Accueil > 14 - TRAVAILLEURS SANS FRONTIERES - WORKERS HAVE NO FRONTIERS AND A WORLD (...) > Le mouvement des lycéens et des jeunes contre les expulsions de lycéens (...)

Le mouvement des lycéens et des jeunes contre les expulsions de lycéens sans papiers

dimanche 20 octobre 2013, par Robert Paris

Lire ici et voir les films

C’est un vent de fronde et de colère sans précédent après l’interpellation et l’expulsion d’une jeune kosovare de 15 ans, Léonarda, lors d’une sortie scolaire dans le Doubs.

Les circonstances de cette interpellation, qui remonte au 9 octobre mais a été révélée mardi par RESF, le Réseau Education sans frontières, après l’alerte d’un enseignant, sont contestées. Ce qui est certain, c’est que la jeune fille se trouvait à bord d’un autocar en compagnie de sa classe lorsque les policiers sont venus l’interpeller devant ses camarades.

Selon un enseignant cité par RESF, c’est un officier de la Police de l’air et des frontières qui a appelé le prof qui acompagnait le groupe pour demander qu’il remette la jeune fille aux forces de l’ordre en vue de son expulsion.

La jeune fille, élève de troisième au collège André-Malraux de Pontarlier, faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français après avoir été déboutée de ses demandes d’asile avec ses parents et ses cinq frères et sœurs, selon la préfecture du Doubs. Joint par Le Monde, le cabinet du ministre de l’intérieur a confirmé qu’’il s’agissait d’une "famille kosovare" dont les demandes d’asile en France ont été rejetées, comme souvent pour les ressortissants de ce pays.

Selon la préfecture, la famille était entrée irrégulièrement en France le 26 janvier 2009. Leur première demande d’asile a été rejetée par l’Ofpra le 20 août 2009 puis, en appel, par la cour nationale du droit d’asile, le 31 janvier 2011. Deux mois plus tard, ils ont déposé une demande de réexamen, à nouveau écartée. La préfecture a alors prononcé, en septembre 2011, un refus de séjour assorti d’une obligation de quitter le territoire, confirmé par le tribunal administratif le 26 janvier 2012, puis par la cour administrative d’appel de Nancy, le 21 février 2013.

Ils ont enfin tenté une demande de régularisation au titre de la circulaire Valls du 28 novembre 2012 sur "l’admission exceptionnelle au séjour des étrangers en situation irrégulière". En vain. La préfecture affirme qu’’ils "ne remplissaient pas les critères de résidence prévus par cette circulaire" (car ils n’’étaient pas en France depuis suffisamment longtemps), et "présentaient d’’insuffisantes perspectives d’intégration sociale et économique".

La situation de la famille évolue brutalement le 4 septembre, lorsque le père est contrôlé lors d’un déplacement à Colmar, puis placé dans un centre de rétention administrative. Parallèlement, sa famille restée dans le Doubs est assignée à résidence, en application d’’une autre circulaire Valls, du 6 juillet 2012, destinée à éviter le placement des enfants en rétention.

Selon la préfecture, à ce moment-là, "des membres d’associations soutenant la famille ont expressément demandé de veiller à ce que celle-ci soit regroupée", mais il "n’a pas été possible de la réunir le même jour sur un même vol à destination du Kosovo". Le père est donc expulsé le 8 octobre, et l’éloignement de la famille est programmé le lendemain, dans un vol au départ de Lyon à 13 heures.

Mais, "si la mère et cinq de ses enfants étaient présents (...), l’’une des filles, âgée de 15 ans, était absente, car elle avait dormi à l’extérieur du domicile familial et se trouvait dans un bus qui s’apprêtait à partir pour visiter une entreprise locale à Sochaux", explique la préfecture.

Selon le récit d’une enseignante présente dans le car, rendu public par le RESF, le maire de Levier a en effet téléphoné à l’adolescente et parlé ensuite aux professeurs pour leur demander d’arrêter immédiatement le véhicule. "Je lui ai dit qu’il ne pouvait pas me demander une telle chose car je trouvais ça totalement inhumain", a raconté cette enseignante, Mme Giacoma, citée dans un article mis en ligne par RESF.

Selon son récit, l’autocar s’est finalement arrêté sur le parking du collège Lucie-Aubrac, où des policiers sont venus chercher la jeune fille, hors de vue de ses camarades. "Les élèves et les professeurs ont été extrêmement choqués et j’ai dû parler à nouveau de ce qui s’était passé le lendemain pour ne pas inquiéter les élèves et les parents", selon Mme Giacoma.

Les professeurs du collège et du lycée de Pontarlier où étaient scolarisées Leonarda et une des sœurs se sont déclarés "profondément choqués par les méthodes utilisées pour renvoyer des enfants issus de la minorité rom vers des pays qu’ils ne connaissent pas et dont ils ne parlent pas la langue", et ont demandé "le retour immédiat des enfants en France pour leur sécurité"

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.