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Réponse à Robin Goodfellow sur la signification de la crise actuelle du système capitaliste

jeudi 5 juin 2014, par Robert Paris

"Ces hommes nouveaux, ce sont les ouvriers. Ils sont l’invention des Temps modernes, autant que le sont les machines. Aux signes qui déconcertent la bourgeoisie, l’aristocratie, et les piètres prophètes de malheur, nous reconnaissons notre brave ami Robin Goodfellow, la vieille taupe qui sait si vite travailler sous la terre, le digne pionnier - la révolution." (Karl Marx. Allocution pour le 4ème anniversaire du journal chartiste : "People’s Paper "1856.)

“We know that to work well the newfangled forces of society, they only want to be mastered by newfangled men — and such are the working men. They are as much the invention of modern time as machinery itself. In the signs that bewilder the middle class, the aristocracy and the poor prophets of regression, we do recognise our brave friend, Robin Goodfellow, the old mole that can work in the earth so fast, that worthy pioneer — the Revolution.” – Karl Marx

Réponse à Robin Goodfellow sur la signification de la crise actuelle du système capitaliste

Nous répondons bien volontiers à l’article suivant de Robin Goodfellow ainsi qu’à leur intervention lors de la dernière réunion organisée par la Voix des Travailleurs. Nous souhaitons tout d’abord remercier ces camarades de leur fraternité, leur sérieux et de leur constance dans la volonté de débattre et de discuter à partir des faits et pas des idéologies. Même si, comme il est courant, débat ne signifie pas que les débatteurs vont nécessairement se convaincre mutuellement, il suffit que cela leur permette de travailler et d’approfondir leurs propres positions.

Ces camarades estiment que les statistiques économiques mondiales prouvent que le capitalisme développe toujours les forces productives, ce qui serait démontré par la croissance du PIB, étude qui démontrerait également que la production due à des investissements de capitaux privés augmente également. Nous ne contestons pas les sources de ces chiffres mais seulement l’interprétation ainsi que le mode de raisonnement.

Voici leurs chiffres :

Voici leurs textes d’analyse de la crise :

 "Aux fondements des crises"

 "Crise du capital, crise de l’entreprise"

à trouver ici

0°) En guise d’introduction à notre réponse :

Il convient en effet de dire d’abord que ce ne sont pas les statistiques de ces camarades qui sont en soi en cause mais leur mode de raisonnement sur le capitalisme ainsi que les conclusions qu’ils en tirent. En effet, d’une statistique qui indique que la production continue de croitre, ils déduisent que le capitalisme n’a rien perdu de son dynamisme. Ce système n’a jamais eu comme but la production de marchandises mais l’accroissement du capital tiré du travail humain, la plus value en somme et il vise l’accroissement non de la masse produite mais de la plus value relative, en rapport au capital investi et le réinvestissement des profits, c’est-à-dire l’accumulation du capital privé. C’est donc ce critère qui doit nous servir pour définir l’état actuel du système : l’accumulation du capital privé est-elle toujours en train de croitre en se fondant sur l’exploitation du travail humain ?

1°) Nous allons essayer de montrer qu’étudier la dynamique du capitalisme et l’état des forces productives en se fondant sur les statistiques du PIB, c’est les chercher là où ils ne peuvent absolument pas apparaître. Marx a étudié, notamment dans « Le Capital », le mode de fonctionnement dynamique du capital et il n’a pas ressenti le besoin de fonder son analyse sur des statistiques et des courbes numériques. Les nombres qu’il utilise, tout comme les équations qu’il énonce, ne sont pas des statistiques ni même à proprement parler des exemples mais seulement une illustration pour faire comprendre les raisonnements. Ce ne sont absolument pas des équations ni des valeurs réelles et d’autant moins que les variables dont Marx parle comme la plus value ou le capital constant, le capital variable ne sont que des concepts et pas des variables numériques. Il n’aurait aucun sens de remplacer dans ces formules les variables par des nombres tirés de statistiques.

2°) Ces camarades estiment que nous avons eu affaire en 2007-2008 à une crise classique et ils discutent donc en termes de quantité produite pour examiner s’il y a récession ou reprise. Pour discuter s’il y a eu une crise capitaliste au sens de Marx en 2007, il convient de rappeler que les crises capitalistes ne sont pas des maladies du système mais son mode de fonctionnement, indispensable à sa dynamique. En l’occurrence, ce serait une bien curieuse crise puisqu’elle ne mène pas à la disparition des « canards boiteux », contrairement à toutes les crises capitalistes du passé. Il est en effet remarquable que le système a fait, pour la première fois, le choix de « sauver » tous les trusts et toutes les grandes banques ou assurances, ce qui va a contratio de ce que ce système a toujours fait en laissant chuter les faillis, même s’il s’agissait de grandes banques, de grandes assurances, de grands financiers ou de trusts. On a même vu les Etats et les banques centrales dépenser des sommes colossales en pure perte pour sauver trois ou quatre fois le même trust ou la même banque, comme c’est le cas pour la banque Dexia. Les fonds d’Etat ou des banques centrales ont alors agi a contrario de l’intérêt capitaliste qui consiste à agir uniquement pour ce qui est profitable. Au cours des multiples crises capitalistes de l’Histoire, les chutes des sociétés en faillite ont servi à débarrasser le marché des poids morts pour permettre au capitalisme de repartir de plus belle. Une analyse de la situation actuelle nécessiterait d’interpréter cette toute nouvelle politique qui n’est pas le seul fait de l’Etat américain ou de sa banque centrale, la FED, mais tout le monde capitaliste, y compris l’Europe et la Japon, y compris même les nouveaux impérialismes chinois, russe, brésilien, etc… Alors que ces politiques d’intervention financière massive des Etats et des banques centrales sont extrêmement couteuses et dangereuses pour les finances publiques et la crédibilité financière des Etats, alors que ces politiques d’intervention centrale et institutionnelles sont menées par des partis qui ont toujours eu comme idéologie le laisser-faire, le « libéralisme », la non intervention de l’Etat, il est indispensable de nous expliquer le pourquoi de ces interventions qui n’ont pas cessé depuis 2008, soit depuis six ans et qui représentent des sommes bien plus colossales que les valeurs de l’ensemble de la production de richesses. Il ne faut pas confondre le PIB avec la production de richesses. En effet, quand l’Etat ou une banque centrale fait cadeau de sommes colossales aux banques, aux financiers ou aux trusts, quand ils rachètent les titres de leur propre dette, toutes ces sommes sont intégrées au PIB alors qu’elles ne représentent aucune richesse produite mais seulement de la planche à billets virtuels…

3°) Les Etats et les capitalistes, eux-mêmes, admettent que l’on ne peut plus se fier aux bilans des sociétés, des banques, des banques centrales ou des Etats car y sont cumulés des vrais capitaux et des « titres pourris », des actifs fictifs (pas seulement virtuels ou financiers mais fallacieux, mensongers, ou inexistants). Le PIB, qui totalise ces sommes fictives, est encore plus opaque. Il totalise des dettes avec des crédits, des valeurs fausses avec des valeurs réelles. On ne peut même pas se fonder sur les chiffres du PIB pour estimer la croissance ou la décroissance des investissements productifs privés car les interventions massives des Etats se font sans considérer que les trusts et banques, même entièrement financés par des institutions centrales, sont des capitaux d’Etat. Ainsi, les statistiques comptabilisent les trusts automobiles américains comme capital privé alors que l’Etat et le syndicat UAW s’en sont portés acquéreurs, comme ils comptabilisent tout le capital de Renault ou PSA comme des capitaux privés. Et on ne parle pas de la banque Dexia, elle aussi comptabilisée comme du capital privé… Nous ne voulons pas ici dénoncer de petites ou de grosses fraudes de calculs mais le fait qu’aucune statistique n’a plus de sens pour étudier l’évolution du système du moment que les Etats et les banques centrales agissent à contre-système en rachetant des faillis, en les sauvant, en faisant fonctionner des entreprises qui, selon les lois du capitalisme, auraient dû fermer leurs portes et cesser de produire. En fait, c’est toutes les banques et tous les trusts qui auraient fermé leurs portes si le système n’avait pas décidé de les sauver tous. Sans les interventions financières massives des Etats et des banques centrales, il n’y aurait pas pierre sur pierre de tout l’édifice du capitalisme et cette intervention n’a pas sauvé le système puisqu’elle n’a pas permis de le débarrasser des faillis comme l’ont toujours fait les crises. Elles ont définitivement cassé tout thermomètre des profits et des rentabilités des sociétés privées. C’est au point que les banques et les trusts n’ont plus du tout confiance entre eux. Les audits se succèdent pour mesurer la fiabilité des comptes mais personne, dans le monde capitaliste, ne les croit.

4°) Il est en effet remarquable que ce n’est pas les peuples, que ce n’est pas les travailleurs ni les classes moyennes qui pensent que le capitalisme ne fonctionne plus, mais que ce sont les capitalistes eux-mêmes qui, par leurs actes, le déclarent. En refusant de prêter à des banques ou à des trusts, les possesseurs privés de capitaux l’affirment. En retirant leurs capitaux des investissements productifs, s’ils ne sont pas aidés et garantis par des fonds d’Etat et des banques centrales, tous les capitalistes déclarent qu’ils estiment le système fini et ne s’engagent que contre garantie institutionnelle.

5°) Bien entendu, nous savons bien que tout au long de l’Histoire, il y a eu des interventions d’Etat pour aider l’économie, pour aider les intérêts privés, pour prendre en charge des secteurs non immédiatement rentables et nécessaires au fonctionnement d’ensemble. Nous savons aussi que l’existence de titres pourris n’existe pas seulement depuis quelques années de même que la ponction des spéculations financières sur l’ensemble des capitaux investis, les profits issus de l’exploitation du travail humain étant répartis entre l’ensemble des capitaux, y compris les capitaux financiers et spéculatifs. Mais il y a une grande différence entre ces ponctions sur la plus-value et une situation où l’essentiel des profits sont réalisés par des investissements fondés sur les dettes, sur les pertes, sur les chutes, c’est-à-dire un fonctionnement nécrophile du capital privé qui agit en sciant la branche du système, les Etats se contentant de nourrir par leurs interventions ces capitaux nécrophiles. Ce sont également les Etats et les banques centrales qui nous montrent qu’ils n’ont plus aucune confiance dans la dynamique des investissements privés puisque, depuis 2008, ils ne cessent d’injecter des milliers de milliards de dollars dans les circuits financiers et économiques.

6°) Toutes les politiques, économiques ou autres, des classes dirigeantes et des Etats à leur service montrent qu’elles savent qu’il n’y a aucune confiance à faire à l’avenir dans la stabilité de la société bourgeoise. A preuve les efforts qu’ils font pour semer des sources de guerre aux quatre coins du monde. Témoin également leurs efforts pour semer des causes de guerre civile à l’intérieur même des pays, y compris les pays riches. Témoin aussi leurs efforts pour préparer des troupes fascistes et des idéologies servant à les justifier. Témoin la reprise des affrontements inter-impérialistes qui étaient mis en veilleuse depuis la fin de la politique des blocs et depuis le 11 septembre 2001. Témoin les efforts des classes dirigeantes pour pousser violemment les classes moyennes contre la classe ouvrière présentée comme privilégiée et comme protégée, en faisant croire que les sommes colossales déversées par les Etats, au détriment des classes moyennes, le seraient pour « sauver les emplois et les salaires ». Témoin tout le travail politique des classes dirigeantes pour discréditer la classe ouvrière y compris à ses propres yeux, les classes dirigeantes sachant que l’avenir est à une attaque d’ampleur encore jamais vécue contre le prolétariat mondial. Malgré les aides étatiques les plus importantes de toute l’histoire du capitalisme, les Etats n’ont aucune confiance dans la possibilité de redonner une dynamique au système puisqu’ils ne préparent politiquement et socialement que les risques liés à son effondrement… Bien entendu, rien de tout cela ne se reflète dans les statistiques du PIB mondial puisqu’il ne mesure que les résultats de ces interventions économiques sur la masse de richesses totale, masse qui incluse ces interventions financières centrales. A ce tarif, tout compte ne peut qu’être faussé et arbitraire puisque, pour le moment, les Etats et les banques centrales ne se donnent pas de limite à leurs interventions. A une telle échelle des interventions étatiques, toute loi économique est faussée. Il faut voir par exemple comment le nouveau gouvernement japonais a multiplié les interventions financières pour comprendre que la hausse factice des succès du PIB japonais n’est nullement la preuve d’une dynamique du capitalisme au Japon mais, au contraire, un témoignage de ses soubresauts mortels. Les Etats et les sociétés privées ont la même politique consistant à fausser leurs bilans afin d’attirer les investisseurs, d’où les faux comptes des entreprises et des banques et les faux calculs du PIB. C’est ainsi que les Etats introduisent de plus en plus l’économie mafieuse dans ces chiffres, de la drogue à la prostitution, au grand banditisme et aux activités illicites. C’est ainsi qu’ils comptent des dettes (titrisées ou pas) dans les valeurs, c’est-à-dire qu’ils totalisent des crédits et des débits. Loin de régler les problèmes du capitalisme, ces méthodes confortent les possesseurs privés de capitaux dans leur perte de confiance dans la pérennité du système. En fait, ce sont les peuples qui continuent à croire à la durabilité et à l’irremplaçabilité du capitalisme, y compris les travailleurs et même y compris… la plupart des militants révolutionnaires !!! Et c’est la bourgeoisie capitaliste qui n’y croit plus puisqu’elle exige des garanties d’Etat pour mettre le moindre centime dans des investissements productifs… Au contraire, les révolutionnaires qui se revendiquent du prolétariat militent tellement pour que celui-ci prenne le pouvoir qu’ils semblent polarisés par cette action indispensable au point de croire qu’elle est la seule capable de faire chuter le capitalisme. Au point qu’ils ne peuvent imaginer qu’un système social périsse en se heurtant à ses propres limites ! Pourtant, c’est bel et bien le cadre trop étriqué de la propriété privée des moyens de production qui fait que les possibilités technologiques apparemment illimitées (elles ont permis de réduire considérablement le temps de travail socialement nécessaire pour produire toutes les marchandises) ne peuvent pas être exploitées dans le cadre du système. Par exemple, les trusts pharmaceutiques mettent de plus en plus de médicaments en rupture de stock, en cessant tout simplement de les produire, estimant que la rentabilité minimale n’est atteinte que si les Etats les aident et ils font donc un chantage à la santé pour obtenir ces aides comme ils font un chantage à l’emploi dans le même but. Le pouvoir étatique devient ainsi le principal investisseur dans la production, les capitalistes se transformant en assistés des Etats. Qu’on me dise que cela n’est que momentané si on se sent capable de me le démontrer mais qu’on ne me dise pas qu’un système qui devient fondé sur ce pillage des fonds d’Etats, c’est cela même le capitalisme !!! Et que l’on ne me dise pas qu’un mode de production ne peut chuter que par la révolution sociale, laissant place à un mode de production supérieur car cela n’est pas du marxisme mais plutôt un fatalisme historique et une conception linéaire de la transformation historique qui ne ressemble en rien à celle de Marx. Nous ne connaissons pas un mais des centaines d’exemples de civilisations qui ont chuté du fait des contradictions internes, de l’intérieur, sans laisser place à une société, à un système supérieur. Il n’y a pas de fatalité que le capitalisme cède la place au pouvoir des travailleurs, au socialisme et au communisme. Par contre, avec l’effondrement du système, il devient urgent que les prolétaires prennent conscience de l’imminence du danger et de l’importance de leur prise de conscience de leur rôle historique.

7°) Certes, on constate qu’il y a de plus en plus d’argent entre les mains des capitalistes puisque les Etats et les banques centrales les en inondent mais cet argent ne provient pas de l’exploitation de la plus-value tirée du prolétariat. Dès maintenant, et sans attendre une prochaine « crise », il est clair que le mode de fonctionnement ne peut être que provisoire et qu’il n’est pas à proprement parler capitaliste. Tous les Etats et toutes les banques centrales de la planète n’ont pu faire durer le système depuis l’effondrement de 2007-2008 qu’en s’engageant sans cesse plus dans l’économie, en suppléant sans cesse plus à la défaillance des capitalistes privés qui, pour leur part, misent sur les effondrements, les faillites, les titres pourris et les dettes. Il a fallu des sommes colossales pour faire tenir le système Madoff mondial mais cela n’a pas suffi à faire repartir le moins du monde une économie capitaliste viable et, au contraire, cela pousse encore plus les capitalistes privés à continuer à vivre sur les dos des fonds d’état. Ce château de carte finira bien par s’effondrer de lui-même, y compris sans une poussée révolutionnaire des masses. Par contre, les classes dirigeantes savent parfaitement qu’un nouvel effondrement économique, causé par exemple par une perte de confiance dans les fonds d’Etat ou par un effondrement économique d’une grande banque ou d’une monnaie importante, entraînerait inévitablement l’ensemble de l’économie dans le gouffre et les prolétaires du monde vers la révolution sociale. Ils n’attendront donc pas d’en arriver là pour s’attaquer au prolétariat et tenter de leur couper les ailes. Ils préparent déjà les guerres, les guerres civiles et les fascismes. Ils préparent même la guerre mondiale. Les mesures qu’ils prennent n’ont pas un but économique mais un but politique et social. Il s’agit de détruire la classe ouvrière dans ses capacités révolutionnaires potentielles, de la soumettre à l’Etat sauveur, de lui imposer l’idée que ses ennemis sont étrangers, de la pousser vers les idéologies nationalistes, racistes, xénophobes. Or toutes ces tendances préparent un certain type d’avenir qui va bien au-delà d’une récession ou d’un recul du capitalisme et qui prépare une barbarie infra-capitaliste, une société qui ressemblerait plutôt à un monde des féodaux armés, une espèce d’Afghanistan mondial… En tout cas, le capitalisme n’attendra pas la montée de la révolution pour attaquer le prolétariat et les peuples. Dès qu’il se rendra compte que la perfusion mondiale ne suffit plus à faire tenir le château de cartes économique, il lancera son offensive contre le prolétariat et les peuples. Il deviendra alors clair que ce qui remplace le capitalisme est devenu la barbarie. Marx n’a jamais dit que le socialisme devait fatalement remplacer le capitalisme mais seulement que c’est dans des conditions objectives données (celles d’une crise du système) que le prolétariat pouvait se poser le problème de son remplacement. Contrairement à ce que semble croire Robin Goodfellow, le fait que le capitalisme ait été contraint de « sauver » toutes les banques, toutes les assurances et tous les trusts n’est nullement une preuve de viabilité, de dynamisme, de force, mais un signe d’épuisement puisque, sans cette aide, les classes dirigeantes estiment que tout se serait immédiatement effondré.

8°) Si on revient sur la question posée par nos camarades de Robin Goodfellow, celle de mesurer à l’aide du PIB si le capitalisme est toujours un système dynamique, il est à remarquer que les pays qui étaient au bord de l’effondrement avaient un PIB au plus haut, qu’il s’agisse des USA en 2007, ou après 2008, de l’Islande, de l’Irlande, de la Grèce, du Portugal ou de l’Espagne…

Si on cherche des chiffres capables de donner une idée de l’évolution du capitalisme, ils sont plutôt à chercher dans l’investissement productif privé, dans la part des salaires (donc de la plus-value) en rapport au capital investi et non dans la masse d’argent et de forces productives, et surtout pas additionnés aux dettes, aux spéculations, aux fausses créances, aux titres pourris, aux aides d’état… Aucune étude numérique ne suffira en tout cas à remplacer l’analyse marxiste des relations de classe, nous le disons en toute fraternité à nos camarades de Robin Goodfellow, ce ne sont pas les études mathématiques qui peuvent nous dire où en est le système mais l’étude des relations entre les classes.

9°) Les bonnes questions, selon nous, à se poser pour chercher où en est le capitalisme sont :

 est-ce que les capitaux privés ont recommencé à s’investir massivement dans la production, même sans aide étatique ?

 est-ce qu’il y a à nouveau une dynamique du profit capitaliste tirée par l’exploitation de la plus-value extraite du travail humain qui la rend plus attractive que les titres des dettes, les placements spéculatifs nocifs et les titres pourris ?

 est-ce que le capitalisme privé est en train de parvenir à se passer de la béquille étatique ou, au contraire, en train de se fonder entièrement sur elle ?

 est-ce que les politiques capitalistes suggèrent que celui-ci voit devant lui un grand développement à venir ou qu’il voit un grand gouffre ?

Voilà les questions que nous nous posons et que nous posons aussi à nos camarades de Robin Goodfellow…

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Portfolio

Messages

  • l’accumulation du capital privé est-elle toujours en train de croitre en se fondant sur l’exploitation du travail humain ?

  • aucune statistique n’a plus de sens pour étudier l’évolution du système du moment que les Etats et les banques centrales agissent à contre-système en rachetant des faillis, en les sauvant, en faisant fonctionner des entreprises qui, selon les lois du capitalisme, auraient dû fermer leurs portes et cesser de produire.

  • Il est en effet remarquable que ce n’est pas les peuples, que ce n’est pas les travailleurs ni les classes moyennes qui pensent que le capitalisme ne fonctionne plus, mais que ce sont les capitalistes eux-mêmes qui, par leurs actes, le déclarent.

    En refusant de prêter à des banques ou à des trusts, les possesseurs privés de capitaux l’affirment.

    En retirant leurs capitaux des investissements productifs, s’ils ne sont pas aidés et garantis par des fonds d’État et des banques centrales, tous les capitalistes déclarent qu’ils estiment le système fini et ne s’engagent que contre garantie institutionnelle.

  • Toutes les politiques, économiques ou autres, des classes dirigeantes et des États à leur service montrent qu’elles savent qu’il n’y a aucune confiance à faire à l’avenir dans la stabilité de la société bourgeoise.

  • Le capitalisme se porte tellement bien qu’il lui faut encore plus de perfusions et plus massives...

    La Banque centrale européenne a abaissé une nouvelle fois son principal taux directeur. Il s’agit du taux de refinancement, autrement dit le taux auquel empruntent les banques privées auprès des banques centrales pour se refinancer à court terme. Ce dernier passe à 0,15%, contre 0,25% jusqu’ici. La BCE a aussi décidé de baisser un autre taux directeur : le taux de facilité de prêt marginal, qui sert comme taux d’intérêt pour le marché monétaire lorsque les banques empruntent de l’argent à la BCE en dehors des opérations de refinancement. Il passe de 0,75% à 0,40%.

    Surtout, la BCE a pris une décision inédite : le taux de dépôt est désormais négatif à -0,1%. La BCE permet en effet aux banques privées de placer leurs surplus de liquidités chez elle et les rémunèrent pour cela. Désormais, elles devront payer ce service. Autrement dit, si la BNP, le Crédit Agricole ou la Société Générale placent 1 million d’euros auprès de la BCE, elles n’en récupéreront que 999.000 euros le lendemain. C’est une première historique pour une grande banque centrale.

    Enfin, la BCE a également pris une autre série de mesures, dont l’une des plus importantes est la création de LTRO dit "targeted" ("ciblés") à 4 ans pour au moins 400 milliards d’euros. Ces "long term refinancing operations" ("opérations de refinancements à long terme") correspondent à des prêts à long terme (contrairement aux autres prêts dont la durée ne dépasse pas quelques jours ou quelques semaines) qu’accorde la BCE aux banques. Le but de ces prêts est à l’origine de débloquer la situation quand les banques se méfient des autres établissements et refusent de se prêter entre elles. Autrement dit quand le marché interbancaire est grippé. Mais, nouveauté, ces nouveaux LTRO (contrairement à ceux de 2011 et 2012) sont conditionnés. Plus les banques auront prêté de l’argent (à des ménages ou des entreprises), plus elles pourront bénéficier de ces LTRO ciblés.

  • Le président italien de la BCE a notamment annoncé un nouveau crédit à long terme aux banques comparables aux deux opérations à trois ans lancées fin 2011-début 2012 après son arrivée à la tête de l’institution (LTRO). Mais, cette fois, la BCE va s’assurer que les banques transformeront cet argent, remboursable jusqu’à septembre 2018 en prêts aux entreprises, et qu’elles n’en profiteront pas pour racheter des dettes publiques à bas prix en profitant du taux d’intérêt qu’elles offrent.

    Toujours un capitalisme sous perfusion depuis 2008...

  • Parmi les signes nécrophiles, on remarque l’énorme volume atteint par la sphère financière, comparé à la taille de l’économie mondiale qui en dernière instance garantit les actifs financiers, avec comme conséquence un déséquilibre structurel grandissant. Comment y remédier est une question non résolue. Lors de l’épisode précédent, la titrisation était censée diluer le risque et les obligations souveraines, présumées à zéro risque, constituaient un socle solide. Aujourd’hui, il est craint une pénurie de collatéral - ces actifs apportés en garantie des transactions - en raison d’une demande accrue provenant des nouvelles réglementations et d’une confiance ébréchée des investisseurs, et de la perte de qualité de la dette souveraine. En tout cas, rien ne remplace la création de plus-value par le travail, la part de celle-ci dans le capital chutant de manière irréversible pour le capital privé, le capital public ne peut pas durablement pallier au privé et ce n’est pas les prêts à taux zéro au financiers privés qui suffiront à les pousser à investir dans autre chose que la sphère nécrophile et les spéculations.

  • Le capitalisme mondial reconnaît qu’il ne compte plus que sur les banques centrales pour sauver le système capitaliste. Mais le capitalisme ne peut pas s’élever en se tirant par les cheveux...

    • Depuis l’éclatement de la crise bancaire en 2007, les banques centrales des pays les plus industrialisés prêtent massivement aux banques à des taux d’intérêt très bas afin d’éviter des faillites, permettant aux grandes banques qui en bénéficient d’économiser des sommes considérables en termes de remboursement des intérêts.

      La Fed achète massivement aux banques des États-Unis des produits structuréshypothécaires, la BCE n’achète pas jusqu’ici de produits structurés mais elle accepte que les banques les déposent comme collatéraux, autrement dit comme garantie, des prêts qu’elle leur octroie.

      Les gouvernements, quant à eux, apportent leurs garanties et injectent massivement des capitaux afin de recapitaliser les banques.

      Les banques systémiques savent qu’en cas de problème, du fait de leur taille et du risque que représenterait la faillite de l’une d’elles (« too big to fail »), elles pourront compter sur le soutien des États qui les renfloueront sans sourciller.

      Les gouvernements empruntent sur les marchés financiers en émettant des titres de la dettepublique souveraine. Ils confient la vente de ces titres aux grandes banques privées. Les banques bénéficient par ailleurs de baisse d’impôts sur les bénéfices.

      De plus, au sein de la zone euro, les banques jouissent du monopole du crédit destiné au secteur public.

      À partir de 2007, les gouvernements et les banques centrales des pays occidentaux les plus industrialisés plongés dans la plus grande crise économique depuis les années 1930 ont donné la priorité absolue au sauvetage des banques privées et au système financier qui les entoure (sociétés d’assurances, fonds de placement, fonds de pensions privés…) |1|. Le sauvetage des banques est réalisé aux dépens de l’écrasante majorité de la population (les 99 %). Les pouvoirs publics ont tout fait pour maintenir les principaux privilèges des banques privées et pour laisser intact leur pouvoir. Le coût du sauvetage est énorme : explosion de la dette publique, perte de recettes fiscales, forte restriction des prêts aux ménages et aux PME, poursuite des activités spéculatives et aventureuses qui, dans certains cas, ont nécessité de nouveaux sauvetages coûteux.

  • Une information de nos camarades de Robin Goodfellow :

    Conférence :

    les révolutions industrielles... pour une critique à la technologie

    Le groupe Robin Goodfellow présente son livre :

    Marxisme et révolutions industrielles

    http://www.robingoodfellow.info/pagesfr/rubriques/Revolution_Industrielle.pdf

    1er novembre 2014, 15h30

    La salle gueule

    8 rue d’italie, Marseille

    http://zombidiscussion.blogspot.fr/2014/10/les-revolutions-industrielles-pour-une.html"

  • Plus que jamais l’économie capitaliste est étouffée sous le poids de l’argent accumulé précédemment, lequel est plus massif que jamais, bien plus pesant qu’en 2007, quand il a écrasé les investissements. La dette mondiale atteint désormais 210 % du PIB mondial, contre 180 % en 2008 selon un rapport (endettement des particuliers, des entreprises et des Etats). Nous avons lutté contre la dette en rajoutant de la dette ! Les pays émergents ont emprunté massivement ces dernières années, profitant de l’appétit des investisseurs en quête de rendement. En six ans, la dette totale a augmenté de 35 points de PIB au Brésil, de près de 40 % en Indonésie, de 45 % en Turquie.En Chine, le poids de la dette a bondi de moitié, passant de 160 à 230% de son PIB selon des estimations de la Société générale. Dans les pays développés, la dette a grimpé de plus de 20 points de PIB entre 2008 et 2014. Rares sont les acteurs qui ont vraiment réduit leur endettement : particuliers aux Etats-Unis et au Royaume-Uni (avec des défauts et des refinancements d’emprunts), particuliers et entreprises en Allemagne et en Espagne. Ailleurs, la dette reste à un niveau très élevé à niveau très élevé (près de cinq années de PIB au Portugal, trois années en Italie ou Grèce). Et contrairement à ce que l’on entend souvent, le problème ne se cantonne pas à la dette publique. Dans tous les pays, à l’exception notable de la Grèce, l’Italie et la France, sa flambée vient des excès du privé, comme l’ont bien montré les économistes Òscar Jordà (Réserve fédérale de San Francisco), Moritz Schularick (Université de Bonn) et Alan Taylor (Université de Californie).
    Les crises financières se terminent toujours de la même manière, soulignent Lo et Rogoff : « L’endettement tend à baisser significativement avant la fin de la crise, effaçant souvent intégralement l’excès de dette ». Pour l’instant, on en est loin. La dette mondiale n’a pas cessé d’augmenter, montrant que, loin de sortir de la crise, on s’y enfonce !!!

  • Comment se porte l’économie capitaliste mondiale ? L’OCDE vient de répondre qu’elle est au bord du gouffre…

  • Le début du mois a vu les principales places boursières mondiales plonger dans le rouge. Selon certains économistes, cela augurerait d’une crise économique d’une intensité supérieure à celle des subprimes.

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