parole humaine s’étend de la fréquence 100 à 5000 hertz. La parole « dauphine » couvre une plage de 7000 à 170.000 hertz, ce qui autorise évidemment beaucoup de nuances ! Selon le Dr John Lilly, directeur du laboratoire de recherche sur la communication de Nazareth Bay, les dauphins sont depuis longtemps désireux de communiquer avec nous. Ils s’approchent spontanément des gens et des bateaux. Ils sautent, bougent, sifflent comme s’ils voulaient nous faire comprendre quelque chose. « Ils semblent même parfois agacés lorsque leur interlocuteur ne les comprend pas » assure ce chercheur. »

Mais l’homme n’a pas encore atteint un niveau tel qu’il soit capable de comprendre ce que les dauphins veulent lui dire.

« S’il a été remarqué que quelques dauphins pouvaient reconnaître jusqu’à cinquante mots de notre langue, aucun humain n’a jamais pu comprendre un seul mot de la leur. »

Carl Sagan

La disposition des dauphins à aider les humains est parfois détournée

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