Accueil > 16- EDITORIAUX DE "LA VOIX DES TRAVAILLEURS" - > Edito – Un nouveau plan d’aide au patronat, pas aux salariés ni aux (...)

Edito – Un nouveau plan d’aide au patronat, pas aux salariés ni aux emplois (ni publics, ni privés) !

mercredi 18 septembre 2013, par Robert Paris

Edito – Un nouveau plan d’aide au patronat, pas aux salariés ni aux emplois (ni publics, ni privés) !

Annonçant son plan d’aide à l’industrie, Hollande a eu cette phrase claire : « Aux chefs d’entreprise, je leur dit que l’Etat sera à leurs côtés. » Et ce n’est pas que des mots et la meilleure preuve est que le MEDEF qui d’habitude critique la gauche est cette fois sur la même longueur d’onde : « L’initiative a le mérite d’être très positivement saluée ».

Rien d’étonnant : ce n’est pas des paroles ni un geste purement symbolique. Sous diverses formes comme des crédits d’impôts et des collaborations public-privé.

En fait, c’est le public au service du privé puisque toutes ces collaborations visent à aider des patrons privés qui dirigeront ces projets et seront propriétaires des sociétés aidées. Des milliards pour aider 34 « projets d’avenir », voilà toute l’affaire et l’avenir pour qui ? Pour la France répondent en cœur Hollande et Montebourg mais qu’est-ce que ça veut dire ? Les patrons recevront les aides de l’Etat mais qu’est-ce qui prouve qu’ils vont embaucher les 400.000 salariés comme l’imaginent ou veulent le faire croire les gouvernants de gauche ? S’y sont-ils engagés ? Vont-ils le faire ? Le leur demande-t-on ? Absolument pas ! Sans cela le MEDEF ne crierait pas : Hosanna ! Même le journal de droite le Figaro, très critique d’habitude, ne cite que des patrons comme celui du trust chimique Arkema qui ne font que se féliciter !

Les travailleurs ont-ils la moindre raison d’en faire de même ? Bien sûr, on leur dit que l’industrie française va ainsi se redresser et leur fournir emplois et salaires. Mais personne n’a la moindre preuve de cela. Ce ne serait pas la première fois que les patrons touchent des milliards et que les emplois continuent de chuter. C’est tout simplement le cas tous les ans depuis 2007 !

D’ailleurs la vague de suppressions d’emplois dans les trusts qui font des bénéfices continue : à Renault, à Peugeot, à Sanofi ou Air France et le gouvernement n’a plus un mot à dire contre ces patrons licencieurs...

Qu’est-ce qui prouve qu’il n’en sera pas de même cette fois ? Que de l’argent ne sera pas distribué à des trusts ou à des patrons sans aucune embauche et même avec suppressions d’emplois ? Est-ce la méthode Coué qu’emploie Hollande ? Est-ce le fait que le ministre Montebourg qui avait commencé son ministre en faisant de la démagogie contre les patrons Mittal, Peugeot ou Petroplus soit cette fois la main dans la main avec patrons petits et grands ?

Les références au nationalisme, les cocoricos comme modèles de solutions économiques, le rappel des discours de De Gaulle, voilà la seule manière qu’ont eu Hollande et Montebourg de convaincre mais il est vrai qu’ils voulaient seulement convaincre les patrons. Et pas les salariés ! Ils n’ont même pas fait semblant de demander leur avis aux syndicats, eux qui d’habitude passent énormément de temps à négocier avec les centrales syndicales !

Certains travailleurs se diront peut-être que c’est la seule solution d’aider les patrons privés pour parvenir, face à la concurrence internationale, sauver nos emplois… Mais ils se trompent : ce n’est pas parce qu’on aide à coups de milliards les patrons que ceux-ci seront contraints d’embaucher. Les trusts automobiles, par exemple, ont été aidés à milliards sur l’argent de nos impôts et suppriment massivement des emplois. Les banques sont exactement dans le même cas. Tous les trusts aussi…

Et, en même temps que l’Etat a de l’argent à distribuer aux capitalistes, il en a de moins en moins pour les services publics. Et s’il cesse de parler de maîtriser la dette le temps des « grands plans pour l’industrie française », il retrouve les accents dramatiques des finances plombées quand il s’agit de supprimer des emplois d’infirmières, d’aides soignantes, d’enseignants, de postiers ou de cheminots… Avec des conséquences de plus en plus dramatiques pour la santé, l’enseignement, l’énergie, les transports et autres services publics. Mais aussi des conséquences dramatiques pour les emplois qui chutent du coup autant dans le public que dans le privé.

Quant à prétendre relancer l’économie capitaliste par des aides d’Etat, le discours et les actes ne sont pas nouveaux : on nous rebat les oreilles avec ce mensonge depuis 2007. Cela fait donc plus de cinq ans qu’on nous ment sur la sortie de crise et le fait que le seul moteur de l’économie soit toujours les fonds publics en dit long sur cette soi-disant reprise qui n’est pas le dixième des fonds d’Etat et des banques centrales déversés sur les marchés…

Quant à l’argent public, il n’y en a plus pour les chômeurs, pour les retraites, pour le logement social, pour la sécurité sociale, pour la santé…

Le mythe de la défense de l’industrie française plait certes à un grand nombre de travailleurs qui sont restés avec l’idée que les emplois partent à l’étranger, une idée que gauche comme droite ou extrême droite aiment bien cultiver mais qui ne correspond pas à la réalité. Les emplois dégringolent en effet partout dans le monde. Bien sûr la concurrence capitaliste continue d’exister. Mais justement, si un Etat déverse plus d’argent que les autres pour aider son économie nationale cela ne fait que contraindre les autres à en faire autant, sans nullement résoudre les problèmes réels de la crise capitaliste.

Les fonds publics ne sont pas éternels ou plutôt le creusement de leur trou ne pourra pas permettre au capitalisme de tromper longtemps son monde et les Etats cherchent d’autres solutions que les aides publiques massives. Les seules qu’ils aient trouvé, c’est de relancer la titrisation des dettes comme le faisaient les subprimes pour les dettes immobilières. Le seul moyen de sortir du recul économique est donc la cavalerie financière. Cela signifie que l’humanité aurait bien tort de ne pas se préparer à se donner un autre avenir que le capitalisme !
Aujourd’hui, ne proposer aux travailleurs que de revendiquer dans le cadre du système, c’est s’enfermer dans un titanic en train de couler…

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.