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Jeunesse perdue ou jeunesse révolutionnaire ?

jeudi 19 juin 2014, par Robert Paris

Jeunesse perdue ou jeunesse révolutionnaire ?

La jeunesse actuelle est celle qui a subi le plus l’offensive de l’idéologie de l’individualisme dominante imposée par les classes dirigeantes et selon laquelle il n’y aurait aucun avenir collectif, rien à attendre de la collectivité à part les ennuis, rien à espérer des conceptions de la lutte des classe, aucun autre horizon qu’un capitalisme plus sauvage que jamais où chaque individu doit se débrouiller seul face à la machine pour s’en sortir… individuellement !

Plus il est impossible de trouver un emploi, un logement, un avenir, plus il est affirmé et répété à la jeune génération que « c’est à toi de t’en sortir », « ton avenir ne dépend que de toi », « trouves ta voie », « tu dois réussir »… Chaque jour, les entreprises suppriment des emplois, ne serait-ce qu’en ne renouvelant pas les emplois quittés par les partants en retraite, que ce soit dans le secteur privé ou dans le secteur public, livrant inévitablement la jeunesse au chômage… tout en affirmant que les jeunes doivent se débrouiller pour se trouver un travail, quitte à l’inventer, à le créer… et autres blablas !

On entend souvent des jeunes se dire « génération sacrifiée », dire qu’ils ont « la haine », eux qui sont confrontés au chômage, à la précarité, au racisme anti-jeunes, au refus de logement, au refus de prêt bancaire, au refus d’ouverture de compte bancaire, au refus de disposer des moyens de garantir le lendemain, au refus de disposer des moyens d’étudier, de se soigner, de se loger, de fonder une famille, de s’assurer un avenir

A cette jeunesse, les classes dirigeantes offrent… des boucs émissaires : les salariés plus anciens, les fonctionnaires, les étrangers, la mondialisation, etc., tout pour ne pas dire en clair à cette jeunesse que c’est le capitalisme qui a fait son temps et qui ne leur offrira aucun avenir, pas plus qu’à toute l’humanité. Progressivement, on est en train de monter cette jeunesse contre les autres salariés, contre les étrangers, on est en train d’en faire une masse de manœuvre pour le fascisme.

La jeunesse, qui n’a vécu que les politiques bourgeoises qui réussissent aisément à enfoncer le front ouvrier en s’appuyant sur les stratégies syndicales pour limiter les luttes ouvrières, les catégoriser, les isoler, les dévoyer, les paralyser, les diviser, les envoyer vers des voies de garage, n’a pas confiance spontanément dans les capacités collectives du prolétariat et elle a, du coup, été aisément trompée par le discours selon lequel l’organisation de classe est synonyme de tromperie car le syndicat proclame la collaboration contre la lutte des classes comme les partis staliniens et les régimes des pays de l’Est ont eux-mêmes proclamé leur fin !

C’est au moment même où le capitalisme a atteint sa fin, où il ne parvient plus à faire fonctionner l’économie en se fondant sur sa locomotive, l’extraction de plus value du travail humain par l’investissement productif privé, qu’on a réussi à faire croire à la nouvelle génération en l’avenir infini du système et en l’absence d’alternative à celui-ci !

Inquiète et déboussolée, cette jeunesse peut parfaitement être livrée demain aux démagogues d’extrême-droite, qu’ils soient fascistes chrétiens, fascistes antisémites, fascistes anti-arabes ou anti-noirs, etc… Tous les boucs émissaires sont possibles, y compris le fait de monter cette jeunesse contre les travailleurs plus âgés, accusés d’avoir mangé toutes les provisions, d’avoir volé les caisses de retraite laissant la jeunesse sans avenir de retraite, d’avoir volé les caisses sociales, d’avoir volé avec les fonctionnaires les caisses de l’Etat, etc, etc… Bien sûr, tout cela est parfaitement mensonger mais c’est répété par les dirigeants politiques de tous bords et tous les média.

Les classes dirigeantes poussent autant qu’elles peuvent dans ce sens, en cultivant l’identitaire, le xénophobe, le raciste, l’anti-Roms, l’anti-sans papiers, l’opposition jeunes/vieux, l’anti fonctionnaires, l’individualisme forcené, etc… Le poids de la petite bourgeoisie est considérable dans cette jeunesse que l’on a tout fait pour opposer à la classe ouvrière : aux cheminots, aux sans papiers, aux étrangers, aux fonctionnaires, etc. Et la peur du lendemain peut parfaitement mener à une révolte réactionnaire, contre des boucs émissaires désignés du doigt par des fascistes.

Cependant, si les classes dirigeantes jouent ce jeu dangereux, c’est bel et bien parce que cette même jeunesse peut parfaitement prendre un tour tout à fait différent et très dangereux pour ces mêmes classes dirigeantes. Il y a une tout autre possibilité pour cette jeunesse en période d’effondrement du capitalisme. Cet autre avenir, ce n’est pas de croire à la démocratie bourgeoise, à la bienveillance de la société, aux bonnes aides de l’Etat, aux bons politiciens, à un pouvoir de gauche, à une réforme du capitalisme et autres balivernes.

Cet avenir, c’est que la jeunesse prolétarisée retrouve les méthodes prolétariennes. Il dépend en effet de la classe ouvrière que la jeunesse soit entraînée vers la révolution sociale. Pour peu que le prolétariat, lui-même, sorte du carcan imposé par les partis réformistes et les appareils syndicaux, pour peu que ce prolétariat ne se sente pas lié à la vieille société capitaliste et ne lui demande pas de le sauver, il sera alors capable d’entraîner à nouveau la jeunesse comme il a su le faire en mai 1968. Mais, contrairement à mai 68, cela se produira dans un contexte d’effondrement capitaliste alors que cette montée sociale s’était produite en pleine montée du capitalisme en Europe, ce qui change complètement la perspective.

Celle de 2014, c’est celle de la révolution sociale contre les bases mêmes du système. La perspective ne pourra qu’être celle du renversement du système capitaliste tout entier et d’abord du pouvoir d’Etat des classes dirigeantes bourgeoises !

Et cette jeunesse précarisée, paupérisée, pressionnée, affolée, isolée, misérabilisée, sans garantie d’emploi, sans garantie de salaire, sans garantie de conditions de travail, sans garantie de contrat de travail, sans garantie de santé ou d’études, sans garantie de logement formera le nouveau prolétariat des pays riches, qui n’a que ses chaînes à perdre et un monde nouveau à gagner !

Voilà l’avenir de cette nouvelle jeunesse et ce qu’il faut répondre à tous les jeunes qui prétendent être « une génération sans avenir », « une génération perdue », « une génération foutue » et autre balivernes.

Cette jeunesse a, au contraire, un rôle nouveau et considérable à l’échelle de l’Histoire : sortir l’humanité de l’exploitation de l’homme par l’homme, en finir avec les sociétés de classe et la mainmise des Etats par les infimes minorités de classes dirigeantes. Celle qui a de moins en moins de travail salarié a un monde nouveau à bâtir et c’est un sacré travail !!!

Messages

  • Le dernier Bac S (épreuve de maths) est symptomatique de la volonté des gouvernants de décourager les jeunes de faire des études !

  • « Mais même si mon activité est scientifique, etc., et que je puisse rarement m’y livrer en communauté directe avec d’autres, je suis social parce que j’agis en tant qu’homme. Non seulement le matériel de mon activité - comme le langage lui-même grâce auquel le penseur exerce la sienne -m’est donné comme produit social, mais ma propre existence est activité sociale ; l’est en conséquence ce que je fais de moi, ce que je fais de moi pour la société et avec la conscience de moi en tant qu’être social.
    Ma conscience universelle n’est que la forme théorique de ce dont la communauté réelle, l’organisation sociale est la forme vivante, tandis que de nos jours la conscience universelle est une abstraction de la vie réelle et, à ce titre, s’oppose à elle en ennemie. Donc L’activité de ma conscience universelle - en tant que telle - est aussi mon existence théorique en tant qu’être social.
    Il faut surtout éviter de fixer de nouveau la “ société ” comme une abstraction en face de l’individu. L’individu est l’être social. La manifestation de sa vie - même si elle n’apparaît pas sous la forme immédiate d’une manifestation collective de la vie, accomplie avec d’autres et en même temps qu’eux - est donc une manifestation et une affirmation de la vie sociale. La vie individuelle et la vie générique de l’homme ne sont pas différentes, malgré que - et ceci nécessairement - le mode d’existence de la vie individuelle soit un mode plus particulier ou plus général de la vie générique ou que la vie du genre soit une vie individuelle plus particulière ou plus générale. »

    Marx, manuscrits de 1844

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