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Courtillot et la thèse du réchauffement climatique

lundi 9 décembre 2013, par Robert Paris

Quelques citations de Vincent Courtillot :
"Le gaz carbonique est un gaz essentiel à la vie. Ce n’est pas un polluant."

"Pourquoi entre 1940 et 1970 la température baisse-t-elle alors que le gaz carbonique, la consommation pétrole et de carburant par l’homme augmente ?"

"Plus de la moitié des membres du GIEC ne sont pas des scientifiques mais des administrateurs ou des bureaucrates."

"Si le monde a fait face à une augmentation de 20 centimètres [du niveau des mers] au cours du XXème siècle, notre technologie et notre avancement sont tels que 45 centimètres ne seraient pas insurmontables au cours du XXIème siècle."

"Le mensonge d’Etat, c’est possible. Je pense que dans le cas particulier d’Al Gore et du film Une vérité qui dérange, on n’en est sans doute pas loin".

Extraits de la conférence de l’Université de tous les savoirs du 12 janvier 2000 de Vincent Courtillot :

À la question posée dans le titre de cette contribution, « La dynamique du globe contrôle-t- elle l’évolution des espèces ? », j’ai surtout tenté de répondre en parlant de l’expression du volcanisme à la surface de la Terre. Le travail du géologue et du géophysicien, c’est d’essayer de comprendre ce qui est à l’origine de ces énormes objets que sont les grandes trapps. Que s’est-il passé à l’intérieur de la Terre, sous la croûte, dans le manteau terrestre, qui a conduit à de pareils événements ? La dernière fois que s’est produite pareille monstruosité à la surface de la Terre, c’était il y a trente millions d’années. Le volcanisme correspondant forme le haut plateau éthiopien. Ce plateau volcanique, sur lequel est construit Adis Abeba, à deux mille mètres d’altitude (et dont on retrouve un fragment détaché au sud de l’Arabie, au Yémen) est un énorme volcan, formé il y a trente millions d’années, non pas au moment d’une grande disparition d’espèces, mais au moment d’une des principales crises climatiques de l’ère tertiaire. Cela correspond, en particulier, à la véritable apparition des glaciations dans l’Antarctique. Il semble qu’il y ait une relation entre le volcanisme des « trapps d’Ethiopie » et l’établissement de ce régime froid, glaciaire particulier, dans lequel nous sommes encore (même si ce moment de notre histoire est plutôt une confortable phase interglaciaire qu’une phase glaciaire à proprement parler).

Peu après la mise en place des « trapps d’Ethiopie », une déchirure est venue les traverser. Il y a donc manifestement une relation entre l’arrivée de ces bulles magmatiques à la surface et les grands moments où se déchirent les continents à la surface du globe, où s’ouvrent les bassins océaniques. Ainsi, la naissance des trois grands bassins (nord, central et sud) de l’océan Atlantique correspond-elle à l’apparition de trois points chauds et à la mise en place concomitante de trois grands trapps (Groëland-Nord des îles anglo-irlandaises, côtes est- américaine et marocaine, bassin du Parana en Amérique du Sud et d’Etendeka en Afrique). Géophysicien, j’applique les méthodes de la physique à l’étude de la Terre pour tenter d’en comprendre la dynamique interne. Je voudrais donc vous entraîner dans un voyage difficile à imaginer : produire des images réalistes de l’intérieur de la Terre, où règnent des températures élevées, des densités fortes, une obscurité totale, n’est pas facile. D’ailleurs, les films qui ont tenté d’évoquer un voyage à l’intérieur de la Terre sont la plupart du temps assez décevants. Nous allons cependant par la pensée nous enfoncer jusqu’à six mille quatre cent kilomètres sous le sol, jusqu’au centre de la terre. Le champ magnétique oriente les boussoles à la surface de la Terre. Une petite masselotte empêche l’aiguille de la boussole de piquer du nez : le champ magnétique terrestre tend en effet non seulement à l’orienter vers le nord, mais aussi à la faire plonger – à Paris par exemple de 64° en dessous de l’horizontale. Or il existe une relation mathématique simple entre le plongement du champ magnétique et la latitude où l’on se trouve. C’est cette propriété qui permet de mesurer la dérive des continents. Quand le champ fossilisé par une roche provenant d’Inde est typique de ce qui se passe à 30° de latitude sud, alors qu’aujourd’hui cette roche est à 30° de latitude nord, je déduis que le sous-continent a parcouru 60° de latitude, c’est-à-dire près de sept mille kilomètres de dérive du Sud vers le Nord. Voilà comment on utilise l’aimantation fossilisée dans les roches.

Au milieu des océans arrive en permanence, par les déchirures que l’on appelle les dorsales, de la lave qui se refroidit et qui elle aussi fige la direction du champ magnétique terrestre. Si on déplace au fond des océans un magnétomètre, celui-ci révèle des alternances magnétiques, dans un sens et dans l’autre, qui témoignent que le champ magnétique de la Terre n’a pas toujours pointé vers le Nord. Le champ magnétique de la Terre s’est inversé des centaines de fois au cours de l’histoire de la Terre. La dernière fois, c’était il y a sept cent quatre-vingt milles ans. L’intensité du champ magnétique, depuis l’époque des Romains, s’est affaissée en Europe d’un facteur 2. Certains se demandent si le champ magnétique de la Terre ne va pas s’inverser dans deux milles ans. Or, c’est lui qui nous protège des rayons cosmiques. Est-ce quand le champ s’inverse que les espèces s’éteignent ?

Ces inversions successives sont peintes sur le plancher océanique, il est possible de les dater. Aujourd’hui, le champ s’inverse assez fréquemment, avec quelques inversions par million d’années. Mais, le champ ne s’est pas inversé pendant près de trente millions d’années, au cours du Crétacé.

La variation de la fréquence des inversions est très irrégulière et de longues périodes sans inversion alternent avec des périodes plus instables. Cette alternance semble se répéter au bout de deux cents millions d’années. La dernière période « immobile » a duré de moins de cent vingt à moins quatre-vingt millions d’années ; la précédente de moins trois cent vingt à moins deux cent soixante millions d’années. Il est frappant de voir que deux très gros trapps (Inde et Sibérie) et les deux plus grandes extinctions d’espèce ont suivi de peu ces périodes de grand calme magnétique. Le noyau de la Terre participerait-il au déclenchement de ces gigantesques catastrophes qui conduisent aux extinctions en masse ?

Le noyau de fer liquide de la Terre, qui fabrique le champ magnétique, a sa dynamique propre ; est-il couplé d’une certaine façon, à travers le manteau, avec la surface de la Terre ? Comment un tel couplage est-il possible ?

Les sismologues, qui enregistrent en permanence les tremblements à la surface de la Terre et qui utilisent les ondes de ces tremblements de terre pour scruter, comme avec des rayons X, l’intérieur, sont capables de réaliser une tomographie du manteau. Ce manteau n’est pas homogène, comme on le croyait, mais formé de grandes masses un peu informes, plus lourdes et plus froides, qui sont sans doute des morceaux de plaques lithosphériques réinjectées à l’intérieur de la Terre. On savait depuis longtemps que ces plaques pouvaient descendre jusqu’à 700 km de profondeur ; on s’aperçoit qu’elles peuvent en fait parfois plonger jusqu’à la base du manteau, s’empiler sous forme de véritables cimetières : des cimetières de plaques océaniques à 2900km sous nos pieds. Cette énorme masse froide et lourde vient se poser à la surface du noyau, dans lequel se fabrique le champ magnétique.

La Terre est un objet en train de se refroidir ; sa façon normale de se refroidir, c’est la convection d’ensemble du manteau, qu’accompagne la dérive des continents : la formation de la croûte, le flux de chaleur, les tremblements de terre, les éruptions volcaniques sont l’expression de ce refroidissement. Apparemment, ce système ne parvient pas ainsi à se débarrasser de la chaleur de manière suffisamment efficace. De temps en temps, un autre mode de convection de la matière conduit à la formation de ces énormes instabilités qui très rapidement vont emmener une part importante de matière et avec elle, une quantité importante de chaleur, jusqu’à la surface.

Le noyau essaie de se débarrasser de sa chaleur et un isolant vient l’en empêcher. Les hétérogénéités du manteau inférieur se réchauffent alors, s’allègent et peuvent de temps en temps devenir instables et remonter. Malheureusement, la sismologie ne nous permet pas encore de voir ces instabilités. La figure 4 représente une coupe de l’intérieur de la Terre. On y voit, à la base du manteau, ces instabilités formées de matériaux légers qui, peut-être, peuvent atteindre la surface, déclencher les éruptions des trapps et provoquer nos fameuses extinctions. Tout le système « Terre » (manteau, descentes de plaques froides, remontées d’instabilités chaudes, volcanisme catastrophique, évolution des espèces biologiques) formerait alors un grand ensemble couplé.


Une catastrophe écologique provoquée par des volcans sous-marins Par une réaction en chaîne, des éruptions volcaniques sous-marines ont provoqué la disparition de l’oxygène dissous dans les océans, entraînant ainsi une extinction massive de plusieurs espèces marines aussi bien animales que végétales. L’étude de cette extinction pourrait nous aider à mieux comprendre les interactions entre les océans et l’atmosphère, en particulier dans le contexte d’un réchauffement climatique.

Il y a 93,5 millions d’années, à l’époque où les dinosaures régnaient en maîtres sur la terre ferme, est survenue une extinction des espèces marines dont on ignorait jusqu’à maintenant les causes exactes.

En étudiant des roches datant de cette époque lointaine, les géochimistes canadiens Steven Turgeon et Robert Creaser - tous deux de l’Université de l’Alberta à Edmonton - pensent cependant avoir trouvé la solution de cette énigme.

Comparant des échantillons de roches provenant d’une carrière de l’Italie et des côtes de l’Amérique du Sud, les scientifiques ont noté une forte augmentation de l’osmium - un élément chimique lourd -, dont l’analyse a révélé qu’il provenait à 97% d’une source volcanique. Ces échantillons étant géographiquement très éloignés, il était probablement qu’un événement global en était à l’origine.

À la lumière de leur analyse géochimique, Steven Turgeon et Robert Creaser ont reconstruit la séquence des événements. Selon ces experts, des volcans sous-marins situés dans la région des Caraïbes auraient déclenché une réaction en chaîne qui a conduit à la disparition de l’oxygène des océans.

Dans un premier temps, le volcanisme sous-marin aurait libéré des nutriments et du gaz carbonique, ce qui aurait favorisé le développement des espèces végétales et animales des océans, notamment le plancton. Ultérieurement, la mort de ces organismes aurait consommé une grande quantité d’oxygène, provoquant ce que les spécialistes ont baptisé l’« événement anoxique océanique 2 ».

D’après les travaux des géochimistes canadiens, un laps de temps maximum de 23.000 ans se serait écoulé entre les éruptions sous-marines des Caraïbes et la disparition de nombreuses espèces dans les océans.

Dans le communiqué émis par l’Université de l’Alberta, Steven Turgeon souligne que cet événement serait strictement « terrestre », contrairement à la plupart des extinctions de masse des espèces dans l’histoire de la terre qui sont associées à des impacts de météores.

Fait particulièrement intéressant en notre époque où l’on parle constamment de réchauffement climatique, Steven Turgeon signale que les événements anoxiques se produisent dans des périodes de climat très chaud où il a augmentation du niveau de gaz carbonique.

Le géochimiste précise toutefois que cet événement anoxique a eu pour effet de refroidir le climat et de réduire le taux de gaz carbonique, car la décomposition des organismes marins a « emprisonné » le carbone au fond des océans et formé par la même occasion une importante source de pétrole.

Cette étude de Steven Turgeon et Robert Creaser a fait l’objet d’un article dans la revue Nature : Cretaceous oceanic anoxic event 2 triggered by a massive magmatic episode.

D’après deux géochimistes de l’Université d’Edmonton au Canada, l’extinction survenue il y a 93,5 millions d’années parmi la faune et la flore marines aurait été causée par une importante activité volcanique dans les océans. Leurs eaux seraient devenues anoxiques. En utilisant comme traceur géochimique de l’osmium, deux chercheurs en géosciences, Steven Turgeon et Robert A Creaser, pensent avoir déterminé la cause de l’événement anoxique océanique global numéro 2 ou en anglais oceanic anoxic event 2 (OAE 2), à la limite Cénomanien-Turonien (Crétacé supérieur). Comme ils l’expliquent dans Nature, l’osmium a été retrouvé en quantités importantes dans les fameux schistes noirs qui se sont déposés au Crétacé supérieur et que l’on trouve associés aux gisements pétroliers. Or, l’augmentation de la quantité d’osmium dans l’océan va de paire avec une augmentation de l’activité volcanique. D’après eux, des fontaines de laves sous-marines colossales auraient surgi pendant cette période dans la région des Caraïbes, entraînant d’une part une modification de la géochimie des océans et d’autre part la libération de nutriments favorables au développement du plancton. Dans un premier temps, les eaux océaniques auraient subi, par effet direct de la géochimie, une diminution de leur taux d’oxygène. Les nutriments supplémentaires ayant rapidement conduit à augmenter la biomasse, la décomposition des animaux et des plantes, grande consommatrice d’oxygène au fond des océans, a secondairement poussé les eaux océaniques vers l’anoxie. La chute du taux d’oxygène provoquant à son tour la mort des êtres vivants en masse dans certaines régions, le processus se serait encore amplifié jusqu’à devenir global et affecter tous les océans de la planète. Une crise passagère qui démontre des rétroactions complexes A l’échelle des temps géologiques, tous ces événements se seraient produits en un clin d’œil. Paradoxalement, alors que le taux de gaz carbonique augmentait dans l’océan, celui dans l’atmosphère a diminué entraînant un refroidissement. En effet, le carbone s’est retrouvé piégé au fond des océans avec les animaux et les plantes en décomposition qui donneront ultérieurement des gisements de pétrole. Toutefois, 10.000 à 50.000 ans plus tard, le taux de CO2 dans l’atmosphère est remonté à nouveau. Le travail de ces chercheurs apporte donc des éléments de plus pour comprendre le système Terre qui se comporte comme une gigantesque usine chimique avec des boucles complexes de rétroactions, à différentes échelles de temps et d’espace.


Dans « Nouveau Voyage au centre de la Terre » (1)., le géophysicien Vincent Courtillot critique la thèse largement admise sur les causes du changement climatique

Le Nouvel Observateur.Selon vous, depuis une dizaine d’années, la température moyenne de la planète est... en baisse ? Vincent Courtillot. C’est sûr, attesté, personne ne peut le nier : la température moyenne baisse depuis 1998, date d’une valeur maximale qui n’a plus été retrouvée. On ne peut pas en déduire que le réchauffement observé depuis un siècle et demi ne va pas se poursuivre : ce réchauffement moyen a toujours été très irrégulier, en dents de scie, et variable en fonction des régions. Après cet épisode, la température moyenne va peut-être recommencer à monter, ou la baisse se poursuivre un certain temps. On ne peut pas savoir. On peut juste remarquer que, depuis une dizaine d’années, l’activité du Soleil est en baisse avec, depuis plus d’un an, presque plus une tache sur la surface de l’astre. Alors il y a peut-être une corrélation. La seule certitude, c est que le gaz carbonique et l’effet de serre ne peuvent pas être seuls en cause : à l’échelle globale, la température avait déjà baissé entre 1940 et 1970, sans que pour autant le taux de CO2 atmosphérique ait cessé de croître. Grâce à Emmanuel Le Roy Ladurie, on sait aussi que, dans un passé pas si lointain -entre les années 900 et 1100 -, la Terre était au moins aussi chaude qu’aujourd’hui.

N. O.- Des chercheurs ont montré que, dans l’histoire climatique de la planète, l’augmentation du taux de gaz carbonique a généralement suivi de mille ans - et non pas précédé - celle de la température.

V. Courtillot. - Il s’agit d’une loi physicochimique : plus la température monte, moins l’eau est capable d’absorber des gaz en solution. Quand ça chauffe, les océans relâchent du CO2. Ce n’est pas le gaz carbonique qui module en premier ressort les variations de la température, mais plutôt le Soleil ( parce que l’orbite de la Terre varie très légèrement sous l’influence de l’attraction de planètes géantes) qui entraîne des variations de température de l’atmosphère et - avec un certain décalage - de l’océan. Quand ce dernier est réchauffé, il dégaze du CO2 comme une bouteille d’eau pétillante ; quand il se refroidit, il dissout une quantité plus importante de gaz et en appauvrit l’atmosphère.

N. O. - Vous niez donc le phénomène actuellement invoqué - que vous qualifiez de « politiquement correct » - de réchauffement causé par le CO2 anthropique ? V. Courtillot. - Non. Car il n’est pas impossible que ce phénomène nouveau contribue au réchauffement constaté. J’ai tendance à le considérer comme relativement mineur, même si je peux me tromper. De toute façon, il n’est probablement pas seul en cause. Le climat terrestre est soumis à de nombreux facteurs, dont l’activité solaire, qui a été à mon avis sous-estimée, et commence à être réévaluée : sur les cent dernières années, la lente évolution de la température moyenne peut être corrélée avec l’évolution du Soleil (mesurée par exemple par le nombre des taches à sa surface). Jamais le climat terrestre n’est resté stable sur de longues périodes. On note un petit nombre de grandes glaciations, assez régulièrement séparées par des périodes d’environ 100 000 ans. Dans l’intervalle de ces glaciations, la Terre a été le plus souvent une planète chaude - parfois plus qu’aujourd’hui.

N. O.- Ces fluctuations climatiques étant naturelles et inévitables, il n’y aurait pas lieu de prendre des mesures pour, par exemple, diminuer les émissions de CO2 ? V. Courtillot. - Peut-être que si, mais pour d’autres raisons. Les réserves de combustibles fossiles n’étant pas inépuisables, il est sage d’apprendre à s’en passer. Mais le réchauffement intense que l’on nous annonce n’est pas certain. Les prévisions du Giec sont trop souvent basées sur des modèles mathématiques nourris de données imprécises et incomplètes. Et si le réchauffement devait se poursuivre selon ces prévisions douteuses, au lieu d’en dénoncer toujours les inconvénients, on devrait également songer aux avantages comme un accroissement de la production agricole. Le CO2 accélère la croissance des plantes, ce qui devrait permettre de nourrir davantage de monde. Le niveau de la mer monte (très modérément et très régulièrement) depuis cent ans. Rien ne permet donc de craindre que cette hausse dépasse 25 ou 30 centimètres d’ici la fin du siècle - pas de quoi s’affoler vraiment. Bref, l’humanité se trouve face à des problèmes beaucoup plus angoissants que le réchauffement climatique. Citons le traitement des déchets massifs, dans des civilisations de plus en plus urbaines. Ou encore l’accès à l’eau potable, qui constitue l’enjeu le plus redoutable de ce XXIe siècle. Là se situent les vrais défis qui devraient nous mobiliser de toute urgence, et pour lesquels les géologues sont susceptibles de devenir des fournisseurs de solutions.

N. O.-Justement, vous êtes géologue, spécialiste de la « Terre solide » comme vous dites, et surtout de ses grandes profondeurs. C’est pourquoi certains vous reprochent de vous mêler de climatologie. V. Courtillot. -Je crois avoir contribué avec mes collègues à suggérer que les phénomènes qui se déroulent dans les grandes profondeurs - et même au centre de la Terre, avec le magnétisme du noyau - influencent le climat. La description de ces phénomènes profonds occupe les trois quarts de mon livre. Songez qu’on a pu relier chacune des quatre dernières grandes extinctions - dont l’une a concerné jusqu’à 99% des espèces vivantes, éradiquées assez brutalement - à de gigantesques éruptions volcaniques (les « traps »). Les incroyables quantités de laves ainsi crachées des entrailles de la Terre ont empoisonné l’atmosphère et modifié le climat pendant des milliers, voire des centaines de milliers d’années, notamment par leur teneur en soufre. On a retrouvé ces laves basaltiques épaisses de plusieurs kilomètres, solidifiées sur d’immenses régions, par exemple en Inde ou en Sibérie. Beaucoup plus récemment, en 1783, l’éruption du Laki, en Islande - une sorte de mini-trap -, a craché en moins d’un an 12 kilomètres cubes de lave, dont l’odeur sulfureuse a été reniflée au moins jusqu’au sud de la France. Je pense que le géologue a décidemment beaucoup à apporter à ceux qui étudient le climat...

(1) Odile Jacob.

Vincent Courtillot

Vincent Courtillot est directeur de l’Institut de Physique du Globe et membre de l’Académie des Sciences.

Ecoutez "Nouveau voyage au centre de la Terre"

Ecoutez "Les éruptions volcaniques et la disparition des espèces"

La terre et le réchauffement climatique

Voir la vidéo : volcanisme et extinction d’espèces

Courtillot et les erreurs du GIEC

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