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Jean-Jacques Dessalines, leader révolutionnaire des masses noires s’arrachant à l’esclavage en fondant leur propre république d’Ayiti

vendredi 28 novembre 2014, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

La bataille de Vertières

La révolution haïtienne

Jean-Jacques Dessalines, leader révolutionnaire des masses noires s’arrachant à l’esclavage en fondant leur propre république d’Ayiti

La révolution haïtienne a eu deux grands dirigeants révolutionnaires, Toussaint Louverture et Jean-Jacques Dessalines, à la fois chefs insurrectionnels, dirigeants politiques, chefs militaires et fondateurs du premier Etat des esclaves noirs, l’Etat d’Ayiti. Des deux, Dessalines est de loin le moins connu, au moins en dehors d’Haïti mais il n’est pas celui qui a le moins marqué la révolution haïtienne…

Alors que Toussaint est un ancien esclave affranchi, Jean-Jacques Dessalines (1758-1806) était esclave au moment de la révolution. Il participe à la révolte des esclaves dès 1791. Il devient lieutenant de Louverture puis Général sous ses ordres.

Il combat activement à la fois les Anglais et les Mulâtres. En 1800, il contrôle le Sud et l’Ouest. En 1804, il proclame l’indépendance d’Haïti. Dessalines est proclamé empereur 9 mois après. Il est assassiné en 1806.

« Il fut un héros certes, mais aussi un homme de guerre sanguinaire, un tyran au parcours si controversé que ses biographes sont demeurés peu nombreux. » écrit Marie-Agnès Sourieau, « Dramaturgie et histoire : la construction de Dessalines, de Vincent Placoly »

Citations de Dessaline :

• « Effrayons tous ceux qui seraient tentés de ravir notre liberté ».

Cité par Laurent-Ropa, Denis. Haiti : une colonie française. p. 309.

• « Les noirs, dont les pères sont en Afrique, n’auront-ils rien ? »

Cité par Louis Joseph Janvier ; p. 44.

• « Nous avons osé être libres, osons l’être par nous-mêmes et pour nous-mêmes ».

Cité par Emmanuel Chancy ; pp. 19-20.

• « On ne se contente pas de dilapider, on conspire. »

Cité par Louis Joseph Janvier p. 44.

• « Prenez garde à vous, nègres et mulâtres, vous avez tous combattu contre les blancs ; les biens que nous avons tous acquis en versant notre sang, appartiennent à nous ; j’entends qu’ils soient partagés avec équité. »

Cité par Louis Joseph Janvier p. 45.

• « Que ceux qui veulent devenir esclaves des Français sortent du fort ; et que se rangent autour de moi, ceux qui veulent mourir en hommes libres ! »

Cité par Leconte, Vergniaud. Henri Christophe dans l’histoire d’Haïti. Paris, Berger-Levrault, 1931 ; p. 75.

Qui était Dessalines

Une autre biographie

« Au mois d’août 1791, après deux ans de Révolution française avec ses répercussions à Saint-Domingue, les esclaves entrèrent en révolte. Leur lutte dura douze ans. Ils mirent tour à tour en déroute les Blancs locaux et les soldats de la monarchie française, une invasion espagnole, une expédition britannique de près de 60 000 hommes, et un contingent français identique, commandé par le propre beau-frère de Bonaparte. La défaite des troupes napoléoniennes, en 1803, permit l’installation de l’Etat nègre d’Haïti, qui s’est maintenu jusqu’à nos jours. C’est la seule révolte d’esclaves dont l’histoire ait enregistré le succès. Les obstacles qu’elle dut franchir témoignent de l’importance des intérêts qui étaient en jeu. La transformation des esclaves, qui auparavant tremblaient par centaines face à un seul Blanc, en un peuple capable de s’organiser et de défaire les nations européennes les plus puissantes de l’époque, constitue une des grandes épopées de la bataille et de la réussite révolutionnaires… Lors d’une révolution, quand explose en une volcanique éruption la lente et incessante accumulation des siècles, les gerbes d’étincelles et autres trajectoires météoriques qui survolent la scène forment un chaos dénué de sens, et se prêtent à d’infinis caprices d’interprétations, à tous les romantismes, si l’observateur cesse de les prendre pour autre chose que ce qu’elles sont : les projections du sous-sol dont elles proviennent. Dans ce livre, nous avons essayé, non seulement de faire l’analyse, mais aussi la démonstration, en leur dynamique, des forces économiques de l’époque et de la façon dont elles modèlent la société et la politique, les hommes dans leur masse et leur individualité. Nous avons enfin tenté de faire apparaître la puissante réaction qu’exercent ceux-ci sur leur environnement dans l’un des rares moments où la société atteint son point d’ébullition et se fait alors fluide. »
C.L.R. James dans « Les Jacobins noirs »

« C’est le 18 Mai à l’Arcahaie que Dessalines, dans un geste violent, arracha la partie blanche du drapeau français et présenta à ses frères et ses sœurs rassemblés les deux côtés, bleu et rouge, formant ainsi le bicolore de la révolution. Il symbolise par cet acte l’exclusion définitive des colons blancs et l’union des mulâtres et des noirs. Catherine Flon aurait été alors chargée de coudre le drapeau. Ainsi prit naissance, l’histoire de Catherine Flon, la belle mulâtresse de l’Archahaie, celle dont les longs cheveux servirent à coudre le drapeau de l’Armée indigène. Les premiers historiens ont tous ignoré ce fait. Catherine a-t-elle vraiment existé ? Selon Joseph Saint-Remy, les chefs de bandes s’embarquaient aux environs de Léogane le 13 mai 1803 sur 5 barques en direction de l’Arcahaie. Ils y déscendirent le 14 mai 1803. Allusion remarquable, car à Léogane se trouve découverte dans la section rurale Petite rivière en plaine, l’existence d’une habitation Flon. Probablement celle Catherine Flon soit originaire. Sous l’empire de Dessalines on a retrouvé les traces d’un certain Jacques Flon, employé des domaines de l’Ouest. Les registres des actes aux archives nationales restent, mais muets sur Catherine Flon. Probable qu’elle soit été la mère, la sœur, l’épouse ou une parente de Jacques Flon, ou qu’ils aient le même nom de famille. Contrairement à ce que l’on raconte, catherine Flon n’est pas de l’Arcahaie mais de Léogane. Son séjour a été de courte durée à l’Arcahaie. Probable qu’elle ait péri à bord d’une des barques transportant les soldats indigènes de retour vers Léogane, ou qu’elle ait survécu à bord de celle transportant Gangé et les autres vers la terre ferme, suite à leur réunion de l’Archaie. Tout tient à la tradition que Catherine Flon a été présente à l’Arcahaie pour reconnaître l’autorité de Dessalines. Faute de documentation, l’histoire haïtienne est remplie d’épisodes qui demeurent jusqu’à nos jours de véritables énigmes. Chose certaine, la confection des drapeaux a fait suite au ralliement survenu autour de la personne et de l’autorité de Dessalines. Ce ralliement a fait suite à un serment de fidélité. »
« Dessalines, le drapeau et l’indépendance », de Beaubrun Ardouin

20 septembre 1758 Naissance de Jean-Jacques Dessalines à Grande Rivière du Nord,

Héros de la révolution, de la suppression de l’esclavage et de l’indépendance, Signataire de l’acte de l’indépendance, Empereur d’Haiti

Mort le 17 Octobre 1806 à Port-au-Prince

FAMILLE

.- Un ancien esclave. Dessalines est le nom du colon qui l’avait acquis et de la plantation duquel il s’était évadé.

.- Profession : Charpentier
.- Général-en-chef de l’armée indigène après l’arrestation de Toussaint.

.- Gouvernement général à vie (1er janvier 1804 – 8 octobre 1804).

.- Empereur du 8 octobre 1804 au 17 Octobre 1806.

.-Lieutenant de Toussaint, il lui vouait une admiration sans bornes et ne questionnait jamais ses décisions.

.- Il a été, plusieurs fois, pris en charge par Toussaint surtout à la suite de blessures reçues au combat.

EXPLOITS

.- Commandant des troupes assiégées par les Français à la Crête à Pierrot. En cet endroit il harangua ces troupes ténaillées par la faim et la soif en ces termes :

« Que ceux qui veulent devenir esclaves des Français sortent du fort ; qu’ils se rangent autour de moi, ceux qui veulent mourir en hommes libres !…Je vous ferai tous sauter si les Français pénètrent dans ce fort. »

Ces hommes et femmes gagnèrent le respect des troupes françaises qui vantèrent leur courage et esprit de sacrifice.

ARTICLES ET DISSERTATIONS
.- Girard, Philippe. « Caribbean genocide : racial war in Haiti, 1802-4″ Patterns of Prejudice, 39, no. 2 (2005) : 138-161.
. – Jenson, Deborah. « Before
.-Malcolm X, Dessalines : a French tradition of black Atlantic radicalism » International Journal of Francophone Studies, 10, no. 3 (2007) : 329-344.
. – Largey, M. « Recombinant Mythology and the Alchemy of Memory : Occide Jeanty, Ogou, and Jean-Jacques Dessalines in Haiti » Journal of American Folklore, 118, no. 469, (2005) : 327-353.
.- Llenas, Alejandra. « Invasion de Dessalines. » Ahora, vol. 40, no. 281, (31 Marzo de 1969) p. 49-51.
.- Renauld, Martin. Jean-Jacques Dessalines dans la guerre d’indépendance haïtienne : les stratégies utilisées pour imposer son leadership. « Mémoire présenté à la Faculté ? Des études supérieures en vue de l’obtention du grade de Maïtre ès arts (M.A.) » [Montréal] : Université de Montréal, 2004.
.- Sourieau, Marie-Agnes. « Dessalines in Historic Drama and Haitian Contemporary Reality » Small Axe, 9, no. 2 (2005) : 24-39.

 Proclamation de Dessalines (1er janvier 1804)

Mort le 29 Juillet 1942 à Pétion-Ville

Son histoire

Le 18 Novembre 1803 à Vertières, des anciens esclaves de St-Domingue alliés aux affranchis (mulâtres et noirs libres) font face à leur destin, en livrant un ultime combat à l’armée Française de Napoléon Bonaparte, la plus puissance de l’époque au monde. Sans le savoir, l’armée indigène étaient en train de réécrire l’histoire de l’humanité, car jamais auparavant une révolte d’esclaves n’avait réussi à se transformer en révolution. À la tête de cette armée révolutionnaire un certain Jean-Jacques Dessalines.

Dessalines est un esclave qui naquit à la Grande-Rivière, département du Nord d’Haïti, en 1758. Dans un premier temps, il vécut chez Henri Duclos, un colon blanc propriétaire d’une caféière, avant d’être acheté, par Dessalines, un noir libre, qui lui donnera son nom et lui apprit le métier de charpentier. Jeune, il n’a pas eu la vie facile, car étant un esclave rebelle, il se révoltait constamment contre l’inégalité qui régnait à Saint-Domingue et de l’injustice dont subissait ses frères. Ces attitudes lui valurent souvent le prix d’être fouetté et avait conservé de nombreuses cicatrices sur son corps. Marron, il fit de la révolte la logique de sa vie, et pour abattre l’ordre colonial tous les moyens étaient bons, alors âgé de trente-trois ans, il conquit sa liberté, dans le sang en intégrant les rangs des révoltés sous les commandements de Boukman d’abord, de Jean-François et de Biassou par la suite.

Le parcours militaire de Dessalines n’est pas très différent de Toussaint Louverture, il avait d’ailleurs servi sous les ordres de celui-ci. L’histoire ne précise pas avec exactitude, le moment ou Dessalines s’est impliqué au côté des insurgés. On sait par contre, qu’il figurait parmi les meilleurs officiers de Toussaint Louverture. Par conséquent, il est possible qu’il ait participé activement à la grande insurrection servile du 22 août 1791, que dirigea son chef Toussaint. Pendant la guerre contre les anglais dans les rangs français, il se distingua, il se fit remarquer par son énergie et sa bravoure. On dit aussi de lui, un officier, impitoyable, homme radical dans l’action « Coupe tèt, boule kay ». Et c’est lui qui lancera le mot d’ordre qui devait galvaniser les énergies des indigènes : « Liberté ou la mort ». C’est Dessalines qui eut aussi la mission d’écraser la révolte orchestrée par le général Moise dans le Nord sous le régime de Toussaint.

La carrière militaire de Dessalines est très reluisante, c’est sur les champs de bataille qu’il a conquis ses galons, car il n’a jamais fréquenté l’académie militaire. Pourtant, il s’est révélé l’un des plus grands génies militaires de son temps et de toute l’histoire de l’humanité. Ce grand génie militaire, n’a rien à envier aux plus grands chefs militaires, comme Alexandre Legrand, Jules César, Marc Antoine, ou Napoléon Bonaparte, qu’il a d’ailleurs défait. Il portait en lui l’art militaire et savait conduire les soldats à la victoire. La guerre est son métier. Commandant de la quatrième demi-brigade, il fut à l’avant-garde, avec ce corps d’élite, de toutes les victoires importantes remportées par Toussaint Louverture.

Dans la guerre contre les français pour l’indépendance on se souviendra qu’en février 1802, alors qu’il commandait la ville de St-Marc, à l’approche du général Bourdet (commandant français). Dessalines ordonna d’incendier la ville, en commençant par mettre le feu lui-même à sa propre demeure qui était d’une grande valeur à l’époque. La même année (1802) au mois de Mars, à la Crête-à-Pierrot, à la tête de seulement mille deux cents soldats indigènes (des va nues pieds), il opposa une résistance farouche au général Leclerc, le beau frère de Bonaparte à la tête d’une armée de douze mille hommes, disposant d’armes les plus sophistiquées de l’époque. Pendant plus de 20 jours soit du 4 au 24 mars 1802, Dessalines livra une lutte sans précédent à Leclerc. Au début des combats, comme lui seul avait ce don de galvaniser les troupes, il électrisa ses soldats par la très fameuse déclaration : « Que ceux qui veulent rester esclaves des Français sortent du Fort, que ceux, au contraire, qui veulent mourir en homme libre se rangent autour de moi. » A la fin des combats, il a même pensé à faire sauter le Fort de la Crête-à-Pierrot si, les Français parvenaient à y pénétrer.

Aux commandes de l’armée indigène, Dessalines finit par infliger la défaite irréversible à l’armée napoléonienne dans le fameux combat de Vertières du 18 Novembre 1803, ouvrant la voie vers l’indépendance de la première république noire. C’est ainsi qu’environ un mois plus tard, le dimanche 1er janvier 1804, aux Gonaïves fut célébrée la proclamation de l’Indépendance, comme le voulait Dessalines, par une cérémonie solennelle, afin de montrer qu’il fallait rompre à tout jamais avec le colonialisme et l’esclavagiste. Le matin, le peuple afflua des campagnes, aux côtés des militaires et officiers ayant conquis l’indépendance (la fête fut grandiose).

A sept heures, Dessalines, entouré de son cortège des généraux, passa par la foule pour gravir les marches de l’autel de la patrie. Dans un discours en créole, il rappela, avec véhémence tous les tourments endurés sous la domination française. En terminant, tendant le bras, il s’écria : « Jurons de combattre jusqu’au dernier soupir pour l’Indépendance de notre Pays.. ». Un peu plus tard dans le protocole de la cérémonie, l’adjudant-général Boisrond-Tonnerre, debout auprès de Dessalines, donna lecture de la proclamation du général en chef, et de l’Acte de l’Indépendance signé de Dessalines et des principaux officiers de l’armée. En fin de cérémonie, le cortège officiel se rendit au Palais du Gouvernement, dernière étape ou les lieutenants de Dessalines dans un acte délibéré, le proclamèrent gouverneur général à vie de l’île d’Haïti. Quelques jours plus tard, la publication de ses actes officiels dans toutes les villes et tous les bourgs d’Haïti provoqua de nouvelles réjouissances populaires. Un nouvel État était né. Il fut couronné à Port-au-Prince le 8 octobre sous le nom de « Jacques, Empereur Ier d’Haïti. »

Dessalines n’avait reçu aucune formation académique, mais il était doué d’une raison digne de la pensée de Descartes. S’il est vrai, qu’il avait passé la plus grande partie de sa vie dans l’esclavage, sur les plantations avec toute la rigueur que cela comportait, il fut un bon empereur pour ses sujets et travailla à rendre le système plus humain. Doté d’un caractère très fort, d’une personnalité transcendante et d’une volonté inébranlable. Dessalines est décrit par l’histoire comme étant un homme sensible, généreux, courageux, jovial, impétueux et aimant le soldat, sa caractéristique semble être excès en toute chose. (prof Jean Reynold Jean-Pierre dans le www.lenouvelliste.com ).

Beaucoup d’historiens sont unanimes sur le fait que les états esclavagistes d’hier et ‘’faux amis d’aujourd’hui’’ n’ont jamais digéré cette gifle à l’égard de la révolution des esclaves noirs de St-Domingue et la création d’un Etat Nègre en Amérique, remettant en question tous ce que l’on savait jusqu’à cette date. Comme le dit si bien l’éminent historien Alain Turnier : « L’indépendance des nègres d’Haïti giflait avec violence l’histoire du monde civilisé. Elle déchaîna la peur, l’indignation, l’hostilité ».

Le premier gouvernement haïtien a du faire face à plusieurs à des défis énormes, surtout au niveau de la gestion des forces en présence après le premier janvier 1804. Premièrement, les aristocrates appartenant aux nouveaux libres voyaient en Dessalines un leader pour protéger leurs intérêts, eux qui se révélèrent aussi égoïstes et rapaces que leurs bourreaux (les colons français). En majorité constitués de militaires, leur soutien à l’empereur fut uniquement conditionné et harmonisés à leurs intérêts personnels et de classe. Ils étaient aussi réactionnaires que les aristocrates anciens libres (les affranchis), ils craignaient le nivellement économique du pays à partir du partage équitable des biens.
Les leaders des affranchis, quand à eux, il ne faut même pas y penser, puisque la dite alliance avec les esclaves fut presque contre mature, eux qui étaient de grands propriétaires terriens. Dessalines représentait à leurs yeux une certaine garantie pour l’indépendance, s’il l’a réalisé l’indépendance, il pouvait aussi la défendre. Ce qui fait de lui, un leader national. Le gouvernement de Dessalines a tenu le coup à travers les antagonismes jusqu’au tournant de la campagne de l’Est (tentative d’unifier l’île). Le régime ne se remettra pas de cet échec, lequel a estompé les facteurs qui avaient fait de Dessalines une nécessité nationale.

Deux politiques majeures caractérisent le régime dessalinien, ce sont notamment, l’organisation militaire du territoire nationale, et la politique agraire. C’est ainsi que les grands généraux deviennent responsables des grandes régions où ils étaient les chefs incontestables, tant et si bien que Dessalines, chef d’Etat, a moins de pouvoir, d’autorité dans ces zones que ces chefs des régions par exemple au Cap sous la responsabilité de Christophe. La politique agraire de Dessalines marqua sa gouvernance et fut à l’origine du soulèvement des ses proches et le déclenchement du coup d’état dans lequel il périt.

Il faut souligner selon ce que rapporte certains historiens, le régime dessalinien fut républicain, c’est-à-dire avec une vision démocratique au service des masses au regard de la chose publique (l’Etat était la chose publique). Démarche qui plaça ce régime dans une situation extrêmement dangereuse face à l’aristocratie qui détenait le levier des rapports de force après l’indépendance. Les conditions de fonctionnement du pouvoir était d’autant plus précaire que Dessalines avait hérité d’un pays ravagé par treize années de guerre et d’agitation, privé de ressources économiques, le pays mis en quarantaine et cerné par la convoitise internationale, aux prises avec la jalousie et la rapacité de la classe possédante. Dessalines fut appelé à prendre des mesures conformément à la nécessité du moment : sauvegarder l’indépendance nationale par la prospérité économique : mission qu’il s’était assigné au prix même de sa vie. « Une indépendance qui se voulait purement politique, disait-il, s’avérait chimérique ».

L’assassinat de Dessalines, le 17 octobre 1806, créa la première crise politique en Haïti, dont le pays ne se remettra jamais. Dans son génie, il faut donner le crédit à Dessalines d’avoir essayé de concilier l’inconciliable qui est la misère des masses et les impératifs de la sauvegarde de l’indépendance. Et nous ne pouvons pas nous empêcher également de prêter à Dessalines cette une volonté certaine de respecter les exigences de la révolution quand il déclare, face à l’engouement démesuré des nantis de tout accaparer : ... « Et les pauvres noirs dont les pères sont en Afrique, ils n’auront donc rien...Nous avons tous combattu pour l’indépendance, tout le monde doit en jouir ».

DESSALINES est mort du complot orchestré par les deux leaders des nouvelles classes dominantes du nouvel État d’Haïti : CHRISTOPHE REPRESENTANT DE L’ELITE NOIRE ET PETION REPRESENTANT DE L’ELITE MULATRE. Il n’est pas mort au combat, comme MACKANDAL, BOUKMAN, ACAO, BENOIT BATRAVIL, RAYMOND JEAN-FRANCOIS, ALIX LAMAUTE, YANICK RIGAUD.

La révolution haïtienne perdit un de ses principaux dirigeants ; les masses populaires haïtiennes et les esclaves rebelles de toute l’Amérique avaient perdu un combattant très cher. Quel que soit le temps ou l’espace, un révolutionnaire doit emboîter les pas de ce géant. Qui des révolutionnaires internationaux n’auraient été, ne sont touchés par son idéal, son courage et sa sincérité ? Avec CAPOIS LA MORT, et mieux que quiconque dans le monde d’aujourd’hui, il a su incarner les vertus fondamentales du révolutionnaire : la loyauté prioritaire à l’égard des déshérités ; la résolution farouche de mettre ses actes en conformité avec ses convictions. Convaincu que la présence des anciens colons français dans le nouvel État indépendant et celle des colons espagnols esclavagistes à l’Est constituaient une menace pour la révolution fraîchement victorieuse, il dirigea lui-même le massacre de ces anciens colons français et la campagne de l’Est. Des historiens au solde des classes dominantes minimiseront sa mort et certains ne comprennent pas jusqu’à date qu’il est mort parce qu’il souhaitait une société haïtienne équitable ; qu’il est mort parce qu’il procédait à la vérification des titres de propriété ; qu’il est mort parce que les grands généraux noirs et mulâtres accaparaient tous les biens vacants. Ils ne comprendront jamais qu’il est mort parce qu’il aimait passionnément les hommes et sa propre culture (jusqu’a date des conformistes le traitent de populiste parce qu’il adorait danser la danse populaire - tandis que Paul Magloire est considéré par eux comme un bon vivant parce que lui, il dansait les musiques de salon) ; qu’il est mort pour éviter que les colons et les capitalistes viennent dans le pays exploiter les travailleurs ; qu’il est mort parce qu’il ne voulait pas que la nation soit occupée par les impérialistes ; qu’il est mort pour sauver les enfants de son pays de la mort précoce, des milliers d’opprimés de souffrances inhumaines et inutiles, auxquelles les condamnait un régime déjà condamné par l’Histoire. La réaction triomphe. Cependant, les Généraux Christophe et Pétion, aux mains rouges du sang des travailleurs du Royaume du Nord et de la République de l’Ouest, n’ont pas osé célébrer sa mort. Les progressistes et révolutionnaires doivent aujourd’hui encore continuer à chérir le souvenir de ce grand révolutionnaire, car il a donné sa vie pour la libération des classes opprimées. Si l’imaginaire entourant la Révolution haïtienne est si riche en mythes et symboles de toutes sortes, c’est que les révolutionnaires s’inventent au fil des événements et façonnent une série de représentations qui leur servent à penser la nouvelle société qu’ils prétendent construire à neuf. Comme tout grand récit, la Révolution finit par se doter de héros réputés avoir contribué à la fondation, à la conduite ou au maintien de la nation. De toutes les grandes figures révolutionnaires, Dessalines est sans doute celui qui se distingue le plus, non seulement parce qu’il représente la Phase la plus radicale, Le plus populaire et la plus violente de la Révolution, mais aussi, voire surtout, parce qu’il en vient à incarner la Révolution elle-même, dans ce qu’elle a de plus utopique, de plus extrême. Dans ses principes, la Révolution prolétarienne est incompatible avec tout culte du héros : la transformation socialiste comme phase transitoire de la société communiste doit précisément empêcher à un homme de s’élever au-dessus des autres. L’héroïsation bourgeoise doit être rejetée, en même temps que toute forme de domination d’une figure individuelle sur la collectivité. Ce discours égalitaire et ce nivelage apparaissaient déjà clairement dans une chanson révolutionnaire de la sans-culotterie où il est explicitement dit : Il faut raccourcir les géants, Et rendre les petits plus grands, Tous à la même hauteur, Voilà le vrai bonheur révolutionnaire. Deux cent six ans après sa mort, après une longue période ou les classes dominantes ignorent la pensée dessalinienne, nous voulons maintenir en vie l’homme à travers ses actes, ses prises de position .Nous nous efforçons à le faire connaitre par les masses laborieuses. Mais, au-delà de l’héros, au-delà de toute les mensonges orchestrés par des historiens sans vergogne, au delà des hypocrisies des classes dominantes, des chefs de l’état chaque a 17 octobre c’est l’homme qu’il nous faut (ré)découvrir. Personnage historique et non image héroïque, l’histoire et l’œuvre de Dessalines est importante à connaître. Sa vie, son œuvre est une source d’exemples, d’enrichissements théoriques et pratiques non seulement de par les succès qu’il a connu, mais également de par ses échecs et ses erreurs. Loin de tout culte de la personnalité, nous voulons restituer ici la vie et l’œuvre d’un révolutionnaire hors du Commun. Dessalines et la révolution des esclaves de 1804 méritent d’être mieux connus du prolétariat et de la jeunesse de cette époque. C’est dans le fameux livre du komite de rezistans Benwa Batravil(k.r.b.b) que l’on retrouve l’explication la plus détaillée. Ici, nous ne pouvons qu’en retracer les grandes lignes. C’est une histoire faite d’héroïsme et de sacrifices. Les masses laborieuses d’esclaves avec Dessalines à leur tête ont fini par triompher dans la lutte révolutionnaire, les grandes puissances, tour a tour, qu’étaient l’Espagne, l’Angleterre, la France. Comme tout mouvement social, le mouvement révolutionnaire des masses esclaves était traversé par différents courants de pensée. Chacun à sa façon, les représentant de ces courants dans le temps cherchent comment les décrire et les inventorier. Les idées étant des représentations humaines de la réalité sociale.

QUI ETAIT DESSALINES ?

Contrairement à Christophe qui dirigeait un hôtel dans la ville du Cap. Toussaint, esclave domestique, cocher qui sera affranchi par son maître. Dessalines était un esclave des champs qui travaillait dur, jusqu’à l’âge de 31 ans, il n’a pas vécu une vie libre. Durant toute sa vie, son corps portait les traces du fouet de ses maîtres. Il faisait partie des travailleurs esclaves sur lesquels reposa l’économie de Saint-Domingue. Il a connu toute sorte de sévices. Sa condition d’existence matérielle engendra chez lui, la détermination farouche de combattre ses anciens maîtres avec toute la rigueur révolutionnaire que cela suscite. La première leçon que tira Dessalines au cours de ses expériences de lutte fut : LORSQUE LES MASSES EXPLOITEES SONT UNIES SUR LA BASE D’UNE ORGANISATION, ILS PEUVENT EBRANLER LE SYSTEME D’EXPLOITATION.

Cette leçon viendra du congrès tenu à Bois caïman dans la nuit du 13 au 14 août 1791 et de l’insurrection des esclaves du nord dans la nuit du 21 au 22 du même mois et de la même année.

LA TRAHISON DE TOUSSAINT

Tout en faisant la guerre, Toussaint ne considérait pas le conflit avec la France comme une contradiction antagonique. Il faisait la guerre sur le terrain et combinait des négociations secrètes avec l’ennemi .Il recherchait toujours un compromis. Au lieu d’expliquer clairement les objectifs des ennemis de classe, d’extirper de son rang les vacillants et d’en finir une fois pour toute avec les colons qui ne souhaitaient que le retour de l’esclavage, il préférait réprimer ceux de son camp qui, comme Moise désirait aller plus loin et agissait en conséquence.

LES MASSES FRUSTREES par la politique (roule m de bonda) opportuniste de Toussaint qui favorisera les blancs pour soigner son image auprès de ses supérieurs c’est-à-dire l’état français le pire ennemi des masses populaires. Cette politique de trahison expliqua la défaite de Toussaint. Ce sera une seconde leçon que Dessalines apprendra : LES DIRIGEANTS D’UNE REVOLUTION NE SONT PAS TOUJOURS SUR LA MEME POSITION QUE LES MASSES, QUAND CELA SE PRESENTE, ILS TRAHISSENT LES MASSES POUR DES INTERETS PERSONNELS.
ENTRE LA VOIX REFORMISTE ET CELLE REVOLUTIONNAIRE.

La question de la transformation de la vieille société coloniale basée sur l’exploitation esclavagiste, du passage à une nouvelle société sans maître et esclave grandissait avec une forte conviction chez les masses populaires généralement et des généraux en particuliers. Elle recevra des solutions profondément différentes : allait on cheminer vers l’autonomie dans le cadre de reformes limitées fondées sur une entente entre colons-bourgeoisie française et les grands généraux noirs, elle-même réalisée sur le dos des masses paysannes pauvres contraints de travailler pour enrichir ses ennemis de classe en échange de l’abolition de l’esclavage ? Cette voie rude de conséquence pour les masses populaires sera celle de Toussaint. L’évolution et l’aiguisement des luttes de classes entre révolutionnaires et réformistes, la position de Moyse et les initiatives autonomes du mouvement populaire, imposèrent finalement une autre voie : celle du refus de la voie réformiste ; celle de l’affirmation d’une voie révolutionnaire,c’est-à-dire d’un compromis entre anciens-nouveaux libres (noirs-mulâtres) et les masses populaires. C’est dans les vastes, terribles et complexes processus sociaux, politiques et militaires qui vont de juillet 1802 suite au message apporte par des esclaves qui réussiront a prendre le large et informèrent les saint dominguois que l’esclavage est rétablit en Guadeloupe a mai 1803 que cette voie révolutionnaire et indépendantiste se développe et s’affirme avec le plus de puissance. Des mouvements de guérilla par ci et la avec des leaders tels les Lamour Derance, Sila, Sans-Soucis,Petit Noel, Capois la Mort, Petion, Christophe et surtout Dessalines joueront dans ces mois et années un rôle fondamental. C’est ce qui fera d’eux les symboles de cette étape de la révolution et de l’indépendance nationale. Sous le commandement de Dessalines, aucun cadeau ne sera fait à l’ennemi. La violence irrésistible de son armée sera proportionnelle à celle de Rochambeau. Christophe et Petion, les deux authentiques leaders des classes intermédiaires affranchis et de ses deux ailes noires et mulâtre s’unissent avec Dessalines ancien esclave dont le radicalisme s’intégrait et se confondait avec les revendications les plus populaires et révolutionnaires. Le 18 novembre à Vertieres, les masses esclaves qui ont triomphé de l’armée de Napoléon furent des héros de l’émancipation humaine : pour répéter l’auteur des jacobins des noirs. Comme toutes révolutions, la nouvelle société de la jeune république sera née au milieu des ruines : la destruction systématique des moyens de production, de toutes les richesses accumulées par trois siècles de colonisation, la mort de milliers de vies étaient le coût de l’indépendance nationale. Alors, les nouveaux dirigeants faisaient face a deux taches essentielles : 1-la consolidation par la protection militaire de l’indépendance ; 2-la reconstruction matérielle et l’organisation économique. 1-Institutionnellement, gardée l’armée populaire et la renforcée était fondamentale-Achat d’armes, de munitions, construction des forts de défense, la conquête de l’est pour enlever aux forces contre révolutionnaires une base militaire étaient des nécessités liées aux conditions matérielles de l’époque. Il est évident, comme la Russie en 1917, la Chine en 1949 et toutes les autres révolutions,cette situation ne sera pas sans conséquence. Une grande partie des ressources humaines et financières ne seront pas canalisées à des fins productives. 2-Dessalines, que Les réactionnaires et les philistins représentent bien à tort comme un médiocre administrateur ne fut autre qu’un grand visionnaire. Sous le pouvoir de Dessalines, les biens des colons seront nationalisés. Un organisme sera charge d’administrer, de contrôler la culture des biens agricoles et la mise en valeur des domaines, de centraliser la production du sucre. Telle fut la ligne politique économique tracée par Dessalines. »La proclamation de l’indépendance a eu pour effet juridique immédiat la disparition de la propriété coloniale. Le décret du 2 janvier 1804, supprime toutes formes déguisées et évoluées de la dite propriété et, la constitution de 1805 confirme le transfert au patrimoine national de tous les biens fonciers ayant appartenu aux colons.

LA CONSTITUTION DE 1805 DE DESSALINES PROCLAMA : « LA PROPRIETE APPARTIENT A LA NATION HAITIENNE ».

Cette position de classe qui est de réunir entre les mains de l’état toutes les richesses des anciennes classes dominantes entra en contradiction antagonique avec les généraux noirs et mulâtres qui voulaient continuer à s’approprier de tous les biens des colons. Dessalines entendait que toute l’action politique fut employé a prévenir et, au besoin, à réprimer les abus de la richesse. Les généraux noirs et mulâtres n’eurent pas d’adversaire plus déterminé et convaincu : « les biens qui avaient appartenu aux blancs et qui auraient du rentrer dans le patrimoine de l’état, devinssent propriété de nombreux particuliers qui déjà avant la révolution avaient un bien être. On trouve des protecteurs, des complaisants, pour se faire mettre en possession de ces biens. N’est ce pas voler impunément ? Eh bien ! De même que je fais fusiller ceux qui volent des poules, des denrées et des bestiaux, je ferai mourir ceux qui permettent par complaisance qu’on se mette en possession des biens de l’etat.Qu’on ne pense pas que je parle un vain langage, car sur ma foi de Jean-Jacques, c’est ce que je ferai ». La politique agraire de Dessalines dégageait un double objectif :1-mettre les richesses agraires nationalisées sous le contrôle de l’administration des domaines afin d’enrichir le patrimoine national.2-rendre propriétaires les anciens esclaves au moyen d’une distribution équitable d’une partie des propriétés coloniales. Écoutons-le : « Nous avons fait la guerre pour les autres. Avant notre soulèvement, les hommes de couleur, fils de blancs, ne recueillaient point l’héritage de leurs pères. Comment se fait il qu’après avoir expulse les colons, leurs fils réclament leurs biens ?Et les pauvres nègres dont les pères se sont restés en Afrique, ils n’auront donc rien ?Attention, nègres et mulâtres, nous avons tous combattu contre les blancs ;les biens que nous avons conquis en répandant de notre sang appartiennent a tous et je veux qu’ils soient distribues en toute équité ».Il n’y a que les révolutionnaires qui sachent et peuvent louer le génie intuitif et pratique de ce grand révolutionnaire qu’est Dessalines. Le rôle attribué a l’organisme d’administration des domaines constituaient la forme la plus avancée d’intervention de l’état dans la vie économique, concevable de L’époque (réf. Gérard pierre Charles, l’économie haïtienne et sa voie de développement). Sur le plan commercial, en même temps que le droit de propriété était refusé aux blancs dans le but de protéger l’intégrité nationale, il s’efforça d’orienter le commerce extérieur d’Haïti vers les marches les plus divers. Il refusa de traiter avec les anglais qui proposa une sorte de commerce monopole. Il établissait avec les américains un commerce de parité. La question de la vérification des titres de propriétés fut l’expression de la lutte de classe entre deux tendances au sein des dirigeants de l’indépendance. Dessalines sera tué du complot orchestré par les deux composantes des nouvelles classes dirigeantes noires et mulatres. Cette classe qui avant la révolution avait un bien être et désiraient le consolider. C’est l’ensemble des œuvres révolutionnaires qui explique, qu’après tant de temps, un homme comme Dessalines cristallise sur lui non seulement l’hostilité des classes dominantes et intellectuels haïtiens mais encore de manière croissante et durable, celle de la bourgeoisie française. Face aux revendications de la paysannerie pauvre et des masses populaires urbaines au cours du 19 e siècle et a l’apparition de la classe ouvrière, les classes dominantes d’Haïti vont vouloir effacer, refouler ou tout au moins défigurer et affaiblir le souvenir des idéaux dessaliniens fondes sur des idéaux de liberté et d’égalité qui se rattachent a ce compromis avec les masses populaires. On peut tuer un homme. Mais on ne pourra jamais tuer une idée qui plonge ses racines dans la réalité sociale la plus profonde. Des capois, des gonaiviens, des port au princiens, des cayens,des saint raphaelois, des jeremiens, des leoganais, des ouvriers, des travailleurs,des paysans pauvres , des étudiants, des intellectuels, des jeunes, des femmes, ils sont nombreux les militants qui déjà prêts a reprendre le sabre et le fusil tombes des mains de Dessalines au pont rouge le 17 octobre 1806.Nous avons le devoir de faire en sorte que son nom constitue tout un programme ,un drapeau, un appel a la rébellion qui résonne dans touts les dix départements et dans la diaspora. Les misérables mascarades des classes dominantes ne sauront retarde pas même d’une journée le moment de leur écroulement. L’exemple du fondateur de la patrie doit inciter les révolutionnaires haïtiens redoublé d’ardeur dans la lutte contre le semi-féodal, l’impérialisme et le capitalisme. Aujourd’hui encore, nous pleurons un grand ancêtre, un patriote révolutionnaire exemplaire, un militant héroïque. Mais nous savons que sa cause est invincible. Il est entré vivant dans l’histoire qui couvrira de mépris le nom de ses assassins. Car il incarne cette Révolution, cette émancipation définitive de laquelle toute la réalité de notre époque proclame ce que se donna comme épitaphe une autre grande victime de bourreaux abrutis, Rosa Luxembourg : J’ETAIS. JE SUIS, ET JE SERAI. - Sony Pascal -

Messages

  • Citizens :

    It isn’t enough to have expelled from your country the barbarians who have bloodied it for two centuries. It isn’t enough to have put a brake on the ever reborn factions who took turns fooled by the phantom of liberty that France dangled before your eyes. By a final act of national authority you must forever ensure the empire of liberty in the country in which we saw the light of day. We must take from the inhuman government that for so long has held our spirits in the most humiliating torpor any hope of re-enslaving us. We must finally live independently or die !

    Independence or Death ! May these sacred words rally us and may they be the signal for our combat and our coming together.

    Citizens, my compatriots, on this solemn day I bring together these courageous soldiers who, on the eve of receiving liberty’s final breath gave their blood to save it. These generals who guided your efforts against tyranny have not yet done enough for your happiness. The name “Frenchman” still darkens our land.

    Everything there retraces the memory of the cruelty of this barbarous people. Our laws, our morals, our cities all still bear the French imprint. What am I saying ? There exist Frenchmen on our island, yet you think yourselves free and independent of that republic, which it is true fought all nations, but which never defeated those that wanted to be free !

    Victims for fourteen years of our credulity and indulgence, defeated not by French armies but by the lying eloquence of the proclamations of their agents, when will we tire of breathing the same air as them ? What do we have in common with this people of executioners ? Its cruelty compared to our moderation, its color to ours, the vastness of the sea that separates us, our avenging climate speak loudly enough that they are not our brothers, that they will never become so, and that if they find asylum among us they will again become the manipulators of our troubles and dissensions.

    Native citizens ; men, women, daughters, and children : gaze on all the sections of this island. You there : look for your wives ; you, your husbands ; you, your brothers ; you, your sisters. Look for your children, your babes at the breast. What have they become ? I tremble at the answer... The prey of those vultures. Instead of their victims, your consternated eyes see only their assassins, only the tigers with their victims’ blood still dripping from them and whose terrible presence stands as a reproach to your lack of sensibility, your culpable delay in avenging them. What are you waiting for to appease their shades ? You wanted your remains to rest near those of your fathers when you drove out tyranny. Will you descend into their graves without having avenged them ? No ! Their bones will drive yours out.

    And you, worthy men, intrepid generals who, paying no heed to your own misfortunes, resuscitated liberty by giving of your blood, know that you did nothing if you fail to set a terrible but just example for other nations of the vengeance which a people proud of having recovered its liberty and jealous of maintaining it must exercise. Frighten all those who would attempts to take it from us anew. Begin with the French ! Let them tremble upon approaching our coasts, if not because of the memory of the cruelties they carried out here, at least from the terrible resolution we are going to take to punish with death whatever born Frenchman soils our land of liberty with his sacrilegious step.

    We dared to be free ; dare to be so by and for ourselves. Imitate the child that grows : its own weight tears the leading strings that become useless to it and hinders its march. What people fought for us ? What people want to harvest the fruits of our labors ? And what a dishonorable absurdity to win in order to be slaves. Slaves ! Leave this epithet to the French. They vanquished in order to cease to be free.

    Let us march on another road. Imitate those peoples who, being solicitous of the future and fearing to leave to posterity the example of cowardice, preferred to be exterminated rather than to be erased from the ranks of free peoples.

    However, we must see to it that the spirit of proselytism not destroy our work. We must allow our neighbors to breathe in peace. May they live peacefully under the rule of laws they made themselves and let us not, acting like revolutionary firebrands, consider ourselves the legislators of the Caribbean, make our glory consist in troubling the repose of the neighboring islands. Unlike the one we inhabit, their isles weren’t watered with the innocent blood of their inhabitants. They have no vengeance to take against the authority that protects them. Fortunate in not having known the ills that destroyed us, they can only offer wishes for our prosperity.

    Peace on our neighbors, but anathema on the name of Frenchman ! Eternal hatred for France ! This is our cry.

    Natives of Haiti, my destiny was to one day be the sentinel who watched over the idol to whom you sacrificed. I watched and fought, sometimes alone, and if I was fortunate enough to place in your hands the sacred object you entrusted to me, it is now up to you to preserve it. In fighting for your liberty I worked for my own happiness. Before consolidating it through laws that ensure your free individuality, your chiefs who I have assembled here and I owe you a final proof of our devotion.

    Generals, and you chiefs, gathered near me for the happiness of our country, the day has arrived, the day that will make our glory eternal : our independence.

    If there exists among you a lukewarm heart, let it go far from here and tremble at pronouncing the vow that is to unite us.

    Let us swear before the entire universe, before posterity, to ourselves, to forever renounce France and to die rather than live under its domination. To fight to the last breath for our country’s independence !

    And you, people too long unhappy, witnesses of the vow we pronounce, bear in mind that I counted on your loyalty and courage when I threw myself into the career of liberty to fight the despotism and tyranny you had fought against for fourteen years. Keep in mind that I sacrificed everything for your defense : parents, children, fortune, and now I am rich only in your freedom ; that my name has become a horror to all those peoples that want slavery and that despots and tyrants only speak it when cursing the day on which I was born. And if you ever refuse or complainingly accept the laws that the genius that watches over your destiny dictates to me for your happiness, you would deserve the fate of ungrateful peoples.

    But far from me is this horrible idea. You will be the supports of the liberty you cherish, the support the chief who commands you.

    Take the vow to live free and independent and to prefer death to anyone who wants to place you again under the yoke. Finally, swear to forever pursue the traitors and the enemies of your independence.

    Execute at the headquarters in Gonaïves, January 1, 1804, the first year of independence.

    Signed : J.J. Dessalines

  • Les protestations ne faiblissent pas à Port-au-Prince. Des milliers d’habitants des quartiers populaires ont manifesté dans les rues de la capitale avec un seul mot d’ordre : le départ immédiat du chef de l’Etat Michel Martelly.

    Les quartiers pauvres se proclament les enfants de Dessalines !

  • Adresse au peuple haïtien lue le 1er janvier 1804, évoquant le discours de Dessalines :

    « Citoyens, indigènes, hommes, femmes, filles et enfants, portez vos regards sur toutes les parties de cette île ; cherchez-y, vous, vos épouses, vous, vos maris, vous, vos frères, vous, vos soeurs ; que dis-je ? cherchez-y vos enfants, vos enfants à la mamelle !
    Que sont-ils devenus ? Je frémis de le dire La proie de ces vautours !... »

    Boisrond-Tonnerre, « Mémoires pour servir à l’Histoire d’Haïti »

    Louis Boisrond Tonnerre est arrêté le jour de la mort de Jean-Jacques Dessalines, assassiné le 17 octobre 1806 dans un attentat au Pont-Rouge, près de Port-au-Prince. Il est exécuté à coups de baïonnette quelques jours plus tard dans son cachot.

    Selon l’auteur haïtien Charles Philippe Christophe, Boisrond-Tonnerre a griffonné le quatrain suivant sur les murs de sa cellule avant son exécution soit dans la nuit du 23 au 24 octobre 1806 :

    « Humide et froid séjour fait par et pour le crime

    Où le crime en riant immole sa victime

    Que peuvent inspirer tes fers et tes barreaux

    Quand un cœur pur y goûte un innocent repos ? »

    Un écrit d’historien blanc contre Dessalines : lire ici

    Un rapport de l’Etat français contre Dessalines : lire ici

    Notice historique d’un officier français détenu par Dessalines : lire ici

    La guerre des Français aux Antilles : lire ici

    Sur Pétion et Haïti : lire ici

    Juste Chanlatte :

    « Croient-ils (les Français) croient ils trouver en nous des
    esclaves ? Que nous ont-ils laissés errants dans nos forêts ; la terre
    d’Afrique, notre patrie, était-elle lasse de nous porter ? Nous n’en
    avons connu d’autres qu’au prix de notre liberté. »

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